D’octobre à décembre 2020, vous avez découvert une web-série exceptionnelle tournée au cœur des collections d’Antiquités Grecques du Louvre. Dans cette série de quatre vidéos – proposée en partenariat avec le web-magazine Coupe-File Art – Ludovic Laugier, conservateur du patrimoine au musée du Louvre, présentait les chefs-d’œuvre de deux grands artistes – Crésilas et Praxitèle – et ceux représentant deux mythes antiques – Héraclès et Aphrodite.
Conservation, restauration, étude, diffusion de la connaissance
En marge du tournage de cette web-série, Ludovic Laugier a accepté de répondre aux questions d’Antoine Lavastre et Nicolas Bousser de Coupe-File Art. Au cours de cet entretien, il revient sur sa formation, son parcours et décrit les missions d’un conservateur du patrimoine au musée du Louvre.
Ludovic Laugier a notamment supervisé la restauration de la Victoire de Samothrace en 2013-2014, puis celle de la Pallas de Velletri en 2020.
Un entretien à lire
Retrouvez la transcription de cet entretien sur le site du web-magazine Coupe-File Art.
Ludovic Laugier sur France Culture
Le 17 janvier 2021, Ludovic Laugier, conservateur du patrimoine en charge des sculptures grecques, était l’invité de Jean de Loisy dans l’émission « L’art est la matière » sur France Culture.
« Laocoon » (vers 1500)
Jacopo Tatti, dit Sansovino (1486-1570)
Musée national du Bargello (Florence)
Présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, ce petit bronze de 27 cm de hauteur, attribué à Jacopo Tatti, dit Sansovino, représente le « Laocoon ».
Découvert en janvier 1506 sur l’Esquilin, l’une des collines de Rome, le groupe de Laocoon et de ses fils (photographie ci-dessous) marque des générations d’artistes. Acheté par le pape Jules II, ce chef-d’œuvre réapparu – aujourd’hui exposé dans les musées du Vatican – fait alors l’objet de nombreuses répliques dans divers matériaux.
« Laocoon » – Musée Pio-Clementino (Vatican)
… le Laocoon qui se trouve dans la demeure de l’empereur Titus, qu’il faut préférer à toute la peinture et toute la sculpture. D’un seul bloc de pierre, les grands artistes Agésandros, Polydoros et Athénodoros de Rhodes réalisèrent Laocoon, ses fils et des nœuds de serpents magnifiques, grâce à l’accord de leur idée. » – Pline l’Ancien dans « Histoire naturelle »
Comme le précise le catalogue de l’exposition, la sculpture en bronze attribuée à Jacopo Sansovino est identifiée avec l’un des exemplaires inventoriés en 1553 dans la Garde-robe secrète de Cosme Ier de Médicis, duc de Florence.
Sansovino, malgré sa jeunesse, avait largement dépassé tous les autres. » – Raphaël
Le bronze de Sansovino, conservée au musée du Bargello (Florence), reproduit le groupe antique tel qu’il se présentait lors de sa découverte, c’est-à-dire privé de certains de ses éléments, dont le bras droit du prêtre.
Selon Anton Francesco Doni, les spectateurs qui voient le Laocoon « se troublent et ressentent aussi la morsure des serpents ; ils se tordent de douleur et éprouvent de la pitié, comme si ces statues étaient vivantes, effet remarquable dont la peinture ne s’est jamais approchée. »
« Laocoon et ses fils » (vers 1540) – École française – Musée Gassendi (Digne-les-Bains)
L’image du groupe du « Laocoon » connut sa plus grande diffusion grâce à l’estampe. C’est de l’une d’elles que s’inspira l’auteur de l’une des rares peintures conservées (photographie ci-dessus) reproduisant le groupe sculpté.
Dans cette huile sur bois de hêtre, la position du fils aîné a été modifiée, peut-être en raison des dimensions réduites du panneau : le jeune homme est plus proche de son père et participe à la lutte contre le serpent qu’il saisit de la main droite tout en poussant un terrible cri de douleur.
Coupe représentant le « Laocoon » (vers 1530-1540) – Castello Sforzesco (Milan)
Une coupe en faïence (photographie ci-dessus) est également présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ». L’artiste a réussi à rendre l’effet monochrome du marbre au moyen de camaïeu de bruns. Le groupe est représenté à l’avant d’un mur en ruine, comme sur la gravure de Marco Dente da Ravenna dont l’artiste semble s’être inspiré.
« Étude de tête pour le retable Pucci » (1518) par Jacopo Carucci, dit Pontormo (1494-1557) – Galerie des Offices (Florence)
Autre œuvre remarquable présente dans l’exposition du Louvre, une sanguine (photographie ci-dessus) réalisée par Pontormo (1494-1557). Reprenant les traits douloureux du visage du Laocoon, il s’agit d’un dessin préparatoire pour le saint Joseph du retable Pucci exposé dans l’église san Michele Visdomini de Florence.
D’abord, les deux serpents étreignent les deux corps de ses jeunes fils, les enlacent, les mordent et se repaissent de leurs pauvres membres. Laocoon alors, arme en main, se porte à leur secours. Aussitôt, les serpents le saisissent et le serrent dans leurs immenses anneaux. Deux fois, ils lui serrent taille, deux fois de leurs échines écailleuses ils entourent son cou, et le dominent, têtes et nuques dressées. Le prêtre aussitôt, de ses mains, tente de déserrer leurs noeuds, ses bandelettes sont souillées de bave et de noir venin. En même temps il pousse vers le ciel des cris horrifiés, tel le mugissement d’un taureau blessé fuyant l’autel et secouant de sa nuque la hache mal enfoncée. » – Virgile (« Énéide » – Livre II)
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Source :catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria
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Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre
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« Jeune guerrier (Saint Georges ou Théodore ?) » (vers 1490-1500)
Tullio Lombardo (vers 1455-1532) et atelier
The Metropolitan Museum of Art (New York)
Présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, ce marbre de la fin du XVe siècle (à gauche sur la photographie ci-dessous) est conservé par le Metropolitan Museum of Art de New York.
Ce jeune guerrier a été sculpté par Tullio Lombardo (vers 1455-1532) et son atelier. Tullio Lombardo est l’auteur de « Bacchus et Ariane » du Kunsthistorisches Museum de Vienne, également présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ».
Comme le précise le catalogue de l’exposition, ce jeune homme brandissait une arme, sans doute une lance en bois jadis placée dans sa main droite. Il pourrait s’agir de saint Georges triomphant du dragon… ou de Théodore, saint patron de la ville de Venise avec saint Marc.
Il incarne un idéal de beauté juvénile vénitien mis au point par Tullio Lombardo vers 1500. Son profil présente un nez droit hellénistique. Ses yeux ont un regard lointain, avec un iris et des pupilles bien définis qui remontent vers les paupières supérieures. Son épaisse chevelure, luxuriante et bouclée, est typiquement vénitienne.
La cuirasse de son armure rassemble deux types d’armure romaine : la cuirasse musculaire et celle composée de bandes articulées. Les épaulières s’inspirent d’une mode pour les armures pseudo-antiques à la Renaissance.
Sur ses épaules, le lion fait référence au héros mythologique Hercule. Il symbolise le courage, la force et la justice.
Le dos est assez grossièrement sculpté, ce qui suggère que le marbre était placé contre un mur. Les variations dans le niveau de finition des différentes parties de la sculpture pourraient signifier que le travail a été exécuté par plusieurs artisans ou avec moins de soin pour les parties moins visibles… peut-être à cause d’un délai à respecter ?
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Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre
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Comme le précise le catalogue de l’exposition, Vénus (ou Aphrodite) serait née de la mer écumeuse dans laquelle Cronos avait jeté les parties génitales sectionnées de son père Uranus.
La « Vénus anadyomène » – ou plus simplement « Vénus sortie des eaux » – a souvent été représentée sur un coquillage. C’est le cas dans le célèbre tableau (photographie ci-dessous) de Sandro Botticelli (1445-1510) exposé dans la Galerie des Offices de Florence.
« La Naissance de Vénus est un tableau » (vers 1484-1485) par Sandro Botticelli – Galerie des Offices (Florence)
Sur le relief en marbre conservé à Londres, les eaux écumeuses se brisent sur les petites coquilles placées aux pieds de la déesse, laquelle essore l’eau de ses cheveux.
Le sculpteur Antonio Lombardo combine des éléments provenant de sources à la fois classiques et contemporaines. S’appuyant sur les types antiques de la « Vénus de Cnide » et de la « Vénus pudique », il permet d’évoquer aussi une peinture perdue de l’artiste grec Apelle, connue d’après les descriptions de Pline l’Ancien.
« Vénus de Médicis » (Ier siècle avant J.-C.) d’après un original grec – Galerie des Offices (Florence)
Mais enfin parut au monde, en la CXII Olympiade, l’incomparable Apelle, natif de l’île de Cos, qui a surpassé tous les peintres qui l’ont précédés, et tous ceux qui l’ont suivi […]. Le fort don de son pinceau a été la Grâce, comme on l’appelle, c’est-à-dire je ne sais quoi de libre, de noble et doux, en même temps, qui touche le cœur et qui réveille l’esprit… » – Pline l’Ancien dans « Histoire naturelle »
« Aphrodite du type du Capitole » (Ier-IIe siècle après J.-C.) – Musée du Louvre
Le motif du relief sculpté par Lombardo s’inspire aussi de représentations populaires à l’époque, telle une gravure d’une Vénus créée par Marcantonio Raimondi.
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Source :catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria
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Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange » – Musée du Louvre
Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre
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« Spinario (Tireur d’Épine) » (début du XVIe siècle)
d’après un modèle d’Antonello Gagini (1478-1536)
The Metropolitan Museum of Art (New York)
Cette sculpture, présentée au Louvre dans l’exposition « Le Corps et l’Âme », est conservée au Metropolitan Museum of Art de New York. Il s’agit probablement du plus grand « Spinario » (« Tireur d’Épine ») en bronze produit au cours de la Renaissance.
Réalisé au cours du XVIe siècle, ce « Tireur d’Épine », reproduit un modèle antique (photographie ci-dessous) offert en 1471 par le pape Sixte IV à la Ville de Rome. Conservé au Museo Capitolino, ce bronze a été réalisé au cours du Ier siècle avant J.-C. à partir de modèles hellénistiques des IIIe-IIe siècle avant J.-C.
« Tireur d’Épine » (Ier siècle avant J.-C.) – Museo Capitolino (Rome)
Comme le précise le catalogue de l’exposition, le bronze du Metropolitan Museum of Art diffère du modèle antique par ses cheveux bouclés courts, par comparaison avec la coiffure de page de l’original. L’artiste s’est probablement inspiré de dessins ou de souvenirs du modèle antique.
Le « Spinario » du Metropolitan Museum of Art est attribué au sculpteur Antonello Gagini. Il s’agit très probablement de sa seule œuvre en bronze.
Le « Spinario » est un garçon occupé à retirer une épine de son pied. C’est l’une des œuvres les plus copiées de la Renaissance.
Une version en terre cuite et plâtre, conservée au musée Jacquemart-André (photographie ci-dessous), est également présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ». Contrairement à la plupart des autres versions où le dos et la nuque se voûtent au-dessus de la blessure, ce tireur d’épine est à peine incliné. Le port du buste suggère que le jeune homme a l’esprit absorbé ailleurs.
« Tireur d’Épine » (vers 1500) par Sansovino (1486-1570) ou l’entourage de Benedetto da Rovezzano (vers 1474-1554) – Musée Jacquemart-André (Paris)
L’exposition du Louvre permet de découvrir une troisième variation autour du thème du « Tireur d’épine » (photographie ci-dessous) avec une terre cuite attribuée à Andrea Riccio (1470-1532) conservée au musée Bode de Berlin.
Dans cette version, le garçon tente de retirer l’épine de son pied droit en utilisant la lame d’un couteau. Si cet objet a aujourd’hui disparu, sa présence se déduit du fourreau vide présent sur le flanc droit du personnage. La douleur déforme les traits de son visage. Ses habits déchirés laissent voir ses fesses et son sexe, participant à la dimension satirique que l’artiste a voulu donner à sa sculpture.
« Tireur d’épine » attribué à Andrea Briosco, dit Andrea Riccio (1470-1532) – Musée Bode (Berlin)
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« Mise au tombeau » (1476-1482)
Giacomo del Maino et collaborateurs (documenté à partir de 1459)
Bernardino Butinone (vers 1450 – documenté jusqu’en 1510)
Castello Sforzesco (Milan)
Ce relief en bois doré et polychromé est conservé au Castello Sforzesco de Milan. Il est présenté dans le cadre de l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre.
Comme le précise le catalogue de l’exposition, ce relief provient du maître-autel de l’église Santa Maria del Monte à Varese. Avant qu’il ne soit détruit, il était possible de faire le tour de ce maître-autel et de s’arrêter devant chacun des reliefs illustrant la « Passion du Christ ».
Dans toute l’Italie, il n’existe pas une œuvre semblable et si célèbre. » – Innocent VIII voyant l’autel en 1491
Si la célèbre « Descente de Croix » de Mantegna, très largement reproduite, est la source de six figures présentes dans ce relief, le paysage, en revanche, évoque les panneaux des chœurs en bois du gothique tardif.
Joseph […] alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna de le lui remettre. Joseph prit le corps, l’enveloppa dans un drap de lin pur et le déposa dans un tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans la roche. Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du tombeau. » – Évangile selon Matthieu (27.57-66)
Les bouches entrouvertes sont caractéristiques d’une sorte de « vision auditive » typique des « Mises au tombeau » réalisées à Padoue. Les paupières gonflées, les pommettes et les plis du visage soulignés, ainsi que les étoffes en forme de cartouche, caractérisent l’activité des élèves de l’atelier de Giacomo del Maino.
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« Bacchus et Ariane » (vers 1505-1520)
Tullio Lombardo (vers 1455-1532)
Kunsthistorisches Museum (Vienne)
Cette sculpture en marbre, reproduite sur l’affiche de l’exposition « Le Corps et l’Âme » du Louvre, est probablement l’une des plus emblématiques du classicisme vénitien des années 1500.
Elle fait partie d’un groupe de quatre figures en haut relief de Tullio Lombardo, toutes coupées sous la poitrine : un jeune homme (Musée national Brukenthal de Sibiu), un double portrait (Ca d’Oro de Venise) et une figure féminine (collection particulière).
Placé devant un fond plat seulement marqué d’une ligne formant un cadre, le jeune homme et la jeune femme penchent tendrement leur tête l’un vers l’autre.
Comme le précise le catalogue de l’exposition, leurs bustes sont projetés vers l’avant, selon un dispositif utilisé dans les camées antiques.
Le poli et la douceur des formes, mis en valeur par le traitement des chevelures, accentuent le caractère lumineux des visages.
L’iconographie de ce relief a fait l’objet de multiples interprétations. Si la figure masculine est identifiable à Bacchus, avec son pampre de vigne, sa compagne est donc Ariane.
Bacchus aux cheveux d’or épousa la fille de Minos, la blonde Ariane, que le fils de Saturne affranchit de la vieillesse et de la mort. » – Hésiode (« Théogonie »)
La figure féminine a aussi été identifiée avec la déesse Cérès, fille de Saturne et de Rhéa. Toutefois, il pourrait tout simplement s’agir de la représentation d’un couple réel.
Ce type de relief trouvait probablement place dans la demeure d’un riche patricien, lecteur de textes antiques que les imprimeries vénitiennes répandaient en nombre en ce début du XVIe siècle.
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« Pan et Luna (Neptune et Théophane ?) » (vers 1525)
Antonio Minello (vers 1465-1529)
Bayerisches Nationalmuseum (Munich)
Présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, cette sculpture en marbre d’Antonio Minello est un petit relief représentant des personnages mythologiques. Elle est conservée à Munich.
Mais de qui s’agit-il ?
Une jeune fille nue passe l’une de ses jambes par-dessus le cou d’un petit bélier à l’affection démonstrative. Comme le souligne le catalogue de l’exposition, les cornes de l’animal – qui sont des remplacements modernes – ont une dimension à la fois érotique et ludique.
Le charme sensuel de la jeune femme est souligné par les mouvements de sa chevelure flottante et de son manteau.
Elle a jadis été identifiée comme étant Hellé, qui, avec son frère jumeau Phrixos, a fui la Grèce montée sur un bélier doré. Elle tomba dans la mer, mais Phrixos atteignit la Colchide, où le bélier fut sacrifié et sa toison consacrée à Mars.
Mais peut-être s’agit-il d’une représentation de Pan et Luna. Cette hypothèse a été proposée sur la base d’un passage des « Géorgiques » de Virgile et d’un commentaire de Servius, qui raconte comment Pan s’est vêtu de laine blanche pour séduire la chaste déesse lunaire.
L’événement représenté dans la frise sculptée derrière les figures, pourrait représenter les jumeaux qui se préparent à embarquer, ce qui s’expliquerait pour Hellé ou Théophane. L’apparente position de la jeune fille du premier plan, prête à monter sur le dos du bélier – lequel manifeste une « amorosa intentione » – plaide en faveur de cette dernière interprétation.
La jeune fille presse une coquille – souvent un attribut de Vénus – sur le dos du bélier. Il pourrait donc s’agir d’un thème astrologique impliquant la planète Vénus et la constellation du Bélier. Mais la coquille pourrait aussi renvoyer à la véritable identité du bélier, à savoir Neptune, dieu de la mer…
Mais finalement, quelle est votre propre interprétation de ce relief ?
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
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Mythes et artistes de la Grèce Antique sur France Culture
Ludovic Laugier, conservateur du patrimoine en charge des sculptures grecques, est l’invité de Jean de Loisy le dimanche 17 janvier 2021 de 14h à 15h pour l’émission « L’art est la matière ».
Crésilas est un sculpteur grec ayant travaillé et vécu au Ve siècle avant J.-C. Au musée du Louvre est exposée une version de l’un de ses chefs-d’œuvre : la Pallas de Velletri, récemment restaurée.
Dans ce premier épisode de notre web-série, suivez Ludovic Laugier pour une découverte passionnante de ce grand artiste.
Selon Varron, écrivain et savant romain du Ier siècle avant J.-C., le sculpteur Praxitèle « n’est inconnu d’aucun homme un tant soit peu cultivé… » Mais au-delà de son nom, que sait-on vraiment sur les chefs-d’œuvre qu’il a réalisés ?
Dans ce deuxième épisode de la web-série, Ludovic Laugier évoque les questions d’attribution et de datation des chefs-d’œuvre de Praxitèle et de leurs nombreuses copies romaines.
Dans ce troisième épisode, Ludovic Laugier nous fait découvrir les différentes représentations d’Héraclès par les artistes de la Grèce Antique. Il nous emmène en voyage depuis le musée du Louvre jusqu’à Olympie, en passant par Naples et Delphes.
Dans ce quatrième et dernier épisode de la web-série, Ludovic Laugier évoque le mythe d’Aphrodite, l’évolution de ses représentations ; il détaille pour nous la Vénus d’Arles, la Vénus Génitrix et l’Aphrodite de Cnide. Notre parcours se termine aux pieds de la Vénus de Milo dont nous découvrons les origines de la célébrité.
Toutes les images par Coupe-File Art (Nicolas Bousser – Antoine Lavastre) et Scribe Accroupi.
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Coulisses du tournage avec Antoine Lavastre et Nicolas Bousser de Coupe-Fil Art (septembre 2020) – Musée du Louvre
« Christ à la colonne » (vers 1510-1520)
Cristoforo Solari, dit Il Gobbo (vers 1470-1524)
Cathédrale de Milan
Présenté dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, ce « Christ à la colonne » – récemment restauré – provient d’une niche placée entre les armoires de la sacristie sud de la cathédrale de Milan.
La signature gravée sur le socle a permis de préserver cette statue de l’oubli, permettant de la compter parmi les rares œuvres autographes de Cristoforo Solari, un sculpteur et architecte qui, aux yeux de ses contemporains, soutenait la comparaison avec Michel-Ange. Outre ce « Christ à la colonne », il a également réalisé un groupe représentant « Adam et Ève » pour la cathédrale de Milan.
La modernité de ce marbre ne semble pas avoir marqué l’imaginaire des sculpteurs : la seule citation de la statue – identifiée jusqu’ici – se trouve dans l’église San Maurizio de Ponte in Valtellina (Italie). Le marbre de Solari est placé au centre d’une « Flagellation », dans une version en bronze miniaturisée.
Comme l’indique le catalogue de l’exposition, l’invention de la pose a été rattachée à la connaissance du Laocoon découvert à Rome en 1506 (photographie ci-dessous) et aux études de Michel-Ange pour le tombeau de Jules II, et notamment à l’ « Esclave rebelle ».
« Laocoon » (vers 1520) par Jacopo Tatti, dit Jacopo Sansovino (?) (1486-1570) – Musée du Bargello (Florence)
Le catalogue précise que la genèse de l’invention de Michel-Ange s’entrecroise avec les études de Léonard réalisées vers 1507-1510. L’une de ses feuilles montre, en effet, des prisonniers « rebelles » attachés à des colonnes, alors qu’une étude représente un autre personnage lui aussi attaché à une colonne. Les projets de Léonard de Vinci pourraient donc avoir compté dans la genèse de l’œuvre de Solari.
Je t’ai tellement aimé, genre humain, que je t’ai racheté avec mon sang divin » – Inscription sur le piédestal de la colonne : « TANTI NE / HVMANVM / GENVS VT / SANGVINE / TE DIVINO / REDIMEREM »
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Ce groupe sculpté, conservé au musée du Louvre, est présenté au centre de l’une des salles de l’exposition « Le Corps et l’Âme ». Il s’agit de la copie romaine, datant du IIe siècle après J.-C., d’une œuvre du IIe siècle avant J.-C.
Ce groupe sculpté représente trois sœurs, les « Charites » : Aglaé, Euphrosyne et Thalie. Elles sont filles de Zeus et d’Eurynomé et personnifient à la fois la beauté, les arts et la fertilité.
Elles ont un air joyeux, comme ordinairement celui qui donne ou celui qui reçoit ; elles sont jeunes parce que le souvenir des bienfaits ne doit pas vieillir ; vierges, parce qu’ils sont sans tache, sans mélange, vénérables pour tout le monde. Ils ne sont à aucun degré un lien, une gêne ; aussi les robes qu’elles portent n’ont-elles pas de ceinture ; et elles sont transparentes parce que les bienfaits ne craignent pas les regards. » – Sénèque dans « De beneficiis »
Comme le décrit Ludovic Laugier dans le catalogue de l’exposition, la composition se développe latéralement, en jouant sur les pleins et les déliés, les effets de miroir, rythmés par l’inclinaison des têtes mais aussi par le balancement alterné des hanches et des épaules.
Ce motif était déjà connu et diffusé au cours de l’Antiquité et bien avant le tableau de Raphaël (photographie ci-dessus) conservé au château de Chantilly ; en témoigne le grand nombre d’exemplaires en ronde bosse d’époque romaine, conservés dans les plus grands musées du monde, ainsi que les reliefs ornant certains sarcophages.
« Les Trois Grâces » reprennent le canon du nu féminin classique créé par Praxitèle au IVe siècle avant J.-C. avec son « Aphrodite de Cnide », tout en l’allongeant et en privilégiant les effets de bidimensionnalité.
Cette version, issue de la collection Borghèse et conservée au Louvre, est aujourd’hui la plus célèbre… mais ce n’est pas la plus complète. En effet, les têtes que l’on voit ici ont été sculptées par Nicolas Cordier pour compléter le groupe en 1609.
Par contre, la version découverte à Rome au XVe siècle et exposée dans la bibliothèque de la cathédrale de Sienne (photographies ci-dessous), est plus complète. C’est elle qui faisait référence pendant la Renaissance et jusque dans le courant du XVIIe siècle.
« Les Trois Grâces » – Cathédrale de Sienne (Italie)« Les Trois Grâces » – Cathédrale de Sienne (Italie)
L’une d’entre elles est représentée de dos tandis que les deux autres nous font face parce que pour un bienfait, nous pouvons en espérer le double en retour. » – Maurus Servius Honoratus dans « Vergilii Aeneidem »
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
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« Figure de bourreau »
Andrea del Verrocchio (vers 1435-1488)
Collection particulière
En 1478, la corporation des marchands du change et de la laine de Florence commande à Verrocchio une « Décollation de saint Jean Baptiste » pour décorer l’un des côtés de l’autel conçu pour le Baptistère de la cathédrale de la ville.
Cette œuvre en terre cuite, vue dans l’exposition « Le Corps et l’Âme » au musée du Louvre, est une étude préparatoire, redécouverte à Londres dans les années 1980. Il s’agit d’un modello réalisé pour la figure du bourreau de la « Décollation de saint Jean Baptiste ».
Verrocchio « exécuta (…) des ouvrages en terre cuite, travail dans lequel il excellait, comme le prouvent ses modèles pour les reliefs de l’autel Saint-Jean » – Giorgio Vasari (1568)
Ce modello généralement attribuée à Andrea del Verrocchio. Selon Andrew Butterfield, cité par Marc Bormand dans le catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme », « le haut niveau d’expressivité de la chevelure et du visage, et l’animation et la tension de la pose et de la musculature indiquent fortement que cette œuvre est autographe et non une copie ».
Pour sculpter le relief en argent (photographie ci-dessous), Verrocchio réalise séparément chacune des figures, fixées ensuite sur le fond du panneau. Les figures ne sont pas des fontes mais des repoussés de feuilles d’argent.
Le « Bourreau » en terre cuite est très proche de sa version en argent. Le rendu des muscles est similaire, même s’il semble plus fluide dans le relief en argent, où le bourreau tient une épée et est vêtu d’une culotte.
« Nu masculin (pugiliste) » – Andrea del Verrocchio – Musée du Bargello (Florence)
De même que le « Nu masculin (pugiliste) » en bronze sculpté par le même Verrocchio (photographie ci-dessus), le bourreau reprend la posture de l’un des « Dioscures » de Monte Cavallo, modèle antique célèbre au XVe siècle (ci-dessous).
Un des « Dioscures » de Monte Cavallo – Place du Quirinal (Rome)
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Source :catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria
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Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.
Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre
Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.
« Marie Madeleine »
Guido Mazzoni (vers 1450-1518)
Musée d’art médiéval et moderne de Padoue
Présentée au Louvre dans le cadre de l’exposition « Le Corps et l’Âme », cette œuvre représentant Marie Madeleine est l’un des cinq fragments conservés de la « Déploration » exécutée pour l’église Sant’Antonio di Castello à Venise, dispersée et en partie détruite en 1810 par les troupes napoléoniennes.
Le groupe, daté de 1485, était composé de huit figures grandeur nature. Fortement endommagé au XIXe siècle, il a été restauré une première fois en 1907, puis en 2006-2008, permettant de replacer d’une manière plus cohérente des fragments de la chevelure de Marie Madeleine. Comme l’indique le catalogue de l’exposition, cette intervention a permis de mieux comprendre la technique de l’artiste, car il est apparu que les mèches avaient été modelées à part, puis ajoutées à la statue.
Marie Madeleine est vêtue d’une robe serrée par une ceinture sous la poitrine, les cheveux défaits mais retenus par un ruban. Un terrible cri de douleur déforme son visage et saisit le spectateur. Des larmes – seulement peintes, ou légèrement en relief – devaient marquer ses joues, selon le témoignage d’un voyageur qui décrit l’œuvre à la fin du XVe siècle.
C’est « comme si tu voyais les larmes d’une personne vivante pleurant devant toi, tant la manière dont ces larmes coulent sur les joues est semblable [à la réalité]. » – Jan Hasistejnsky, voyageur bohème en 1493
La figure de Marie Madeleine est celle qui exprime de la manière la plus exacerbée la douleur de la mort du Christ. Avec cette œuvre, Guido Mazzoni invite les fidèles à exprimer leur propre émotion face à la Passion du Christ.
Ô Madeleine ! Vous étiez folle d’amour, vous n’aviez plus votre cœur, car il était enseveli avec votre doux Maître, avec notre doux Sauveur ; mais vous avez pris le bon moyen pour trouver le doux Jésus ; vous persévérez et vous n’apaisez pas votre immense douleur. » – Sainte Catherine de Sienne (1380)
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Source :catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria
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Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre
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« Orphée »
Bertoldo di Giovanni (vers 1440-1491)
Musée national du Bargello (Florence)
Cette figurine de métal représentant Orphée est présentée au musée du Louvre dans le cadre de l’exposition (trop vite confinée) « Le Corps et l’Âme ». Elle est inachevée : seules les jambes et une partie du visage ont été polies.
Orphée, fils de la Muse, charmait par sa musique même les créatures qui n’avaient pas de langage humain : tous les mythographes et tous les peintres nous le racontent. Selon eux, un lion et un sanglier près d’Orphée l’écoutent, et aussi un cerf et un lièvre qui ne saute pas pour fuir le lion, et toutes les créatures sauvages pour qui le lion est un chasseur terrifiant se rassemblent maintenant en troupeau avec lui. » – Philostrate le Jeune (IIIe siècle)
Orphée était l’une des figures mythologiques de prédilection du duc de Florence Cosme Ier. Offert à ce dernier par l’un de ses camériers, ce bronze a ensuite rejoint la Galerie des Offices pour devenir l’une des attractions de la Tribune. Il est aujourd’hui exposé au musée du Bargello de Florence.
Nous savons de façon sure que Bertoldo di Giovanni a réalisé une sculpture représentant Orphée. En effet, en décembre 1471, l’artiste fut poursuivi devant le tribunal de la Mercatanzia de Florence par le marchand de laine Riccardo di Guglielmo, afin qu’il lui rembourse un prêt d’argent. Bertoldo avait déposé en gage « unam figuram Sancti Ieronimi et uno Orfeo di bronzo ».
Il est très probable – mais pas certain – que l’Orphée conservé au musée du Bargello de Florence soit bien le bronze cité lors du procès de 1471. Toutefois, il subsiste un vide documentaire de plusieurs dizaines d’années pour reconstituer le parcours de cette œuvre.
Orphée est représenté nu mais chaussé, une peau d’animal jetée sur ses épaules, tandis qu’il joue d’un instrument à cordes. La pose statique et la torsion du buste, contrebalancée par le mouvement des jambes, font de ce bronze un précédent au « Cupidon » du jeune Michel-Ange, également présenté dans l’exposition du Louvre (photographie ci-dessous).
Au XVIIIe siècle, la présence de l’instrument à cordes conduisit à identifier le petit bronze avec Apollon. Cependant, faute de raisons valables pour abandonner l’ancienne identité, cette sculpture demeure l’une des images d’Orphée les plus importantes de la Renaissance.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Source :catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria
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Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.
Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre
Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.