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[Visite privée] « Peindre hors du monde » au musée Cernuschi

Exposition « Peindre hors du monde. Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing »
5 novembre 2021 – 6 mars 2022
Musée Cernuschi (Paris)

« Le pavillon de la félicité parfaite » : c’est le nom donné par Ho Iu-kwong (1907-2006) à son exceptionnelle collection de peintures chinoises anciennes. Ce nom évoque à la fois la félicité inséparable de la contemplation des chefs-d’œuvre, mais aussi celle qui naît de l’accomplissement d’une action généreuse.

Les 100 chefs-d’œuvre, exposés jusqu’au 6 mars 2022 à Paris, sont nées du pinceau des plus grands maîtres des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1912). La collection, offerte en 2018 au musée d’art de Hong Kong, est présentée en Europe pour la première fois.

Suivez Éric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi, pour vivre quelques instants en retrait du monde, parmi les forêts et les montagnes, avec les sages et les poètes chinois.

« Les Monts Huang » par Mei Qing (1624-1697) – Musée d’art de Hong Kong

Le musée d’art de Hong Kong conserve un peu plus de 7.000 calligraphies et peintures chinoises. Parmi les plus précieuses d’entre elles, figurent les œuvres rassemblées par le collectionneur et philanthrope Ho Iu-kwong. Cette collection, initiée dans les années 1950, a permis de préserver un patrimoine qui semblait alors promis à la dispersion.

Détail de « Le jeune Qian lisant » (1483 par Shen Zhou (1427-1509) – Musée d’art de Hong Kong

Ainsi, les jardins du Sud de la Chine évoqués par les peintres Shen Zhou ou Wen Zhengming présentent l’image poétique d’un idéal partagé par de nombreux lettrés de leur temps. Au sein d’une vie principalement dédiée aux devoirs de leurs charges administratives, certains entrevoient dans ces coins de nature, des lieux où la quête de sagesse devient possible grâce à l’étude et la méditation.

Détail de « Paysage dans le style de Dong Yuan et de Juran » (1555) par Wen Zhengming (1470-1559) – Musée d’art de Hong Kong

Le genre du paysage exerce un rôle majeur dans l’histoire de la peinture chinoise depuis la dynastie des Song (960-1279). Sous les Ming, paysages et jardins sont investis de nombreuses significations, reflets des pratiques collectives, mais aussi des aspirations les plus personnelles.

« Cueillette des champignons d’immortalité » par Lu Zhi (1496-1576) – Musée d’art de Hong Kong
Détail de « L’éveil du dragon au printemps » par Qiu Ying (vers 1494-vers 1552) – Musée d’art de Hong Kong
Détail de « Pêcheur reclus entre rivière et fleurs » (1570) par Wen Boren (1502-1575) – Musée d’art de Hong Kong
« Paysages » par Lan Ying (1585-vers 1664) – Musée d’art de Hong Kong

L’effondrement de la dynastie Ming et la conquête de l’empire par les Mandchous sont des événements profondément traumatisants pour les lettrés de l’époque. La prise de Pékin en 1644 et la fondation d’une nouvelle dynastie sont suivies de quarante ans de résistance armée. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui s’isolent dans les montagnes, renonçant à la carrière de fonctionnaire et masquant leur identité. Certains deviennent moines.

« Paysage inspiré des poèmes de Tao Qian » par Gao Jian (1635-1713) – Musée d’art de Hong Kong
« Paysage inspiré des poèmes de Tao Qian » par Gao Jian (1635-1713) – Musée d’art de Hong Kong
« Paysages » (1645) par Xiao Yuncong (1596-1669) – Musée d’art de Hong Kong

« La réussite vraie n’est que cela,
Pour embrasser de lointains horizons, nul besoin de relations !
Il semble qu’on ne garde rien des jouissances accomplies,
Qu’on doit céder ce que nous chérissons aux excentriques,
Je désigne ces milliers de roches superposées
Et conquiers des falaises hautes de cent pieds.
Quand pourrai-je déplacer ma maison couverte de tuiles
Pour m’installer en voisin d’un vieux pin ? » – Huang Daozhou traduit par Radu Bikir

Poème en calligraphie semi-crusive par Huang Daozhou (1585-1646) – Musée d’art de Hong Kong

Commissariat de l’exposition

Commissaires :
Eric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi
Maria Mok, directrice du musée d’art de Hong Kong
Maël Bellec, conservateur en chef au musée Cernuschi
Yuen-kit Szeto, conservateur en chef au musée d’art de Hong Kong Hing-sun Tang, conservateur au musée d’art de Hong Kong
Conseiller scientifique :
Cédric Laurent, professeur à l’Université Rennes 2

« Paysage » par Zou Zhilin (1574-vers 1654) – Musée d’art de Hong Kong

En savoir +

Consultez la page spéciale sur le site Internet du musée Cernuschi.

Exposition « Peindre hors du monde. Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing »
5 novembre 2021 – 6 mars 2022
Musée Cernuschi
7, avenue Vélasquez
75008 Paris

[Exposition] « Inferno » à Rome

Exposition « Inferno »
5 octobre 2021 – 23 janvier 2022
Scuderie del Quirinale (Rome)

Après l’événement de 2020 consacré au peintre Raphaël, les Écuries du Quirinale à Rome commémorent l’anniversaire des 700 ans de la mort de Dante Alighieri avec une exposition conçue par Jean Clair et organisée par Jean Clair et Laura Bossi.

Du Moyen Âge à nos jours, les artistes ont donné leur vision de l’Enfer et de la damnation. Cet Enfer est aussi celui que l’on peut vivre sur terre avec la folie, l’aliénation, les guerres et les exterminations.

« Le  siècle  dans lequel nous vivons est devenu l’enfer. » – Jean Clair

L’exposition présente plus de 200 œuvres prêtées par plus de 80 grands musées, collections publiques et privées d’Italie et du Vatican, de France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Portugal, Belgique, Suisse, Luxembourg, Bulgarie.

Détail de « La Porte de l’Enfer » par Auguste Rodin – Musée Rodin (Paris)

Parmi les chefs-d’œuvre exposés, ceux de Botticelli, Bosch, Bruegel, Goya, Manet, Delacroix, Rodin, Cézanne, Dix, Richter, Kiefer. Je vous propose de découvrir, en images, ceux qui m’ont le plus marqué lors de ma visite.

« La chute des anges rebelles » (vers 1725-1735) attribué à Agostino Fasolato – Palazzo Leoni Montanari (Vicenza)
Détail de « La chute des anges rebelles » (vers 1725-1735) attribué à Agostino Fasolato – Palazzo Leoni Montanari (Vicenza)
Détail de « La chute des anges rebelles » (vers 1725-1735) attribué à Agostino Fasolato – Palazzo Leoni Montanari (Vicenza)

« Par moi on va vers la cité dolente ;
Par moi on va vers l’éternelle souffrance ;
Par moi on va chez les âmes errantes. » – Dante (« La Divine Comédie »)

Origine de l’Enfer

Dès les premiers temps, la question de la mort et de l’au-delà a été au cœur de toutes les religions. La croyance dans l’existence d’un règne des morts se retrouve ainsi en Mésopotamie, en Égypte, dans toutes les religions orientales, chez les Grecs, les Étrusques et les Romains.

Détail du « Jugement dernier » par le Maître de la Glorification de la Vierge (actif au cours de la seconde moitié du XVe siècle) – Arp Museum Bahnhof Rolandseck (Remagen)
« La Mort » (vers 1522) par Gil de Ronza (1480-1534) – Musée national de la sculpture (Valladolid)
« Le Jugement dernier » (1425) par Beato Angelico (1395-1455) – Museo di San Marco (Florence)
« La chute des anges rebelles » (1612-1614) par Andrea Commodi (1560-1638) – Galerie des Offices (Florence)
Détail de « La chute des anges rebelles » (1612-1614) par Andrea Commodi (1560-1638) – Galerie des Offices (Florence)

Dans le christianisme, l’Enfer est nécessaire car il rend plus lourd le choix de chacun en faveur du Bien ou du Mal. L’Enfer chrétien fait souffrir à la fois les sens et l’esprit, à travers le remord et la conscience de l’éternité des peines et de l’irrévocable éloignement de Dieu.

La bouche de l’Enfer

Le motif de la bouche de l’Enfer apparaît au tout début de l’an mille dans le monde anglo-saxon, puis se répand dans toute l’Europe occidentale à travers la miniature et la sculpture.

« Histoire romaine : Sénèque et Cicéron » – Manuscrit du XVe siècle – Bibliothèque nationale de France
« Psautier d’Henri de Blois » (seconde moitié du XIIe siècle) – British Library (Londres)
« Descente du Christ aux Limbes » (1913) par Charles Édouard Pouzadoux (1860-1940) – Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris)
« Liber Floridus » – Manuscrit du XIIIe siècle – Bibliothèque nationale de France

Le motif de la bouche de l’Enfer permet de donner un visage au Mal. Elle se retrouve dans plusieurs épisodes fondamentaux du christianisme, tels que la Chute des anges rebelles, le Jugement dernier ou le Christ en Enfer.

« Les Enfers » (1622) par François de Nomé (1593-1624) – Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie (Besançon)

La fin du Moyen Âge inaugure une nouvelle vision de l’Enfer avec de multiples descriptions des peines, favorisant l’interprétation morale du châtiment divin.

« L’Enfer » par un artiste portugais anonyme du XVIe siècle – Museu Nacional de Arte Antigua (Lisbone)
Détail de « L’Enfer » par un artiste portugais anonyme du XVIe siècle – Museu Nacional de Arte Antigua (Lisbone)
« Satan exhortant ses légions » (1796-1797) par Sir Thomas Lawrence (1769-1830) – Royal Academy of Arts (Londres)

Voyageurs en Enfer et paysages de l’Enfer

La « catabase » est la descente d’une personne aux Enfers. Le thème est déjà présent dans l’épopée de Gilgamesh, rédigée à Babylone vers 1800-1700 avant J.-C. Dans l’ « Odyssée », on retrouve le récit de la catabase – ou plutôt une communication avec l’Au-delà – qu’Ulysse effectue pour consulter l’ombre de Tirésias, le devin aveugle, sur son destin.

« Vision apocalyptique » (XVIe siècle) par un suiveur de Jérôme Bosch – Palazzo Ducale, Fondazione Musei Civici di Venezia (Venise)
« Inferno » (1570) par Pieter Huys (1519-1581) – Musée du Prado (Madrid)
Détail de « Inferno » (1570) par Pieter Huys (1519-1581) – Musée du Prado (Madrid)
Détail de « Inferno » (1570) par Pieter Huys (1519-1581) – Musée du Prado (Madrid)

La catabase la plus ingénieuse est celle imaginée par Dante dans « La Divine Comédie ». Il raconte à la première personne son voyage sans les trois règnes de l’Au-delà : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

« La Bouche de l’Enfer et la barque de Charon avec la sybille Cumana et Énée » (1620) par Jacob Isaacszoon Van Swanenburg (1571-1638) – Collection privée (Svizera)

Dante auteur de la « Divine Comédie »

Retrouvée dans son intégralité en 1322, quelques mois après la mort de Dante, la « Divine Comédie » connaît immédiatement un immense succès. Pourtant l’œuvre ne devait pas être de lecture facile.

Manuscrit illustré de « La Divine Comédie » de Dante Alighieri (1265-1321) – Biblioteca Apostolica Vaticana

« Le jour disparaissait, et l’air obscur interrompait les fatigues des êtres vivants sur terre. Mais moi, seul d’entre eux, je m’apprêtais à soutenir la guerre du long parcours et des pitiés poignantes que sans faillir redira ma mémoire. Muses ! Hauteur de pensée ! Aidezmoi ! » – Dante (« La Divine Comédie »)

Dante offre, surtout dans le premier des trois cantiques, des histoires et des scènes qui se prêtent à une transposition visuelle et à la création d’iconographies marquantes.

À droite : « L’exil de Dante » (1865) par Andrea Besteghi (1817-1869) – Palazzo Legnani Pizzardi (Bologne)

Au cours du XIXe siècle italien, Dante a incarné, dans les arts et la littérature, l’idéal de l’unité de la langue et de la culture, à la base du parcours vers l’unification nationale du pays.

« L’exil de Dante » (1860) par Domenico Petarlini (1822-1898) – Galerie des Offices (Florence)

Topographie de l’Enfer

Lorsqu’il construit son Enfer, Dante reprend plusieurs thèmes et personnages des Enfers païens. Il imagine une cité souterraine avec des accès surveillés, des routes, des ponts, des châteaux, des murailles…

« Dante con l’espositione di M. Bernardino Daniello da Lucca » (1568) – Biblioteca dell’Academia Nazionale dei Lincei e Corsiniana (Rome)
« La Carte de l’Enfer » (1481-1488) par Sandro Botticelli (1444/45-1510) – Bibliothèque apostolique vaticane. Artiste Date

Comme Botticelli l’illustrera à merveille, le cône renversé de l’Enfer dantesque est subdivisé en neuf cercles descendants, disposés en huit niveaux comparables aux gradins d’un amphithéâtre, qui se restreignent au fur et à mesure que l’on s’approche du centre de la Terre. C’est là que les damnés sont placés selon la gravité croissante de leurs fautes.

« Le voyage de Virgile et Dante aux Enfers » (1586-1588) par Federico Zuccari (1540-1609) – Musée du Louvre

 

« Dante et Virgile » (1850) par William Bouguereau (1825-1905) – Musée d’Orsay

L’Enfer de Dante. Le défi en peinture

À côté des illustrations et miniatures, les grandes icônes picturales ont eu aussi un impact sur l’imaginaire infernal moderne dans l’Europe entière.

« Dante Alighieri » (vers 1800) par William Blake (1757-1827) – Manchester Art Gallery
« La barue de Charon » (1896) par José Benlliure y Gil (1855-1937) – Musée des Beaux-Arts (Valence)

Les scènes sont presque toujours dominées par les figures de Dante et Virgile qui, en spectateurs, animent les paysages par leur allure pensive et leurs gestes éloquents.

« Dante et Virgile devant la barque de Charon » (avant 1874) par Paolo Vetri (1855-1937) – Galleria d’Arte Moderna (Palerme)
À gauche : « Dante et Virgile aux enfers, dans le cercle des traîtres à la patrie » (1879) par Gustave Courtois (1852-1923) – Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie (Besançon)
« Dante et Virgile aux enfers, dans le cercle des traîtres à la patrie » (1879) par Gustave Courtois (1852-1923) – Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie (Besançon)

L’exposition présente une copie par Manet de la célèbre « Barque de Dante » peinte par Delacroix.

« La Barque de Dante » par Édouard Manet (1832-1883) d’après Eugène Delacroix – Musée des Beaux-Arts de Lyon
« Ugolin et ses enfants » (1882-1889) par Auguste Rodin (1840-1917) – Musée Rodin (Paris)

 Paolo et Francesca

Le cinquième chant de l’ « Enfer » parle de l’amour tragique de Francesca da Rimini et Paolo Malatesta.

« Paolo e Francesca nel vortice infernale » (1854) par Ary Scheffer (1798-1862) – Hamburger Kunsthalle (Hambourg)

Alors que Dante et Virgile arrivent dans le deuxième giron, le couple des amants enlacés attire l’attention du poète qui leur dédie une profonde réflexion sur l’amour passionnel, vainqueur sur la raison mais au dénouement tragique.

« Francesca da Rimini » (1846) par Giuseppe Frascheri (1809-1896) – Musei di Nervi (Gênes)

« Virgile et Dante dans le neuvième cercle de l’Enfer » (1861) par Gustave Doré (1832-1883) – Musée du Monastère royal de Brou (Bourg-en-Bresse)
« La chasse sauvage » (1899) par Franz Von Stuck (1863-1928) – Musée d’Orsay

Les Métamorphoses du diable

Dans la littérature apocryphe et dans le « Nouveau Testament », le personnage de Satan est une créature au pouvoir extraordinaire : il est l’adversaire de Dieu.

« Satan » (1834) par Jean-Jacques Feuchère (1807-1852) – Musée du Louvre
« La création de la femme » (1900-1905) par Alfred Kubin (1877-1959) – Collection Mony Vibescu (Paris)

Dante conçoit les diables comme des intelligences chassées de la patrie céleste, des « anges noirs précipités du ciel ». Le prince des démons est dénommé Satan, Belzébuth ou Dite  (de « dus pater », divinité latine du monde souterrain).

« La vision de Tondal » (vers 1500) par l’atelier de Jérôme Bosch – Museo Lazaro Galdiano (Madrid)

À la Renaissance, Jérôme Bosch représente des légions infernales qui attaquent les hommes avec une multitude d’objets ainsi que des formes étranges.

Le Diable vient à nous. Péchés et tentations

Le Diable n’a pas connu son âge d’or seulement au cours du Moyen Âge mais aussi à l’aube de la modernité, à une époque où l’Enfer et ses tourments ont monopolisé l’imagination des Européens.

« La tentation du Christ » (1403 et 1424) par Lorenzo Ghiberti (1378-1455) – Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris)

La plus célèbre des tentations est celle de saint Antoine, abbé ayant vécu en Égypte au IIIe siècle et qui s’est retiré dans le désert pour se consacrer à la prière, à l’abstinence et à la méditation.

« La tentation de saint Antoine » (1645) par Salvator Rosa (1615-1673) – Museo Pinacoteca Rambaldi (Sanremo)
« La tentation de saint Antoine » (1887) par Paul Cézanne (1839-1906) – Musée d’Orsay
« La tentation de saint Antoine » (1601-1625) par Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625) – Musée national de la sculpture (Valladolid)

Au centre : « La mort de la pourpre » (1914) par Georges Antoine Rochegrosse (1859-1938) – Musée d’arts de Nantes

Les enfers humains

L’humanité est travaillée par le Mal depuis son origine… Le premier homme né d’un couple humain, Caïn, est un criminel, assassin de son frère. Mais avec l’avènement de la société industrielle, le Mal s’est lui aussi industrialisé.

« Coulée de fonte à Indret » (vers 1864) par François Bonhommé (1809-1881) – Écomusée (Le Creusot)

Les mégalopoles, avec leurs lots de misérables et de bouges sordides, ont pris des proportions inédites. Les usines et le travail à la chaîne ont transformé les humains en forçats soumis à des cadences infernales.

« Prisons » de la série « Prisons d’invention » par Giovanni Battista Piranesi (1720-1778) – Castello Sforzesco (Milan)

La guerre et ses atrocités ont aussi changé d’échelle, avec les bombes incendiaires et les armes de destruction massive. Les camps de la mort font écho à la démesure de l’Enfer décrit par Dante : un abîme méthodiquement ordonné où gémissent d’indénombrables humains.

« Tué au gaz : In Arduis Fidelis » (1919) par Gilbert Rogers (1881-1956) – Imperial War Museum (Londres)
« La guerre : le crâne » (1924) par Otto Dix (1891-1969) – Collection Alychlo (Belgique)
« Le siège de Paris » (1871-1884) par Ernest Meissonier (1815-1891) – Musée d’Orsay
« Les horreurs de la guerre : l’exode » (1917) par Gaetano Previati (1852-1920) – Collection Isolabella (Milan)
« Les désastres de la guerre : Ravages de la guerre » par Francisco de Goya y Lucientes – Castello Sforzesco (Milan)
« Les désastres de la guerre : Charité » par Francisco de Goya y Lucientes – Castello Sforzesco (Milan)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

L’enfer sur terre : l’extermination

Chef-d’œuvre de la littérature, « Si c’est un homme » de Primo Levi est le récit mémoriel de la période d’enfermement que l’auteur a vécue dans le camp de concentration Buna-Monowitz. Primo Levi a été l’un des vingt survivants parmi les 650 Juifs italiens qui étaient arrivés avec lui dans ce camp.

« N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gavez ces mots dans votre cœur. » – Primo Levi

« Le Petit Camp à Buchenwald » (1945) par Boris Taslitzky – Musée national d’art moderne (Paris) et, à gauche, « Hell : Dachau Memorial » par Fritz Koelle (1895-1953) – Stiftung Deutsches Historishes Museum (Berlin)

Revoir les étoiles

« Et dès lors, nous sortîmes revoir les étoiles . » – Dante (dernier vers de « L’Enfer »)

Au second plan : « Falling stars » (1995) par Anselm Kiefer – Collection privée (Londres)

Source du texte : guide de visite de l’exposition

En savoir +

Consultez le site Internet des Scuderie del Quirinale.

Exposition « Inferno »
5 octobre 2021 – 23 janvier 2022
Scuderie del Quirinale (Rome)

[2021] Les 5 articles les + lus sur mon Blog

Vous avez été plus de 65.000 visiteurs à venir sur mon Blog pour lire près de 130.000 pages en 2021, égalant la performance exceptionnelle due aux premiers confinements « covidiens » de l’année précédente.

Quelles ont été les articles les + lus en 2021 ?

En 2021, les articles autour des expositions « Le renouveau de la Passion » au château d’Écouen, « Tadjikistan » au musée Guimet, « Voyage sur la route du Kisokaidō » au musée Cernuschi et « Napoléon n’est plus » au musée de l’armée font partie des articles les plus lus en 2021… mais quels sont les 5 qui se classent aux premières places de ce podium ?

Exposition « Voyage sur la route du Kisokaidō » au musée Cernuschi

Voici le Top 5  !

5ème place : [Visite privée] Exposition Rigaud au château de Versailles

L’exposition consacrée à Hyacinthe Rigaud (1659-1743) a créé l’événement en 2021. Il s’agissait, en effet, de la première grande rétrospective consacrée à l’auteur du plus célèbre des portraits du Roi Soleil.
L’article accompagnant une visite privée de 70 minutes avec Ariane James-Sarazin, conservatrice général du patrimoine, directrice adjointe du musée de l’Armée et commissaire scientifique de l’exposition, prend la cinquième place de ce classement.

4ème place : [Visite privée] Exposition « Les origines du monde » au musée d’Orsay

Du 19 mai au 18 juillet 2021, le musée d’Orsay proposait une exploration du rapport entre les arts et les sciences au cours du XIXe siècle. Cette période charnière voyait alors se cristalliser l’inventaire de la nature, en même temps que se consolidait la science moderne.
L’article accompagnant la visite de l’exposition avec Laura Bossi, neurologue, historienne des sciences et commissaire générale de l’exposition, se classe quatrième.

3ème place : [Entretien] Ludovic Laugier, conservateur des sculptures grecques du Louvre

En marge du tournage de la web-série sur les « Mythes et artistes de la Grèce antique au Louvre », Ludovic Laugier avait accepté de répondre aux questions d’Antoine Lavastre et Nicolas Bousser de Coupe-File Art.
Au cours de cet entretien, il revenait sur sa formation, son parcours et décrivait les missions d’un conservateur du patrimoine au musée du Louvre.

2ème place : [Web-série] Mythes et artistes de la Grèce Antique au Louvre

Bien que publié fin 2020, l’article sur la web-série tournée avecLudovic Laugier pour le Blog du Scribe et le web-magazine Coupe-File Art prend la deuxième place du classement 2021.
Boostés par l’interview de Ludovic Laugier par Jean de Loisy en janvier 2021 pour l’émission « L’art est la matière » sur France Culture, Crésilas, Praxitèle, Héraclès et Aphrodite ont trouvé leur public.
Succès pour la Grève antique ! Merci Ludovic Laugier !

1ère place : [Visite privée] Exposition « Le Corps et l’Âme » au Louvre

Du 22 octobre 2020 au 21 juin 2021, le musée du Louvre a présenté un splendide panorama de la sculpture de la seconde moitié du XVe siècle et du début du XVIe siècle.
Cet article – publié en octobre 2020 – autour de la visite privée avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre, a été le plus lu sur mon Blog en 2021.

Merci à toutes et tous pour votre fidélité !

[Exposition] La collection Al Thani à l’Hôtel de la Marine

Exposition inaugurale : « Trésors de la Collection Al Thani »
depuis le 18 novembre 2021
Hôtel de la Marine (Paris)

À l’issue d’un chantier de restauration et d’aménagement qui s’est déroulé entre 2017 et 2020, l’Hôtel de la Marine a ouvert ses portes au public en juin 2021. Ce bâtiment prestigieux a été occupé pendant plus de 200 ans par le ministère et l’état-major de la Marine.
Le lieu a été restitué dans son état premier, celui de la construction des bâtiments au XVIIIe siècle, le siècle des Lumières. Les salons d’apparat qui bordent la loggia ont quant à eux été maintenus dans le décor voulu par le Ministère de la Marine au milieu du XIXe siècle.

Situé sur la place de la Concorde, au cœur de Paris et au sein d’un monument de plus de 12.700m², l’Hôtel de la Marine abrite un espace muséal d’une superficie de 400 m2 entièrement consacré à la Collection Al Thani.

La Collection Al Thani

La Collection Al Thani est l’une des plus prestigieuses collections au monde qui réunit des œuvres provenant de nombreuses civilisations, de l’Antiquité à nos jours. Elle rassemble plus de 6.000 œuvres : antiquités, joyaux, peintures, manuscrits, objets anciens et historiques.

« L’abondance, la diversité, le prestige de la collection Al Thani, la qualité des relations qu’elle entretient avec les plus grandes collections publiques et privées internationales, constituent, pour les visiteurs de l’Hôtel, la promesse d’expositions de tout premier plan. » – Philippe Bélaval, Président du Centre des monuments nationaux

Les civilisations du monde

La première galerie accueille 7 chefs-d’œuvre illustrant la créativité humaine à travers les civilisations sur une période de plus de 5.000 ans.

Contemplatrice d’étoiles – Asie Mineure occidentale (vers 3.300-2.500 av. J.-C.) – Collection Al Thani
Figure en marche – Monts Zagros ou Asie centrale – Culture proro-élamite (vers 3.000-2.800 avant J.-C.) ou culture de l’Oxus (vers 2.200-2.000 avant J.-C.) – Collection Al Thani
Pendentif masque – Mexique ou nord de l’Amérique centrale – Maya (200-600 après J.-C.) – Collection Al Thani

Pendentif masque
Mexique ou nord de l’Amérique centrale – Maya (200-600 après J.-C.)
Ce pendentif en forme de masque est une survivance très rare d’objets en bois provenant du pays des Mayas, où le climat chaud et humide empêche la préservation archéologique de la plupart des matériaux organiques. La coiffure prend la forme du haut de la tête et de la mâchoire d’un félin. Vénérés comme symboles de la royauté, les jaguars ornaient souvent les costumes royaux.

Tête d’une figure royale – Égypte – Nouvel Empire (1475-1292 avant J.-C.) – Collection Al Thani

Tête d’une figure royale
Égypte – Nouvel Empire (1475-1292 avant J.-C.)
Cette tête d’un personnage royal a été taillée dans un morceau de jaspe rouge. Elle représente probablement la reine Hatchepsout ou le roi Thoutmosis III.

Ours assis – Chine – Dynastie des Han occidentaux (206-25 avant J.-C.)- Collection Al Thani

Ours assis
Chine – Dynastie des Han occidentaux (206-25 avant J.-C.)
Cette sculpture représente un ours dodu qui se gratte l’arrière de l’oreille droite avec sa patte antérieure. Depuis les Han, et peut-être avant déjà, les ours ont été associés aux prouesses militaires, au chamanisme, à l’immortalité et à la virilité.

Tête d’homme – Nigérai – Culture Nok (vers 500 avant J.-C. – 500 après J.-C.) – Collection Al Thani

Les visages à travers les âges

La deuxième galerie présente 11 visages sculptés provenant de différentes périodes et de différents lieux mais réunis par un thème commun : la représentation de la figure humaine.

Tête de reliquaire – Gabon (vers 1700-1850) – Collection Al Thani
Chefs-d’œuvre des terres d’Islam – Collection Al Thani

Chefs-d’œuvre des terres d’Islam

Conçue pour les expositions temporaires, cette galerie accueille actuellement des œuvres d’art provenant de l’ensemble du monde musulman. Elle réunit des objets utilisés à la cour, aussi bien à des fins récréatives que dans un contexte religieux.

Perroquet – Inde du Nord et Deccan (1700-1825) – Collection Al Thani
« L’empereur Jahangir avec Asaf Khan et un lion » – Inde – Époque moghole (1650-1700) – Collection Al Thani
« Un jeune musicien » – Qazvin, Iran – Époque safavide (vers 1590-1600) – Collection Al Thani
Coupe à vin de l’empereur JahângîrInde du Nord – Moghol (1607-1608 après J.-C.) – Collection Al Thani

Coupe à vin de l’empereur Jahângîr
Inde du Nord – Moghol, datée de 1016 H (1607-1608 après J.-C.)
Cette coupe à vin est le plus ancien objet en jade daté que l’on puisse associer en toute certitude à un empereur moghol. Elle comporte trois bandes calligraphiées : la bande centrale contient une dédicace royale indiquant que la coupe a été créée pour l’empereur Jahângîr ; la bande supérieure confirme qu’il s’agit de la coupe personnelle de l’empereur et qu’elle a été faite la deuxième année de son règne.

Rhyton – Orient hellenisé (vers 100 avant J.-C. – 100 après J.-C.) – Collection Al Thani

Un trésor antique

Cette dernière galerie met en valeur des matériaux précieux : objets en pierre finement ciselés, récipients en or et en argent, bijoux et ornements.

Plat – Iran – Époque sassanide (vers 400-600 après J.-C.) – Collection Al Thani
Vase – Iran – Époque sassanide (400-600 après J.-C.) – Collection Al Thani
Plat – Iran – Époque sassanide (300-500 après J.-C.) – Collection Al Thani

Plat Sassanide
Asie de l’Ouest – Sassanide (300-500 après J.-C.)
Ce plat dépeint une scène de chasse, thème populaire de l’Antiquité tardive. Le roi Shapur II, reconnaissable à sa couronne officielle, est représenté dans le vif de l’action, bandant son arc pour abattre sa proie.

Plaque en or représentant un héros et un lion au combat
Ziwiyeh – Néo-assyrien (700-600 avant J.-C.)
Cette plaque dorée illustre six scènes dans lesquelles un personnage barbu tue un lion à coups d’épée, image que l’on retrouve souvent sur les reliefs et les sceaux-cylindres assyriens. Elle peut être rapprochée de fragments qui se trouvent actuellement au musée du Louvre, au British Museum et au Metropolitan Museum of Art de New York.

Tête d’homme – Égypte – Nouvel empire (vers 1323-1313 avant J.-C.) et Pièce de jeu de la reine Hatchepsout – Égypte – Nouvel empire (1479-1458 avant J.-C.) – Collection Al Thani

En savoir +

Consultez le site Internet de l’Hôtel de la Marine et celui de la Collection Al Thani.

Plaque – Tibet – Dynastie Yarlung (600-800 après J.-C.) – Collection Al Thani

Exposition inaugurale : « Trésors de la Collection Al Thani »
depuis le 18 novembre 2021
Hôtel de la Marine
2 place de la Concorde
75008 Paris

[Visite privée] « La part de l’ombre » au musée du Quai Branly

Exposition « La part de l’ombre. Sculptures du sud-ouest du Congo »
14 décembre 2021 – 10 avril 2022
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac

Au-delà des emblématiques masques liés au rite initiatique des jeunes garçons, l’exposition du Quai Branly dévoile la statuaire en bois du Sud-Ouest du Congo à travers 163 œuvres.
Si cette région est réputée pour ses créations plastiques, les connaissances touchant à ces objets sont aujourd’hui encore très inégales. En effet, des dizaines de cultures du sud-ouest du Congo ont été « oubliées » par les ethnologues alors que d’autres ont été plus fréquemment mises en lumière.

Découvrez les richesses de la collection conservée au musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren (Belgique) en suivant Julien Volper, conservateur des collections ethnographiques de ce musée.

Masque mayamba, Yaka de Panzi – Acquis auprès d’E. Beer (antiquaire) en 1956 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

Commissariat de l’exposition

Julien Volper est conservateur des collections ethnographiques de l’AfricaMuseum (Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, Belgique). Il a participé à plusieurs expositions en tant que conseiller scientifique ou commissaire dont : « Masques Géants du Congo » (Bruxelles, 2015) et « Du Jourdain au Congo : art et christianisme en Afrique centrale » (musée du quai Branly, 2016).

Masque-heaume hemba, Suku – Acquis auprès de J. Van Wing (missionnaire jésuite) en 1924 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

Tous les masques exposés étaient portés par des hommes, même ceux représentant des personnages féminins.

Masque kwesi, Yaka – Collecté par R. Close (agent territorial) vers 1930 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
Masque pwo, Tshokwe – Collecté par M. Bequaert (conservateur du musée de Tervuren) en 1939 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

Le « mukanda » est un rite d’initiation masculine qui existait dans tout le sud de l’actuelle République Démocratique du Congo mais aussi dans une partie de l’Angola et de la Zambie. Ce rituel, auquel devaient se soumettre tous les garçons et adolescents, débutait par la circoncision et était suivi par une réclusion de plusieurs mois dans un camp en dehors du village. Divers enseignements étaient dispensés, touchant tout autant à la sexualité qu’à l’apprentissage de diverses activités utiles à leur future vie familiale et communautaire – la chasse notamment – ou bien encore aux connaissances des lois et coutumes.

La diversité des fonctions de la statuaire est présentée par des pièces dont la plupart peuvent être considérées comme des « fétiches », à savoir des objets faits de main d’homme et dotés, par le biais de rites précis, de certains pouvoirs. Cependant, certaines statues avaient plutôt une fonction liée à la chasse, l’anti-sorcellerie ou bien encore la guérison de maladies.

Statuette, Mbala – Collectée par A. Lefebvre (missionnaire jésuite) vers 1931 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
Statuette faîtière kishikishi, Pende orientaux – Collectée par C. de Vleminck (agent sanitaire) dans les années 1940 (?) – Felix Collection
Détail d’un pieu céphalomorphe kataaku, Holo – Collecté par A. Maesen (conservateur du musée de Tervuren) en 1954 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
Statue « meso ngindu », Yaka – Collectée par A. Pauwels (missionnaire jésuite) vers 1934 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
Statuette malwambi, Hungaan – Acquise auprès de A. Leysbeth (missionnaire jésuite) en 1959 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
À droite : Statue matamu, Tsaam – Collectée par Mle Père O. Butaye (missionnaire jésuite) vers 1932 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

La sculpture figurative du sud-ouest du Congo ne se limite pas à la statuaire et aux masques. En effet, il existait d’autres catégories d’objets dont l’iconographie accordait une place importante à la représentation humaine ou animale : les armes, les outils , les pendentifs en ivoire, les appuis-nuque et les sièges ou encore d’étonnants instruments divinatoires articulés arborant un masque miniature.

Pendentif djendere/konda-konda – Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
Hachette nkwere, Mfinu (Mfunuka) – Colelctée par le dénommé Jassin avant 1932 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
Galukoshi, Pende – Collecté par M. Colas (missionnaire jésuite) dans les années 1950 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)
Appui-nuque musaw, Yaka – Collecté (?) par A. Verschaffel (administrateur territorial) vers 1930 – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Masque kambanda/kambamba, Pende occidentaux – Collecté par M. P. Blondeau (commissaire provincial) dans les années 1930 (?) – Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

« … un musée se tient toujours en équilibre sur la ligne des savoirs, appelant sans doute moins un franchissement qu’un déploiement, un approfondissement par lequel s’entrouvrent plus nettement les horizons, sensibles et intellectuels, auxquels l’ombre confère un relief entier. » – Emmanuel Kasarhérou, Président musée du quai Branly – Jacques Chirac

Masque bwalabwala, Pende occidentaux – Collecté par P. Hoet (missionnaire jésuite) vers 1932 – Musée Royal de l’Afrique centrale (Tervuren)

En savoir +

– Sur le site Internet du musée du Quai Branly

À droite : Statue, Pindi – Collectée par L. Frobenius (ethnologue) en 1905 – Museum am Rothenbaum (Hambourg)

Exposition « La part de l’ombre. Sculptures du sud-ouest du Congo »
14 décembre 2021 – 10 avril 2022
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
37 quai Branly
75007 Paris

Pendentif gikhoko, Pende – Felix Collection

[Visite privée] « Émailler le verre à la Renaissance » au château d’Écouen

Exposition « Émailler le verre à la Renaissance. Sur les traces des artistes verriers entre Venise et France »
13 octobre 2021 – 14 février 2022
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen

L’exposition du musée national de la Renaissance rassemble un ensemble inédit de splendides verres émaillés et dorés réalisés à la Renaissance… ou plus tardivement. En effet, certains objets qui ont fasciné les cours européennes de la Renaissance et les collectionneurs du XIXe siècle, intriguent les historiens de l’art. Dès le début du XVIe siècle, de nombreux ateliers de verriers sont apparus partout en Europe, notamment en France, s’employant à développer leur propre production « à la façon de Venise ». Au XIXe siècle, l’engouement se traduit aussi par l’apparition de faux.

Cette exposition permet de présenter les résultats de longues années de recherche et d’une collaboration entre le musée du Louvre, le musée national de la Renaissance et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) dans le cadre du projet « Cristallo ».

Cette visite privée passionnante est conduite par Aurélie Gerbier, conservatrice du patrimoine au musée national de la Renaissance, et Françoise Barbe, conservatrice en chef au département des Objets d’art du musée du Louvre.

Gobelet-reliquaire à décor végétal trouvé dans la chapelle de Marie à Triesen – Recettes vénitiennes de la Renaissance – Musée national du Liechtenstein (Vaduz)

Commissariat de l’exposition

Commissariat général
Thierry Crépin-Leblond, conservateur général du patrimoine, directeur du musée national de la
Renaissance, Château d’Écouen
Commissariat scientifique
Aurélie Gerbier, conservatrice du patrimoine au musée national de la Renaissance, Château
d’Écouen
Françoise Barbe, conservatrice en chef au département des Objets d’art du musée du Louvre
Isabelle Biron, ingénieure de recherche au C2RMF

Gobelets trouvés lors des fouilles de l’ancien monastère de Santa Chiara de Cella Nova (Padoue) – Surintendance archéologique de Padoue

L’essor de la verrerie vénitienne est lié à une série d’innovations techniques, parmi lesquelles le cristallo, un verre d’une grande pureté mis au point au milieu du XVe siècle. En parallèle, la décoration dorée et émaillée, déjà en usage à Venise aux XIIIe et XIVe siècles, connaît un renouveau, donnant naissance à une production ornée de motifs géométriques, religieux, héraldiques, ou encore à l’antique.

Coupe couverte sur pied : « Le Triomphe de la Chasteté » – Recettes vénitiennes de la Renaissance – Musée du Louvre, département des Objets d’art

Au sein d’un corpus de plus d’un millier d’œuvres, les travaux de recherche ont permis de déterminer des critères objectifs définissant les recettes vénitiennes de la Renaissance à partir des livres de recettes anciens et des bases de données compilant les compositions chimiques d’objets de référence.

Aiguière à décor végétal, coupe à deux anses et pot cylindrique sur pied couvert – Musée du Louvre, département des Objets d’art

Le succès de la verrerie vénitienne entraîne rapidement l’apparition en Europe d’ateliers travaillant à la façon de Venise. En Italie, les verreries sont nombreuses aux XVe et XVIe siècles, en Toscane ou en Ligurie et dans certaines régions européennes comme la Catalogne et les régions germaniques.

Gobelet sur pied à décor all’antica – Incompatible avec les recettes vénitiennes de la Renaissance – Musée des Arts Décoratifs (Paris)
Gobelet sur pied : deux putti chevauchant des dauphins – Musée du Louvre, département des Objets d’art

Un focus particulier est porté sur les gourdes dites de pèlerin, très semblables par leur forme et par leur décor mais hétérogènes du point de vue de leur composition chimique.

Gourdes de pèlerin

Une section de l’exposition est consacrée à la production de verre émaillé et doré en France au XVIe siècle, connue par une trentaine de pièces complètes et des fragments archéologiques.

Verre dit « aux Hallebardiers » – France (milieu du XVIe siècle) – Musée national de la Renaissance

Le parcours s’achève au XIXe siècle, lorsque les amateurs d’art développent un intérêt marqué pour des courants artistiques des siècles antérieurs. Les verres vénitiens de la Renaissance sont alors très recherchés, en particulier ceux à décor émaillé et doré. Pour répondre à cette demande croissante, se développe alors une production de pièces historicistes ou de copies mais aussi des restaurations ou encore des faux.

Gobelet aux deux portraits – Façon de Venise ou copie postérieure (?) – XVIe siècle – première moitié du XIXe siècle – Musée du Louvre, département des Objets d’art
Coupe aux armes de Catherine de Médicis – France (?) (seconde moitié du XIXe siècle pour l’émail)  – Musée national de la Renaissance
Bouteille aux armes de Catherine de Médicis – Musée de la Renaissance

Catalogue de l’exposition

Le catalogue, rédigé sous la direction d’Aurélie Gerbier, Françoise Barbe et Isabelle Biron et publié aux Éditions RMN-GP, réunit les contributions de spécialistes renommés de l’histoire de l’art du verre de la Renaissance.

Coupe sur pied – Recettes vénitiennes de la Renaissance – Musée national de la Renaissance

En savoir +

Retrouvez le Musée national de la Renaissance sur Internet et sur les réseaux sociaux :
www.musee-renaissance.fr
www.facebook.com/musee.renaissance.officiel
www.twitter.com/chateau_ecouen

Revoir l’exposition « Graver la Renaissance »

En 2019-2020, le Musée national de la Renaissance proposait une exposition consacrée à l’art d’Étienne Delaune (1518/19-1583), orfèvre et graveur français, et à son influence sur les arts décoratifs.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour suivre la visite privée proposée par Julie Rohou, conservateur du patrimoine.

Exposition « Émailler le verre à la Renaissance. Sur les traces des artistes verriers entre Venise et France »
13 octobre 2021 – 14 février 2022
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Rue Jean Bullant
95440 Écouen

[Visite privée] Exposition « Tadjikistan. Au pays des fleuves d’or » au musée Guimet

Exposition « Tadjikistan. Au pays des fleuves d’or »
14 octobre 2021 – 10 janvier 2022
Musée national des arts asiatiques – Guimet

Ancienne république d’U.R.S.S. fondée dans les années 1920, le Tadjikistan est un pays enclavé au cœur de l’Asie centrale. Il est situé au nord de l’Afghanistan, à l’ouest de la Chine, au sud du Kirghizstan et à l’est de l’Ouzbékistan.

Le Musée national des arts asiatiques – Guimet propose la plus grande exposition jamais consacrée en occident à ce pays et révèle sa richesse culturelle. Des pièces exceptionnelles et rares voyagent en France pour la toute première fois.

Suivez Valérie Zaleski, commissaire scientifique de l’exposition, pour découvrir l’histoire du Tadjikistan sur plusieurs millénaires en parcourant les rives de ses fleuves d’or.

Fourreau d’Akinakès orné d’un lion (5e-4e siècle avant J.-C.) – Tadjikistan, Takht-i Sangin – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

Commissariat de l’exposition

Valérie Zaleski, conservatrice des collections d’Asie centrale du MNAAG, commissaire scientifique de l’exposition

Pierre ansée ou poids ? (4e-3e millénaire avant J.-C.) – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

Par sa situation stratégique sur les voies de passage et de conquête entre Moyen-Orient, ancien monde des steppes, sous-continent indien et oasis de l’Asie centrale chinoise, le Tadjikistan est au cœur des réseaux d’échanges depuis la plus haute antiquité.

Statuette anthropomorphe (fin du 3e millénaire ou début du 2e millénaire avant J.-C.) – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

Les vestiges préhistoriques, notamment ceux du site archéologique de Sarazm (premier site du pays à avoir été classé au patrimoine mondial de l’Unesco) nous rappellent que le Tadjikistan fut un pôle d’échanges dès la préhistoire, ainsi qu’un important centre de métallurgie dès la fin du IVe millénaire av. J.-C.

Statuette anthropomorphe (dernier quart du 2e millénaire avant J.-C.) – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Élément de trône en forme d’avant-corps de zébu (5e-3e siècle avant J.-C.) – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Élément de parure (aigrette?) figurant un lion cornu ailé à oreilles d’équidé et sabots de cerf (5e-4e siècle avant J.-C.) – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

Les apports des peuples des steppes puis des Achéménides seront suivis, dans les premiers siècles qui précèdent l’ère chrétienne, par la présence de populations hellénisées, ainsi que l’illustrent certains vestiges du temple de l’Oxus à Takht-i Sangin.

À gauche : Poids en forme de buste d’Athéna casquée (1er siècle) – Afghanistan, trésor de Begram – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Tête de jeune seigneur gréco-bactrien (3e-2e siècle avant J.-C.) – Tadjikistan, Takht-i Sangin, temple de l’Oxus – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Phalère (pièce d’ornement d’armure et de harnachement) ornée d’une figure de Dionysos jeune (1er siècle avant J.-C. – 1er siècle après J.-C.) – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Boucle avec scène de chasse au sanglier (2e-1er siècle avant J.-C.) – Tadjikistan, Saksanokhur – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

L’exposition bénéficie de prêts exceptionnels, principalement du musée national des Antiquités du Tadjikistan et du musée national du Tadjikistan. De plus, le British Museum prête des œuvres venant du temple de l’Oxus, venant compléter des pièces issues des collections du musée Guimet.

Os inscrit en sogdien (7e-8e siècle) – Tadjikistan, Pendjikent – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
« Mingqi » représentant un chameau se relevant (début du 7e siècle) – Chine du Nord – Musée Guimet

Les vestiges monumentaux de Pendjikent, Kukh-i Surkh ou Bundjika témoignent de la prospérité de la région de la Sogdiane aux 6e-8e siècles, à l’époque où les Sogdiens, commerçants de l’Asie établis jusqu’en Chine et en Asie du Sud-Est, se sont aussi ouverts aux influences extérieures.

Divinité à quatre bras (Vaishravana ?) en cotte de maille, coiffée d’une couronne ailée à tête de mort, avec des flammes jaillissant de ses épaules (5e-8e siècle) – Tadjikistan, Pendjikent – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Scène de banquet (premier quart du 8e siècle) – Tadjikistan, Pendjikent – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Roi sogdien (Devashtich ?) ou dieu Verethranga (?) (7e-8e siècle) – Tadjikistan, district d’Aini – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)
Mithra, dieu solaire du mazdéisme (5e-6e siècle) – Tadjikistan, Kukh-i-Surkh – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

L’exposition évoque aussi l’implantation du bouddhisme dans l’est du pays, par les moines cheminant le long des routes commerciales.

Scène d’offrande (pranidhi) (7e-8e siècle) – Tadjikistan, Kala-i Kafirngan – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

L’exposition se termine avec l’établissement de la dynastie des Samanides et l’introduction de l’islam dans la région.

Brûle-encens en forme de lynx (10e-11e siècle) – Tadjikistan, Kala-i Khulbuk et aquamanile tripode en forme d’oiseau à tête humaine (?) (9e-10e siècle) – Tadjikistan, Kala-i Kakhkakha – Musée national des antiquités du Tadjikistan (Douchanbé)

En savoir +

Consultez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée Guimet.

Fragment de peinture murale représentant un bouddha (6e-7e siècle) – Afghanistan, sanctuaire de Kakrak – Musée Guimet

Exposition « Tadjikistan. Au pays des fleuves d’or »
14 octobre 2021 – 10 janvier 2022
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna
75116 Paris

[Exposition] « Ultime combat » au musée du Quai Branly

Exposition « Ultime combat. Arts martiaux d’Asie »
28 septembre 2021 – 16 janvier 2022
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac

Bienvenue dans le monde des moines Shaolin, des samouraïs… et de la discipline martiale ! Jusqu’au 16 janvier 2022, le musée du quai Branly nous parle des arts martiaux dans une exposition où le cinéma asiatique occupe une large place sur écrans géants.
Avec plus de 300 œuvres anciennes et contemporaines, l’exposition explore la mythologie, l’histoire, la pratique et la représentation des disciplines martiales d’Asie depuis les arts classiques jusqu’à la pop culture. Personnages historiques et héros de fiction rythment le parcours au cœur des cultures indienne, chinoise et japonaise.

Robe de dignitaire (fin du XIXe siècle) – Chine – Musée du quai Branly

Arts hindous et bouddhiques

Le thème du combat est central dans la mythologie indienne, avant le développement de l’hindouisme et du bouddhisme. Les « Veda », textes religieux composés en Inde à partir du XVe siècle avant notre ère, décrivent une guerre entre des dieux et des démons.

Gardien de porte de temple bouddhique (dvarapala) (dynastie des Qi du Nord – 550-577) – Chine – Musée Rietberg (Zurich)

En Inde, la classe dirigeante des guerriers, grande patronne des arts, finance les reproductions des batailles des dieux contre les démons pour donner une dimension divine à ses activités militaires.

Paire de gardiens de temple (dvarapala) (XVe siècle) – Java – Musée Rietberg (Zurich)
Buste de gardien de porte de temple bouddhique (dvarapala) (XIe-XIIe siècle) – Chine – Musée Rietberg (Zurich)

Gardiens du Bouddha

Les gardiens de portes de temples (dvarapala) sont d’anciens démons ou divinités de la nature d’origine indienne, convertis en serviteurs du Bouddha et des dieux hindous.

Vajrapani accompagné de moines (Ier-IIIe siècle) – Pakistan, région de Gandhara – Musée Guimet

Le premier gardien du Bouddha, Vajrapâni, ressemble à Héraclès, la divinité d’élection d’Alexandre le Grand qui avait franchi l’Indus au IIIe siècle avant J.-C. Vajrapâni est le « porteur du foudre », une arme symbole de connaissance pour le bouddhisme.

Les épopées

Au début de notre ère, les épopées du Râmâyana et du Mahâbhârata traitent de la royauté, du devoir de guerre des princes et de la restauration de l’ordre divin. Elles donnent une origine divine aux disciplines martiales des guerriers. La lutte y est décrite à travers les figures du colosse Bhima et du singe Hanumân.

Hanuman, le général de l’armée des singes, masque de théâtre royal (XXe siècle) – Cambodge – Musée du quai Branly

Le culte du général de l’armée des singes, Hanumân, procure force physique et qualités morales, telles que la loyauté et le respect du maître.

« Ermite dans une grotte » (XVIIIe siècle) – Chine – Musée Guimet

Les poings vengeurs du kung-fu

Le nom « kung-fu » s’est popularisé tardivement et par le biais du cinéma pour désigner une grande diversité d’arts martiaux. À côté de leur usage militaire, les écoles martiales chinoises s’inscrivent dans des traditions de combats rituels inspirés d’animaux et de gymnastiques thérapeutiques, attestées depuis plus de deux mille ans et fondées sur la mise en relation du corps avec les forces de l’univers. Elles développent une éthique du combat associant force physique et mentale, à travers la méditation bouddhique ou la recherche de longévité taoïste.

Armure composite de type uchidashi do tôsei gusoku (XVIIe siècle ) – Japon – Musée de l’Armée

Seigneurs de guerre

À partir du VIIe siècle, le pouvoir centralisé sur le modèle impérial chinois décline et l’État japonais se désengage de la protection des provinces. L’armure de type yoroi s’établit à cette époque. Elle consiste en un assemblage de plaques de cuir ou de métal laquées, maintenues par un laçage de soie, avec une cuirasse à deux larges plaques protégeant les épaules.

Illustration de la bataille de Okehazama en 1560, série « Nobunaga Emaki » (1978) par Hiroshi Hirata (né en 1937) – Collection MEL Compagnie des arts (Paris)

Manga

Hiroshi Hirata (né en 1937) est considéré comme le Akira Kurosawa du manga. Passionné par l’histoire du Japon et les samouraïs, ses récits plongent dans le chaos des guerres de clans. Si ses grandes scènes épiques impressionnent, Hirata est aussi le peintre minutieux de la vie quotidienne et parfois familiale de ces guerriers tourmentés par le sens du devoir.

Kimono de Clarisse Agbégnénou pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 – Prêt de Clarisse Agbégnénou, quintuple championne du monde et championne olympique de judo

Renaissance des arts martiaux

En 1882, Jigorô Kano (1860-1938) crée le judo à partir des anciennes techniques de combat à mains nues (jûjutsu). De petite taille et d’un tempérament réservé, Jigorô Kano réalise que le judo renforce la personne physiquement autant que dans sa relation au monde. Désormais appelés budô, les arts martiaux deviennent un patrimoine national promu pour ses vertus éducatives et sociales.

« Black Fire » (2021) – Robot dessiné et créé par QFX Workshop – Musée du quai Branly

Les guerres des clans se sont déplacées dans l’espace. Désormais, en guise d’armures, les samouraïs pilotent de gigantesques robots-guerriers.

Paire de gardiens de porte de temple bouddhique (dvârapâla) (ynastie des Qi du Nord – 555-577) – Chine – Musée Rietberg (Zurich)

Commissaires de l’exposition

Julien Rousseau est conservateur du patrimoine, responsable de l’unité patrimoniale Asie au musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Stéphane du Mesnildot, auteur et spécialiste du cinéma asiatique, enseigne l’histoire du cinéma à Paris III Sorbonne et aux 3IS (Institut International de l’Image et du Son).

Buste de militaire (XIIIe-XIVe siècle) – Chine – Musée Rietberg (Zurich)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« Bodhidharma (Damo) » (XVIIe siècle) – Chine, fours de Dehua – Musée Guimet

Source : dossier de presse de l’exposition

Exposition « Ultime combat. Arts martiaux d’Asie »
28 septembre 2021 – 16 janvier 2022
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
37, quai Branly
75007 Paris

[Visite privée] Ingres avant Ingres au musée des Beaux-Arts d’Orléans

Exposition « Ingres avant Ingres. Dessiner pour peindre »
18 septembre 2021 – 9 janvier 2022
Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Le musée des Beaux-Arts d’Orléans propose la première exposition jamais organisée autour des œuvres de jeunesse de Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867). Si cette période de sa vie est relatée dans les études monographiques, elle fait généralement l’objet d’un traitement sommaire, laissant perdurer certaines attributions et datations problématiques.
Au travers de soixante-neuf œuvres, dont deux sont inédites et la plupart rarement présentées, l’exposition permet de mieux comprendre les fonctions du dessin dans la pratique de ce jeune peintre en devenir, depuis son enfance à Montauban jusqu’à son départ pour Rome en 1806.

Suivez Mehdi Korchane, responsable de la conservation des arts graphiques du musée des Beaux-Arts d’Orléans et commissaire scientifique de l’exposition, pour découvrir les œuvres de jeunesse de Jean Auguste Dominique Ingres.

« Le Fleuve » dit aussi « La Garonne » (vers 1790) par Jean Marie Joseph Ingres (1755-1814) – Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)

Commissariat de l’exposition

Mehdi Korchane est responsable de la conservation des arts graphiques des musées d’Orléans depuis janvier 2020. Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome et auteur d’une thèse sur Pierre Guérin, il prépare actuellement le catalogue raisonné des dessins français du XVIIIe siècle des musées d’Orléans.

« Jean Moulet » (1791) par Jean Auguste Dominique Ingres d’après Joseph Ingres – Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)

Ingres père et fils

Né à Montauban le 29 août 1780, Jean Auguste Dominique est le premier enfant de Joseph Marie Ingres (1755-1814), principal artiste de la cité, et d’Anne Moulet (1758-1817), fille d’un perruquier. Le couple vivra assez tôt désuni. Mais si l’époux néglige son foyer et sa progéniture, il nourrit une adoration pour son premier garçon, lequel manifeste des dons précoces pour le dessin. Après lui avoir inculqué les premiers rudiments du dessin, il l’envoie poursuivre ses études à l’Académie royale de peinture et de sculpture de Toulouse.

« Portrait d’homme » (vers 1797-1798) par Jean auguste Dominique Ingres – Collection Yaici-Le Tendre (Paris)
« Jean Charles Auguste Simon, dit Simon fils,
an 11 (1802-1803)
 » par Jean Auguste Dominique Ingres
– Musée des Beaux-Arts d’Orléans
« Jean Charles Auguste Simon, dit Simon fils » (1806) par Jean Auguste Dominique Ingres  –
Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Les débuts du portraitiste à Paris

À l’été 1797, Jean part à Paris parfaire sa formation auprès de Jacques Louis David (1748-1825). Tout en se perfectionnant auprès du peintre d’histoire le plus célèbre de son temps, Ingres approfondit en autodidacte sa pratique de portraitiste. S’il est d’abord influencé par Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), il s’en démarque progressivement en expérimentant la technique de la pierre noire estompée dans des études de grandes dimensions.

« Étude pour La Belle Ferronniere » (vers 1801-1802) par Jean Auguste Dominique Ingres, d’après Léonard de Vinci
– Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)
« Portraits des demoiselles Harvey, » (vers 1802-1804
) par Jean auguste Dominique Ingres – Musée du Louvre

Figures du désir

Le corpus des portraits dessinés du début des années 1800 révèle, dans l’entourage du jeune Ingres, une présence féminine insistante, avec Mesdemoiselles Harvey, Norton, Bansi, Adanson et Forestier. Les lignes de ces modèles féminins lui révèlent des intuitions plastiques qu’il développera bientôt en peinture.

« Aglaé Adanson » (vers 1802-1803) par Jean Auguste Dominique Ingres – Collection particulière (Paris)

C’est à cette époque que Ingres copie des gravures érotiques du XVIe siècle.

« Danaé
 » par Jean Auguste Dominique Ingres, d’après Giulio Bonasone
– Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)
« Psyché et l’Amour » par Jean Auguste Dominique Ingres
d’après un modèle attribué à Michel Coxcie (1499-1592) – Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)
« Vénus et l’Amour » par Jean Auguste Dominique Ingres
d’après Lambert Sustris – Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)

Influences maniéristes

C’est à Montauban que Ingres s’essaie à copier les maîtres anciens lorsque son père lui remet « un grand portefeuille qui contenait trois ou quatre cents estampes d’après Raphaël, le Titien, le Corrège, Rubens, Téniers, Watteau et Boucher – il y avait de tout ». Cette habitude dès lors ne le quittera plus.

À gauche : « Torse d’homme » (1800) par Jean Auguste Dominique Ingres – Les Beaux-Arts de Paris

Le défi du nu

L’étude du nu masculin constitue le socle de la formation académique. Toutefois, aucune de académies dessinées réglementaires de l’artiste n’est aujourd’hui conservée. En revanche, un petit ensemble de croquis d’après le modèle vivant, datant de son premier séjour parisien, pourrait indiquer que l’artiste a privilégié cette pratique à celle des dessins académiques traditionnels de plus grandes dimensions.

« Jeune homme assis » (1797-1806) par Jean Auguste Dominique Ingres
– Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)
Détail de « Jupiter et Mercure chez Philémon et Baucis » (vers 1802-1803 ) par Jean Auguste Dominique Ingres – Musée Crozatier (Le Puy-en-Velay)

Dessiner l’histoire

À l’automne 1797, Ingres devient l’élève de Jacques Louis David (1748-1825) à Paris, avec le prix de Rome comme objectif et la peinture d’histoire pour horizon. Lauréat du concours de peinture historique de 1801, c’est à l’automne 1806 qu’il peut enfin rejoindre l’Académie de France à Rome.

Détail de « Vénus blessée par Diomède » (vers 1805) par Jean Auguste Dominique Ingres – Kunstmuseum (Bâle)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Détail de « Le Songe d’Ossian », ou « Ossian visité par les ombres de ses ancêtres pendant son sommeil » par Jean Auguste Dominique Ingres – Collection Véronique et Louis-Antoine Prat (Paris)

En savoir +

Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet de la Ville d’Orléans.

« La Mort de Phèdre » (vers 1800-1801) par Jean Auguste Dominique Ingres
– Musée Ingres-Bourdelle (Montauban)

Exposition « Ingres avant Ingres. Dessiner pour peindre »
18 septembre 2021 – 9 janvier 2022
Musée des Beaux-Arts d’Orléans
1 rue Fernand Rabier
45000 Orléans

Détail de « Jupiter et Mercure chez Philémon et Baucis » (vers 1802-1803 ) par Jean Auguste Dominique Ingres – Musée Crozatier (Le Puy-en-Velay)

[Entretien] Yannick Lintz, directrice des Arts de l’Islam au Louvre

Depuis sa création en 2012, le département des Arts de l’Islam du Louvre offre au public une immersion au sein des cultures islamiques, de l’Espagne à l’Inde, du VIIe au XIXe siècle, et révèle l’importance des échanges entre la France et l’Orient.

En marge du tournage de la prochaine web-série du Scribe avec l’équipe de Coupe-File Art, Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’Islam, a accepté de répondre aux questions d’Antoine Lavastre et Nicolas Bousser.

C’est une opération nationale en lien avec le contexte social et à l’issue de l’attentat de Samuel Paty, le Premier Ministre a souhaité nous confier une mission qui est de parler de l’Islam autrement que par la sécurité, le terrorisme et la violence. » – Yannick Lintz

Dans cet entretien, Yannick Lintz évoque sa formation et son parcours, ainsi que la grande opération nationale « Arts de l’Islam : un passé pour un présent ». En effet, pour aider à mieux appréhender les cultures et les arts de l’Islam, le musée du Louvre et la RMN – Grand Palais proposent 18 expositions dans 18 villes du 20 novembre 2021 au 27 mars 2022.

Nous parlons d’art, de culture et de civilisation à travers des témoins matériels – ce ne sont pas des discours, ce sont des objets qui parlent de cette histoire et qui montrent que, finalement, à l’inverse de ce que l’on veut croire, l’on est plus dans un dialogue culturel entre l’Orient et l’Occident que dans un choc. » – Yannick Lintz

Retrouvez la retranscription intégrale de cet entretien sur le site Internet du web-magazine Coupe-File Art en cliquant ici.

Une web-série sur les Arts de l’Islam au Louvre

Face aux fanatismes religieux, la culture se doit d’être sans relâche un rempart et un levier pour transmettre, ouvrir à l’autre, redonner des clés de compréhension de passés croisés pour construire un avenir partagé.
Découvrez très prochainement la nouvelle web-série du Scribe et de Coupe-File Art, réalisée au cœur des collections du musée du Louvre avec Yannick Lintz.

Coulisses du tournage : Yannick Lintz avec Nicolas Bousser et Antoine Lavastre de Coupe-File Art

[Web-série] Pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle

Exposition inaugurale du Pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle
10 septembre – 24 décembre 2021
Petit château de Sceaux

Installé au Petit château de Sceaux, le Pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle a été ouvert au public le 10 septembre 2021. Il permet de découvrir quelques œuvres des collections du futur musée qui prendra place fin 2025 dans l’ancienne caserne Sully à Saint-Cloud.
Une Mission de préfiguration du musée du Grand Siècle a été créée afin de concevoir le projet scientifique et culturel du futur musée, développer ses collections et mettre au point le projet architectural et scénographique.
A travers des expositions temporaires et jusqu’à l’ouverture du futur musée, la Mission de préfiguration présentera régulièrement les œuvres qui feront la richesse de ses collections.

Alexandre Gady, professeur des Universités, directeur de la  Mission de préfiguration du futur musée, nous présente le projet ainsi que plusieurs œuvres de la collection.

Le Petit château de Sceaux a été construit à partir de 1661 à l’initiative de Nicolas Boindin, notaire parisien. Acquit en 1682 par Jean-Baptiste Colbert, le lieu devient alors la résidence des hôtes du « Grand Château » de Sceaux.

« Portrait de Nicolas de Ranché, commissaire général des Galères de France » (vers 1722) par Jean III Caravaque – Acquisition pour le musée du Grand Siècle

Peintures, sculptures, mobiliers, objets d’art, arts graphiques : le musée du Grand Siècle accueillera une partie de la donation Rosenberg, dont le cœur est l’art du XVIIe siècle français, complété par des dépôts des musées nationaux ou territoriaux, et des œuvres acquises par le Département des Hauts-de-Seine.
Le cabinet des collectionneurs exposera la collection de Pierre Rosenberg dans son ensemble puis, à terme, d’autre donations. Dans des espaces plus intimes, ce cabinet offrira une grande liberté dans la présentation afin de permettre de ressentir l’esprit du collectionneur.
Le centre de recherche Nicolas Poussin sera installé dans le pavillon des Officiers. Il comprendra un cabinet de dessins, la bibliothèque du donateur ainsi que sa riche documentation.

Donation Pierre Rosenberg
« Sainte Geneviève veillant sur Paris » (vers 1897) par Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) – Donation Pierre Rosenberg
« Troubadour priant dans la pénombre, devant une porte ensoleillée » (vers 1820) par Augustin-Alexandre Thierriat (1789-1870) – Donation Pierre Rosenberg

La collection d’œuvres d’art de Pierre Rosenberg est composée de 3.500 dessins et près de 670 tableaux d’artistes du XVIe siècle au milieu du XXe, ainsi que 50.000 ouvrages.

« Le jeu du Pousse-Epingle » (vers 1720) par François de Troy – Acquisition pour le musée du Grand Siècle

Parmi les acquisitions récentes pour le futur musée se trouve ce tableau de François de Troy intitulé « Le jeu du Pousse-Epingle » (vers 1720). Il a été acheté en juin 2021.

« Le repentir du grand Condé » (vers 1691) par Michel II Corneille – Modello préparatoire au décor de la galerie de Chantilly – Acquisition pour le musée du Grand Siècle
« Profil du Grand Dauphin » (vers 1700 ) attribué à Jean-Baptiste Poultier – Acquisition pour le musée du Grand Siècle

L’ancienne caserne Sully est implantée dans le bas du parc de Saint-Cloud. En novembre 2019, un appel à candidatures pour la réhabilitation du site a été lancé. Le chantier de réhabilitation devrait commencer en 2023.

En savoir +

Consultez le site Internet dédié au futur musée du Grand Siècle.

Exposition inaugurale du Pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle
10 septembre – 24 décembre 2021
Petit château
9, rue du Docteur-Berger
92330 Sceaux

« Ecce Homo » (vers 1685 ) par Pierre Mignard – Acquisition pour le musée du Grand Siècle

 

[Visite privée] Exposition « Les Animaux du Roi » au château de Versailles

Exposition « Les Animaux du Roi »
12 octobre 2021 – 13 février 2022
Château de Versailles

Sous le règne de Louis XIV, à proximité du Grand Canal du château de Versailles est aménagée la Ménagerie royale. S’y côtoient des animaux rares et exotiques. De Le Brun à Desportes et de Boel à Oudry, les meilleurs peintres du roi ont portraituré les animaux à l’égal des personnalités de la Cour. Les chiens préférés des souverains avaient aussi droit à leurs effigies avec leurs noms inscrits en lettres d’or.
L’exposition proposée par le château de Versailles en collaboration avec le musée du Louvre, s’attache à décrire le lien qu’entretenait la Cour du Roi avec les animaux, qu’ils soient de compagnie, exotiques ou « sauvages ». Elle invite aussi le visiteur à s’interroger sur la place de l’animal dans la société actuelle.

Découvrez toute la richesse et la diversité des œuvres exposées en suivant les commissaires de cette exposition, Alexandre Maral, conservateur général au château de Versailles, et Nicolas Milovanovic, conservateur en chef au musée du Louvre.

Coq (1673-1674) par Étienne Le Hongre – Fontaine en plomb du Bosquet du labyrinthe du château de Versailles

Commissariat de l’exposition

Alexandre Maral, conservateur général, chef du département des sculptures au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Nicolas Milovanovic, conservateur en chef au département des peintures du musée du Louvre

Traîneau dit « au léopard » (vers 1730-1740) – Château de Versailles

Des traîneaux d’apparat étaient utilisés par Louis XV, lors des hivers rigoureux, pour faire des courses sur les allées enneigées du parc de Versailles. Dans ses « Mémoires », le duc de Luynes témoigne que le roi était réputé pour conduire son traîneau à toute bride.

« Lion couché » (vers 1692-1700) par Alexandre-François Desportes – Cité de la Céramique (Sèvres)
Boîte en forme de petit chien couché sur une table basse (fin du XVIIe ou début du XVIIIe siècle – Japon – Château de Versailles
« La Chasse au crocodile » (1739) par François Boucher (1703- 1770) – Musée de Picardie (Amiens)

« Trois chiens et une antilope » (1745) par Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) – Russborough House, Alfred Beit Foundation

Le tableau ci-dessus représente la rencontre imaginaire entre deux univers versaillais : celui de la chasse, avec les trois chiens et le gibier suspendu, et celui des animaux exotiques de la Ménagerie royale, avec l’antilope. L’image fascine par son caractère improbable, mais aussi par la nonchalance de l’antilope face aux efforts des chiens attachés qui cherchent à l’atteindre.

« Tortue » (vers 1664-1668) par Nicasius Bernaerts – Musée du Louvre
« Couagga » (vers 1795-1796) par Nicolas Maréchal – Muséum national d’histoire naturelle (Paris)
Au premier plan : Éléphante d’Asie naturalisée – Museo di Storia Naturale dell’Università de Pavia

« tan en arrêt devant une perdrix » (1702) par François Desportes – Dépôt du musée du Louvre au musée de la Chasse et de la Nature (Paris)

Les chiens sont les premiers compagnons des souverains et des princes. Louis XIV a donné l’exemple en logeant ses chiennes dans la première pièce de ses cabinets privés et en y installant des niches.

« Chat angora blanc guettant un papillon » (vers 1761) par Jean-Jacques Bachelier – Musée Lambinet (Versailles)

La faveur des chats ne commence qu’avec Louis XV.
Le souverain est en effet un amateur et apprécie tout particulièrement les chats angoras. Le carreau de velours rouge de Brillant, son chat angora blanc, était installé sur la cheminée du cabinet du Conseil, où le félin pouvait écouter les ministres et le roi débattre de la politique 
du royaume.

« Portrait du Général, chat de Louis XV » (1728) par Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), – Collection Elaine et Alexandre de Bothuri
« Deux flamants face à face » (vers 1692-1693) par Alexandre-François Desportes – Cité de la Céramique (Sèvres)

La théorie cartésienne des « animaux-machines » réduit les animaux à de subtils rouages d’horlogeries, leur déniant toute forme de langage, d’intelligence et même de sensibilité. La Cour de Versailles a été un lieu de résistance à cette théorie, et la source d’une nouvelle vision du monde animal.

« Lice allaitant ses petits (1754) par Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) – Palais-Musée des Archevêques (Narbonne)

« Il est absurde de douter que les bêtes aient entre elles une langue, au moyen de laquelle elles se transmettent les idées dont la communication leur est nécessaire. Mais l’invention des mots étant bornée par le besoin qu’on en a, on sent que la langue doit être très courte entre des êtres qui sont toujours dans un état d’action, de crainte ou de sommeil.
 » – Charles Georges Leroy (1723-1789)

« Une Ferme » par Jean-Baptiste Oudry – Musée du Louvre – et copie par Marie Leszczyńska (1703-1768) – Château de Versailles

En savoir +

Consultez la page spéciale sur le site Internet du château de Versailles.

Exposition « Les Animaux du Roi »
12 octobre 2021 – 13 février 2022
Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles

« Les Chevaux du Soleil » par Gaspard (1624-1681) et Balthasar Marsy (1628-1674) – Château de Versailles

[Visite privée] « La curiosité d’un Prince » à la Bibliothèque centrale de Versailles

Exposition « La Curiosité d’un Prince. Le destin du cabinet ethnographique du comte d’Artois, de la Révolution à nos jours »
18 septembre – 11 décembre 2021
Bibliothèque centrale de Versailles

Dans l’histoire des collections royales, il en est une qui n’a cessé d’interroger les chercheurs, en raison de l’ancienneté et de la qualité exceptionnelle des pièces qui la composent, venues du monde entier : le « Cabinet de curiosités et d’objets d’art » de la Bibliothèque municipale de Versailles, aujourd’hui déposé au musée du quai Branly-Jacques Chirac. Cette collection exceptionnelle rassemble des pièces parmi les plus anciens spécimens conservés au monde.

Jusqu’au 11 décembre 2021, une cinquantaine d’objets sont présentés dans les salles historiques de la Bibliothèque centrale de Versailles.

Paz Núñez-Regueiro, responsable de l’Unité patrimoniale des Amériques au musée du quai Branly-Jacques Chirac, et Hortense Longequeue, conservatrice à la Bibliothèque municipale de Versailles, vont racontent l’histoire de cette collection.
Jennifer Byram, chercheure associée au Historic Preservation Department of Choctaw Nation, apporte son témoignage – enregistré depuis l’Oklahoma – sur l’importance des pièces rassemblées dans la dernière salle de l’exposition.

Version française

English version

« Halito! We, the Choctaw Nation of Oklahoma, welcome you as we share perspectives on our historic relationship with France, spanning from 1700 to the present. As a sovereign Indigenous nation, we have lived in our homelands of the modern southeastern United States since time immemorial. This ethnographic collection represents just one period in a long history of our diplomatic relations with other Indigenous and European nations. The collection shows how our ancestors created political alliances through the exchange of items that symbolize the mutual recognition of both Choctaw and French sovereignty. » – Choctaw Nation of Oklahoma

La Bibliothèque historique de Versailles, installée dans l’ancien Hôtel des Affaires Étrangères et de la Marine édifié sous Louis XV, haut lieu de la diplomatie française, est l’écrin qui abrite l’exposition.

La collection du comte d’Artois

Le fonds de cette collection aurait été constitué par le naturaliste et ancien commis au Bureau des colonies d’Amérique, Denis-Jacques Fayolle (1729-1804) puis acquis par le marquis Armand-Louis de Sérent (1736-1822) pour servir à l’éducation des fils de Charles-Philippe de Bourbon, comte d’Artois, dont il était le gouverneur.

« Charles de France, comte d’Artois » (vers 1796) par Henri Pierre Danloux – Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
« La comtesse d’Artois et ses enfants (Sophie d’Artois, le duc de Berry et le duc d’Angoulême) » (vers 1783) par Charles Emmanuel Joseph Le Clercq – Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Les objets de la collection évoquent, par leurs provenances variées, l’étendue du premier empire colonial français en Amérique du Nord, aux Antilles, dans l’actuelle Guyane, au Sénégal, à La Réunion et aux Indes françaises.

Pipe-calumet (tomahawk) datant de 1763 – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac
Peau peinte à motifs géométriques et figuratifs : oiseaux et scène de chasse (XVIIIe siècle) – Provenant des Plaines du sud, Amérique du Nord – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac
« Canot d’un Esquimau à l’abri de tout coulage et chavirage » (XVIIIe siècle) – Bibliothèque municipale de Versailles
Pièces attribuées à la collection d’histoire naturelle du comte d’Artois – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac
« Tête d’homme », moulage d’après nature (première moitié du XVIIIe siècle) – Bibliothèque municipale de Versailles

Mis sous séquestre en 1791, ces pièces ont ensuite été réunies au château de Versailles, devenu dépôt central pour les saisies révolutionnaires réalisées dans l’ancien département de Seine-et-Oise, avant de rejoindre la Bibliothèque de la ville en 1806.

Coiffe des Plaines centrales ou du sud (vers 1740) – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac

La nation Choctaw d’Oklahoma

Le parcours de l’exposition se termine par une carte blanche laissée à la Choctaw Nation of Oklahoma et à l’équipe du Choctaw Cultural Center de la ville de Durant, autour d’une sélection d’objets issus du cabinet du comte d’Artois et des collections conservées au musée du quai Branly.

« In times before, our ancestors occupied the place where you now reside and came there to hunt; they ceded this land to you as to a people who wished to become their friends, in recognition of which you promised our ancestors a certain amount of goods, and the passage of time has not voided the continuation of the gift, and of the friendship, which, having reigned between our ancestors and the French people, reigns still between your people and ours. » – Speech from Choctaws to their French allies, taken from « Relations de la Louisiane », anonymous French account from the 18th century, Newberry Library

Carquois en peau de poisson (orphie au long nez) et dards de sarbacane – Louisiane (XVIIIe siècle) – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac
Mocassins en pattes d’ours (XVIIIe siècle) – Vallée du Mississippi (États-Unis) – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac

Les Choctaws sont originaires de la vallée inférieure du Mississippi, région baptisée Louisiane par les Français, sur laquelle ils exercent leur emprise coloniale de 1682 à 1769, puis de 1801 à 1803, date de la vente du territoire aux Américains par Napoléon Bonaparte. De nos jours, la Nation Choctaw est engagée dans la relance des pratiques et des modes de vie traditionnels au sein de la communauté.

Les collections d’Amérique du Nord du musée du quai Branly

Le musée du quai Branly-Jacques Chirac conserve aujourd’hui plus de 250 pièces provenant des territoires actuels du Canada et des États-Unis, collectées entre 1650 et 1850, qui constituent un corpus exceptionnel pour la connaissance des peuples des plaines nord-américaines, des Grands lacs et du sud-est, et leur relation avec les européens.

Masque kebul provenant de Casamance, Diola (Sénégal) et datant d’avant 1756 – Dépôt de la Bibliothèque municipale de Versailles au musée du quai Branly-Jacques Chirac

Le projet CROYAN

Le projet de recherche CROYAN (Collections ROYales d’Amérique du Nord) est un un projet de recherche pluridisciplinaire lancé par le musée du quai Branly – Jacques Chirac autour de sa collection d’objets collectés entre 1650 et 1850 dans les territoires actuels du Canada et des États-Unis. Ce projet associe l’étude historique des collections, leur analyse matérielle, les interventions de conservation- restauration et la collaboration avec les partenaires amérindiens. Cette approche croisée vise à apporter un éclairage inédit sur la provenance et le contexte de collecte des pièces, la valeur et la fonction attribuées dans le passé comme aujourd’hui par les communautés nord-amérindiennes à ces objets variés et leur transmission aux générations futures.

En savoir +

Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée du quai Branly ou consultez le site Internet de la Ville de Versailles.

Au centre : « Portrait de Joseph-Adrien Le Roi (1797-1873) » (1864) par Edme-Adolphe Fontaine (1814-1883) – Bibliothèque municipale de Versailles

Exposition « La Curiosité d’un Prince. Le destin du cabinet ethnographique du comte d’Artois, de la Révolution à nos jours »
18 septembre – 11 décembre 2021
Bibliothèque centrale de Versailles
Galerie des Affaires Étrangères
5 rue de l’Indépendance américaine
78000 Versailles

[Visite privée] Château d’Azay-le-Rideau, diamant serti par l’Indre

Le château d’Azay-le-Rideau

Situé dans le département d’Indre-et-Loire, le château d’Azay-le-Rideau est un chef-d’œuvre de l’architecture de la première Renaissance française.
Au début du XVIe siècle, Gilles Berthelot, trésorier de François Ier, et Philippe Lesbahy, son épouse font construire une fastueuse demeure sur les fondations d’un vieux château médiéval, avec ce célèbre escalier droit, dit « rampe-sur-rampe », l’un des tout premiers en France. En 1791, le château est acheté et restauré par le marquis de Biencourt. Ouvert à la visite dès le milieu du XIXe siècle, le château est la propriété de l’État depuis 1905. Il est aujourd’hui géré par le Centre des monuments nationaux.

De 2014 à 2017, le Centre des monuments nationaux a mené un vaste chantier visant à redonner tout son éclat au monument et à son parc. En 2019, le château d’Azay-le-Rideau a accueilli 310.000 visiteurs.

Aurélie Vialard-Goudou, guide conférencière dans le Val de Loire et la ville de Tours, nous fait découvrir les extérieurs et les principales pièces du château.

« En gravissant une crête j’admirai pour la première fois le château d’Azay diamant taillé à facettes serti par l’Indre monté sur des pilotis masqués de fleurs. » – Honoré de Balzac dans « Le Lys dans la vallée »

Façade Nord du château d’Azay-le-Rideau, vue depuis la grille d’honneur

Comme au XVIe siècle, le visiteur pénètre dans le château en empruntant l’escalier d’honneur, achevée en 1521. Ses loggias et ses plafonds à caissons sculptés en font sa renommée.

Combles du château d’Azay-le-Rideau

Édifiée en chêne extrait de la forêt royale de Chinon, la charpente du château a traversé les siècles avant de connaître une restauration majeure entre 2015 et 2017. Les combles sont ouverts à la visite depuis 2011.

Salon des marquis de Biencourt – Château d’Azay-le-Rideau
Salon des marquis de Biencourt – Château d’Azay-le-Rideau

Bien que le château ait été soigneusement meublé par les marquis de Biencourt successifs, l’État l’acquiert en 1905 vide de tout mobilier. Grâce à un partenariat avec le Mobilier national, une centaine de pièces ont rejoint le château depuis 2014. Le grand salon, situé au rez-de-chaussée, a conservé l’essentiel de son aménagement du XIXe siècle.

Chambre Renaissance – Château d’Azay-le-Rideau
Pièce de la tenture de Psyché, tissée à Bruxelles après Giovanni Battista Castello vers 1562-1578 – Château d’Azay-le-Rideau

« Psyché apportant à Venus le vase de Proserpine » par Jan Massys (1510-1575) – Dépôt du musée du Louvre

Ce tableau de Jan Massys (1510-1575) figurant « Psyché apportant à Venus le vase de Proserpine » a été déposé par le musée du Louvre. Il faisait partie de la collection des marquis de Biencourt vendue en 1901.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Exposition « De Chantilly à Azay-le-Rideau. Le retour des portraits de la Renaissance »

Du 19 mai au 19 septembre 2021, le château d’Azay-le-Rideau présentait un ensemble de portraits issus de la collection du marquis de Biencourt, donnés en 1939 au musée Condé de Chantilly et qui ne l’ont jamais quitté depuis. Pour la première fois, ces tableaux revenaient à Azay-le-Rideau le temps de cette exposition.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour revoir la visite privée proposée par Mathieu Deldicque, conservateur du Patrimoine au musée Condé du château de Chantilly.

En savoir +

Consultez le site Internet du château d’Azay-le-Rideau.

Château d’Azay-le-Rideau
19, rue Balzac
37190 Azay-le-Rideau