L’église des Cordeliers, sanctuaire des ducs de Lorraine
Fondée à la fin du XVe siècle par le duc René II, l’église Saint-François des Cordeliers est la plus ancienne église de Nancy. Lieu emblématique du pouvoir des ducs de Lorraine, elle abrite la chapelle Notre-Dame-de-Lorette construite au-dessus du caveau où sont inhumés de nombreux membres de la famille ducale. Embellie par les ducs successifs, l’église fut profanée durant la Révolution française avant d’être restaurée au cours des XIXe et XXe siècles.
Toujours affectée au culte, elle fait aujourd’hui partie du Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain voisin et présente, depuis le XIXe siècle, plusieurs œuvres remarquables permettant d’illustrer l’histoire de Nancy. Depuis 2018, d’autres chefs-d’œuvre sont venus compléter l’accrochage pendant la période de fermeture du Palais pour rénovation et extension.
Dans la vidéo publiée en tête de cet article, Pierre-Hippolyte Pénet vous invite à découvrir l’histoire du monument et les plus belles œuvres présentées.
L’église est accessible gratuitement tous les jours sauf le lundi de 10h à 12h30 et de 14H à 18h.
Une monographie sur la nécropole des ducs de Lorraine
Le 8 octobre 2022, Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet publient la première monographie consacrée à l’église des Cordeliers depuis 1851. Illustré de photographies souvent inédites, l’ouvrage retrace les grandes heures du monument, depuis sa construction jusqu’à nos jours.
« L’église des Cordeliers. Le sanctuaire des ducs de Lorraine à Nancy »
par Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet
Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain
272 pages, 25 €
Les auteurs
Étienne Martin est historien, secrétaire général de la Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, membre de la Commission diocésaine d’Art sacré du diocèse de Nancy et de Toul. Pierre-Hippolyte Pénet est conservateur du patrimoine au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain de Nancy, chargé des collections du XVe au XVIIIe siècles.
Le catalogue numérique des œuvres
Fruit des recherches menées depuis quatre ans et dévoilé en même temps que la monographie sur l’édifice, le catalogue numérique de 49 œuvres exposées dans l’église des Cordeliers est mis gratuitement à disposition dès le 8 octobre 2022 sur le site internet du Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.
En savoir +
Une riche programmation accompagne la publication de cet ouvrage. Cliquer ici pour consulter l’agenda des événements.
Exposition « Dessins bolonais du XVIe siècle dans les collections du Louvre »
22 septembre 2022 – 16 janvier 2023
Rotonde Sully Sud
Musée du Louvre
Dans les toutes premières années du Cinquecento, un style nouveau de dessins apparaît, caractérisé par des effets d’ombre et de lumière particulièrement intenses, qui ouvrent la voie à la manière moderne.
À travers une sélection de 44 feuilles, la nouvelle exposition proposée par le département des Arts graphiques du Louvre permet de découvrir l’évolution du dessin bolonais tout au cours du XVIe siècle. Aux côtés d’artistes majeurs de la période, des personnalités restées parfois encore dans l’ombre sont mises en avant.
Le Cabinet des dessins du Louvre conserve environ 500 dessins de l’École bolonaise du XVIe siècle. Cette exposition est une nouvelle occasion d’admirer l’incroyable richesse des collections d’Arts graphiques du musée !
Les origines de la collection
L’ensemble de dessins bolonais conservés au Louvre provient en partie de la collection du banquier d’origine allemande Everhard Jabach, acquise en 1671 pour le Cabinet du roi, des saisies révolutionnaires, mais également d’un certain nombre de dons reçus aux 19e et 20e siècles, notamment celui de la collection du baron Edmond de Rothschild.
Le premier classicisme bolonais
Au début du Cinquecento, la ville de Bologne connaît un élan artistique d’exception favorisé par la pensée humaniste diffusée par les érudits de l’Université. Francesco Francia (vers 1447-1517) développe un atelier florissant, produisant des oeuvres d’un raffinement extrême. Ses dessins se caractérisent par une attention soutenue à la ligne pure et fine et à la lumière, délicate et envoûtante.
Le langage de Francesco Francia inspire les artistes de son entourage comme Peregrino da Cesena et Jacopo da Bologna.
L’Antique représente également une réelle source d’inspiration qui nourrit l’imaginaire artistique. Les oeuvres de jeunesse de Marcantonio Raimondi en rendent compte, ainsi que celles d’Amico Aspertini.
À la mort de Francia, l’atelier d’Innocenzo da Imola (vers 1490 – vers 1545) s’impose comme nouveau lieu de création. Ses oeuvres s’adressent à une clientèle bolonaise qui demande un renouveau du langage orienté vers les actualités venues d’ailleurs.
L’influence de Raphaël
À partir de 1520 environ, un nouveau classicisme s’impose sur la scène bolonaise. Biagio Pupini (documenté de 1511 à 1551) en est l’un des représentants principaux. Imprégné de culture romaine, nourri de modèles de l’Antiquité et des modernes, il contribue à diffuser à Bologne le langage appris lors de divers voyages à Rome. Les oeuvres de Raphaël notamment sont réinterprétées d’une manière personnelle et créative.
Les compositions saturées de figures, très picturales, souvent tracées à la pointe du pinceau, montrent un intérêt accru pour le rendu de la lumière obtenu par une surabondance de rehauts de gouache blanche.
Les maniéristes bolonais
À partir des années 1540, les échanges entre Bologne et Rome s’intensifient. Pendant que Prospero Fontana (1509 -1597) réalise à Rome certains décors de la villa du pape Jules III (1551- 1553), Pellegrino Tibaldi (1527-1596) exécute à Bologne son chef-d’oeuvre : les fresques du palais du cardinal Poggi (1549 -1560).
Les grands dessins à la sanguine de Pellegrino Tibaldi, avec des figures puissantes, proposent de nouveaux modèles figuratifs influençant tous les artistes après lui. On en retrouve écho chez Nosadella, ou chez Orazio Samacchini (1532 -1577), dont les formes en torsion montrent aussi une élégance linéaire retrouvée.
Bartolomeo Passerotti ou la force du dessin
Bartolomeo Passerotti (1529 -1592) impose une nouvelle façon de regarder les éléments naturels appartenant au monde végétal, animal, mais aussi l’homme, étudié avec un intérêt quasi scientifique pour la vérité de son image.
Le facture soignée de Passerotti, qui propose des effets de lumière analogues à ceux recherchés par les maîtres graveurs, lui permet d’obtenir des dessins finis à la manière des estampes, sans doute destinés à des collectionneurs.
Commissariat de l’exposition
Roberta Serra, ingénieur d’études au département des Arts graphiques, musée du Louvre
À la découverte du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France
La Bibliothèque nationale de France veille sur des collections rassemblées depuis cinq siècles grâce au dépôt légal et à sa politique d’acquisition.
Sur le site Richelieu, en plein cœur de Paris, sont conservées les collections de six départements spécialisés : Manuscrits, Musique, Estampes et photographie, Arts du spectacle, Cartes et plans, Monnaies, médailles et antiques – soit plus de 22 millions de documents.
La renaissance
Face à la nécessité d’une mise aux normes techniques du site, la décision de restauration et de modernisation a été prise au début des années 2000. Il aura fallu cinq années d’études et dix ans de chantier pour pouvoir rouvrir toutes les portes du site aux publics, à partir du 20 septembre et après le week-end inaugural. Le résultat est vraiment splendide !
Suivez-moi pour découvrir le site Richelieu rénové, depuis la salle Labrouste et la salle Ovale… jusqu’aux magasins et salons pour lesquels l’accès nécessite une autorisation spéciale.
La première phase du chantier
De 2011 à 2016, la première phase des travaux a concerné plus particulièrement la salle Labrouste, les espaces du département des Arts du spectacle et la salle de lecture des Manuscrits.
En 2016, les bibliothèques des deux institutions partenaires de la BnF, l’INHA et l’École nationale des chartes, ont intégré leurs espaces définitifs sur le site Richelieu.
La salle Labrouste
Réalisée entre 1861 et 1868, cette salle est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste. Elle est éclairée par neuf coupoles revêtues de carreaux de faïence qui diffusent une lumière uniforme dans la salle.
Les coupoles reposent sur des arcs en fer ajourés retombant sur seize colonnes de fonte.
En 1864, le paysagiste Alexandre Desgoffe réalisa des tableaux destinés à inspirer aux lecteurs une sensation de calme et de détente.
Les lampes installées en 1920 lors de l’arrivée de l’électricité ont été conservées, certaines dotées d’abat-jour en opaline.
La salle Labrouste a rouvert ses portes en 2016.
Le grand magasin général
Derrière la salle Labrouste, les deux cariatides monumentales du sculpteur Joseph Perraud marquent l’entrée du cœur fonctionnel des installations de Labrouste : le grand magasin central.
Créé en 1865, ce magasin marque la séparation entre les espaces de lecture et les espaces de stockage mais reste visible depuis la salle.
Conçu pour abriter 1,2 million de volumes, le magasin dispose d’un ingénieux système de transport des ouvrages permettent une efficacité et une rapidité de services impossibles jusqu’alors.
Pour la première fois de son histoire, ce magasin est accessible aux lecteurs, sur trois niveaux. La bibliothèque de l’INHA y offre une soixantaine de places de lecture et la possibilité de consulter en accès libre plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages en histoire des arts.
La second phase des travaux
Menée de 2017 à 2022, la seconde phase des travaux a concerné près de 28.000 m2, dont la salle Ovale et plusieurs espaces classés : la galerie Mansart, la chambre de Mazarin, la galerie Mazarin et le salon Louis XV.
L’escalier d’honneur et le grand hall
Une nouvelle entrée a été créée côté rue Vivienne. En lieu et place de bureaux et de mezzanines, un grand hall relie maintenant les deux rives du quadrilatère.
À mi-chemin, une hélice ajourée en acier et en aluminium vernis remplace l’ancien escalier d’honneur. Ce dernier, réalisé par Jean-Louis Pascal (1875-1912), était inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Bruno Racine, ancien président de la BnF, le décrivait alors comme « une sorte de pastiche Louis XV réalisé juste avant la guerre de 1914-1918 ». On s’en souvient, le remplacement de cet escalier a fait l’objet de nombreuses polémiques.
La salle Ovale
Salle emblématique du site Richelieu, la salle Ovale est ouverte gratuitement à tous les publics de tous âges. Plus de 20 000 volumes sont présentés en libre consultation dont une collection de 9 000 bandes dessinées.
Conçue dans les années 1890 par Jean-Louis Pascal (1837-1920), la salle Ovale a été achevée par son successeur Alfred Recoura.
« Je l’ai faite elliptique, non pas pour la rapprocher d’un type qui a particulièrement réussi au British Museum, mais surtout pour constituer des cours d’aérage et d’éclairage dans les angles. » – Jean-Louis Pascal (1837-1920)
Cette salle impressionne par ses dimensions : un ovale de 43,70 mètres sur 32,80 mètres, 18 mètres de hauteur.
Le plafond est composé d’une verrière centrale entourée d’un élégant entrelacs de feuilles d’acanthes dorées, la partie supérieure de l’ovale est percée de seize oculi (œils-de-bœuf) vitrés entourés de mosaïques.
Au-dessus de chacun des oculi vient s’inscrire le nom d’une ville célèbre pour sa portée symbolique dans l’histoire des civilisations et des bibliothèques.
Les arcades sont soutenues par seize paires de colonnes en fonte.
Tout autour de la salle courent trois étages de rayonnages avec balcons et planchers en fer à claire-voie.
Les tables Recoura ont été réinstallées au sein du nouvel aménagement.
La structure métallique de la verrière de la salle ovale
Une impressionnante structure métallique surplombe le plafond vitré éclairant de la salle Ovale.
La verrière est double, ce qui permet de renforcer l’isolation thermique.
Les magasins et les espaces de travail
Les espaces d’accueil du public et les espaces patrimoniaux majeurs ne représentent en réalité qu’une part réduite de la surface du site. La majorité des espaces est en effet affectée aux salles de lecture, aux magasins de collections et aux lieux de travail des agents.
Le hall Roux-Spitz
Ce hall fait le lien entre des espaces du XVIIe siècle restaurés (galerie Mansart et galerie Mazarin) et des espaces conçus pour le département des Estampes et celui des Cartes et plans.
C’est ici que se trouve le plâtre de la sculpture représentant Cicéron, réalisée par Houdon. L’œuvre a été repeinte vers la fin du XIXe siècle pour imiter la teinte du bronze.
La chambre de Mazarin
Si Mazarin eut bien deux chambres dans son palais, celle que l’on appelle aujourd’hui « chambre de Mazarin » était en fait une antichambre.
Réalisée entre 1650 et 1655, cette pièce a conservé un plafond de panneaux peints de figures allégoriques et de thèmes mythologiques.
Voltaire dans le salon d’honneur
Dans le salon d’honneur du site, où la Bibliothèque royale s’était installée au XVIIIe siècle, se trouve le plâtre original du « Voltaire assis » (1781) de Jean-Antoine Houdon (1741-1828).
Sur le socle de la statue, on peut lire cette inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette ».
Ainsi, depuis 1864, la Bibliothèque nationale de France conserve le cœur du grand homme, confié au département des Monnaies et médailles de la Bibliothèque, alors impériale, à la demande de Napoléon III.
Ce salon, non accessible au public, peut être visité à l’occasion d’événements comme les Journées européennes du Patrimoine.
Le musée de la BnF
Nouveau joyau du site Richelieu et splendide écrin pour les collections de la BnF, le musée succède à celui du département des Monnaies, Médailles et Antiques. Il embrasse désormais toute l’étendue des collections de la Bibliothèque et se déploie sur 1 200 m². Vous pouvez le découvrir en lisant l’article disponible ici.
Le jardin Vivienne
Un nouveau jardin est en train de naître sur le site Richelieu et se déploiera au fll des saisons.
Toutes les photographies par @scribeaacroupi.
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à la réouverture du site Richelieu. Un site internet, dédié à la salle Ovale et ses collections, est accessible à partir du 12 septembre.
Une application Web, disponible gratuitement sur smartphone, permet de déambuler librement au sein du site Richelieu et de découvrir des œuvres phares du musée.
Bibliothèque nationale de France – site Richelieu
5 Rue Vivienne
75002 Paris
La Bibliothèque nationale de France se déploie principalement sur deux sites : François-Mitterrand où sont conservés les imprimés et les documents audiovisuels ; Richelieu pour les collections dites « spécialisées » : manuscrits, dessins, gravures, photographies, cartes et plans, monnaies et médailles, antiques et bijoux….
Après douze ans de travaux, la BnF fête la réouverture du site Richelieu les 17 et 18 septembre 2022. À quelques jours de cet événement, je vous invite à découvrir l’un des espaces les plus fascinants du site : le musée.
Une bibliothèque-musée
Le musée de la BnF abrite près de 900 œuvres exceptionnelles, emblématiques des collections constituées au fil des siècles. Ce musée est une très belle surprise et une vraie réussite !
Héritière des collections des rois de France, la Bibliothèque nationale de France conserve des collections très variées formées de livres, manuscrits et imprimés, de cartes géographiques et de globes, mais aussi de monnaies et médailles, d’antiques, de dessins et d’estampes.
Le plus ancien musée de la capitale
Les monnaies, les médailles, les antiques et d’autres objets de curiosités sont réunis à la Bibliothèque par Colbert dès 1666. L’année suivante, ce même ministre fait l’acquisition d’environ 80.000 dessins et estampes de la collection de l’abbé de Marolles.
Par la suite, livres, estampes, dessins, cartes géographiques et objets sont conservés dans un même lieu ouvert aux érudits et aux personnages illustres.
À partir du milieu du XVIIIe siècle, avec le réaménagement du Cabinet du roi qui abritait les collections numismatiques et les antiques, elle se dote d’un véritable musée, sans doute le plus ancien de la capitale.
La Bibliothèque Royale devenue Nationale bénéfcie durant la période révolutionnaire d’enrichissements colossaux. Les confiscations des biens du clergé et des émigrés, puis les campagnes des armées françaises en Europe autorisent le transfert de centaines de milliers de livres et manuscrits rue de Richelieu, sans oublier les centaines d’objets provenant des trésors d’église.
Le Cabinet du roi n’est pas l’unique espace muséal au sein de la Bibliothèque Nationale : le Cabinet des Estampes, dont le fonds s’était enrichi grâce au dépôt légal, exposait ses fleurons depuis la fin du XVIIIe siècle. Ce dispositif du dépôt légal fut étendu à la lithographie à partir de 1817, puis spontanément adopté par les auteurs ou éditeurs de photographies en 1851.
Le musée de la BnF occupe les locaux construits par l’architecte Pascal au début du XXe siècle (aile Vivienne) ainsi que la galerie Mazarin et la Rotonde.
La salle des Colonnes – salle Fondation Leon Levy
Le parcours débute dans la salle des Colonnes où sont exposées les collections d’antiquités rassemblées dans le cabinet du Roi, puis acquises pour l’enrichissement de la collection devenue nationale à la Révolution ou offertes à la Bibliothèque par des collectionneurs.
Le Cabinet précieux, salle Sisley-d’Ornano
Dans le prolongement de la salle des Colonnes, le Cabinet précieux reflète le luxe du Cabinet du Roi rattaché à la Bibliothèque Royale dès 1666. Des collections principalement métalliques sont présentées dans cet espace : monnaies, médailles, bijoux et montures d’or émaillé, pierres gravées, vaisselles d’apparat en or et en argent aux dimensions spectaculaires.
L’un des fleurons des collections de la BnF, le Trésor de Berthouville, est présenté dans le Cabinet précieux. Découvert en 1830 par un paysan normand, cet ensemble comprend un service de table richement orné et deux statuettes de Mercure, pour un poids total de plus de 25 kg d’argent pur.
La salle de Luynes
La salle de Luynes conserve la totalité de la collection offerte par le duc de Luynes en 1862. Militaire, puis homme politique, Honoré d’Albert, duc de Luynes (1802-1867) est surtout un mécène, protecteur des arts et scientifique curieux de comprendre et de reconstituer les techniques anciennes.
Le duc de Luynes, dont la fortune a financé fouilles archéologiques et études savantes, était un fin connaisseur des civilisations de l’Antiquité. Il a réuni plusieurs milliers de céramiques grecques, de sculptures, d’armes, de bijoux et de monnaies.
La salle Barthélemy
Cette salle au décor d’acajou a été construite au début du XXe siècle pour conserver les quelque 600.000 monnaies et médailles du Cabinet et permettre leur étude.
Le Cabinet trouve son origine au Moyen Âge dans la cassette des rois de France, collection privée d’objets précieux et réserve fnancière dispersée à la mort du souverain ou pour fnancer les guerres. Sous Louis XIV, en 1666, le Cabinet du Roi est rattaché à la Bibliothèque Royale.
Cette salle tient son nom de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, garde du Cabinet du roi, qui put sauver au péril de sa vie, à la Révolution, les collections qui lui avaient été confiées.
Collectionnées principalement depuis la Renaissance, les monnaies permettent de connaître les portraits des grands hommes de l’Antiquité évoqués par les auteurs classiques, rois grecs et empereurs romains. Louis XIV, passionné de monnaies anciennes, les envoie chercher jusqu’en Orient. Leur nombre augmente avec le développement de l’archéologie à la fin du XVIIIe siècle.
Le salon Louis XV
Aménagé au milieu du XVIIIe siècle pour accueillir la collection royale de monnaies et de pierres gravées, le salon Louis XV est, dès sa création, ouvert aux visiteurs érudits ainsi qu’aux curieux. Il peut ainsi être tenu pour le plus ancien musée parisien.
Le décor mural est constitué d’un ensemble de peintures du XVIIIe siècle représentant les muses et leurs protecteurs, réalisées par les plus grands artistes de l’époque. François Boucher a peint en 1742 les quatre dessus de porte, dont trois trumeaux ont été réalisés par Carle Van Loo en 1745. Charles Natoire exécute la même année les trois autres trumeaux.
Deux grands portraits en majesté complètent l’ensemble : un portrait de Louis XV peint dans les ateliers de Versailles et une copie du XIXe siècle du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud. Les encadrements des tableaux en bois doré datent eux aussi du XVIIIe siècle.
Le mobilier se compose de six petits médailliers et deux grands médailliers en applique aux murs, comportant chacun une console d’applique qui supporte une table de marbre rose chantourné et un placard à deux battants.
Au centre se trouve une table aux dimensions exceptionnelles. Médailliers et table ont été exécutés en 1742 par les ateliers de menuiserie Verberckt. Quinze chaises et fauteuils cannés du XVIIIe siècle signés Louis Cresson complètent l’ensemble.
La galerie Mazarin
Vestige du palais Mazarin, la galerie est l’un des rares exemples de galerie baroque encore conservés en France. Elle fut construite par François Mansart entre 1644 et 1646, à la demande de Mazarin, pour y installer ses collections de peintures et de sculptures.
La galerie Mazarin court sur une longueur de 45,55 mètres. Son plafond peint, d’une superfcie de 280 m2, est l’un des joyaux du site. Elle est peinte en 1646-1647 par Giovanni Francesco Romanelli et son atelier. Mazarin a demandé au peintre de s’inspirer des Métamorphoses d’Ovide et de sujets mythologiques et héroïques.
La galerie Mazarin présente de véritables trésors puisés dans les collections encyclopédiques de la BnF : pièces rares, œuvres célèbres ou de provenances prestigieuses.
Dans le vestibule de la galerie sont exposées des pièces du Trésor de Saint-Denis.
Dans la galerie proprement dite sont présentées des collections du Moyen Âge à nos jours. Parmi les pièces phares, le Grand Camée de France, issu du Trésor de la Sainte-Chapelle, la partition manuscrite de « Don Giovanni » de Mozart et le manuscrit des « Misérables » de Victor Hugo.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Des rotations régulières
En raison de la fragilité de certaines œuvres, l’accrochage des pièces sera renouvelé tous les quatre mois et donnera ainsi à voir l’étendue des collections de la BnF.
Un nouvel espace d’expositions temporaires
Construite par l’architecte François Mansart de 1644 à 1646, la galerie Mansart abritait à l’origine les collections de sculptures antiques du Cardinal Mazarin. Fermée depuis 2014, elle vient d’être entièrement restaurée.
La galerie proposera deux expositions temporaires par an, avec dès cette année l’exposition « Molière, le jeu du vrai et du faux » du 27 septembre 2022 au 15 janvier 2023.
Week-end festif inaugural
Les 17 et 18 septembre, la BnF vous propose un programme festif et gratuit conçu pour célébrer la complète réouverture du site. Une occasion unique pour venir découvrir l’ensemble du site et s’émerveiller devant les trésors de ce splendide musée.
Si vous n’avez pas réussi à réserver votre entrée pour ce week-end inaugural – les places sont parties très vite – rappelons que le musée ouvre ses portes à partir du mardi 20 septembre.
Antiquités, joyaux, peintures, manuscrits, objets anciens et historiques : la Collection Al Thani est l’une des plus prestigieuses collections au monde. Elle réunit plus de 6.000 œuvres provenant de nombreuses civilisations, de l’Antiquité à nos jours.
Pendant des années, la Collection a exposé certaines de ses plus belles pièces dans les plus prestigieuses institutions internationales. Désormais, elle dispose de ses propres galeries d’expositions au cœur de Paris.
Amin Jaffer, directeur de la Collection Al Thani, vous dévoile quelques-uns des trésors exposés dans les salles de l’Hôtel de la Marine.
Situé sur la place de la Concorde à Paris, l’Hôtel de la Marine abrite un espace muséal d’une superficie de 400 m2 entièrement consacré à la Collection Al Thani.
La première galerie accueille 7 chefs-d’œuvre illustrant la créativité humaine à travers les civilisations sur une période de plus de 5.000 ans.
La sculpture ci-dessus est l’une des plus grandes et plus sophistiquées d’un type de statuette néolithique appelé Kilia, du nom du site du côté ouest des Dardanelles où a été mis au jour. Les petites statuettes de ce type sont relativement abondantes, mais, parmi les grandes versions, une douzaine seulement nous sont parvenues.
Elle représente une femme nue dont la tête, de grandes dimensions, est rejetée en arrière comme si elle regardait vers le haut, d’où son nom de « contemplatrice d’étoiles ».
La deuxième galerie présente 11 visages sculptés provenant de différentes périodes et de différents lieux mais réunis par un thème commun : la représentation de la figure humaine.
Cette tête date du règne de l’empereur Hadrien, bien que la barbe ait été retaillée dans les ateliers de la cour de Frédéric II (1194-1250) qui se servit d’images des souverains de la Rome antique pour renforcer sa légitimité en tant qu’empereur du Saint Empire Romain Germanique.
Elle fut proposée en vente aux Médicis au XVIème siècle, qui n’en firent finalement pas l’acquisition. Trop chère pour le prince !
Après la troisième galerie consacrée aux expositions temporaires, le dernier espace d’exposition met en valeur des matériaux précieux : objets en pierre finement ciselés, récipients en or et en argent, bijoux et ornements.
Ce flacon a été fabriqué à partir d’une pièce d’obsidienne massive, d’une taille inhabituelle, très polie. La poignée représente un cou et une tête d’un canard tournée vers l’arrière, dans une pose typique des canards qui dorment ou qui couvent. Ce motif a très probablement une signification symbolique liée à la fécondité.
Commissariat de l’exposition
Amin Jaffer, directeur de la Collection Al Thani Jasper Gaunt, conservateur d’art antique de la Collection Al Thani Émilie Foyer, assistante de conservation de la Collection Al Thani
Exposition « Pharaons Superstars »
22 juin — 17 octobre 2022
Mucem (Marseille)
Khéops, Néfertiti, Toutânkhamon, Ramsès et Cléopâtre sont des noms qui nous sont familiers. L’exposition du Mucem se propose de nous raconter comment ces rois et reines de l’Égypte ancienne sont devenus, de nos jours, des icônes internationales, tandis que d’autres, qui ont connu leur heure de gloire dans l’Antiquité, sont aujourd’hui oubliés.
C’est passionnant !
Des hiéroglyphes égyptiens à la musique pop en passant par les enluminures médiévales et la peinture classique, l’exposition présente près de 300 pièces issues des fonds du Mucem et des plus grandes collections françaises et européennes.
« L’idée étant de faire connaître des pharaons importants ou sans gloire de leur vivant, et de suivre leurs destins jusqu’au XXIe siècle de notre ère, tout en exposant les raisons et les événements qui en ont fait des “superstars” au fil des siècles ou les ont maintenus dans l’oubli collectif. Autrement dit, exposer “l’ironie de l’Histoire”. » – Frédéric Mougenot, commissaire général de l’exposition
3 000 ans d’histoire, quelques règnes mémorables
Les sources antiques témoignent abondamment de la popularité dont quelques pharaons ont joui après leur mort, parfois sur plusieurs siècles voire des millénaires.
Dans la pensée égyptienne, l’individu survit dans l’au-delà aussi longtemps que son nom demeure – écrit ou prononcé –, et tant que ses images sont conservées. Le roi prépare donc son propre culte funéraire par l’érection de temples et de statues qui portent ses noms, inscrits sur des cartouches. Il cherche aussi à s’attirer la bénédiction de ses prédécesseurs divinisés. Il doit surtout œuvrer de façon visible pour la communauté et susciter l’amour de ses sujets, même après sa mort. Or, ce ne sont pas toujours les pharaons les plus méritants dans ces domaines qui sont parvenus jusqu’à nous.
Les monuments royaux, temples, pyramides et colosses marquent le paysage de la vallée du Nil. Ils sont la trace laissée par les pharaons qui les ont érigés, notamment Khéops, le célèbre commanditaire de la Grande Pyramide, mais également Téti et Menkaouhor, moins connus aujourd’hui mais longtemps commémorés par les anciens Égyptiens.
La monarchie pharaonique est censée être éternelle et ininterrompue. C’est pourquoi le roi prend soin d’apparaître comme le digne héritier de ses prédécesseurs les plus prestigieux : il leur consacre des monuments et des offrandes et s’inspire de leurs images et de leurs titulatures.
Les Égyptiens effacent aussi le souvenir de certains pharaons en les omettant des listes royales, en supprimant leurs noms et en détruisant leurs images. Tel a été le sort de la femme pharaon Hatchepsout qui a créé un précédent risqué pour la transmission du pouvoir entre hommes, ou encore d’Akhénaton et de son épouse Néfertiti qui ont tenté une réforme radicale de la religion et du pouvoir.
Toutes les figurines funéraires qui devaient servir Akhénaton dans l’au-delà ont été retrouvées brisées intentionnellement, ce qui témoigne d’un acharnement féroce contre la survie du pharaon.
Le parcours présente quelques-unes des raisons pour lesquelles certains rois ont été distingués par la postérité, à travers des objets précieux, des fragments de monuments et des témoignages de leur activité militaire.
Sur la stèle ci-dessus, le pharaon Amenemhat III trône dans une Chappelle au centre de cette stèle inscrite en grec, déposée sur le site du complexe funéraire qu’il s’était fait construire près de 1.400 ans auparavant.
Que reste-t-il des pharaons ?
La christianisation de l’Égypte au début de notre ère signe la fin de la civilisation pharaonique, dont l’histoire la plus ancienne tombe progressivement dans l’oubli.
Les rois d’Égypte les plus souvent cités en Occident et en Islam, du Moyen Âge à nos jours, sont sans conteste les souverains dont le nom est simplement « Pharaon » dans la Bible et que le Coran appelle « Firaoun ».
Dans la version du récit représentée ci-dessus, Moïse, représenté nimbé de feu, a transformé son bâton en dragon, lequel terrorise le roi Firaoun (Pharaon) parti se réfugier au bas de son estrade royale. Cette image témoigne du mauvais rôle tenu par Pharaon dans le récit biblique ou coranique de l’Exode, celui d’un tyran que la puissance de Dieu finit par abattre.
Pendant plus de mille ans, du Moyen Âge au XIXe siècle, l’Europe et le monde arabisé ne gardent plus en mémoire que les pharaons cités par les historiens grecs ou latins : Hérodote, Diodore de Sicile, Élien… Ces auteurs décrivent des personnages mi-historiques mi-légendaires, érigés en modèles ou en contre-exemples en matière de politique et de morale.
« Le Roman d’Alexandre », fiction forgée par les successeurs d’Alexandre le Grand en Égypte, prétend que celui-ci n’est pas le fils du roi de Macédoine, mais du dernier des pharaons, Nectanébo. Ce magicien aurait séduit la reine de Macédoine et conçu avec elle le héros qui, conquérant à son tour l’Égypte, reprendrait en fait son héritage.
Dans le sillage d’Alexandre, figure populaire dans les mondes romain, byzantin et islamique, le souvenir déformé du dernier roi d’Égypte a ainsi traversé le Moyen Âge.
Les historiens romains ont transmis de Cléopâtre l’image d’une séductrice libidineuse et ambitieuse, incarnant les charmes dangereux de l’Orient. Son suicide légendaire par morsure de serpent est un sujet de prédilection pour les artistes chrétiens qui y voient l’occasion de peindre la chair nue tant condamnée, mais aussi un geste héroïque.
En revanche, dans le monde arabe classique, Cléopâtre passe pour une reine savante, une fine administratrice attachée à la défense de son royaume et une grande bâtisseuse.
Pharaons, le retour
Grâce au déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, certains pharaons sortent progressivement de l’oubli. Les médias et les musées, en plein essor au XXe siècle, les hissent au rang de vedettes internationales, délaissant les anciennes figures littéraires. Ramsès, Akhénaton, Néfertiti et Toutânkhamon rejoignent Khéops et Cléopâtre comme héros de nouveaux récits populaires inspirés par notre fascination pour l’Égypte.
Avec la multiplication des médias visuels et l’industrialisation de produits de grande consommation et de publicité, les pharaons servent aussi d’arguments commerciaux. L’image des pharaons se diffuse alors sur des types de supports infiniment variés : films et photos d’actualités, produits publicitaires et biens manufacturés, imagerie populaire, œuvres d’art et films de fiction.
Depuis le XXe siècle, en Afrique et dans les diasporas africaines, des créateurs et des célébrités comme Beyoncé, se sont emparés des icônes pharaoniques pour en faire des figures tutélaires de l’identité noire et des emblèmes de la « black pride » (fierté noire).
Commissariat de l’exposition
Frédéric Mougenot, commissaire général, conservateur du patrimoine, collections Antiquités et Céramiques, Palais des Beaux-Arts de Lille Guillemette Andreu-Lanoë, commissaire associée, directrice honoraire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre
En savoir +
Sur le site Internet du Mucem, une page spéciale est dédiée à l’exposition.
Exposition « Pharaons Superstars »
22 juin — 17 octobre 2022
Mucem
1, Esplanade J4
13002 Marseille
Après le Mucem à Marseille, l’exposition sera présentée au musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne du 24 novembre 2022 au 6 mars 2023.
Exposition « Clouet, à la cour des petits Valois »
4 juin – 2 octobre 2022
Cabinet d’arts graphiques du château de Chantilly
La découverte de peintures exceptionnelles représentant deux des enfants de François Ier, appartenant à la même série que l’un des tableaux de Chantilly et basés par les dessins conservés au musée Condé, forme le début d’une histoire passionnante sur la fabrique du portrait d’enfant royal.
Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé du château de Chantilly, évoque le développement de ce genre aux codes bien particuliers, ainsi que l’histoire de ces jeunes princes et princesses.
Fier de sa nombreuse descendance, le roi François Ier souhaita célébrer par l’image sa bonne fortune. À l’aube de son départ pour la guerre en Italie, il demanda à son portraitiste en titre, Jean Clouet, de capturer sur le papier les visages de ses enfants afin d’en tirer des portraits. Cette série de dessins ou crayons est aujourd’hui conservée à Chantilly.
Deux séries peintes en furent tirées : la première, de petites dimensions, due à Jean Clouet, ne nous est que partiellement parvenue. La seconde, que les études menées à l’occasion de l’exposition attribuent à François Clouet, travaillant au début des années 1540 d’après des dessins de son père Jean, est plus complète.
L’exposition présente de nombreux portraits d’Enfants royaux au XVIe siècle, dessinés par Jean et François Clouet, mais aussi par des portraitistes moins célèbres comme Germain Le Mannier ou Jean Decourt.
Tous les membres de la cour des enfants, réunissant le futur François II, son épouse la petite Marie Stuart, les futurs Charles IX, Henri III, Marguerite de Valois et François d’Alençon, seront réunis.
Les prêts de la Bibliothèque nationale de France mais aussi de collections particulières viennent dialoguer avec les dessins du musée Condé, pour explorer le développement du portrait d’enfant.
Les décors de la Chancellerie d’Orléans remontés à l’hôtel de Rohan
Le « Quadrilatère des Archives » désigne un ensemble de bâtiments situés au cœur du quartier parisien du Marais, protégés au titre des monuments historiques. Cet ilôt patrimonial est, depuis 1808, le lieu d’implantation historique des Archives nationales.
L’hôtel de Rohan
Au cœur de ce Quadrilatère, l’hôtel de Rohan est l’un des plus prestigieux palais parisiens du XVIIIe siècle. Armand-Gaston-Maximilien de Rohan, fils de la princesse de Soubise, évêque de Strasbourg et futur cardinal de Rohan, fait construire à partir de 1705, par l’architecte Pierre-Alexis Delamair, un hôtel particulier sur un terrain contigu à l’hôtel de Soubise.
Sous la Révolution, l’hôtel de Rohan est vendu au profit des créanciers de la famille de Soubise. Il est attribué à l’Imprimerie nationale. En 1927, l’hôtel de Rohan est affecté aux Archives nationales. Le corps de logis principal de l’hôtel est entièrement rénové. L’escalier d’honneur, démoli en 1824, est restitué et plusieurs salons sont restaurés.
L’hôtel de la Chancellerie d’Orléans
Dans un autre quartier de Paris, près du jardin du Palais-Royal, se dressait l’hôtel dit « de la Chancellerie d’Orléans », connu également sous le nom d’Hôtel de Voyer d’Argenson.
Cet hôtel particulier est construit en 1703 par l’architecte Germain Boffrand (1667-1754) pour l’abbé Dubois, favori du duc d’Orléans, futur Régent. De nombreux artistes interviennent : Augustin Pajou pour les sculptures, Antoine Coypel, Jean-Honoré Fragonard, Jean-Jacques Lagrenée, Louis-Jacques Durameau, Gabriel Briard pour les plafonds.
En 1784, le duc d’Orléans installe dans cet hôtel son « chancelier », c’est-à-dire le gestionnaire de ses affaires. L’hôtel de Voyer devient alors « Chancellerie d’Orléans ».
Une démolition contestée
Au début du XXe siècle et après vingt ans de polémique patrimoniale, il est décidé que la Chancellerie d’Orléans serait démolie mais que la Banque de France remonterait les décors des pièces principales dans le périmètre de son établissement. L’immeuble est détruit en 1923 et les décors sont mis en caisses dans un entrepôt de banlieue parisienne où ils restent… quatre-vingts ans.
Il aura fallu attendre près d’un siècle pour voir les décors remontés.
Renaissance d’un chef-d’œuvre
Après l’abandon de multiples hypothèses de remontage dans le domaine de Saint-Cloud, au musée Carnavalet ou au musée du Louvre, l’idée germe progressivement de remonter les décors au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan.
Au terme de dix ans de chantier de restauration puis de remontage, les décors de quatre pièces de la Chancellerie d’Orléans ont été remontés.
L’antichambre
L’antichambre, imitée des palais romains, est aménagée « à l’antique ». Ses colonnes engagées sont inspirées de celles de l’ « Érechthéion » qui venaient alors d’être publiées en France.
Le plafond, confié au peintre Gabriel Briard, évoque les travaux d’Hercule.
La salle à manger
Le décor de la salle à manger associe des pilastres en mosaïque d’albâtre imitant l’améthyste, des médaillons en faux porphyre, des sphinx et de riches voussures ornées de stucs dorés qui encadrent le plafond.
Le plafond, peint sur le thème de « Jupiter et Hébé », est l’œuvre de Jean-Jacques Lagrenée.
Le grand salon
Le grand salon central, à la hauteur de plafond exceptionnelle, est sans conteste le point culminant des aménagements intérieurs de l’hôtel.
Ouvrant par trois vastes baies cintrées sur le jardin, cette pièce de réception est ornée d’arcades abritant des miroirs créant un jeu de perspective voulu par l’architecte.
Le plafond surmonte une riche corniche peinte et dorée ornée de guirlandes de fleurs en ronde-bosse. Il est le chef-d’œuvre d’Antoine Coypel.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
L’ameublement répond au luxe de la décoration murale, réunissant des bronzes de Delaroue et un mobilier réalisé par le menuisier Mathieu Bauve d’après des dessins de De Wailly, dont quatre fauteuils ont été retrouvés.
La chambre de la marquise de Voyer
Le décor de la chambre de la marquise de Voyer allie des putti sculptés par Pajou à des boiseries peintes et dorées alternant avec des niches destinées à recevoir des candélabres.
Le plafond a pour thème « Le Lever de l’Aurore ». Il est l’œuvre de Louis Jean-Jacques Durameau (1733-1796).
Comment visiter ?
La visite de ces salles du rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan a lieu tous les deuxièmes samedis du mois dans la limite des places disponibles et sur réservation au +33 (0)1 40 27 60 96 ou par mail infomusee.archivesnationales@culture.gouv.fr.
« Saint Jacques et le Magicien Hermogène »
par un suiveur de Jérôme Bosch (1453 ? – 1516)
Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
Confronté à des dysfonctionnements sur certains éléments de la structure de son bâtiment, le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes est actuellement fermé pour rénovation. Pendant cette période, certaines œuvres sont prêtées au musée de Flandre.
Ainsi, « Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène », une huile sur bois du XVIe siècle attribuée à un suiveur de Jérôme Bosch, a récemment rejoint Cassel.
Ce panneau, peint des deux côtés, faisait probablement partie d’un triptyque, dont il constituait l’un des volets.
Sur une face, on peut voir deux épisodes de la légende de saint Jacques le Majeur empruntés à la « Légende dorée ».
Au premier plan, le magicien Hermogène parlemente avec les démons chargés de capturer saint Jacques. Ce dernier s’avance, précédé d’un ange qui tient à ses côtés les démons, devenus dociles et inoffensifs.
Au revers, le panneau représente saint Antoine lisant devant une maisonnette. Ce saint guérisseur était notamment invoqué contre la peste.
La paternité de cette oeuvre, longtemps donnée à Jérôme Bosch, a été remise en cause au profit d’un disciple ou d’un copiste interprétant une œuvre du maître aujourd’hui perdue.
Dans la vidéo en tête de cet article, découvrez ce panneau et son parcours de Valenciennes jusqu’à Cassel avec :
– Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-Arts de Valenciennes,
– Louise Dale, régisseur des collections du musée des Beaux-Arts de Valenciennes,
– Cécile Laffon, conservateur du patrimoine au musée de Flandre,
– Romaric Navarro, régisseur des collections du musée de Flandre.
La web-série disponible sur mon Blog vous permet de suivre la vie du musée pendant sa fermeture en découvrant certains de ses chefs-d’œuvre et leur destination pendant les travaux.
Musée des Beaux Arts de Valenciennes
Boulevard Watteau
59300 Valenciennes
[Web-série] Musée des Beaux-Arts de Valenciennes – Fermé pour travaux
Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes est actuellement fermé pour rénovation.
Construit en 1905, le musée est confronté à des dysfonctionnements sur certains éléments de la structure du bâtiment. La succession d’hivers froids et d’épisodes caniculaires aurait accéléré la dégradation de la toiture et des verrières.
Sans intervention, la conservation préventive des œuvres pourrait ne plus être assurée. Les études préalables aux travaux et le démontage et transfert de certaines œuvres sont à présent engagés.
Cette web-série exceptionnelle vous dévoile les coulisses du musée.
Épisode 5 : Le Magicien Hermogène, de Valenciennes à Cassel
« Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène », une huile sur bois du XVIe siècle attribuée à un suiveur de Jérôme Bosch, a récemment rejoint le musée de Flandre à Cassel.
Ce panneau, peint des deux côtés, faisait probablement partie d’un triptyque, dont il constituait l’un des volets. Sur une face, on peut voir deux épisodes de la légende de saint Jacques le Majeur empruntés à la « Légende dorée ».
Épisode 4 : Marie Stuart, de Valenciennes à Nantes
Certaines œuvres ont intégré le parcours permanent du musée d’Arts de Nantes. C’est le cas pour « La Mort de Marie Stuart » par Abel de Pujol (1785-1861).
Louise Dale, régisseur des collections du musée des Beaux-Arts de Valenciennes, Céline Rincé-Vaslin, responsable du service des collections du musée d’Arts de Nantes et Jean-Rémi Touzet, onservateur en charge des collections du 19e siècle, de la bibliothèque et de la documentation du musée d’Arts de Nantes, vous présentent ce tableau et les étapes de son déplacement de Valenciennes à Nantes.
Épisode 3 : « Ugolin » de Jean-Baptiste Carpeaux
Plusieurs œuvres sont prêtées à des musées partenaires pour enrichir leur parcours permanent. Dans ce cadre, le plâtre original représentant « Ugolin et ses enfants » vient de rejoindre le musée des Beaux-Arts de Nantes.
Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-Arts et du service archéologique de Valenciennes, et Louise Dale, régisseure des collections, nous présentent cette œuvre de grand format et les différentes étapes de son transport jusqu’à Nantes.
Épisode 2 : Régisseur des collections
Louise Dale, régisseure des collections du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, nous explique en quoi consiste son travail et la singularité de ses missions pendant cette période de fermeture. En outre, les partenariats avec d’autres musées permettent à certaines oeuvres de trouver un nouveau public pendant les travaux.
Épisode 1 : Fermé pour travaux
Dans ce premier épisode, Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-Arts et du service archéologique de Valenciennes, et Louise Dale, régisseure des collections, vous dévoilent les coulisses du musée et les enjeux de cette période délicate.
A suivre…
Pour connaître la suite du chantier, cliquez ici pour regarder le reportage tourné en 2023.
Nouvelle Web-série en 4 parties sur de nouvelles facettes du musée Napoléon Ier du château de Fontainebleau
À deux pas de la cour d’Honneur où il fit ses adieux à sa vieille garde le 20 avril 1814, s’élève un musée entièrement dédié à Napoléon Ier. Aménagé en 1986 dans les anciens locaux de l’École militaire spéciale de Fontainebleau, ce musée rassemble, dans ses 10 salles, une exceptionnelle collection d’objets d’art, de tableaux, de sculptures, d’armes, de costumes, de céramiques et de médailles.
Après vous en avoir présenté les richesses dans deux précédentes Web-séries (en 2018 et 2021), je vous propose de retrouver Christophe Beyeler, conservateur général du Patrimoine, chargé du musée Napoléon Ier, dans quatre nouveaux épisodes toujours aussi passionnants, érudits et accessibles à tous.
[1ère partie] La médaille, un art au service du pouvoir
Dans la salle « Paris capitale du luxe », arrêtons-nous sur la vitrine aux médailles et monnaies ainsi que sur un bas-relief allégorique « Bonaparte conduit à l’Immortalité », puis sur la « commode au coq », un prestigieux dépôt du Mobilier national.
[2ème partie] Figures d’acteurs de la domination française en Europe
Christophe Beyeler présente les bustes des membres de la Famille impériale dont ceux de Joachim-Napoléon, roi de Naples, et Jérôme-Napoléon, roi de Westphalie. Avec le Portrait de Siméon en habit de ministre de la Justice, il décrit une oeuvre essentielle pour le propos et le développement du musée Napoléon Ier.
[3ème partie] Lendemains d’Empire
D’un Empire l’autre : la succession des régimes et des dynasties en France (1814-1852)
[4ème partie] Le général Grouvel, à travers l’Europe et au gré des régimes
Une vitrine monographique, fruit d’une donation familiale exceptionnelle
Exposition « Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance »
4 juin – 2 octobre 2022
Château de Chantilly
Par ses gravures, Albrecht Dürer a contribué à façonner la Renaissance européenne en se plaçant au cœur des échanges artistiques. Rarement exposé en France, cet immense artiste est mis à l’honneur à Chantilly avec plus de 200 œuvres. Éblouissant !
Pour cette visite, nous sommes accompagnés par Caroline Vrand, conservateur du patrimoine et responsable des estampes des XVe et XVIe siècles à la Bibliothèque nationale de France, et Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé du château de Chantilly.
Apparue vers 1400, la gravure permet, pour la première fois en Occident, une diffusion massive des images. Deux techniques se développent : la gravure en relief sur bois (xylographie), puis la gravure sur cuivre.
La gravure sur cuivre est une technique en creux, où le graveur creuse les tailles sur sa plaque à l’aide d’un burin. La particularité de ce procédé est d’offrir une grande finesse d’exécution et une richesse de variations tonales.
Dürer naît le 21 mai 1471 et meurt le 6 avril 1528 à Nuremberg, une ville prospère de Bavière. C’est une ville ouverte sur le monde, imprégnée des idées humanistes et un foyer de premier ordre pour la production du livre imprimé.
Dürer y reçoit sa formation artistique et y implante son atelier à partir de 1495.
Dürer restera durant toute sa carrière très marqué par la production des maîtres de la gravure du XVe siècle. À Nuremberg, il dut également avoir sous les yeux des estampes d’Andrea Mantegna et d’Antonio Pollaiuolo.
Dürer s’intéressa toute sa vie au monde qui l’entourait, à la représentation de la nature, de ses paysages et de ses prodiges, mais aussi aux éléments plus exotiques.
Ses recherches incessantes pour capturer le monde trouvent leur aboutissement dans les trois cuivres magistraux : « Le Chevalier, la Mort et le Diable », « Saint Jérôme dans sa cellule » et « La Melancolia ». Les sujets représentés sont surtout des prétextes à l’illustration d’un savoir théorique et à la démonstration d’une maîtrise inégalée dans le rendu des ombres et des lumières, des matières ou dans la construction de l’espace.
Qu’ils soient peints, dessinés ou gravés, ses portraits traduisent la psychologie et le statut des modèles qui avaient l’honneur d’être immortalisés par ses soins.
Commissariat de l’exposition
Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé (Château de Chantilly) Caroline Vrand, conservatrice du patrimoine au département des Estampes et de la photographie Responsable des estampes des XVe et XVIe siècles (Bibliothèque nationale de France)
Exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier »
7 mai – 4 septembre 2022 Musée Fabre (Montpellier)
Organisée en collaboration avec le musée Sainte-Croix de Poitiers – où elle sera présentée du 14 octobre 2022 au 12 février 2023 – l’exposition montpelliéraine est la première consacrée à la carrière de Louis Gauffier, peintre de la fin de XVIIIe siècle.
Né à Poitiers en 1762, Louis Gauffier déploie son art aussi bien dans les sujets mythologiques que bibliques, les portraits et le paysage. À l’orée du XIXe siècle, il propose des formules nouvelles, intimes et poétiques, qui le distinguent de ses contemporains.
Pierre Stépanoff, responsable des peintures et sculptures de la Renaissance au milieu du XIXe siècle du musée Fabre et commissaire de l’exposition, vous propose de découvrir la séduisante poésie de l’art de Louis Gauffier.
C’est en Italie, à Rome puis à Florence, que Louis Gauffier et François-Xavier Fabre – à l’origine du musée des Beaux-Arts de Montpellier – sont devenus camarades et amis. Le soin avec lequel Fabre recueilli des œuvres de son ami après son décès explique aujourd’hui la très belle représentation de Gauffier au musée de Montpellier, dont l’exposition permettra de découvrir la richesse de sa carrière.
Cette rétrospective met également l’artiste en perspective avec ses contemporains, qu’il s’agisse de ses camarades français, Drouais, Gagneraux et surtout Fabre, mais également avec le contexte artistique italien profondément marqué par des peintres issus de toute l’Europe.
« Gauffier résida à Rome pendant six années, revint en France en 1789, et fut agréé à l’académie de peinture. L’attrait que le séjour de Rome a pour les artistes, rappela Gauffier dans cette ville, et bientôt il y trouva une épouse dont les talents et les vertus aimables sympathisaient avec son caractère. Il fixa depuis son séjour à Florence, où la mort lui enleva son épouse. Gauffier, dont la santé avait toujours été très faible, ne put résister à cet affreux événement, et deux mois après avoir perdu sa compagne il la suivit au tombeau […] » – Charles Paul Landon dans la « Notice nécrologique de Louis Gauffier » (1803)
Commissariat de l’exposition
Commissariat général Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, directeur du musée Fabre
Commissariat scientifique
Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, directeur du musée Fabre Pierre Stépanoff, conservateur du patrimoine, responsable des peintures et sculptures de la Renaissance au milieu du XIXe siècle, musée Fabre
Réouverture des salles Moyen Âge et Renaissance
Palais des Beaux-Arts de Lille
Après le réaménagement de l’Atrium en 2017 et celui des salles présentant les plans-reliefs en 2019, le Palais des Beaux-Arts de Lille vient d’achever la nouvelle configuration des salles Moyen Âge et Renaissance.
La nouvelle présentation mêle peintures, sculptures, arts graphiques et objets d’art. Le parcours a été revu et enrichi dans une nouvelle scénographie. Des œuvres ont été restaurées et l’art contemporain fait son apparition par touches pertinentes et subtiles.
La promesse d’une autre façon de découvrir les trésors du Palais !
Sophie Dutheillet de Lamothe, conservatrice du patrimoine en charge du département Moyen Âge et Renaissance, vous invite à découvrir plusieurs chefs-d’œuvre du Palais des Beaux-Arts de Lille.