Portraits en bronze de l’empereur Hadrien
27 juin — 24 septembre 2018
Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
Hadrien – Imperator Cæsar Traianus Hadrianus Augustus – a régné sur l’Empire romain de 117 à 138 après J.-C.. Il était considéré par les historiens romains contemporains comme l’un des cinq « bons » empereurs : un souverain juste, un pacificateur et un grand architecte de l’Empire.
Rares sont les effigies de bronze qui ont traversé les siècles jusqu’à aujourd’hui. En effet, la plupart des statues ont été fondues au cours de l’Antiquité. Aussi le rassemblement au Louvre de trois portraits en bronze de l’empereur Hadrien est-il exceptionnel car il s’agit des seuls exemplaires connus à ce jour. L’un provient des collections du British Museum (Londres), le second du musée d’Israël à Jérusalem et le troisième appartient au musée du Louvre.
La propagande impériale de Rome reposait notamment sur la présence, dans les provinces romaines, de portraits des empereurs et de leur famille. Hadrien a porté une attention toute particulière à son image, comme tendent à le prouver les quelques cent cinquante portraits qui sont parvenus jusqu’à nos jours. Seul l’empereur Auguste a livré un nombre plus important de représentations de sa personne.
Hadrien le barbu
Hadrien a lancé la mode du port de la barbe sur ses portraits officiels, à l’image des philosophes grecs. Cela sera repris par presque tous ses successeurs jusqu’au IVe siècle.
Hadrien du musée d’Israël
Le buste cuirassé du musée d’Israël est sans doute un portrait officiel produit à Rome. Il a été découvert en 1975 et 1982, sur le site du camp militaire de la sixième légion romaine, à Tel Shalem (Israël).
L’empereur porte une splendide armure avec une scène de bataille représentée sur la poitrine.
Sa barbe est teintée de vert-de-gris.
Hadrien du British Museum
Le deuxième portrait a été retrouvé à Londres dans la Tamise en 1834, à proximité d’un pont romain. Une statue complète ornait peut-être le pont lui-même.
Le bronze est brisé au niveau des cheveux, du côté gauche.
Une étroite fente est visible depuis la joue gauche, sous le menton, et jusqu’au milieu de la joue droite.
Hadrien du Louvre
La provenance du troisième portrait, acquis par le musée du Louvre en 1984, est inconnue. Cette tête appartenait à une statue plus grande que nature, élaborée vraisemblablement dans la partie orientale de l’Empire romain.
La chevelure, qui ondule depuis l’arrière du crâne pour former des boucles volumineuses sur le front, permet l’identification immédiate du personnage car Hadrien fut le seul empereur à adopter cette coiffure.
Cette tête est tout ce qui subsiste d’une statue colossale d’environ 2,60 mètres où l’empereur apparaissait en chef de guerre cuirassé et non pas, comme on a pu l’envisager, en nu héroïsé.
Lettre de l’empereur
La présentation de ces trois portraits d’Hadrien est complétée par l’exposition d’une stèle de bronze sur laquelle est gravée une lettre de l’empereur aux citoyens de Naryka (Locride en Grèce centrale) au sujet du statut juridique de leur ville.
En voici la traduction :
À la Bonne Fortune. L’Empereur César Trajan Hadrien Auguste, fils du Divin Trajan, vainqueur des Parthes, petit-fils du Divin Nerva, Grand Pontife, revêtu de la puissance tribunicienne pour la 22e fois, ayant été salué pour la seconde fois du titre d’imperator, ayant été consul trois fois, Père de la Patrie, aux gens de Naryka, salut !
Je ne pense pas qu’il y aura quelqu’un pour contester que vous possédez une cité et les droits inhérents à une cité, puisque, aussi bien, vous apportez votre contribution au Koinon des Amphictions et au Koinon des Béotiens, que vous fournissez un béotarque, que vous élisez un Panhellène, que vous envoyez un théèkolos; qu’il y a chez vous un Conseil, des magistrats, des prêtres, des tribus de type grec, des lois qui sont celles des Opontiens et que vous versez tribut avec les Achéens ; qu’en outre quelques poètes parmi les plus fameux, tant romains que grecs, ont fait mention de vous comme Narykéens ; et que parmi les héros ils en nomment aussi quelques-uns issus de votre cité. Pour ces raisons-même si vous avez négligé d’adresser un écrit aux empereurs et d’en obtenir des [assurances ?],… »
Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts.” – Marguerite Yourcenar dans « Mémoires d’Hadrien »
Ces trois têtes de bronze ont été exposées de décembre 2015 à juin 2016 au musée d’Israël pour le 50e anniversaire de l’institution.
Portraits en bronze de l’empereur Hadrien
27 juin — 24 septembre 2018
Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
Salle 172
Sources :
– article de Denis Knoepfler : « L’inscription de Naryka (Locride) au musée du Louvre: la dernière lettre publique de l’empereur Hadrien ? » dans la « Revue des Etudes Grecques » (2006 – 119-1)
– texte de présentation de l’exposition
– cartel du buste conservé au Louvre
– article du Times of Israël sur l’exposition au musée de Jérusalem