Exposition « Par-delà Rembrandt, estampes du siècle d’or néerlandais »
14 octobre 2023 – 25 février 2024
Cabinet d’arts graphiques Château de Chantilly
Illustre amateur d’estampes, le duc d’Aumale a réuni une collection de gravures au burin et d’eaux-fortes qui témoigne du brio et de la multiplicité des artistes néerlandais dans ce domaine.
Si la figure de Rembrandt a souvent éclipsé ses contemporains, ceux-ci n’en ont pas moins réalisé des gravures qui occupent une place de premier plan dans l’histoire de cet art. Ainsi, les paysages gravés par Jacob van Ruisdael, les scènes de folklore rural d’Adriaen van Ostade, les soldats d’Hendrick Goltzius ou les moutons de Paulus Potter conservés à Chantilly offrent un accès privilégié à ce que fut l’imaginaire collectif du Siècle d’or néerlandais.
C’est cette partie totalement inédite des collections du musée Condé que Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine et commissaire de l’exposition, vous invite à découvrir dans ce reportage de 30 minutes.
Gravée en 1680 d’après un dessin préparatoire passé par la collection Dutuit, l’eau-forte ci-dessus est représentative de la sophistication teintée de classicisme vers laquelle tend Berchem du milieu des années 1650 jusqu’à la fin de sa carrière. Les personnages adoptent des postures gracieuses à la gestuelle maniérée. Celle de la jeune femme assise au bord de l’eau est empruntée au bronze hellénistique du « Tireur d’épines ». L’action – liée au thème de la femme à sa toilette qui revêt souvent une connotation érotique dans l’art hollandais de l’époque – reflète un imaginaire pastoral empreint de sensualité.
Les animaux semblent occuper une place aussi importante que les humains, comme le suggèrent la répartition équilibrée des figures au sein de la composition et la minutie portée à l’exécution du bétail et des chèvres. Cet univers arcadien est encore évoqué par la présence d’une ruine, un élément qui caractérise le paysage pastoral italianisant depuis les années 1620.
Dans l’estampe ci-dessus, Cornelis Visscher a représenté un marchand ambulant et son assistant. L’homme, coiffé d’un chapeau en fourrure, tient délicatement dans sa main droite un échantillon de mort-aux-rats. Il porte une boite renfermant les doses de ces pesticides nocifs, qui était principalement composé d’arsenic, sur laquelle figurent les blasons des villes d’Amsterdam et d’Haarlem. À ses côtés, le jeune homme porte une longue perche surmontée d’une cage en bois renfermant plusieurs rats ainsi empoisonnés, et à laquelle d’autres sont suspendus, morts. La présence massive de rats dans les villes au XVIIe siècle fut l’un des principaux vecteurs de diffusion de maladies telles que la peste. Le marchand de mort-aux-rats exerçait donc un métier indispensable pour des populations citadines et souvent modestes qui vivaient dans des logements insalubres.
Commissariat de l’exposition
Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse
– photographies : @scribeaccroupi
Exposition « Par-delà Rembrandt, estampes du siècle d’or néerlandais »
14 octobre 2023 – 25 février 2024
Cabinet d’arts graphiques Château de Chantilly
60500 Chantilly
Quelles ont été les vidéos les + vues en 2023 sur ma chaîne YouTube ?
En 2023, ma chaîne YouTube a cumulé 1,4 millions de vues, soit 165 % de plus que l’an dernier et plus de 109.000 heures totales de visionnage. 6.700 nouveaux abonnés ont rejoint la chaîne.
Du musée du Louvre au château de Versailles, du musée des Beaux-Arts de Lyon au musée des arts décoratifs de Paris, de Valenciennes à Chantilly et d’Aix-en-Provence à Nancy, l’année 2023 nous a permis de découvrir des expositions exceptionnelles ou d’explorer les collections permanentes des musées.
Alors, quels sont les reportages qui ont eu le plus de succès sur YouTube ?
Voici le Top 10 de l’année 2023 !
10ème place : [Visite privée] Exposition Ingres à Chantilly avec Nicole Garnier, conservateur général honoraire du patrimoine, et Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé.
12.000 vues
9ème place : [Web-série] Peinture française du XVIIe au Louvre – 1er épisode : Les Français à Rome avec Nicolas Milovanovic, conservateur en chef du patrimoine au département des Peintures du musée du Louvre, Nicolas Bousser et Antoine Lavastre du web-magazine Coupe-File Art
6ème place : [Web-série] Peinture française du XVIIe au Louvre – 2ème épisode : L’atticisme avec Nicolas Milovanovic, conservateur en chef du patrimoine au département des Peintures du musée du Louvre, Nicolas Bousser et Antoine Lavastre du web-magazine Coupe-File Art
1ère place : [Visite privée] Exposition « Poussin et l’amour » au musée des Beaux-Arts de Lyon avec Ludmila Virassamynaïken, conservatrice en chef du Patrimoine, en charge des peintures et sculptures anciennes au musée des Beaux-Arts de Lyon, Nicolas Milovanovic, conservateur en chef du Patrimoine au Département des Peintures du Louvre, Mickaël Szanto, maître de conférences à Sorbonne Université
598.400 vues : record absolu pour une vidéo de ma chaîne YouTube !
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Rendez-vous en 2024 pour de nouveaux événements tout aussi exceptionnels !
Exposition « Les manuscrits des ducs de Bourbon, XIVe-XVIe siècle »
7 octobre 2023 – 7 janvier 2024
Cabinet des livres Château de Chantilly
Le musée Condé de Chantilly abrite 50 des 600 volumes connus pour avoir constitué la « librairie » des ducs et duchesses de Bourbon, l’une des plus prestigieuses collections constituées au tournant du Moyen Âge et de l’époque moderne.
Aux côtés des manuscrits et peintures de Chantilly, le « Livre d’Heures » de Jeanne de France, classé Trésor national et acquis en 2012 par la Bibliothèque nationale de France, est exceptionnellement présenté au public pour cette exposition.
Découvrez ces trésors avec Marie-Pierre Dion, conservateur général des bibliothèques, responsable des bibliothèques et des archives du musée Condé.
Ces volumes proviennent de la librairie ducale de Moulins. C’est là principalement que la famille princière de sang royal des Bourbons rassemble, de 1327 à 1523, une collection qui illustre la place incontournable du livre dans les sphères du pouvoir ainsi que l’essor des pratiques bibliophiliques dans les milieux de cour. La librairie des Bourbons participe à la définition du pouvoir des princes comme à la constitution de l’identité ducale d’où elle tire son originalité.
Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822- 1897), hérite des 50 volumes à la mort du dernier prince de Bourbon-Condé en 1830. Alors que la plupart des livres des Bourbons sont saisis par François Ier et incorporés aux collections royales, ces volumes restés à Moulins sont récupérés par le Grand Condé en 1661.
Le duc d’Aumale magnifie cet héritage : il le complète par quelques manuscrits, imprimés et peintures dont le remarquable Diptyque de Jeanne de France de l’atelier de Rogier van der Weyden, et il intègre les anciens emblèmes des Bourbons aux décors du château de Chantilly.
Commissariat de l’exposition
Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Condé Marie-Pierre Dion, conservateur général des bibliothèques, responsable des bibliothèques et des archives du musée Condé
Assistés de Camille Olivier, Bernie Thabarant et Florent Picouleau
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse
– photographies : @scribeaccroupi
Exposition « Les manuscrits des ducs de Bourbon, XIVe-XVIe siècle »
7 octobre 2023 – 7 janvier 2024
Cabinet des livres
Château de Chantilly
60500 Chantilly
Collectionneur visionnaire, Henri Cernuschi (1821-1896) a été une figure marquante du Paris intellectuel et artistique de la fin du XIXe siècle. Exilé en France pour des raisons politiques, l’homme d’origine italienne aux engagements républicains est aussi un économiste et financier célèbre pour ses théories monétaires. Il est aujourd’hui connu pour avoir permis de faire éclater en Europe la révolution du goût connue sous le nom de « japonisme ».
Éric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi, vous invite à le suivre sur les pas d’Henri Cernuschi, depuis le voyage en Extrême-Orient jusqu’à la création du musée d’art asiatique à Paris.
« Cernuschi rapporte du Japon et de la Chine une collection de bronzes telle qu’on n’aura jamais rien vu de pareil nulle part. Il y a là des pièces qui vous renverseront, je ne vous dis que cela ! » – Théodore Duret écrivant à Édouard Manet de Pondichéry en 1872
L’année même où Jules Verne publie « Le Tour du monde en 80 jours », Henri Cernuschi découvre l’Asie par le Japon, avant de gagner la Chine, puis l’Indonésie, Ceylan et l’Inde. Tout au long de son séjour d’octobre 1871 à décembre 1872, il acquiert plusieurs milliers d’objets sur les marchés de l’art japonais et chinois, en particulier des bronzes, dont il est le premier à comprendre la valeur ; mais également des céramiques, des estampes, des livres illustrés, des peintures, des photographies et des objets en bois laqué et sculpté.
De retour à Paris, Henri Cernuschi expose immédiatement ses trésors au public, notamment à l’occasion de manifestations publiques telles l’exposition de 1873 au palais de l’Industrie, l’exposition rétrospective du métal en 1880 et l’exposition rétrospective de l’art japonais en 1883.
Ses œuvres chinoises et japonaises sont bientôt perçues par les artistes et les artisans de l’époque comme Gustave Moreau (1826-1898) ou Émile Reiber (1826-1893), directeur des ateliers de dessin de la maison Christofe, comme d’extraordinaires sources d’inspiration.
Cette influence se prolongera jusqu’aux premières décennies du XXe siècle, comme l’atteste la production du sculpteur animalier François Pompon (1855-1933).
Henri Cernuschi fait ériger en 1875 un hôtel particulier, pensé dès l’origine comme un espace muséal, à proximité du parc Monceau. Vivant entouré de ses collections et accueillant les artistes et les amateurs d’art asiatique, Cernuschi fait de sa « maison musée » l’un des hauts lieux du japonisme jusqu’à sa mort en 1896. Il lègue son hôtel particulier et ses collections à la Ville de Paris, pour devenir le musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris, qui ouvrira au public en 1898.
Commissariat de l’exposition
Éric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi Manuela Moscatiello, responsable des collections japonaises du musée Cernuschi
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse
– photographies : @scribeaccroupi
Exposition « Retour d’Asie. Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme »
6 octobre 2023 – 4 février 2024
Musée Cernuschi – Musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris
7 avenue Vélasquez
75008 Paris
Dans le cadre du 40e anniversaire de l’inscription des places Stanislas, de la Carrière et d’Alliance sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, le musée des Beaux-Arts de Nancy consacre une exposition à l’architecture et à la fonction de la place Stanislas au milieu du XVIIIe siècle.
Le siècle des Lumières est celui des grands embellissements urbains. La ville s’affirme par son élégance et sa beauté dans une série de places et de bâtiments publics, de fontaines, de promenades. La place Royale, véritable joyau d’urbanisme, est l’expression la plus spectaculaire du pouvoir princier, qui s’y met en scène dans la pierre et le bronze.
La place Stanislas est un véritable théâtre de la majesté royale, magnifié par la statue monumentale en bronze du roi de France que fait ériger le nouveau duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski (1677-1766) en l’honneur de son gendre, Louis XV. En quelques années, elle devient aussi le cœur de l’érudition et du divertissement, reflet de l’intense émulation intellectuelle et artistique qui règne alors.
Dès son arrivée en Lorraine, Stanislas souhaite fonder à Nancy une académie savante et une bibliothèque. Mais le chancelier La Galaizière s’oppose à la création de la première, craignant qu’elle ne devienne un foyer de résistance indépendantiste. Le monarque signe donc dans un premier temps, en 1750, l’édit de fondation d’une bibliothèque publique.
L’exposition permet de découvrir un objet exceptionnel, acquis récemment par le musée de la Musique de Paris : la harpe de Madame Victoire. Émue par la prestation d’une toute jeune nancéienne, Marie-Gabrièle Masson, la princesse, venue prendre les eaux à Plombières, fait spécialement venir de Versailles sa propre harpe qu’elle offre à la jeune fille.
Cette harpe est réunie pour la première fois au portrait de la famille Masson (Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain), qui a permis de l’identifier lors de l’acquisition.
Commissariat de l’exposition
Sophie Laroche, conservatrice du patrimoine au musée des Beaux-Arts de
Nancy Pierre-Hippolyte Pénet, conservateur du patrimoine au palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain
L’ouvrage « Nancy au temps de Stanislas » paraît à l’occasion du 40e anniversaire de l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de la place Stanislas, de la place de la Carrière et de la place d’Alliance de Nancy.
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse
– photographies : @scribeaccroupi
Exposition « La Régence à Paris (1715-1723). L’aube des Lumières »
20 octobre 2023 – 25 février 2024
Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Le 2 septembre 1715, le duc Philippe d’Orléans (1674-1723), neveu du défunt, prend la régence du royaume. L’exposition s’inscrit dans la commémoration du tricentenaire de la disparition du Régent.
Pour cette visite privée exceptionnelle, vous êtes accompagnés par José de los Llanos, conservateur en chef, responsable du Cabinet des Arts graphiques et du département des Maquettes, et Ulysse Jardat, conservateur du patrimoine, responsable du département des Décors, Mobilier et Arts décoratifs, tous deux commissaires de l’exposition.
En 1715, la cour, le pouvoir, toutes les administrations quittent Versailles pour se réinstaller à Paris, deuxième ville d’Europe, qui voit alors sa population s’accroitre considérablement. La ville, en particulier le Palais-Royal, résidence du Régent, devient ainsi le cœur de la vie politique.
S’ensuit une période d’une intense effervescence culturelle qui donne naissance à un monde d’innovations philosophiques, économiques et artistiques : Voltaire, Marivaux, Montesquieu, Law, Watteau… en sont les héros les mieux connus.
La frénésie économique et financière, avec l’invention du papier monnaie et la banqueroute de 1720, la ponctue de coups de théâtre retentissants.
« On disait des ordures à gorge déployée, et des impiétés à qui mieux mieux, et quand on avait bien fait du bruit, et qu’on était bien ivre, on s’allait coucher, et on recommençait le lendemain. » – Duc de Saint-Simon dans ses « Mémoires », année 1716
Sous la Régence naît une liberté nouvelle de critiquer, ce que l’on appellera l’esprit des Lumières.
« Voici le temps de l’aimable Régence, Temps fortuné marqué par la licence, Où la Folie agitant son grelot
D’un pied léger parcourt toute la France, Où nul mortel ne daigne être dévot,
Où l’on fait tout excepté pénitence. Le bon Régent de son Palais-Royal Des voluptés donne à tous le signal. » – Voltaire dans « La Pucelle d’Orléans » (1752)
Visite de la Galerie dorée de la Banque de France
En lien avec l’exposition, les visiteurs sont invités à prolonger leur visite en découvrant gratuitement les décors d’époque Régence de la Banque de France, réalisés entre 1713 et 1719. Dans un cadre privilégié, la Galerie dorée ainsi que la salle du Conseil et la salle à manger du Conseil sont exceptionnellement ouvertes à la visite.
Commissariat général Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris Commissariat scientifique José de Los Llanos, conservateur en chef, responsable du Cabinet des Arts graphiques et du département des Maquettes, musée Carnavalet – Histoire de Paris Ulysse Jardat, conservateur du patrimoine, responsable du département des Décors, Mobilier et Arts décoratifs, musée Carnavalet – Histoire de Paris
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi
Exposition « La Régence à Paris (1715-1723). L’aube des Lumières »
20 octobre 2023 – 25 février 2024
Musée Carnavalet – Histoire de Paris
23 rue de Sévigné
75003 Paris
Exposition « Animaux Fantastiques »
27 septembre 2023 – 15 janvier 2024 Musée du Louvre-Lens
Dragons, griffons, sphinx, licornes, phénix… Présents depuis l’Antiquité, les animaux fantastiques peuplent les moindres recoins de notre monde contemporain, des films et dessins animés aux objets du quotidien. Tour à tour images de terreur ou d’admiration, expression de notre inconscient camouflé ou de nos angoisses, ces créatures souvent hybrides portent en elles une ambiguïté fondamentale. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Que signifient-elles ?
Pour cette visite privée, suivez Hélène Bouillon, conservatrice en chef du patrimoine, directrice de la conservation, des expositions et des éditions du Louvre-Lens, et Clémentine Strzalkowski, chargée d’exposition et régisseuse des collections du Louvre-Lens.
Les animaux fantastiques partagent avec la faune réelle un pouvoir de fascination sur l’être humain. On leur confère une proximité avec la nature, une sauvagerie mêlée de sagesse. Ce ne sont pas pour autant des animaux comme les autres. Ils s’en distinguent par leur apparence. Gigantesque, démesuré, difforme, leur corps adopte les caractéristiques de plusieurs animaux : corps de cheval et ailes d’oiseaux, aigle à tête de lion…
Cette physionomie extraordinaire reflète des pouvoirs surnaturels. Les animaux fantastiques incarnent les forces élémentaires de la nature : eaux tempétueuses, rafales colériques, mais aussi ruisseaux tranquilles, terre nourricière. Ils représentent leur immensité, leur violence, leur beauté et leurs éclats. Certains possèdent un visage, des mains ou des jambes, qui les rattachent au monde des humains tout en évoquant distance et dangerosité.
Riche de près de 250 oeuvres – sculpture, peinture, objets d’art mais aussi cinéma et musique –, de l’Antiquité à nos jours, l’exposition propose un voyage à travers le temps et l’espace pour raconter l’histoire des plus célèbres de ces animaux à travers leurs légendes, leurs pouvoirs et leur habitat. Elle questionne nos rapports passionnés à ces êtres dont la présence irréelle semble plus que jamais nécessaire.
L’exposition commence par un retour aux origines de ces animaux imaginaires, qui émergent dès la Préhistoire et incarnent les terreurs sacrées des humains face au vertige de la nature. Dès l’Antiquité, ils sont au coeur de combats fondateurs qui représentent, sous différentes formes, la lutte de forces opposées, notamment celles du bien contre le mal.
Paolo Uccello peint le combat de saint Georges contre le dragon (photo ci-dessus), popularisé au 13e siècle par « La Légende dorée » de Jacques de Voragine. Paolo Uccello mêle ici une représentation encore très médiévale à des procédés – notamment une multiplication de trois points de fuite – qui s’inscrivent dans les spéculations de la Renaissance.
La représentation de la grotte, le profil de la princesse, la riche mosaïque de couleurs vives ainsi que les attributs du dragon – queue en tire-bouchon, ailes mi-papillon, mi-chauve-souris – tout droit sortis d’un bestiaire de fantaisie, se conjuguent ainsi à un travail minutieux de la perspective, tant dans la figure du cavalier que dans le vaste paysage vu à vol d’oiseau.
Outre leur apparence étrange et souvent hybride, les animaux fantastiques ont souvent pour caractéristique principale d’être magiques : ils protègent les peuples et souverains, et veillent sur la frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Le dragon occupe une place à part dans cet écosystème : son apparence fluctue selon les siècles et les civilisations, avant d’être progressivement codifiée dans l’art européen puis dans les arts visuels de la culture populaire.
Vivant aux marges du réel, les animaux fantastiques contribuent également à incarner une autre forme de société possible. Imprégnant aujourd’hui plus que jamais la pop culture et la fantasy, ces monstres nous interrogent quant à nos peurs et nos aspirations, et un besoin de ré-enchantement du monde.
Commissariat de l’exposition
Commissaire générale : Hélène Bouillon, conservatrice en chef du patrimoine, directrice de la conservation, des expositions et des éditions du Louvre-Lens
Commissaires associées : Jeanne-Thérèse Bontinck, cheffe de Projet Patrimoine, Ville d’art et d’histoire, Périgueux Caroline Tureck, chargée de recherches et de documentation, Louvre-Lens
Assistées de : Yaël Pignol, médiateur Patrimoine & Jardins – Référent scientifique, Cité des Electriciens, Bruay-la-Buissière
Scénographie : Mathis Boucher, architecte-scénographe, Louvre-Lens
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi
Exposition « Animaux Fantastiques »
27 septembre 2023 – 15 janvier 2024
Musée du Louvre-Lens
99 rue Paul Bert
62300 Lens
Depuis toujours et dans toutes les civilisations, la transparence du cristal de roche fascine. Du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024, le musée de Cluny – musée national du Moyen Âge propose un « Voyage dans le cristal » au Moyen Âge et à travers l’histoire.
À la période médiévale notamment, ce quartz transparent est utilisé dans les arts de la table, où il est prisé pour la vaisselle de luxe, et dans des objets décoratifs ou des bijoux. On lui attribue aussi une force symbolique renvoyant à la pureté qui s’exprime dans la production d’objets de la liturgie ou de reliquaires.
En parcourant l’exposition avec vous, Isabelle Bardiès-Fronty, conservatrice générale du patrimoine, dévoile les plus grands chefs-d’œuvre sculptés dans le cristal de roche.
Avant le XVIe siècle, le terme quartz désigne tous les cristaux jusqu’à ce que sa définition soit resserrée à la silice pure. Le cristal de roche est le seul quartz transparent. Il est nommé quartz hyalin en minéralogie et il en existe de nombreuses variétés, comme le quartz fantôme avec ses effets de nuages ou encore le quartz rutile aux effets de paillettes.
Construite en six actes, l’exposition explore toutes les facettes de ce matériau mystérieux, qui se révèle à celui qui l’observe avec attention. En guise d’introduction, le visiteur fait la rencontre du quartz et de ses spécificités géologiques. Puis, au fil d’un parcours à la fois chronologique et thématique, il se fait témoin de la façon dont l’humanité a utilisé le cristal de roche.
Œuvres au pouvoir spirituel et magique, œuvres pour les rois, objets de luxe et de plaisir, outils scientifiques : l’exposition présente plus de 200 pièces, dont une centaine du Moyen Âge.
Exposition « Un patrimoine méconnu. Tableaux du Diocèse de Paris du XVe au XXe siècle »
18 octobre – 16 décembre 2023 Collège des Bernardins
Le Collège des Bernardins présente sa première exposition patrimoniale consacrée à l’art ancien. Quatorze œuvres issues des collections du diocèse de Paris sont accrochées dans l’ancienne sacristie, mettant à l’honneur des œuvres redécouvertes signées Nicolas Mignard, Jean-Gabriel Domergue, François Gérard ou encore du « Maître des yeux qui clignent ».
Nathalie Volle, conservatrice honoraire du patrimoine, déléguée adjointe à la Commission diocésaine d’Art sacrée, et Caroline Morizot, responsable de la conservation et de l’inventaire, Commission diocésaine d’Art sacré, vous dévoilent les secrets de ce patrimoine méconnu.
La collection du Diocèse de Paris s’est constituée essentiellement grâce aux dons de collectionneurs ou d’artistes. Avant la loi de séparation des églises et de l’Etat, il incombait à la ville de Paris de prendre soin du patrimoine artistique diocésain. Depuis 1905, la Commission diocésaine d’Art sacré a pris le relai.
Certains tableaux ont déjà pu être contemplés dans leurs églises d’origine, notamment l’émouvante « Pietà » de Jean-Gabriel Domergue à Saint-Martin-des-Champs.
« Le triomphe de l’Immaculée Conception » qui pouvait passer inaperçu sur les murs de l’église Saint François de Sales a été identifié comme une œuvre autographe de Paolo de Matteis. Il s’agit de la réplique de la fresque d’une coupole napolitaine aujourd’hui disparue dans un tremblement de terre.
D’autres œuvres ont déjà été présentées dans des expositions, comme « Sainte Thérèse d’Avila » de François Gérard, vue au musée du Petit Palais. Toutefois, la plupart des tableaux sont exposés pour la première fois.
Sources pour cet article :
– texte : site Internet du Collège des Bernardins
– photos : @scribeaccroupi
Commissariat de l’exposition
Nathalie Volle, conservatrice honoraire du patrimoine, déléguée adjointe à la Commission diocésaine d’Art sacrée Caroline Morisot, responsable de la conservation et de l’inventaire, Commission diocésaine d’Art sacré
Exposition « Un patrimoine méconnu. Tableaux du Diocèse de Paris du XVe au XXe siècle »
18 octobre – 16 décembre 2023
Collège des Bernardins
20, rue de Poissy
75005 Paris
Exposition « Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail »
23 septembre – 31 décembre 2023 Musée des Beaux-Arts de Chartres
Dans le cadre de deux expositions programmées en 2023 et 2024, le musée des Beaux-Arts de Chartres invite à découvrir l’œuvre de Paul Richer (1849-1933), artiste et médecin.
La première exposition présente l’œuvre de Richer sur une décennie environ, entre 1889, avec le « Grand Faucheur » récemment restauré et 1903, date d’exécution en grès de Sèvres du « Bûcheron de la forêt de la Londe ».
Durant cette décennie, l’artiste a réalisé plusieurs sculptures d’ouvriers et de paysans au travail. Certaines œuvres exposées, conservées au musée des Beaux-Arts depuis de nombreuses années, ont été restaurées à l’occasion de cette exposition. Elles sont présentées en regard de celles de Jules Dalou, ami de Paul Richer.
Dans cette visite privée, Grégoire Hallé, directeur du musée des Beaux-Arts de Chartres et commissaire de l’exposition, vous invite à découvrir cet artiste chartrain.
Dans la chapelle du musée des Beaux-Arts de Chartres, la visite débute avec le groupe intitulé « Premier Artiste, âge de la pierre taillé », prêt du musée Crozatier du Puy-en-Velay. Dans cette œuvre, l’iconographie choisie met l’accent sur l’émergence du sentiment du Beau dans l’histoire de l’humanité.
Après une introduction sur l’artiste, dans laquelle est exposé le portrait de Paul Richer par Jules Dalou (Petit Palais- musée des Beaux-Arts de la ville de Paris), le visiteur découvre « Le Faucheur » (1889), impressionnant de réalisme, puis des statuettes conservées pour certaines en collection particulière, des dessins préparatoires et des grands bas-reliefs en plâtre.
Richer exécute ces œuvres majoritairement durant ses vacances, et n’hésite pas à demander conseil à ses pairs, comme l’indiquent quelques notes manuscrites conservées aux Beaux-Arts de Paris. De nombreux métiers, principalement liés aux travaux des champs, sont ainsi représentés par Richer, qui travaille d’après des modèles vivants, mais aussi d’après des dessins et des photographies de paysans.
L’exposition montre l’importance donnée par l’artiste au caractère décoratif de son œuvre : plusieurs plats, petits reliefs en bronze ou vases – pour beaucoup inconnus jusqu’alors – montrent comment Richer a cherché à faire pénétrer cette iconographie paysanne dans les intérieurs domestiques.
Enfin, plusieurs dessins préparatoires témoignent des recherches de Richer pour valoriser le Travail dans l’espace public, comme le font alors ses contemporains Jules Dalou, Constantin Meunier et Auguste Rodin. En effet, en 1889, Dalou commence à penser à son Monument aux travailleurs. De même, Constantin Meunier entame vers 1890 ses reliefs pour son Monument au Travail, et Rodin projette sa Tour du Travail pour l’Exposition Universelle de 1900. Un groupe en plâtre intitulé « Le Travail » conservé à Chartres et récemment restauré conclut le parcours de l’exposition de manière spectaculaire.
Du 16 mars au 16 juin 2024, le musée des Beaux-Arts de Chartres proposera une seconde exposition sur l’œuvre de Paul Richer : « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine ».
Exposition « Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail »
23 septembre – 31 décembre 2023
Musée des Beaux-Arts de Chartres
29 cloître Notre-Dame
28000 Chartres
[Web-série] Le chantier du musée des Beaux-Arts de Valenciennes (2023)
Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes est actuellement fermé pour rénovation.
En 2022, une première série de cinq vidéos nous a permis d’en savoir plus sur les coulisses du musée pendant cette période singulière. Il était temps de prendre des nouvelles de l’avancement des travaux en cette année 2023 et de retrouver les équipes du musée.
Dans ce reportage, vous en saurez plus sur le chantier de stabilisation des peintures. Hélène Duret, directrice adjointe du musée, présente les grandes lignes du chantier clos-couvert, de la future scénographie et de la refonte du parcours de visite. Hélène Wallart, restauratrice de peintures, et Louise Dale, régisseuse des collections du musée, vous dévoilent les secrets du démontage de l’impressionnant triptyque de Rubens. Enfin, Emmanuel Watteau, photographe, et Aurélien Nicole, gestionnaire de collections, évoquent la campagne de prises de vues des œuvres.
Construit en 1905, le musée est confronté à des dysfonctionnements sur certains éléments de la structure du bâtiment. La succession d’hivers froids et d’épisodes caniculaires aurait accéléré la dégradation de la toiture et des verrières.
Sans intervention, la conservation préventive des œuvres pourrait ne plus être assurée. Les études préalables aux travaux et le démontage et transfert de certaines œuvres sont à présent engagés.
Jusqu’en 2023, le bâtiment du musée, conçu l’architecte Paul Dusart, n’était pas protégé au titre des monuments historiques. Désormais, les façades, les toitures et le corps central du musée sont protégés et toute modification apportée au bâtiment est placée sous le contrôle scientifique et technique de l’Etat. Ce classement au titre des monuments historiques permet de contribuer au financement de la rénovation en cours.
Peindre en Bourgogne aux XVe et XVIe siècles
Épisode 1 : Pierre Spicre
Pierre Spicre, est un peintre actif en Bourgogne entre 1470 et 1478. Son nom apparaît pour la première fois dans les archives dijonnaises en 1470. Il jouit alors d’une certaine renommée dans le milieu artistique de la cité bourguignonne.
Plusieurs œuvres lui sont attribuées malgré le peu d’archives et un corpus très hétérogène. Qu’en est-il ?
Nicolas Bousser, historien de l’art et directeur du web-magazine Coupe-File Art, fait le point sur l’affaire Spicre.
Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour cette nouvelle web-série tournée en Bourgogne.
D’origine vraisemblablement nordique et peut-être tournaisienne, Pierre Spicre apparaît pour la première fois dans les archives dijonnaises en 1470, avec une orthographe changeante et capricieuse allant de « Spicker », « Spilgr » ou encore « Spicr ». Il jouit alors d’une certaine renommée dans le milieu artistique de la cité bourguignonne. Il est, entre autres, désigné juré expert lors de la réception du tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, œuvre bien connue de Jean de la Huerta et Antoine le Moiturier conservée au musée des Beaux-Arts de Dijon.
Ce reportage accompagne la publication de l’article « Pierre Spicre au château Saint-Maire ? Le dossier complexe d’un peintre dijonnais du XVe siècle », à lire dans le numéro 13 publié le 29 août 2023 de la revue scientifique « Monuments Vaudois ».
Exposition « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand »
20 septembre 2023 – 15 janvier 2024
Musée de l’Orangerie (Paris)
C’est par l’entremise de Max Jacob que le jeune galeriste et collectionneur Paul Guillaume aurait découvert Modigliani en 1914. Il devient alors vraisemblablement son marchand. Grâce aux oeuvres de la collection permanente du musée de l’Orangerie et à de très beaux prêts, l’exposition permet d’explorer la manière dont les liens entre les deux hommes peuvent éclairer la carrière de l’artiste.
De Montmartre à Montparnasse, Cécile Girardeau, conservatrice au musée de l’Orangerie, nous accompagne dans l’atmosphère du Paris artistique du début du XXe siècle.
« En rassemblant plusieurs œuvres emblématiques, l’exposition met en avant le rôle majeur de Paul Guillaume dans la diffusion de l’œuvre de Modigliani sur le marché de l’art dans les années 1920, tant en France qu’aux États-Unis. » – Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie
Paris, au début du XXe siècle, représente un pôle d’attraction pour les avant-gardes artistiques. Un ensemble d’artistes venus de nombreuses régions du monde viennent alors s’y installer, comme c’est le cas pour Amedeo Modigliani, arrivé d’Italie en 1906.
Paul Guillaume est un jeune galeriste autodidacte, ayant forgé son goût auprès de l’avant-garde parisienne et notamment le poète et critique d’art Guillaume Apollinaire. Il incarne un souffle nouveau dans le milieu du marché de l’art, alliant un goût pour la modernité figurative et les arts extra-occidentaux. Modigliani, qui réalise plusieurs portraits de son marchand, agrémente l’un d’entre eux de la mention peinte « Novo Pilota » (« nouveau pilote ») pour qualifier le grand dessein qu’il place entre les mains de Paul Guillaume.
Outre les cinq peintures de Modigliani conservées aujourd’hui au musée de l’Orangerie, plus d’une centaine de toiles ainsi qu’une cinquantaine de dessins et une dizaine de sculptures de l’artiste seraient passés par les mains du marchand d’art Paul Guillaume. Ce nombre dénote à la fois l’implication du galeriste dans la promotion de l’artiste mais aussi son goût personnel pour ses œuvres, largement présentes sur les murs de ses différents appartements.
Dès l’ouverture de sa galerie en 1914, Paul Guillaume expose simultanément des sculptures africaines et des tableaux modernes. Modigliani, quant à lui, fréquente le Musée ethnographique du Trocadéro dès 1909 et manifeste un intérêt précoce pour ces arts. Bien que l’artiste ait cessé de sculpter la pierre, ses têtes peintes de 1914 et 1915 présentent une parenté avec ces formes angulaires et allongées, rappelant également certaines innovations stylistiques proches du cubisme.
À partir de mars 1918, en raison de la santé de Modigliani, de la grossesse de sa compagne Jeanne Hébuterne et des bombardements de Paris, le second galeriste de l’artiste, Léopold Zborowski, les envoie séjourner dans le Sud de la France. De cette période méridionale naissent les beaux portraits de proches et d’anonymes où l’on ressent une forte inspiration cézanienne mais aussi une évolution de la palette et de la touche de l’artiste.
Commissariat de l’exposition
Cécile Girardeau, conservatrice du patrimoine au musée de l’Orangerie Simonetta Fraquelli, historienne de l’art, commissaire d’exposition et chercheuse indépendante, spécialiste de l’art du XXe siècle
Exposition « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand »
20 septembre 2023 – 15 janvier 2024
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
Place de la Concorde (côté Seine)
75001 Paris
Exposition « Louis Janmot. Le Poème de l’âme »
12 septembre 2023 – 7 janvier 2024
Musée d’Orsay
Commencé à Rome en 1835 et poursuivi jusqu’en 1881, « Le Poème de l’âme » est le grand œuvre de l’artiste lyonnais Louis Janmot (1814-1892), à la fois pictural et littéraire. Il illustre en 34 compositions accompagnées d’un long poème le parcours initiatique d’une âme sur la Terre.
Formé de deux cycles respectivement composés de peintures et de grands dessins, il fut qualifié par Henri Focillon, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon de 1913 à 1924, « d’ensemble le plus remarquable, le plus cohérent et le plus étrange du spiritualisme romantique ».
Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour vous faire découvrir cet artiste en compagnie de Servane Dargnies-de Vitry et Stéphane Paccoud, commissaires de l’exposition.
L’exposition permet de découvrir « Le Poème de l’âme » dans son intégralité. Si le premier cycle est habituellement exposé dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts de Lyon, le second, plus fragile, n’est que rarement montré.
Louis Janmot est un artiste très singulier dans son temps, mais son œuvre fait écho à celle de plusieurs autres artistes tels que William Blake, Philipp Otto Runge ou Francisco de Goya avant lui, ses contemporains les Préraphaélites, ou encore, plus tard, les symbolistes, en particulier Odilon Redon qui a été en contact avec lui.
Le Poème de l’âme, première partie (1835-1854)
« À l’instant qu’a choisi la sagesse infinie,
Le néant vaincu cède et fait place à la vie :
De l’abime entr’ouvert, sombre et silencieux,
Une âme humaine monte à la clarté des cieux ;
Et le Dieu créateur, d’une ineffable ivresse,
À tressailli lui-même, et sur son cœur il presse
Comme un père l’enfant que son souffle a formé,
ET QUI S’EST SENTI VIVRE EN SE SENTANT AIMÉ. »
Extrait de « Génération divine » – Poème I de la Première série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)
Les vingt années d’élaboration du premier cycle du Poème de l’âme auraient pu donner lieu à un ensemble stylistiquement très disparate. Il se dégage pourtant de cette série de dix-huit tableaux une grande cohérence visuelle. Les fonds évoquent des décors de théâtre devant lesquels les personnages se déplacent latéralement, comme sur une scène, renforçant de la sorte l’impression de continuité.
Le peintre-poète raconte ainsi le parcours initiatique d’une âme, sous les traits d’un jeune garçon vêtu de rose que l’on voit grandir et évoluer de tableau en tableau. Sa quête existentielle passe par la rencontre avec son âme sœur – une jeune fille vêtue de blanc – qui, comme lui, aspire au ciel, à la pureté et à l’harmonie.
On suit les étapes et les vicissitudes du parcours des deux personnages : naissance, petite enfance, éducation, amours naissantes et rêve d’idéal. L’apparente quiétude de cette première série, en contraste avec la seconde, est souvent contredite par des détails nichés dans les œuvres ainsi que par les poèmes en vers qui soulignent à chaque étape le caractère tragique du destin de l’âme.
Le Poème de l’âme, deuxième partie (1854-1879)
« Des jours, des nuits, incessante harmonie,
Vents gémissants à travers les forêts,
Savez-vous donc nos douloureux secrets
Pour y mêler votre plainte infinie,
Pour savoir mesurer, quand le bonheur a fui,
Vos caresses d’hier à nos pleurs d’aujourd’hui ?
Seriez-vous donc pour nous, comme les chœurs antiques,
Des humaines douleurs l’écho compatissant ?
Mais non ! dans vos accents ou joyeux ou tragiques,
Rien ne révèle une âme et le cœur est absent. »
Extrait de « Solitude » – Poème I de la Deuxième série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)
Pour le second cycle, Janmot abandonne la peinture pour le dessin. Le fusain est associé à des rehauts colorés, sur des feuilles de dimensions similaires à celles des tableaux. Il ne s’agit plus de cartons préparatoires, mais d’œuvres abouties qui sont en partie exposées aux Salons de 1861 et 1868.
L’atmosphère est plus sombre, ce que renforce le choix du médium. Marqué par la perte de la femme qu’il aimait, le jeune homme affronte le désespoir. Il cherche une issue dans les plaisirs, cède à la tentation et au doute mais ne trouve que la souffrance. Une fin à la fois heureuse et ambiguë marque l’aboutissement de ce parcours initiatique : il retrouve au ciel sa bien-aimée.
Le ton pessimiste fait écho aux épreuves que Janmot rencontre lui-même. La tonalité est également plus politique, en phase avec l’évolution conservatrice des milieux catholiques des années 1860-1870.
« Puisque tu crois en Dieu, crois à la liberté ;
Deviens digne d’aimer, de connaître et de suivre
Du bien, du vrai, du beau, l’immortelle clarté,
Pour laquelle ton âme est créée et doit vivre.
FIN »
Extrait de « Sursum corda ! » – Poème XVI de la Deuxième série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)
Cette exposition est organisée par l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie de Paris avec la collaboration scientifique et les prêts exceptionnels du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Commissariat de l’exposition
Stéphane Paccoud, conservateur en chef chargé des peintures et sculptures du XIXe siècle au musée des Beaux-Arts de Lyon Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay
Sources utilisées pour cet article :
Texte : dossier de presse et site Internet du musée d’Orsay