[Visite privée] Exposition « Les origines du monde » au musée d’Orsay

1693

Exposition « Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle »
19 mai – 18 juillet 2021
Musée d’Orsay

Le musée d’Orsay explore le rapport entre les arts et les sciences, révélant les liens étroits qui unissent le développement des deux disciplines au cours du XIXe siècle. C’est à ce moment-là que surgissent des problématiques dont nous sommes aujourd’hui encore les héritiers.
Cette période charnière, qui a pour toile de fond la révolution industrielle et l’essor des empires coloniaux, voit alors se cristalliser l’inventaire de la nature, en même temps que se consolide la science moderne.

Suivez Laura Bossi, neurologue, historienne des sciences et commissaire générale de l’exposition, pour un voyage extraordinaire aux origines de l’invention de la Nature.

« Intérieur de la palmeraie de l’île aux Paons de Berlin » (1832-1833) par Carl Blechen – Staatliche Museen zu Berlin

Laura Bossi a publié de nombreux articles et ouvrages scientifiques, notamment sur l’épilepsie et les maladies neurodégénératives. Elle a participé à plusieurs expositions dont « Mélancolie, Génie et Folie en Occident » au Grand Palais (Paris) en 1993. Elle assiste actuellement son mari, l’historien de l’art et académicien Jean Clair, dans la préparation de l’exposition organisée par les Scuderie del Quirinale (Rome) à l’occasion des 700 ans de la mort de Dante, « Inferno. Una topografia del male ».

« Après le Déluge » (1864) par Filippo Palizzi – Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples)

Adam appela donc tous les animaux d’un nom qui leur était propre, tant les oiseaux du ciel que les bêtes de la terre. Mais il ne se trouvait point d’aide pour Adam qui lui fut semblable. » – Extrait de la « Genèse » (chapitre II)

« Étude d’autruche » (1665-1668) par Nicasius Bernaerts – Musée du Louvre, en dépôt au musée du château des ducs de Wurtemberg (Montbéliard) à Montbéliard
6, 27 « Réunion d’oiseaux étrangers » (vers 1810) par Alexandre-Isidore Leroy de Barde – Musée du Louvre
« Le Rhinocéros » (1515) par Albrecht Dürer – Musée du Louvre

Si les Romains avaient fait venir des rhinocéros d’Asie ou d’Afrique pour les jeux du cirque, aucun rhinocéros n’avait été signalé en Europe avant 1515. L’image du premier rhinocéros de l’époque moderne a été diffusée à travers la célèbre gravure de Dürer (image ci-dessus).

À gauche : « Dattier » (entre 1801 et 1810) par Michel Garnier – Muséum national d’histoire naturelle (Paris)
« Glacier de Rosenlaui » (1856) par John Brett – Tate (Londres)

Le XIXe siècle est une période paradoxale au cours de laquelle la connaissance de plus en plus approfondie de la nature se double d’un rapport toujours plus prédateur à celle-ci.

« Au-delà de l’homme (Beyond Man’s Footsteps) » (1894) par Briton Riviere – Tate (Londres)

On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable » – Lamarck dans le « Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle » (1817)

« Dodo, Raphus cucullatus » (1901) par Jules Laurent Terrier – Muséum national d’histoire naturelle (Paris)
« Observations physiques sur le poulpe de l’Argonauta Argo » (1856) par Jeanne Villepreux-Power (1794-1871) – Muséum national d’histoire naturelle (Paris)

Le XIXe siècle est aussi le siècle au cours duquel va naître la notion d’écologie.

« Méduse Rhizostoma cuvieri » (entre 1804 et 1810) par Charles-Alexandre Lesueur (1778-1846) – Muséum d’histoire naturelle du Havre

Au centre de ce siècle pivot, le grand bouleversement scientifique reste la publication par Charles Darwin de « L’Origine des espèces » en 1859, qui renverse radicalement la place de l’homme dans le monde telle qu’on la comprenait jusque-là.

Exposition « Les origines du monde » au musée d’Orsay
« Premier Artiste » (1890) par Paul Richer – Musée Crozatier (Le Puy-en-Velay)

Comme l’indique le catalogue de l’exposition, l’histoire de la modernité est intimement liée à la « blessure narcissique » infligée par la théorie darwinienne : en ôtant brutalement toute transcendance à l’humanité, elle questionne douloureusement la place de l’homme sur Terre, autant dans l’angoisse existentielle de sa propre fin que dans l’obsession de sa genèse.

Au centre : « Un orang-outang vénérable. Une contribution à l’histoire non naturelle » dans « The Hornet » le 22 mars 1871 – Collection particulière
« Abélard et Héloïse » (après 1900) par Gabriel von Max – The Jack Daulton Collection
« Évolution » (1911) par Piet Mondrian – Stichting Kunstmuseum Den Haag (La Haye)

Les arts plastiques modernes et les arts décoratifs modernes, qui connaissent une floraison puissante, trouveront dans ces véritables “formes artistiques de la Nature” une riche moisson de nouveaux et beaux motifs. » – Ernst Haeckel dans « Kunstformen der Natur »

Au centre : « Jardinière Flora marina, Flora exotica » (1889) par Émile Gallé, Victor Prouvé et Louis Hestaux – Musée de l’École de Nancy
Œuvres d’Auguste Rodin et de Jean Carriès

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« Tête de Faune » (1890-1891) par Jean Carriès – Musée des Arts décoratifs (Paris)

Source : catalogue de l’exposition

« Nature ou Abondance » (1897) par Léon Frédéric – Dallas Museum of Art

Pour en savoir +

Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée d’Orsay

« Hérédité » (1905-1906) par Edvard Munch – Munchmuseet (Oslo)

Exposition « Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle »
19 mai – 18 juillet 2021
Musée d’Orsay
1 Rue de la Légion d’Honneur
75007 Paris

Cette exposition est proposée en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

À gauche : « L’Origine du monde » (1866) par Gustave Courbet – Musée d’Orsay

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