L'envie de venir au musée... et d'y revenir souvent !

[Chef-d’œuvre] « La Fuite en Égypte » par François Marchand

« La Fuite en Égypte » par François Marchand
Moulage en plâtre (1901) par Charles-Édouard Pouzadoux
Cité de l’Architecture et du Patrimoine (Paris)

Hérode (37-4 avant J.-C.), roi de Judée, est averti par des mages venus d’Orient de la naissance du futur roi des Juifs. Craignant que Jésus devienne roi à sa place, il ordonne le massacre de tous les enfants de moins de deux ans de la ville de Bethléem. Avertis en songe, les parents de Jésus fuient avec lui vers l’Égypte…

Dans cette vidéo extraite de la visite privée de l’exposition (confinée) « Le Renouveau de la Passion », Guillaume Fonkenell, conservateur en chef du patrimoine au musée national de la Renaissance, présente le moulage du chef-d’œuvre de François Marchand. L’épisode représenté est considéré comme l’accomplissement d’une prophétie de l’Ancien Testament.

Le relief de « La Fuite en Égypte » est sculpté en hauteur sur la face latérale de l’un des piliers du chœur de la cathédrale de Chartres. Le moulage en plâtre de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine se prête donc à une observation beaucoup plus facile que l’original et permet de distinguer tous les détails.

Comme le précise le catalogue de l’exposition, Charles Édouard Pouzadoux a eu recours à l’estampage à la terre, une technique permettant de réaliser un tirage unique, capable de reproduire jusqu’à l’épiderme de la pierre.

Proposée par le musée national de la Renaissance, l’exposition « Le Renouveau de la Passion » s’intéresse aux années 1540-1550, un moment important dans l’histoire de l’art français du XVIe siècle.

Visite virtuelle de l’exposition « Le Renouveau de la Passion »

Cette exposition n’a pas pu encore ouvrir ses portes au public du fait des décisions gouvernementales de fermeture des musées pendant la période pandémique. Vous pouvez toutefois la découvrir dans le cadre d’une visite filmée de 80 minutes, disponible en cliquant sur l’image ci-dessous.

En savoir +

Retrouvez le Musée national de la Renaissance sur Internet et sur les réseaux sociaux :

www.musee-renaissance.fr
www.facebook.com/musee.renaissance.officiel
www.twitter.com/chateau_ecouen

Exposition (confinée) « Le Renouveau de la Passion. Sculpture religieuse entre Chartres et Paris autour de 1540 »
Prolongation jusqu’au 23 août 2021
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Rue Jean Bullant
95440 Écouen

[Exposition confinée] « Le Renouveau de la Passion » au château d’Écouen

Exposition (confinée) « Le Renouveau de la Passion. Sculpture religieuse entre Chartres et Paris autour de 1540 »
Prolongation jusqu’au 23 août 2021
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen

Proposée par le musée national de la Renaissance, cette exposition s’intéresse aux années 1540-1550, un moment important dans l’histoire de l’art français du XVIe siècle. C’est alors qu’apparaît un nouveau langage formel qualifié de « classique » et promis à une incroyable fortune. Jusqu’à présent, l’invention du classicisme est généralement considérée comme le fruit d’une demande nouvelle émanant du Roi et de la Cour. Cette exposition montre que la sculpture religieuse a elle aussi joué un rôle de premier plan dans l’élaboration de ce nouveau langage artistique.

Suivez Guillaume Fonkenell, conservateur en chef du patrimoine au musée national de la Renaissance, pour une plongée fascinante parmi les chefs-d’œuvre de Jean Goujon et François Marchand.

Cette exposition n’a pas pu encore ouvrir ses portes au public du fait des décisions gouvernementales de fermeture des musées pendant la période pandémique.

Les innovations dans le décor religieux s’expliquent en partie par le mouvement de renouvellement artistique des années 1540, mais aussi par les exigences d’une spiritualité confrontée aux débuts de la Réforme protestante et qui doit réaffirmer l’importance de la Vierge, des apôtres ainsi que de la méditation sur les souffrances du Christ.

Au centre : « Déploration du Christ dite aussi Notre Dame de Pitié » (1544-1545) par Jean Goujon – Provenant du jubé de l’église Saint Germain l’Auxerrois (Paris) – Musée du Louvre
« La mise au tombeau » par un artiste anonyme français – Provenant de l’église Saint-Eustache (Paris) – Musée du Louvre

Au début des années 1540, l’orléanais François Marchand sculpte une statue de Saint Paul pour le décor de l’église de l’abbaye Saint-Père de Chartres.

« Saint Paul » (vers 1542-1544) par François Marchand – Musée des Beaux-arts de Chartres

L’exposition a été rendue possible par d’importantes campagnes de restauration, menées par le musée du Louvre et le Centre de recherche et de restauration des Musées de France d’une part, et par la Direction générale des affaires culturelles Centre-Val de Loire d’autre part.

« La Naissance de la Vierge entourée de Saint Jean Baptiste et Saint Jean L’Évangéliste » (vers 1542-1543) par un sculpteur anonyme et Étienne Le Tonnelier (peintre) – Retable provenant de la cathédrale de Chartres – Musée du Louvre

L’exposition permet de découvrir les couleurs révélées pour la première fois des reliefs de Sainte-Geneviève (Paris) et de « La Nativité » de Chartres.

Jubé de Sainte-Geneviève à Paris – Musée du Louvre
« La Flagellation » (vers 1540 ?) – Provenant du jubé de Sainte-Geneviève à Paris – Musée du Louvre

Des bas-reliefs de l’église Saint-Père de Chartres, qui n’ont plus été exposés depuis plus de 70 ans, sont également présentés.

« Le Marture de Saint Pierre et Saint Paul » (vers 1540-1543) par François Marchand – Provenant du jubé de l’église abbatiale de Saint-Père-en-Vallée (Chartres) – Musée du Louvre
Reliefs provenant du jubé de l’église abbatiale de Saint-Père-en-Vallée (Chartres) – Musée du Louvre

Le jubé de Saint-Germain l’Auxerrois a été démoli en 1745. Son architecture, inspirée des arcs de triomphe antiques, a servi de modèle jusqu’au début du XVIIe siècle. En sculpture, Jean Goujon y a expérimenté un relief très peu accentué où le jeu des lignes incisées et les plis des drapés joue un rôle fondamental.

« Saint Luc » (1544-1545) par Jean Goujon – Provenant du jubé de Saint-Germain l’Auxerrois à Paris – Musée du Louvre

En savoir +

Retrouvez le Musée national de la Renaissance sur Internet et sur les réseaux sociaux :

www.musee-renaissance.fr
www.facebook.com/musee.renaissance.officiel
www.twitter.com/chateau_ecouen

Construit entre 1538 et 1550 pour Anne de Montmorency, connétable de France, le château d’Écouen a été édifié en plusieurs étapes, témoignant des évolutions du goût au cours du XVIe siècle.

Revoir l’exposition « Graver la Renaissance »

En 2019-2020, le Musée national de la Renaissance proposait une exposition consacrée à l’art d’Étienne Delaune (1518/19-1583), orfèvre et graveur français, et à son influence sur les arts décoratifs.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour suivre la visite privée proposée par Julie Rohou, conservateur du patrimoine.

Exposition (confinée) « Le Renouveau de la Passion. Sculpture religieuse entre Chartres et Paris autour de 1540 »
Prolongation jusqu’au 23 août 2021
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Rue Jean Bullant
95440 Écouen

[Exposition confinée] « Un duel romantique » au musée Delacroix

Exposition (confinée) « Un duel romantique. Le Giaour de Lord Byron par Delacroix »
Musée national Eugène-Delacroix
Initialement prévue du 18 novembre 2020 au 8 mars 2021

Conformément aux directives gouvernementales de lutte contre la propagation du virus Covid-19, le musée national Eugène-Delacroix est fermé jusqu’à nouvel ordre. L’exposition « Un duel romantique. Le Giaour de Lord Byron par Delacroix » n’a donc pas encore pu ouvrir ses portes.

Claire Bessède, directrice du musée Delacroix, nous convie à la rencontre entre un grand peintre et un grand écrivain du XIXe siècle, à l’époque où l’Europe entière se passionne pour l’indépendance de la Grèce.

Que je voudrais être poète ! […] Le poète est bien riche : rappelle-toi, pour t’enflammer éternellement, certains passages de Byron ; ils me vont bien. La fin de la Fiancée d’Abydos, la mort de Sélim, son corps roulé par les vagues […]. Cela est sublime et n’appartient qu’à lui. Je sens ces choses-là comme la peinture les comporte. » – Eugène Delacroix (11 mai 1824)

« Portrait d’homme » dit autrefois « Portrait de Lord Byron » par un peintre anonyme – Musée Fabre (Montpellier)
« Chevaux arabes se battant dans une écurie » par Eugène Delacroix – Musée du Louvre, en dépôt au musée d’Orsay
« Le Combat du Giaour et du Pacha Hassan » par Eugène Delacroix – Art Institute de Chicago

L’exposition illustre la passion de Delacroix pour l’univers de Lord Byron. Elle permet de confronter les tableaux réalisés par le peintre autour du combat du Giaour et du Pacha. Les deux tableaux intitulés « Le combat du Giaour et du Pacha », celui du Petit Palais et de Chicago Art Institute, mais aussi la « Scène de guerre entre Grecs et Turcs » provenant de la Pinacothèque Nationale d’Athènes sont exposés côte à côte.

« Deux cavaliers orientaux combattant » par Eugène Delacroix – Musée du Louvre
« Le Combat du Giaour et du Pacha » par Eugène Delacroix – Musée national Eugène-Delacroix
« Le Combat du Giaour et du Pacha » par Eugène Delacroix – Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
« Scène de guerre entre Grecs et Turcs » par Eugène Delacroix – National Gallery (Athènes)
Détail de « Scène de guerre entre Grecs et Turcs » par Eugène Delacroix – National Gallery (Athènes)

L’action du poème de Byron se passe en Grèce à la fin du XVIIIe siècle. Depuis le XVe siècle, la Grèce vit sous la domination de l’Empire ottoman. Elle le restera jusqu’à la guerre d’indépendance de 1821-1829. À l’époque de Delacroix, l’Europe se passionne pour la cause grecque, contribuant au succès du poème auprès du public et des artistes.

Détail de « Scène de guerre entre Grecs et Turcs » par Eugène Delacroix – National Gallery (Athènes)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« Étude pour le Giaour » par Ary Scheffer – Musée de la Vie romantique (Paris)

Exposition (confinée) « Un duel romantique. Le Giaour de Lord Byron par Delacroix »
Initialement prévue du 18 novembre 2020 au 8 mars 2021
Musée national Eugène-Delacroix
6, rue de Furstenberg
75006 Paris

Le musée Eugène Delacroix occupe le dernier appartement et atelier de l’artiste. Il permet notamment de découvrir « La Madeleine au désert », « L’Éducation de la Vierge » ainsi qu’une fresque représentant « Bacchus et un tigre ». Des esquisses, lithographies et dessins dévoilent aussi plusieurs aspects du talent de Delacroix.

« Portrait de Delacroix » par Thales Fielding – Musée national Eugène-Delacroix

En savoir +

Sur la page spéciale disponible sur le site Internet du musée national Eugène-Delacroix.

[Entretien] Ludovic Laugier, conservateur des sculptures grecques du Louvre

D’octobre à décembre 2020, vous avez découvert une web-série exceptionnelle tournée au cœur des collections d’Antiquités Grecques du Louvre. Dans cette série de quatre vidéos – proposée en partenariat avec le web-magazine Coupe-File Art – Ludovic Laugier, conservateur du patrimoine au musée du Louvre, présentait les chefs-d’œuvre de deux grands artistes – Crésilas et Praxitèle – et ceux représentant deux mythes antiques – Héraclès et Aphrodite.

Conservation, restauration, étude, diffusion de la connaissance

En marge du tournage de cette web-série, Ludovic Laugier a accepté de répondre aux questions d’Antoine Lavastre et Nicolas Bousser de Coupe-File Art. Au cours de cet entretien, il revient sur sa formation, son parcours et décrit les missions d’un conservateur du patrimoine au musée du Louvre.

Ludovic Laugier a notamment supervisé la restauration de la Victoire de Samothrace en 2013-2014, puis celle de la Pallas de Velletri en 2020.

Un entretien à lire

Retrouvez la transcription de cet entretien sur le site du web-magazine Coupe-File Art.

Ludovic Laugier sur France Culture

Le 17 janvier 2021, Ludovic Laugier, conservateur du patrimoine en charge des sculptures grecques, était l’invité de Jean de Loisy dans l’émission « L’art est la matière » sur France Culture.

[Chef-d’œuvre] « Laocoon » par Sansovino

« Laocoon » (vers 1500)
Jacopo Tatti, dit Sansovino (1486-1570)
Musée national du Bargello (Florence)

Présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, ce petit bronze de 27 cm de hauteur, attribué à Jacopo Tatti, dit Sansovino, représente le « Laocoon ».

Découvert en janvier 1506 sur l’Esquilin, l’une des collines de Rome, le groupe de Laocoon et de ses fils (photographie ci-dessous) marque des générations d’artistes. Acheté par le pape Jules II, ce chef-d’œuvre réapparu – aujourd’hui exposé dans les musées du Vatican – fait alors l’objet de nombreuses répliques dans divers matériaux.

« Laocoon » – Musée Pio-Clementino (Vatican)

… le Laocoon qui se trouve dans la demeure de l’empereur Titus, qu’il faut préférer à toute la peinture et toute la sculpture. D’un seul bloc de pierre, les grands artistes Agésandros, Polydoros et Athénodoros de Rhodes réalisèrent Laocoon, ses fils et des nœuds de serpents magnifiques, grâce à l’accord de leur idée. » – Pline l’Ancien dans « Histoire naturelle »

Comme le précise le catalogue de l’exposition, la sculpture en bronze attribuée à Jacopo Sansovino est identifiée avec l’un des exemplaires inventoriés en 1553 dans la Garde-robe secrète de Cosme Ier de Médicis, duc de Florence.

Sansovino, malgré sa jeunesse, avait largement dépassé tous les autres. » – Raphaël

Le bronze de Sansovino, conservée au musée du Bargello (Florence), reproduit le groupe antique tel qu’il se présentait lors de sa découverte, c’est-à-dire privé de certains de ses éléments, dont le bras droit du prêtre.

Selon Anton Francesco Doni, les spectateurs qui voient le Laocoon « se troublent et ressentent aussi la morsure des serpents ; ils se tordent de douleur et éprouvent de la pitié, comme si ces statues étaient vivantes, effet remarquable dont la peinture ne s’est jamais approchée. »

« Laocoon et ses fils » (vers 1540) – École française – Musée Gassendi (Digne-les-Bains)

L’image du groupe du « Laocoon » connut sa plus grande diffusion grâce à l’estampe. C’est de l’une d’elles que s’inspira l’auteur de l’une des rares peintures conservées (photographie ci-dessus) reproduisant le groupe sculpté.

Dans cette huile sur bois de hêtre, la position du fils aîné a été modifiée, peut-être en raison des dimensions réduites du panneau : le jeune homme est plus proche de son père et participe à la lutte contre le serpent qu’il saisit de la main droite tout en poussant un terrible cri de douleur.

Coupe représentant le « Laocoon » (vers 1530-1540) – Castello Sforzesco (Milan)

Une coupe en faïence (photographie ci-dessus) est également présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ». L’artiste a réussi à rendre l’effet monochrome du marbre au moyen de camaïeu de bruns. Le groupe est représenté à l’avant d’un mur en ruine, comme sur la gravure de Marco Dente da Ravenna dont l’artiste semble s’être inspiré.

« Étude de tête pour le retable Pucci » (1518) par Jacopo Carucci, dit Pontormo (1494-1557) – Galerie des Offices (Florence)

Autre œuvre remarquable présente dans l’exposition du Louvre, une sanguine (photographie ci-dessus) réalisée par Pontormo (1494-1557). Reprenant les traits douloureux du visage du Laocoon, il s’agit d’un dessin préparatoire pour le saint Joseph du retable Pucci exposé dans l’église san Michele Visdomini de Florence.

D’abord, les deux serpents étreignent les deux corps de ses jeunes fils, les enlacent, les mordent et se repaissent de leurs pauvres membres. Laocoon alors, arme en main, se porte à leur secours. Aussitôt, les serpents le saisissent et le serrent dans leurs immenses anneaux. Deux fois, ils lui serrent taille, deux fois de leurs échines écailleuses ils entourent son cou, et le dominent, têtes et nuques dressées. Le prêtre aussitôt, de ses mains, tente de déserrer leurs noeuds, ses bandelettes sont souillées de bave et de noir venin. En même temps il pousse vers le ciel des cris horrifiés, tel le mugissement d’un taureau blessé fuyant l’autel et secouant de sa nuque la hache mal enfoncée. » – Virgile (« Énéide » – Livre II)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Jeune guerrier » par Tullio Lombardo et son atelier

« Jeune guerrier (Saint Georges ou Théodore ?) » (vers 1490-1500)
Tullio Lombardo (vers 1455-1532) et atelier
The Metropolitan Museum of Art (New York)

Présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, ce marbre de la fin du XVe siècle (à gauche sur la photographie ci-dessous) est conservé par le Metropolitan Museum of Art de New York.

Ce jeune guerrier a été sculpté par Tullio Lombardo (vers 1455-1532) et son atelier. Tullio Lombardo est l’auteur de « Bacchus et Ariane » du Kunsthistorisches Museum de Vienne, également présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ».

Comme le précise le catalogue de l’exposition, ce jeune homme brandissait une arme,  sans doute une lance en bois jadis placée dans sa main droite. Il pourrait s’agir de saint Georges triomphant du dragon… ou de Théodore, saint patron de la ville de Venise avec saint Marc.

Il incarne un idéal de beauté juvénile vénitien mis au point par Tullio Lombardo vers 1500. Son profil présente un nez droit hellénistique. Ses yeux ont un regard lointain, avec un iris et des pupilles bien définis qui remontent vers les paupières supérieures. Son épaisse chevelure, luxuriante et bouclée, est typiquement vénitienne.

La cuirasse de son armure rassemble deux types d’armure romaine : la cuirasse musculaire et celle composée de bandes articulées. Les épaulières s’inspirent d’une mode pour les armures pseudo-antiques à la Renaissance.

Sur ses épaules, le lion fait référence au héros mythologique Hercule. Il symbolise le courage, la force et la justice.

Le dos est assez grossièrement sculpté, ce qui suggère que le marbre était placé contre un mur. Les variations dans le niveau de finition des différentes parties de la sculpture pourraient signifier que le travail a été exécuté par plusieurs artisans ou avec moins de soin pour les parties moins visibles… peut-être à cause d’un délai à respecter ?

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Vénus anadyomène » par Antonio Lombardo

« Vénus anadyomène » (vers 1508-1516)
Antonio Lombardo (vers 1458-1516 ?)
Victoria and Albert Museum (Londres)

Ce marbre sculpté, présenté au Louvre dans l’exposition « Le Corps et l’Âme », est une œuvre du début du XVIe siècle conservée au Victoria and Albert Museum de Londres.

Comme le précise le catalogue de l’exposition, Vénus (ou Aphrodite) serait née de la mer écumeuse dans laquelle Cronos avait jeté les parties génitales sectionnées de son père Uranus.

La « Vénus anadyomène » – ou plus simplement « Vénus sortie des eaux » – a souvent été représentée sur un coquillage. C’est le cas dans le célèbre tableau (photographie ci-dessous) de Sandro Botticelli (1445-1510) exposé dans la Galerie des Offices de Florence.

« La Naissance de Vénus est un tableau » (vers 1484-1485) par Sandro Botticelli – Galerie des Offices (Florence)

Sur le relief en marbre conservé à Londres, les eaux écumeuses se brisent sur les petites coquilles placées aux pieds de la déesse, laquelle essore l’eau de ses cheveux.

Le sculpteur Antonio Lombardo combine des éléments provenant de sources à la fois classiques et contemporaines. S’appuyant sur les types antiques de la « Vénus de Cnide » et de la « Vénus pudique », il permet d’évoquer aussi une peinture perdue de l’artiste grec Apelle, connue d’après les descriptions de Pline l’Ancien.

« Vénus de Médicis » (Ier siècle avant J.-C.) d’après un original grec – Galerie des Offices (Florence)

Mais enfin parut au monde, en la CXII Olympiade, l’incomparable Apelle, natif de l’île de Cos, qui a surpassé tous les peintres qui l’ont précédés, et tous ceux qui l’ont suivi […]. Le fort don de son pinceau a été la Grâce, comme on l’appelle, c’est-à-dire je ne sais quoi de libre, de noble et doux, en même temps, qui touche le cœur et qui réveille l’esprit… » – Pline l’Ancien dans « Histoire naturelle »

« Aphrodite du type du Capitole » (Ier-IIe siècle après J.-C.) – Musée du Louvre

Le motif du relief sculpté par Lombardo s’inspire aussi de représentations populaires à l’époque, telle une gravure d’une Vénus créée par Marcantonio Raimondi.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange » – Musée du Louvre

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Tireur d’Épine » d’après un modèle d’Antonello Gagini

« Spinario (Tireur d’Épine) » (début du XVIe siècle)
d’après un modèle d’Antonello Gagini (1478-1536)
The Metropolitan Museum of Art (New York)

Cette sculpture, présentée au Louvre dans l’exposition « Le Corps et l’Âme », est conservée au Metropolitan Museum of Art de New York. Il s’agit probablement du plus grand « Spinario » (« Tireur d’Épine ») en bronze produit au cours de la Renaissance.

Réalisé au cours du XVIe siècle, ce « Tireur d’Épine », reproduit un modèle antique (photographie ci-dessous) offert en 1471 par le pape Sixte IV à la Ville de Rome. Conservé au Museo Capitolino, ce bronze a été réalisé au cours du Ier siècle avant J.-C. à partir de modèles hellénistiques des IIIe-IIe siècle avant J.-C.

« Tireur d’Épine » (Ier siècle avant J.-C.) – Museo Capitolino (Rome)

Comme le précise le catalogue de l’exposition, le bronze du Metropolitan Museum of Art diffère du modèle antique par ses cheveux bouclés courts, par comparaison avec la coiffure de page de l’original. L’artiste s’est probablement inspiré de dessins ou de souvenirs du modèle antique.

Le « Spinario » du Metropolitan Museum of Art est attribué au sculpteur Antonello Gagini. Il s’agit très probablement de sa seule œuvre en bronze.

Le « Spinario » est un garçon occupé à retirer une épine de son pied. C’est l’une des œuvres les plus copiées de la Renaissance.
Une version en terre cuite et plâtre, conservée au musée Jacquemart-André (photographie ci-dessous), est également présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ». Contrairement à la plupart des autres versions où le dos et la nuque se voûtent au-dessus de la blessure, ce tireur d’épine est à peine incliné. Le port du buste suggère que le jeune homme a l’esprit absorbé ailleurs.

« Tireur d’Épine » (vers 1500) par Sansovino (1486-1570) ou l’entourage de Benedetto da Rovezzano (vers 1474-1554) – Musée Jacquemart-André (Paris)

L’exposition du Louvre permet de découvrir une troisième variation autour du thème du « Tireur d’épine » (photographie ci-dessous) avec une terre cuite attribuée à Andrea Riccio (1470-1532) conservée au musée Bode de Berlin.

Dans cette version, le garçon tente de retirer l’épine de son pied droit en utilisant la lame d’un couteau. Si cet objet a aujourd’hui disparu, sa présence se déduit du fourreau vide présent sur le flanc droit du personnage. La douleur déforme les traits de son visage. Ses habits déchirés laissent voir ses fesses et son sexe, participant à la dimension satirique que l’artiste a voulu donner à sa sculpture.

« Tireur d’épine » attribué à Andrea Briosco, dit Andrea Riccio (1470-1532) – Musée Bode (Berlin)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Mise au tombeau » par Giacomo del Maino et Bernardino Butinone

« Mise au tombeau » (1476-1482)
Giacomo del Maino et collaborateurs (documenté à partir de 1459)
Bernardino Butinone (vers 1450 – documenté jusqu’en 1510)
Castello Sforzesco (Milan)

Ce relief en bois doré et polychromé est conservé au Castello Sforzesco de Milan. Il est présenté dans le cadre de l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre.

Comme le précise le catalogue de l’exposition, ce relief provient du maître-autel de l’église Santa Maria del Monte à Varese. Avant qu’il ne soit détruit, il était possible de faire le tour de ce maître-autel et de s’arrêter devant chacun des reliefs illustrant la « Passion du Christ ».

Dans toute l’Italie, il n’existe pas une œuvre semblable et si célèbre. » – Innocent VIII voyant l’autel en 1491

Si la célèbre « Descente de Croix » de Mantegna, très largement reproduite, est la source de six figures présentes dans ce relief, le paysage, en revanche, évoque les panneaux des chœurs en bois du gothique tardif.

Joseph […] alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna de le lui remettre. Joseph prit le corps, l’enveloppa dans un drap de lin pur et le déposa dans un tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans la roche. Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du tombeau. » – Évangile selon Matthieu (27.57-66)

Les bouches entrouvertes sont caractéristiques d’une sorte de « vision auditive » typique des « Mises au tombeau » réalisées à Padoue. Les paupières gonflées, les pommettes et les plis du visage soulignés, ainsi que les étoffes en forme de cartouche, caractérisent l’activité des élèves de l’atelier de Giacomo del Maino.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Bacchus et Ariane » par Tullio Lombardo

« Bacchus et Ariane » (vers 1505-1520)
Tullio Lombardo (vers 1455-1532)
Kunsthistorisches Museum (Vienne)

Cette sculpture en marbre, reproduite sur l’affiche de  l’exposition « Le Corps et l’Âme » du Louvre, est probablement l’une des plus emblématiques du classicisme vénitien des années 1500.
Elle fait partie d’un groupe de quatre figures en haut relief de Tullio Lombardo, toutes coupées sous la poitrine : un jeune homme (Musée national Brukenthal de Sibiu), un double portrait (Ca d’Oro de Venise) et une figure féminine (collection particulière).

Placé devant un fond plat seulement marqué d’une ligne formant un cadre, le jeune homme et la jeune femme penchent tendrement leur tête l’un vers l’autre.
Comme le précise le catalogue de l’exposition, leurs bustes sont projetés vers l’avant, selon un dispositif utilisé dans les camées antiques.

Le poli et la douceur des formes, mis en valeur par le traitement des chevelures, accentuent le caractère lumineux des visages.
L’iconographie de ce relief a fait l’objet de multiples interprétations. Si la figure masculine est identifiable à Bacchus, avec son pampre de vigne, sa compagne est donc Ariane.

Bacchus aux cheveux d’or épousa la fille de Minos, la blonde Ariane, que le fils de Saturne affranchit de la vieillesse et de la mort. » – Hésiode (« Théogonie »)

La figure féminine a aussi été identifiée avec la déesse Cérès, fille de Saturne et de Rhéa. Toutefois, il pourrait tout simplement s’agir de la représentation d’un couple réel.

Ce type de relief trouvait probablement place dans la demeure d’un riche patricien, lecteur de textes antiques que les imprimeries vénitiennes répandaient en nombre en ce début du XVIe siècle.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée  (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Pan et Luna » par Antonio Minello

« Pan et Luna (Neptune et Théophane ?) » (vers 1525)
Antonio Minello (vers 1465-1529)
Bayerisches Nationalmuseum (Munich)

Présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, cette sculpture en marbre d’Antonio Minello est un petit relief représentant des personnages mythologiques. Elle est conservée à Munich.

Mais de qui s’agit-il ?

Une jeune fille nue passe l’une de ses jambes par-dessus le cou d’un petit bélier à l’affection démonstrative. Comme le souligne le catalogue de l’exposition, les cornes de l’animal – qui sont des remplacements modernes – ont une dimension à la fois érotique et ludique.

Le charme sensuel de la jeune femme est souligné par les mouvements de sa chevelure flottante et de son manteau.

Elle a jadis été identifiée comme étant Hellé, qui, avec son frère jumeau Phrixos, a fui la Grèce montée sur un bélier doré. Elle tomba dans la mer, mais Phrixos atteignit la Colchide, où le bélier fut sacrifié et sa toison consacrée à Mars.

Mais peut-être s’agit-il d’une représentation de Pan et Luna. Cette hypothèse a été proposée sur la base d’un passage des « Géorgiques » de Virgile et d’un commentaire de Servius, qui raconte comment Pan s’est vêtu de laine blanche pour séduire la chaste déesse lunaire.

Dans le catalogue de l’exposition, Alison Luchs, conservatrice à la National Gallery of Art de Washington, évoque une autre possibilité avec l’histoire de la nymphe Théophane, approchée par Neptune amoureux sous la forme d’un bélier.

L’événement représenté dans la frise sculptée derrière les figures, pourrait représenter les jumeaux qui se préparent à embarquer, ce qui s’expliquerait pour Hellé ou Théophane. L’apparente position de la jeune fille du premier plan, prête à monter sur le dos du bélier – lequel manifeste une « amorosa intentione » – plaide en faveur de cette dernière interprétation.

La jeune fille presse une coquille – souvent un attribut de Vénus – sur le dos du bélier. Il pourrait donc s’agir d’un thème astrologique impliquant la planète Vénus et la constellation du Bélier. Mais la coquille pourrait aussi renvoyer à la véritable identité du bélier, à savoir Neptune, dieu de la mer…

Mais finalement, quelle est votre propre interprétation de ce relief ?

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Radio] Mythes et artistes de la Grèce Antique sur France Culture

Mythes et artistes de la Grèce Antique sur France Culture

Ludovic Laugier, conservateur du patrimoine en charge des sculptures grecques, est l’invité de Jean de Loisy le dimanche 17 janvier 2021 de 14h à 15h pour l’émission « L’art est la matière »

Cette émission a pour point de départ la web-série proposée par Coupe-File Art et Scribe Accroupi et réalisée au cœur des collections du musée du Louvre.

Émission disponible en replay en cliquant ici.

Coulisses du tournage avec Ludovic Laugier (septembre 2020) – Musée du Louvre

Retrouvez ci-dessous les 4 épisodes de cette web-série.

Épisode 1 : Crésilas

Crésilas est un sculpteur grec ayant travaillé et vécu au Ve siècle avant J.-C. Au musée du Louvre est exposée une version de l’un de ses chefs-d’œuvre : la Pallas de Velletri, récemment restaurée.

Dans ce premier épisode de notre web-série, suivez Ludovic Laugier pour une découverte passionnante de ce grand artiste.

Épisode 2 : Praxitèle

Selon Varron, écrivain et savant romain du Ier siècle avant J.-C., le sculpteur Praxitèle « n’est inconnu d’aucun homme un tant soit peu cultivé…  » Mais au-delà de son nom, que sait-on vraiment sur les chefs-d’œuvre qu’il a réalisés ?

Dans ce deuxième épisode de la web-série, Ludovic Laugier évoque les questions d’attribution et de datation des chefs-d’œuvre de Praxitèle et de leurs nombreuses copies romaines.

Épisode 3 : Héraklès

Dans ce troisième épisode, Ludovic Laugier nous fait découvrir les différentes représentations d’Héraclès par les artistes de la Grèce Antique. Il nous emmène en voyage depuis le musée du Louvre jusqu’à Olympie, en passant par Naples et Delphes.

Épisode 4 : Aphrodite

Dans ce quatrième et dernier épisode de la web-série, Ludovic Laugier évoque le mythe d’Aphrodite, l’évolution de ses représentations ; il détaille pour nous la Vénus d’Arles, la Vénus Génitrix et l’Aphrodite de Cnide. Notre parcours se termine aux pieds de la Vénus de Milo dont nous découvrons les origines de la célébrité.

Toutes les images par Coupe-File Art (Nicolas Bousser – Antoine Lavastre) et Scribe Accroupi.

En savoir +

Découvrez la page spéciale dédiée aux mythes et artistes de la Grèce Antique sur le site Internet de Coupe-File Art.

Coulisses du tournage avec Antoine Lavastre et Nicolas Bousser de Coupe-Fil Art (septembre 2020) – Musée du Louvre

[Chef-d’œuvre] « Christ à la colonne » par Cristoforo Solari

« Christ à la colonne » (vers 1510-1520)
Cristoforo Solari, dit Il Gobbo (vers 1470-1524)
Cathédrale de Milan

Présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, ce « Christ à la colonne » – récemment restauré – provient d’une niche placée entre les armoires de la sacristie sud de la cathédrale de Milan.

La signature gravée sur le socle a permis de préserver cette statue de l’oubli, permettant de la compter parmi les rares œuvres autographes de Cristoforo Solari, un sculpteur et architecte qui, aux yeux de ses contemporains, soutenait la comparaison avec Michel-Ange. Outre ce « Christ à la colonne », il a également réalisé un groupe représentant « Adam et Ève » pour la cathédrale de Milan.

La modernité de ce marbre ne semble pas avoir marqué l’imaginaire des sculpteurs : la seule citation de la statue – identifiée jusqu’ici – se trouve dans l’église San Maurizio de Ponte in Valtellina (Italie). Le marbre de Solari est placé au centre d’une « Flagellation », dans une version en bronze miniaturisée.

Comme l’indique le catalogue de l’exposition, l’invention de la pose a été rattachée à la connaissance du Laocoon découvert à Rome en 1506 (photographie ci-dessous) et aux études de Michel-Ange pour le tombeau de Jules II, et notamment à l’ « Esclave rebelle ».

« Laocoon » (vers 1520) par Jacopo Tatti, dit Jacopo Sansovino (?) (1486-1570) – Musée du Bargello (Florence)

Le catalogue précise que la genèse de l’invention de Michel-Ange s’entrecroise avec les études de Léonard réalisées vers 1507-1510. L’une de ses feuilles montre, en effet, des prisonniers « rebelles » attachés à des colonnes, alors qu’une étude représente un autre personnage lui aussi attaché à une colonne. Les projets de Léonard de Vinci pourraient donc avoir compté dans la genèse de l’œuvre de Solari.

Je t’ai tellement aimé, genre humain, que je t’ai racheté avec mon sang divin » – Inscription sur le piédestal de la colonne : « TANTI NE / HVMANVM / GENVS VT / SANGVINE / TE DIVINO / REDIMEREM »

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

[Chef-d’œuvre] « Les Trois Grâces »

« Les Trois Grâces » (IIe siècle)
Musée du Louvre

Ce groupe sculpté, conservé au musée du Louvre, est présenté au centre de l’une des salles de l’exposition « Le Corps et l’Âme ». Il s’agit de la copie romaine, datant du IIe siècle après J.-C., d’une œuvre du IIe siècle avant J.-C.

Ce groupe sculpté représente trois sœurs, les « Charites » : Aglaé, Euphrosyne et Thalie. Elles sont filles de Zeus et d’Eurynomé et personnifient à la fois la beauté, les arts et la fertilité.

Elles ont un air joyeux, comme ordinairement celui qui donne ou celui qui reçoit ; elles sont jeunes parce que le souvenir des bienfaits ne doit pas vieillir ; vierges, parce qu’ils sont sans tache, sans mélange, vénérables pour tout le monde. Ils ne sont à aucun degré un lien, une gêne ; aussi les robes qu’elles portent n’ont-elles pas de ceinture ; et elles sont transparentes parce que les bienfaits ne craignent pas les regards. » – Sénèque dans « De beneficiis »

Comme le décrit Ludovic Laugier dans le catalogue de l’exposition, la composition se développe latéralement, en jouant sur les pleins et les déliés, les effets de miroir, rythmés par l’inclinaison des têtes mais aussi par le balancement alterné des hanches et des épaules.

« Les Trois Grâces » (entre 1504 et 1505) par Raphaël (1483-1520) – Musée Condé (Chantilly)

Ce motif était déjà connu et diffusé au cours de l’Antiquité et bien avant le tableau de Raphaël (photographie ci-dessus) conservé au château de Chantilly ; en témoigne le grand nombre d’exemplaires en ronde bosse d’époque romaine, conservés dans les plus grands musées du monde, ainsi que les reliefs ornant certains sarcophages.

« Les Trois Grâces » reprennent le canon du nu féminin classique créé par Praxitèle au IVe siècle avant J.-C. avec son « Aphrodite de Cnide », tout en l’allongeant et en privilégiant les effets de bidimensionnalité.

Cette version, issue de la collection Borghèse et conservée au Louvre, est aujourd’hui la plus célèbre… mais ce n’est pas la plus complète. En effet, les têtes que l’on voit ici ont été sculptées par Nicolas Cordier pour compléter le groupe en 1609.

Par contre, la version découverte à Rome au XVe siècle et exposée dans la bibliothèque de la cathédrale de Sienne (photographies ci-dessous), est plus complète. C’est elle qui faisait référence pendant la Renaissance et jusque dans le courant du XVIIe siècle.

« Les Trois Grâces » – Cathédrale de Sienne (Italie)
« Les Trois Grâces » – Cathédrale de Sienne (Italie)

L’une d’entre elles est représentée de dos tandis que les deux autres nous font face parce que pour un bienfait, nous pouvons en espérer le double en retour. » – Maurus Servius Honoratus dans « Vergilii Aeneidem »

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée  (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.