L'envie de venir au musée... et d'y revenir souvent !

[Patrimoine] Les décors de la Chancellerie d’Orléans

 

Les décors de la Chancellerie d’Orléans remontés à l’hôtel de Rohan

Le « Quadrilatère des Archives » désigne un ensemble de bâtiments situés au cœur du quartier parisien du Marais, protégés au titre des monuments historiques. Cet ilôt patrimonial est, depuis 1808, le lieu d’implantation historique des Archives nationales.

L’hôtel de Rohan

Au cœur de ce Quadrilatère, l’hôtel de Rohan est l’un des plus prestigieux palais parisiens du XVIIIe siècle. Armand-Gaston-Maximilien de Rohan, fils de la princesse de Soubise, évêque de Strasbourg et futur cardinal de Rohan, fait construire à partir de 1705, par l’architecte Pierre-Alexis Delamair, un hôtel particulier sur un terrain contigu à l’hôtel de Soubise.

Sous la Révolution, l’hôtel de Rohan est vendu au profit des créanciers de la famille de Soubise. Il est attribué à l’Imprimerie nationale. En 1927, l’hôtel de Rohan est affecté aux Archives nationales. Le corps de logis principal de l’hôtel est entièrement rénové. L’escalier d’honneur, démoli en 1824, est restitué et plusieurs salons sont restaurés.

L’hôtel de la Chancellerie d’Orléans

Dans un autre quartier de Paris, près du jardin du Palais-Royal, se dressait l’hôtel dit « de la Chancellerie d’Orléans », connu également sous le nom d’Hôtel de Voyer d’Argenson.
Cet hôtel particulier est construit en 1703 par l’architecte Germain Boffrand (1667-1754) pour l’abbé Dubois, favori du duc d’Orléans, futur Régent. De nombreux artistes interviennent : Augustin Pajou pour les sculptures, Antoine Coypel, Jean-Honoré Fragonard, Jean-Jacques Lagrenée, Louis-Jacques Durameau, Gabriel Briard pour les plafonds.

En 1784, le duc d’Orléans installe dans cet hôtel son « chancelier », c’est-à-dire le gestionnaire de ses affaires. L’hôtel de Voyer devient alors « Chancellerie d’Orléans ».

Une démolition contestée

Au début du XXe siècle et après vingt ans de polémique patrimoniale, il est décidé que la Chancellerie d’Orléans serait démolie mais que la Banque de France remonterait les décors des pièces principales dans le périmètre de son établissement. L’immeuble est détruit en 1923 et les décors sont mis en caisses dans un entrepôt de banlieue parisienne où ils restent… quatre-vingts ans.

Il aura fallu attendre près d’un siècle pour voir les décors remontés.

Renaissance d’un chef-d’œuvre

Après l’abandon de multiples hypothèses de remontage dans le domaine de Saint-Cloud, au musée Carnavalet ou au musée du Louvre, l’idée germe progressivement de remonter les décors au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan.
Au terme de dix ans de chantier de restauration puis de remontage, les décors de quatre pièces de la Chancellerie d’Orléans ont été remontés.

L’antichambre

L’antichambre, imitée des palais romains, est aménagée « à l’antique ». Ses colonnes engagées sont inspirées de celles de l’ « Érechthéion » qui venaient alors d’être publiées en France.

Le plafond, confié au peintre Gabriel Briard, évoque les travaux d’Hercule.

« Les Travaux d’Hercule » par Gabriel Briard – Plafond de l’antichambre de la Chancellerie d’Orléans

La salle à manger

Le décor de la salle à manger associe des pilastres en mosaïque d’albâtre imitant l’améthyste, des médaillons en faux porphyre, des sphinx et de riches voussures ornées de stucs dorés qui encadrent le plafond.

Le plafond, peint sur le thème de « Jupiter et Hébé », est l’œuvre de Jean-Jacques Lagrenée.

« Hébé servant le nectar à Jupiter, » par Jean-Jacques Lagrenée – Plafond de la salle à manger

Le grand salon

Le grand salon central, à la hauteur de plafond exceptionnelle, est sans conteste le point culminant des aménagements intérieurs de l’hôtel.

Ouvrant par trois vastes baies cintrées sur le jardin, cette pièce de réception est ornée d’arcades abritant des miroirs créant un jeu de perspective voulu par l’architecte.

Le plafond surmonte une riche corniche peinte et dorée ornée de guirlandes de fleurs en ronde-bosse. Il est le chef-d’œuvre d’Antoine Coypel.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« L’amour désarmant les dieux » par Antoine Coypel – Plafond du grand salon de la Chancellerie d’Orléans

L’ameublement répond au luxe de la décoration murale, réunissant des bronzes de Delaroue et un mobilier réalisé par le menuisier Mathieu Bauve d’après des dessins de De Wailly, dont quatre fauteuils ont été retrouvés.

La chambre de la marquise de Voyer

Le décor de la chambre de la marquise de Voyer allie des putti sculptés par Pajou à des boiseries peintes et dorées alternant avec des niches destinées à recevoir des candélabres.

Le plafond a pour thème « Le Lever de l’Aurore ». Il est l’œuvre de Louis Jean-Jacques Durameau (1733-1796).

Détail du « Réveil de l’Aurore  » par Jacques-Louis Durameau

Comment visiter ?

La visite de ces salles du rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan a lieu tous les deuxièmes samedis du mois dans la limite des places disponibles et sur réservation au +33 (0)1 40 27 60 96 ou par mail infomusee.archivesnationales@culture.gouv.fr.

Pour plus d’informations, consultez les informations pratiques sur le site Internet des Archives nationales en cliquant ici.

Sources :

  • Article « Les hôtels de Soubise et de Rohan » – Archives Nationales
  • dossier de presse Archives Nationales / Banque de France

[Chef-d’œuvre] Le magicien Hermogène, de Valenciennes à Cassel

« Saint Jacques et le Magicien Hermogène »
par un suiveur de Jérôme Bosch (1453 ? – 1516)
Musée des Beaux-Arts de Valenciennes

Confronté à des dysfonctionnements sur certains éléments de la structure de son bâtiment, le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes est actuellement fermé pour rénovation. Pendant cette période, certaines œuvres sont prêtées au musée de Flandre.

Ainsi, « Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène », une huile sur bois du XVIe siècle attribuée à un suiveur de Jérôme Bosch, a récemment rejoint Cassel.

Arrivée du panneau « Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée de Flandre (Cassel) – Image © Musée des Beaux-Arts de Valenciennes – Hélène Duret

Ce panneau, peint des deux côtés, faisait probablement partie d’un triptyque, dont il constituait l’un des volets.
Sur une face, on peut voir deux épisodes de la légende de saint Jacques le Majeur empruntés à la « Légende dorée ».

« Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée des Beaux-Arts de Valenciennes, avant son prêt au musée de Flandre

Au premier plan, le magicien Hermogène parlemente avec les démons chargés de capturer saint Jacques. Ce dernier s’avance, précédé d’un ange qui tient à ses côtés les démons, devenus dociles et inoffensifs.

« Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée des Beaux-Arts de Valenciennes

Au revers, le panneau représente saint Antoine lisant devant une maisonnette. Ce saint guérisseur était notamment invoqué contre la peste.

Installation du panneau « Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée de Flandre (Cassel) – Image © Musée des Beaux-Arts de Valenciennes – Hélène Duret

La paternité de cette oeuvre, longtemps donnée à Jérôme Bosch, a été remise en cause au profit d’un disciple ou d’un copiste interprétant une œuvre du maître aujourd’hui perdue.

Installation du panneau « Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée de Flandre (Cassel) – Image © Musée des Beaux-Arts de Valenciennes – Hélène Duret

Dans la vidéo en tête de cet article, découvrez ce panneau et son parcours de Valenciennes jusqu’à Cassel avec :
Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-Arts de Valenciennes,
Louise Dale, régisseur des collections du musée des Beaux-Arts de Valenciennes,
Cécile Laffon, conservateur du patrimoine au musée de Flandre,
Romaric Navarro, régisseur des collections du musée de Flandre.

Installation du panneau « Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée de Flandre (Cassel) – Image © Musée de Flandre – Cécile Laffon

La web-série disponible sur mon Blog vous permet de suivre la vie du musée pendant sa fermeture en découvrant certains de ses chefs-d’œuvre et leur destination pendant les travaux.

Musée des Beaux Arts de Valenciennes
Boulevard Watteau
59300 Valenciennes

Au centre : « Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée des Beaux-Arts de Valenciennes, avant son prêt au musée de Flandre

Musée de Flandre
26 Grand’ Place
59670 Cassel

« Saint Jacques et le Magicien Hermogène » au musée de Flandre (Cassel) – Image © Musée des Beaux-Arts de Valenciennes – Hélène Duret

En savoir +

Suivez l’actualité du musée des Beaux-Arts de Valenciennes en cliquant ici.
Découvrez le musée de Flandre en cliquant ici.

Détail de « Saint Jacques et le Magicien Hermogène »

Tous les épisodes de la web-série sont disponibles ici.

Constat d’état d’un autre prêt du musée des Beaux-Arts de Valenciennes au musée de Flandre (Cassel) – Image © Musée de Flandre – Cécile Laffon

[Web-série] Dans les coulisses du musée des Beaux-Arts de Valenciennes (2022)

[Web-série] Musée des Beaux-Arts de Valenciennes – Fermé pour travaux

Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes est actuellement fermé pour rénovation.

Construit en 1905, le musée est confronté à des dysfonctionnements sur certains éléments de la structure du bâtiment. La succession d’hivers froids et d’épisodes caniculaires aurait accéléré la dégradation de la toiture et des verrières.
Sans intervention, la conservation préventive des œuvres pourrait ne plus être assurée. Les études préalables aux travaux et le démontage et transfert de certaines œuvres sont à présent engagés.

Cette web-série exceptionnelle vous dévoile les coulisses du musée.

Épisode 5 : Le Magicien Hermogène, de Valenciennes à Cassel

« Saint Jacques le Majeur et le magicien Hermogène », une huile sur bois du XVIe siècle attribuée à un suiveur de Jérôme Bosch, a récemment rejoint le musée de Flandre à Cassel.
Ce panneau, peint des deux côtés, faisait probablement partie d’un triptyque, dont il constituait l’un des volets. Sur une face, on peut voir deux épisodes de la légende de saint Jacques le Majeur empruntés à la « Légende dorée ».

Épisode 4 : Marie Stuart, de Valenciennes à Nantes

Certaines œuvres ont intégré le parcours permanent du musée d’Arts de Nantes. C’est le cas pour « La Mort de Marie Stuart » par Abel de Pujol (1785-1861).
Louise Dale, régisseur des collections du musée des Beaux-Arts de Valenciennes, Céline Rincé-Vaslin, responsable du service des collections du musée d’Arts de Nantes et Jean-Rémi Touzet, onservateur en charge des collections du 19e siècle, de la bibliothèque et de la documentation du musée d’Arts de Nantes, vous présentent ce tableau et les étapes de son déplacement de Valenciennes à Nantes.

Épisode 3 : « Ugolin » de Jean-Baptiste Carpeaux

Plusieurs œuvres sont prêtées à des musées partenaires pour enrichir leur parcours permanent. Dans ce cadre, le plâtre original représentant « Ugolin et ses enfants » vient de rejoindre le musée des Beaux-Arts de Nantes.
Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-Arts et du service archéologique de Valenciennes, et Louise Dale, régisseure des collections, nous présentent cette œuvre de grand format et les différentes étapes de son transport jusqu’à Nantes.

Épisode 2 : Régisseur des collections

Louise Dale, régisseure des collections du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, nous explique en quoi consiste son travail et la singularité de ses missions pendant cette période de fermeture. En outre, les partenariats avec d’autres musées permettent à certaines oeuvres de trouver un nouveau public pendant les travaux.

Épisode 1 : Fermé pour travaux

Dans ce premier épisode, Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-Arts et du service archéologique de Valenciennes, et Louise Dale, régisseure des collections, vous dévoilent les coulisses du musée et les enjeux de cette période délicate.

A suivre…

Pour connaître la suite du chantier, cliquez ici pour regarder le reportage tourné en 2023.

En savoir +

Consulter le site Internet du musée des Beaux-Arts de Valenciennes.

Musée des Beaux Arts de Valenciennes
Boulevard Watteau
59300 Valenciennes

[Web-série] Nouvelles facettes du musée Napoléon Ier de Fontainebleau

Nouvelle Web-série en 4 parties sur de nouvelles facettes du musée Napoléon Ier du château de Fontainebleau

À deux pas de la cour d’Honneur où il fit ses adieux à sa vieille garde le 20 avril 1814, s’élève un musée entièrement dédié à Napoléon Ier. Aménagé en 1986 dans les anciens locaux de l’École militaire spéciale de Fontainebleau, ce musée rassemble, dans ses 10 salles, une exceptionnelle collection d’objets d’art, de tableaux, de sculptures, d’armes, de costumes, de céramiques et de médailles.

Après vous en avoir présenté les richesses dans deux précédentes Web-séries (en 2018 et 2021), je vous propose de retrouver Christophe Beyeler, conservateur général du Patrimoine, chargé du musée Napoléon Ier, dans quatre nouveaux épisodes toujours aussi passionnants, érudits et accessibles à tous.

[1ère partie] La médaille, un art au service du pouvoir

Dans la salle « Paris capitale du luxe », arrêtons-nous sur la vitrine aux médailles et monnaies ainsi que sur un bas-relief allégorique « Bonaparte conduit à l’Immortalité », puis sur la « commode au coq », un prestigieux dépôt du Mobilier national.

[2ème partie] Figures d’acteurs de la domination française en Europe

Christophe Beyeler présente les bustes des membres de la Famille impériale dont ceux de Joachim-Napoléon, roi de Naples, et Jérôme-Napoléon, roi de Westphalie. Avec le Portrait de Siméon en habit de ministre de la Justice, il décrit une oeuvre essentielle pour le propos et le développement du musée Napoléon Ier.

[3ème partie] Lendemains d’Empire

D’un Empire l’autre : la succession des régimes et des dynasties en France (1814-1852)

[4ème partie] Le général Grouvel, à travers l’Europe et au gré des régimes

Une vitrine monographique, fruit d’une donation familiale exceptionnelle

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Visitez le site Internet du château de Fontainebleau

Musée Napoléon Ier
Château de Fontainebleau
Place du Général de Gaulle
77300 Fontainebleau

« Napoléon Ier dans son cabinet de travail à 4 heures du matin » (1812) par Jacques-Louis David – Musée Napoléon Ier du château de Fontainebleau

[Visite privée] Exposition « Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance » à Chantilly

Exposition « Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance »
4 juin – 2 octobre 2022
Château de Chantilly

Par ses gravures, Albrecht Dürer a contribué à façonner la Renaissance européenne en se plaçant au cœur des échanges artistiques. Rarement exposé en France, cet immense artiste est mis à l’honneur à Chantilly avec plus de 200 œuvres. Éblouissant !

Pour cette visite, nous sommes accompagnés par Caroline Vrand, conservateur du patrimoine et responsable des estampes des XVe et XVIe siècles à la Bibliothèque nationale de France, et Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé du château de Chantilly.

« Tête de vieil homme avec une longue barbe » (vers 1505 ?) par Albrecht Dürer (1471-1528) – Fondation Custodia (Paris), dépôt du musée national du château de Malmaison
« Adam et Ève » dit aussi « La Chute de l’homme » (1504) par Albrecht Dürer (1471-1528) – Bibliothèque nationale de France

Apparue vers 1400, la gravure permet, pour la première fois en Occident, une diffusion massive des images. Deux techniques se développent : la gravure en relief sur bois (xylographie), puis la gravure sur cuivre.
La gravure sur cuivre est une technique en creux, où le graveur creuse les tailles sur sa plaque à l’aide d’un burin. La particularité de ce procédé est d’offrir une grande finesse d’exécution et une richesse de variations tonales.

« Cosmos » (vers 1496) attribué à Albrecht Dürer – Musée du Louvre

Dürer naît le 21 mai 1471 et meurt le 6 avril 1528 à Nuremberg, une ville prospère de Bavière. C’est une ville ouverte sur le monde, imprégnée des idées humanistes et un foyer de premier ordre pour la production du livre imprimé.
Dürer y reçoit sa formation artistique et y implante son atelier à partir de 1495.

Détail de « Combat d’hommes nus » (vers 1470-1475) par Antonio del Pollaiuolo – Bibliothèque nationale de France

Dürer restera durant toute sa carrière très marqué par la production des maîtres de la gravure du XVe siècle. À Nuremberg, il dut également avoir sous les yeux des estampes d’Andrea Mantegna et d’Antonio Pollaiuolo.

« Vue de Venise à vol d’oiseau » (1500) d’après Jacopo de Barbari, édité par Anton Kolb – Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie
« L’Adoration de l’Agneau » (1496-1498) par Albrecht Dürer (1471-1528) – Bibliothèque nationale de France
Détail de « Le Monstre marin » dit aussi « L’Enlèvement d’Amymoné » (vers 1498) par Albrecht Dürer (1471-1528) – Musée Condé (Chantilly)
Détail de « Enfant tenant une couronne » (1506) par Albrecht Dürer (1471-1528) – Bibliothèque nationale de France

Dürer s’intéressa toute sa vie au monde qui l’entourait, à la représentation de la nature, de ses paysages et de ses prodiges, mais aussi aux éléments plus exotiques.

« Le Rhinocéros » (1515) par Albrecht Dürer – Bibliothèque nationale de France

« Le Grand cheval » (1505) par Albrecht Dürer – Bibliothèque nationale de France
« Le Chevalier, la Mort et le diable » (1513) par par Albrecht Dürer – Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie

Ses recherches incessantes pour capturer le monde trouvent leur aboutissement dans les trois cuivres magistraux : « Le Chevalier, la Mort et le Diable », « Saint Jérôme dans sa cellule » et « La Melancolia ». Les sujets représentés sont surtout des prétextes à l’illustration d’un savoir théorique et à la démonstration d’une maîtrise inégalée dans le rendu des ombres et des lumières, des matières ou dans la construction de l’espace.

« Willibald Pirckheimer » (1524) par Albrecht Dürer – Bibliothèque nationale de France

Qu’ils soient peints, dessinés ou gravés, ses portraits traduisent la psychologie et le statut des modèles qui avaient l’honneur d’être immortalisés par ses soins.

Commissariat de l’exposition

Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé (Château de Chantilly)
Caroline Vrand, conservatrice du patrimoine au département des Estampes et de la photographie Responsable des estampes des XVe et XVIe siècles (Bibliothèque nationale de France)

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Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du château de Chantilly

Exposition « Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance »
4 juin – 2 octobre 2022
Salle du jeu de paume
Château de Chantilly
60500 Chantilly

« Vierge à l’Enfant entourée d’anges et de saints » (1521) par Albrecht Dürer – Musée Condé (Chantilly)

[Visite privée] Exposition « Le voyage en Italie de Louis Gauffier » au musée Fabre

Exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier »
7 mai – 4 septembre 2022
Musée Fabre (Montpellier)

Organisée en collaboration avec le musée Sainte-Croix de Poitiers – où elle sera présentée du 14 octobre 2022 au 12 février 2023 – l’exposition montpelliéraine est la première consacrée à la carrière de Louis Gauffier, peintre de la fin de XVIIIe siècle.

Né à Poitiers en 1762, Louis Gauffier déploie son art aussi bien dans les sujets mythologiques que bibliques, les portraits et le paysage. À l’orée du XIXe siècle, il propose des formules nouvelles, intimes et poétiques, qui le distinguent de ses contemporains.

Pierre Stépanoff, responsable des peintures et sculptures de la Renaissance au milieu du XIXe siècle du musée Fabre et commissaire de l’exposition, vous propose de découvrir la séduisante poésie de l’art de Louis Gauffier.

Détail du « Portrait de la famille Gauffier » (vers 1793) par Louis Gauffier et Pauline Gauffier – Palazzo Pitti, Galleria d’Arte Moderna, dépôt du musée des Offices (Florence)

C’est en Italie, à Rome puis à Florence, que Louis Gauffier et François-Xavier Fabre – à l’origine du musée des Beaux-Arts de Montpellier – sont devenus camarades et amis. Le soin avec lequel Fabre recueilli des œuvres de son ami après son décès explique aujourd’hui la très belle représentation de Gauffier au musée de Montpellier, dont l’exposition permettra de découvrir la richesse de sa carrière.

« Une femme vêtue d’un manteau » (vers 1785-1793) par Louis Gauffier (1762-1801) – Médiathèque centrale Émile-Zola (Montpellier)
Détail d’une « Vue imaginaire de Rome » (vers 1785-1789) par Louis Gauffier (1762-1801) – Musée Fabre
Exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier »
Détail de « La Cananéenne aux pieds du Christ » (1784) par Jean Germain Drouais (1763-1788) – Musée du Louvre

Cette rétrospective met également l’artiste en perspective avec ses contemporains, qu’il s’agisse de ses camarades français, Drouais, Gagneraux et surtout Fabre, mais également avec le contexte artistique italien profondément marqué par des peintres issus de toute l’Europe.

Esquisse de « La Générosité des femmes romaines » (vers 1790) par Louis Gauffier (1762-1801) – Collection particulière
« Jacob et les filles de Laban » (1786-1787) par Louis Gauffier (1762-1801) – Musée du Louvre
« Egyptian Room » dans l’exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier »
« Étude de deux troncs d’arbre, platanes » (vers 1785-1792) par Louis Gauffier (1762-1801) – Musée Fabre

« Gauffier résida à Rome pendant six années, revint en France en 1789, et fut agréé à l’académie de peinture. L’attrait que le séjour de Rome a pour les artistes, rappela Gauffier dans cette ville, et bientôt il y trouva une épouse dont les talents et les vertus aimables sympathisaient avec son caractère. Il fixa depuis son séjour à Florence, où la mort lui enleva son épouse. Gauffier, dont la santé avait toujours été très faible, ne put résister à cet affreux événement, et deux mois après avoir perdu sa compagne il la suivit au tombeau […] » – Charles Paul Landon dans la « Notice nécrologique de Louis Gauffier » (1803)

Exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier » – Musée Fabre

Commissariat de l’exposition

Commissariat général
Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, directeur du musée Fabre

Commissariat scientifique
Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, directeur du musée Fabre
Pierre Stépanoff, conservateur du patrimoine, responsable des peintures et sculptures de la Renaissance au milieu du XIXe siècle, musée Fabre

« L’Oiseau volé » (vers 1790-1800) par Pauline Gauffier (1772-1801) – Musée Fabre

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Consultez le site Internet du musée Fabre.

« Portrait de jeune homme avec son chien » (1796) par Louis Gauffier – Collection privée

Exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier »
7 mai – 4 septembre 2022
Musée Fabre
39 Boulevard Bonne Nouvelle
34000 Montpellier

Exposition « Le Voyage en Italie de Louis Gauffier » – Musée Fabre

[Visite privée] Moyen Âge et Renaissance au PBA de Lille

Réouverture des salles Moyen Âge et Renaissance
Palais des Beaux-Arts de Lille

Après le réaménagement de l’Atrium en 2017 et celui des salles présentant les plans-reliefs en 2019, le Palais des Beaux-Arts de Lille vient d’achever la nouvelle configuration des salles Moyen Âge et Renaissance.

La nouvelle présentation mêle peintures, sculptures, arts graphiques et objets d’art. Le parcours a été revu et enrichi dans une nouvelle scénographie. Des œuvres ont été restaurées et l’art contemporain fait son apparition par touches pertinentes et subtiles.

La promesse d’une autre façon de découvrir les trésors du Palais !

Sophie Dutheillet de Lamothe, conservatrice du patrimoine en charge du département Moyen Âge et Renaissance, vous invite à découvrir plusieurs chefs-d’œuvre du Palais des Beaux-Arts de Lille.

« Festin d’Hérode » (vers 1435) par Donatello
« Le Christ au tombeau » par Girolamo Marchesi (vers 1480-1550)
« The architecture of empathy » (2014) par John Isaacs (né en 1968) – Collection privée
« La Vierge à l’églantine » (vers 1485) par l’Atelier de Domenico Ghirlandaio (1448-1494)
Détail de « La chute des damnés » (vers 1450) par Dirk Bouts (vers 1415-1475)
À gauche : tranchoir provenant de Lille (14e siècle)

En savoir +

Consultez la page spéciale sur le site Internet du Palais des Beaux-Arts.

Palais des Beaux-Arts de Lille
Place de la République
59000 Lille

Au premier plan : « Portraits de Louis de Quarré et Barbe de Croesinck en donateurs » (vers 1480) par le Maître au Feuillage brodé (actif à la fin du 15e siècle à Bruxelles)

[Visite privée] Exposition « La Forêt Magique » au PBA de Lille

Exposition « La Forêt Magique »
13 mai – 19 septembre 2022
Palais des Beaux-Arts de Lille

Au fil des siècles, les arbres et les forêts ont été tour à tour vénérés et craints, protégés et détestés, considérés comme une ressource qu’on peut épuiser et depuis peu comme un écosystème complexe, à l’image de celui de toute la planète.
À partir d’une sélection resserrée d’œuvres, l’exposition propose une immersion envoûtante au cœur de l’imaginaire des forêts.

Suivez Bruno Girveau, directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille, et Cédric Devigne, chargé de mission biodiversité à la direction nature en ville de Lille.

Dans l’Atrium du Palais des Beaux-Arts, sur le pourtour de la rotonde centrale, des textes et photographies présentent le projet du botaniste Francis Hallé, auteur d’un manifeste visant à reconstituer une forêt primaire en Europe de l’Ouest.

« Une forêt primaire, à la différence d’une forêt secondaire, est une forêt qui n’a été ni défrichée, ni exploitée, ni modifiée de façon quelconque par l’homme. Captation du CO2, régulation du climat, réserve de biodiversité, reconstitution des ressources hydriques… ses bénéfices sont inestimables. » – Francis Hallé

Modèle-colonne – Première moitié du premier millénaire avant J.-C. – Musée du Louvre
Détail de « Paysage au torrent avec des daims attaqués par des loups » (vers 1830-1834) par Lancelot-Théodore Turpin de Crissé (1782-1859) – Musée du Louvre
Au centre : « Intérieur de forêt » par Romolo Panfi (1632-1690) – Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
« Paysage rocheux avec Saint-Jérôme dans sa grotte » (vers 1595) par Jan Brueghel de velours (1568-1625) – Palais des Beaux-Arts de Lille
À droite : « Ténèbres » (1933) par Auguste Morisot – Musée Paul-Dini (Villefranche-sur-Saône)

« La forêt est barbare. » – Victor Hugo dans « Quatrevingt-treize »

Détail de « Ombres » par Auguste Morisot – Musée Paul-Dini (Villefranche-sur-Saône)

Commissariat de l’exposition

Bruno Girveau, Directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille et du musée de l’Hospice Comtesse
Régis Cotentin, responsable de l’art contemporain au Palais des Beaux-Arts de Lille

En savoir +

Consultez la page spéciale sur le site Internet du Palais des Beaux-Arts de Lille.

« Arbre de Buddha Sakyamuni » (1878) par Félix Elie Regamey (1844-1907) – Musée Guimet (Paris)

Exposition « La Forêt Magique »
13 mai – 19 septembre 2022
Palais des Beaux-Arts de Lille
Place de la République
59000 Lille

Détail de « Iris » (1886) par John Atkinson Grimshaw (1836-1893) – Leeds Museums and Galleries

[Visite privée] Exposition « Photographies en guerre » au musée de l’armée

Exposition « Photographies en guerre »
6 avril – 24 juillet 2022
Musée de l’armée

Le musée de l’Armée présente pour la première fois une exposition consacrée non pas au conflit, mais à la représentation de celui-ci par la photographie. Du Siège de Rome (1849) à la guerre en Syrie, le parcours réunit plus de 300 photographies faisant le récit d’une construction médiatique de la guerre à travers l’image.
Depuis l’apparition de ce nouveau médium sur un champ de bataille au milieu du XIXe siècle, les rapports entre photographie et guerre sont complexes. L’exposition permet notamment d’aborder les questions liées à la véracité des images et à l’éthique du photographe.
Elle met en avant les collections photographiques du musée de l’Armée, riche de plus de 60 000 items, ainsi que sa politique d’acquisition auprès de photographes contemporains, tels que Philippe de Poulpiquet ou Édouard Elias.

Sylvie Le Ray-Burimi, conservatrice en chef du patrimoine, et Lucie Moriceau-Chastagner, responsable de la collection de photographies du musée de l’Armée, vous invitent à les suivre pour une visite privée exceptionnelle de plus de 40 minutes.

« Sébastopol. Le fort Nicolas pendant sa destruction » (1856) par Jean-Baptiste-Henri Durand-Brager (1814-1879) et Lassimone (actif entre 1855-1856) – Bibliothèque nationale de France
« Siège de Sébastopol. Vue de la baie et du village de Kamiesch depuis le fond du port » (‘1855) par Henri Durand-Brager (1814-1879) – Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Le véritable essor de la photographie de guerre se produit à la faveur de la guerre de Crimée (1853-1856). Les français Henri Durand-Brager (1814-1879) et Lassimonne travaillent à produire la documentation photographique nécessaire à la réalisation de panoramas peints.

« L’Illustration » n°3646 du 11 janvier 1913 reproduisant une photographie de Georg Woltz : « Le roi de Bulgarie, Ferdinand Ier (1861-1948), sur les ruines de la forteresse de Cavalla » (1912)

À partir des années 1840, la photographie devient une source pour l’illustration de la presse. Sa reproduction directe est toutefois techniquement impossible et c’est d’abord par l’intermédiaire de la gravure sur bois que les lecteurs ont accès à ces images de l’actualité.

Ensemble de portraits cartes de visites de combattants de la guerre franco-allemande de 1870-1871 et du siège de Paris – Musée de l’armée

À la fin du XIXe siècle, l’essor de l’industrie photographique permet une démocratisation de la pratique de la photographie en amateur qui renouvelle les représentations de la guerre. Les combattants sont alors de plus en plus nombreux à enregistrer leur expérience de la guerre à l’aide d’appareils photographiques au format de poche.

« Sabotage près de Gardanne » (1944) par Julia Pirotte (1908-2000) – Bibliothèque nationale de France
« Le drapeau rouge sur le Reichstag, Berlin » (2 mai 1945) par Evgueni Khaidei (1917-1997) – Collection Yan Morvan (Paris)

La Seconde Guerre mondiale est l’un des conflits les plus massivement documentés et représentés par la photographie. Elle a produit certaines des images les plus célèbres de la photographie, parmi lesquelles « Raising the Flag on Iwo Jima » et « Le Drapeau rouge sur le Reichstag ».

Photographies de la destruction de Strasbourg (1870) – Musée de l’armée

Commissariat de l’exposition

Mathilde Benoistel, chargée d’études documentaires, cheffe du département de l’inventaire, de la diffusion et de l’histoire des collections, musée de l’Armée
Sylvie Le Ray-Burimi, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département beaux-arts et patrimoine, musée de l’Armée
Lucie Moriceau-Chastagner, chargée d’études documentaires, adjointe à la cheffe du département beaux-arts et patrimoine, responsable de la collection de photographies du musée de l’Armée
Anthony Petiteau, chef de l’unité conservation, documentation, recherche, musée départemental Albert-Kahn, ancien responsable de la collection de photographies du musée de l’Armée
Assistés de Chloé Boisson, Philomène Bonhomme, Marie Lamassa, Aline Muller, Aurélien Nicole

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Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée de l’armée

Exposition « Photographies en guerre »
6 avril – 24 juillet 2022
Musée de l’armée
Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle
75007 Paris

[Visite privée] Exposition « Marcel Proust, du côté de la mère » au mahJ

Exposition « Marcel Proust, du côté de la mère »
14 avril — 28 août 2022
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme

Avec près de 230 peintures, dessins, gravures, ouvrages, documents — dont des œuvres de Monet, Tissot, Bellini — l’exposition présente Marcel Proust (1871-1922) à travers le prisme de sa judéité.

L’exposition bénéficie de prêts d’une trentaine d’institutions à l’étranger et en France, parmi lesquelles la BnF, le musée du Louvre, le musée Carnavalet, le musée Marcel Proust à Illiers-Combray, et de prêts exceptionnels du musée d’Orsay et de la National Gallery de Londres.

Paul Salmona, directeur du musée d’art et d’histoire du Judaïsme, vous guide dans l’exposition, évoquant aussi cette « part juive », très souvent ignorée, de la France du XIXe siècle, où les israélites purent accéder à tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle, dans un mouvement d’intégration sans précédent.

Marcel et Robert Proust avec leur mère (1896) – Bibliothèque nationale de France, dépôt de Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art

À la disparition de sa mère, en 1905, l’écrivain se mit sérieusement au travail, porté par la pensée qu’il lui serait « si doux avant de mourir de faire quelque chose qui aurait plu à maman« . L’écriture de son grand œuvre, « À la recherche du temps perdu », l’accaparera dès lors jusqu’à sa mort.

La classe de rhétorique du lycée Condorcet, année scolaire 1888-1889. Marcel Proust est le premier à gauche au deuxième rang. – Bibliothèque nationale de France

Dès l’âge de 17 ans, Proust collabore à la « Revue verte » puis à la « Revue lilas », fondées par ses condisciples du lycée Condorcet. Ses premiers écrits sont des études, des poèmes en prose et des nouvelles.

« Le Grand Canal » (1908) par Claude Monet – Collection David et Ezra Nahmad

Entre 1899 et 1906, il se passionne pour les textes de John Ruskin (1819-1900), critique d’art et esthète passionné d’architecture. Comme il maîtrise mal l’anglais, sa mère l’aide à traduire certains textes. En 1900, ils se rendent ensemble à Venise, sur les traces de l’écrivain.

« Hôtel des Roches Noires. Trouville » (1870) par Claude Monet – Musée d’Orsay

Les stations balnéaires de la côte normande – Trouville, Houlgate, Cabourg, Deauville –, où Proust séjourne régulièrement entre 1880 et 1914, constituent le décor d’ « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». L’atmosphère chic de ces villégiatures estivales est restituée dans les tableaux de Boudin, Monet ou Helleu.

« Esther et Assuérus » (XVIIe siècle ?) par Frans Francken le Jeune – Collection Marie-Claude Mauriac

L’histoire d’Esther occupe une place particulière dans la famille de Marcel Proust. Jeanne, sa mère, nourrit une grande admiration pour l’héroïne biblique, en particulier dans la version théâtrale créée en 1689 par Racine pour le pensionnat de jeunes filles de Saint-Cyr.

« Émile Zola à son procès, sur le banc des accusés » (1898) par Maurice Feuillet – mahJ

L’affaire Dreyfus est pour Marcel Proust non pas le moment de la révélation de sa judéité, mais celui de son engagement aux côtés des dreyfusards. Alors que son père est antidreyfusard, Marcel Proust se range aux côtés de sa mère. Dès le lendemain de la publication du « J’accuse » d’Émile Zola dans « L’Aurore » du 13 janvier 1898, Proust signe une protestation « contre la violation des formes juridiques » lors du procès de 1894. Il assiste au procès de Zola en février 1898.

Lettre adressée par Marcel Proust à Robert de Montesquiou en mai 1896 à propos de « Pour les Juifs », l’article de Zola publié dans « Le Figaro » du 16 mai 1896 – Collection particulière

« Si je n’ai pas répondu hier à ce que vous m’avez demandé des juifs. C’est pour cette raison très simple : si je suis catholique comme mon père et mon frère, par contre, ma mère est juive. Vous comprenez que c’est une raison assez forte pour que je m’abstienne de ce genre de discussions. » – Lettre de Marcel Proust à Robert de Montesquiou, mai 1896

« Comte Robert de Montesquiou-Fezensac » (1879) par Henri-Lucien Doucet – Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles

Si Proust a été clairement et précocement dreyfusard, il restera lié à un écrivain férocement antisémite comme Léon Daudet, cofondateur de « L’Action française », auquel il dédiera « Le Côté de Guermantes » en 1920.

« … Mais s’en tenir à sa prudence à l’égard de Montesquiou ou à sa proximité avec Daudet reviendrait à ignorer la complexité de la position des juifs dans la France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, et à omettre que Daudet était un ami de jeunesse de Proust auquel il fit attribuer le prix Goncourt en 1919 pour « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». » – Paul Salmona, directeur mahJ dans la préface du catalogue de l’exposition

« Portrait de Mehmed II » 1480 (repeint au XIXe siècle) par Gentile Bellini – The National Gallery (Londres)

« Un jour que nous étions assis sur le sable, Saint-Loup et moi, nous entendîmes d’une tente de toile contre laquelle nous étions, sortir des imprécations contre le fourmillement d’israélites qui infestait Balbec. « On ne peut pas faire deux pas sans en rencontrer, disait la voix. Je ne suis pas par principe irréductiblement hostile à la nationalité juive, mais ici il y a pléthore. On n’entend que : « Dis donc, Apraham, chai fu Chakop. » On se croirait rue d’Aboukir. » L’homme qui tonnait ainsi contre Israël sortit enfin de la tente, nous levâmes les yeux sur cet antisémite. C’était mon camarade Bloch. » – Marcel Proust dans « À l’ombre des jeunes filles en fleurs » (tome 2)

On a parfois reproché à Proust de traiter ses personnages juifs de manière caricaturale, voire antisémite, dans ses romans. Les descriptions expriment davantage les préjugés de l’époque que la propre opinion de l’écrivain. Parmi les stéréotypes figurent des remarques sur un prétendu physique juif : ainsi, Charlus compare le visage de Bloch à celui du sultan Mehmet II dans son portrait par le peintre vénitien Gentile Bellini.

Commissariat de l’exposition

Isabelle Cahn, conservatrice générale honoraire des peintures au musée d’Orsay, commissaire de l’exposition
Antoine Compagnon, de l’Académie française, commissaire scientifique de l’exposition, professeur émérite au Collège de France

« Le cercle de la rue Royale » (1868) par James Tissot – Musée d’Orsay

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Exposition « Marcel Proust, du côté de la mère »
14 avril — 28 août 2022
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris

[Visite privée] « Le scribe, les yeux dans les yeux » au Louvre-Lens

Exposition « Le scribe, les yeux dans les yeux »
11 mai – 19 septembre 2022
Pavillon de verre du Louvre-Lens

Après mon séjour dans la Galerie du Temps, je suis à présent au centre d’une exposition dans le Pavillon de verre du Louvre-Lens.

À l’occasion de ses dix ans, le Louvre-Lens met à l’honneur ma modeste personne. Conservé au département des Antiquités égyptiennes depuis 1854, j’ai été découvert par l’archéologue Auguste Mariette.

Pour cette visite privée de l’exposition, suivez Clémentine Strzalkowski, chargée d’exposition, Carmen Muñoz Pérez, égyptologue, chargée de documentation, et Hélène Bouillon, directrice de la conservation, des expositions et des éditions du Louvre-Lens.

« Je suis entré dans l’Égypte par la momie du musée de Boulogne. » – Auguste Mariette

« Le canard égyptien est un animal dangereux : un coup de bec, il vous inocule le venin et vous êtes égyptologue pour la vie. » – Auguste Mariette

Auguste Mariette est né à Boulogne-sur-Mer, en 1821. Il s’illustre comme pionnier de l’égyptologie, une vingtaine d’années seulement après la disparition de Jean-François Champollion, le déchiffreur des hiéroglyphes. Professeur au collège, il s’intéresse d’abord à l’archéologie nationale. Il participe ainsi aux fouilles menées dans le Boulonnais et fait partie de la société savante de la région. Son intérêt pour l’égyptologie commence par les quelques objets égyptiens conservés au musée de Boulogne.

Clémentine Strzalkowski – Tournage du reportage dans le Pavillon de verre du Louvre-Lens

L’exposition est l’occasion d’évoquer la période à laquelle j’ai vécu. Même si mon identité reste secrète, les analyses physiques qui ont été réalisées permettent de comprendre ce qui fait de moi un chef-d’oeuvre de l’art égyptien.

À partir du 19 septembre 2022, je vous donne rendez-vous dans l’exposition « Champollion. La voie des hiéroglyphes », toujours au Louvre-Lens.

Louvre-Lens
99 rue Paul Bert
62300 Lens

[Actualités] Patrick Barbier reçoit le Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Le Prix Château de Versailles du livre d’Histoire 2022 a été décerné, mercredi 15 juin, à Patrick Barbier pour son ouvrage « Marie-Antoinette et la musique » paru aux éditions Grasset.

C’est dans le cadre prestigieux du théâtre de la Reine que le Prix a été remis par Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du château de Versailles, en présence des membres du jury (dont l’auteur de ce Blog a l’honneur de faire partie).

Ce théâtre a été réalisé en 1780 par architecte Richard Mique à la demande de Marie-Antoinette, lasse des installations provisoires qu’elle faisait établir dans la galerie du Grand Trianon ou l’orangerie de son domaine de Trianon.

Marie-Antoinette et la musique

Loin du tableau de la reine frivole et égocentrique, c’est une Marie-Antoinette mécène et mélomane que présente Patrick Barbier dans cet ouvrage. La reine n’aura de cesse de chercher à faire évoluer la musique en ouvrant grand les portes aux musiciens étrangers tels Gluck et Piccinni, montrant son enthousiasme en applaudissant lors des représentations de leurs créations à Versailles et Paris.

Résumé de l’éditeur

Peu de femmes ont à ce point excité les passions, poussé aux commentaires les plus contradictoires, suscité autant de biographies. Marie-Antoinette n’est pas une reine comme les autres et l’on tend à la redécouvrir aujourd’hui sous des aspects moins connus. Le présent ouvrage se penche pour la première fois sur les liens forts qu’elle a entretenus avec la musique : ses études à Vienne, sa découverte du monde musical français, sa passion pour la harpe, le pianoforte et le chant, mais aussi pour l’opéra et l’opéra-comique. Par son soutien sans faille aux spectacles de la cour ou de Paris, elle a marqué sa volonté d’internationaliser un répertoire jusque-là très franco-centré.
Au fil des pages, depuis son arrivée à l’âge de 14 ans jusqu’aux jours sombres des Tuileries, on découvre le rôle important qu’elle a joué dans la société culturelle de la fin du XVIIIe siècle, ses liens avec le public des théâtres et avec les artistes, ainsi que l’influence qu’elle a exercée sur l’évolution du répertoire et les progrès techniques des instruments.
Tout au long d’une étude transversale qui unit la musique et les arts, mais aussi la politique, la société et des anecdotes de la vie quotidienne, Patrick Barbier propose un regard nouveau sur celle qui a été la reine mécène la plus mélomane et musicienne de l’histoire de France.

Entretien avec le lauréat

Retrouvez ici mon entretien avec Patrick Barbier, enregistré début mai 2022.

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[Visite privée] Exposition « Giorgio Vasari, le livre des dessins » au musée du Louvre

Exposition « Giorgio Vasari, le livre des dessins. Destinées d’une collection mythique »
31 mars – 18 juillet 2022
Musée du Louvre

Le peintre, architecte et écrivain Giorgio Vasari (1511-1574) est l’auteur d’un ouvrage qui a fondé l’historiographie de l’art de la Renaissance italienne : « les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes ».

Vasari avait réuni un ensemble exceptionnel de dessins pour constituer son légendaire « Libro de’ disegni ». Cette prestigieuse collection, citée à de nombreuses reprises dans l’édition de 1568 des « Vies », disparaît en 1574 après avoir été remise au grand-duc de Toscane, Francesco I.

Depuis, de très nombreux dessins ont été rapprochés de la collection de Vasari par les collectionneurs et spécialistes. Mais en 1950, la découverte d’un mystérieux emblème dans un « montage Vasari » – ou plus exactement dans un montage que la tradition attribuait à Vasari – a tout remis en cause.

Suivez Louis Frank, conservateur général au département des Arts graphiques au musée du Louvre, pour découvrir cet ensemble mythique de somptueux dessins.

Seconde édition des « Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes », parue à Florence, en 1568, chez les Giunti – Bibliothèque nationale de France
« Tête de jeune femme », « Caricature de vieille femme, de profil », « Caricature de vieillard au bonnet, de profil » et « Caricature de vieillard, de trois quarts » par Leonardo da Vinci (?) – Attributions modernes : d’après Leonardo da Vinci (Etudes de têtes), Francesco Granacci (Saint Jean Baptiste) et Jacopo Zucchi (montage) – Albertina (Vienne)

En 1730, Mariette décrivit le Livre des dessins de Vasari et les montages qui, selon lui, en étaient la caractéristique : Pour les faire paraître avec plus d’élégance, ils étaient environnés d’ornements dessinés avec soin par le Vasari ou par ses élèves, et le nom de l’auteur était écrit au bas de chacun en beaux caractères.

Tête de vieillard aux yeux fermés » – Étude préparatoire au « Portrait de vieil homme et d’enfant » du musée du Louvre (vers 1490) – Sans attribution, puis attribution moderne, Domenico Bigordi, dit Domenico Ghirlandaio (1449-1494) – Nationalmuseum de Stockholm

Les historiens ont ensuite rattaché au Libro de Vasari une somptueuse série de montages à motifs d’architecture qui se rencontrent dans les grandes collections publiques et privées.

Or, on sait aujourd’hui que ces montages architecturaux furent conçus non pas pour, ou par Vasari, mais pour un autre collectionneur, Niccolò Gaddi. Le vieux « montage Vasari » doit désormais être nommé « montage Gaddi ». Il ne signale plus l’appartenance d’une feuille au Livre des dessins, mais à un nouvel ensemble : la collection Gaddi.

Commissariat de l’exposition

Louis Frank, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre
Carina Fryklund, senior curator, département des collections, Nationalmuseum de Stockholm

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« Jeune fille se riant d’un enfant mordu par une écrevisse » (vers 1554) par Sofonisba Anguissola(1531-1532 – 1625) – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Exposition « Giorgio Vasari, le livre des dessins. Destinées d’une collection mythique »
31 mars – 18 juillet 2022
Musée du Louvre

« Tête de saint Jean Baptiste » – Attribution moderne : Luca Signorelli – Nationalmuseum (Stockholm)

[Visite privée] Exposition « Anne de France » au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins

Exposition « Anne de France (1522-2022). Femme de pouvoir, princesse des arts »
18 mars – 18 septembre 2022
Musée Anne-de-Beaujeu (Moulins)

À l’occasion du 500ème anniversaire de la disparition d’Anne de France (1461-1522), le musée Anne-de-Beaujeu organise la première exposition majeure consacrée à ce grand personnage.
L’histoire retient surtout François Ier comme le roi emblématique de la Renaissance. Pourtant, avant lui, une souveraine a contribué à diffuser la première cette nouvelle vague artistique venue d’Italie. Ce personnage, c’est Anne de France, dont l’exposition permet de dévoiler la puissance politique et l’influence qu’elle a exercée sur les arts et sur de nombreuses reines, princesses et nobles dames en France et en Europe.

Une centaine de chefs-d’œuvre, parmi lesquels des peintures, des sculptures, des ouvrages enluminés, des objets d’art, des émaux, font leur retour à Moulins pour la première fois depuis des siècles. Ces oeuvres proviennent des collections de nombreuses institutions nationales et internationales, telles que le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le musée national de la Renaissance ou encore la National Gallery et la Wallace Collection.

Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent et vous invitent à découvrir cette exposition en suivant Giulia Longo, conservatrice chargée des collections Beaux-Arts et Arts décoratifs au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins.

La musique illustrant ce reportage est une composition originale de Julien Bousser.

« Louis XI au pied de saint François de Paule » par Nicolas Gosse (1787-1878) – Musée Anne-de-Beaujeu

Née vers 1461, cette fille aînée du roi Louis XI et de la reine Charlotte de Savoie a épousé Pierre de Beaujeu, duc de Bourbonnais et d’Auvergne dès 1488.

Fragments d’un triptyque réalisé vers 1492-1493 par Jean Hey, dit le Maître de Moulins – Musée du Louvre
Détail de « Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon présentée par saint Jean l’évangéliste » (vers 1492-1493) par Jean Hey, dit le Maître de Moulins – Musée du Louvre
« Suzanne de Bourbon » (vers 1492-1493) par Jean Hey, dit le Maître de Moulins – Musée du Louvre

À la mort de son père en 1483, elle s’impose au pouvoir, gouvernant le royaume en quasi régente pour seconder son jeune frère, le roi Charles VIII, trop jeune pour régner seul. Sans être reine de France, elle dispose d’un pouvoir inégalé.

« Ordonnance de Charles VIII pour la défense et bonne police du royaume » (vers 1494) – Bibliothèque nationale de France

Anne de France influence le souverain jusqu’à la mort de ce dernier en 1498 et demeure une princesse incontournable à la cour de France sous les règnes de Louis XII et de François Ier.

Son goût pour les enluminures, la peinture, les tapisseries, les émaux, l’orfèvrerie et son grand intérêt pour les livres ont constitué un élément décisif de l’introduction de l’art de la Renaissance italienne en France. À Moulins, elle s’est entourée de grands artistes tels que Jean Hey, Jean de Chartres ainsi que d’artistes italiens.

« Marguerite d’Autriche, duchesse de Savoie » (1483) par un peintre anonyme de Flandres – Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Commissariat de l’exposition

Giulia Longo, conservatrice chargée des collections Beaux-Arts et Arts décoratifs au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins, commissaire de l’exposition
Aubrée David-Chapy, historienne, agrégée d’histoire et docteur en histoire moderne de l’Université Paris-Sorbonne, commissaire scientifique de l’exposition

Deuxième compte des recettes et des dépenses rendu par Philippe de Moustier, argentier d’Anne de France (1500-1501) – Archives nationales

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Détail de « Sainte Anne éduquant la Vierge » (vers 1500-1503) par Jean de Chartres – Musée du Louvre

Exposition « Anne de France (1522-2022). Femme de pouvoir, princesse des arts »
18 mars – 18 septembre 2022
Musée Anne-de-Beaujeu
Place du Colonel Laussedat
03000 Moulins

Au second plan : trois statues retrouvées en 1845 – Sculptées par Jean de Chartres vers 1500-1503 – Musée du Louvre