Depuis toujours et dans toutes les civilisations, la transparence du cristal de roche fascine. Du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024, le musée de Cluny – musée national du Moyen Âge propose un « Voyage dans le cristal » au Moyen Âge et à travers l’histoire.
À la période médiévale notamment, ce quartz transparent est utilisé dans les arts de la table, où il est prisé pour la vaisselle de luxe, et dans des objets décoratifs ou des bijoux. On lui attribue aussi une force symbolique renvoyant à la pureté qui s’exprime dans la production d’objets de la liturgie ou de reliquaires.
En parcourant l’exposition avec vous, Isabelle Bardiès-Fronty, conservatrice générale du patrimoine, dévoile les plus grands chefs-d’œuvre sculptés dans le cristal de roche.
Avant le XVIe siècle, le terme quartz désigne tous les cristaux jusqu’à ce que sa définition soit resserrée à la silice pure. Le cristal de roche est le seul quartz transparent. Il est nommé quartz hyalin en minéralogie et il en existe de nombreuses variétés, comme le quartz fantôme avec ses effets de nuages ou encore le quartz rutile aux effets de paillettes.
Construite en six actes, l’exposition explore toutes les facettes de ce matériau mystérieux, qui se révèle à celui qui l’observe avec attention. En guise d’introduction, le visiteur fait la rencontre du quartz et de ses spécificités géologiques. Puis, au fil d’un parcours à la fois chronologique et thématique, il se fait témoin de la façon dont l’humanité a utilisé le cristal de roche.
Œuvres au pouvoir spirituel et magique, œuvres pour les rois, objets de luxe et de plaisir, outils scientifiques : l’exposition présente plus de 200 pièces, dont une centaine du Moyen Âge.
Exposition « Un patrimoine méconnu. Tableaux du Diocèse de Paris du XVe au XXe siècle »
18 octobre – 16 décembre 2023 Collège des Bernardins
Le Collège des Bernardins présente sa première exposition patrimoniale consacrée à l’art ancien. Quatorze œuvres issues des collections du diocèse de Paris sont accrochées dans l’ancienne sacristie, mettant à l’honneur des œuvres redécouvertes signées Nicolas Mignard, Jean-Gabriel Domergue, François Gérard ou encore du « Maître des yeux qui clignent ».
Nathalie Volle, conservatrice honoraire du patrimoine, déléguée adjointe à la Commission diocésaine d’Art sacrée, et Caroline Morizot, responsable de la conservation et de l’inventaire, Commission diocésaine d’Art sacré, vous dévoilent les secrets de ce patrimoine méconnu.
La collection du Diocèse de Paris s’est constituée essentiellement grâce aux dons de collectionneurs ou d’artistes. Avant la loi de séparation des églises et de l’Etat, il incombait à la ville de Paris de prendre soin du patrimoine artistique diocésain. Depuis 1905, la Commission diocésaine d’Art sacré a pris le relai.
Certains tableaux ont déjà pu être contemplés dans leurs églises d’origine, notamment l’émouvante « Pietà » de Jean-Gabriel Domergue à Saint-Martin-des-Champs.
« Le triomphe de l’Immaculée Conception » qui pouvait passer inaperçu sur les murs de l’église Saint François de Sales a été identifié comme une œuvre autographe de Paolo de Matteis. Il s’agit de la réplique de la fresque d’une coupole napolitaine aujourd’hui disparue dans un tremblement de terre.
D’autres œuvres ont déjà été présentées dans des expositions, comme « Sainte Thérèse d’Avila » de François Gérard, vue au musée du Petit Palais. Toutefois, la plupart des tableaux sont exposés pour la première fois.
Sources pour cet article :
– texte : site Internet du Collège des Bernardins
– photos : @scribeaccroupi
Commissariat de l’exposition
Nathalie Volle, conservatrice honoraire du patrimoine, déléguée adjointe à la Commission diocésaine d’Art sacrée Caroline Morisot, responsable de la conservation et de l’inventaire, Commission diocésaine d’Art sacré
Exposition « Un patrimoine méconnu. Tableaux du Diocèse de Paris du XVe au XXe siècle »
18 octobre – 16 décembre 2023
Collège des Bernardins
20, rue de Poissy
75005 Paris
Exposition « Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail »
23 septembre – 31 décembre 2023 Musée des Beaux-Arts de Chartres
Dans le cadre de deux expositions programmées en 2023 et 2024, le musée des Beaux-Arts de Chartres invite à découvrir l’œuvre de Paul Richer (1849-1933), artiste et médecin.
La première exposition présente l’œuvre de Richer sur une décennie environ, entre 1889, avec le « Grand Faucheur » récemment restauré et 1903, date d’exécution en grès de Sèvres du « Bûcheron de la forêt de la Londe ».
Durant cette décennie, l’artiste a réalisé plusieurs sculptures d’ouvriers et de paysans au travail. Certaines œuvres exposées, conservées au musée des Beaux-Arts depuis de nombreuses années, ont été restaurées à l’occasion de cette exposition. Elles sont présentées en regard de celles de Jules Dalou, ami de Paul Richer.
Dans cette visite privée, Grégoire Hallé, directeur du musée des Beaux-Arts de Chartres et commissaire de l’exposition, vous invite à découvrir cet artiste chartrain.
Dans la chapelle du musée des Beaux-Arts de Chartres, la visite débute avec le groupe intitulé « Premier Artiste, âge de la pierre taillé », prêt du musée Crozatier du Puy-en-Velay. Dans cette œuvre, l’iconographie choisie met l’accent sur l’émergence du sentiment du Beau dans l’histoire de l’humanité.
Après une introduction sur l’artiste, dans laquelle est exposé le portrait de Paul Richer par Jules Dalou (Petit Palais- musée des Beaux-Arts de la ville de Paris), le visiteur découvre « Le Faucheur » (1889), impressionnant de réalisme, puis des statuettes conservées pour certaines en collection particulière, des dessins préparatoires et des grands bas-reliefs en plâtre.
Richer exécute ces œuvres majoritairement durant ses vacances, et n’hésite pas à demander conseil à ses pairs, comme l’indiquent quelques notes manuscrites conservées aux Beaux-Arts de Paris. De nombreux métiers, principalement liés aux travaux des champs, sont ainsi représentés par Richer, qui travaille d’après des modèles vivants, mais aussi d’après des dessins et des photographies de paysans.
L’exposition montre l’importance donnée par l’artiste au caractère décoratif de son œuvre : plusieurs plats, petits reliefs en bronze ou vases – pour beaucoup inconnus jusqu’alors – montrent comment Richer a cherché à faire pénétrer cette iconographie paysanne dans les intérieurs domestiques.
Enfin, plusieurs dessins préparatoires témoignent des recherches de Richer pour valoriser le Travail dans l’espace public, comme le font alors ses contemporains Jules Dalou, Constantin Meunier et Auguste Rodin. En effet, en 1889, Dalou commence à penser à son Monument aux travailleurs. De même, Constantin Meunier entame vers 1890 ses reliefs pour son Monument au Travail, et Rodin projette sa Tour du Travail pour l’Exposition Universelle de 1900. Un groupe en plâtre intitulé « Le Travail » conservé à Chartres et récemment restauré conclut le parcours de l’exposition de manière spectaculaire.
Du 16 mars au 16 juin 2024, le musée des Beaux-Arts de Chartres proposera une seconde exposition sur l’œuvre de Paul Richer : « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine ».
Exposition « Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail »
23 septembre – 31 décembre 2023
Musée des Beaux-Arts de Chartres
29 cloître Notre-Dame
28000 Chartres
[Web-série] Le chantier du musée des Beaux-Arts de Valenciennes (2023)
Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes est actuellement fermé pour rénovation.
En 2022, une première série de cinq vidéos nous a permis d’en savoir plus sur les coulisses du musée pendant cette période singulière. Il était temps de prendre des nouvelles de l’avancement des travaux en cette année 2023 et de retrouver les équipes du musée.
Dans ce reportage, vous en saurez plus sur le chantier de stabilisation des peintures. Hélène Duret, directrice adjointe du musée, présente les grandes lignes du chantier clos-couvert, de la future scénographie et de la refonte du parcours de visite. Hélène Wallart, restauratrice de peintures, et Louise Dale, régisseuse des collections du musée, vous dévoilent les secrets du démontage de l’impressionnant triptyque de Rubens. Enfin, Emmanuel Watteau, photographe, et Aurélien Nicole, gestionnaire de collections, évoquent la campagne de prises de vues des œuvres.
Construit en 1905, le musée est confronté à des dysfonctionnements sur certains éléments de la structure du bâtiment. La succession d’hivers froids et d’épisodes caniculaires aurait accéléré la dégradation de la toiture et des verrières.
Sans intervention, la conservation préventive des œuvres pourrait ne plus être assurée. Les études préalables aux travaux et le démontage et transfert de certaines œuvres sont à présent engagés.
Jusqu’en 2023, le bâtiment du musée, conçu l’architecte Paul Dusart, n’était pas protégé au titre des monuments historiques. Désormais, les façades, les toitures et le corps central du musée sont protégés et toute modification apportée au bâtiment est placée sous le contrôle scientifique et technique de l’Etat. Ce classement au titre des monuments historiques permet de contribuer au financement de la rénovation en cours.
Peindre en Bourgogne aux XVe et XVIe siècles
Épisode 1 : Pierre Spicre
Pierre Spicre, est un peintre actif en Bourgogne entre 1470 et 1478. Son nom apparaît pour la première fois dans les archives dijonnaises en 1470. Il jouit alors d’une certaine renommée dans le milieu artistique de la cité bourguignonne.
Plusieurs œuvres lui sont attribuées malgré le peu d’archives et un corpus très hétérogène. Qu’en est-il ?
Nicolas Bousser, historien de l’art et directeur du web-magazine Coupe-File Art, fait le point sur l’affaire Spicre.
Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour cette nouvelle web-série tournée en Bourgogne.
D’origine vraisemblablement nordique et peut-être tournaisienne, Pierre Spicre apparaît pour la première fois dans les archives dijonnaises en 1470, avec une orthographe changeante et capricieuse allant de « Spicker », « Spilgr » ou encore « Spicr ». Il jouit alors d’une certaine renommée dans le milieu artistique de la cité bourguignonne. Il est, entre autres, désigné juré expert lors de la réception du tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, œuvre bien connue de Jean de la Huerta et Antoine le Moiturier conservée au musée des Beaux-Arts de Dijon.
Ce reportage accompagne la publication de l’article « Pierre Spicre au château Saint-Maire ? Le dossier complexe d’un peintre dijonnais du XVe siècle », à lire dans le numéro 13 publié le 29 août 2023 de la revue scientifique « Monuments Vaudois ».
Exposition « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand »
20 septembre 2023 – 15 janvier 2024
Musée de l’Orangerie (Paris)
C’est par l’entremise de Max Jacob que le jeune galeriste et collectionneur Paul Guillaume aurait découvert Modigliani en 1914. Il devient alors vraisemblablement son marchand. Grâce aux oeuvres de la collection permanente du musée de l’Orangerie et à de très beaux prêts, l’exposition permet d’explorer la manière dont les liens entre les deux hommes peuvent éclairer la carrière de l’artiste.
De Montmartre à Montparnasse, Cécile Girardeau, conservatrice au musée de l’Orangerie, nous accompagne dans l’atmosphère du Paris artistique du début du XXe siècle.
« En rassemblant plusieurs œuvres emblématiques, l’exposition met en avant le rôle majeur de Paul Guillaume dans la diffusion de l’œuvre de Modigliani sur le marché de l’art dans les années 1920, tant en France qu’aux États-Unis. » – Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie
Paris, au début du XXe siècle, représente un pôle d’attraction pour les avant-gardes artistiques. Un ensemble d’artistes venus de nombreuses régions du monde viennent alors s’y installer, comme c’est le cas pour Amedeo Modigliani, arrivé d’Italie en 1906.
Paul Guillaume est un jeune galeriste autodidacte, ayant forgé son goût auprès de l’avant-garde parisienne et notamment le poète et critique d’art Guillaume Apollinaire. Il incarne un souffle nouveau dans le milieu du marché de l’art, alliant un goût pour la modernité figurative et les arts extra-occidentaux. Modigliani, qui réalise plusieurs portraits de son marchand, agrémente l’un d’entre eux de la mention peinte « Novo Pilota » (« nouveau pilote ») pour qualifier le grand dessein qu’il place entre les mains de Paul Guillaume.
Outre les cinq peintures de Modigliani conservées aujourd’hui au musée de l’Orangerie, plus d’une centaine de toiles ainsi qu’une cinquantaine de dessins et une dizaine de sculptures de l’artiste seraient passés par les mains du marchand d’art Paul Guillaume. Ce nombre dénote à la fois l’implication du galeriste dans la promotion de l’artiste mais aussi son goût personnel pour ses œuvres, largement présentes sur les murs de ses différents appartements.
Dès l’ouverture de sa galerie en 1914, Paul Guillaume expose simultanément des sculptures africaines et des tableaux modernes. Modigliani, quant à lui, fréquente le Musée ethnographique du Trocadéro dès 1909 et manifeste un intérêt précoce pour ces arts. Bien que l’artiste ait cessé de sculpter la pierre, ses têtes peintes de 1914 et 1915 présentent une parenté avec ces formes angulaires et allongées, rappelant également certaines innovations stylistiques proches du cubisme.
À partir de mars 1918, en raison de la santé de Modigliani, de la grossesse de sa compagne Jeanne Hébuterne et des bombardements de Paris, le second galeriste de l’artiste, Léopold Zborowski, les envoie séjourner dans le Sud de la France. De cette période méridionale naissent les beaux portraits de proches et d’anonymes où l’on ressent une forte inspiration cézanienne mais aussi une évolution de la palette et de la touche de l’artiste.
Commissariat de l’exposition
Cécile Girardeau, conservatrice du patrimoine au musée de l’Orangerie Simonetta Fraquelli, historienne de l’art, commissaire d’exposition et chercheuse indépendante, spécialiste de l’art du XXe siècle
Exposition « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand »
20 septembre 2023 – 15 janvier 2024
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
Place de la Concorde (côté Seine)
75001 Paris
Exposition « Louis Janmot. Le Poème de l’âme »
12 septembre 2023 – 7 janvier 2024
Musée d’Orsay
Commencé à Rome en 1835 et poursuivi jusqu’en 1881, « Le Poème de l’âme » est le grand œuvre de l’artiste lyonnais Louis Janmot (1814-1892), à la fois pictural et littéraire. Il illustre en 34 compositions accompagnées d’un long poème le parcours initiatique d’une âme sur la Terre.
Formé de deux cycles respectivement composés de peintures et de grands dessins, il fut qualifié par Henri Focillon, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon de 1913 à 1924, « d’ensemble le plus remarquable, le plus cohérent et le plus étrange du spiritualisme romantique ».
Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour vous faire découvrir cet artiste en compagnie de Servane Dargnies-de Vitry et Stéphane Paccoud, commissaires de l’exposition.
L’exposition permet de découvrir « Le Poème de l’âme » dans son intégralité. Si le premier cycle est habituellement exposé dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts de Lyon, le second, plus fragile, n’est que rarement montré.
Louis Janmot est un artiste très singulier dans son temps, mais son œuvre fait écho à celle de plusieurs autres artistes tels que William Blake, Philipp Otto Runge ou Francisco de Goya avant lui, ses contemporains les Préraphaélites, ou encore, plus tard, les symbolistes, en particulier Odilon Redon qui a été en contact avec lui.
Le Poème de l’âme, première partie (1835-1854)
« À l’instant qu’a choisi la sagesse infinie,
Le néant vaincu cède et fait place à la vie :
De l’abime entr’ouvert, sombre et silencieux,
Une âme humaine monte à la clarté des cieux ;
Et le Dieu créateur, d’une ineffable ivresse,
À tressailli lui-même, et sur son cœur il presse
Comme un père l’enfant que son souffle a formé,
ET QUI S’EST SENTI VIVRE EN SE SENTANT AIMÉ. »
Extrait de « Génération divine » – Poème I de la Première série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)
Les vingt années d’élaboration du premier cycle du Poème de l’âme auraient pu donner lieu à un ensemble stylistiquement très disparate. Il se dégage pourtant de cette série de dix-huit tableaux une grande cohérence visuelle. Les fonds évoquent des décors de théâtre devant lesquels les personnages se déplacent latéralement, comme sur une scène, renforçant de la sorte l’impression de continuité.
Le peintre-poète raconte ainsi le parcours initiatique d’une âme, sous les traits d’un jeune garçon vêtu de rose que l’on voit grandir et évoluer de tableau en tableau. Sa quête existentielle passe par la rencontre avec son âme sœur – une jeune fille vêtue de blanc – qui, comme lui, aspire au ciel, à la pureté et à l’harmonie.
On suit les étapes et les vicissitudes du parcours des deux personnages : naissance, petite enfance, éducation, amours naissantes et rêve d’idéal. L’apparente quiétude de cette première série, en contraste avec la seconde, est souvent contredite par des détails nichés dans les œuvres ainsi que par les poèmes en vers qui soulignent à chaque étape le caractère tragique du destin de l’âme.
Le Poème de l’âme, deuxième partie (1854-1879)
« Des jours, des nuits, incessante harmonie,
Vents gémissants à travers les forêts,
Savez-vous donc nos douloureux secrets
Pour y mêler votre plainte infinie,
Pour savoir mesurer, quand le bonheur a fui,
Vos caresses d’hier à nos pleurs d’aujourd’hui ?
Seriez-vous donc pour nous, comme les chœurs antiques,
Des humaines douleurs l’écho compatissant ?
Mais non ! dans vos accents ou joyeux ou tragiques,
Rien ne révèle une âme et le cœur est absent. »
Extrait de « Solitude » – Poème I de la Deuxième série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)
Pour le second cycle, Janmot abandonne la peinture pour le dessin. Le fusain est associé à des rehauts colorés, sur des feuilles de dimensions similaires à celles des tableaux. Il ne s’agit plus de cartons préparatoires, mais d’œuvres abouties qui sont en partie exposées aux Salons de 1861 et 1868.
L’atmosphère est plus sombre, ce que renforce le choix du médium. Marqué par la perte de la femme qu’il aimait, le jeune homme affronte le désespoir. Il cherche une issue dans les plaisirs, cède à la tentation et au doute mais ne trouve que la souffrance. Une fin à la fois heureuse et ambiguë marque l’aboutissement de ce parcours initiatique : il retrouve au ciel sa bien-aimée.
Le ton pessimiste fait écho aux épreuves que Janmot rencontre lui-même. La tonalité est également plus politique, en phase avec l’évolution conservatrice des milieux catholiques des années 1860-1870.
« Puisque tu crois en Dieu, crois à la liberté ;
Deviens digne d’aimer, de connaître et de suivre
Du bien, du vrai, du beau, l’immortelle clarté,
Pour laquelle ton âme est créée et doit vivre.
FIN »
Extrait de « Sursum corda ! » – Poème XVI de la Deuxième série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)
Cette exposition est organisée par l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie de Paris avec la collaboration scientifique et les prêts exceptionnels du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Commissariat de l’exposition
Stéphane Paccoud, conservateur en chef chargé des peintures et sculptures du XIXe siècle au musée des Beaux-Arts de Lyon Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay
Sources utilisées pour cet article :
Texte : dossier de presse et site Internet du musée d’Orsay
Les 16 et 17 septembre 2023, l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) ouvre exceptionnellement les portes de ses sites patrimoniaux, la salle Labrouste – sa bibliothèque – et la galerie Colbert – son centre de recherche, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.
Au cour du week-end, l’INHA propose de nombreux événements autour du thème Patrimoine vivant : mini-conférences, concours d’éloquence, présentation de documents rarement montrés, conférence ou encore ateliers pour les enfants et leurs familles.
En avant-première, découvrez dans ce reportage l’histoire de la Galerie Colbert et les trésors de la Bibliothèque de l’INHA avec Éric de Chassey, Directeur général de l’INHA, Carole Gascard, cheffe du service du Patrimoine, et Charlotte Duvette, cheffe du projet « Richelieu. Histoire du quartier ».
Deux sites patrimoniaux
C’est au cœur du Paris historique, à l’angle de la rue Vivienne, de la rue des Petits-Champs et de la rue de Richelieu, que se situent les deux ensembles qui composent l’INHA.
La galerie Colbert
Le cardinal Richelieu, en faisant construire en 1634 son Palais Cardinal (l’actuel Palais Royal), ouvre la voie à la construction des terrains alentours. L’hôtel Bautru, œuvre du tout jeune Louis Le Vau, est le premier édifice de ce nouveau quartier. Il devient en 1665 l’hôtel de l’Intendant des finances et surintendant des bâtiments du Roi, Jean-Baptiste Colbert, qui lui fait apporter quelques modifications. Au fil des années, l’hôtel change plusieurs fois de fonction : il abrite les écuries de Philippe d’Orléans, devient le bureau des Domaines puis, après la Révolution, la Caisse de la dette publique.
Au XIXe siècle, le quartier voit se développer les passages couverts, qui offrent aux piétons des chemins protégés, ouverts sur des vitrines. La galerie Vivienne voit le jour en 1825 ; la galerie Colbert, sa sœur jumelle, en 1827.
En 1974, la galerie Colbert est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. La Bibliothèque nationale de France acquiert alors les bâtiments et engage des travaux afin de réhabiliter l’espace. Mais face à l’état de délabrement avancé de la galerie, elle est démolie et reconstruite à l’identique.
Le 11 avril 1996, suite au départ du département des imprimés de la BnF, il est décidé que la galerie Colbert sera affectée à l’INHA.
La salle Labrouste
La bibliothèque de l’INHA est une bibliothèque de recherche spécialisée en art et archéologie. Ses collections proviennent de la Bibliothèque d’art et d’archéologie, fondée vers 1910 par Jacques Doucet puis donnée à l’Université de Paris en 1918. En 2016, elles se sont enrichies de celles de la Bibliothèque centrale des musées nationaux, installée au sein du palais du Louvre et dont les origines remontent à 1791.
Avec ces deux collections réunies, la bibliothèque de l’INHA possède un fonds de plus d’1,7 million de documents, comprenant à la fois des fonds classiques d’imprimés et périodiques, ainsi que des collections patrimoniales.
Depuis le 15 décembre 2016, la bibliothèque accueille ses lecteurs sur le site Richelieu au sein de la salle Labrouste restaurée et des magasins attenants. Cette salle historique, créée par Henri Labrouste en 1860, a été entièrement rénovée. 150.000 livres et revues sont disponibles en libre accès, organisés en grands ensembles thématiques : artistes, topographie, archéologie, techniques, etc…
Les collections de l’INHA sont notamment constitués de . 800 manuscrits, dossiers et recueils de correspondances d’artistes, d’archéologues et de chercheurs, plus de 20.000 livres et volumes anciens, rares et précieux, plus de 30.000 dessins et estampes (Manet, Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Matisse…), plus de 45.000 lettres autographes d’artistes ou de critiques d’art, 96.000 cartons d’invitation aux expositions et 750.000 photographies, tirages à partir de plaques de verre, aristotypes et calotypes.
Les JEP 2023
Ces 40e Journées européennes du patrimoine ayant pour thème le « patrimoine vivant », l’INHA vous propose de mieux connaître les savoir-faire, métiers et professions qui permettent de perpétuer des connaissances nécessaires à la préservation du patrimoine et à son entretien. La Galerie Colbert et la salle Labrouste sont accessibles en visite libre ou accompagnée de médiation par des étudiantes et étudiants en archéologie, histoire de l’art et patrimoine.
Dans la Galerie Colbert, les visiteurs et visiteuses peuvent découvrir l’histoire méconnue de ce passage parisien. Pendant tout le week-end, un coin lecture est dédié aux enfants dans la bibliothèque Charlotte Delbo. Les doctorantes et doctorants des universités partenaires de la galerie Colbert présentent, sous une forme brève et vivante, leur sujet de thèse et les méthodes qu’ils utilisent au quotidien pour leurs recherches. Dimanche est organisé le concours « Mon master en histoire de l’art en 180 secondes » au cour duquel de jeunes chercheurs et chercheuses exposent leurs travaux devant un jury.
Dans la salle Labrouste, le public peut admirer cette salle de lecture spectaculaire et le pneumatique installé en 1932 dans le magasin central. Au centre de la bibliothèque, plusieurs documents rares sont présentés, illustrant différentes pratiques de création : Quelles sont les indications dont dispose un joaillier pour son travail ? Comment réfléchit un peintre à ses tableaux à venir ? Quelles sont les mains qui permettent de passer du dessin à la gravure imprimée ?
Journées européennes du Patrimoine
16 et 17 septembre 2023
Institut national d’histoire de l’art
Galerie Colbert : 6 rue des Petits Champs
Salle Labrouste : 5 rue Vivienne
75002 Paris
Implanté en 1986 dans le château de Fontainebleau, anciennement palais impérial, le musée Napoléon Ier réalise depuis une décennie des acquisitions permettant d’évoquer la dimension européenne de la période napoléonienne.
En écho à l’édition 2023 du Festival de l’histoire de l’art, organisé par l’INHA, dont le pays invité était la Belgique, Christophe Beyeler, conservateur général du patrimoine, chargé du musée Napoléon Ier, vous propose un parcours inédit et présente plusieurs œuvres en lien avec les départements belges incorporés à la France de 1795 à 1814.
Cette présentation au sein du musée Napoléon Ier d’œuvres exécutées par des artistes belges permet de rendre compte des acquisitions réalisées ces dernières années par Fontainebleau en vue du redéploiement des collections du musée Napoléon Ier à l’horizon du 2 décembre 2028. Elle permet d’appréhender la vitalité de la vie artistique belge et de montrer la variété des langages, employés aussi bien au service de l’Empereur qu’à charge contre lui.
Ce buste a été réalisé par le sculpteur bruxellois François-Joseph Janssens (1744-1816). Le modèle, assimilé à Hercule, porte une cuirasse à l’antique où abondent les références aux exploits et travaux du demi-dieu : les deux serpents qu’il étouffa dans son berceau, et le lion de Némée dont il s’empara de la dépouille, ici résumée par un mufle frontal.
De retour d’un voyage en Hollande « réunie » en 1810 à l’Empire français et de passage à Liège, préfecture du département français de l’Ourthe, le couple impérial visita une institution de l’Etat fabriquant des bouches à feu. La scène ci-dessus est truffée de références ambiguës. L’Empereur est représenté à l’aplomb d’une sorte de grue menaçante qui tient de la machine de théâtre. L’impératrice est chapeautée et vêtue – « attifée » serait plus exact – comme une actrice.
Né à Lierneux en Haute-Ardenne, Henri-Joseph Ruxthiel (1775-1837), sujet français du Grand Empire englobant les départements belges « réunis « , remporta le premier prix de Rome en sculpture en 1809. Tôt rentré de Rome en 1811, il fut chargé de représenter l’héritier de l’Empire, né le 20 mars 1811. L’artiste saisit les traits du roi de Rome coupé en hermès à l’antique.
La naissance le 20 mars 1811 d’un héritier titré « roi de Rome » fut célébrée dans tout l’Empire avec un enthousiasme entretenu, voire suscité, par les autorités officielles, ainsi à Gand, préfecture du département français de l’Escaut.
Dans ce tableau de Pierre van Hanselaere (1786-1862), l’iconographie officielle abonde en références classiques : le Tibre au milieu des roseaux et la louve romaine nourrissant Romulus et Remus ; la Renommé sonnant de la trompette ; la Ville de Rome agenouillée, promue « seconde capitale de l’Empire » ; la déesse Minerve debout, portant au cou la tête tranchée de Méduse ; enfin la déesse Junon accompagnée de son paon. La France est reconnaissable à son manteau fourré d’hermine mettant en valeur l’héritier.
Pour cette visite, suivez Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet et commissaire scientifique de l’exposition « Naples ou passion » et Bruno Ely, directeur du musée Granet.
Des primitifs italiens et flamands au baroque, en passant par la Renaissance et le classicisme, la collection de peintures anciennes du musée Granet illustre la variété de la production artistique européenne. Le fonds napolitain comprend une trentaine d’oeuvres, la plupart du Seicento, entrées par libéralités. Ainsi, grâce à la donation du magistrat Jean-Baptiste Bourguignon de Fabregoules en 1860, de peintures des écoles françaises, nordiques et italiennes ont rejoint le musée. C’est notamment le cas pour le « Saint Paul ermite en prière » attribué à Massimo Stanzione et la « Sainte Madeleine pénitente » de Mattia Preti.
Une autre oeuvre de Mattia Preti, « Le Martyre de Sainte Catherine », provient de l’Église de Malte attenante au musée, ordre pour lequel cette copie d’atelier a été réalisée.
Le noyau de natures mortes autour des œuvres réalisées par les Recco est issu, quant à lui, de la collection personnelle de François-Marius Granet, légué avec son fonds d’atelier à la Ville d’Aix.
D’importants dépôts de l’État enrichissent cet ensemble, avec notamment « Les noces de Rachel et Jacob » par le Maître de l’Annonce aux bergers, qui avait été l’un des chefs-d’oeuvre de la collection de Jean-Baptiste Boyer d’Éguilles (1645-1709), conseiller au parlement de Provence.
À l’occasion de l’exposition de la collection De Vito, le fonds napolitain du musée Granet est ainsi mis en lumière de manière inédite.
L’exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito » est présentée au musée Granet du 15 juillet au 29 octobre 2023. Les salles consacrées à la peinture napolitaine dans les collections permanentes du musée Granet resteront ainsi configurées jusqu’à l’été 2024.
Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies »
31 mai – 3 septembre 2023 BnF – site Richelieu (Paris)
L’exposition propose de (re)découvrir l’œuvre d’Edgar Degas à travers son intérêt constant pour le noir et blanc, qu’il exprime par le dessin, la peinture, l’estampe et la photographie. Grâce à la réunion de 160 pièces, issues de la collection de la BnF et de prêts français et étrangers, le parcours dévoile les expérimentations de Degas à travers les motifs récurrents qui nourrissent ses recherches.
« Si j’avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc. » – Edgar Degas
Quand Claude Monet et Auguste Renoir sont avant tout peintres, Degas, comme le reconnaît Camille Pissarro, « va de l’avant sans cesse », porté par une insatiable curiosité technique et poussé par la « haute idée, non pas de ce qu’on fait mais de ce qu’on pourra faire un jour ».
L’apprentissage du noir et blanc (1856-1868)
En 1853, à 19 ans, le jeune Degas obtient l’autorisation de copier au musée du Louvre et est inscrit comme lecteur au cabinet des Estampes de la Bibliothèque impériale. Son intérêt pour l’estampe, qu’il découvre en 1856, se nourrit alors de son étude des maîtres anciens.
Dans le sillage de Rembrandt, Delacroix et des maîtres anciens, dont il copie les gravures, et dans le contexte du renouveau de l’eau-forte originale, Degas s’attache à explorer cette technique. Il s’initie à l’eau-forte auprès du prince roumain Grégoire Soutzo, artiste amateur, ami de son père, et auprès du graveur de reproduction Joseph Tourny, qu’il fréquente à Paris puis à Rome. Il s’approprie cette technique en explorant les possibilités offertes par la succession des états issus d’une même matrice et les variations d’encrages d’un tirage à l’autre, pour peu que le graveur imprime lui-même ses épreuves ainsi que le faisait Rembrandt.
Sous l’influence du maître ancien, Degas se livre, à Rome, à l’exercice de l’autoportrait alors qu’il est âgé de vingt-trois ans.
L’intérêt pour la peinture espagnole et pour l’eau-forte a été le terreau fertile d’une amitié teintée de rivalité entre Degas et Edouard Manet. Nouée à la fin des années 1860, cette amitié se concrétise par une série de portraits qui vient clore la première période de l’activité de graveur de Degas.
Les carnets
En 1920, René de Gas, frère de l’artiste, offre 29 carnets de dessins au cabinet des Estampes de la BnF.
Le Carnet n°1 est utilisé par Degas dans toutes sortes de circonstances, entre 1859 et 1864. Au Salon, il y copie des tableaux ; chez son ami Paul Valpinçon, il dessine au lavis et à la gouache les paysages qu’il traverse ; il y trace les dessins préparatoires de compositions ambitieuses, comme « La Fille de Jephté ».
Les années de passion dévorante pour l’estampe (1875-1880)
Après une interruption d’une dizaine d’années, Degas reprend la pointe en 1875, puis se livre à la pratique du monotype, autrement dit à l’art de dessiner à l’encre sur une plaque pour en tirer une épreuve unique.
Grâce à la presse dont il dispose, Degas se lance dans des recherches expérimentales qui l’amènent à combiner les procédés entre eux. Peu intéressé par le tirage en nombre d’épreuves identiques, il s’attache à singulariser chaque épreuve imprimée par ses soins.
En 1879, cette passion pour l’estampe le conduit à envisager la création d’une revue composée de gravures originales : « Le Jour et la Nuit ».
« Cette prédilection pour l’ombre fait partie intégrante d’une personnalité qui refuse l’étalage de l’intime. Il porte en lui une part enfouie, indicible. Le noir et blanc n’est pas seulement une question technique, c’est l’affaire de toute une vie. » – Henri Loyrette
Nus de femmes à leur toilette
Degas a inlassablement décliné le motif des femmes au bain, variant les supports, les techniques et les formats.
En 1891, alors qu’il aborde la lithographie, Degas entreprend une série, selon ses mots, de « nus de femmes à leur toilette » qui forme un ensemble spectaculaire de variations. Il multiplie les représentations de scènes de toilette, sortie de bain, femme s’essuyant, se coiffant, s’habillant.
Degas explore diverses méthodes de transfert sur la pierre lithographique, qu’il retravaille ensuite, par ajout ou par abrasion. La difficulté technique et ses problèmes oculaires mettent un terme à ces essais. L’année suivante, il écrit à sa sœur : « Il me faudrait une presse chez moi, un ouvrier retors pour préparer et même dépréparer les pierres, et pas mal d’argent devant moi pour ne pas être arraché de la suite des essais. Ça finira bien par arriver, mais il commence à se faire tard dans ma cervelle et dans mes yeux… »
« Degas a le goût de l’aléatoire, de l’improbable, il est toujours en attente de ce qui va arriver. Il disait ainsi qu’on ne doit pas être fier de ce que l’on fait, mais de ce que l’on pourra faire un jour. Et dans l’estampe comme dans la photographie, il y a cette part d’inconnu ; on grave ou on prend un cliché et quelque chose se « révèle » qui surprend merveilleusement. » – Henri Loyrette
1895, année photographique
Dans les années 1890, alors que ses huiles et pastels se font « orgies de couleurs » selon l’expression de Degas lui-même, le noir et blanc connaît un surprenant regain dans son œuvre.
« Le soir je digère et je photographie au crépuscule. » – Edgar Degas
La photographie fut la « passion terrible » de Degas. En 1895, il prend une soixantaine de photographies, réalisées pour l’essentiel le soir, à la lumière artificielle, chez lui ou dans les salons de ses amis.
En décembre 1895, il organise une brève exposition chez son marchand de couleurs, avec une vingtaine de tirages évoquant les soirées amicales à l’occasion desquelles Degas réalise des portraits à la lumière électrique.
La collection d’estampes de Degas
Dans les années 1890, Degas, soucieux du sort de son œuvre resté pour l’essentiel dans l’atelier, envisage la création d’un musée où il y serait entouré de ses aînés et contemporains. À cette fn, il réunit une collection considérable où, à côté des peintures et dessins, il accorde une place importante aux estampes : après sa mort, plus de 3 800 d’entre elles sont dispersées en vente publique.
Commissariat de l’exposition
Henri Loyrette, président- directeur honoraire du musée du Louvre, commissaire général Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie de la BnF Valérie Sueur-Hermel, conservatrice responsable des estampes du XIXe siècle à la BnF Flora Triebel, conservatrice responsable de la photographie du XIXe siècle à la BnF
Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies »
31 mai – 3 septembre 2023
BnF – site Richelieu
Galerie Mansart – Galerie Pigott
5 rue Vivienne
75002 Paris
Exposition « Regarder l’histoire en face. L’Italie du XIXe siècle au musée Condé »
3 juin – 1er octobre 2023
Château de Chantilly
Cabinet d’arts graphiques
En écho à l’exposition « Ingres. L’artiste et ses princes », le musée Condé présente, dans son Cabinet d’arts graphiques, un pan largement inédit de ses collections autour de la thématique du voyage en Italie au XIXe siècle.
À l’âge de la révolution industrielle des transports, les artistes, poètes ou écrivains qui traversent les Alpes réinventent ce qui était qualifié de Grand Tour au siècle précédent. L’essor des guides touristiques et des publications d’histoire ou d’histoire de l’art démocratisent le savoir et instruisent le regard des voyageurs, que l’actualité politique d’une Italie en plein Risorgimento intéresse autant que son glorieux passé.
Du passé le plus reculé à l’actualité la plus brûlante, le voyage en Italie au XIXe siècle invite à « regarder l’histoire en face », ainsi que le formule Stendhal dans ses « Promenades dans Rome » en 1829.
Pour cette visite privée, suivez Baptiste Roelly, tout nouveau conservateur du patrimoine du musée Condé de Chantilly.
Le musée Condé conserve notamment une suite inédite de dessins de Bartolomeo Pinelli, un artiste principalement actif à Rome qui réalise nombre d’images pittoresques du peuple italien, de ses costumes traditionnels ou de ses moeurs.
De même, le musée conserve deux œuvres majeures du célèbre peintre suisse Léopold Robert (image ci-dessus), qui installe les scènes italianisantes au cœur du goût artistique de l’aristocratie européenne et en expose nombre d’exemples au Salon à Paris.
Les relations institutionnelles du musée Condé avec l’Institut de France apparaissent par le biais de la présentation d’une suite de dessins de très grands formats réalisés par les pensionnaires de la Villa Médicis dans le cadre de leur pension à Rome pour être envoyés à l’École des Beaux-Arts.
Il s’agissait pour ces jeunes artistes en formation de copier les monuments antiques ou renaissants étudiés en Italie et d’en faire parvenir des relevés exacts à Paris, où ces œuvres permettaient d’évaluer les progrès accomplis par les pensionnaires durant leurs années à Rome
En présentant à la fois des peintures, des dessins, des gravures et des photographies, cette exposition restitue la multiplicité des stimuli reçus par les voyageurs qui traversent les Alpes au XIXe siècle.
Commissariat de l’exposition
Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale honoraire du patrimoine, conseillère scientifique pour les arts graphiques au musée Condé
Exposition « Regarder l’histoire en face. L’Italie du XIXe siècle au musée Condé »
3 juin – 1er octobre 2023
Château de Chantilly
Cabinet d’arts graphiques
60500 Chantilly
Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito »
15 juillet – 29 octobre 2023 Musée Granet (Aix-en-Provence)
Si Naples est à Paris avec les chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte au Louvre, Naples est aussi à Aix-en-Provence cet été ! Le musée Granet propose de découvrir un ensemble de peintures napolitaines du XVIIe parmi les plus prestigieux au monde : la collection De Vito. Fidèle à sa tradition de présenter des collections privées prestigieuses – et souvent inconnues du grand public -, le musée aixois poursuit son cycle d’expositions consacrées à l’Italie.
Cette exposition permet de (re)découvrir l’effervescence artistique qui se fait jour à Naples au XVIIe siècle à la suite du Caravage et sous diverses influences qui ont imprégné durablement la façon de peindre de nombreux artistes présents dans l’exposition, entre naturalisme, classicisme et baroque. C’est également l’occasion d’aller à la rencontre d’un homme passionné : Giuseppe De Vito (1924-2015), collectionneur et historien de l’art.
Pour cette découverte de l’exposition « Naples pour passion », nous sommes accompagnés par Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet et commissaire scientifique de l’exposition.
Giuseppe De Vito a débuté sa collection à la fin des années 1960. Elle se compose aujourd’hui de 64 peintures dont 40 sont présentées dans l’exposition. Proche de nombreux historiens de l’art, De Vito a participé à l’organisation de plusieurs expositions et mis à disposition des œuvres de sa collection par des prêts tant en Italie qu’à l’étranger.
Installé dès 1616 à Naples, Jusepe de Ribera (1591-1652) séduit les vice-rois et l’aristocratie par son caravagisme personnel et connaît un grand succès. Son « Saint Antoine abbé » frappe par sa puissance d’évocation : l’artiste use d’un fort ténébrisme et d’une pâte dense pour accroître le naturalisme de ses portraits de saints, apôtres et philosophes dont il fonde la typologie, promise à une belle postérité.
Massimo Stanzione (vers 1585-1656) parvient à mêler une solide culture naturaliste et un intérêt pour le classicisme des élèves des Carrache, Guido Reni, Giovanni Lanfranco ou Domenichino, tous trois présents à Naples au cours des années 1620-1640. Il reçoit de prestigieuses commandes publiques et conquiert en même temps le marché privé avec des œuvres profanes destinées à la dévotion. Sa « Judith » et sa « Salomé » ressemblent à des héroïnes de théâtre et furent plusieurs fois reprises et copiées.
Désigné par un nom de convention, le Maître de l’Annonce aux bergers continue de susciter le débat critique. Giuseppe de Vito s’est passionné pour cet artiste, lui consacrant plusieurs articles et faisant l’acquisition de 4 œuvres. L’iconique « Figure juvénile humant une rose », une toile dont l’interprétation demeure complexe, appartient à la typologie des figures à mi-corps de philosophes et personnifications qui connurent un grand succès dans le milieu littéraire et artistique de la Naples du XVIIe siècle. Les attributs renvoient probablement à des allégories des sens mais se doublent également d’une signification morale néo-stoïcienne, qui invite à se détacher des biens matériels.
Mattia Preti séjourne à Naples de 1653 à 1660, auréolé des succès de ses cycles décoratifs dans les églises Sant’Andrea della Valle à Rome et San Biagio à Modène. La vue « da sotto in sù » (à savoir « de dessous vers le haut ») renforce l’intensité dramatique qui culmine dans « La Déposition du Christ », grande toile réalisée à Malte vers 1675.
La peinture de bataille connaît un important développement à Naples au cours du XVIIe siècle. Aniello Falcone (1607-1656) est à la tête d’un atelier très réputé dans lequel se pratique l’art du dessin au naturel. Sa célébrité lui vaut de nombreuses commandes à Naples et pour le roi Philippe IV d’Espagne.
Cette exposition a été présentée jusqu’au 25 juin 2023 au musée Magnin de Dijon.
Commissariat de l’exposition
Commissaires généraux Bruno Ely, conservateur en chef, directeur du musée Granet Giancarlo Lo Schiavo, président de la fondation De Vito
Commissaires scientifiques Nadia Bastogi, directrice scientifique de la fondation De Vito Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet Sophie Harent, conservateur en chef, directeur du musée Magnin
Poursuivez la visite…
Dans deux salles qui font suite à celles consacrées à la collection de peintures napolitaines de Giuseppe De Vito (1924-2015), le musée Granet propose de découvrir la peinture napolitaine du XVIIe siècle de ses propres collections.
Je vous invite à découvrir ces salles dans un reportage tourné avec Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet, et Bruno Ely, directeur du musée Granet (cliquer ici).
Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito »
15 juillet – 29 octobre 2023
Musée Granet
Place Saint Jean de Malte
13100 Aix-en-Provence
Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
Musée du Louvre
7 juin 2023 – 8 janvier 2024
Salon Carré, Grande Galerie et Salle de la Chapelle
Le musée de Capodimonte est l’un des plus grands musées d’Italie et l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe, tant par le nombre que par la qualité des oeuvres conservées. Il est l’un des seuls musées de la péninsule italienne dont les collections permettent de présenter l’ensemble des écoles de la peinture italienne.
Près de 70 chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre. Dans la Grande Galerie se noue un dialogue spectaculaire entre deux collections de peintures italiennes parmi les plus importantes au monde. Dans la Salle de la Chapelle sont racontées les origines et la diversité des collections de Capodimonte, réunies essentiellement par les Farnèse et les Bourbons.
Dans ce deuxième reportage, après celui centré sur les cartons présentés dans la Salle de l’Horloge, vous êtes accompagnés par Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre, et Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures.
Salon Carré, Grande Galerie et salle Rosa (Aile Denon, 1er étage)
La volonté des deux musées est de voir les insignes chefs-d’oeuvre de Naples se mêler à ceux du Louvre, dans une présentation exceptionnelle : la réunion des deux collections offre aux visiteurs un aperçu unique de la peinture italienne du XVe au XVIIe siècle, permettant également une vision nouvelle tant de la collection du Louvre que de celle de Capodimonte.
31 tableaux de Capodimonte viennent soit dialoguer avec les collections du Louvre (oeuvres de Titien, Caravage, Carrache, Guido Reni notamment), soit les compléter en permettant la présentation d’écoles peu ou pas représentées, notamment l’école napolitaine, avec des artistes à la puissance dramatiques et expressives tels que Jusepe de Ribera, Francesco Guarino ou Mattia Preti.
Cette exposition permet aussi de découvrir la bouleversante « Crucifixion » de Masaccio, artiste majeur de la Renaissance florentine mais absent des collections du Louvre, un grand tableau d’histoire de Giovanni Bellini, « La Transfiguration », dont le Louvre ne possède pas d’équivalent ou encore trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique « Antea ».
Salle de la Chapelle (Aile Sully, 1er étage)
La collection de Capodimonte est le fruit d’une histoire unique dans les collections italiennes, qui explique largement la diversité des oeuvres qui y sont présentées. Avant l’unification de l’Italie (le royaume des Deux-Siciles y est rattaché en 1861), trois dynasties ont joué un rôle essentiel dans la constitution de cet ensemble impressionnant : les Farnèse, les Bourbons et les Bonaparte-Murat.
Rassemblant des tableaux aussi importants que le « Portrait du pape Paul III Farnèse avec ses neveux » par Titien et le « Portrait de Giulio Clovio » par Greco, des sculptures et des objets d’art spectaculaires tels que le « Cofanetto Farnese » et la « Chute des Géants » de Filippo Tagliolini, l’exposition dans la salle de la Chapelle dévoile la richesse de cette collection.
Commissariat de l’exposition
Commissariat général Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.
Commissariat scientifique Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte
Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
Musée du Louvre
7 juin – 25 septembre 2023
Salle de l’Horloge
7 juin 2023 – 8 janvier 2024
Salon Carré, Grande Galerie et Salle de la Chapelle