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[Visite privée] François Boucq trompe l’œil au Palais des Beaux-Arts de Lille

Open Museum : « François Boucq trompe l’œil au musée »
16 juin – 8 novembre 2021
Palais des Beaux-Arts de Lille

Le Palais des Beaux-Arts de Lille ouvre ses portes chaque année à une personnalité ou un genre qui est souvent éloigné du monde des musées. L’objectif : « transmettre le goût de l’art et du savoir, sans oublier le plaisir et l’imaginaire ».
En 2021, dans la continuité de l’année de la Bande Dessinée lancée par le Ministère de la culture, le dessinateur lillois François Boucq investit les salles du Palais des Beaux-Arts et joue le Grand Maître des illusions.
À l’occasion de cet événement, François Boucq fait une donation exceptionnelle de près de 400 dessins au Palais des Beaux-Arts de Lille, dont une sélection est présentée durant l’événement. Il s’agit de la plus importante entrée de la bande dessinée dans les collections d’un musée des Beaux-Arts.

Suivez Bruno Girveau, directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille, et François Boucq pour une véritable « Master Class » autour de l’œuvre de ce grand artiste.

Installation à l’entrée de l’Open Museum de François Boucq – Palais des Beaux-Arts de Lille

François Boucq est l’un des plus grands dessinateurs français actuels, connu pour ses bandes dessinées populaires (« Bouncer », « Le Janitor »), humoristiques (« Jérôme Moucherot ») et illustrations de presse (« Procès des attentats de 20215 Charlie Hebdo »). Sa collaboration avec le romancier Jérôme Charyn a donné plusieurs albums salués par la critique (« Bouche du diable », « Little Tulip » et « New York Cannibals »). Il a reçu le grand prix de la ville d’Angoulême pour l’ensemble de son œuvre en 1998, et a récemment couvert le procès des attentats de 2015 pour le journal « Charlie Hebdo ».

« Le Janitor » par François Boucq

Nous les dessinateurs, sommes des résistants : c’est-à-dire que l’on a continué à dessiner malgré tout. […] On est des clandestins, des résistants clandestins. » – François Boucq

« Dans un musée, il faut se choisir deux tableaux et ne pas en faire plus : les regarder, les déguster comme on déguste un bon plat ou un bon vin. » – François Boucq

À droite : couverture du tome 6 des « Aventures de Jérôme Moucherot » intitulé « Une quête intérieure tout en extérieur, histoire de pas salir chez soi » (2019) par François Boucq aux éditions du Lombard

Probablement au XXe et au XXIe siècles, les plus grands dessinateurs – sur le plan de la technique du dessin – pour moi sont les dessinateurs de bandes dessinées et donc, à ce titre, ces dessins vont entrer […] de façon plus massive dans les collections d’arts graphiques des musées des Beaux-Arts. » – Bruno Girveau

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Sur la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée.

Open Museum : « François Boucq trompe l’œil au musée »
16 juin – 8 novembre 2021
Palais des Beaux-Arts de Lille
Place de la République
59000 Lille

[Visite privée] La renaissance de la Renaissance. Jean Alaux et la restauration de la salle de Bal de Fontainebleau

Exposition « La renaissance de la Renaissance. Jean Alaux et la restauration de la salle de Bal »
19 mai – 15 octobre 2021
Château de Fontainebleau

Le décor de la salle de Bal du château de Fontainebleau a été imaginé par Francesco Primaticcio et exécuté par une équipe d’artistes dirigée par Nicolo dell’Abate, artiste invité à la cour d’Henri II. Si l’état du décor était déjà préoccupant au XVIIe siècle, c’est seulement à partir de 1834 qu’un vaste chantier de restauration a été lancé par le peintre français Jean Alaux.
Les huiles sur toile actuellement présentées dans les vitrines de la salle de Bal permettent de découvrir le projet préparatoire à cette restauration et de comprendre comment le style de Jean Alaux s’est adapté aux courbes et contre-courbes des maîtres maniéristes.

Les étapes et les vicissitudes de cette restauration – réalisée à la demande de Louis-Philippe – vous sont présentées par Oriane Beaufils et Mathieu Deldicque depuis la salle de Bal du château de Fontainebleau.

1ère partie avec Oriane Beaufils

Oriane Beaufils est conservateur du patrimoine, chargée des collections de peintures et d’arts graphiques au château de Fontainebleau.

2ème partie avec Oriane Beaufils et Mathieu Deldicque

Mathieu Deldicque est conservateur du patrimoine au musée Condé du château de Chantilly. À partir du 7 août 2021, le château de Chantilly présentera une exposition consacrée aux dessins de l’école de Fontainebleau conservés dans ses collections.

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Sur la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du château de Fontainebleau.

Exposition « La renaissance de la Renaissance. Jean Alaux et la restauration de la salle de Bal »
19 mai – 15 octobre 2021
Château de Fontainebleau
Place du Général de Gaulle
77300 Fontainebleau

De Fontainebleau à Chantilly…

Dans l’exposition proposée du 7 août au 7 novembre 2021 par le château de Chantilly seront présentés des dessins et manuscrits relatifs à l’École de Fontainebleau, l’un des courants artistiques majeurs de l’histoire de l’art français.

[Visite privée] Exposition « Voyage sur la route du Kisokaidō » au musée Cernuschi

Exposition « Voyage sur la route du Kisokaidō. De Hiroshige à Kuniyoshi »
19 mai – 8 août 2021
Musée Cernuschi (Paris)

Entre 1835 et 1838, la route japonaise du Kisokaidō fit l’objet d’une série d’estampes réalisées par Eisen (1790-1848) et Hiroshige (1797-1858), puis – plus tard – d’une série par Kuniyoshi (1797-1861).
L’exposition du musée Cernuschi propose un voyage sur cette route mythique entre Edo, où le shogun avait sa résidence, et Kyōto, siège de l’empereur. 150 estampes aux couleurs magnifiquement préservées sont exceptionnellement présentées, certaines pour la toute première fois.

Partez en voyage sur la route du Kisokaidō avec Manuela Moscatiello, responsable des collections japonaises du musée Cernuschi.

« La Route du Kisokaidō. Relais n°5. Ōmiya : vue lointaine du mont Fuji » (1835-1838) par Keisai Eisen (1790–1848) – Collection Georges Leskowicz

Deux séries complètes du Kisokaidō sont présentées dans l’exposition : la première, signée par Eisen et Hiroshige, provient de la collection Georges Leskowicz. Elle est considérée comme l’une des plus belles au monde pour la qualité du tirage.

Détail de « La Route du Kisokaidō. Relais n°7. Okegawa : vue de la campagne environnante » (1835-1838) par Keisai Eisen (1790–1848) – Collection Georges Leskowicz

« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°19. Karuizawa » (1835-1838) par Utagawa Hiroshige (1797–1858) – Collection Georges Leskowicz
« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°17. Matsuida » (1835-1838) par Utagawa Hiroshige (1797–1858) – Collection Georges Leskowicz
« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°12. Shinmachi » (1835-38) par Utagawa Hiroshige (1797–1858) – Collection Georges Leskowicz

Hommage à la beauté et à la quiétude des paysages montagneux de l’intérieur du Japon, la série comporte 24 estampes d’Eisen et 47 signées par Hiroshige. Ce dernier a voyagé sur la route en faisant des croquis sur des carnets aujourd’hui conservés au British Museum (Londres).

« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°4. Urawa : le poissonnier Danshichi » (1852) par Utagawa Kuniyoshi (1797–1861) – Musée Cernuschi
« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°10. Fukaya : Yuriwaka Daijin » (1852) par Utagawa Kuniyoshi (1797–1861) – Musée Cernuschi

La seconde série, réalisée par Kuniyoshi, appartient à l’ancienne collection d’Henri Cernuschi (1821-1896). Elle est présentée au public pour la première fois.

À gauche : « Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°30. Shimosuwa : Yaegaki hime » (1852) par Utagawa Kuniyoshi (1797–1861) – Musée Cernuschi
Détail de « Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°40. Suhara : Narihira et Dame Nijō » (1852) par Utagawa Kuniyoshi (1797–1861) – Musée Cernuschi
« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°59 : Hanaregoma Chōkichi et Nuregami Chōgorō » (1852) par Utagawa Kuniyoshi (1797–1861) – Musée Cernuschi

Utagawa Kuniyoshi reprit le même thème que ses prédécesseurs mais sous un angle différent, souvent teinté d’humour. Il  s’inspire notamment de la littérature classique, du théâtre des marionnettes et des légendes du folklore japonais.

Des boîtes à pique-nique ainsi que des nécessaires de fumeur, souvent accrochés aux ceintures des personnages dessinés sur certains estampes, sont présentés en regard.

Nécessaire de fumeur – Ère Meiji (1868-1912), XIXe siècle – Collection particulière

Toutes les photographies par @scribeaccroupi

Source : dossier de presse de l’exposition

« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°22. Odai » (1835-1838) par Utagawa Hiroshige (1797–1858) – Collection Georges Leskowicz

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Sur la page spéciale du site Internet du musée Cernuschi

« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°15. Itahana » (1835-1838) par Utagawa Hiroshige (1797–1858) – Collection Georges Leskowicz

Exposition « Voyage sur la route du Kisokaidō. De Hiroshige à Kuniyoshi »
19 mai – 8 août 2021
Musée Cernuschi
7 Avenue Velasquez
75008 Paris

« Les Soixante-neuf Relais de la route du Kisokaidō. Relais n°48. Ōkute » (1835-1838) par Utagawa Hiroshige (1797–1858) – Collection Georges Leskowicz

[Visite privée] Exposition « L’Empire des sens » au musée Cognacq-Jay

Exposition « L’Empire des sens, de Boucher à Greuze »
19 mai – 18 juillet 2021
Musée Cognacq-Jay (Paris)

Au siècle des Lumières, François Boucher mène l’une des plus longues et brillantes carrières de peintre. En marge des commandes officielles, le « peintre des Grâces » signe des compositions plus secrètes, réservées à un public (très) averti.
À l’occasion du 250e anniversaire de la mort de François Boucher (1703-1770), le musée Cognacq-Jay propose une exposition autour du thème de l’Amour sous sa forme la plus licencieuse.

Visitez l’exposition avec Annick Lemoine, directrice du musée Cognacq-Jay et commissaire de l’exposition. Explorez le thème de l’Amour autour des créations de François Boucher et de ses contemporains tels qu’Antoine Watteau, Jean-Baptiste Greuze et Jean-Honoré Fragonard.

« Sylvie délivrée par Aminte » (1755) par François Boucher (1703-1770) – Banque de France

Au travers de huit sections, l’exposition décline les temps du plaisir et les gestes amoureux, depuis la naissance du désir jusqu’à l’assouvissement des passions.

« Vénus endormie » (vers 1740) par François Boucher (1703-1770) – Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou)
« Pan et Syrinx » (1759) par François Boucher (1703-1770) – National Gallery (Londres)
« Léda et le cygne » (1742) par François Boucher (1703-1770) – Nationalmuseum (Stockholm)

Mollesse du sofa, douceur de la peau, apothéose de bleu et de crème, perles abandonnées et parfum d’Orient : tout y est désordre et beauté, luxe, couleurs et volupté. Rarement peintre n’aura osé une telle licence. » – Annick Lemoine et Mickaël Szanto (« Boucher érotique ou la grâce de la couleur »)

« L’Odalisque brune » (1745) par François Boucher (1703-1770) – Musée du Louvre

Le motif du drapé traverse l’imaginaire du XVIIIe siècle dont il révèle la profonde sensualité, mêlant plaisirs de la vue et du toucher. L’œuvre de Boucher, maître des courbes féminines et des chairs aux teintes voluptueuses, offre des exemples parmi les plus licencieux de ce motif. Il suffit pour s’en convaincre d’évoquer l’accumulation des étoffes de la couche exotique où s’exhibent les fesses de « L’Odalisque brune » ou encore le drap d’un blanc éclatant qui relie « Hercule et Omphale ».

« Hercule et Omphale » (vers 1732-1735) par François Boucher (1703-1770) – Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou)
Étude pour « Psyché allongée sur le côté » (vers 1737-1738) par François Boucher (1703-1770) – Collection Ariane et Lionel Sauvage (Los Angeles)
« Les Débuts du modèle » (vers 1770-1773) par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) – Musée Jacquemart-André (Paris)
« Hercule et Omphale » (vers 1745) par François Boucher (1703-1770) – Collection Thomas et Gianna le Claire (Hambourg)
« L’Épouse indiscrète » (1765) par Pierre-Antoine Baudouin (1723-1769) – Musée des arts décoratifs (Paris)

Les chantres de l’amour évoquent aussi les dangereux tourments qu’engendre la quête du plaisir. Deux chefs-d’œuvre, « La Belle Cuisinière » de Boucher et « La Cruche cassée » de Greuze, invitent à réfléchir sur la violence du désir et sur ses conséquences. Les détails, qui dialoguent entre eux comme un réseau de signes, suggèrent avec discrétion l’issue de l’aventure charnelle. Œuf ou cruche cassés, bougie consumée, lait renversé sont autant de symboles annonçant ou confirmant, à l’époque, la perte de virginité.

Esquisse pour « La Cruche cassée » (1772) par Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) – Musée du Louvre

Exposition « L’Empire des sens, de Boucher à Greuze »
19 mai – 18 juillet 2021
Musée Cognacq-Jay
8 Rue Elzevir
75003 Paris

« Jeune femme défaillant, étude pour Le Sacrifice de la rose » (vers 1785) par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) – Musée du Grand Siècle, collection Pierre Rosenberg

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Rendez-vous sur le site Internet du musée Cognacq-Jay.

[Histoire] Alexandre Dupilet lauréat du Prix Château de Versailles du livre d’histoire 2021

Pour sa quatrième édition, le Prix Château de Versailles du livre d’Histoire est décerné à Alexandre Dupilet pour « Le Régent. Philippe d’Orléans, l’héritier du Roi-Soleil » aux Éditions Tallandier.

Alexandre Dupilet rend hommage à l’historien Joël Cornette après la remise du Prix du livre d’Histoire par Catherine Pégard, présidente du château de Versailles – 14 juin 2021, Orangerie du château de Versailles

L’ouvrage primé est consacré à Philippe d’Orléans (1674-1723), régent de France, celui que Montesquieu qualifiait d’ « indéfinissable ». Promis à rien et condamné à errer dans les splendeurs de Saint-Cloud et du Palais-Royal, il gouverna pourtant la France pendant huit années, de 1715 à 1723, après la mort de Louis XIV. À la tête de l’État, il mit en chantier de nombreuses réformes. En matière de diplomatie, il n’hésita pas à s’allier avec l’Angleterre, Il n’eut d’autres ambitions que d’assurer la paix du royaume et de préserver le pouvoir absolu du jeune roi Louis XV. Pourtant, dans la mémoire collective, le prince demeure le libertin qui n’aimait rien tant qu’organiser des « petits soupers » et qui incarne à lui seul cette époque festive et insouciante : la Régence.

Alexandre Dupilet enseigne dans le secondaire. Il est diplômé de l’IEP Paris, agrégé et docteur en histoire de l’Université Paris-VIII Vincennes-Saint Denis. Il est donc le quatrième historien récompensé par ce prix – décerné par un jury dont l’auteur de ce Blog est membre – et succède à Edmond Dziembowski (lauréat en 2020), Georges Forestier (lauréat en 2019) et Hervé Leuwers (lauréat en 2018).

Dans la vidéo ci-dessous, retrouvez l’interview d’Alexandre Dupilet par le Scribe.

Prince de guerre insatiable et téméraire, compositeur d’opéras, peintre de talent, physicien passionné, homme d’esprit et de culture et enfin régent, un régent qui marqua tant l’époque de son empreinte, qui fit tant corps avec elle que celle-ci est désormais communément appelée la Régence et que Philippe est devenu, pour l’Histoire, le Régent. Et pourtant, persiste cette impression que le prince ne put donner la pleine mesure de ses talents et qu’en dépit de son brio, qui ne demandait qu’à s’exprimer, il restait enfermé dans des carcans trop étroits. » – Alexandre Dupilet dans « Le Régent. Philippe d’Orléans, l’héritier du Roi-Soleil »

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense chaque année l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIIe et/ou XVIIIe siècle(s), sans que son sujet ne soit obligatoirement lié à l’histoire du château de Versailles.

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Sur la page Internet dédiée au Prix Château de Versailles du livre d’Histoire

Catherine Pégard, présidente du château de Versailles, avec Alexandre Dupilet, lauréat 2021 du Prix du livre d’Histoire – 14 juin 2021, Orangerie du château de Versailles

[Visite privée] Exposition « Peintres femmes » au musée du Luxembourg

Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat »
19 mai – 4 juillet 2021
Musée du Luxembourg (Paris)

À travers près de 70 œuvres, l’exposition du musée du Luxembourg met en avant de nombreuses artistes, femmes actives de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration. Ces peintres talentueuses ont développé des stratégies complexes et astucieuses pour pouvoir être reconnues comme des professionnelles et vivre de leur art.
Si elles étaient célèbres de leur vivant, le discours officiel de l’histoire de l’art les a depuis rendues invisibles. Pourtant, l’exposition du musée du Luxembourg témoigne de la grande qualité de leurs toiles.

Martine Lacas, docteur en histoire et théorie de l’art, commissaire de l’exposition, nous fait découvrir ces grandes artistes.

… nombre d’entre elles jouissaient alors d’un succès et d’une reconnaissance publique et institutionnelle qui contredit l’invisibilité et la minorité dont l’histoire de l’art les a frappées jusqu’à une période récente. » – Martine Lacas, commissaire de l’exposition

« Corinne au Cap Misène (d’après Gérard) » (1825) par Marie-Victoire Jaquotot – Dépôt du musée du Louvre auprès des Manufacture et Musée nationaux de Sèvres

Toutes deux admises en 1783 à l’Académie Royale de Peinture, Adélaïde Labille-Guiard et Elisabeth Vigée Le Brun sont sans doute les figures artistiques féminines les plus marquantes de la fin du XVIIIe siècle. L’histoire de l’art s’est largement concentrée sur ces deux « prodiges », éclipsant quantité d’autres peintres femmes de leur temps.

À gauche : « Marie-Antoinette en robe de mousseline » (1783) par Élisabeth-Louise Vigée Le Brun (1755-1842) – Hessisches Hausstiftung (Kronberg)

Avant les femmes régnaient, la Révolution les a détrônées. » – Élisabeth Vigée Le Brun

« Autoportrait de l’artiste peignant le portrait de l’impératrice Maria Féodorovna » (1800) par Élisabeth Louise Vigée Le Brun – Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg)
« Adèle Foucher » (vers 1820) par Julie Duvidal de Montferrier – Maisons de Victor-Hugo (Paris)

Artiste très respectée dans le style troubadour, genre historique pittoresque pratiqué avec succès par d’autres femmes, Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865) épouse Abel Hugo en 1827, devenant la belle-sœur de Victor Hugo. Ce dernier lui avait été d’abord hostile : il avait en effet demandé à sa fiancée, Adèle Foucher (portrait ci-dessus), de cesser de prendre des cours de dessin auprès de Julie Duvidal de Montferrier afin de ne pas « descendre dans la classe des artistes ».

Autoportrait (vers 1801) par Constance Mayer – Bibliothèque Paul-Marmottan (Boulogne-Billancourt) – Institut de France

Issue de la bourgeoisie, Constance Mayer (1755-1821) est éduquée dans un couvent. Sa passion pour le dessin et la peinture est encouragée : elle est l’élève de Suvée, Greuze, puis Prud’hon dont elle devient la maîtresse et la collaboratrice. Cette complicité amoureuse et artistique nuit à Mayer, qui reste dans l’ombre et se voit souvent souffler l’attribution de certaines œuvres, signées par Prud’hon.

« Autoportrait copiant le Bélisaire et l’enfant à mi-corps de David » (1786) par Marie-Guillemine Benoist, née Laville-Leroux – Staatliche Kunsthalle Karlsruhe

Au XVIIIe siècle, l’idée selon laquelle, de par leur faible constitution physique et mentale, les femmes seraient incapables de peindre aussi bien que les hommes, c’est-à-dire de peindre bien la peinture d’histoire, est communément admise. Celles qui apparaissent manifestement douées sont présentées comme des exceptions à ne pas suivre.

« L’Atelier d’Abel de Pujol » (1822) par Adrienne-Marie-Louise Grandpierre-Deverzy – Musée Marmottan Monet (Paris)

La peinture d’histoire est au sommet de la pyramide des genres mise en place par l’Académie. Elle est alors considérée comme trop élevée pour l’esprit comme pour les capacités physiques des femmes. De plus, ce genre s’appuie sur la représentation du corps nu, notamment masculin, dont l’étude est strictement refusée aux femmes. Malgré ces obstacles, plusieurs peintres femmes n’hésitent pas à se confronter à la peinture d’histoire.

Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat » au musée du Luxembourg
« Mars et Vénus » (réplique autographe de 1841 du tableau de 1814) par Marie-Joséphine-Angélique Mongez – Musées d’Angers
« Une jeune fille à genoux » (1839) par Aimée Brune – Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Élève de Charles Meynier, Aimée Brune (1803-1866) est, de la Restauration au Second Empire, une artiste respectée abordant avec succès tant le portrait, la scène de genre sentimentale, la peinture religieuse que la peinture d’histoire. Elle a travaillé pour le musée historique de Versailles et certaines de ses œuvres ont été acquises par l’État.

« L’Attrapeur de mouche » (1808) par Isabelle Pinson (1769-1855) – Snite Museum of Art, University of Notre Dame (États-Unis)

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« Portrait d’Abd El-Kader » (vers 1830-1844) par Marie-Eléonore Godefroid – Dépôt du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon au musée de l’Armée

Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat »
19 mai – 4 juillet 2021
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris

[Visite privée] (version longue) Exposition « Napoléon n’est plus » au musée de l’Armée

Exposition « Napoléon n’est plus »
19 mai – 31 octobre 2021
Musée de l’Armée – Hôtel national des Invalides (Paris)

Retrouvez les commissaires de l’exposition pour une version longue de la visite de « Napoléon n’est plus » avec 35 minutes totalement inédites qui complètent celle que le Musée de l’Armée a diffusée lors de l’inauguration virtuelle.

Si la mort de Napoléon Ier, a été constatée le 5 mai 1821, son corps est longtemps resté sur une île trop lointaine pour paraître réelle. Absent de la terre de France, désincarné désormais, Napoléon est libre de devenir plus que lui-même… de devenir une légende. Comment s’étonner que sa disparition ait suscité l’apparition d’une nouvelle divinité au panthéon de l’histoire ?
Cette exposition s’appuie sur les apports de l’archéologie, la médecine et la chimie afin de compléter les sources historiques et les témoins matériels de cette histoire.

Lit sur lequel est mort Napoléon Ier à Sainte-Hélène, dit « lit Murat » – Musée de l’Armée

Au sein du musée de l’Armée, Émilie Robbe est conservatrice en chef du patrimoine, chef du département du XIXe siècle et de la symbolique, et Léa Charliquart est chargée de mission auprès de la direction.
Au sein de la Fondation Napoléon, Chantal Prévot est responsable des bibliothèques et Pierre Branda est historien, chef du service Patrimoine.

Trousse de chirurgie du Dr Antommarchi, utilisée lors de l’autopsie de Napoléon – Musée d’histoire de la médecine

Mon admiration a été grande et sincère alors même que j’attaquais Napoléon avec le plus de vivacité. » – François-René de Chateaubriand

Cet homme, dont j’admire le génie et dont j’abhorre le despotisme. » – François-René de Chateaubriand

Le souffle de vie le plus puissant qui jamais anima l’argile humaine. » – François-René de Chateaubriand

Vivant il avait manqué le monde. Mort il le conquiert. » François-René de Chateaubriand

« Napoléon Ier s’éveillant à l’immortalité » par François Rude (1784-1855) – Musée du Louvre

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Consultez la page spéciale du site Internet du musée de l’Armée

Exposition « Napoléon n’est plus »
19 mai – 31 octobre 2021
Musée de l’Armée – Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle
75007 Paris

[Entretien] Pierre-Olivier Léchot à propos de Luther et Mahomet

Pour l’édition 2021 de son Prix du livre d’Histoire, le château de Versailles a présélectionné cinq ouvrages, dont celui de Pierre-Olivier Léchot, publié aux Éditions du Cerf.

Thomas Erpenius, qui sera le premier professeur d’arabe de l’université de Leyde, découvre en 1611 que la religion musulmane est d’une richesse insoupçonnée et que les théories médiévales au sujet de celle-ci ne sont pour la plupart que des légendes. Dès ses origines, la tradition protestante a été traversée par un intérêt récurrent pour l’islam, son prophète et son livre saint, le Coran. De Luther à Herder et de Michel Servet à Pierre Bayle, Pierre-Olivier Léchot retrace l’histoire de cet intérêt du protestantisme pour l’islam, fait à la fois de répulsion et de fascination, et montre la place de l’islam dans la construction de l’identité protestante.

Pierre-Olivier Léchot est docteur en théologie et professeur d’histoire moderne à l’Institut protestant de théologie de Paris, dont il a été le doyen. Spécialiste de l’histoire de la théologie entre la Réforme et les Lumières, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « La Réforme » (Presses universitaires de France).

Le Scribe a rencontré Pierre-Olivier Léchot dans un lieu chargé d’histoire : l’Oratoire du Louvre.

Mais mon objectif est aussi de souligner combien les représentations de l’islam furent en vérité largement plurielles au sein du monde protestant depuis la Réforme. Or, rappeler cette multiplicité des lectures de l’islam dans l’histoire du protestantisme permet, c’est du moins mon souhait, de relativiser quelque peu nos propres interprétations et de mettre ainsi à nu certains biais de lecture qui nous conditionnent encore. Je suis en effet profondément convaincu de la dimension éthique du travail que d’historien : aborder les problématiques contemporaines par le biais de l’histoire invite à les considérer de manière dépassionnée » – Pierre-Olivier Léchot

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2021 du Prix

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense chaque année l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIIe et/ou XVIIIe siècle(s), sans que son sujet ne soit obligatoirement lié à l’histoire du château de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

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[Entretien] Philippe d’Orléans, le Régent par Alexandre Dupilet

Pour l’édition 2021 de son Prix du livre d’Histoire, le château de Versailles a présélectionné cinq ouvrages, dont celui d’Alexandre Dupilet, publié aux Éditions Tallandier.

Selon Montesquieu, Philippe d’Orléans (1674-1723), régent de France, était « indéfinissable ». Promis à rien et condamné à errer dans les splendeurs de Saint-Cloud et du Palais-Royal, il gouverna pourtant la France pendant huit années, de 1715 à 1723, après la mort de Louis XIV. À la tête de l’État, il mit en chantier de nombreuses réformes. En matière de diplomatie, il n’hésita pas à s’allier avec l’Angleterre, Il n’eut d’autres ambitions que d’assurer la paix du royaume et de préserver le pouvoir absolu du jeune roi Louis XV. Pourtant, dans la mémoire collective, le prince demeure le libertin qui n’aimait rien tant qu’organiser des « petits soupers » et qui incarne à lui seul cette époque festive et insouciante : la Régence.

Alexandre Dupilet enseigne dans le secondaire. Il est diplômé de l’IEP Paris, agrégé et docteur en histoire de l’Université Paris-VIII Vincennes-Saint Denis. Il a notamment publié « La Régence absolue » (Éditions Champ Vallon) et « Le cardinal Dubois, le génie politique de la Régence » (Tallandier).

Le Scribe a rencontré Alexandre Dupilet dans les locaux de son éditeur.

Voici le temps de l’aimable Régence,
Temps fortuné, marqué par la licence,
Où la folie, agitant son grelot,
D’un pied léger parcourt toute la France,
Où nul mortel ne daigne être dévot,
Où l’on fait tout excepté pénitence
Le bon Régent, de son palais royal,
Des voluptés donne à tous le signal. » – Voltaire dans « La Pucelle d’Orléans »

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2021 du Prix

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense chaque année l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIIe et/ou XVIIIe siècle(s), sans que son sujet ne soit obligatoirement lié à l’histoire du château de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

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[Entretien] La Peste de 1720-1722 en Provence par Gilbert Buti

Pour l’édition 2021 de son Prix du livre d’Histoire, le château de Versailles a présélectionné cinq ouvrages, dont celui de Gilbert Buti, publié aux Éditions du Cerf.

Consacré à l’épidémie de peste qui a touché la Provence en 1720-1722, ce livre entre en résonance avant la pandémie actuelle… alors qu’il a été écrit avant le début de la crise covid-19.
Introduite à Marseille par un navire venant de Syrie, la peste a tué 120.000 habitants de la Provence, du Comtat et du Languedoc, soit presque un sur trois. Malgré les mesures prises par les autorités, dont un confinement, la maladie a menacé le reste de la France et effrayé l’Europe.
Ce livre dresse un bilan de cet événement et en décrypte les traces laissées dans les mémoires et l’imaginaire collectif.

Gilbert Buti est historien, professeur émérite à Aix-Marseille Université, spécialiste de la Méditerranée aux Temps modernes. Il a notamment publié une « Histoire de Marseille » (avec Olivier Raveux aux Éditions du Signe) et une « Histoire des pirates et des corsaires » (avec Philippe Hrodej, édité par le CNRS).

Le Scribe a rencontré (virtuellement) Gilbert Buti.

Au vrai, en tant que telle, la peste ne sélectionne pas et ne ménage personne, ce sont les conditions de promiscuité et de mauvaise hygiène qui sont essentielles ainsi que le rappellerait le cheminement de la contagion au sein des villes de Marseille et d’Arles, comme des petits bourgs, frappant d’abord les quartiers les plus pauvres et les plus insalubres. Les bastides rurales, refuges pour les plus fortunés, paraissent avoir été moins visitées par le fléau… » – Gilbert Buti

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2021 du Prix

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[Entretien] Jean-Clément Martin à propos de l’exécution du roi

Pour l’édition 2021 de son Prix du livre d’Histoire, le château de Versailles a présélectionné cinq ouvrages, dont « L’exécution du roi. 21 janvier 1793 » de Jean-Clément Martin publié aux éditions Perrin.

Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné publiquement à Paris. L’événement est considérable par sa radicalité. Le roi est exécuté au terme d’un jugement rendu au nom de la nation et de la République. Si cette date marque une nouvelle ère pour le pays, ainsi que pour les pays européens, cette exécution légale a été un choix extrêmement difficile à faire et qui a donné lieu à de longs débats parmi les députés de la Convention. Pendant plusieurs mois, ils ont hésité et se sont déchirés, d’abord pour définir les modalités du procès, ensuite pour savoir s’ils allaient le tuer.

Jean-Clément Martin est professeur émérite de l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne et ancien directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française. Il a notamment publié chez Perrin une « Nouvelle Histoire de la Révolution française », un « Dictionnaire de la Contre-Révolution » et une biographie de Robespierre.

Le Scribe a rencontré (virtuellement) Jean-Clément Martin.

L’exécution du roi est indiscutablement un moment exceptionnel dans notre histoire ; elle reste cependant parfaitement explicable en recourant aux analyses ordinaires de l’histoire scientifique et érudite. Elle fait partie de toutes ces journées révolutionnaires autour desquelles se sont constitués des images, des mythes et des nébuleuses interprétatives qu’il faut prendre à leur juste valeur, et reconsidérer. L’un des enjeux de ce livre est de voir comment les différents courants révolutionnaires s’affrontent pour assurer et conserver leur hégémonie et, pour cela, proposer et contrôler le récit collectif de ce qui est en train de se faire. – Jean-Clément Martin

L’exécution du roi n’eut rien ni de prévisible ni d’inéluctable. En revanche, d’une façon tout à fait prévisible la mise à mort a figé les camps, organisé le souvenir et fait oublier les hésitations et les compromis, ne retenant que les antagonismes en jeu : la monarchie contre la République, la contre-révolution contre la Révolution. » – Jean-Clément Martin

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2021 du Prix

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense chaque année l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIIe et/ou XVIIIe siècle(s), sans que son sujet ne soit obligatoirement lié à l’histoire du château de Versailles.
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[Entretien] Toussaint Louverture par Sudhir Hazareesingh

Pour l’édition 2021 de son Prix du livre d’Histoire, le château de Versailles a présélectionné cinq ouvrages, dont celui de Sudhir Hazareesingh, publié chez Flammarion.

L’histoire de Toussaint Louverture commence en 1791 avec la révolte des esclaves de Saint-Domingue et culmine avec la proclamation du premier État noir indépendant de l’histoire en 1804. Profondément attaché aux valeurs républicaines d’égalité et de fraternité, il lutte farouchement contre toute tentative de réimposer l’esclavage dans la colonie française de Saint-Domingue… jusqu’à sa chute face aux troupes envoyées par Bonaparte…

Sudhir Hazareesingh est historien et professeur au Balliol College d’Oxford, membre du jury du prix Guizot. Il est également l’auteur de « La Légende de Napoléon » (Tallandier), du « Mythe gaullien » (Gallimard) et de « Ce pays qui aime les idées » (Champs).

Le Scribe a rencontré (virtuellement) Sudhir Hazareesingh.

Ce fut aussi une révolution qui força les leaders français, dans la colonie comme à Paris, à affronter la question de l’esclavage et à proclamer son abolition générale en 1794 ; une révolution qui éradiqua la vieille classe dirigeante de l’île, inventa la guérilla et s’opposa avec succès à la puissance militaire de l’impérialisme européen ; une révolution qui ébranla la croyance des Lumières en la supériorité de toute chose européenne, et dont les acteurs s’inspirèrent des formes de spiritualité amérindiennes et des cultures politiques africaines ; enfin, une révolution ou se manifesta l’esprit de révolte des rebelles afro-américains qui perturbaient l’autorité coloniale dans l’ensemble du monde atlantique noir à la fin du XVIIIe siècle. » – Sudhir Hazareesingh

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2021 du Prix

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense chaque année l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIIe et/ou XVIIIe siècle(s), sans que son sujet ne soit obligatoirement lié à l’histoire du château de Versailles.
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[Chef d’œuvre] Portrait d’un jeune homme noir par Rigaud

« Portrait d’un jeune homme noir » (vers 1710-1720)
Hyacinthe Rigaud (1659-1743)
Musée des Beaux-Arts de Dunkerque

Jusqu’au 13 juin 2021, l’exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » du Château de Versailles présente le portrait de ce jeune homme à la peau noire, redécouvert en 1956 et attribué à Rigaud.
Il pourrait s’agir de la commande d’un client ou d’une initiative de l’artiste, exécutée pour son propre usage afin de témoigner de ses capacités artistiques.

Ariane James-Sarazin, conservatrice général du patrimoine, directrice adjointe du musée de l’Armée et commissaire scientifique de l’exposition, nous présente ce magnifique tableau.

Cette vidéo est extraite de la visite privée de 70 minutes disponible en cliquant ici.

L’un des chefs-d’œuvre absolus de Hyacinthe Rigaud, l’un de ses portraits les plus séduisants. » – Ariane James-Sarazin

L’identité du modèle est inconnue. La toile pourrait avoir intégré l’atelier du peintre afin de servir de modèle aux compositions mettant en scène un jeune serviteur noir, appréciées par les portraitistes depuis la fin du XVIIe siècle.

Comme le précise le catalogue de l’exposition, il y a des Noirs, en France, depuis les grandes découvertes, et on estime qu’ils sont entre 3 000 et 3 500 à Paris dans les années 1770. Venus d’Afrique ou des Antilles, ils servent comme domestiques au sein de familles nobles ou fortunées.

Avant un édit de 1716, le débarquement en métropole les affranchit automatiquement de leur état d’esclave : c’est le « privilège de la terre de France ». Après cette date, les maîtres sont autorisés à les y amener temporairement sans les libérer. Arrivé en France malgré lui, ce jeune esclave porte autour du cou un collier de servitude.

La beauté et la régularité des traits du visage du jeune homme ainsi que son regard qui se détourne confèrent à son effigie, en dépit des clichés exotiques qu’elle perpétue, une grande dignité.

Source : catalogue de l’exposition

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Découvrez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du Château de Versailles

Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil »
Initialement prévue du 17 novembre 2020 au 18 avril 2021, prolongée jusqu’au 13 juin 2021
Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles

[Visite privée] Exposition Rigaud au château de Versailles

Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil »
Initialement prévue du 17 novembre 2020 au 18 avril 2021, prolongée jusqu’au 13 juin 2021
Château de Versailles

L’exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » au Château de Versailles est la première grande rétrospective consacrée à l’auteur du plus célèbre des portraits du Roi Soleil, artiste ayant dominé pendant près d’un siècle le genre du portrait.
Saint-Simon, d’ordinaire très acerbe, n’hésite pas à qualifier Rigaud de « premier peintre de l’Europe, pour la ressemblance des hommes et pour une peinture forte et durable ».

Dans cette visite privée de 70 minutes, Ariane James-Sarazin, conservatrice général du patrimoine, directrice adjointe du musée de l’Armée et commissaire scientifique de l’exposition, nous révèle un Rigaud parfois inattendu, portraitiste fasciné par la peinture religieuse et peintre subjugué par la sculpture.

Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » – Château de Versailles
« Autoportrait au turban » (1698) par Hyacinthe Rigaud – Musée d’art Hyacinthe Rigaud (Perpignan)

Né à Perpignan en 1659, Hyacinthe Rigaud compte dans sa famille trois peintres qui s’illustrèrent dans l’art du retable d’église : son bisaïeul, son grand-père et son grand-oncle. Hyacinthe reçut sa première formation en Languedoc où l’envoya sa mère dès 1671.

« Portrait de Maria Serra, mère de Hyacinthe Rigaud » par Hyacinthe Rigaud (1695) – Château de Fontaine-Henry

Fasciné par Rembrandt dès le début de sa carrière, Rigaud prend l’habitude de se peindre lui-même tout au long de sa vie. Ces œuvres deviennent pour lui un véritable argument commercial, lui permettant de faire connaître ses traits à l’égal de ceux de ses modèles.

« Autoportrait au porte-mine » (1711) par Hyacinthe Rigaud – Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » – Château de Versailles

Rigaud s’est essayé aussi à la peinture religieuse, jugée plus noble que le portrait. Il accorde une importance toute particulière à ces tableaux, qui l’occupent parfois pendant plusieurs années.

« Saint André » (1689) par Hyacinthe Rigaud – Beaux-Arts de Paris, dépôt du Musée du Louvre
« Christ en croix » (1696) par Hyacinthe Rigaud – Musée d’art Hyacinthe Rigaud (Perpignan)
« Portrait présumé de Robert Jean Antoine de Franquetot, comte de Coigny » (1699) – Musée des Beaux-Arts de Caen et « Portrait de François Louis Rousselet, marquis de Château-Renault » (1705) – Château de Ravel

Le processus de création des tableaux de Rigaud est parfaitement bien défini. Le modèle choisit d’abord son format, dont dépend beaucoup le prix. Pour gagner du temps et de l’argent, il peut opter pour la pratique de « l’habillement répété », qui consiste à reprendre, en l’adaptant, une pose et des vêtements déjà utilisés par l’atelier.

À droite : « Portrait présumé d’Amalie Ernestine von Platen-Hallermund, épouse Phélypeaux » par Hyacinthe Rigaud – The Albertina Museum (Vienne)
« Ajustement du second portrait du peintre Charles de La Fosse » (1704-1707) par Hyacinthe Rigaud – Staatsgalerie (Stuttgart)
Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » – Château de Versailles
« Portrait de Marguerite Henriette de La Briffe, épouse le Bret » (1712) par Hyacinthe Rigaud – Collection particulière
Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil » – Château de Versailles
Portraits du sculpteur François Girardon et d’Antoine Coysevox par Hyacinthe Rigaud – Musée des Beaux-Arts de Dijon, Castello Sforzesco (Milan) et Château de Parentignat

Hyacinthe Rigaud arrive à Paris vers 1681 pour suivre l’enseignement dispensé à l’Académie royale de peinture et de sculpture. C’est probablement là qu’il a rencontré le sculpteur Martin Desjardins, recteur de cette prestigieuse institution. Une solide amitié se noue entre les deux hommes en dépit de leur différence d’âge.

Portraits du sculpteur Martin van den Bogaert, dit Desjardins et portrait de Marie Cadesnes, épouse Desjardins par Hyacinthe Rigaud (1659-1743) – Château de Versailles, Château de Dampierre, Musée du Louvre et Musée des Beaux-Arts de Caen
« Portraits du sculpteur François Girardon » (1689-1690 / 1705-1706) par Hyacinthe Rigaud – Castello Sforzesco (Milan) – Musée des Beaux-Arts de Dijon
« Portrait d’Armand Jean Bouthillier de Rancé » (1696-1697) par Hyacinthe Rigaud – Abbaye de la Trappe (Soligny-la-Trappe)

Les circonstances romanesques qui entourent l’exécution du portrait de Rancé (ci-dessus), vu à la manière d’un saint Jérôme à l’étude, sont bien connues grâce à Saint-Simon qui fut l’instigateur de l’affaire. Rigaud se fit passer pour un officier bègue et profita d’une visite pour saisir de mémoire les traits de l’abbé et les transposer en cachette sur la toile.

« Portrait de Louis XIV en grand costume royal » (1702) par Hyacinthe Rigaud – Musée du Louvre

Naturellement, Rigaud n’a pas inventé Louis XIV. Mais pour employer un terme à la mode aujourd’hui, il l’a encapsulé. Pour les siècles à venir, l’œuvre délivre sa puissance, rayonne, tournoie tout en donnant l’image même de la stabilité. » – Laurent Salomé, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

« Portrait de Louis XV » (1715-1717) par Hyacinthe Rigaud – Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Détail du « Portrait de Jan Andrezj, comte de Morsztyn et sa fille Isabelle Catherine » (1692-1693) par Hyacinthe Rigaud – Musée Thomas Henry (Cherbourg-en-Correntin)

Le portrait ci-dessous a été découvert en 1956 et attribué à Rigaud mais il n’a pu être mis en relation avec aucune mention des livres de comptes de l’artiste, et l’identité de son modèle demeure à ce jour inconnue. Selon le catalogue de l’exposition, il pourrait s’agir d’une commande d’un client ou d’une initiative de Rigaud lui-même, exécutée pour son propre usage afin de témoigner de ses capacités artistiques.

« Portrait d’un jeune homme noir » (vers 1710-1720) par Hyacinthe Rigaud – Musée des Beaux-Arts de Dunkerque

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« La menaceuse » (1708-1709) par Hyacinthe Rigaud – Musée Granet (Aix-en-Provence)

Sources :

catalogue de l’exposition
dossier de presse de l’exposition

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Exposition « Hyacinthe Rigaud (1659-1743) ou le portrait Soleil »
Initialement prévue du 17 novembre 2020 au 18 avril 2021, prolongée jusqu’au 13 juin 2021
Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles