[Visite privée] Exposition « À la cour du Prince Genji » au musée Guimet

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Exposition « À la cour du Prince Genji. 1000 ans d’imaginaire japonais »
22 novembre 2023 – 25 mars 2024
Musée national des arts asiatiques – Guimet (Paris)

Écrit au 11ème siècle par la poétesse Murasaki Shikibu, « Le Dit du Genji » est considéré comme l’œuvre la plus emblématique de la littérature classique japonaise. Évoquant les raffinements de la cour impériale de l’époque Heian (794-1185), il suscite une très riche iconographie : estampes, kimonos, sculptures, peintures, objets précieux et jusqu’aux mangas contemporains.
Plus récemment, le maître tisserand Itarô Yamaguchi (1901-2007) réalise quatre rouleaux d’après ceux peints de l’époque Heian, illustrant les scènes du « Dit du Genji ». Ces rouleaux exceptionnels sont montrés pour la première fois ensemble et déroulés dans leur intégralité pour l’exposition du musée Guimet.

Pour cette visite privée, suivez Aurélie Samuel, conservatrice du patrimoine et commissaire de l’exposition.

« Dit du Genji » – Première moitié du 19º siècle – Albums reliés en accordéon – Bibliothèque nationale de France (Paris)
Bouddha Amida assis – Époque de Heian, première moitié du 11° siècle – Musée Guimet
Portrait de Murasaki Shikibu – Page tirée de Cent poètes célèbres du Japon – Époque d’Edo, 19e siècle – Musée Guimet

« Quand on me demande quelle est la romancière que j’admire le plus, c’est le nom de Murasaki Shikibu qui me vient aussitôt à l’esprit, avec un respect et une révérence extraordinaire (…) c’est le Marcel Proust du Moyen Âge nippon. » – Marguerite Yourcenar dans « Les Yeux ouverts » (1980)

« La poétesse Ono no Komachi » – Époque de Momoyama, 16e siècle – Musée Guimet

L’époque de Heian (794- 1185) est celle de l’essor du bouddhisme au Japon. L’écriture évolue grâce à la réforme de l’éducation et à une simplification des kanjis. Ces idéogrammes, hérités de la Chine, restent l’apanage des lettrés japonais mais vont être transformés en hiragana, une écriture cursive adaptée à la langue japonaise appelée, à l’origine, « onnade » (main de femme). Grâce à cet accès plus aisé à l’écriture, la littérature féminine japonaise va prendre un essor considérable.

Série « Dit du Genji en cinquante-quatre chapitres Époque d’Edo » (1852) par Utagawa Hiroshige (1797-1858) – Fondation Jerzy Leskowicz (Paris)
Détail de la série « Comparaisons du monde flottant aux chapitres nuageux du Genji » – « Le Clos au Paulownia » par Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) – Époque d’Edo (1843-1847) – Musée Guimet

Dans le « Dit du Genji », Murasaki Shikibu s’inspire de la vie de la cour, des hommes et des femmes, dans leurs complexités et leurs évolutions, sociales et psychologiques. Cette œuvre devient le creuset d’une nouvelle identité japonaise et une source d’inspiration pour tous les artistes, d’hier et d’aujourd’hui.

Paravent à six volets « La tempête » (Nowaki) – Époque d’Edo, fin du 16e siècle – début du 17e siècle – Collection privée (Paris)

La multitude des scènes décrites dans le « Dit du Genji » explique l’engouement des artistes pour cette œuvre depuis le 12e siècle. Une attention particulière est portée aux contextes des événements, aux lieux mais aussi aux saisons, éléments primordiaux dans l’art pictural japonais.

Détail de la série »Dit du Genji en cinquante-quatre chapitres » par Utagawa Hiroshige (1797-1858) – Époque d’Edo (1852) – Collection Georges Leskowicz (Paris)

L’invention de la gravure sur bois au 17e siècle va offrir un nouveau support et permettre aux grands maîtres de l’estampe de renouveler l’imaginaire des scènes les plus célèbres du « Dit du Genji », parfois réinterprétées ou réadaptées à la mode contemporaine. La publication d’une version parodique du roman par Ryutei Tanehiko (1783-1842) fera évoluer l’iconographie de l’œuvre dans de nouvelles directions.

Manga « Le Dit du Genji » par Murasaki Shikibu – Adaptation Sean Michael Wilson, illustrations Inko Ai Takita – © Synchronique Éditions, 2022

Maître Itarô Yamaguchi naît le 18 décembre 1901 dans une famille de tisseurs de soieries du quartier Nishijin à Kyoto. Il commence très jeune à tisser sur un métier à mécanique Jacquard pour de riches commanditaires.

Rideau-écran, ceintures de kimono, rouleaux suspendus et kimono de cérémonie par Itaro Yamaguchi (1901-2007) – SHIKO (Kyoto)

Après cinquante ans de carrière, à l’âge de 70 ans, Maître Itarô Yamaguchi décide de « laisser un chef-d’œuvre qui serait la concrétisation des plus hautes qualité et technicité atteintes dans l’utilisation du métier Jacquard« . Il décide de reproduire en tissage les rouleaux peints du « Dit du Genji » datant du début du 12e siècle, conservés au musée Tokugawa de Nagoya et au musée Goto de Tokyo.

Détail de l’un des rouleaux tissés du « Dit du Genji » par Itaro Yamaguchi (1901-2007) – Musée Guimet

Afin de remercier la France d’avoir inventé le métier Jacquard qui a sauvé l’industrie du tissage à Kyoto, Maître Yamaguchi offre son chef-d’œuvre au musée Guimet. Dans l’exposition, les quatre rouleaux sont présentés ensemble dans leur intégralité pour la première fois.

Rouleaux tissés du « Dit du Genji » par Itaro Yamaguchi (1901-2007) – Musée Guimet

Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi

Robe de cérémonie miniature (20e siècle) – Collection UNESCO (Paris)

En savoir +

Consultez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée Guimet.

Exposition « À la cour du Prince Genji » – Musée Guimet

Commissariat de l’exposition

Aurélie Samuel, conservatrice du patrimoine

Exposition « À la cour du Prince Genji » – Musée Guimet

Exposition « À la cour du Prince Genji. 1000 ans d’imaginaire japonais »
22 novembre 2023 – 25 mars 2024
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna
75116 Paris

Loupe et écritoire de Maître Itaro Yamaguchi – SHIKO CO., LTD. (Kyoto)

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