L'envie de venir au musée... et d'y revenir souvent !

[Visite privée] Le Grand Tour, voyage(s) d’artistes en Orient au musée des Beaux-Arts de Dijon

Exposition « Le Grand Tour, voyage(s) d’artistes en Orient »
22 novembre 2019 – 9 mars 2020
Musée des Beaux-Arts de Dijon

Jusqu’au 9 mars 2020, le musée des Beaux-Arts de Dijon explore le versant oriental de la pratique du « Grand Tour », ce voyage réalisé par tout jeune aristocrate pour parfaire son éducation. À partir du XIXe siècle, le voyage en Orient devient l’apanage des écrivains, artistes et amateurs d’art.
L’expression « Le Grand Tour » donnera naissance au terme « tourisme ».

Naïs Lefrançois et Myriam Fèvre, co-commissaires de l’exposition, présentent la richesse des collections orientalistes du musée des Beaux-Arts de Dijon.

« Jérusalem, le Koubbet-El-Silsileh et la Mosquée d’Omar » par René Binet (1866-1911) – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Ce sont les peintres, avant les architectes, qui ont les premiers rapporté des témoignages de l’architecture orientale en Europe. Les arcs outrepassés, en forme de fer à cheval, les minarets et les moucharabiehs concentrent toutes les attentions. Les murs clairs de l’architecture orientale, baignés de la chaude lumière du Sud, permettent un jeu de contrastes et des subtilités de nuances colorées.

« Le marchand de tapis » (milieu XIXe siècle) par Félix Ziem – Musée des Beaux-Arts de Dijon
« La Sortie de la Mosquée » (1872) par Jean-Joseph Benjamin-Constant – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Au cours du XIXe siècle, le paysage s’affirme de plus en plus comme un genre à part entière. Parfois prétextes au pittoresque, les paysages des orientalistes réservent une place prépondérante à la lumière et aux reliefs.

« Stamboul » (XIXe siècle) par Félix Ziem – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Profitant des opportunités de voyages liés à l’actualité, les artistes sont les témoins privilégiés des évènements historiques : ils accompagnent les missions diplomatiques européennes, soutiennent des causes comme la guerre d’indépendance de la Grèce ou participent à des expéditions savantes.

« Le Sultan du Maroc Mulay- Adb-Er-Rahman recevant le comte de Mornay ambassadeur de France » par Eugène Delacroix – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Les artistes qui voyagent en Orient ne partent pas l’esprit vierge de toute image préconçue. La littérature et la musique ont transmis à l’Europe la vision d’un Orient enchanté, mystérieux et exotique.

« Campement à Biskra » (XIXe siècle) par Victor-Pierre Huguet – Musée des Beaux-Arts de Dijon
« Femme turque dansant » (XIXe siècle) par Alexandre Bida – Musée des Beaux-Arts de Dijon

L’animal exotique, tel qu’il est perçu par les artistes, devient une métaphore du primitivisme que les Européens croient déceler dans les sociétés orientales.

« Eléphant pris au piège » (1878) par Emmanuel Fremiet – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Depuis « Les Mille et Une Nuits », l’Occident a rêvé la femme orientale. Les récits et les contes mettent le monde du harem au centre des fantasmes et campent l’orientale en femme sensuelle et fatale.

« Orientale » par Alexandre Colin – Musée des Beaux-Arts de Dijon
« Jeune odalisque » par Georges Diebolt (1816-1861) – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’essor de la photographie ethnographique et du réalisme pictural a déterminé une nouvelle manière de visiter l’Orient. Les artistes intègrent à leur processus de création une volonté descriptive marquée par la science positiviste.

« Tête de bédouin » (1896) par Constant-Georges Gasté – Musée des Beaux-Arts de Dijon/
« Portrait de femme de Bou Saada » (1896) par Constant-Georges Gasté – Musée des Beaux-Arts de Dijon
« Tête » dite « Tête de nègre », attribué à Henri Regnault – Musée des Beaux-Arts de Dijon

Pour aller + loin

Découvrez 5 chefs-d’œuvre du musée des Beaux-Arts de Dijon en cliquant sur l’image ci-dessous.

Entrez dans les coulisses de la rénovation du musée des Beaux-Arts de Dijon lors des travaux de rénovation fin 2018. Cliquer sur l’image ci-dessous.

Musée des Beaux-Arts de Dijon
1 Rue Rameau
21000 Dijon

[Louvre] Les mille éclats des Diamants de la Couronne

Au musée du Louvre, la galerie d’Apollon vient de rouvrir ses portes au public à l’issue de plusieurs mois de travaux. La rénovation a notamment permis l’installation de nouvelles vitrines pour la présentation des Diamants de la Couronne. Un dispositif astucieux d’éclairage permet de faire briller de mille éclats les facettes des pierres les plus précieuses d’un trésor inestimable : les Diamants de la couronne !

La galerie d’Apollon est un chef-d’œuvre rassemblant des peintures, sculptures et tapisseries, enchâssées dans la voûte et le décor des murs. Elle servit de modèle à la galerie des Glaces du château de Versailles.

Le 6 février 1661, un décor éphémère pour un somptueux ballet donné en l’honneur de Louis XIV prit feu dans la galerie. L’incendie ne laissa quasiment aucun vestige de l’étage. Cet accident permit à la galerie d’Apollon de voir le jour sous la direction de Louis Le Vau.

Le décor du plafond fut confié à Charles Le Brun. Au XIXe siècle, il sera complété par « Apollon vainqueur du serpent Python » d’Eugène Delacroix.

Depuis 1887, la galerie d’Apollon expose les Diamants de la Couronne.. On y voit des jaspes, des agates, des lapis, des cristaux de roche, taillés à des époques diverses.

Diadème d’émeraudes (en haut) et paire de bracelets de rubis (en bas à droite) de la Duchesse d’angoulême – Galerie d’Apollon

Oeuvres aux destins mouvementés, passées de mains en mains, ces joyaux ont été remontés au gré des souverains. Fondé par François Ier, enrichi sous Louis XIV, ce trésor atteint son apogée sous Louis XV avec l’achat du « Régent ». Ce diamant, « de la grosseur d’une prune de la reine Claude » selon Saint-Simon, était le plus grand diamant blanc connu en Europe.

Au Centre : le « Régent », diamant découvert en 1698 dans la région de Golconde (Inde)

Le « Régent » orna la couronne de Louis XV puis celle de Louis XVI. En 1801, il fut utilisé sur la garde de l’épée de Premier Consul, puis en 1812 sur le glaive de l’Empereur Napoléon Ier. Il se retrouva en 1824 sur la couronne de Charles X, puis – sous le Second Empire – sur le diadème de l’Impératrice Eugénie.

Couronne du Sacre de Louis XV (1722) par Augustin Duflot d’après les dessins de Claude Rondé – Galerie d’Apollon

La couronne du Sacre de Louis XV (photo ci-dessus) était décorée de 282 diamants, 64 pierres de couleur et 230 perles qui furent remplacées par des imitations après le Sacre.

Plaque de l’ordre du Saint-Esprit (vers 1750) – Galerie d’Apollon
Parure de la reine Marie‐Amélie, épouse de Louis Philippe, roi des Français de 1830 à 1848

La parure de la reine Marie‐Amélie (photo ci-dessus) est incrustée de saphirs du Sri Lanka dans leur état naturel, c’est-à- dire non chauffés pour en changer la couleur comme on le fait aujourd’hui en joaillerie. Les saphirs sont cernés de diamants mis en valeur dans des montures en or.

Au centre : couronne de haut de tête de l’impératrice Eugénie par Alexandre-Gabriel Lemonnier (1808-1884)

Les arceaux de la couronne de l’Impératrice Eugénie (photo ci-dessus) sont formés de huit aigles en or ciselé alternant avec de longues feuilles de laurier sorties de palmettes faites de diamants. Au sommet des arceaux se trouve un globe en diamants rehaussé d’un cercle et d’un demi-cercle formés par trente-deux émeraudes et surmonté d’une croix composée de six brillants.

Grand nœud de corsage de l’impératrice Eugénie par François Kramer (1825-1903)

En vue de l’Exposition universelle de 1855, François Kramer, joaillier- bijoutier attitré de l’impératrice Eugénie, reçut la commande d’une extraordinaire ceinture de diamants. Le nœud est composé de 2.634 diamants, totalisant plus de 140 carats. En 1864, à la demande de l’Impératrice, la ceinture fut démontée et seule la pièce centrale fut préservée pour être adaptée en un devant de corsage (photo ci-dessus).

Grande broche, dite « broche reliquaire » de l’impératrice Eugénie par Alfred et Christophe-Frédéric Bapst
Collier et boucles d’oreilles de la parure d’émeraudes de l’impératrice Marie‐ Louise par François-Régnault Nitot (1779-1853)

Ce collier et ces boucles d’oreilles (ci-dessus) font partie de la parure d’émeraudes offerte par l’empereur Napoléon Ier à Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine à l’occasion de leur mariage en 1810.  Le collier se compose de 10 émeraudes enserrées de diamants, séparées par des palmettes enchâssant une petite émeraude ronde ; à chacune des grosses émeraudes est suspendue une émeraude en poire cerclée de diamants.

Diadème de perles de l’impératrice Eugénie (1853) par Alexandre-Gabriel Lemonnier

Peu après son mariage avec Eugénie, Napoléon III commanda une parure de perles et de diamants pour son épouse Eugénie, comprenant notamment un diadème (photo ci-dessus), lequel est visible sur le célèbre portrait par Winterhalter. Monté sur argent doublé d’or, ce diadème comprend 212 perles et 1.998 diamants de taille ancienne.

Plateau en mosaïque de marbres et pierres dures (XVIe siècle) – Galerie d’Apollon

En savoir +

Sur le site Internet du Louvre : Mini-site du Louvre sur la Galerie d’Apollon

[Visite privée] de la Galerie d’Apollon

Cliquez sur l’image ci-dessous pour retrouver le reportage présentant la galerie, tourné en 2017 avec Guillaume Fonkenell.

[Chef-d’œuvre] « Le Déluge » par Léonard de Vinci

« Le Déluge » (vers 1517-1518)
Léonard de Vinci (1452-1519)
Musée du Louvre

Le « Déluge », dessiné à la pierre noire vers 1517-1518, est l’un des trésors de la collection de la couronne d’Angleterre.
Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine et commissaire de l’exposition Léonard de Vinci, présente cet étonnant dessin réalisé à la pierre noire.

Léonard rédigea ses dernières volontés à Cloux (France) le 23 avril 1519. Il donnait à Francesco Melzi ses livres, ses instruments et ses dessins et laissait un vêtement, du drap et deux écus à sa servante Maturine.
On attribue à Melzi le portrait de Léonard de profil, à la sanguine, probablement réalisé vers 1515-1518, dont l’un des deux exemplaires est conservé à la Biblioteca Ambrosiana de Milan (ci-dessous).

Le « Déluge » a été dessiné quelques années avant la disparition de Léonard.

Et la terre, façonnée par les eaux qui, en se retirant, ont déposé les fossiles sur les montagnes, est elle-même vouée à cette éternelle destruction. Le ciel, le cours du soleil et de la lune, l’air, l’eau, les paysages, les pierres, les fleuves, les animaux et les plantes, la splendeur corporelle, les villes, la guerre, les machines, les poids, les couleurs, les sentiments… Il n’est pas une parcelle d’univers que ces yeux admirables n’aient observée avec une tendresse inépuisable et dont cet esprit si élevé n’ait voulu traduire en vérité, par le dessin et la science de la peinture, la profondeur des apparences. » – Louis Frank, extrait du catalogue de l’exposition

Le « Codex Windsor » contient deux descriptions littéraires du déluge.

que soit d’abord figurée la cime d’un âpre mon,, avec une vallée environnant sa base
et sur ses côtés l’on verra l’écorce de la terre se soulever
en même temps que les infimes racines des buissons et des ronces,
et s’arracher en grande partie aux roches alentour
et que la pluie ruineuse descende le long de cette ravine
en suivant son cours turbulent,
qu’elle aille percutant et découvrant les racines torses et noueuses des grands arbres et les jette dessus dessous
et que les montagnes en se dénudant découvrent les failles profondes faites en elles par les anciens tremblements de terre,
et que les pieds des montagnes soient en grande part recouverts et revêtus des débris des arbustes précipités des parois des hautes cimes de ces monts, mêlés à la fange, aux racines, aux branches des arbres et à toutes sortes de feuilles mélangées à cette fange et à la terre et aux pierres
et que les blocs chus de certaines montagnes soient descendus au fond d’une vallée, y formant une digue à l’eau débordante de son fleuve, laquelle, ayant rompu ses rives, se répandra en vagues immenses dont les plus hautes percutent et renversent les murs des cités et des villages de la vallée… » – Léonard de Vinci, extrait du « Codex Windsor »

Source : Catalogue officiel de l’exposition 

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

En savoir +

Page spéciale dédiée à l’exposition sur le site internet du Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci »
24 octobre 2019 – 24 février 2020
Musée du Louvre

Visite privée

Découvrez l’intégralité de la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Exposition] Luca (qui va vite) Giordano au Petit Palais

Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine »
14 novembre 2019 – 23 février 2020
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Avec près de 90 œuvres, l’exposition du Petit Palais présente, pour la première fois en France, une rétrospective consacrée au peintre Luca Giordano (1634-1705), bénéfiçiant de prêts des principales églises de la ville de Naples, du musée de Capodimonte et de nombreuses institutions européennes dont le musée du Prado. Au cours de sa carrière, Giordano exécute près de 5.000 tableaux et fresques… d’où son surnom de « Luca fa presto » (Luca qui va vite) !

« L’enlèvement de Déjanire » (1655-1660 par Luca Giordano – Palazzo Abatellis (Palerme)
Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine » au Petit Palais

Luca Giordano, la fièvre du pastiche

Né en 1634 à Naples, à l’époque la plus grande ville de l’Europe méridionale, Giordano fascine par sa virtuosité. Il reçoit d’importantes commandes de sa ville natale, de Venise ou encore de Florence. Il s’empare du style des grands maîtres – Caravage, Ribera, Rubens, Titien, Tintoret – pour le décliner à sa manière.

‘Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste » (vers 1655) par Luca Giordano – Musée du Prado (Madrid)
« Jacob et Rachel au puits » (années 1650) par Luca Giordano – Musée du Prado (Madrid)

Parfois accusé d’être un faussaire, le peintre aimait s’amuser et démontrer sa virtuosité – mais aussi se moquer des connaisseurs – tout en rendant hommage aux grands peintres qu’il admirait.

« Le Christ devant Pilate » (1650) par Luca Giordano – Fundación de Santamaría y de San Ramón y San Antonio (Madrid)

La définition d’un mythe

Autour de 1653, le jeune Giordano se rend à Rome, s’immerge dans la grande tradition de Raphaël et se laisse séduire par les courants néovénitiens élaborés par Nicolas Poussin et Pierre de Cortone. Il y retrouve également l’art de Rubens.

« Saint Michel Archange » (1689-1691) par Lorenzo Vaccaro (1655-1706), sculpteur et Gian Domenico Vinaccia (1625-1695), orfèvre – Duomo, Museo del Tesoro di San Gemaro (Naples)

« La Sainte Famille et les symboles de la Passion » (1660) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Pour Giordano, le grand format reste trop petit : il s’imagine peindre à fresque, au-delà du cadre limité des toiles d’autel, ce qu’il pourra réaliser une vingtaine d’années plus tard.

« Extase de saint Nicolas de Tolentino » (1658) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Détail de « Saint Thomas de Villeneuve distribuant les aumônes » (1658) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

L’héritage de Ribera

À Naples, les ordres monastiques favorisèrent un type de religiosité qui mettait l’accent sur les privations et les souffrances de la vie et encouragèrent la représentation des aspects les plus douloureux de la condition humaine. Cette sensibilité propre à Naples assura le succès de Jusepe de Ribera, Espagnol de naissance mais Napolitain d’adoption.

Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine » au Petit Palais
« Apollon et Marsyas » (1637) par Jusepe de Ribera (1591-1652) – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

« Apollon et Marsyas » (1660) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

« La Crucifixion de saint Pierre » (1692) par Luca Giordano – Gallerie dell’Accademia (Venise)

À gauche : « Le Christ à la colonne » (1620) par Battistello Caracciolo (1578-1635) – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Saint Sébastien

Trois tableaux de saint Sébastien sont présentés dans l’exposition. La version de Ribera – une des dernières œuvres du peintre – révèle un éloignement du naturalisme caravagesque : les contrastes d’ombre et de lumière sont moins tranchés et le ton se fait plus intime.

« Saint Sébastien » (1651) par Jusepe de Ribera (1591-1652) – Certosa e Museo di San Martino (Naples)

Mattia Preti représente un Saint Sébastien ligoté, dans une composition à caractère vénitien.

« Saint Sébastien » (1657) par Mattia Preti (1613-1699) – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Giordano réalise une œuvre encore marquée par l’influence de Ribera, mais qui montre déjà une ouverture aux nouveautés apportées par Preti.

« Saint Sébastien » (1660) par Luca Giordano – Palais Fesch (Ajaccio)

Philosophes

Dans le climat de rigueur morale instauré par la Contre-Réforme et son projet de renouveau spirituel, les philosophes sont représentés en accentuant leur côté humain. Giordano peint ces hommes de culture comme des personnes ordinaires : un musicien, un astronome, un homme avec des lunettes ou un autre tenant un rouleau de papier…

« Philosophe avec une mappemonde – Ptolémée » (1659-1660) par Luca Giordano – Musée des Beaux-Arts de Chambéry
« Philosophe au lunettes » (1959-1660) par Luca Giordano – Musée du Louvre
« La Mort de Caton » (1684-1685) par Luca Giordano – Musée des Beaux-Arts de Chambéry

« Philosophe traçant des figures géométriques avec un compas »  » (1959-1660) par Luca Giordano – Musée du Louvre

Le Triomphe de la mort et la peste de 1656

La peste de 1656 bouleversa profondément la ville de Naples. Pendant six mois, l’épidémie fit rage et emporta plus de la moitié de la population. La peste s’imposa rapidement comme une source d’inspiration pour les artistes ayant échappé au fléau.

« La peste au Largo del Mercatello » (1656) par Micco Spadaro (1609-1675) – Certosa e Museo di San Martino (Naples)

Luca Giordano réalisa des oeuvres votives visant à remercier les saints qui ont intercédé pour la cessation de la peste. La légende raconte que San Gennaro – saint Janvier –, protecteur de Naples, avait déjà sauvé la ville lors de l’éruption du Vésuve de 1631, empêchant la lave et les cendres d’atteindre ses faubourgs. Intercédant auprès de la Vierge vingt-cinq ans après pour éradiquer la peste, c’est encore une fois à ce saint que l’on doit le salut de Naples, qui devient ainsi l’un des plus vénérés.

Détail de « San Gennaro intercède pour la cessation de la peste de 1656 » (1560) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)
« L’Histoire écrivant ses récits sur les épaules du Temps » (1682) par Luca Giordano – Musée des Beaux-Arts de Brest
« La Déposition du Christ » (vers 1663) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Cabinet des dessins

Les études graphiques jouent un rôle de premier plan chez Giordano. Il prenait note de tout ce qui l’intéressait, quels que fussent l’époque ou le courant artistique, et il en tira un répertoire de motifs dans lequel puiser.

« Mendiant ou berger en adoration » par Luca Giordano – Certosa e Museo di San Martino (Naples)

Au-delà des œuvres préparatoires à ses tableaux et fresques, Giordano réalisa également des compositions plus achevées qui ne sont liés à aucun tableau connu.

« Apollon et Daphné » (vers 1685) par Luca Giordano – Musée du Louvre
« Hercule et les juments de Diomède » (vers 1684-1686) par Luca Giordano – Certosa e Museo di San Martino (Naples)
« Deux études pour l’enlèvement de Déjanire » (vers 1682-1685) par Luca Giordano – Certosa e Museo di San Martino (Naples)

Le baroque local

Giordano, qui, pendant son voyage à Rome, a découvert les ciels sans limites des voûtes réalisées par Pierre de Cortone ainsi que le grand théâtre baroque du Bernin, n’hésite pas à introduire ces éléments dans son vocabulaire.

« Sainte Lucie conduite au martyre » (1659) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

L’action orchestrée par Giordano est maintenant devenue une pièce de théâtre où les protagonistes s’adressent directement à l’observateur pour le transporter dans l’imaginaire voulu par le peintre.

Détail de « L’Extase de saint Alexis » (1661) par Luca Giordano – Chiesa di Santa Maria delle Anime del Purgatorio ad Arco (Naples)
Détail de « Saint Nicolas de Bari sauvant le jeune échanson » (1655) par Luca Giordano – Chiesa di Santa Brigida (Naples)

Les métamorphoses du Baroque, le spectateur comme voyeur

À Florence, Giordano peint les fresques célébrant la dynastie des Médicis avec une iconographie païenne s’inscrivant dans la tendance, de plus en plus répandue en Italie, à brosser de vastes décors à sujets mythologiques dans les palais aristocratiques.

« Vénus et satyre » (1645) par Pacecco de Rosa (1607-1654) – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Puisant dans la tradition grecque et romaine, Giordano imagine des héroïnes sans voile, allongées et séduisantes, qui renvoient clairement aux nus voluptueux de Titien. À l’instar d’un satyre qui espionne Vénus, le spectateur devient voyeur, complice ultime de la mise en scène créée par l’artiste.

« Vénus formant avec Cupidon et satyre » (1663) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)
« Lucrèce et Tarquin » (1663) par Luca Giordano – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Giordano à la cour d’Espagne

Vers 1665, Giordano entreprit, à la demande de Philippe IV, une importante série de tableaux de grand format pour décorer une salle du monastère de l’Escurial. Il se rend en Espagne en 1692 pour y réaliser les fresques de l’escalier, des voûtes et du chœur de la basilique de l’Escurial.

Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine » au Petit Palais

Giordano devient peintre du roi Charles II. Abandonnant parfois le pinceau pour appliquer les couleurs avec ses doigts, il émerveille le souverain et en reçoit les honneurs.

« La Calvaire » par Luca Giordano – Fondo cultural Villar-Mir (Madrid)

Les créations ultimes

Même pendant son séjour en Espagne, Giordano exécuta et envoya à Naples des toiles. À son retour définitif en 1702, il s’engagea encore dans un cycle de six toiles pour l’église des Girolamini, le dernier de sa vie, exécuté avec l’aide de Nicola Malinconico, l’un des élèves de son atelier.

Détail de « Saint Charles Borromée baisant les mains de saint Philippe Néri » (1704) par Luca Giordano – Complesso monumentale dei Girolamini (Naples)

C’est Giordano que certains artistes du XVIIIe siècle, tels Hubert Robert ou Jean-Honoré Fragonard, choisiront de copier lors de leurs séjours napolitains : son héritage était voué à marquer durablement la postérité.

Source : dossier de presse de l’exposition

Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine » au Petit Palais

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine » au Petit Palais

En savoir +

Sur le site Internet du Petit Palais.

Autoportrait (1688) de Luca Giordano – Staatsgalerie (Stuttgart)

Exposition « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine »
14 novembre 2019 – 23 février 2020
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris

[Chef-d’œuvre] « Saint Jérôme » de Léonard de Vinci

« Saint Jérôme » (1480-1482)
Léonard de Vinci (1452-1519)
Musei Vaticani, Pinacoteca Vaticana

Vêtu de son seul manteau, saint Jérôme laisse voir son corps dénudé qu’il meurtrit avec une pierre, les yeux dirigés vers un crucifix.
Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine et commissaire de l’exposition Léonard de Vinci, décrit ce chef-d’œuvre inachevé représentant la pénitence de Jérôme de Stridon au désert.

Chez Léonard, l’œuvre d’art elle-même devient en quelque sorte comme un dessin, dans lequel il doit toujours y avoir cette liberté de parfaire les choses. La forme est toujours ouverte, en devenir. Il suffit de regarder le Saint Jérôme du Vatican. » – Vincent Delieuvin dans le magazine Grande Galerie

L’évocation la plus ancienne du « Saint Jérôme » et son attribution à Léonard de Vinci remonte au début du XIXe siècle, dans le testament de la peintre suisse Angelica Kauffmann. Après plusieurs changements de main, le tableau a été acheté en 1856 par le pape Pie IX pour la Pinacothèque du Vatican.

Pendant longtemps, le « Saint Jérôme » a été rapproché de « L’Adoration des Mages » et daté vers 1480-1482, en raison de son inachèvement et du type physique du saint, très proche de l’un des adorateurs (voir ci-dessous).

Réflectographie infrarouge de « L’Adoration des Mages » par Léonard de Vinci

Aujourd’hui, plusieurs spécialistes proposent de situer l’exécution du « Saint Jérôme » au cours de la période milanaise de Léonard de Vinci, soit autour de 1490. En effet, un support de noyer a été utilisé pour ce tableau, une essence que le maître aurait privilégiée à Milan tandis qu’il utilisait le peuplier à Florence.
De plus, l’attitude du saint a été comparée à celle de Marie dans la « Vierge aux rochers » de la National Gallery de Londres (image ci-dessous) et datée vers 1490.

Détail de la « Vierge aux rochers » (vers 1483-1494) par Léonard de Vinci – National Gallery (Londres)

L’inachèvement de la peinture au premier stade de l’exécution, comparable uniquement à celui de « L’Adoration des Mages », pourrait s’expliquer par l’abandon de la commande en raison du départ de Léonard pour Milan. Dans le catalogue de l’exposition, les commissaires en concluent qu’il est fort probable que la peinture ait bien été commencée à Florence vers 1480 puis délaissée vers 1482 et vraisemblablement emportée par Léonard.

Le visage glabre du saint et l’expression intense de souffrance psychologique et physique rappellent les représentations peintes et sculptées d’Andrea Del Verrocchio.

Le paysage de rochers exprime l’hostilité du désert, et l’église visible au loin manifeste la retraite loin du monde. Elle pourrait aussi rappeler le sanctuaire de Bethléem, lieu de naissance du Christ et où vécut Jérôme après son séjour solitaire.

Certains attributs habituels de saint Jérôme sont absents : le chapeau et l’habit de cardinal, le crâne symbole de pénitence, ou encore le livre évoquant la traduction par le saint de la Bible en latin.

Sources :

Catalogue officiel de l’exposition
Interview des commissaires de l’exposition dans le magazine Grande Galerie (N°49)
Page dédiée à l’œuvre sur le site Internet des Musées du Vatican

En savoir +

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Exposition « Léonard de Vinci »
24 octobre 2019 – 24 février 2020
Musée du Louvre

Visite privée

Découvrez l’intégralité de la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Louvre] Tous mécènes : mission Apollon !

Le musée du Louvre fait appel à votre soutien pour acquérir cette figure d’Apollon, dieu grec des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine et de la lumière.
Il s’agit d’une statuette en bronze de 68 cm, découverte à Pompéi (Italie). Si elle n’avait pas été ensevelie sous la cendre du Vésuve en l’an 79, elle aurait très vraisemblablement subi le sort de la plupart des bronzes grecs et romains et aurait été fondue afin de récupérer les métaux qui la composent.

Le musée du Louvre conserve déjà deux figures en bronze, de dimensions comparables à celle de l’Apollon citharède : un Mercure et un Hercule (photo ci-dessous), découverts au XVIIIe siècle à Herculanum et donnés à Bonaparte en 1803.
L’acquisition de cet Apollon viendrait compléter ce corpus d’œuvres mises au jour dans des villas détruites par l’éruption du Vésuve.

Mercure et Hercule, découverts à Herculanum (Italie) – Musée du Louvre

Les orbites du dieu sont aujourd’hui vides, ce qui est fréquent du fait de la fragilité du dispositif, les yeux étant introduits depuis l’extérieur et fixés à l’aide de substances adhésives (bitume). De plus,  les matériaux employés attiraient les pilleurs antiques.

La main droite tient le plectre, une baguette qui servait à faire vibrer les cordes d’une cithare. Le lourd instrument s’appuyait sur le torse et sur la cuisse gauche.

La main gauche d’Apollon se refermait sur l’un des montants de la cithare.

Les restes de plomb sous le pied gauche de l’Apollon indiquent que la figure était fixée sur un support en pierre.

Tous mécènes !

Nikos Aliagas est le parrain de cette nouvelle campagne du Louvre pour l’acquisition de l’Apollon citharède. Le musée parisien espère collecter au moins 800.000 euros d’ici fin février 2020 sur les 6,7 millions d’euros que représente l’acquisition.

Vous aussi, participez en faisant un don sur le site www.tousmecenes.fr.

[Chef-d’œuvre] « Saint Jean Baptiste » de Léonard de Vinci

« Saint Jean Baptiste » (vers 1508-1519)
Léonard de Vinci (1452-1519)
Musée du Louvre

Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine et commissaire de l’exposition Léonard de Vinci, présente ce tableau qui est l’un des trois chefs-d’œuvre de la maturité de Léonard de Vinci.

« Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Il vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous les hommes eussent la foi par lui. Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage de la lumière. » – Évangile selon saint Jean

La première mention à peu près certaine du tableau date d’octobre 1517, lors de la visite du cardinal d’Aragon au château de Cloux, où Léonard montra à son hôte trois tableaux. Pour plusieurs historiens, le « san Joanne Baptista giovane » mentionné par le secrétaire du cardinal pourrait correspondre aussi bien au Saint Jean Baptiste en buste qu’au grand Saint Jean Baptiste dans un paysage (transformé en Bacchus à la fin du XVIIe siècle), lui aussi au Louvre. Mais celui-ci, résultant probablement d’une invention de Léonard, est une œuvre d’atelier. Il semble donc vraisemblable que Léonard ait présenté à ses hôtes trois œuvres démontrant la perfection de son art, à savoir la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, le petit « Saint Jean Baptiste » et La Joconde.

Tucti perfectissimi

Si la conception du « Saint Jean Baptiste » doit être placée à Florence vers 1508, sa durée d’exécution est impossible à préciser. On peut imaginer que Léonard de Vinci y travailla lentement, sur plusieurs années, perfectionnant encore et toujours les détails comme le travail pictural, et qu’en 1517 le tableau était désormais très achevé lorsqu’il fut présenté au cardinal d’Aragon, qui le jugea avec les deux autres tableaux « tucti perfectissimi ».

La lumière fait surgir le corps du Baptiste comme d’une nuit profonde et donne à son mouvement l’allure d’une flamme sinueuse. Elle sculpte délicatement son sourire, promesse du Salut. Cette peinture revêt une dimension spirituelle pour faire du Baptiste le messager de l’arrivée du Messie.

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Exposition « Léonard de Vinci » – Musée du Louvre

Source : Communiqué de presse sur la restauration du « Saint Jean Baptiste » (octobre 2016).

En savoir +

Page spéciale dédiée à l’exposition sur le site internet du Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci » – Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci »
24 octobre 2019 – 24 février 2020
Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci » – Musée du Louvre

Visite privée

Découvrez l’intégralité de la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Visite privée] Musée national de la Renaissance au château d’Écouen

Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen

Inauguré au château d’Écouen en 1977, le musée national de la Renaissance est le seul musée en France entièrement dédié à cette période. Ses collections, d’une richesse exceptionnelle, comprennent des œuvres telles que « Daphné », pièce d’orfèvrerie surmontée d’une spectaculaire pièce de corail, la nef automate dite « de Charles Quint » ou encore la tenture racontant l’histoire de David et Bethsabée.

Guillaume Fonkenell, conservateur en chef du patrimoine, nous fait découvrir l’architecture du château et ses trésors de la Renaissance.

Construit entre 1538 et 1550 pour Anne de Montmorency, connétable de France, le château d’Écouen a été édifié en plusieurs étapes, témoignant des évolutions du goût au cours du XVIe siècle : la première Renaissance pour les parties les plus anciennes et l’influence antique de la seconde Renaissance et le maniérisme.

Copie de l’un des Esclaves de Michel-Ange par l’Atelier de moulage de la Réunion des musées nationaux (RMN)

Alors qu’Anne de Montmorency achève son château, véritable palais destiné à accueillir le roi et sa cour, Henri II lui fait don des « Esclaves » de Michel-Ange. Le connétable demande à son architecte Jean Bullant de créer un aménagement spécifique pour exposer et magnifier ces chefs-d’œuvre.

Le château d’Écouen a conservé une grande partie de son décor d’origine. Ses quatorze cheminées peintes et ses frises ornées de grotesques forment un ensemble unique.

En 1962, André Malraux, ministre d’État chargé des Affaires culturelles, propose de faire du château d’Écouen un musée consacré aux créations artistiques de la Renaissance. Le site est retenu notamment parce qu’il dispose d’une galerie aux dimensions suffisantes pour accueillir un chef-d’œuvre de l’art de cour à la Renaissance : la « Tenture de David et Bethsabée ».

L’essentiel des collections du musée provient du fonds rassemblé par Alexandre du Sommerard (1779- 1842) dans l’hôtel des abbés de Cluny.

« Les Trois Parques » (1586) par Germain Pilon

Plaque émaillée représentant Ulysse (vers 1564) par Léonard Limosin

À gauche : bouteille en verre émaillé et doré avec les armoiries de Catherine de Médicis (milieu du XVIe siècle)

François Ier sur un vitrail du XVIe siècle provenant de la Sainte-Chapelle de Vincennes

En savoir +

Retrouvez le Musée national de la Renaissance sur Internet et sur les réseaux sociaux :

www.musee-renaissance.fr
www.facebook.com/musee.renaissance.officiel
www.twitter.com/chateau_ecouen

« Daphné » (vers 1570) par Wenzel Jammitzer – Musée national de la Renaissance

Exposition « Graver la Renaissance. Étienne Delaune et les arts décoratifs »

Jusqu’au 3 février 2020, le Musée national de la Renaissance propose une exposition consacrée à l’art d’Étienne Delaune (1518/19-1583), orfèvre et graveur français, et à son influence sur les arts décoratifs.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour découvrir notre visite privée avec Julie Rohou, conservateur du patrimoine.

Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Rue Jean Bullant
95440 Écouen

[Chef-d’œuvre] Nef automate « de Charles Quint » au château d’Écouen

Nef automate dite « de Charles Quint » par Hans Schlottheim
Augsbourg, vers 1580
Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen

À la Renaissance, la ville d’Augsbourg était réputée pour ses orfèvres comme pour ses horlogers. Parmi les 25 horloges-automates qui sont parvenus jusqu’à nos jours, trois sont en forme de navire.
La nef exposée au musée national de la Renaissance est l’un de ces automates de table. Son invention est attribuée à l’horloger Hans Schlottheim (1544/1547-1626).

Dans cet extrait de notre prochaine visite privée parmi les collections du musée, Guillaume Fonkenell, conservateur en chef du patrimoine, détaille cet impressionnant galion miniature.

La nef conservée au château d’Écouen est l’une des trois horloges-automates en forme de navire qui ont été conservées depuis le XVIe siècle. Les deux autres horloges-automates sont au British Museum (Londres) et au Kunsthistorisches Museum (Vienne).

Ce galion à trois mâts est armé de canons dont l’un se cache dans la figure de proue en forme de dragon.

Sur le pont, trois hérauts, suivis par le cortège huit princes électeurs, défilent devant l’empereur Charles Quint.

Dix trompettes, un tambour et un timbalier forment une haie alors que des marins observent la fanfare.

La coque du navire ne dissimule pas moins de sept mouvements qui animaient notamment les bras des marins situés sur le mât.

En savoir +

Retrouvez le Musée national de la Renaissance sur Internet et sur les réseaux sociaux :

www.musee-renaissance.fr
www.facebook.com/musee.renaissance.officiel
www.twitter.com/chateau_ecouen

Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
Rue Jean Bullant
95440 Écouen

Cilquez sur l’image ci-dessous pour une visite privée de l’exposition.

[Chef-d’œuvre] « L’Incrédulité de saint Thomas » d’Andrea del Verrocchio

« Le Christ et saint Thomas » ou « L’Incrédulité de saint Thomas » (1467-1483)
Andrea del Verrocchio (vers 1435-1488)
Chiesa e Museo di Orsanmichele (Florence)

Louis Frank, conservateur en chef du Patrimoine et commissaire de l’exposition Léonard de Vinci, présente ce chef-d’œuvre d’Andrea Del Verrocchio dans lequel Léonard de Vinci a puisé les éléments constitutifs de son art.

La première partie de l’exposition Léonard de Vinci se déploie autour de ce grand bronze de Verrocchio et des études de draperies de Léonard.

À Florence, Léonard fut l’élève de l’un des plus grands sculpteurs du XVe siècle : Andrea del Verrocchio. « Le Christ et saint Thomas », bronze monumental fondu par Verrocchio pour l’église florentine d’Orsanmichele, fut son école.

De cette conception profondément picturale de la sculpture, Léonard a tiré le premier fondement de son propre univers : l’idée que l’espace et la forme sont engendrés par la lumière et qu’ils n’ont d’autre réalité que celle de l’ombre et de la lumière.

Les études de draperies de Léonard sont un prétexte à l’apprentissage de l’ombre et de la lumière, à l’analyse du clair-obscur. Ce sujet le distingue de tous les autres peintres et illustre son passage de l’univers de la sculpture à l’univers de la peinture ou, plus précisément, à ce que sera sa peinture : un art fondé sur la construction de l’espace par la lumière.

« Draperie Jabach IV. Figure agenouillée » (vers 1473-1477) par Léonard de Vinci – Musée du Louvre

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« Draperie Saint-Morys. Figure assise » (vers 1475-1482) par Léonard de Vinci – Musée du Louvre

J’aimerais que l’exposition permette aux visiteurs de comprendre le véritable sens du mot « génie ». Dans le cas de Léonard, il s’agit d’un homme qui est allé jusqu’au bout des choses, et, selon un modèle qui nous parle encore aujourd’hui – celui de l’engagement dans une voie choisie par passion qui nous guide, avec une liberté totale, connue et acceptée par tous ses contemporains. » – Vincent Delieuvin dans le magazine Grande Galerie

Sources :

Dossier de presse de l’exposition
Interview des commissaires de l’exposition dans le magazine Grande Galerie (N°49)

En savoir +

Page spéciale dédiée à l’exposition sur le site internet du Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci » – Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci »
24 octobre 2019 – 24 février 2020
Musée du Louvre

Exposition « Léonard de Vinci » – Musée du Louvre

Visite privée

Découvrez l’intégralité de la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Chef-d’œuvre] « Pêcheur napolitain » par Vincenzo Gemito

« Pêcheur napolitain » (1876-1877)
Vincenzo Gemito (1852-1929)
Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

À 25 ans, le sculpteur napolitain Vincenzo Gemito arrive à Paris, bien décidé à devenir célèbre. Son grand bronze représentant un jeune « Pêcheur napolitain » fait scandale au Salon de 1877. En effet, ce petit garçon nu accroupi sur un rocher, ce « crétin », ce « petit monstre », surprend par son réalisme et attire la foule des visiteurs.
Jean-Loup Champion, historien de l’art, directeur scientifique de l’exposition du Petit Palais, nous présente ce chef-d’œuvre.

L’un des plus célèbres protecteurs de Gemito est le peintre français Ernest Meissonier, qu’il rencontre en 1878. Le sculpteur offrira au maître son grand bronze du « Pêcheur napolitain ».

Dans l’exposition du Petit Palais, le bronze original du « Pêcheur napolitain », conservé au musée du Bargello (Florence) est confronté à son plâtre préparatoire, lui-même conservé au musée de Capodimonte (Naples).

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

En savoir +

Sur le site Internet du Petit Palais.

Exposition « Vincenzo Gemito (1852-1929). Le sculpteur de l’âme napolitaine »
15 octobre 2019 – 26 janvier 2020
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Visite privée

Pour en savoir + sur Gemito, découvrez la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Chef-d’œuvre] Buste de Giuseppe Verdi par Vincenzo Gemito

« Buste de Giuseppe Verdi » (1873)
Vincenzo Gemito (1852-1929)
Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Dès l’âge de 21 ans, le sculpteur napolitain Vincenzo Gemito reçoit des commandes de portraits. Ainsi, en 1873, il exécute le buste de Giuseppe Verdi, alors à Naples pour la production au Théâtre San Carlo de ses opéras « Don Carlos » et « Aïda ». Le buste devient instantanément célèbre.
Ce chef-d’œuvre nous est présenté par Jean-Loup Champion, historien de l’art, directeur scientifique de l’exposition « Vincenzo Gemito (1852-1929). Le sculpteur de l’âme napolitaine » au Petit Palais.

« Haute stature, cheveux châtains, front élevé, sourcils noirs, yeux gris, nez aquilin, bouche petite, barbe sombre, menton ovale, visage maigre, teint pâle. » Giuseppe Verdi selon les mentions de son passeport

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

En savoir +

Sur le site Internet du Petit Palais.

Exposition « Vincenzo Gemito (1852-1929). Le sculpteur de l’âme napolitaine »
15 octobre 2019 – 26 janvier 2020
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Visite privée

Découvrez la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Chef-d’œuvre] « Pietà » de Greco

« Pietà » (1580-1590)
Domenicos Theotocopoulos, dit Greco (1541-1614)
Collection Niárchos

Guillaume Kientz, commissaire de l’exposition « Greco », présente une « Pietà » de Greco, prêt exceptionnel d’une collection particulière pour l’exposition du Grand Palais.

Né à Strasbourg en 1980, Guillaume Kientz est diplômé de l’Institut national du Patrimoine en 2008. Spécialiste de la peinture espagnole et sud-américaine, il intègre le musée du Louvre en 2010. En 2015, il est commissaire de la grande rétrospective « Velázquez et ses contemporains » au Grand Palais. Il est actuellement conservateur du patrimoine au Kimbell Art Museum à Fort Worth (Texas).

Le tableau sur toile de la Pietà est aussi un immense chef-d’œuvre : Greco a composé ce drame avec un grand sens de la monumentalité et de la valeur expressive des couleurs, mais il s’attache aussi à des détails très émouvants, comme le visage penché de Joseph d’Arimathie ou le geste de Marie-Madeleine qui tient la main du Christ mort. » – Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice des peintures espagnoles et portugaises au Musée du Louvre

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

En savoir +

Page spéciale dédiée à l’exposition sur le site internet du Grand Palais

Exposition « Greco » – Grand Palais (Paris)

Exposition « Greco »
16 octobre 2019 – 10 février 2020
Grand Palais (Paris)
3 Avenue du Général Eisenhower
75008 Paris

L’exposition « Greco » est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, le musée du Louvre et l’Art Institute of Chicago. Elle sera présentée à Chicago du 8 mars au 21 juin 2020.

Nous espérons que les visiteurs de l’exposition garderont l’image d’un Greco humaniste, lisant et annotant Vitruve et Vasari, un artiste de la Renaissance dirigeant un important atelier, qui a peu à voir avec le personnage stéréotypé d’un mystique illuminé qu’on a parfois imaginé. » – Charlotte Chastel-Rousseau

Exposition « Greco » – Grand Palais (Paris)

Visite privée

Découvrez l’intégralité de la visite privée de l’exposition en cliquant sur l’image ci-dessous.

[Visite privée] Exposition « Versailles Revival 1867-1937 »

Exposition « Versailles Revival 1867-1937 »
19 novembre 2019 – 15 mars 2020
Château de Versailles

Entre 1867 et 1937, le château de Versailles fait l’objet d’un vaste programme de restauration et de remeublement. Il attire autant les peintres et écrivains célèbres que le grand public. À travers près de 350 œuvres et documents, cette exposition retrace – pour la première fois – ce moment étonnant de l’histoire de l’art où Versailles prend place parmi les grands motifs littéraires et picturaux.

Laurent Salomé, directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, sera votre guide pour une visite privée exclusive de cette exposition inédite.

« Le bain de la marquise » (1906) par Alexandre Benois – Galerie d’État Tretiakov (Moscou)

Je suis ivre de Versailles, c’en est comme une maladie, un état amoureux, une passion criminelle. » – Alexandre Benois

« Portrait de l’Impératrice Eugénie » (1857) par Franz Xaver Winterhalter – Hillwood Estate, Museum & Garden (Washington D.C.)

Cent ans après la Révolution française, à l’aube de la « Belle Époque », un étonnant phénomène de nostalgie et de passion se développe autour du Versailles de l’Ancien Régime. À l’image de la reine Eugénie, on rêve de Marie-Antoinette en même temps que la République réunit ses assemblées à Versailles et y élit son Président.

Exposition « Versailles Revival 1867-1937 » – Château de Versailles
« Pierre de Nolhac, conservateur du musée de Versailles » (1909) par Henri Girauld de Nolhac – Châteaux de Versailles et de Trianon

Cet enthousiasme pour Versailles accompagne le travail obstiné des conservateurs du Château pour lui rendre sa splendeur perdue. Pierre de Nolhac, directeur du musée de 1892 à 1920, est une des figures marquantes de cette entreprise, à la suite d’Eudore Soulié, premier véritable conservateur du Château de 1854 à mort en 1876.

« Le Salon du Dauphin » (1901) par Maurice Lobre – Musée d’Ermitage (Saint-Pétersbourg)
« L’Automne à Versailles » (vers 1910) par Isidore Rosenstock (1880-1956) – Collection particulière
À gauche : « Le Feu, ciel bleu » (1890-1900) par Paul Helleu (1859-1927) – Nevill Keating Pictures (Londres)

Les jardins accueillent aussi bien des fêtes aristocratiques et que le tourisme populaire. La fréquentation atteint pour la première fois le million de visiteurs en 1937 à l’occasion d’une Exposition universelle.

« Pieds d’une passante à Versailles » (1935) par André Steiner (1901-1978) – Centre Pompidou (Paris)
« Fusiliers marins dans le parc de Versailles » (1871) par Pierre Puvis de Chavannes – Châteaux de Versailles et de Trianon
« La Proclamation de l’Empire allemand » (1885) par Anton von Werner (1843-1915) – Bismarck Muséum

La politique joue un rôle important. Le nom de Versailles va résonner comme une déflagration avec la scène de la proclamation de l’Empire allemand dans la Galerie des Glaces. Depuis cet événement, compensé 50 ans plus tard par la signature du traité de Versailles au même endroit, le Château est redevenu le symbole de la Nation française.

« La Galerie des Glaces préparée pour la signature du traité de paix de Versailles le 28 juin 1919 » par Léopold Delbeke (1866-1939 ?) – Château de Versailles

Versailles apparaît dans les écrits de nombreux auteurs tels Marcel Proust, Maurice Barrès, Robert de Montesquiou ou Anna de Noailles. Les jardins du parc, si « ennuyeux » aux yeux d’Alfred de Musset regagnent leurs lettres de noblesse.

« Marcel Proust (1892) par Jacques-Émile Blanche (1861-1942) – Musée d’Orsay

Versailles, grand nom rouillé et doux, royal cimetière de feuillages, de vastes eaux et de marbres, lieu véritablement aristocratique et démoralisant, où ne nous trouble même pas le remords que la vie de tant d’ouvriers n’y ait servi qu’à affiner et qu’à élargir moins les joies d’un autre temps que les mélancolies du nôtre. » – Marcel Proust

« Anna de Nouilles » (1905) par Jean-Louis Forain (1852-1931) – Collection particulière
Exposition « Versailles Revival 1867-1937 » – Château de Versailles

Alors que des artistes de toutes origines, peintres, photographes, illustrateurs, s’emparent du lieu, de petits Versailles fleurissent à travers le monde.

« Villa Trianon – Lady Mendl » par Achille Duchêne (1866-1947) – Musée des Arts décoratifs (Paris)
« L’aube » par Gaston La Touche – Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Exposition « Versailles Revival 1867-1937 » – Château de Versailles
« Fête de nuit à Versailles » (1906) par Gaston La Touche – Musée d’Orsay

En savoir +

Découvrez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du Château de Versailles

« La Promenade du roi » (1897) par Alexandre Benois – Musée national russe (Saint-Pétersbourg)

Exposition « Versailles Revival 1867-1937 »
19 novembre 2019 – 15 mars 2020
Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles

« La Pyramide » par Gaston La Touche (1854-1913) – Collection particulière (Londres)