Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil »
Initialement prévue du 17 novembre 2020 au 18 avril 2021, prolongée jusqu’au 13 juin 2021
Château de Versailles
L’exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » au Château de Versailles est la première grande rétrospective consacrée à l’auteur du plus célèbre des portraits du Roi Soleil, artiste ayant dominé pendant près d’un siècle le genre du portrait.
Saint-Simon, d’ordinaire très acerbe, n’hésite pas à qualifier Rigaud de « premier peintre de l’Europe, pour la ressemblance des hommes et pour une peinture forte et durable ».
Dans cette visite privée de 70 minutes, Ariane James-Sarazin, conservatrice général du patrimoine, directrice adjointe du musée de l’Armée et commissaire scientifique de l’exposition, nous révèle un Rigaud parfois inattendu, portraitiste fasciné par la peinture religieuse et peintre subjugué par la sculpture.
Né à Perpignan en 1659, Hyacinthe Rigaud compte dans sa famille trois peintres qui s’illustrèrent dans l’art du retable d’église : son bisaïeul, son grand-père et son grand-oncle. Hyacinthe reçut sa première formation en Languedoc où l’envoya sa mère dès 1671.
Fasciné par Rembrandt dès le début de sa carrière, Rigaud prend l’habitude de se peindre lui-même tout au long de sa vie. Ces œuvres deviennent pour lui un véritable argument commercial, lui permettant de faire connaître ses traits à l’égal de ceux de ses modèles.
Rigaud s’est essayé aussi à la peinture religieuse, jugée plus noble que le portrait. Il accorde une importance toute particulière à ces tableaux, qui l’occupent parfois pendant plusieurs années.
Le processus de création des tableaux de Rigaud est parfaitement bien défini. Le modèle choisit d’abord son format, dont dépend beaucoup le prix. Pour gagner du temps et de l’argent, il peut opter pour la pratique de « l’habillement répété », qui consiste à reprendre, en l’adaptant, une pose et des vêtements déjà utilisés par l’atelier.
Hyacinthe Rigaud arrive à Paris vers 1681 pour suivre l’enseignement dispensé à l’Académie royale de peinture et de sculpture. C’est probablement là qu’il a rencontré le sculpteur Martin Desjardins, recteur de cette prestigieuse institution. Une solide amitié se noue entre les deux hommes en dépit de leur différence d’âge.
Les circonstances romanesques qui entourent l’exécution du portrait de Rancé (ci-dessus), vu à la manière d’un saint Jérôme à l’étude, sont bien connues grâce à Saint-Simon qui fut l’instigateur de l’affaire. Rigaud se fit passer pour un officier bègue et profita d’une visite pour saisir de mémoire les traits de l’abbé et les transposer en cachette sur la toile.
Naturellement, Rigaud n’a pas inventé Louis XIV. Mais pour employer un terme à la mode aujourd’hui, il l’a encapsulé. Pour les siècles à venir, l’œuvre délivre sa puissance, rayonne, tournoie tout en donnant l’image même de la stabilité. » – Laurent Salomé, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Le portrait ci-dessous a été découvert en 1956 et attribué à Rigaud mais il n’a pu être mis en relation avec aucune mention des livres de comptes de l’artiste, et l’identité de son modèle demeure à ce jour inconnue. Selon le catalogue de l’exposition, il pourrait s’agir d’une commande d’un client ou d’une initiative de Rigaud lui-même, exécutée pour son propre usage afin de témoigner de ses capacités artistiques.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Sources :
catalogue de l’exposition
dossier de presse de l’exposition
En savoir +
Découvrez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du Château de Versailles
Magnifique présentation, à la fois érudite et accessible. Merci.
Visite véritablement très instructive. Mes remerciements à Madame James-Sarazin.
Merci pour ce moment en suspension.
C’est un plaisir d’écouter les explications de Mme James-Sarazin dans cette vidéo.
Le meilleur de Rigaud, on dirait. J’irai le 19 Mai à Versailles.