L'envie de venir au musée... et d'y revenir souvent !

[Visite privée] Pasolini au Nouveau musée national de Monaco

Exposition « Pasolini en clair-obscur »
29 mars – 29 septembre
Nouveau Musée National de Monaco – Villa Sauber

Un demi-siècle après sa mort, Pier Paolo Pasolini est lu, cité, commenté, adapté et inspire les créateurs d’aujourd’hui. S’il aimait se définir avant tout comme écrivain, c’est à travers ses films qu’il a touché le grand public. C’est à son œuvre cinématographique, vue à travers le prisme de l’influence de l’art classique et contemporain sur l’esthétique de ses films, que s’intéresse cette exposition. Des extraits d’ « Accattone », « Théorème » et « Salò », parmi d’autres, sont ainsi mis en regard de tableaux de Pontormo, Giorgio Morandi ou Fernand Léger.

Pour découvrir l’exposition, vous êtes accompagnés par Guillaume de Sardes, écrivain-photographe, historien de l’art et commissaire de l’exposition du Nouveau Musée National de Monaco.

Exposition « Pasolini en clair-obscur » – Nouveau Musée National de Monaco – Villa Sauber

C’est à Bologne, où il est né le 5 mars 1922, que Pasolini fait ses études. Élève brillant, il entre à la faculté de Lettres avec un an d’avance. Entre 1941 et 1942, il assiste aux cours de l’historien de l’art Roberto Longhi qui influence de manière décisive son approche de la peinture. Près de trente ans plus tard, juste après la mort de Longhi, Pasolini rédige un texte dans lequel il le présente comme un « maître ».

« Saint Sébastien » (1530) par Jacopo Carucci dit Pontormo – Collection Bruckner, courtesy Galerie Grippaldi (Monaco)

Les études de Pasolini à Bologne éduquent son regard et influencent durablement son goût. C’est ce que démontre une juxtaposition libre d’extraits de ses films et des œuvres qui les ont inspirés. Pasolini se réapproprie celles-ci de trois manières : en les reproduisant sous forme de tableaux vivants (« La Déposition » de Pontormo dans « La Ricotta ») ; en les citant à travers une reprise de leur composition ou de certains détails frappants (« Le Jeune Bacchus malade » de Caravage dans « Accatone ») ; en les incluant dans les décors mêmes (« Pessimisme et optimisme » de Giacomo Balla dans « Salò »).

Si l’essentiel des œuvres ayant inspiré le réalisateur italien sont des tableaux et des fresques classiques, on note une exception : les peintures de Francis Bacon à la fois montrées et citées dans « Théorème ». L’exposition met ainsi en évidence l’intérêt ambivalent de Pasolini pour l’art de son temps. Comme le montre « Théorème », Pasolini a une approche critique de l’art contemporain. Tous les artistes ne sont cependant pas condamnés en bloc. Parmi ceux qui trouvent grâce à ses yeux, le plus inclassable est sans conteste son compatriote Fabio Mauri (1926-2009). Son amitié et sa collaboration avec Mauri donne lieu en 1975 à une performance, « Intellettuale », durant laquelle le film « L’Évangile selon Matthieu » est projeté sur le corps du cinéaste.

Reconstitution de la performance « Intellettuale » de Fabio Mauri et Pier Paolo Pasolini

À des années de distance, l’œuvre de Pasolini apparaît dans toute son ampleur et sa diversité. Pasolini est-il un artiste-intellectuel ? Sans aucun doute si penser activement c’est « agir d’une façon inactuelle donc contre le temps, et par là même sur le temps, en faveur (je l’espère) d’un temps à venir », comme l’a écrit Nietzsche.

Commissariat de l’exposition

Commissariat : Guillaume de Sardes
Scénographe : Christophe Martin

« Pasolini’s mother » et « Pasolini » (2012) par Marlene Dumas (1953-) – Collection de l’Artiste

En savoir +

Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du Nouveau Musée National de Monaco.

Exposition « Pasolini en clair-obscur »
29 mars – 29 septembre
Nouveau Musée National de Monaco
Villa Sauber
17 Avenue Princesse Grace
98000 Monaco

« Fine » (2004-2013) par Francesco Vezzoli – MAXXI_Museo nazionale delle arti del XXI secolo (Rome) © Francesco Vezzoli

 

[Web-série] Mobilier national – Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris

[Web-série] Mobilier national
Épisode 2 : Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris

Le 15 avril 2019, l’incendie de Notre-Dame de Paris épargne un chef-d’œuvre de la Savonnerie : le tapis de chœur offert par Louis-Philippe en 1841, actuellement restauré par le Mobilier national. En collaboration avec la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, la partie haute du tapis est actuellement exposée avec les chefs-d’œuvre du décor intérieur de l’édifice dont une vingtaine de tableaux de grand format.

Emmanuel Pénicaut, directeur des collections du Mobilier National, Antonin Mace de Lépinay, inspecteur des collections du Mobilier national et Julienne Tsang, adjointe à la cheffe de l’atelier de restauration, sont interviewés par Nicolas Bousser, historien de l’art et directeur du web-magazine Coupe-File Art.

Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins

Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour cette nouvelle web-série consacrée au Mobilier national. Pour ce deuxième épisode, nous vous faisons découvrir l’exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » ainsi que les coulisses de la restauration du tapis de chœur de la cathédrale.

Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins
« La Nativité de la Vierge » (1640) par Matthieu Le Nain – Notre-Dame de Paris, exposé dans à la Galerie des Gobelins
« La Flagellation de saint Paul et saint Silas » par Louis Testelin (1615-1655) – May de 1655 – Notre-Dame de Paris, exposé dans à la Galerie des Gobelins

La restauration des tableaux de Notre-Dame

Depuis l’incendie de 2019, près de 1.000 artisans travaillent au quotidien à la restauration de la cathédrale. Parmi eux, les restaurateurs de peintures redonnent vie et couleur aux grands « Mays », ces chefs-d’œuvre de peinture religieuse offerts entre 1630 et 1707 par la confrérie des orfèvres de la ville de Paris. Accrochés à l’origine côte à côte dans la nef de la cathédrale, ils formèrent une collection unique en France, dispersée à la Révolution, puis partiellement rassemblée et replacée dans l’édifice.

« Saint Pierre guérissant les malades de son ombre » par Laurent de La Hyre (1606-1656) – May de 1635 – Notre-Dame de Paris, exposé dans à la Galerie des Gobelins
Tapis de chœur de Notre-Dame – Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins
Partie basse du tapis de chœur de Notre-Dame, en cour de restauration dans l’atelier du Mobilier national

La restauration du tapis de chœur de Notre-Dame

Le Mobilier national a pour mission d’assurer la conservation et la restauration de collections uniques au monde, de perpétuer et de transmettre des savoir-faire exceptionnels. Haut lieu de patrimoine, l’institution est aussi un acteur majeur de la création contemporaine et de la promotion des arts décoratifs à la française.

Mobilier national, dans l’atelier de restauration du tapis de chœur de Notre-Dame

Le tapis de chœur est restauré par le Mobilier national depuis juillet 2022. Nécessitant 8 à 10 personnes pour le déplacer, le tapis, long de 25 mètres, a été plusieurs fois déroulé pour des événements marquants. Il a notamment été installé en 1980 pour la venue du pape Jean-Paul II.

Partie haute du tapis de chœur de Notre-Dame dans l’exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins

Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris »
24 avril – 21 juillet 2024
Galerie des Gobelins (Paris) – Mobilier national
42 avenue des Gobelins
75013 Paris

Détail de la partie haute du tapis de chœur de Notre-Dame – Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins

Commissariat de l’exposition

Caroline Piel, inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques
Emmanuel Pénicaut, directeur des collections du Mobilier national
assistés de
Marie-Hélène Didier, conservatrice des Monuments historiques, DRAC Île-de-France
Oriane Lavit, conservatrice du patrimoine, Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF)

Détail de la partie haute du tapis de chœur de Notre-Dame – Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins

Web-série avec Nicolas Bousser du web-magazine Coupe-File Art
Musique originale par Julien Bousser
Réalisation par Coupe-File Art et @scribeaccroupi

« La Lapidation de saint Étienne – Jeune garçon de profil » (1651) par Charles Le Brun (1619-1690) – Musée du Louvre, à voir dans l’exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » – Galerie des Gobelins

[Visite privée] Exposition Théodore Rousseau au Petit Palais

Exposition « Théodore Rousseau. La Voix de la forêt »
5 mars – 7 juillet 2024
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

Théodore Rousseau (1812-1867), qui a fait de la nature son motif principal, son monde et son refuge. Devenu chef de file de la colonie d’artistes qui fréquente le village de Barbizon et la forêt de Fontainebleau, il arpente la forêt, exécutant des esquisses sur le motif avant de réaliser ses œuvres définitives dans son atelier. L’engagement de Rousseau et d’autres artistes aboutira à la protection d’une partie de la forêt de Fontainebleau en 1853.

Pour vous accompagner dans l’exposition, suivez Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay et commissaire scientifique de l’exposition.

Exposition « Théodore Rousseau. La Voix de la forêt » au Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris
Au centre : « Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête » par Théodore Rousseau (1812-1867) – Ny Carlsberg Glyptotek (Copenhague)

En 1834, Théodore Rousseau séjourne au col de la Faucille, dans le Jura, qui offre un point de vue unique sur le massif du Mont Blanc. Désireux de traduire sur la toile l’immensité qui l’environne, il délaisse la perspective traditionnelle et l’exactitude topographique. Sa toile représente un abîme plutôt qu’un panorama. Le tableau, dépourvu de toute présence humaine, met au premier plan le sentiment de l’artiste face au déchaînement des éléments.

« Paysage avec coucher de soleil orageux » (vers 1844) par Théodore Rousseau (1812-1867) – The National Gallery (Londres)

À la fois romantique et réaliste, Rousseau brouille aussi les frontières entre peinture et dessin, entre esquisse et œuvre achevée. Il expérimente, ajoute de la matière, retouche inlassablement ses toiles, allant jusqu’à les surcharger pour faire sentir la vie des forêts.
« Naturaliste entraîné sans cesse vers l’idéal », comme l’écrit Baudelaire, il joua un rôle fondamental dans l’affirmation d’une nouvelle école française de paysage au milieu du XIXe siècle, ouvrant la voie à l’impressionnisme.

« L’Abreuvoir » (1850-1860) par Théodore Rousseau (1812-1867) – Musée des Beaux-Arts de Rouen
« Le Massacre des Innocents » (1847) par Théodore Rousseau – Collection Mesdag (La Haye)

Même si la toile est restée à l’état d’ébauche, on distingue sur le tableau ci-dessus, presque au centre de la composition, un homme, en hauteur, nouant une corde sur le tronc du chêne principal. D’autres bûcherons, tout à gauche, tirent sur une autre corde pour abattre le chêne le plus éloigné. Au premier plan, un arbre gît en travers du passage. Le titre donné par l’artiste, « Le Massacre des Innocents », évoque le récit biblique du meurtre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem, sur l’ordre du roi Hérode. En comparant les chênes à ces innocents tués, Rousseau a pour objectif d’éveiller les consciences contre la destruction des environnements forestiers induite par l’industrialisation.

Exposition « Théodore Rousseau. La Voix de la forêt » au Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

Commissariat de l’exposition

Commissariat général
Annick Lemoine, conservatrice en chef du patrimoine directrice du Petit Palais
Commissariat scientifique
Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay

« Étude de branche d’arbre avec une feuille » (vers 1829) par Théodore Rousseau (1812-1867) – Museum Boijmans Van Beuningen (Rotterdam)

En savoir +

Consultez le site Internet du Petit Palais.

Millet et Rousseau (1884) – Plâtre sur traverse en bois par Henri Chapu (1833-1891) – Musée Henri-Chapu (Le Mée-sur-Seine)

Exposition « Théodore Rousseau. La Voix de la forêt »
5 mars – 7 juillet 2024
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris
Avenue Winston Churchill
75008 Paris

Exposition « Théodore Rousseau. La Voix de la forêt » au Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

 

[Entretien] Marie-Antoinette par Charles-Éloi Vial

« Marie-Antoinette »
Charles-Éloi Vial
Éditions Perrin

Dans cette biographie de Marie-Antoinette, Charles-Éloi Vial d’attache à distinguer la femme de son mythe, qu’il s’agisse des circonstances de son mariage en 1770, de son accession au trône, de sa formation intellectuelle ou de ses liens avec Fersen, de ses années d’insouciance à Versailles et au Petit Trianon à l’époque du déclin du système de cour, jusqu’à l’époque des tragédies, aussi bien personnelles que politiques.

Cet entretien avec Charles-Éloi Vial a été enregistré devant la Chapelle expiatoire (Paris), avec l’aimable autorisation du Centre des Monuments Nationaux.

La Chapelle expiatoire

Située au cœur du square Louis XVI à Paris, la Chapelle expiatoire est un chef-d’œuvre de l’architecture néoclassique. Elle s’élève à l’emplacement de l’ancien cimetière de la Madeleine. Sous la Révolution, ce lieu accueille les dépouilles de Louis XVI, de Marie-Antoinette ainsi que les corps d’environ 500 guillotinés de la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde).

« Après plus de deux siècles, Marie-Antoinette a fini par devenir ce beau « mensonge que personne ne conteste » et auquel tout le monde a envie de croire, une figure inaccessible, ancrée dans les imaginations et figée, comme l’aurait dit Proust en évoquant le jardin du Petit Trianon, « dans les souvenirs d’une époque historique, dans les œuvres d’art, dans un petit temple à l’amour au pied duquel s’amoncellent les feuilles palmées d’or ». Il y a des affabulations dont on ne revient pas, quels que soient les documents que l’on découvre et les recherches que l’on mène. Cet ouvrage tente modestement de faire connaître la dernière reine de France par une autre méthode, en étudiant sa vie en creux, à partir des seules sources d’époque crédibles : son entourage, sa domesticité, sa Maison, la société, la politique et le contexte intellectuel de son époque. » – Extrait du livre de Charles-Éloi Vial

« Marie-Antoinette » de Charles-Éloi Vial (Éditions Perrin) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.

L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

[Entretien] Les Mousquetaires du roi par Julien Wilmart

« Les Mousquetaires du roi. Une troupe d’élite au cœur du pouvoir »
Julien Wilmart
Éditions Tallandier

À la fois membres de la garde du roi, unité d’élite, police politique et école militaire pour la noblesse, les Mousquetaires du roi furent créés par Louis XIII en 1622, connurent leur âge d’or sous Louis XIV et ne furent définitivement supprimés qu’en 1815. Ils participèrent tant aux campagnes militaires qu’aux affaires personnelles du roi. Julien Wilmart analyse les hauts faits de ces hommes ayant appartenu à ce corps légendaire.

Cet entretien avec Julien Wilmart a été tourné au château de Vincennes, avec l’aimable autorisation du Centre des Monuments Nationaux.

D’Artagnan au château de Vincennes

Riche et prestigieuse, l’histoire du château de Vincennes est intimement liée à celle du pouvoir royal français. Au XVIIe siècle, le donjon accueille des captifs de prestige parmi lesquels le Grand Condé, en 1650 et Nicolas Fouquet, le surintendant des Finances de Louis XIV, en 1661. Nicolas Fouquet y sera placé sous la surveillance d’un Mousquetaire rendu célèbre par Alexandre Dumas : D’Artagnan !

« Les Mousquetaires du roi. Une troupe d’élite au cœur du pouvoir » de Julien Wilmart (Éditions Tallandier) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.

« À tous ceux qui se poseraient encore la question : oui, d’Artagnan et les Mousquetaires ont réellement existé. Les Mousquetaires du roi suscitaient à la fois crainte et admiration auprès de leurs contemporains et fascinent encore aujourd’hui aussi bien le jeune public que les adultes. Mais qui, au-delà du roman d’Alexandre Dumas et d’Auguste Maquet qui leur offrit une postérité légendaire, les connaît véritablement ? S’ils entrèrent dans la légende au début du XIXe siècle sous les traits d’hommes cristallisant les valeurs de l’esprit français, il n’en demeure pas moins que les vrais Mousquetaires du roi n’avaient rien à envier à leurs homologues littéraires. Couvrant près de deux siècles, leurs véritables aventures offrent l’opportunité d’appréhender l’histoire de France sous leur prisme. » – Extrait du livre de Julien Wilmart

L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

[Visite privée] Exposition « Mondes souterrains » au Louvre-Lens

Exposition « Mondes souterrains. 20 000 lieux sous la Terre »
27 mars – 22 juillet 2024
Musée du Louvre-Lens

Que se passe-t-il sous terre ? À quoi ressemblent ces mondes qui nourrissent nos imaginaires depuis la nuit des temps ? Tour à tour effrayants et inspirants, les mondes souterrains sont souvent le miroir de nos sociétés et de l’âme humaine. Dans un parcours de plus de 200 œuvres ouvert aux arts de toutes époques et civilisations, l’exposition invite à un fascinant voyage, de l’ombre vers la lumière.

Plongez dans les mondes souterrains en suivant Alexandre Estaquet-Legrand, conservateur du patrimoine, directeur du MUDO – Musée de l’Oise, Jean-Jacques Terrin, architecte, docteur en architecture, professeur émérite des écoles d’architecture et Gautier Verbeke, directeur de la médiation et du développement des publics, musée du Louvre.

« La Sibylle d’Erythrée » (1759) par Jean-Jacques Caffieri – Musée du Louvre

Connaissant les chemins pour y pénétrer, la Sibylle accueille en son antre les visiteurs et les introduit au parcours de l’exposition. Ils explorent d’abord les profondeurs obscures de la terre, avant d’en découvrir ses richesses enfouies.

« Le Gouffre, paysage » (1861) par Paul Huet (1803-1869) – Musée d’Orsay
« La Chute des Titans » d’après Pieter Coecke Van Aelst (1502-1550), retouché par Pierre-Paul Rubens (1577-1640) – Musée du Louvre
« Sadak à la recherche des eaux de l’oubli » (1812) par John Martin (1789-1854) – Southampton City Art Gallery
« Les Anges déchus pénétrant dans le Pandémonium » (vers 1841) par John Martin (1789-1854) – Tate (Londres)
« Dante aux Enfers » (1899) par Camille Boiry (1871-1954) – Musée des Beaux-Arts de Tours

« La Divine Comédie » est un poème médiéval fantastique écrit par Dante Alighieri entre 1303 et 1321. L’auteur parcourt l’Enfer puis le Purgatoire – lieu où les âmes des défunts se purifient de leurs péchés avant d’accéder au paradis, dans la religion catholique. Il y croise dans les différents cercles tous les damnés de la mythologie, de l’histoire et de la littérature. Aux portes de l’enfer, il peut lire la célèbre inscription : « Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate » (« Laissez toute espérance, vous qui entrez »).

« L’Enlèvement de Proserpine » (vers 1625) par Pierre Brébiette (1598-1642) – Musée du Louvre
« La Pensée aux absents » (1924) par André Devambez (1867-1944) – MUba (Tourcoing), en dépôt à l’Historial de la Grande Guerre Conseil départemental de la Somme (Péronne)
« Scène funéraire dans une église » par Hubert Robert (1733-1808) – Collection musée de Valence, art et archéologie
« Orphée aux Enfers » (vers 1662) par Gérard de Lairesse (1640-1711) – Musée des Beaux-arts/La Bouverie (Liège)
Relief mithriaque (100-300 après J.-C.) – Rome – Musée du Louvre
« Mineur à la hache » (1901) par Constantin Meunier ( 1831-1905) – Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles)

La figure du mineur, souvent érigée par les artistes et les commanditaires en héros contemporain du monde souterrain. Son allure athlétique, sa force morale, son courage, comparables à ceux des héros antiques, Hercule ou Énée, sont les marqueurs de cette imagerie, déployée à la fin du 19e et au début du XXe siècles.

Bustes d’empereurs romains (1750-1800) – Musée du Louvre

Refuge du merveilleux, le règne souterrain, à l’instar des océans, du monde animal et végétal ou des astres, fournit ses trésors minéralogiques (mineralia) et archéologiques, collectionnés à l’époque moderne. Toutes ces richesses sont réunies dans des cabinets de curiosités, notamment à partir de la Renaissance. 

« La Grotte du Pausilippe à Naples » (entre 1760 et 1761) par Hubert Robert (1733-1808) – Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris

Investir le monde souterrain pour y habiter, circuler ou travailler permet à l’humanité de concilier des exigences fonctionnelles aussi bien que protectrices, voire rituelles. Depuis l’Antiquité, des villes se lovent au-dessus comme au-dessous de la terre, à l’instar de Naples dont on dit que la ville souterraine est aussi importante que celle que l’on connaît à la surface. Ces villes en sous-sol ont inspiré des fantasmes urbains plus récents mais aussi de nombreuses utopies urbaines et réalisations architecturales.

En savoir +

Consultez le site Internet du Louvre-Lens.

Œuvres de Piranèse – Musées royaux de Belgique (Liège)

Commissariat de l’exposition

Alexandre Estaquet-Legrand, conservateur du patrimoine, directeur du MUDO – Musée de l’Oise
Jean-Jacques Terrin, architecte, docteur en architecture, professeur émérite des écoles d’architecture
Gautier Verbeke, directeur de la médiation et du développement des publics, musée du Louvre

« Le Styx » (vers 1649) par Henry-Pierre Picou (1824-1895) – Musée d’Arts de Nantes

Exposition « Mondes souterrains. 20 000 lieux sous la Terre »
27 mars – 22 juillet 2024
Musée du Louvre-Lens
99 Rue Paul Bert
62300 Lens

Détail de « Le fil d’or » (« A Golden Thread ») (1875) par John Melhuish Strudwick – Tate (Londres)

[Entretien] Le Grand Condé par Xavier Le Person

« Le Grand Condé, un exil pour l’honneur »
Xavier Le Person
Éditions Fayard

Louis II de Bourbon, prince du sang passé à la postérité sous le nom de Grand Condé, prit les armes contre l’autorité royale pendant la Fronde et se mit au service de Philippe IV d’Espagne. Il fut déclaré criminel de lèse-majesté, déchu de ses titres et privé de ses biens. Après plusieurs années d’exil, il négocia son rétablissement et le jeune Louis XIV lui pardonna en 1660.

À l’occasion de cet entretien, Xavier Le Person répond aux questions du Scribe dans cet entretien tourné près du Grand Canal du château de Versailles.

« Le Grand Condé fut un homme de guerre dont la réputation et le prestige dépassèrent les frontières. Le cardinal de Retz se plaisait à le rappeler : « Monsieur le Prince est né capitaine, ce qui n’est jamais arrivé qu’à lui, à César et à Spinola’. Il a égalé le premier; il a passé le second. L’intrépidité est l’un des moindres traits de son caractère. La nature lui avait fait l’esprit aussi grand que le cœur. La fortune, en le donnant à un siècle de guerre, a laissé au second toute son étendue?. » – Le cardinal de Retz à propos du Grand Condé

« Le Grand Condé, un exil pour l’honneur » de Xavier Le Person (Éditions Fayard) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.

« Sans entrer dans des considérations héroïques, morales ou téléologiques, cet ouvrage traite essentiellement des fondements de la rupture politique du Grand Condé avec l’autorité royale, des modalités militaires de sa « retraite », des conditions de son retour en grâce et de son rétablissement. Ces questions n’avaient pas encore fait l’objet de travaux historiques approfondis. Au-delà des aspects relatifs à la vie du prince de Condé, de son parcours politique et militaire, ce livre s’intéresse aux comportements politiques de la noblesse au temps de la Fronde et sous le ministériat de Mazarin. Il s’attache à cerner et à comprendre les préoccupations des gentilshommes, leurs interactions, la manière dont ils se percevaient mutuellement.- Xavier Le Person

L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

Le château de Versailles vu du Grand Canal

[Visite privée] Exposition « La Fontaine des Innocents » au musée Carnavalet

Exposition « La Fontaine des Innocents. Histoires d’un chef-d’œuvre parisien »
24 avril – 25 août 2024
Musée Carnavalet – Histoire de Paris (Paris)

La fontaine des Innocents est un monument emblématique du quartier des Halles à Paris. Depuis la Renaissance, il n’a eu de cesse de se métamorphoser au rythme des mutations urbaines. Sa restauration, débutée en juillet 2023 et qui prendra fin en juin 2024, offre l’occasion exceptionnelle de découvrir dans des conditions privilégiées les reliefs sculptés par Jean Goujon, déposés du monument. Dans l’exposition du musée Carnavalet, les cinq nymphes dialoguent ainsi avec les trois reliefs conservés au musée du Louvre depuis le début du XIXe siècle.

Juliette Tanré-Szewczyk, conservatrice en chef, chargée du département des sculptures et du patrimoine architectural et urbain au musée Carnavalet-Histoire de Paris, et Sophie Picot-Bocquillon, chargée d’études documentaires, responsable du pôle documentaire de la COARC, vous invitent à découvrir l’histoire mouvementée de ce monument.

« C’est le sculpteur le plus habile qui ait paru en France : il avait obtenu le titre glorieux de Phidias français. Tout ce qui est sorti de son ciseau est admirable. Rien n’est plus beau que sa fontaine des SS. Innocens [sic] […]. Cet ouvrage est un de ceux qui honorent le plus l’école française ; il règne entre la sculpture et l’architecture dont le monument se compose, une harmonie qui charme la vue, et qui provoque d’aimables sensations. […] Les Grecs n’ont rien produit de plus parfait. » – Alexandre Lenoir, dans la publication du musée des Monuments français

Moulage d’une figure encadrant un oculus de l’aile Lescot du palais du Louvre, avant 1883 : la Victoire ou la Gloire d’après Jean Goujon (actif de 1541 à 1563) – Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris)

Jean Goujon est l’un des sculpteurs majeurs de la Renaissance française, mais aussi l’un des plus méconnus. De nombreux éléments de sa biographie restent obscurs, comme les circonstances de sa naissance et de sa mort, ou les étapes de sa formation : a-t-il effectué un voyage en Italie ? Cela expliquerait sa connaissance des modèles antiques et sa culture classique.

Jubé de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois (1544) par Jean Goujon – Musée du Louvre
Détail de « Déploration du Christ », relief du jubé de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois (1544) par Jean Goujon – Musée du Louvre

La première commande parisienne que l’on peut attribuer avec certitude à Jean Goujon est celle du décor d’un jubé – une tribune séparant le chœur de la nef –, pour l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Le marché d’exécution des reliefs, daté de 1544, a en effet été conservé. Pierre Lescot en conçoit l’architecture et Goujon sculpte, côté nef, cinq reliefs offerts au regard des fidèles : au centre, une scène de Déploration, encadrée de part et d’autre de deux reliefs représentant les quatre évangélistes : Jean, Luc, Marc et Matthieu.

« La fontaine des Innocents et son quartier en pleine transformation » (avant 1787) par Jean-Nicolas Sobre (? -1806) – Bibliothèque nationale de France

En 1548, la construction d’une fontaine débute à l’angle des rues Saint-Denis et aux Fers. Elle jouxte l’église des Saints-Innocents et le cimetière du même nom. Œuvre de Jean Goujon, peut-être associé à l’architecte Pierre Lescot, la nouvelle fontaine s’inscrit dans un programme d’aménagement urbain de la ville de Paris. Récemment achevée lors de l’entrée d’Henri II dans Paris, en 1549, elle se dresse sur le parcours du cortège royal allant de la porte Saint-Denis au palais de la Cité. Mais sa fonction première reste l’alimentation en eau du quartier des Halles. Son décor célèbre les divinités mythologiques et les créatures marines qui peuplent les sources abreuvant la capitale.

« Le Marché et la fontaine des Innocents » (1822) par John James Chalon – Musée Carnavalet – Histoire de Paris

La fontaine est un édifice maçonné, élevé sur un haut soubassement qui abrite le réservoir. Elle s’organise alors autour de trois arcades et forme une loggia. Des reliefs horizontaux se répartissent sur le piédestal et au-dessus des arcades où ils sont couronnés de frontons triangulaires. Cinq figures verticales de nymphes occupent les espaces situés entre les ouvertures. L’eau s’écoule en minces filets depuis des robinets insérés dans des mufles de lions ornant le soubassement.

« Nymphe et petit génie monté sur un dragon marin », relief du soubassement de la fontaine des Innocents (1548-1549) par Jean Goujon – Musée du Louvre

Avec ces figures élancées de nymphes, dans des positions variées et éloignées de toute réalité anatomique, Goujon livre un manifeste de la sculpture maniériste. L’écoulement de l’eau est évoqué par les plis des fins drapés mouillés qui adhèrent aux corps, rappelant la sculpture antique.

« La Source » (1856) par Jean-Auguste-Dominique Ingres – Musée du Louvre, œuvre en dépôt au musée d’Orsay

Si plusieurs générations de sculpteurs vont se nourrir de l’art de Jean Goujon, de David d’Angers à Maillol en passant par Carpeaux, une filiation se dessine également avec le peintre Jean Auguste Dominique Ingres, qui reprend la composition de l’une des nymphes de la fontaine pour « La Source », un de ses chefs-d’œuvre achevé en 1856. Cette œuvre devient à son tour source d’inspiration de nombreux artistes.

« Néréide rapportant le casque d’Achille » (1815) par David d’Angers – Musées d’Angers / Galerie David d’Angers

« Le grand secret pour bien sentir le bas-relief c’est de dessiner comme un peintre. Je ne doute nullement que Jean Goujon n’ait dessiné comme un peintre. » – Pierre-Jean David dans « Les carnets de David d’Angers »

Copie d’une nymphe de la face ouest de la fontaine des Innocents, d’après Augustin Pajou (1730-1809) – Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles (Paris)

Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi

À droite : « L’Eau », sculpture conçue pour orner une niche du vestibule de l’hôtel de Voyer d’Argenson (années 1760) par Augustin Pajou

Commissariat de l’exposition

Commissariat général
Valérie Guillaume, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Carnavalet-Histoire de Paris.
Véronique Milande, conservatrice en chef du patrimoine, responsable de la Conservation des Œuvres d’Art Religieuses et Civiles de la Ville de Paris (COARC).
Commissariat scientifique
Emmanuelle Philippe, conservatrice en chef, en charge du patrimoine civil à la COARC.
Sophie Picot-Bocquillon, chargée d’études documentaires, responsable du pôle documentaire de la COARC.
Juliette Tanré-Szewczyk, conservatrice en chef, chargée du département des sculptures et du patrimoine architectural et urbain au musée Carnavalet-Histoire de Paris.

Figures du fronton principal de l’attique de la cour du Louvre (1803-1805) par Louis-Pierre Baltard (1764-1846), dessinateur et graveur – Musée Carnavalet – Histoire de Paris

En savoir +

Consultez le site Internet du Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Buste de Jean Goujon (1797) par Claude Michallon (1751-1799), achevé par Guillaume Francin (1741-1830) – Musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon (Versailles)

Exposition « La Fontaine des Innocents. Histoires d’un chef-d’œuvre parisien »
24 avril – 25 août 2024
Musée Carnavalet – Histoire de Paris
23 rue de Sévigné
75003 Paris

« Façade est de la fontaine des Innocents », détail d’une nymphe (entre 1855 et 1865) par Charles Marville – Musée Carnavalet – Histoire de Paris

 

[Entretien] Voyager en Europe au temps des Lumières par Gilles Montègre

« Voyager en Europe au temps des Lumières. Les émotions de la liberté »
Gilles Montègre
Éditions Tallandier

Confrontant les manuscrits inédits de François de Paule Latapie avec 254 autres écrits de voyageurs des Lumières, Gilles Montègre propose une autre approche historique du voyage, écrite « au ras du sol et au fil du chemin ». À l’heure où le défi environnemental remet en question le modèle du tourisme de masse, ce livre nous invite à redonner du sens à nos manières de voyager.

À l’occasion de cet entretien, Gilles Montègre répond aux questions du Scribe dans un lieu emblématique de la philosophie des Lumières : le parc Jean-Jacques Rousseau d’Ermenonville (département de l’Oise).

Île des peupliers – Parc Jean-Jacques Rousseau d’Ermenonville

Le parc Jean-Jacques Rousseau fut nommé ainsi en hommage au philosophe qui y passa les dernières semaines de sa vie et y fut inhumé sur l’Ile des Peupliers entre 1778 et 1794, avant le transfert de ses cendres au Panthéon.
C’est à partir de 1763, et durant plus de dix ans, que le marquis de Girardin modela les paysages autour du Château d’Ermenonville. En rupture avec le jardin régulier, ce jardin pittoresque offre une succession de « tableaux » inspirés de la peinture du Lorrain ou de Nicolas Poussin.

Temple de la philosophie moderne – Parc Jean-Jacques Rousseau d’Ermenonville

« Les quatre sentiers que le livre va s’attacher à parcourir ont ancré en moi une conviction forte. Le voyage n’est pas un objet d’étude secondaire, appelé à demeurer à la croisée, voire aux marges des recherches historiques et littéraires. Envisagé comme expérience, le voyage forme au contraire un champ décisif pour approcher l’histoire au plus près, dans la mesure où il est un catalyseur des aspirations, des impasses et des émotions qui singularisent toute société. » – Extrait de l’ouvrage de Gilles Montègre

« Voyager en Europe au temps des Lumières. Les émotions de la liberté » de Gilles Montègre (Éditions Tallandier) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.

L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

[Visite privée] Les arts en France sous Charles VII au musée de Cluny

Exposition « Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) »
12 mars – 16 juin 2024
Musée de Cluny – musée national du Moyen Âge (Paris)

Le musée de Cluny met en lumière un moment charnière de l’histoire et de l’histoire de l’art, celui du règne de Charles VII (1422-1461).

À partir des années 1420, pendant la guerre de Cent Ans, le royaume de France connaît de profondes mutations politiques et artistiques. Le nord du royaume est occupé par les Anglais et les Bourguignons. Quand le dauphin Charles parvient à reconquérir son trône, grâce à Jeanne d’Arc notamment, puis son royaume, les conditions d’un renouveau sont réunies.
Une nouvelle génération d’artistes se convertit au réalisme à la flamande, tandis qu’à travers l’influence italienne, ils s’imprègnent de l’héritage antique développé par des artistes comme Filippo Brunelleschi, Donatello ou Giovanni Bellini. La création artistique entre en rupture progressive avec le gothique international et se tourne vers une nouvelle vision de la réalité, prémices de la Renaissance.

L’exposition présente de prestigieux manuscrits enluminés, peintures, sculptures, pièces d’orfèvrerie, vitraux et tapisseries. Des œuvres exceptionnelles y figurent, comme le dais de Charles VII (musée du Louvre), le manuscrit des Grandes Heures de Rohan (Bibliothèque nationale de France) ou le tableau de l’Annonciation d’Aix (Aix-en-Provence) par Barthélémy d’Eyck. Pour la première fois, le triptyque parisien de la Passion et Résurrection du Christ par André d’Ypres est reconstitué dans son intégralité (musée du Louvre, Getty Museum, musée Fabre).

Pour cette visite privée exceptionnelle, vous êtes accompagnés par Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Condé de Chantilly, et Maxence Hermant, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, service des manuscrits médiévaux.

Détail du Dais dit de Charles VII : deux anges tenant une couronne (vers 1430-1440) ) d’après Jacob de Littemont (?) – Musée du Louvre

Vidéo réalisée par Coupe-File Art et Scribe Accroupi.

Détail du manuscrit enluminé des « Grandes Heures de Rohan » (vers 1440) par le Maître de Rohan – Bibliothèque nationale de France
« Heures à l’usage de Paris » par un artiste non identifié, actif entre Paris et la Picardie, et Maître de la Légende dorée de Munich – Paris ou Picardie, 1420-1425, et Paris, 1427-1440 -Bibliothèque nationale de France
Détail du Reliquaire de la Sainte Épine – Égypte, Xe-XIe siècle et Paris, vers 1420-1450 (?) – Palais du Tau (Reims)
Statue présumée de Jean de Dunois en saint Georges – Val-de-Loire, vers 1460-1470 – Chapelle du château de Châteaudun
Au premier plan : Saint Jean – Touraine, vers 1450-1475 – Musée du Louvre
Vitrail : les joueurs d’échecs (XVe siècle) – Musée de Cluny – musée national du Moyen Âge
Détail du panneau central de l’Annonciation d’Aix par Barthélémy d’Eyck (1420-1470) – Musée du Vieil-Aix
Triptyque de Dreux Budé par André d’Ypres (Maître de Dreux Budé) – Paris, vers 1450 – Musée du Louvre, Getty Museum et Musée Fabre (Montpellier)
Détail de « La Résurrection avec trois donatrices, Jeanne Peschard et ses filles Jacquette et Catherine, présentées par sainte Catherine » (vers 1450) par le Maître de Dreux-Budé (André d’Ypres ?) Panneau droit du triptyque de Dreux-Budé – Musée Fabre (Montpellier)
Détail de la rose sud de la cathédrale d’Angers, d’après un modèle du Maître d’Adélaïde de Savoie (?), André Robin, peintre verrier
Exposition « Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) » – Musée de Cluny – musée national du Moyen Âge

En savoir +

Consultez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée de Cluny.
Retrouvez ce reportage sur Coupe-File Art qui a aussi sa chaîne YouTube.

Couple sous un dais – Pays-Bas du sud (Tournai ?), vers 1455-1460 – Musée des arts décoratifs (Paris)

Exposition « Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) »
12 mars – 16 juin 2024
Musée de Cluny – musée national du Moyen Âge
28 Rue du Sommerard
75005 Paris

Autoportrait en médaillon par Jean Fouquet (vers 1452-1455) – Musée du Louvre

[Entretien] Le 14 juillet de Mirabeau par Loris Chavanette

« Le 14 juillet de Mirabeau. La revanche du prisonnier »
Loris Chavanette
Éditions Tallandier

« Comment, en dix ans, ce démon d’une famille est-il devenu le dieu d’une nation ? », interroge Victor Hugo sur cet homme-énigme que demeure Mirabeau. L’histoire a surtout retenu de lui sa tirade de juin 1789 : « Allez dire à ceux qui vous envoient… »
Dans cet ouvrage, Loris Chavanette montre le rôle décisif de Mirabeau entre le 8 juillet 1789, quand celui-ci demande à Louis XVI le retrait des troupes royales disposées dans Paris et à Versailles, et le 16 juillet, quand il vient en personne participer à la démolition de la Bastille.

À l’occasion de cet entretien, Loris Chavanette répond aux questions du Scribe dans un lieu prestigieux : la salle du Jeu de Paume de Versailles.
Le 20 juin 1789, la salle du Jeu de Paume est devenue le symbole de la Révolution en marche. Les députés du Tiers État s’y sont réunis à l’occasion de la tenue des États généraux, l’hôtel des Menus-Plaisirs, leur salle de réunion habituelle, étant fermée par ordre du Roi.

Salle du Jeu de Paume de Versailles

« Démêler la part de fantasme et celle de vérité attachées à un tel personnage n’est pas chose aisée. Il faut approcher avec beaucoup de modestie une statue de marbre comme la sienne, si l’on ne veut pas être terrassé au premier coup d’œil par cette tête de Gorgone française. Sainte-Beuve reconnaît d’ailleurs que Mirabeau ne peut être abordé ni de plein ni de biais. Nous allons donc le mettre sous la lumière du mois de juillet, durant l’été le plus ardent de l’histoire de France. En pénétrer le sens permettra d’en apprendre peut-être un peu plus sur nous-mêmes, comme individus et comme peuple. » – Extrait de l’ouvrage de Loris Chavanette

« Le 14 juillet de Mirabeau. La revanche du prisonnier » de Loris Chavanette (Éditions Tallandier) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.

« Mirabeau a déjà subi la métamorphose qui s’opère parmi ceux dont la mémoire doit demeurer; porté du Panthéon à l’égout, et reporté de l’égout au Panthéon, il s’est élevé de toute la hauteur du temps qui lui sert aujourd’hui de piédestal. On ne voit plus le Mirabeau réel, mais le Mirabeau idéalisé, le Mirabeau tel que le font les peintres, pour le rendre le symbole ou le mythe de l’époque qu’il représente : il devient ainsi plus faux et plus vrai. » – Chateaubriand, « Mémoires d’outre-tombe »

L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

Au premier plan : buste de Mirabeau dans la salle du Jeu de Paume de Versailles

[Visite privée] Paul Richer, l’art et la médecine au musée des Beaux-Arts de Chartres

Exposition « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine »
16 mars – 16 juin 2024
Musée des Beaux-Arts de Chartres

Après l’exposition de 2023 consacrée à Paul Richer et la sculpture du travail, cette seconde exposition révèle deux autres facettes de Paul Richer : son rôle de médecin et son œuvre en tant qu’artiste.
Elle explore la relation étroite entre l’art et la science dans les œuvres de Richer et montre ses sculptures mettant en avant l’anatomie masculine à travers des athlètes en mouvement, des malades et des œuvres pédagogiques, illustrant sa précision anatomique. Elle présente aussi les ouvrages médicaux illustrés et sa thèse réalisée sous la direction de Jean-Martin Charcot.

Pour cette visite privée, vous êtes accompagnés par Grégoire Hallé, directeur du musée des Beaux-Arts de Chartres et commissaire de l’exposition.

« Charcot de profil enseignant », dans « Cahiers d’observations pendant les leçons de Charcot à la Salpêtrière » (1882) – Beaux-Arts de Paris
« Homme debout, le côté gauche écorché » (1906) par Paul Richer – Beaux-Arts de Paris
« Virtuti palma » (avant 1900) par Paul Richer – Collection particulière

La sculpture permet à Richer d’étudier l’anatomie de ses modèles, mais aussi de représenter des pathologies à des fins pédagogiques. Des représentations de malades, comme « La Parkinsonienne » (1895), sont exposées.

Au premier plan : « Femme atteinte de paralysie glosso-laryngée » par Paul Richer – Musée de l’AP-HP (Paris)
« Portrait de Descartes avec montage incorporé d’un moulage de son crâne » (1913) par Paul Richer – Beaux-Arts de Paris

L’exposition présente également des hommages sculptés à des personnalités, scientifiques et grands médecins, ainsi que des sculptures féminines, écho à ses travaux sur l’anatomie féminine des années 1910.

Au premier plan : « Portrait de Louis Pasteur » (Salon de 1902) par Paul Richer – Musée des Beaux-Arts de Chartres

Deux grands groupes sculptés seront présentés : « Tres in una » (1913) et « L’Art et la Science devant Minerve » (vers 1930) reflètent les travaux de l’artiste sur la morphologie féminine.

« L’Art et la Science devant Minerve » par Paul Richer – Musée des Beaux-Arts de Chartres

Exposition « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine »
16 mars – 16 juin 2024
Musée des Beaux-Arts de Chartres
29 cloître Notre-Dame
28000 Chartres

« Formes extérieures du tronc » (1889) par Paul Richer – Beaux-Arts de Paris

Du 23 septembre au 31 décembre 2023, le musée des Beaux-Arts de Chartres a proposé une première exposition sur l’œuvre de Paul Richer : « Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail ». Une visite privée est disponible ici.

« Groupe de trois coureurs » (fin du XIXe siècle) par Paul Richer – Beaux-Arts de Paris

Sources :
– texte : site Internet de la ville de Chartres
– photos : @scribeaccroupi

Exposition « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine » – Musée des Beaux-Arts de Chartres

En savoir +

Consultez le site Internet de la ville de Chartres.

Exposition « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine » – Musée des Beaux-Arts de Chartres

[Web-série] Peindre en Bourgogne (2) Les Ménassier

Peindre en Bourgogne aux XVe et XVIe siècles
Épisode 2 : Les Ménassier

S’il est peu familier, le nom des Ménassier n’est pas totalement inconnu pour autant. Anthony Blunt lui-même cite notamment André Ménassier en 1953. Visiblement assez demandés de leur temps par la bourgeoisie locale, André, Claude et Ithier Ménassier ont développé chacun à leur tour une manière particulière, fondée sur de grandes compositions italiennes et flamandes diffusées par la gravure.

Nicolas Bousser, historien de l’art et directeur du web-magazine Coupe-File Art, nous entraîne en Bourgogne, entre Semur et Montbard, à la découverte de la famille Ménassier.

Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour le deuxième épisode de cette web-série tournée en Bourgogne.

« Le Christ et la femme adultère » (1602) par André Ménassier – Église Saint-Martin de Saint-Martin-en-Bresse

Le nom de Ménassier est assez répandu en Auxois à la fin du XVIe siècle, et les sources ne concernent pas nécessairement nos peintres. Dans les registres de Semur, le nom de Nicolas Ménassier, drapier, revient par exemple à de très nombreuses reprises tandis que l’on trouve en 1543 à Montbard un maître Jehan Ménassier, chirurgien. C’est en 1589 qu’apparaît pour la première fois le peintre André Ménassier, dans les documents, à Semur-en-Auxois.

« Annonciation » – Triptyque de la Crucifixion d’Annay-sur-Serein (1608) par Ménassier (Claude ? Atelier ?) – Église Saint-Pierre d’Annay-sur-Serein
Triptyque de la Crucifixion d’Annay-sur-Serein (1608) par Ménassier (Claude ? Atelier ?) – Église Saint-Pierre d’Annay-sur-Serein
Saint Pierre et saint Paul – Revers du triptyque de la Crucifixion d’Annay-sur-Serein (1608) par Ménassier (Claude ? Atelier ?) – Église Saint-Pierre d’Annay-sur-Serein
Église Saint-Pierre d’Annay-sur-Serein

D’André Ménassier, nous relevons cinq œuvres conservées en Bourgogne et attribuables au peintre de manière certaine, quatre tableaux et un cycle de peintures murales conçu pour la chapelle du château d’Ancy-le-Franc.

« La Vie des Pères du désert » (1596) par André Ménassier et atelier – Chapelle du château d’Ancy-le-Franc

Le chantier des décors de la chapelle du château d’Ancy-le-Franc, mené par André à partir de 1596, aura sans doute contribué au développement d’un maniérisme, imprégné par des artistes de la Seconde École de Fontainebleau.

Partie inférieure de la chapelle du château d’Ancy-le-Franc (1596) par André Ménassier et atelier

En savoir +

Lisez l’article « Les Ménassier, peintres en Auxois à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle » publié par Nicolas Bousser sur le site du web-magazine Coupe-File Art.

Galerie de Pharsale – Château d’Ancy-le-Franc

Web-série avec Nicolas Bousser du web-magazine Coupe-File Art
Musique originale par Julien Bousser
Réalisation par Coupe-File Art et @scribeaccroupi

Château d’Ancy-le-Franc

[Visite privée] Exposition « Ingres et Delacroix » au musée national Eugène-Delacroix

Exposition « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes »
27 mars – 10 juin 2024
Musée national Eugène-Delacroix

Un pot à tabac en forme de poisson ayant appartenu à Eugène Delacroix (1798-1863), une couronne de laurier dorée offerte à Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) par les Montalbanais… autant d’objets présentés au musée national Eugène-Delacroix dans une exposition consacrée à ces deux figures artistiques majeures du XIXe siècle.

Pour cette visite de l’exposition, vous êtes accompagnés par Claire Bessède, directrice du musée national Eugène-Delacroix.

Exposition « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes » – Musée national Eugène-Delacroix
 » République des Arts », caricature de Charles-Albert Bertall (1820- 1882) parue dans « Le Journal pour rire » du 28 juillet 1849 – Bibliothèque nationale de France

Les deux musées qui portent le nom de deux grands peintres du 19e siècle, le musée national Eugène-Delacroix et le musée Ingres Bourdelle, se réunissent afin de présenter ces deux grands artistes par le prisme de leurs objets.

Exposition « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes » – Musée national Eugène-Delacroix

Les objets de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) et Eugène Delacroix (1798-1863) témoignent de la façon de travailler des deux artistes, mais ils dévoilent aussi une part de leur intimité dans un contexte où il n’y a pas ou peu de représentation de leur lieu de vie ou de création.

« Autoportrait de Raphaël » (d’après le tableau de Raphaël du musée des Offices, à Florence) par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée Ingres Bourdelle

Sans être de véritables collectionneurs, Ingres et Delacroix ont possédé des œuvres d’art, dont des copies ou gravures d’après des tableaux d’artistes qu’ils admirent. Parmi les passions d’Ingres, il y a Raphaël. Il voue même un véritable culte à cet artiste et son fétichisme va jusqu’à demander au pape quelques débris d’ossements du peintre italien, lors du transfert de sa dépouille au Panthéon en 1833. Il les obtient et les fait enchâsser dans une boîte reliquaire !

Exposition « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes » – Musée national Eugène-Delacroix

La passion d’Ingres pour la musique est incarnée dans l’exposition par la présence de son violon qu’il pratique quotidiennement. Ingres garde précieusement les fragments de partitions originales qui lui ont été offertes : Le canon de Cherubini et les trois partitions de Joseph Haydn (1732-1809), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Christopher Willibald Gluck (1714-1787) et Ludwig van Beethoven (1770-1827).

Trois fragments de partitions manuscrites de Haydn, Mozart et Beethoven (entre 1760 et 1827) – Musée Ingres Bourdelle

Delacroix a reçu lui aussi une éducation musicale. Il a pratiqué le violon, le piano et même la guitare dans sa jeunesse. Contrairement à Ingres, il ne pratique plus la musique pendant sa carrière de peintre mais reste un mélomane averti. Tout comme Ingres, il admire Mozart et apprécie Haydn, Gluck ainsi que certains morceaux de Beethoven. Le seul musicien contemporain que Delacroix admire est son grand ami Frédéric Chopin (1810-1849), compagnon de son amie George Sand (1804-1876).

Vièle rabâb appartenant à Delacroix – Musée du Louvre

Eugène Delacroix a aussi en sa possession des instruments de musique orientaux dont certains ont été ramenés de son voyage au Maroc en 1832. C’est lors d’une noce juive que Delacroix découvre le son de ces instruments qui lui serviront de source d’inspiration pour sa « Noce juive » dans le Maroc (musée du Louvre), tableau peint en 1832, soit 7 ans après son voyage.

« Oriental, assis sur un divan, tenant un narghil » par Eugène Delacroix (1798-1863) – Musée du Louvre
« L’atelier d’Ingres à Rome » par . Jean Alaux – Musée Ingres Bourdelle

La représentation de l’atelier d’Ingres par son ami, le peintre Jean Alaux (1786-1864) à Rome est une des rares représentations du lieu de travail du peintre. Il nous permet aussi d’avoir un regard sur sa vie intime où il pose non pas en train de peindre mais en train de jouer du violon. Sa femme et son chat sont présents. Seul, les nombreux tableaux aux murs évoquent son activité de peintre.

« L’atelier Delacroix rue Notre-Dame de Lorette » dans « L’illustration » (1852) par Renard, Edouard-Antoine (1802-1857) – Musée du Louvre

La seule représentation connue de Delacroix dans un atelier est celle du journal « L’illustration » où il est représenté dans son atelier rue Notre-Dame de Lorette qu’il occupe de 1845 à 1857. On le voit palette à la main et entouré d’œuvres, d’esquisses et de moulages.

Couronne de laurier dorée (1863) – Musée Ingres Bourdelle (Montauban)

En 1851, Ingres, natif de Montauban, songe à léguer une partie de ses œuvres, ses collections et de son fond d’atelier à sa ville natale. Le 18 juillet, il donne à la ville de Montauban 54 tableaux anciens ainsi que des gravures, des vases antiques et divers objets d’art. À partir de 1854, l’Etat fera des dépôts réguliers de tableaux.

Exposition « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes » – Musée national Eugène-Delacroix

Chez Delacroix, les objets sont liés au besoin de se souvenir et peuvent aussi être des sources d’inspiration pour ses œuvres.

« Bacchante endormie dans un paysage ou Nymphe endormie » (1847) par Eugène Delacroix – MNR 953 en dépôt au musée Ingres Bourdelle (Montauban)

Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi

« Jupiter et Antiope » (1851) par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée d’Orsay, dépôt du musée du Louvre

Commissariat de l’exposition

Claire Bessède, directrice du musée Delacroix
Florence Viguier-Dutheil, directrice du musée Ingres Bourdelle

« Etude de babouches » (1823-1824 ou 1833-1834) par Eugène Delacroix – Musée du Louvre

Après le musée national Eugène-Delacroix, l’exposition sera présentée au musée Ingres Bourdelle de Montauban du 11 juillet au 10 novembre 2024.

En savoir +

Consultez la page spéciale sur le site Internet du musée national Eugène-Delacroix.

Buste d’Ingres par Auguste-Louis-Marie Ottin (1811-1890) – Musée Ingres Bourdelle

Exposition « Ingres et Delacroix. Objets d’artistes »
27 mars – 10 juin 2024
Musée national Eugène-Delacroix
6, rue de Furstenberg
75006 Paris

« Paolo et Francesca surpris par Gianciotto » (1819) par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée des Beaux-Arts d’Angers