Exposition « Rêve d’Égypte »
18 octobre 2022 – 5 mars 2023
Musée Rodin (Paris)
Pour la première fois, le musée Rodin consacre une exposition à la collection d’antiquités égyptiennes d’Auguste Rodin et dévoile un artiste se nourrissant d’une Égypte rêvée. Plus de 400 objets, tous restaurés, sont présentés dans un parcours qui mêle collection et œuvres de Rodin, sculptures et dessins, ainsi que des archives et photographies.
Pour cette visite, nous sommes accompagnés par Bénédicte Garnier, responsable de la collection d’antiques de Rodin et commissaire de l’exposition.
« Jeune fille confiant un secret à Isis » (1906-1907 ?) par Auguste Rodin – Musée Rodin
« Plus que tout, l’Egyptien m’attire. Il est pur. L’élégance de l’esprit s’enguirlande à toutes ses œuvres. » – Auguste Rodin dans « Les Cathédrales de France » (1914)
« Petite source. Nu féminin sans bras agenouillé sur une coupe égyptienne » (1895-1910) par Auguste Rodin – Musée Rodin
Auguste Rodin n’a cessé d’étudier les arts du passé. S’il regardait vers la Grèce, l’Asie ou le Moyen-Âge, il s’est aussi passionné pour l’Égypte et a réuni une collection exceptionnelle, en nombre et en qualité.
La collection égyptienne de Rodin est composée de plus de mille œuvres de l’époque pré-pharaonique à l’époque arabe, autant d’ « amis de la dernière heure » comme l’artiste aimait à appeler les antiques qu’il chérissait.
« La Pensée » (1895) par Auguste Rodin – Musée Rodin
L’exposition évoque aussi la résonance de l’art égyptien dans l’œuvre de Rodin, à travers ses recherches sur la représentation du corps humain, la simplification des formes, le fragment ou la monumentalité.
« Balzac monumental » (1898) par Auguste Rodin – Musée Rodin
« Le Balzac est le Sphinx de la France » – Auguste Rodin
« Torse de Jeune femme cambrée » (1909) par Auguste Rodin et « Roi Nectanébo Ier » (656 – 332 av. J.-C.), acheté auprès de l’antiquaire Joseph Altounian en mai 1913 – Musée Rodin
Un site Internet dédié
La collection d’antiquités égyptiennes de Rodin est désormais accessible sur un site Internet www.egypte.musee-rodin.fr, fruit d’un programme de recherche multidisciplinaire de quinze ans.
Collection d’antiques de Rodin au rez-de-chaussée de l’hôtel Biron « vers 1913) par Eugène Druet – Musée Rodin
Exposition « Champollion. La voie des hiéroglyphes »
28 septembre 2022 – 23 janvier 2023
Louvre-Lens
À l’occasion du 200ème anniversaire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Louvre-Lens propose une grande exposition dédiée à la fabuleuse aventure de Jean-François Champollion (1790-1832), le déchiffreur des hiéroglyphes. Grâce à plus de 350 œuvres, le musée rend hommage à celui qui fut aussi le premier conservateur du musée égyptien du Louvre.
Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, vous accompagne pour cette visite exceptionnelle au Louvre-Lens.
« Jean-François Champollion en costume égyptien » attribué à Giuseppe Angelelli (1803-1844) – Collection particulière Villartay
« Tout ce que j’avais vu, tout ce que j’avais admiré avec enthousiasme, me parut misérable en comparaison de ces conceptions gigantesques… J’y courais comme un fou au milieu des colosses, des obélisques, et des colonnades qui passent ce que l’imagination peut concevoir de plus grandiose… » – Jean-François Champollion
« Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens » (1827) par Jean-François Champollion – Musée du Louvre
Le mot hiéroglyphe forgé par les Grecs signifie « (texte) sacré gravé », car les hiéroglyphes étaient gravés ou peints sur des murs ou des objets liés au culte. Les Égyptiens les appelaient medou-netjer, « paroles du dieu », c’est-à-dire du dieu Thot qui les leur avait révélées. La connaissance de l’écriture « secrète » conférait un très grand pouvoir au sein de la société égyptienne.
Avec ses 3.600 ans d’existence (environ 3.200 avant Jésus-Christ – 4e siècle après Jésus-Christ), le système hiéroglyphique emporte la palme de longévité absolue dans l’histoire de l’humanité.
« Statue d’Aménophis II présentant deux vases » découvert dans le temple d’Amon à Karnak – Nouvel Empire, XVIIIe dynastie, règne d’Aménophis II (1425-1400 av. Jésus-Christ) – Museo Egizio (Turin)
« Le retentissement inouï de cette découverte de Champollion en 1822 s’expliquait par un sentiment de fierté nationale, alors que la course à la connaissance avec les Anglais faisait rage, mais également par le vertige d’avoir percé le mur des temps, et d’accéder, comme par effraction, à l’univers mental et esthétique d’une civilisation aux vestiges monumentaux aussi hermétiques qu’impressionnants. » – Marie Lavandier, directrice du Louvre-Lens, et Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre
Dessins réalisés par Jean- François Champollion en 1804 – Musée Champollion (Vif)
Né à Figeac, dans le département du Lot, en 1790, Jean-François Champollion se passionne dès sa jeunesse pour les langues orientales, puis pour l’Égypte antique. Il étudie avec ardeur toute la littérature disponible à ce sujet. Son frère aîné, Jacques-Joseph (1778-1867), l’encourage et lui fournit tous les ouvrages qu’il réclame avec avidité. De 1801 à 1807, au lycée de Grenoble, Jean-François se forme à l’art et aux langues anciennes.
Statue d’Isis (117-138) – Villa Hadriana (Tivoli) ? – Musée du Louvre
C’est à Rome que ce goût de l’Égypte, transmis des Grecs aux Romains, apparaît d’une manière éclatante. Obélisques, lions, statues de divinités et autres images de l’Égypte des pharaons s’y affichent depuis l’Antiquité. Héritiers de cet engouement, papes et cardinaux y collectionnent à leur tour objets égyptiens et égyptisants, issus des grandes expéditions de l’époque.
Buste d’Antinoüs en pharaon (vers 130-140) – Villa Hadriana (Tivoli) – Musée du Louvre« Cléopâtre mourant » (1700) par François Barois (1656-1726) – Musée du Louvre« Portrait de François Arago » (1832) par Charles de Steuben (1788-1856) – Bibliothèque de l’Observatoire (Paris)« Portrait de Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte (1771- 1849) » par Auguste Couder – Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon – Versailles
Alors que le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali s’emploie à tisser des liens diplomatiques et économiques avec les puissances européennes, le patrimoine est l’un des moyens d’intéresser la France, la Grande-Bretagne et la Prusse à son programme de modernisation du pays. Ainsi, alors que des antiquités qui font leur entrée dans les premiers musées égyptiens d’Europe, des voyageurs déplorent la disparition de nombreux monuments. Vus et décrits par les savants de l’expédition de Bonaparte, nombre d’entre eux ont déjà disparu un demi-siècle plus tard, servant de carrière ou de matière première pour les fours à chaux. Champollion s’en alarme et alerte Méhémet Ali. Il n’aura déjà plus l’occasion de les voir lors de la mission franco-toscane des années 1828-1830.
Statue-cube de Manakhtef (vers 1425-1400 avant J.-C.), découverte dans le temple du dieu Montou à Médamoud (Egypte) – Musée du LouvreEstampage de la pierre de Rosette (19e siècle) – Musée Champollion (Vif)
« Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion. » – Chateaubriand dans ses « Mémoires d’outre-tombe »
« Tête d’homme » dite « Tête Salt » – Région thébaine (Egypte) ? – Musée du LouvreMoi
Le 15 décembre 1827 est une date majeure de la vie de Champollion : elle marque l’ouverture d’un nouveau musée dans le palais du Louvre. Le roi Charles X nomme à sa tête Jean-François Champollion lui-même, qui vient de réussir l’exploit de déchiffrer les hiéroglyphes et se voit confier la mission de créer le tout premier « musée égyptien » du Louvre (d’abord nommé « musée Charles X »). Cette inauguration met enfin l’art égyptien en pleine lumière dans des galeries qui lui sont exclusivement dédiées.
Exposition « Champollion. La voie des hiéroglyphes » – Louvre-Lens
Frédéric-Auguste Bartholdi (1834-1904) achève en 1875 une statue en marbre du savant, qui se trouve dans la cour du Collège de France depuis 1878. Son plâtre original (photo ci-dessous) est montré à Paris lors de l’Exposition universelle de 1867.
Plâtre original de la statue de Jean-François Champollion (1867) par Frédéric-Auguste Bartholdi – Musée de Grenoble
Commissariat de l’exposition
Commissaire général : Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre Commissaires associés : Hélène Bouillon, directrice de la conservation, des expositions et des éditions du Louvre-Lens Didier Devauchelle, professeur d’histoire, langue et archéologie de l’Égypte ancienne, responsable de l’Institut de Papyrologie et d’Égyptologie de Lille Hélène Guichard, conservatrice générale, adjointe au directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre Conseillers scientifiques : Sylvie Guichard, ancienne ingénieure d’études au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre Christophe Barbotin, conservateur général au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre
Assistés de : Vincent Mouraret, chargé de missions au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre ; Carmen Muñoz Pérez, chargée de documentation au Louvre-Lens Julien Siesse, documentaliste scientifique au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre
Exposition « Champollion. La voie des hiéroglyphes » – Louvre-Lens
Exposition « Le Blason des temps nouveaux »
19 octobre 2022 au 6 février 2023
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Née au XIIe siècle sur les champs de bataille, l’héraldique reste omniprésente dans le quotidien de toutes les couches de la société française à la Renaissance et constitue un miroir de l’époque et de l’évolution de ses mentalités.
Pour cette visite, vous êtes accompagnés par Thierry Crépin-Leblond, directeur du musée national de la Renaissance et co-commissaire de l’exposition.
Plafond de la chapelle du château d’ÉcouenInitiation au vocabulaire héraldique
Une première approche de l’exposition est proposée au visiteur dans la chapelle du château où le vocabulaire héraldique est explicité à partir du décor de la voûte, de la tribune et de l’oratoire ainsi que par les œuvres exposées, notamment la copie par Marco d’Oggiono (1506-1509) de « La Cène » de Léonard de Vinci. En effet, le commanditaire français du tableau a pu être identifié grâce à ses armoiries.
Copie de « La Cène » (1506-1509) d’après Léonard de Vinci par Marco d’Oggiono (vers 1470-1524) – Dépôt du musée du LouvreNavette aux armes de Miles d’Ailiers (avant 1540) – Trésor de la cathédrale de Chartres
La première partie de l’exposition propose plusieurs sections thématiques, avec la présentation de l’exceptionnelle armure du dauphin Henri, futur Henri II , un prêt du musée de l’Armée. Son décor damasquiné utilise les couleurs choisies par le prince qui s’était voué à la lune et à sa déesse, Diane.
Boîte à chiffrer les messages aux armes de Henri II (entre 1547 et 1559) – Musée national de la RenaissanceÉtriers de François Ier (entre 1515 et 1524) par Guillaume Servet ? – Musée national de la Renaissance
L’une des sections explique la place de la femme dans les règles de l’héraldique, une place équivalente à celle de l’homme, même si ce dernier bénéficie de la place d’honneur à dextre. Si le mariage reste une occasion marquée de commandes d’œuvres d’art ornées des armes des deux familles, les témoignages héraldiques liés à Catherine de Médicis exposent une recherche emblématique aussi fouillée que celle de son époux.
Tapisserie aux armes de Robert Chabot et Antoinette d’Ailiers (après 1503) – Château de Talcy
Dans la chambre de Catherine de Médicis sont présentées des pièces qui illustrent l’inventivité de l’héraldique comme décor, lorsque les blasons, les devises et les chiffres se combinent avec un décor ornemental et se substituent même quelque fois à lui.
Plat : « Jacques reçoit l’intendance d’Égypte » (vers 1575) par Pierre Reymond – Musée du LouvreBassin doré lié aux Gondi (1586-1587) par Jacques Collaye et Michel Sylvius – Musée du Louvre
Le grand bassin doré lié aux Gondi – prêt du département des Objets d’art du musée du Louvre – va jusqu’à rendre presque invisibles les marques héraldiques inscrites dans sa riche ornementation.
Jean de Rostaing en oraison devant saint Jean Baptiste (milieu du XVIIe siècle) – Musée du Louvre
L’exposition se conclut avec l’’art funéraire, rappelant le caractère déterminant de l’héraldique comme marqueur d’identité du défunt et de sa famille et montrant l’influence de la tradition héritée du Moyen Age et son assimilation à la Renaissance.
Effigie funéraire de François II de La Rochefoucauld et d’Anne de polignac (avant 1554) – Musée du Louvre
Commissariat de l’exposition
Thierry Crépin-Leblond, directeur du musée national de la Renaissance Laurent Hablot, directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes Anne Ritz-Guilbert, Chercheur au Centre de Recherche de l’Ecole du Louvre
Exposition « Le Blason des temps nouveaux »
19 octobre 2022 au 6 février 2023
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Rue Jean Bullant
95440 Écouen
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte »
12 octobre 2022 – 23 janvier 2023
Musée du Louvre
« Les Choses » est une exposition d’auteur proposant une vision nouvelle d’un genre longtemps considéré comme mineur et dont l’intitulé en français n’est pas sans poser question : la nature morte. L’exposition réunit près de 170 œuvres qui dialoguent entre elles au-delà du temps et de la géographie. À la faveur de l’attachement que nous leur portons, c’est aussi notre relation avec les biens matériels qui est racontée.
Laissez-vous gagner par la passion des « Choses » en suivant Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art et commissaire de l’exposition.
« Dans notre monde bavard, les artistes nous invitent à prêter attention à tout ce qui est silencieux et minuscule. En donnant une forme aux choses de la vie et de la mort, ils parlent de nous, de notre histoire depuis toujours : de nos attachements, de nos peurs, de nos espoirs, de nos caprices, de nos folies. » – Laurence Bertrand Dorléac
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
« Pipes et vases à boire », dit « La Tabagie » (vers 1737 par Jean Siméon Chardin (1699-1779) – Musée du Louvre« Intérieur hollandais », dit « Les Pantoufles » (vers 1655-1662) par Samuel van Hoogstraten (1627-1678) – Musée du LouvreDétail de « La Chambre de Vincent Van Gogh à Arles » (1889) par Vincent Van Gogh – Musée d’OrsayDétail de « Coupe de cerises, prunes et melon » (vers 1633) par Louise Moillon – Musée du Louvre« Nature morte à la tête de mouton » (1808-1812) par Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828) – Musée du LouvreExposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Commissariat de l’exposition
Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art, avec la collaboration de Thibault Boulvain et Dimitri Salmon
Au premier plan : « L’Hiver » et « L’Automne » (1573) par Giuseppe Arcimboldo – Musée du Louvre
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée du Louvre
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte »
12 octobre 2022 – 23 janvier 2023
Musée du Louvre
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Exposition « Louis XV : passions d’un roi »
18 octobre 2022 – 19 février 2023
Château de Versailles
Le château de Versailles consacre, pour la première fois, une grande exposition au roi Louis XV à l’occasion du tricentenaire du retour de la Cour à Versailles. Avec des prêts d’œuvres provenant de collections du monde entier, pour beaucoup inédites ou jamais présentées en France, cette exposition spectaculaire propose un éclairage nouveau sur un personnage historique dont le règne et la personnalité demeurent encore méconnus. Elle révèle également son attachement aux arts et son implication dans l’avènement du style rocaille.
« Louis XV enfant, à l’âge de cinq ans » (1716) par Antoine Coysevox (1640-1720) – The Frick Collection (New York)« Portrait équestre de Louis XV, roi de France » (1723) par Charles Parrocel (1688-1752) – Château de Versailles« Madame de Ventadour avec le roi Louis XIV et ses héritiers » (vers 1715) attribué à Nicolas de Largillière (1656-1746) et atelier – The Wallace Collection (Londres)
Né en 1710 à Versailles, Louis XV est le fils du duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie, et l’arrière-petit-fils de Louis XIV. Dauphin à la mort de son père en 1712, il devient roi à cinq ans, en 1715, à la mort du Roi-Soleil.
« Le lit de Justice tenu au Parlement à la majorité de Louis XV (22 février 1723) » par Nicolas Lancret – Musée du LouvreCouronne de Louis XV (1722) par Augustin Duflos – Musée du Louvre
En 1722, peu après la réinstallation du gouvernement et de la cour à Versailles, le jeune roi est sacré à Reims, ouvrant un règne de plus de cinquante ans.
Acte de mariage du roi Louis XV et de la reine Marie Leszczynska en 1725″ (15 août 1725) – Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg
L’homme privé
La première partie revient sur l’enfance du Roi, son éducation, son entourage et sa famille. Elle permet de mieux comprendre comment s’est forgée la personnalité du monarque surnommé le « Bien-aimé ».
« Madame Mercier entourée de sa famille » (1731) par Jacques Dumont (1701-1781), dit Dumont le Romain – Musée du Louvre
De nature timide et mélancolique, Louis XV préfère l’intimité des appartements privés à la vie publique et s’entoure d’un cercle restreint de femmes et d’hommes auxquels il voue toute sa confiance.
Au premier plan : « Marie Leszczynska (1703-1768), reine de France » (1748) par Jean-Marc Nattier (1685-1766) – Château de Versailles« Service Berkeley » (vers 1737) par Jacques Roëttiers (1707-1784) – Collection particulière
Homme profondément croyant, il a paradoxalement maintenu tout au long de sa vie des relations avec des favorites qui ont, pour certaines, – Madame de Pompadour notamment, – exercé une influence majeure sur le Roi.
Au premier plan : « Madame de Pompadour en Amitié » (1753) par Jean-Baptiste Pigalle – Musée du Louvre« Marie-Thérèse de Savoie (1756-1805), comtesse d’Artois » par François-Hubert Drouais (1727-1775) – Château de Versailles« L’Odalisque » (1743) par François Boucher (1703-1770) – Musée des Beaux-Arts de Reims« L’Amour assis sur le bord de la mer, rassemblant les colombes du char de Vénus » (1755) par Louis-Claude Vassé (1717-1772) – Musée du LouvreAu premier plan : « L’Amour essayant une de ses flèches » (1753) par Jacques Saly (1717-1776) – Musée du Louvre
Les passions personnelles du roi
La deuxième partie de l’exposition permet d’évoquer ses passions, au premier rang desquelles les sciences, les livres, la botanique, la chasse mais aussi le goût pour les bâtiments.
« Un lion d’Afrique combattu par des Dogues » et « Un ours de Pologne arrêté par des chiens de forte race » (1757) par Jean-Jacques Bachelier – Musées d’Amiens
La chasse constituait sa principale activité physique. Sauf en cas de maladie ou lors de campagnes militaires, Louis XV s’y adonna à un rythme moyen de trois fois par semaine et n’y renonçait que lorsque le temps l’en empêchait.
« Le cerf qui tient aux chiens sur les rochers de Franchard » (1737) par Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) – Musée des Arts décoratifs (Paris)
Louis XV fait de Trianon un jardin d’expérimentations botaniques, commande des objets scientifiques à la pointe de la technologie et ordonne aux géographes et aux astronomes de cartographier le pays.
Microscope tripode (vers 1750) par Claude-Siméon Passemant ingénieur ; attribué à Jacques et Philippe Caffieri, sculpteurs et bronziers ; exécuté sous la direction de Michel- Ferdinand d’Albert d’Ailly, duc de Chaulnes – Château de Versailles« L’École de chirurgie en construction » (1773) par Hubert Robert (1733-1808) – Musée Carnavalet (Paris)
L’exposition réunit, pour la première fois, l’ensemble des réductions des statues érigées sur les places royales réalisées par Louis XV – Versailles, Rennes, Bordeaux, Rouen, ou encore Nancy – encore existantes.
Statues des places royales
Louis XV et les arts de son temps
La dernière section de l’exposition met en valeur le style indissociable de son règne tout en montrant dans quel univers il pouvait évoluer au quotidien. Elle dévoile les œuvres insignes qui entouraient le Roi et ses proches dans leur vie quotidienne.
Commode à décor de plaques de porcelaine (1765 – 1772) par la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres, Martin Carlin (vers 1730-1785) et Charles-Nicolas Dodin (1734-1803) – Musée du Louvre
Louis XV allait découvrir régulièrement les nouvelles productions des manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Sèvres et demeura fidèle au style des arts décoratifs des années 1720 à 1760.
Commode de la chambre de Louis XV à Versailles (1739) par Antoine-Robert Gaudreaus (vers 1682-1746) et Jacques Caffieri (1678-1755) – The Wallace Collection (Londres)
Il fit exécuter certains des plus grands chefs-d’œuvre de l’art rocaille comme la grande commode de l’ébéniste Antoine-Robert Gaudreaus, placée dans la nouvelle chambre du roi en 1739. Ce meuble exceptionnel avait quitté le château en juin 1774 et revient aujourd’hui pour la première fois à Versailles.
Une création contemporaine originale
L’exposition présente également une création spectaculaire, intitulée « Après nous, le déluge », réalisée par le collectif Lignereux, héritier contemporain du célèbre marchand-mercier Martin-Eloy Lignereux (1751-1809).
Pendule astronomique (1729-1754) réalisée par Claude-Siméon Passemant, Louis Dauthiau, Jacques et Philippe II Caffiéri – Château de Versailles
Commissariat de l’exposition
Yves Carlier, conservateur général du patrimoine, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Hélène Delalex, conservateur du patrimoine, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Médaille su sacre de Louis XV (1722) par Jean Duvivier (1687-1761) – Bibliothèque nationale de France
Au centre : Lustre à neuf bras de lumière, aux armes de madame de Pompadour (vers 1750-1755) par Jacques Caffieri (1678-1755) et/ou Philippe Caffieri (1714-1774) – Bibliothèque Mazarine
Exposition « Louis XV : passions d’un roi »
18 octobre 2022 – 19 février 2023
Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles
Série des Chasses exotiques de Louis XV (1735-1739) – Musée de Picardie (Amiens)
Le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France conserve les collections dites « spécialisées » : manuscrits, dessins, gravures, photographies, cartes et plans, monnaies et médailles, antiques et bijoux…. Après douze ans de travaux, le site a rouvert ses portes, dévoilant l’un des espaces les plus fascinants : son magnifique musée.
Gennaro Toscano, conseiller scientifique pour le musée, la recherche et la valorisation à la BnF, vous propose un parcours de 30 minutes dans les salles rénovées, pour évoquer l’histoire des collections de la BnF.
Caillou Michaux – Mésopotamie – Époque du bronze récent, 2e royaume d’Isin, règne de Marduk-nadin-ahhe, 1100-1083 av. J.-C. – Bibliothèque nationale de France
Cliquer ici pour lire l’article – richement illustré – consacré au musée de la BnF.
Détail du Plat d’Achille – Empire romain (fin du 4e siècle) – Bibliothèque nationale de France
Héritière des collections des rois de France, la Bibliothèque nationale de France conserve des collections très variées formées de livres, manuscrits et imprimés, de cartes géographiques et de globes, mais aussi de monnaies et médailles, d’antiques, de dessins et d’estampes.
Salle de Luynes – BnF« Athéna accueille Poséidon » – Amphore à col signée Amasis potier et attribuée au Peintre d’Amassés – Athènes (Grèce) – 540-535 av. J.-C. – BnFTrésor de Berthouville – Italie et Gaule (entre le Ier et le début du IIIe siècle apr. J.-C.) – BnFSalle Barthélemy – BnF
Le musée de la BnF occupe les locaux construits par l’architecte Pascal au début du XXe siècle (aile Vivienne) ainsi que la galerie Mazarin et la Rotonde.
Galerie Mazarin – BnFLe Grand Camée de France (vers 23 apr. J.-C.) – BnFManuscrit autographe de « Notre-Dame de Paris » (1830-1831) par Victor Hugo (1802-1885) – BnF
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Manuscrit autographe de la sonate pour piano n°23 en fa mineur, op. 57 dite « Appassionata » par Ludwig van Beethoven (1770-1817) – BnF
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte »
12 octobre 2022 – 23 janvier 2023
Musée du Louvre
Dans cette première grande exposition parisienne consacrée à la « nature morte » depuis celle du musée de l’Orangerie en 1952, le musée du Louvre propose une vision nouvelle de ce genre longtemps considéré comme mineur.
Étonnante et stimulante, cette exposition réunit près de 170 œuvres qui dialoguent entre elles au-delà du temps et de la géographie. L’art contemporain occupe une place inédite dans une exposition du Louvre. Un pari audacieux et réussi ! Laissez-vous gagner par la passion des Choses !
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre« La Madeleine à la veilleuse » (vers 1642-1644) par Georges de La Tour – Musée du Louvre
« Car les choses et l’être ont un grand dialogue. » – Victor Hugo
Réduction de table d’offrandes (à suspendre ?) (vers 700-600 avant notre ère) – Égypte – Musée du Louvre
Ce qui reste
Avant même que les textes n’en parlent sous l’Antiquité, les Choses étaient représentées par des hommes et des femmes. Dans les grandes sociétés mésopotamienne ou égyptienne notamment, elles symbolisent la puissance et le sacré, la vie après la mort, mais aussi l’existence quotidienne, le travail ou l’amour.
« Nature morte avec fruits et gibier » (50-79) – Herculanum (Italie) – Musée Archéologique de Naples
L’art des choses ordinaires
Dans une maison de Pompéi, l’image d’un crâne en mosaïque rappelle la fin inéluctable qui nous attend toutes et tous à égalité. Datée du Ier siècle avant notre ère, elle est la première Vanité d’un genre qui est encore pratiqué par les artistes de notre temps.
Mosaïque « Memento mori » – Musée Archéologique de NaplesLivret de dévotion (vers 1330-1340) – Cologne ? – The Victoria and Albert Museum (Londres)
Les objets de la croyance
Entre le VIe siècle et le XVIe siècle en Europe, la représentation des choses ne disparaît pas comme cela a souvent été dit. Elles sont mises entièrement au service du récit religieux chrétien et servent de symboles pour que chacun puisse se familiariser avec les personnages sacrés.
« Fleurs d’œillets » (1314) par Qian Xuan – Musée national des Arts asiatiques (Paris)Détail de « Nature morte aux bouteilles et aux livres » (vers 1530 ?) par un artiste anonyme de l’Ecole allemande – Musée Unterlinden (Colmar)
Émancipation
À partir du début du XVIe siècle, le retour de l’intérêt pour le monde matériel et quotidien s’ancre dans l’héritage de l’Antiquité gréco-romaine mais doit aussi aux pensées nouvelles, à l’évolution du christianisme et au développement du marché qui leur confèrent de nouvelles significations.
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Accumulation, échange, marché, pillage
À partir de la seconde moitié du XVIe siècle en Europe, les artistes représentent de plus en plus les choses qui s’accumulent, s’échangent et s’achètent dans un monde marchand. Elles se mêlent désormais aux figures humaines mais aussi religieuses au point de rivaliser avec celles-ci.
« La Boutique du boucher » (1568) par Joachim Beuckelaer – Musée de Capodimonte (Naples)Détail de « Le Collecteur d’impôts » par Marinus van Reymerswale – Musée du Louvre« Marché aux poissons » (1570) par Joachim Beuckelaer – Musée de Capodimonte (Naples)« Five Dollar Bill » (vers 1885) par Victor Dubreuil – The Phillips Collection (Washington)
Sélectionner, collectionner, classer
À partir du XVIIe siècle et encore de nos jours, alors que s’impose le genre pictural de « la nature morte » en Europe, la discussion est minée par l’idée que l’on se fait de la hiérarchie des genres : il y aurait des sujets plus difficiles ou plus nobles que d’autres pour les artistes.
« Six coquillages sur une table de pierre » (1696) par Adriaen S. Coorte – Musée du LouvreExposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre« Coupe de cerises, prunes et melon » (vers 1633) par Louise Moillon – Musée du LouvreExposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre« Les Cinq Sens et les Quatre Éléments (avec objets aux armes de la famille de Richelieu) » (1627) par Jacques Linard – Musée du Louvre
Tout reclasser
Au XVIe siècle, Arcimboldo mélange les fleurs, les légumes, les fruits, les animaux et les humains. Pour montrer que le genre des choses est aussi noble qu’un autre, des artistes plantent des natures mortes en gros plan sur des paysages qui ne servent plus que de décor.
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre« L’Hiver » et « L’Automne » (1573) par Giuseppe Arcimboldo – Musée du Louvre
On prête à Chardin d’avoir si finement rendu la vie des choses que le genre en est bouleversé. Le marché de l’art en est aussi friand et les artistes s’y réfèrent jusqu’à aujourd’hui.
« Pipes et vases à boire », dit aussi « La Tabagie » (vers 1737) par Jean-Baptiste Chardin – Musée du Louvre« Nature morte avec pastèques et pommes dans un paysage » (1771) par Luis Egidio Meléndez – Musée du Prado (Madrid)Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Vanité
À partir du XVIe siècle, la vanité a souvent la forme d’un crâne seul ou installé près d’objets symboliques comme une bougie ou un sablier qui signifient le temps qui passe inexorablement.
« Vanité (vers 1670 ?) par Franciscus Gijsbrechts – Musée des Beaux-Arts de StrasbourgDétail de « Fruits et coquillages » (1623) par Balthasar van der Ast – Palais des Beaux-Arts de Lille
La bête humaine
Le motif peint de l’animal mort est ancien. Cette figure désespérante de l’animal semble nous avertir du sort qui pourrait bien nous attendre.
« Les Trois Truites de la Loue » (1872) par Gustave Courbet – Kunstmuseum de Berne et « La Truite » (1873) par Gustave Courbet – Musée d’Orsay« Agnus Dei » (1635-1640) par Francisco de Zurbarán – Musée du Prado (Madrid)
Au début des années 1800, Géricault et Goya signent des œuvres qui opèrent une véritable révolution : ils peignent des membres de cadavres humains et une tête et carcasse de mouton comme des choses.
« Étude de bras et de jambes coupés » (1818-1819) par Théodore Géricault – Musée du Louvre et « Nature morte à la tête de mouton » (1808-1812) par Francisco José de Goya y Lucientes – Musée du Louvre
La vie simple
Édouard Manet peint la vie simple avec des fleurs, des fruits, des légumes ou des poissons morts qu’il magnifie.
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre« Botte d’asperges » (1880) par Édouard Manet – Wallraf Richartz Museum (Cologne)« Le Citron » (1880) par Édouard Manet – Musée d’Orsay« La Table de cuisine » (1880-1890) par Paul Cézanne – Musée d’Orsay
Comme Van Gogh ou Gauguin, Cézanne a voulu lui aussi le dépouillement dans l’attention aux choses élémentaires.
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Dans leur solitude
Si les choses étaient depuis longtemps affranchies de celles et ceux qui les produisaient et les consommaient, elles sont, au XXe siècle, de plus en plus isolées dans un monde où leur solitude renvoie à celle de leurs maîtres.
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte » – Musée du Louvre
Choses humaines
Le malaise grandit quand un artiste s’en prend au corps humain pour le « chosifier ». Ainsi, quand Robert Gober fait surgir d’un mur une jambe coupée surmontée d’une bougie, il n’est pas seulement question d’un homme qui a disparu dans sa totalité, c’est toute l’espèce humaine qui semble rassemblée dans cette partie séparée du tout.
Au premier plan : « Untitled » (1991) par Robert Gober – Pinault Collection / Palazzo Grassi
Les temps modernes, Objets poétiques, Métamorphoses…
Les trois dernières sections de l’exposition illustrent la représentation des choses par les artistes contemporains. Pour des questions de droits, je ne peux vous montrer d’images.
Détail de « Les Richesses de l’avare et sa mort » (vers 1600) attribué à Hieronymus Francken II – Kunstmuseum de Bâle
Commissariat de l’exposition
Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art, avec la collaboration de Thibault Boulvain et Dimitri Salmon
« Fenêtre, fruits et légumes » (vers 1602) par Juan Sánchez Cotán – Collection Abelló (Madrid)
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée du Louvre
« La Chambre de Vincent Van Gogh à Arles » (1889) par Vincent Van Gogh – Musée d’Orsay
Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte »
12 octobre 2022 – 23 janvier 2023
Musée du Louvre
L’église des Cordeliers, sanctuaire des ducs de Lorraine
Fondée à la fin du XVe siècle par le duc René II, l’église Saint-François des Cordeliers est la plus ancienne église de Nancy. Lieu emblématique du pouvoir des ducs de Lorraine, elle abrite la chapelle Notre-Dame-de-Lorette construite au-dessus du caveau où sont inhumés de nombreux membres de la famille ducale. Embellie par les ducs successifs, l’église fut profanée durant la Révolution française avant d’être restaurée au cours des XIXe et XXe siècles.
Église des Cordeliers (Nancy)
Toujours affectée au culte, elle fait aujourd’hui partie du Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain voisin et présente, depuis le XIXe siècle, plusieurs œuvres remarquables permettant d’illustrer l’histoire de Nancy. Depuis 2018, d’autres chefs-d’œuvre sont venus compléter l’accrochage pendant la période de fermeture du Palais pour rénovation et extension.
Vue intérieure de l’église des Cordeliers
Dans la vidéo publiée en tête de cet article, Pierre-Hippolyte Pénet vous invite à découvrir l’histoire du monument et les plus belles œuvres présentées.
L’église est accessible gratuitement tous les jours sauf le lundi de 10h à 12h30 et de 14H à 18h.
Gisant de Philippe de Gueldre (1548) par Ligier Richier – Église des Cordeliers (Nancy)Cénotaphe de Philippe de Gueldre (1ère moitié du XVIe siècle) – Église des Cordeliers (Nancy)« Le Christ au jardin des oliviers » (XVIe siècle) par l’École de Saint-Mihiel – Église des Cordeliers (Nancy)Détail du monument funéraire du cardinal de Vaudémont (1588) par Florent Drouin (1540-1612) – Église des Cordeliers (Nancy)« Quatre vertus » (XVIIe ou XVIIIe siècle) – Église des Cordeliers (Nancy)« Vierge portant l’Enfant » assise sur un tabernacle, entourée de deux anges (XVIIIe siècle) – Chapelle Notre-Dame-de-LoretteDétail du monument funéraire du duc René II (1508-1509) – Calcaire polychromé, marbre – Église des Cordeliers (Nancy)
Une monographie sur la nécropole des ducs de Lorraine
Le 8 octobre 2022, Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet publient la première monographie consacrée à l’église des Cordeliers depuis 1851. Illustré de photographies souvent inédites, l’ouvrage retrace les grandes heures du monument, depuis sa construction jusqu’à nos jours.
« L’église des Cordeliers. Le sanctuaire des ducs de Lorraine à Nancy »
par Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet
Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain
272 pages, 25 €
Coupole de la chapelle ducale Notre-Dame-de-Lorette
Les auteurs
Étienne Martin est historien, secrétaire général de la Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, membre de la Commission diocésaine d’Art sacré du diocèse de Nancy et de Toul. Pierre-Hippolyte Pénet est conservateur du patrimoine au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain de Nancy, chargé des collections du XVe au XVIIIe siècles.
Le catalogue numérique des œuvres
Fruit des recherches menées depuis quatre ans et dévoilé en même temps que la monographie sur l’édifice, le catalogue numérique de 49 œuvres exposées dans l’église des Cordeliers est mis gratuitement à disposition dès le 8 octobre 2022 sur le site internet du Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.
Orant du cardinal de Vaudémont (1588) par Florent Drouin (1540-1612) – Église des Cordeliers (Nancy)Ange musicien sans sa trompette – Détail d’une boiserie de l’avant-chœur de l’abbaye-prémontrés de Salival (1691) – Église des Cordeliers (Nancy)
En savoir +
Une riche programmation accompagne la publication de cet ouvrage. Cliquer ici pour consulter l’agenda des événements.
Ve intérieure du côté de l’entrée de l’église des Cordeliers
Exposition « Dessins bolonais du XVIe siècle dans les collections du Louvre »
22 septembre 2022 – 16 janvier 2023
Rotonde Sully Sud
Musée du Louvre
Dans les toutes premières années du Cinquecento, un style nouveau de dessins apparaît, caractérisé par des effets d’ombre et de lumière particulièrement intenses, qui ouvrent la voie à la manière moderne.
À travers une sélection de 44 feuilles, la nouvelle exposition proposée par le département des Arts graphiques du Louvre permet de découvrir l’évolution du dessin bolonais tout au cours du XVIe siècle. Aux côtés d’artistes majeurs de la période, des personnalités restées parfois encore dans l’ombre sont mises en avant.
Le Cabinet des dessins du Louvre conserve environ 500 dessins de l’École bolonaise du XVIe siècle. Cette exposition est une nouvelle occasion d’admirer l’incroyable richesse des collections d’Arts graphiques du musée !
« Judith mettant la tête d’Holopherne dans le sac tenu par sa servante » (vers 1505) par Francesco Raibolini, dit Francesco Francia (vers 1447 – 1517) – Département des Arts graphiques du LouvreDétail de « Judith mettant la tête d’Holopherne dans le sac tenu par sa servante » (vers 1505) par Francesco Raibolini, dit Francesco Francia (vers 1447 – 1517) – Département des Arts graphiques du Louvre
Les origines de la collection
L’ensemble de dessins bolonais conservés au Louvre provient en partie de la collection du banquier d’origine allemande Everhard Jabach, acquise en 1671 pour le Cabinet du roi, des saisies révolutionnaires, mais également d’un certain nombre de dons reçus aux 19e et 20e siècles, notamment celui de la collection du baron Edmond de Rothschild.
Le premier classicisme bolonais
Au début du Cinquecento, la ville de Bologne connaît un élan artistique d’exception favorisé par la pensée humaniste diffusée par les érudits de l’Université. Francesco Francia (vers 1447-1517) développe un atelier florissant, produisant des oeuvres d’un raffinement extrême. Ses dessins se caractérisent par une attention soutenue à la ligne pure et fine et à la lumière, délicate et envoûtante.
Carnet de dessins de Peregrino, dit Peregrino da Cesena (actif entre 1490 et 1520 environ) – Département des Arts graphiques du Louvre
Le langage de Francesco Francia inspire les artistes de son entourage comme Peregrino da Cesena et Jacopo da Bologna.
« Vénus accroupie, se tournant vers l’Amour debout sur un piédestal, derrière elle » par Marcantonio Raimondi (vers 1480 – avant 1534) – Département des Arts graphiques du LouvreFrise représentant neuf Amours jouant, attribuée à Marcantonio Raimondi (vers 1480 – avant 1534) – Département des Arts graphiques du Louvre
L’Antique représente également une réelle source d’inspiration qui nourrit l’imaginaire artistique. Les oeuvres de jeunesse de Marcantonio Raimondi en rendent compte, ainsi que celles d’Amico Aspertini.
« Apollon, Cybèle et Marsyas » par Innocenzo Francucci, dit Innocenzo da Imola (vers 1490 – vers 1545) – Département des Arts graphiques du Louvre
À la mort de Francia, l’atelier d’Innocenzo da Imola (vers 1490 – vers 1545) s’impose comme nouveau lieu de création. Ses oeuvres s’adressent à une clientèle bolonaise qui demande un renouveau du langage orienté vers les actualités venues d’ailleurs.
Exposition « Dessins bolonais du XVIe siècle dans les collections du Louvre »
L’influence de Raphaël
À partir de 1520 environ, un nouveau classicisme s’impose sur la scène bolonaise. Biagio Pupini (documenté de 1511 à 1551) en est l’un des représentants principaux. Imprégné de culture romaine, nourri de modèles de l’Antiquité et des modernes, il contribue à diffuser à Bologne le langage appris lors de divers voyages à Rome. Les oeuvres de Raphaël notamment sont réinterprétées d’une manière personnelle et créative.
« Le Christ bénissant les petits pains » par Biagio Pupini (documenté de 1511 à 1551) – Département des Arts graphiques du LouvreCopies d’après le sarcophage de Bellérophon ; Le Christ de la Minerve de Michel-Ange ; des prisonniers barbares par Biagio Pupini (documenté de 1511 à 1551) – Département des Arts graphiques du Louvre
Les compositions saturées de figures, très picturales, souvent tracées à la pointe du pinceau, montrent un intérêt accru pour le rendu de la lumière obtenu par une surabondance de rehauts de gouache blanche.
Exposition « Dessins bolonais du XVIe siècle dans les collections du Louvre »
Les maniéristes bolonais
À partir des années 1540, les échanges entre Bologne et Rome s’intensifient. Pendant que Prospero Fontana (1509 -1597) réalise à Rome certains décors de la villa du pape Jules III (1551- 1553), Pellegrino Tibaldi (1527-1596) exécute à Bologne son chef-d’oeuvre : les fresques du palais du cardinal Poggi (1549 -1560).
Détail de « Éole assis, vu de face » par Pellegrino Tibaldi (1527-1596) – Département des Arts graphiques du Louvre« Mercure, de dos, la tête tournée vers la gauche » par Giovanni Francesco Bezzi, dit Nosadella (documenté à Bologne en 1549 – 1571) – Département des Arts graphiques du Louvre« Tête d’homme barbu, regardant vers le haut » par Giovanni Francesco Bezzi, dit Nosadella (documenté à Bologne en 1549 – 1571) – Département des Arts graphiques du Louvre
Les grands dessins à la sanguine de Pellegrino Tibaldi, avec des figures puissantes, proposent de nouveaux modèles figuratifs influençant tous les artistes après lui. On en retrouve écho chez Nosadella, ou chez Orazio Samacchini (1532 -1577), dont les formes en torsion montrent aussi une élégance linéaire retrouvée.
« Ange volant, tenant un phylactère, entouré d’anges musiciens et d’angelots » par Orazio Samacchini (1532-1577) – Département des Arts graphiques du LouvreExposition « Dessins bolonais du XVIe siècle dans les collections du Louvre »
Bartolomeo Passerotti ou la force du dessin
Bartolomeo Passerotti (1529 -1592) impose une nouvelle façon de regarder les éléments naturels appartenant au monde végétal, animal, mais aussi l’homme, étudié avec un intérêt quasi scientifique pour la vérité de son image.
« Buste d’un jeune homme, vu de trois quarts vers la droite » par Bartolomeo Passerotti (1529-1592) – Département des Arts graphiques du Louvre
Le facture soignée de Passerotti, qui propose des effets de lumière analogues à ceux recherchés par les maîtres graveurs, lui permet d’obtenir des dessins finis à la manière des estampes, sans doute destinés à des collectionneurs.
« Jupiter assis sur des nuages » par Bartolomeo Passerotti (1529-1592) – Département des Arts graphiques du LouvreDeux dessins de Bartolomeo Passerotti (1529-1592) – Département des Arts graphiques du LouvreDétail de « Homère et l’énigme des pêcheurs » (vers 1575) par Bartolomeo Passerotti (1529-1592) – Département des Arts graphiques du Louvre
Commissariat de l’exposition
Roberta Serra, ingénieur d’études au département des Arts graphiques, musée du Louvre
« Sainte Catherine d’Alexandrie » et « Sainte Lucie, de face, la tête de profil vers la gauche » par Felice Pinariccio, dit Il Lasagna (actif dans la seconde moitié du 16e siècle) – Département des Arts graphiques du Louvre
À la découverte du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France
La Bibliothèque nationale de France veille sur des collections rassemblées depuis cinq siècles grâce au dépôt légal et à sa politique d’acquisition.
Sur le site Richelieu, en plein cœur de Paris, sont conservées les collections de six départements spécialisés : Manuscrits, Musique, Estampes et photographie, Arts du spectacle, Cartes et plans, Monnaies, médailles et antiques – soit plus de 22 millions de documents.
La renaissance
Face à la nécessité d’une mise aux normes techniques du site, la décision de restauration et de modernisation a été prise au début des années 2000. Il aura fallu cinq années d’études et dix ans de chantier pour pouvoir rouvrir toutes les portes du site aux publics, à partir du 20 septembre et après le week-end inaugural. Le résultat est vraiment splendide !
Suivez-moi pour découvrir le site Richelieu rénové, depuis la salle Labrouste et la salle Ovale… jusqu’aux magasins et salons pour lesquels l’accès nécessite une autorisation spéciale.
Hall Vivienne – BnF
La première phase du chantier
De 2011 à 2016, la première phase des travaux a concerné plus particulièrement la salle Labrouste, les espaces du département des Arts du spectacle et la salle de lecture des Manuscrits.
En 2016, les bibliothèques des deux institutions partenaires de la BnF, l’INHA et l’École nationale des chartes, ont intégré leurs espaces définitifs sur le site Richelieu.
Salle Labrouste – BnF
La salle Labrouste
Réalisée entre 1861 et 1868, cette salle est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste. Elle est éclairée par neuf coupoles revêtues de carreaux de faïence qui diffusent une lumière uniforme dans la salle.
Salle Labrouste – BnF
Les coupoles reposent sur des arcs en fer ajourés retombant sur seize colonnes de fonte.
Salle Labrouste – BnF
En 1864, le paysagiste Alexandre Desgoffe réalisa des tableaux destinés à inspirer aux lecteurs une sensation de calme et de détente.
Salle Labrouste – BnF
Les lampes installées en 1920 lors de l’arrivée de l’électricité ont été conservées, certaines dotées d’abat-jour en opaline.
Les chaises sont posées sur les tables pour cause de nettoyage le jour de la visite – Salle Labrouste – BnF
La salle Labrouste a rouvert ses portes en 2016.
Cariatides de Joseph Perraud – Salle Labrouste – BnF
Le grand magasin général
Derrière la salle Labrouste, les deux cariatides monumentales du sculpteur Joseph Perraud marquent l’entrée du cœur fonctionnel des installations de Labrouste : le grand magasin central.
Grand magasin général – BnF
Créé en 1865, ce magasin marque la séparation entre les espaces de lecture et les espaces de stockage mais reste visible depuis la salle.
Ancien réseau des pneumatiques – Grand magasin général – BnF
Conçu pour abriter 1,2 million de volumes, le magasin dispose d’un ingénieux système de transport des ouvrages permettent une efficacité et une rapidité de services impossibles jusqu’alors.
Pour la première fois de son histoire, ce magasin est accessible aux lecteurs, sur trois niveaux. La bibliothèque de l’INHA y offre une soixantaine de places de lecture et la possibilité de consulter en accès libre plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages en histoire des arts.
La second phase des travaux
Menée de 2017 à 2022, la seconde phase des travaux a concerné près de 28.000 m2, dont la salle Ovale et plusieurs espaces classés : la galerie Mansart, la chambre de Mazarin, la galerie Mazarin et le salon Louis XV.
L’escalier d’honneur et le grand hall
Une nouvelle entrée a été créée côté rue Vivienne. En lieu et place de bureaux et de mezzanines, un grand hall relie maintenant les deux rives du quadrilatère.
Escalier en hélice – BnF
À mi-chemin, une hélice ajourée en acier et en aluminium vernis remplace l’ancien escalier d’honneur. Ce dernier, réalisé par Jean-Louis Pascal (1875-1912), était inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Bruno Racine, ancien président de la BnF, le décrivait alors comme « une sorte de pastiche Louis XV réalisé juste avant la guerre de 1914-1918 ». On s’en souvient, le remplacement de cet escalier a fait l’objet de nombreuses polémiques.
Escalier en hélice – BnF
La salle Ovale
Salle emblématique du site Richelieu, la salle Ovale est ouverte gratuitement à tous les publics de tous âges. Plus de 20 000 volumes sont présentés en libre consultation dont une collection de 9 000 bandes dessinées.
Salle Ovale – BnF
Conçue dans les années 1890 par Jean-Louis Pascal (1837-1920), la salle Ovale a été achevée par son successeur Alfred Recoura.
« Je l’ai faite elliptique, non pas pour la rapprocher d’un type qui a particulièrement réussi au British Museum, mais surtout pour constituer des cours d’aérage et d’éclairage dans les angles. » – Jean-Louis Pascal (1837-1920)
Cette salle impressionne par ses dimensions : un ovale de 43,70 mètres sur 32,80 mètres, 18 mètres de hauteur.
Derniers préparatifs dans la salle Ovale avant l’ouverture au public – BnF
Le plafond est composé d’une verrière centrale entourée d’un élégant entrelacs de feuilles d’acanthes dorées, la partie supérieure de l’ovale est percée de seize oculi (œils-de-bœuf) vitrés entourés de mosaïques.
Salle Ovale – BnF
Au-dessus de chacun des oculi vient s’inscrire le nom d’une ville célèbre pour sa portée symbolique dans l’histoire des civilisations et des bibliothèques.
Salle Ovale – BnF
Les arcades sont soutenues par seize paires de colonnes en fonte.
Salle Ovale – BnF
Tout autour de la salle courent trois étages de rayonnages avec balcons et planchers en fer à claire-voie.
Les tables Recoura ont été réinstallées au sein du nouvel aménagement.
L’un des oculi du plafond la salle Ovale, vu depuis la structure métallique – BnF
La structure métallique de la verrière de la salle ovale
Une impressionnante structure métallique surplombe le plafond vitré éclairant de la salle Ovale.
Structure métallique qui surplombe le plafond vitré éclairant la salle Ovale – BnF
La verrière est double, ce qui permet de renforcer l’isolation thermique.
Structure métallique qui surplombe le plafond vitré éclairant la salle Ovale – BnF
Les magasins et les espaces de travail
Les espaces d’accueil du public et les espaces patrimoniaux majeurs ne représentent en réalité qu’une part réduite de la surface du site. La majorité des espaces est en effet affectée aux salles de lecture, aux magasins de collections et aux lieux de travail des agents.
Salle de lecture des Manuscrits et de la Musique – BnFEntrée de la salle de lecture des Manuscrits et de la Musique – BnFMagasin du département des Arts du spectacle – BnF
Le hall Roux-Spitz
Ce hall fait le lien entre des espaces du XVIIe siècle restaurés (galerie Mansart et galerie Mazarin) et des espaces conçus pour le département des Estampes et celui des Cartes et plans.
« Cicéron » par Jean-Antoine Houdon (1741-1828) – BnF
C’est ici que se trouve le plâtre de la sculpture représentant Cicéron, réalisée par Houdon. L’œuvre a été repeinte vers la fin du XIXe siècle pour imiter la teinte du bronze.
La chambre de Mazarin
Si Mazarin eut bien deux chambres dans son palais, celle que l’on appelle aujourd’hui « chambre de Mazarin » était en fait une antichambre.
Chambre de Mazarin – BnF
Réalisée entre 1650 et 1655, cette pièce a conservé un plafond de panneaux peints de figures allégoriques et de thèmes mythologiques.
Plafond de la chambre de Mazarin – BnFPlafond de la chambre de Mazarin – BnF
Voltaire dans le salon d’honneur
Dans le salon d’honneur du site, où la Bibliothèque royale s’était installée au XVIIIe siècle, se trouve le plâtre original du « Voltaire assis » (1781) de Jean-Antoine Houdon (1741-1828).
Plâtre du « Voltaire assis » (1781) de Jean-Antoine Houdon (1741-1828) – Salon d’honneur – BnF
Sur le socle de la statue, on peut lire cette inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette ».
Socle de la statue de « Voltaire assis » (1781) contenant le cœur du grand homme – Salon d’honneur – BnF
Ainsi, depuis 1864, la Bibliothèque nationale de France conserve le cœur du grand homme, confié au département des Monnaies et médailles de la Bibliothèque, alors impériale, à la demande de Napoléon III.
Salon d’honneur – BnF
Ce salon, non accessible au public, peut être visité à l’occasion d’événements comme les Journées européennes du Patrimoine.
Musée de la BnF
Le musée de la BnF
Nouveau joyau du site Richelieu et splendide écrin pour les collections de la BnF, le musée succède à celui du département des Monnaies, Médailles et Antiques. Il embrasse désormais toute l’étendue des collections de la Bibliothèque et se déploie sur 1 200 m². Vous pouvez le découvrir en lisant l’article disponible ici.
Salon Louis XV – BnF
Le jardin Vivienne
Un nouveau jardin est en train de naître sur le site Richelieu et se déploiera au fll des saisons.
Jardin Vivienne – BnF
Toutes les photographies par @scribeaacroupi.
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à la réouverture du site Richelieu. Un site internet, dédié à la salle Ovale et ses collections, est accessible à partir du 12 septembre.
Une application Web, disponible gratuitement sur smartphone, permet de déambuler librement au sein du site Richelieu et de découvrir des œuvres phares du musée.
Jean-Paul Bignon (1662-1743), Maître et Garde de la Librairie du Roi
Bibliothèque nationale de France – site Richelieu
5 Rue Vivienne
75002 Paris
La Bibliothèque nationale de France se déploie principalement sur deux sites : François-Mitterrand où sont conservés les imprimés et les documents audiovisuels ; Richelieu pour les collections dites « spécialisées » : manuscrits, dessins, gravures, photographies, cartes et plans, monnaies et médailles, antiques et bijoux….
Après douze ans de travaux, la BnF fête la réouverture du site Richelieu les 17 et 18 septembre 2022. À quelques jours de cet événement, je vous invite à découvrir l’un des espaces les plus fascinants du site : le musée.
Portraits d’un prince Julio-claudien, de Tibère (14-37) et de l’impératrice Sabine (vers 137) – Empire romain – BnF
Une bibliothèque-musée
Le musée de la BnF abrite près de 900 œuvres exceptionnelles, emblématiques des collections constituées au fil des siècles. Ce musée est une très belle surprise et une vraie réussite !
Héritière des collections des rois de France, la Bibliothèque nationale de France conserve des collections très variées formées de livres, manuscrits et imprimés, de cartes géographiques et de globes, mais aussi de monnaies et médailles, d’antiques, de dessins et d’estampes.
Kuduru (charte de propriété), dit « Caillou Michaux » – Babylone, Mésopotamie – Règne de Marduk-nadin-ahe (1100-1083 av. J.-C.) – BnF
Le plus ancien musée de la capitale
Les monnaies, les médailles, les antiques et d’autres objets de curiosités sont réunis à la Bibliothèque par Colbert dès 1666. L’année suivante, ce même ministre fait l’acquisition d’environ 80.000 dessins et estampes de la collection de l’abbé de Marolles.
Par la suite, livres, estampes, dessins, cartes géographiques et objets sont conservés dans un même lieu ouvert aux érudits et aux personnages illustres.
À partir du milieu du XVIIIe siècle, avec le réaménagement du Cabinet du roi qui abritait les collections numismatiques et les antiques, elle se dote d’un véritable musée, sans doute le plus ancien de la capitale.
La Bibliothèque Royale devenue Nationale bénéfcie durant la période révolutionnaire d’enrichissements colossaux. Les confiscations des biens du clergé et des émigrés, puis les campagnes des armées françaises en Europe autorisent le transfert de centaines de milliers de livres et manuscrits rue de Richelieu, sans oublier les centaines d’objets provenant des trésors d’église.
Le Cabinet du roi n’est pas l’unique espace muséal au sein de la Bibliothèque Nationale : le Cabinet des Estampes, dont le fonds s’était enrichi grâce au dépôt légal, exposait ses fleurons depuis la fin du XVIIIe siècle. Ce dispositif du dépôt légal fut étendu à la lithographie à partir de 1817, puis spontanément adopté par les auteurs ou éditeurs de photographies en 1851.
« Le Laocoon » (1807) par Charles-Clément Bervic (1756-1822) – BnF
Le musée de la BnF occupe les locaux construits par l’architecte Pascal au début du XXe siècle (aile Vivienne) ainsi que la galerie Mazarin et la Rotonde.
Salle des Colonnes – BnF
La salle des Colonnes – salle Fondation Leon Levy
Le parcours débute dans la salle des Colonnes où sont exposées les collections d’antiquités rassemblées dans le cabinet du Roi, puis acquises pour l’enrichissement de la collection devenue nationale à la Révolution ou offertes à la Bibliothèque par des collectionneurs.
Tête colossale d’Héraclès – Grèce (3e-2e siècle av. J.-C.) – BnFPéliké attribuée au Peintre des Géras – sur cette face : « Héraclès ôte sa léonté (pour combattre le géant Antée ?) »- Athènes (490-480 av. J.-C.) – BnFPortrait dit « du pseudo-Sénèque » – Empire romain (1er siècle) – BnFStatue de scribe assis tenant un papyrus – Égypte – Ancien Empire (2300-2200 av. J.-C.) – BnFMédaillon : « le dieu de la Lune Aglibôl » – Palmyre (1er-2e siècle) – BnFMasque de momie – Égypte – Basse époque (664-332 av. J.-C.) – BnFSalle des Colonnes – BnF
Le Cabinet précieux, salle Sisley-d’Ornano
Dans le prolongement de la salle des Colonnes, le Cabinet précieux reflète le luxe du Cabinet du Roi rattaché à la Bibliothèque Royale dès 1666. Des collections principalement métalliques sont présentées dans cet espace : monnaies, médailles, bijoux et montures d’or émaillé, pierres gravées, vaisselles d’apparat en or et en argent aux dimensions spectaculaires.
Camée : « Alexandre Ier de Russie en triomphateur » (vers 1805, modifié en 1815) par Benedetto Pistrucci (1783-1855) pour le camée et Adrien-Jean-Maximilien Vachette (1753-1839) pour la monture – BnFCamée : portrait d’Henri-Jean Schubnel (1974) par Richard Hahn – BnF
L’un des fleurons des collections de la BnF, le Trésor de Berthouville, est présenté dans le Cabinet précieux. Découvert en 1830 par un paysan normand, cet ensemble comprend un service de table richement orné et deux statuettes de Mercure, pour un poids total de plus de 25 kg d’argent pur.
Trésor de Berthouville – Italie et Gaule (entre le Ier et le début du IIIe siècle apr. J.-C.) – BnFTrésor de Berthouville – Italie et Gaule (entre le Ier et le début du IIIe siècle apr. J.-C.) – BnFStatuette représentant Mercure – Gaule romaine (150-225) – BnFDétail d’un plat représentant « Hercule et le lion de Némée » – Empire romain (4°-6° siècle) – BnF
La salle de Luynes
La salle de Luynes conserve la totalité de la collection offerte par le duc de Luynes en 1862. Militaire, puis homme politique, Honoré d’Albert, duc de Luynes (1802-1867) est surtout un mécène, protecteur des arts et scientifique curieux de comprendre et de reconstituer les techniques anciennes.
Salle de Luynes – BnF« Jeune berger portant un bélier » – Bronze du sanctuaire de Rimat – Syrie romaine (2°-3° siècle) – BnF
Le duc de Luynes, dont la fortune a financé fouilles archéologiques et études savantes, était un fin connaisseur des civilisations de l’Antiquité. Il a réuni plusieurs milliers de céramiques grecques, de sculptures, d’armes, de bijoux et de monnaies.
Péliké – sur cette face : « départ ou retour du guerrier » attribué au Peintre des Baigneuses – Athènes (425-420 av. J.-C.) – BnFSalle de Luynes – BnFCratère en calice attribué au Peintre de Dolon – Métaponte, Italie (vers 390 av. J.-C.) – BnFCoupe, dire de type B avec, à l’extérieur, des scènes de bataille – Attribué à la manière du Peintre d’Épéleios – Athènes (510-500 av. J.-C.) – BnFRelief architectural : hoplite et cocher en pige (char tiré par deux chevaux) – Turquie (540-530 av. J.-C.) – BnFSalle de Luynes – BnFPortrait masculin – Abruzzes, Italie (340-200 av. J.-C.) – BnFSalle de Luynes – BnF
La salle Barthélemy
Cette salle au décor d’acajou a été construite au début du XXe siècle pour conserver les quelque 600.000 monnaies et médailles du Cabinet et permettre leur étude.
Salle Barthélemy – BnFMédaille de la défaite des corsaires de Tripoli, 1681 et médaille de l’ambassade du Siam, 1686 – BnF
Le Cabinet trouve son origine au Moyen Âge dans la cassette des rois de France, collection privée d’objets précieux et réserve fnancière dispersée à la mort du souverain ou pour fnancer les guerres. Sous Louis XIV, en 1666, le Cabinet du Roi est rattaché à la Bibliothèque Royale.
15 monnaies ptolémaïques dessinées vers 1686 par André Morell (1646-1703) – BnF
Cette salle tient son nom de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, garde du Cabinet du roi, qui put sauver au péril de sa vie, à la Révolution, les collections qui lui avaient été confiées.
Salle Barthélemy – BnFMédaille d’Honoré de Balzac (1843) par David d’Angers (1788-1856) – BnFSalle Barthélemy – BnFMédaillon de Jules Michelet (1834) et moule du médaillon d’Alfred de Musset (1831) par David d’Angers (1788-1856) – BnF
Collectionnées principalement depuis la Renaissance, les monnaies permettent de connaître les portraits des grands hommes de l’Antiquité évoqués par les auteurs classiques, rois grecs et empereurs romains. Louis XIV, passionné de monnaies anciennes, les envoie chercher jusqu’en Orient. Leur nombre augmente avec le développement de l’archéologie à la fin du XVIIIe siècle.
Le salon Louis XV
Aménagé au milieu du XVIIIe siècle pour accueillir la collection royale de monnaies et de pierres gravées, le salon Louis XV est, dès sa création, ouvert aux visiteurs érudits ainsi qu’aux curieux. Il peut ainsi être tenu pour le plus ancien musée parisien.
Salon Louis XV – BnF« Apollon ou les trois protecteurs des muses » (1745) par Carle Van Loo (1705-1765) – BnF
Le décor mural est constitué d’un ensemble de peintures du XVIIIe siècle représentant les muses et leurs protecteurs, réalisées par les plus grands artistes de l’époque. François Boucher a peint en 1742 les quatre dessus de porte, dont trois trumeaux ont été réalisés par Carle Van Loo en 1745. Charles Natoire exécute la même année les trois autres trumeaux.
« Euterpe ou la Musique » (1745) par Carle Van Loo (1705-1765) – BnF« Polymnie ou la Poésie amoureuse » (1745) par Carle Van Loo (1705-1765) – BnFSalon Louis XV – BnF
Deux grands portraits en majesté complètent l’ensemble : un portrait de Louis XV peint dans les ateliers de Versailles et une copie du XIXe siècle du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud. Les encadrements des tableaux en bois doré datent eux aussi du XVIIIe siècle.
Salon Louis XV – BnF
Le mobilier se compose de six petits médailliers et deux grands médailliers en applique aux murs, comportant chacun une console d’applique qui supporte une table de marbre rose chantourné et un placard à deux battants.
Détail du médaillier d’Auguste-Eugène Chevrie – BnFDétail du petit médaillier de Jacques Verberckt (1704-1771) – BnFSalon Louis XV – BnF
Au centre se trouve une table aux dimensions exceptionnelles. Médailliers et table ont été exécutés en 1742 par les ateliers de menuiserie Verberckt. Quinze chaises et fauteuils cannés du XVIIIe siècle signés Louis Cresson complètent l’ensemble.
La galerie Mazarin
Vestige du palais Mazarin, la galerie est l’un des rares exemples de galerie baroque encore conservés en France. Elle fut construite par François Mansart entre 1644 et 1646, à la demande de Mazarin, pour y installer ses collections de peintures et de sculptures.
Galerie Mazarin – BnF
La galerie Mazarin court sur une longueur de 45,55 mètres. Son plafond peint, d’une superfcie de 280 m2, est l’un des joyaux du site. Elle est peinte en 1646-1647 par Giovanni Francesco Romanelli et son atelier. Mazarin a demandé au peintre de s’inspirer des Métamorphoses d’Ovide et de sujets mythologiques et héroïques.
« Jupiter foudroyant les géants » (1646-1647) par Giovanni Francesco Romanelli et son atelier – BnF
La galerie Mazarin présente de véritables trésors puisés dans les collections encyclopédiques de la BnF : pièces rares, œuvres célèbres ou de provenances prestigieuses.
Camée d’Auguste – camée : Rome (25-20 av. J.-C.) et monture : Paris (fin du 14e siècle) – BnFCoupe sassante, dite « Tasse de Salomon » – Iran sassante (6e siècle) – BnF
Dans le vestibule de la galerie sont exposées des pièces du Trésor de Saint-Denis.
Jeu d’échecs en ivoire d’éléphant d’Afrique, dit « de Charlemagne » – Salerne ou Amalfi, Italie (1080-1100) – BnFPièces du jeu d’échecs dit « de Charlemagne » – Salerne ou Amalfi, Italie (1080-1100) – BnF
Dans la galerie proprement dite sont présentées des collections du Moyen Âge à nos jours. Parmi les pièces phares, le Grand Camée de France, issu du Trésor de la Sainte-Chapelle, la partition manuscrite de « Don Giovanni » de Mozart et le manuscrit des « Misérables » de Victor Hugo.
Le Grand Camée de France (vers 23 apr. J.-C.) – BnFDiptyque de Saint-Étienne de Bourges – BnF« Évangiles de Saint-Ménard de Soissons » (vers 800) par l’École du palais de Charlemagne – BnF« Catherine de Médicis en veuve » (vers 1559) par François Clouet (vers 1516-1572) – BnFAtlas Miller : carte de l’océan Atlantique nord – Portugal (1519) – BnF« Les Prisons d’invention (Carceri d’invenzioni) » (1750) par Piranèse (1720-1778) – BnF« L’Incendie de l’Opéra » et « Ruines de l’Opéra le lendemain de l’incendie » (1781) par Hubert Robert (1733-1808) – BnF« La Chartreuse de Parme » (1840-1841) par Stendhal (1783-1842) – BnF« Histoire de ma vie » (1789-1797) par Casanova (1725-1798) – BnFManuscrit de « Don Giovanni » (1787) par Wolfgand Amadeus Mozart (1756-1791) – BnF
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Des rotations régulières
En raison de la fragilité de certaines œuvres, l’accrochage des pièces sera renouvelé tous les quatre mois et donnera ainsi à voir l’étendue des collections de la BnF.
Costume de coryphée dans « Agamemnon » d’Eschyle, interprété par Nirupama Nityanandan (1990) – BnF
Un nouvel espace d’expositions temporaires
Construite par l’architecte François Mansart de 1644 à 1646, la galerie Mansart abritait à l’origine les collections de sculptures antiques du Cardinal Mazarin. Fermée depuis 2014, elle vient d’être entièrement restaurée.
La galerie proposera deux expositions temporaires par an, avec dès cette année l’exposition « Molière, le jeu du vrai et du faux » du 27 septembre 2022 au 15 janvier 2023.
Galerie Mansart pendant la préparation de l’exposition « Molière, le jeu du vrai et du faux »
Week-end festif inaugural
Les 17 et 18 septembre, la BnF vous propose un programme festif et gratuit conçu pour célébrer la complète réouverture du site. Une occasion unique pour venir découvrir l’ensemble du site et s’émerveiller devant les trésors de ce splendide musée.
Si vous n’avez pas réussi à réserver votre entrée pour ce week-end inaugural – les places sont parties très vite – rappelons que le musée ouvre ses portes à partir du mardi 20 septembre.
Antiquités, joyaux, peintures, manuscrits, objets anciens et historiques : la Collection Al Thani est l’une des plus prestigieuses collections au monde. Elle réunit plus de 6.000 œuvres provenant de nombreuses civilisations, de l’Antiquité à nos jours.
Pendant des années, la Collection a exposé certaines de ses plus belles pièces dans les plus prestigieuses institutions internationales. Désormais, elle dispose de ses propres galeries d’expositions au cœur de Paris.
Amin Jaffer, directeur de la Collection Al Thani, vous dévoile quelques-uns des trésors exposés dans les salles de l’Hôtel de la Marine.
Situé sur la place de la Concorde à Paris, l’Hôtel de la Marine abrite un espace muséal d’une superficie de 400 m2 entièrement consacré à la Collection Al Thani.
Rhyton – Anatolie (vers 2000-1500 av. J.-C.) – Collection Al Thani
La première galerie accueille 7 chefs-d’œuvre illustrant la créativité humaine à travers les civilisations sur une période de plus de 5.000 ans.
« Contemplatrice d’étoiles » – Asie Mineure occidentale (vers 3.300-2.500 av. J.-C.) – Collection Al Thani
La sculpture ci-dessus est l’une des plus grandes et plus sophistiquées d’un type de statuette néolithique appelé Kilia, du nom du site du côté ouest des Dardanelles où a été mis au jour. Les petites statuettes de ce type sont relativement abondantes, mais, parmi les grandes versions, une douzaine seulement nous sont parvenues.
Elle représente une femme nue dont la tête, de grandes dimensions, est rejetée en arrière comme si elle regardait vers le haut, d’où son nom de « contemplatrice d’étoiles ».
Ours assis – Chine – Dynastie des Han occidentaux (206-25 avant J.-C.)- Collection Al Thani
La deuxième galerie présente 11 visages sculptés provenant de différentes périodes et de différents lieux mais réunis par un thème commun : la représentation de la figure humaine.
Buste de l’empereur Hadrien – Tête : Empire romain (première moitié du 2ème siècle), retaillée au milieu du XIIIe siècle – Buste : Venise (seconde moitié du XVIe siècle) – Collection Al Thani
Cette tête date du règne de l’empereur Hadrien, bien que la barbe ait été retaillée dans les ateliers de la cour de Frédéric II (1194-1250) qui se servit d’images des souverains de la Rome antique pour renforcer sa légitimité en tant qu’empereur du Saint Empire Romain Germanique.
Elle fut proposée en vente aux Médicis au XVIème siècle, qui n’en firent finalement pas l’acquisition. Trop chère pour le prince !
Tête de Sérapis provenant probablement d’Égypte – Empire romain (1-200 apr. J.-C.) – Collection Al Thani
Après la troisième galerie consacrée aux expositions temporaires, le dernier espace d’exposition met en valeur des matériaux précieux : objets en pierre finement ciselés, récipients en or et en argent, bijoux et ornements.
Flacon à cosmétique – Égypte – Moyen Empire, XIIe dynastie (vers 1976-1794 av. J.-C.) – Collection Al Thani
Ce flacon a été fabriqué à partir d’une pièce d’obsidienne massive, d’une taille inhabituelle, très polie. La poignée représente un cou et une tête d’un canard tournée vers l’arrière, dans une pose typique des canards qui dorment ou qui couvent. Ce motif a très probablement une signification symbolique liée à la fécondité.
Plat – Iran – Époque sassanide (300-500 après J.-C.) – Collection Al ThaniTête d’homme – Égypte – Nouvel empire (vers 1323-1313 avant J.-C.) et Pièce de jeu de la reine Hatchepsout – Égypte – Nouvel empire (1479-1458 avant J.-C.) – Collection Al Thani
Commissariat de l’exposition
Amin Jaffer, directeur de la Collection Al Thani Jasper Gaunt, conservateur d’art antique de la Collection Al Thani Émilie Foyer, assistante de conservation de la Collection Al Thani
Exposition « Pharaons Superstars »
22 juin — 17 octobre 2022
Mucem (Marseille)
Khéops, Néfertiti, Toutânkhamon, Ramsès et Cléopâtre sont des noms qui nous sont familiers. L’exposition du Mucem se propose de nous raconter comment ces rois et reines de l’Égypte ancienne sont devenus, de nos jours, des icônes internationales, tandis que d’autres, qui ont connu leur heure de gloire dans l’Antiquité, sont aujourd’hui oubliés.
C’est passionnant !
Sphinx de Nectanébo Ier – Égypte (380-361 av. J.-C.) – Musée du Louvre
Des hiéroglyphes égyptiens à la musique pop en passant par les enluminures médiévales et la peinture classique, l’exposition présente près de 300 pièces issues des fonds du Mucem et des plus grandes collections françaises et européennes.
« L’idée étant de faire connaître des pharaons importants ou sans gloire de leur vivant, et de suivre leurs destins jusqu’au XXIe siècle de notre ère, tout en exposant les raisons et les événements qui en ont fait des “superstars” au fil des siècles ou les ont maintenus dans l’oubli collectif. Autrement dit, exposer “l’ironie de l’Histoire”. » – Frédéric Mougenot, commissaire général de l’exposition
Poing gauche d’un colosse de Ramsès II – Égypte (XIIIe siècle av. J.-C.) – British Museum (Londres)
3 000 ans d’histoire, quelques règnes mémorables
Les sources antiques témoignent abondamment de la popularité dont quelques pharaons ont joui après leur mort, parfois sur plusieurs siècles voire des millénaires.
Pied d’un autel consacré à Ramsès II, réutilisé par Ramsès III, Ramsès VII et Ramsès IX – Mit Rahina, Égypte (XIIe-XIIe siècle av. J.-C.) – Musée d’Archéologie méditerranéenne (Marseille)
Dans la pensée égyptienne, l’individu survit dans l’au-delà aussi longtemps que son nom demeure – écrit ou prononcé –, et tant que ses images sont conservées. Le roi prépare donc son propre culte funéraire par l’érection de temples et de statues qui portent ses noms, inscrits sur des cartouches. Il cherche aussi à s’attirer la bénédiction de ses prédécesseurs divinisés. Il doit surtout œuvrer de façon visible pour la communauté et susciter l’amour de ses sujets, même après sa mort. Or, ce ne sont pas toujours les pharaons les plus méritants dans ces domaines qui sont parvenus jusqu’à nous.
Détail du fragment de paroi d’une tombe figurant le roi Menkaouhor mille ans après son règne – Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – Musée du Louvre
Les monuments royaux, temples, pyramides et colosses marquent le paysage de la vallée du Nil. Ils sont la trace laissée par les pharaons qui les ont érigés, notamment Khéops, le célèbre commanditaire de la Grande Pyramide, mais également Téti et Menkaouhor, moins connus aujourd’hui mais longtemps commémorés par les anciens Égyptiens.
À droite : statue de dieu-faucon protégeant un pharaon, probablement Nectanébo II – Égypte (IVe siècle av. J.-C.) – Musée du Louvre
La monarchie pharaonique est censée être éternelle et ininterrompue. C’est pourquoi le roi prend soin d’apparaître comme le digne héritier de ses prédécesseurs les plus prestigieux : il leur consacre des monuments et des offrandes et s’inspire de leurs images et de leurs titulatures.
Détail de la statue d’Amon et de Toutankhamon dont les images et les noms ont été détruits – Karnak ou Louxor, Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – Musée du LouvreDétail de la statue d’Amon et de Toutankhamon dont les images et les noms ont été détruits – Karnak ou Louxor, Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – Musée du Louvre
Les Égyptiens effacent aussi le souvenir de certains pharaons en les omettant des listes royales, en supprimant leurs noms et en détruisant leurs images. Tel a été le sort de la femme pharaon Hatchepsout qui a créé un précédent risqué pour la transmission du pouvoir entre hommes, ou encore d’Akhénaton et de son épouse Néfertiti qui ont tenté une réforme radicale de la religion et du pouvoir.
Image d’Hatchepsout mise au nom de son prédécesseur – Deir el-Bahari, Égypte (XVe siècle av. J.-C.) – Musées royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles)
Toutes les figurines funéraires qui devaient servir Akhénaton dans l’au-delà ont été retrouvées brisées intentionnellement, ce qui témoigne d’un acharnement féroce contre la survie du pharaon.
Statuettes funéraires d’Akhenaton brisées – Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – Musée du Louvre (à gauche) et Kunsthistorisches Museum Vienna (à droite)Buste d’une statue d’Akhenaton – Amarna, Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – Universität Tübingen (Allemagne)
Le parcours présente quelques-unes des raisons pour lesquelles certains rois ont été distingués par la postérité, à travers des objets précieux, des fragments de monuments et des témoignages de leur activité militaire.
Stèle dédie à Amenemhat III divinisé – Hawara, Égypte (240-200 av. J.-C.) – British Musem (Londres)
Sur la stèle ci-dessus, le pharaon Amenemhat III trône dans une Chappelle au centre de cette stèle inscrite en grec, déposée sur le site du complexe funéraire qu’il s’était fait construire près de 1.400 ans auparavant.
Fragment de pied d’un colosse royal – Mit Rahina, Égypte (XIXe-XIIe siècle av. J.-C.) -Kunsthistorisches Museum ViennaFragment de la paroi de la tombe d’Inkef, prêtre du culte funéraire du roi Séned, mort environ 200 ans auparavant – Saqqara, Égypte (XXVIIe siècle av. J.-C.) – Musée Granet (Aix-en-Provence)Statue de Tepemânkh, prêtre du culte funéraire de Khéops près de 250 ans après la mort de ce dernier – Giza, Égypte (XXIVe siècle av. J.-C.) – Roemer und Pelizaeus Museum (Hildesheim)Statue de Tepemânkh, prêtre du culte funéraire de Khéops près de 250 ans après la mort de ce dernier – Giza, Égypte (XXIVe siècle av. J.-C.) – Roemer und Pelizaeus Museum (Hildesheim)
Que reste-t-il des pharaons ?
La christianisation de l’Égypte au début de notre ère signe la fin de la civilisation pharaonique, dont l’histoire la plus ancienne tombe progressivement dans l’oubli.
« Moïse se tient à côté du dragon qui crache le feu et s’apprête à mettre en pièces Firaoun », extrait de « Qisas-i Qur’ān » de Ishaq bin Ibrāhīm N. sabur – Iran (1581) – Bibliothèque nationale de France
Les rois d’Égypte les plus souvent cités en Occident et en Islam, du Moyen Âge à nos jours, sont sans conteste les souverains dont le nom est simplement « Pharaon » dans la Bible et que le Coran appelle « Firaoun ».
Dans la version du récit représentée ci-dessus, Moïse, représenté nimbé de feu, a transformé son bâton en dragon, lequel terrorise le roi Firaoun (Pharaon) parti se réfugier au bas de son estrade royale. Cette image témoigne du mauvais rôle tenu par Pharaon dans le récit biblique ou coranique de l’Exode, celui d’un tyran que la puissance de Dieu finit par abattre.
Flacon en forme de tête de soldat grec portant le cartouche de Psammétique Ier – Égypte ou Rhodes, trouvé à Corinthe (VIe siècle av. J.-C.) – Musée du Louvre
Pendant plus de mille ans, du Moyen Âge au XIXe siècle, l’Europe et le monde arabisé ne gardent plus en mémoire que les pharaons cités par les historiens grecs ou latins : Hérodote, Diodore de Sicile, Élien… Ces auteurs décrivent des personnages mi-historiques mi-légendaires, érigés en modèles ou en contre-exemples en matière de politique et de morale.
Plat figurant Moïse engloutissant l’armée de Pharaon dans la mer (entre 1700 et 1725) par la Fabrique des Clérissy, d’après une gravure de Pierre Mariette – MucemTenture de l’histoire de Moïse : « La Verge changée en serpent » (1683) – Manufacture des Gobelins, d’après un modèle de Nicolas Poussin – Mobilier national (Paris)« Nectanébo pratiquant la divination » dans une version arménienne du « Roman d’Alexandre » (vers 1646) – Iran – Bibliothèque nationale de France
« Le Roman d’Alexandre », fiction forgée par les successeurs d’Alexandre le Grand en Égypte, prétend que celui-ci n’est pas le fils du roi de Macédoine, mais du dernier des pharaons, Nectanébo. Ce magicien aurait séduit la reine de Macédoine et conçu avec elle le héros qui, conquérant à son tour l’Égypte, reprendrait en fait son héritage.
Dans le sillage d’Alexandre, figure populaire dans les mondes romain, byzantin et islamique, le souvenir déformé du dernier roi d’Égypte a ainsi traversé le Moyen Âge.
« L’Expérience de Psamnétique, roi d’Égypte, sur la langue primitive » (1777) par Jean Simon Berthélemy (1743-1811) – Musée du Louvre
« Cléopâtre » (1852-1853) par Henri Ducommun du Locle (1804-1884) – Musée des Beaux-Arts de Marseille
Les historiens romains ont transmis de Cléopâtre l’image d’une séductrice libidineuse et ambitieuse, incarnant les charmes dangereux de l’Orient. Son suicide légendaire par morsure de serpent est un sujet de prédilection pour les artistes chrétiens qui y voient l’occasion de peindre la chair nue tant condamnée, mais aussi un geste héroïque.
En revanche, dans le monde arabe classique, Cléopâtre passe pour une reine savante, une fine administratrice attachée à la défense de son royaume et une grande bâtisseuse.
Carte à jouer : Cléopâtre en dame de trèfle (1840) par le dessinateur Louis Marie Atthalin – Mucem« Cléopâtre » (1697 au plus tard) par Claude Bertin (1653-1705) – Musée du Louvre
Pharaons, le retour
Grâce au déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, certains pharaons sortent progressivement de l’oubli. Les médias et les musées, en plein essor au XXe siècle, les hissent au rang de vedettes internationales, délaissant les anciennes figures littéraires. Ramsès, Akhénaton, Néfertiti et Toutânkhamon rejoignent Khéops et Cléopâtre comme héros de nouveaux récits populaires inspirés par notre fascination pour l’Égypte.
Fragment de colonne : Néfertiti offre un bouquet au globe solaire – Amarna, Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – The Ashmolean Museum of Art and Archaeology (Oxford)Fragment de visage d’une statue d’Akhénaton – Amarna, Égypte (XIVe siècle av. J.-C.) – British Museum (Londres)La « tête bleue », faux imitant les portraits de Néfertiti et Toutankhamon (avant 1923) – Musée du LouvreAffiches d’expositions consacrées à Toutankhamon – Paris (1967, 1976 et 2019)
Avec la multiplication des médias visuels et l’industrialisation de produits de grande consommation et de publicité, les pharaons servent aussi d’arguments commerciaux. L’image des pharaons se diffuse alors sur des types de supports infiniment variés : films et photos d’actualités, produits publicitaires et biens manufacturés, imagerie populaire, œuvres d’art et films de fiction.
Affiches de films sur la reine Cléopâtre
Depuis le XXe siècle, en Afrique et dans les diasporas africaines, des créateurs et des célébrités comme Beyoncé, se sont emparés des icônes pharaoniques pour en faire des figures tutélaires de l’identité noire et des emblèmes de la « black pride » (fierté noire).
Sweat-shirt de la collection « Homecoming » de la marque Beyoncé (2018) – Mucem
Commissariat de l’exposition
Frédéric Mougenot, commissaire général, conservateur du patrimoine, collections Antiquités et Céramiques, Palais des Beaux-Arts de Lille Guillemette Andreu-Lanoë, commissaire associée, directrice honoraire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre
Répliques du buste de Néfertiti (années 1930) par l’Atelier de moulages des musées de Berlin – Musées royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles)
En savoir +
Sur le site Internet du Mucem, une page spéciale est dédiée à l’exposition.
« Grey Area » (Zone Grise) (1993) par Fred Wilson (né en 1954) – Tate (Londres)
Exposition « Pharaons Superstars »
22 juin — 17 octobre 2022
Mucem
1, Esplanade J4
13002 Marseille
Après le Mucem à Marseille, l’exposition sera présentée au musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne du 24 novembre 2022 au 6 mars 2023.
Masque de Toutankhamon en chocolat (2016) par Jérémy Mazé, chocolatier, meilleur ouvrier de France – Maison Georges Larnicol
Exposition « Clouet, à la cour des petits Valois »
4 juin – 2 octobre 2022
Cabinet d’arts graphiques du château de Chantilly
La découverte de peintures exceptionnelles représentant deux des enfants de François Ier, appartenant à la même série que l’un des tableaux de Chantilly et basés par les dessins conservés au musée Condé, forme le début d’une histoire passionnante sur la fabrique du portrait d’enfant royal.
Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé du château de Chantilly, évoque le développement de ce genre aux codes bien particuliers, ainsi que l’histoire de ces jeunes princes et princesses.
« Charles de France, duc d’Angoulême (1522-1545) » et « Madeleine de France, future reine d’Écosse (1520-1537) » (vers 1540-1545) par François Clouet (vers 1515-1572) – Ortiz Collection (Genève)« Henri de France, duc d’Orléans, futur Henri II (1519-1559) » par Jean Clouet (vers 1485 – vers 1540) – Musée Condé (Chantilly)
Fier de sa nombreuse descendance, le roi François Ier souhaita célébrer par l’image sa bonne fortune. À l’aube de son départ pour la guerre en Italie, il demanda à son portraitiste en titre, Jean Clouet, de capturer sur le papier les visages de ses enfants afin d’en tirer des portraits. Cette série de dessins ou crayons est aujourd’hui conservée à Chantilly.
« Henri de France duc d’Orléans, futur Henri II (1519-1559) » (vers 1540-1545) par François Clouet – Musée Condé (Chantilly)
Deux séries peintes en furent tirées : la première, de petites dimensions, due à Jean Clouet, ne nous est que partiellement parvenue. La seconde, que les études menées à l’occasion de l’exposition attribuent à François Clouet, travaillant au début des années 1540 d’après des dessins de son père Jean, est plus complète.
À droite : « Marguerite de France, future reine de Navarre (1553-1615) » par François Clouet – Musée Condé (Chantilly)« François II, roi de France (1544-1560) » par François Clouet – Collection particulière
L’exposition présente de nombreux portraits d’Enfants royaux au XVIe siècle, dessinés par Jean et François Clouet, mais aussi par des portraitistes moins célèbres comme Germain Le Mannier ou Jean Decourt.
« François, dauphin de France, puis François II » (vers 1556) par Germain Le Mannier (actif entre 1537 et 1560) – Bibliothèque nationale de France« Charles III, duc de Lorraine et de Bar (1543-1608) » (vers 1556) par Germain Le Mannier (actif entre 1537 et 1560) – Bibliothèque nationale de France
Tous les membres de la cour des enfants, réunissant le futur François II, son épouse la petite Marie Stuart, les futurs Charles IX, Henri III, Marguerite de Valois et François d’Alençon, seront réunis.
« François, dauphin de France, futur François II, roi de France et d’Écosse (1544-1560) » (vers 1545-1548) par François Clouet et son atelier – Musée Condé (Chantilly)« François, dauphin de France, futur François II, roi de France et d’Écosse (1544-1560) » (vers 1545-1548) par François Clouet – Musée Condé (Chantilly)« Jeanne III d’Albert, future reine de Navarre (1528-1572) » (vers 1540) par François Clouet – Musée Condé (Chantilly)
Les prêts de la Bibliothèque nationale de France mais aussi de collections particulières viennent dialoguer avec les dessins du musée Condé, pour explorer le développement du portrait d’enfant.
« Élisabeth (Isabelle) de France, future reine d’Espagne (1545-1568) » (vers 1559) par Germain Le Mannier (actif entre 1537 et 1560) – Bibliothèque nationale de France
« Henri (Alexandre-Édouard) de France, duc d’Orléans, puis d’Anjou, futur Henri III, roi de France et de Pologne (1551-1589) » (vers 1555) par Germain le Mannier (actif entre 1537 et 1560) – Musée Condé (Chantilly)
Exposition « Clouet, à la cour des petits Valois »
4 juin – 2 octobre 2022
Cabinet d’arts graphiques
Château de Chantilly
60500 Chantilly
« Charles Maximilien de France, futur Charles IX, roi de France avec un chat (1550-1574) par un peintre de l’entourage de Germain le Mannier – Musée Condé (Chantilly)