[Patrimoine] Les décors de la Chancellerie d’Orléans

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Les décors de la Chancellerie d’Orléans remontés à l’hôtel de Rohan

Le « Quadrilatère des Archives » désigne un ensemble de bâtiments situés au cœur du quartier parisien du Marais, protégés au titre des monuments historiques. Cet ilôt patrimonial est, depuis 1808, le lieu d’implantation historique des Archives nationales.

L’hôtel de Rohan

Au cœur de ce Quadrilatère, l’hôtel de Rohan est l’un des plus prestigieux palais parisiens du XVIIIe siècle. Armand-Gaston-Maximilien de Rohan, fils de la princesse de Soubise, évêque de Strasbourg et futur cardinal de Rohan, fait construire à partir de 1705, par l’architecte Pierre-Alexis Delamair, un hôtel particulier sur un terrain contigu à l’hôtel de Soubise.

Sous la Révolution, l’hôtel de Rohan est vendu au profit des créanciers de la famille de Soubise. Il est attribué à l’Imprimerie nationale. En 1927, l’hôtel de Rohan est affecté aux Archives nationales. Le corps de logis principal de l’hôtel est entièrement rénové. L’escalier d’honneur, démoli en 1824, est restitué et plusieurs salons sont restaurés.

L’hôtel de la Chancellerie d’Orléans

Dans un autre quartier de Paris, près du jardin du Palais-Royal, se dressait l’hôtel dit « de la Chancellerie d’Orléans », connu également sous le nom d’Hôtel de Voyer d’Argenson.
Cet hôtel particulier est construit en 1703 par l’architecte Germain Boffrand (1667-1754) pour l’abbé Dubois, favori du duc d’Orléans, futur Régent. De nombreux artistes interviennent : Augustin Pajou pour les sculptures, Antoine Coypel, Jean-Honoré Fragonard, Jean-Jacques Lagrenée, Louis-Jacques Durameau, Gabriel Briard pour les plafonds.

En 1784, le duc d’Orléans installe dans cet hôtel son « chancelier », c’est-à-dire le gestionnaire de ses affaires. L’hôtel de Voyer devient alors « Chancellerie d’Orléans ».

Une démolition contestée

Au début du XXe siècle et après vingt ans de polémique patrimoniale, il est décidé que la Chancellerie d’Orléans serait démolie mais que la Banque de France remonterait les décors des pièces principales dans le périmètre de son établissement. L’immeuble est détruit en 1923 et les décors sont mis en caisses dans un entrepôt de banlieue parisienne où ils restent… quatre-vingts ans.

Il aura fallu attendre près d’un siècle pour voir les décors remontés.

Renaissance d’un chef-d’œuvre

Après l’abandon de multiples hypothèses de remontage dans le domaine de Saint-Cloud, au musée Carnavalet ou au musée du Louvre, l’idée germe progressivement de remonter les décors au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan.
Au terme de dix ans de chantier de restauration puis de remontage, les décors de quatre pièces de la Chancellerie d’Orléans ont été remontés.

L’antichambre

L’antichambre, imitée des palais romains, est aménagée « à l’antique ». Ses colonnes engagées sont inspirées de celles de l’ « Érechthéion » qui venaient alors d’être publiées en France.

Le plafond, confié au peintre Gabriel Briard, évoque les travaux d’Hercule.

« Les Travaux d’Hercule » par Gabriel Briard – Plafond de l’antichambre de la Chancellerie d’Orléans

La salle à manger

Le décor de la salle à manger associe des pilastres en mosaïque d’albâtre imitant l’améthyste, des médaillons en faux porphyre, des sphinx et de riches voussures ornées de stucs dorés qui encadrent le plafond.

Le plafond, peint sur le thème de « Jupiter et Hébé », est l’œuvre de Jean-Jacques Lagrenée.

« Hébé servant le nectar à Jupiter, » par Jean-Jacques Lagrenée – Plafond de la salle à manger

Le grand salon

Le grand salon central, à la hauteur de plafond exceptionnelle, est sans conteste le point culminant des aménagements intérieurs de l’hôtel.

Ouvrant par trois vastes baies cintrées sur le jardin, cette pièce de réception est ornée d’arcades abritant des miroirs créant un jeu de perspective voulu par l’architecte.

Le plafond surmonte une riche corniche peinte et dorée ornée de guirlandes de fleurs en ronde-bosse. Il est le chef-d’œuvre d’Antoine Coypel.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« L’amour désarmant les dieux » par Antoine Coypel – Plafond du grand salon de la Chancellerie d’Orléans

L’ameublement répond au luxe de la décoration murale, réunissant des bronzes de Delaroue et un mobilier réalisé par le menuisier Mathieu Bauve d’après des dessins de De Wailly, dont quatre fauteuils ont été retrouvés.

La chambre de la marquise de Voyer

Le décor de la chambre de la marquise de Voyer allie des putti sculptés par Pajou à des boiseries peintes et dorées alternant avec des niches destinées à recevoir des candélabres.

Le plafond a pour thème « Le Lever de l’Aurore ». Il est l’œuvre de Louis Jean-Jacques Durameau (1733-1796).

Détail du « Réveil de l’Aurore  » par Jacques-Louis Durameau

Comment visiter ?

La visite de ces salles du rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan a lieu tous les deuxièmes samedis du mois dans la limite des places disponibles et sur réservation au +33 (0)1 40 27 60 96 ou par mail infomusee.archivesnationales@culture.gouv.fr.

Pour plus d’informations, consultez les informations pratiques sur le site Internet des Archives nationales en cliquant ici.

Sources :

  • Article « Les hôtels de Soubise et de Rohan » – Archives Nationales
  • dossier de presse Archives Nationales / Banque de France

3 Commentaires

  1. Merci de faire connaitre cet endroit aussi improbable que spectaculaire.
    Une remarque. Dans vos quelques lignes sur le remontage de la Chancellerie, il aurait été courtois de citer M. Bertrand du Vignaud qui a su convaincre la banque de France de faire ce a quoi elle s’était engagé 70 ans plus tot et a porté ce projet pendant plus de trente ans a travers d’innombrables, régents, ministres de la culture et autres conservateurs.
    Mais évidemment, il n’est pas fonctionnaire.

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