Dans cette web-série en quatre épisodes d’une vingtaine de minutes, nous découvrons les tableaux d’Eugène Delacroix (1798-1863) du musée du Louvre qui viennent de retrouver tout leur éclat.
« Femmes d’Alger dans leur appartement », « Les Scènes des Massacres de Scio », « La Mort de Sardanapale » et « La Liberté guidant le Peuple de Delacroix » ont été restaurés dans l’atelier du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).
Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre, et Côme Fabre, conservateur du patrimoine en charge des peintures françaises du 19e siècle, expliquent les enjeux de ces restaurations et présentent le résultat – spectaculaire – de chacune d’entre elles.
Delacroix s’est servi du sujet de cette œuvre comme d’un prétexte pour pouvoir peindre tout ce qu’il affectionnait : les corps, leur carnation, les textiles, l’orfèvrerie, les animaux, les surfaces.
Le coloris éclatant, l’absence de centre de la composition, la hardiesse du dessin et l’ambiguïté assumée de la représentation témoignent d’une audace inédite dans la peinture de cette époque.
Épisode 4 : « La Liberté guidant le Peuple de Delacroix »
Icône française devenue symbole universel de l’idée qu’elle incarne, « La Liberté guidant le peuple » est probablement le tableau le plus célèbre du Louvre après « La Joconde ».
Tous ces chefs-d’œuvre sont à découvrir ou redécouvrir dans la salle Mollien (salle 700), au premier étage de l’aile Denon du musée du Louvre.
« Femmes d’Alger dans leur appartement » (1834)
Eugène Delacroix (1798-1863) Musée du Louvre
Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre, et Côme Fabre, conservateur du patrimoine en charge des peintures françaises du 19e siècle, présentent ce chef-d’œuvre de Delacroix et les enjeux de sa restauration.
« Dans les Femmes d’Alger, le peintre ne veut exprimer aucune passion, mais simplement la vie paisible et contemplative dans un intérieur somptueux : il n’y aura donc pas de dominante, pas de couleur clef. Toutes les teintes chaudes et gaies s’équilibreront avec leurs complémentaires froides et tendres en une symphonie décorative, d’où se dégage à merveille l’impression d’un harem calme et délicieux. » – Paul Signac dans « D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme » (1911)
Peint par Eugène Delacroix (1798-1863) au retour de son voyage en Afrique du Nord, le tableau « Femmes d’Alger dans leur appartement » a été acquis par l’État dès sa création en 1834. Il est entré au musée du Louvre en 1874.
Si la couche picturale du tableau était restée en bon état, de nombreuses couches de vernis qui le recouvraient s’étaient oxydées. Cet écran épais provoquait un jaunissement, un assombrissement et un aplanissement optique de la composition : les blancs, pourtant très variés, étaient ramenés à la même teinte ocre, l’opacité des vernis réduisait l’illusion de profondeur de l’espace, tandis qu’on distinguait avec peine les objets évoqués à l’arrière-plan.
On perdait de vue la virtuosité coloriste qui avait fait du tableau un modèle pour la génération des peintres impressionnistes et néo-impressionnistes. Fantin-Latour l’a copié, Auguste Renoir l’a imité, Paul Signac l’a érigé en leçon « d’application de la méthode scientifique » du contraste simultané des couleurs.
La majeure partie des vernis altérés a donc été retirée ; l’aspect de certaines gerçures de matière a été atténué. Un nouveau vernis naturel a achevé de rendre la saturation et le contraste des couleurs.
La restauration des « Femmes d’Alger dans leur appartement » a été effectuée par Bénédicte Trémolières et Luc Hurter dans l’atelier du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) à Paris, d’avril à octobre 2021.
Les « Femmes d’Alger dans leur appartement » sont à découvrir ou redécouvrir dans la salle Mollien (salle 700), au premier étage de l’aile Denon du musée du Louvre.
Au XVIIe siècle, la Provence, à mi-chemin entre Paris et Rome, est forte de ses traditions, de sa culture, de son histoire et de sa langue comme des dévotions religieuses qui lui sont propres. C’est un vaste territoire dont Aix-en-Provence est la capitale politique avec le Parlement et la Cour des comptes, Marseille, la capitale économique avec son port, et Toulon, la capitale militaire avec l’arsenal.
Ce tissu économique et culturel permet d’offrir un cadre privilégié à des artistes de tous horizons. Le peintre Jean Daret (1614-1668) a ainsi réalisé des œuvres majeures encore conservées au sein des églises, collégiales, couvents, chapelles et cathédrales de Provence.
A l’occasion de l’exposition que le musée Granet consacre à cet artiste, un parcours « Hors les murs » permet au public de poursuivre sa visite dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dans ce reportage introduit par Pamela Grimaud, conservateur du patrimoine, Jane MacAvock, spécialiste de l’œuvre de Jean Daret, vous propose un parcours centré sur les œuvres de Daret dans les monuments de la ville d’Aix-en-Provence, notamment le spectaculaire escalier en trompe-l’œil de l’Hôtel de Châteaurenard.
Hôtel de Chateaurenard
Vous pouvez visiter l’escalier en trompe-l’œil de l’Hôtel de Châteaurenard. Adresse(à deux pas de la cathédrale) : Hôtel de Chateaurenard – 19, rue Gaston de Saporta – Aix-en-Provence
Si de nombreuses œuvres de Jean Daret sont visibles dans les musées français et étrangers (États-Unis, Russie) comme dans de nombreuses églises et cathédrales de Provence, et d’hôtels particuliers d’Aix-en-Provence (hôtels de Châteaurenard et Maurel de Pontevès), Jean Daret demeure peu connu du grand public.
L’exposition au musée Granet est donc l’occasion de montrer une centaine d’œuvres comprenant les productions les plus importantes de l’artiste, huiles sur toile, dessins et gravures, accompagnées d’œuvres des grands maîtres du siècle (Jacques Blanchard, Nicolas Mignard, Reynaud Levieux et Gilles Garcin).
La visite privée de l’exposition est disponible sur ma chaîne YouTube en cliquant ici.
Exposition « Jean Daret. Peintre du Roi en Provence »
15 juin – 29 septembre 2024 Musée Granet (Aix-en-Provence)
Exposition « Oudrymania : fables, chasses, combats »
8 juin – 6 octobre 2024
Cabinet d’arts graphiques du Château de Chantilly
Représentés à la chasse, en portrait ou au combat, les animaux de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) sont des références incontournables du règne animal en images. Parmi ses œuvres ayant le plus fortement pénétré notre imaginaire visuel, ses illustrations pour les fables de La Fontaine s’imposent comme un modèle d’efficacité graphique.
L’exposition du château de Chantilly éclaire la ferveur qu’Oudry n’a jamais cessé de connaître auprès des amateurs ainsi que la pénétration de ses compositions dans les arts décoratifs, l’édition ou les décors de résidences.
Pour cette visite, vous êtes accompagnés par Oriane Beaufils, conservatrice du patrimoine et directrice des collections de la Villa Ephrussi de Rothschild, et Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé du château de Chantilly.
« Tu ne seras jamais qu’un peintre de chiens » Nicolas de Largillière à Jean-Baptiste Oudry
Jean-Baptiste Oudry se forme auprès de son père, Jacques Oudry, lui-même peintre et marchand de tableau avant de rejoindre l’atelier de Nicolas de Largillière (1656-1746). Il débute comme portraitiste, est admis à l’Académie de Saint-Luc en 1708, puis reçu en 1719 comme peintre d’histoire à l’Académie royale de peinture.
Les illustrations des Fables de La Fontaine par Oudry sont copiées pour intégrer des panneaux de boiserie, des dessus-de-porte, voire des garnitures de fauteuil, et ainsi se diffusent largement dans le décor des grandes demeures. Les chasses qu’il peint sont aussi reprises pour l’ornementation de services et surtouts de table en porcelaine.
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi
Commissariat de l’exposition
Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé
avec la collaboration d’Oriane Beaufils, conservatrice du patrimoine, directrice des collections, villa et jardins Ephrussi de Rothschild
En écho à l’exposition de Chantilly, le Château de Fontainebleau propose, du 12 octobre 2024 au 27 janvier 2025, l’exposition « Peintre de courre, Jean-Baptiste Oudry et les Chasses royales de Louis XV ». Cette exposition valorisera des trésors méconnus de Fontainebleau : les cartons préparatoires au tissage de la tenture des Chasses de Louis XV, dont 4 cartons tout récemment restaurés. Pour la première fois depuis le XVIIIe siècle, ils seront présentés en regard des tapisseries.
Exposition « Oudrymania : fables, chasses, combats »
8 juin – 6 octobre 2024 Château de Chantilly
Cabinet d’arts graphiques
60500 Chantilly
L’exposition proposée cet été par le musée Granet d’Aix-en-Provence est l’occasion de montrer un ensemble exceptionnel d’une centaine d’œuvres comprenant les productions les plus importantes de Jean Daret, accompagnées d’œuvres des grands maîtres du siècle tant parisiens (Jacques Blanchard) que provençaux (Nicolas Mignard, Reynaud Levieux ou encore Gilles Garcin).
Pour cette visite privée, vous êtes accompagnés par Jane MacAvock, spécialiste de l’œuvre de Jean Daret, et Paméla Grimaud, conservateur du patrimoine, responsable du pôle recherche et conservation au musée Granet.
Le Blog scribeaccroupi.fr est partenaire de l’exposition.
Né à Bruxelles en 1614, Jean Daret se forme dans l’atelier d’Antoine van Opstal (1592-1653) dont on sait peu aujourd’hui. On observe néanmoins que l’artiste conserve de cet héritage flamand une attention particulière à la description réaliste des objets, l’une des constantes de sa manière.
La Provence est une terre féconde pour les artistes car les commandes y abondent. Les branches réformées des ordres religieux renouvellent le décor de leurs édifices, et la noblesse terrienne, mais aussi celle de robe, transforment le paysage urbain par la construction d’hôtels particuliers rivalisant de splendeurs, notamment à Aix-en-Provence sous l’impulsion de l’archevêque Michel Mazarin.
Installé dès 1636 à Aix-en-Provence où il trouve une clientèle, Jean Daret y fonde famille et y crée son principal réseau de sociabilité. Il participe largement à façonner l’image d’une ville creuset, située sur un axe nord-sud, grâce aux influences croisées de sa formation aux Pays-Bas espagnols et de sa connaissance de la peinture italienne.
Commissariat de l’exposition
Commissaire général : Bruno Ely, conservateur en chef, directeur du musée Granet.
Commissaire scientifique : Jane MacAvock, spécialiste de l’œuvre de Jean Daret.
Commissaire exécutif : Paméla Grimaud, conservateur du patrimoine, responsable du pôle recherche et conservation au musée Granet.
Commissaire associé : Pierrick Rodriguez, conservateur des Monuments Historiques à la DRAC CRMH.
Exposition André Charles Boulle
8 juin – 6 octobre 2024
Grands Appartements du château de Chantilly
À la fois artiste et artisan, André Charles Boulle (1642-1732) travailla pendant pour le compte des Bâtiments du roi et répondit avec son atelier aux commandes de la famille royale et de la haute noblesse. Il atteignit un degré de perfection technique dans l’art de la marqueterie de métaux et d’écaille. Les plus belles créations de cet artiste de génie sont réunies au château de Chantilly pour célébrer l’excellence du mobilier français.
Pour découvrir les plus belles créations de cet artiste de génie, vous êtes accompagnés par Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé au château de Chantilly et commissaire de l’exposition.
André Charles Boulle tient un rôle central dans l’évolution du mobilier français à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Avec la commode, le bureau plat constitue l’une de ses plus importantes créations à la fin du règne de Louis XIV. Parallèlement à la production de bureaux à six pieds et de bureaux à caissons latéraux sur huit pieds, Boulle invente en effet un nouveau modèle de bureau, à la ceinture munie d’une seule rangée de trois tiroirs, reposant sur quatre pieds.
Cette exposition s’appuie sur les analyses rigoureuses de nombre de pièces issues de l’atelier de Boulle. Ces études se sont attachées à déterminer des repères solides quant au bâti, aux décors de marqueterie et aux bronzes des meubles de Boulle, mais aussi aux liens établis entre les pièces et les documents ou les dessins et gravures de Boulle. Seuls les meubles fiables et à la provenance attestée font partie du projet.
Un demi-siècle après sa mort, Pier Paolo Pasolini est lu, cité, commenté, adapté et inspire les créateurs d’aujourd’hui. S’il aimait se définir avant tout comme écrivain, c’est à travers ses films qu’il a touché le grand public. C’est à son œuvre cinématographique, vue à travers le prisme de l’influence de l’art classique et contemporain sur l’esthétique de ses films, que s’intéresse cette exposition. Des extraits d’ « Accattone », « Théorème » et « Salò », parmi d’autres, sont ainsi mis en regard de tableaux de Pontormo, Giorgio Morandi ou Fernand Léger.
Pour découvrir l’exposition, vous êtes accompagnés par Guillaume de Sardes, écrivain-photographe, historien de l’art et commissaire de l’exposition du Nouveau Musée National de Monaco.
C’est à Bologne, où il est né le 5 mars 1922, que Pasolini fait ses études. Élève brillant, il entre à la faculté de Lettres avec un an d’avance. Entre 1941 et 1942, il assiste aux cours de l’historien de l’art Roberto Longhi qui influence de manière décisive son approche de la peinture. Près de trente ans plus tard, juste après la mort de Longhi, Pasolini rédige un texte dans lequel il le présente comme un « maître ».
Les études de Pasolini à Bologne éduquent son regard et influencent durablement son goût. C’est ce que démontre une juxtaposition libre d’extraits de ses films et des œuvres qui les ont inspirés. Pasolini se réapproprie celles-ci de trois manières : en les reproduisant sous forme de tableaux vivants (« La Déposition » de Pontormo dans « La Ricotta ») ; en les citant à travers une reprise de leur composition ou de certains détails frappants (« Le Jeune Bacchus malade » de Caravage dans « Accatone ») ; en les incluant dans les décors mêmes (« Pessimisme et optimisme » de Giacomo Balla dans « Salò »).
Si l’essentiel des œuvres ayant inspiré le réalisateur italien sont des tableaux et des fresques classiques, on note une exception : les peintures de Francis Bacon à la fois montrées et citées dans « Théorème ». L’exposition met ainsi en évidence l’intérêt ambivalent de Pasolini pour l’art de son temps. Comme le montre « Théorème », Pasolini a une approche critique de l’art contemporain. Tous les artistes ne sont cependant pas condamnés en bloc. Parmi ceux qui trouvent grâce à ses yeux, le plus inclassable est sans conteste son compatriote Fabio Mauri (1926-2009). Son amitié et sa collaboration avec Mauri donne lieu en 1975 à une performance, « Intellettuale », durant laquelle le film « L’Évangile selon Matthieu » est projeté sur le corps du cinéaste.
À des années de distance, l’œuvre de Pasolini apparaît dans toute son ampleur et sa diversité. Pasolini est-il un artiste-intellectuel ? Sans aucun doute si penser activement c’est « agir d’une façon inactuelle donc contre le temps, et par là même sur le temps, en faveur (je l’espère) d’un temps à venir », comme l’a écrit Nietzsche.
Commissariat de l’exposition
Commissariat : Guillaume de Sardes
Scénographe : Christophe Martin
[Web-série] Mobilier national
Épisode 2 : Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris
Le 15 avril 2019, l’incendie de Notre-Dame de Paris épargne un chef-d’œuvre de la Savonnerie : le tapis de chœur offert par Louis-Philippe en 1841, actuellement restauré par le Mobilier national. En collaboration avec la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, la partie haute du tapis est actuellement exposée avec les chefs-d’œuvre du décor intérieur de l’édifice dont une vingtaine de tableaux de grand format.
Emmanuel Pénicaut, directeur des collections du Mobilier National, Antonin Mace de Lépinay, inspecteur des collections du Mobilier national et Julienne Tsang, adjointe à la cheffe de l’atelier de restauration, sont interviewés par Nicolas Bousser, historien de l’art et directeur du web-magazine Coupe-File Art.
Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour cette nouvelle web-série consacrée au Mobilier national. Pour ce deuxième épisode, nous vous faisons découvrir l’exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris » ainsi que les coulisses de la restauration du tapis de chœur de la cathédrale.
La restauration des tableaux de Notre-Dame
Depuis l’incendie de 2019, près de 1.000 artisans travaillent au quotidien à la restauration de la cathédrale. Parmi eux, les restaurateurs de peintures redonnent vie et couleur aux grands « Mays », ces chefs-d’œuvre de peinture religieuse offerts entre 1630 et 1707 par la confrérie des orfèvres de la ville de Paris. Accrochés à l’origine côte à côte dans la nef de la cathédrale, ils formèrent une collection unique en France, dispersée à la Révolution, puis partiellement rassemblée et replacée dans l’édifice.
La restauration du tapis de chœur de Notre-Dame
Le Mobilier national a pour mission d’assurer la conservation et la restauration de collections uniques au monde, de perpétuer et de transmettre des savoir-faire exceptionnels. Haut lieu de patrimoine, l’institution est aussi un acteur majeur de la création contemporaine et de la promotion des arts décoratifs à la française.
Le tapis de chœur est restauré par le Mobilier national depuis juillet 2022. Nécessitant 8 à 10 personnes pour le déplacer, le tapis, long de 25 mètres, a été plusieurs fois déroulé pour des événements marquants. Il a notamment été installé en 1980 pour la venue du pape Jean-Paul II.
Exposition « Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris »
24 avril – 21 juillet 2024
Galerie des Gobelins (Paris) – Mobilier national
42 avenue des Gobelins
75013 Paris
Commissariat de l’exposition
Caroline Piel, inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques Emmanuel Pénicaut, directeur des collections du Mobilier national
assistés de Marie-Hélène Didier, conservatrice des Monuments historiques, DRAC Île-de-France Oriane Lavit, conservatrice du patrimoine, Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF)
Théodore Rousseau (1812-1867), qui a fait de la nature son motif principal, son monde et son refuge. Devenu chef de file de la colonie d’artistes qui fréquente le village de Barbizon et la forêt de Fontainebleau, il arpente la forêt, exécutant des esquisses sur le motif avant de réaliser ses œuvres définitives dans son atelier. L’engagement de Rousseau et d’autres artistes aboutira à la protection d’une partie de la forêt de Fontainebleau en 1853.
Pour vous accompagner dans l’exposition, suivez Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay et commissaire scientifique de l’exposition.
En 1834, Théodore Rousseau séjourne au col de la Faucille, dans le Jura, qui offre un point de vue unique sur le massif du Mont Blanc. Désireux de traduire sur la toile l’immensité qui l’environne, il délaisse la perspective traditionnelle et l’exactitude topographique. Sa toile représente un abîme plutôt qu’un panorama. Le tableau, dépourvu de toute présence humaine, met au premier plan le sentiment de l’artiste face au déchaînement des éléments.
À la fois romantique et réaliste, Rousseau brouille aussi les frontières entre peinture et dessin, entre esquisse et œuvre achevée. Il expérimente, ajoute de la matière, retouche inlassablement ses toiles, allant jusqu’à les surcharger pour faire sentir la vie des forêts.
« Naturaliste entraîné sans cesse vers l’idéal », comme l’écrit Baudelaire, il joua un rôle fondamental dans l’affirmation d’une nouvelle école française de paysage au milieu du XIXe siècle, ouvrant la voie à l’impressionnisme.
Même si la toile est restée à l’état d’ébauche, on distingue sur le tableau ci-dessus, presque au centre de la composition, un homme, en hauteur, nouant une corde sur le tronc du chêne principal. D’autres bûcherons, tout à gauche, tirent sur une autre corde pour abattre le chêne le plus éloigné. Au premier plan, un arbre gît en travers du passage. Le titre donné par l’artiste, « Le Massacre des Innocents », évoque le récit biblique du meurtre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem, sur l’ordre du roi Hérode. En comparant les chênes à ces innocents tués, Rousseau a pour objectif d’éveiller les consciences contre la destruction des environnements forestiers induite par l’industrialisation.
Commissariat de l’exposition
Commissariat général Annick Lemoine, conservatrice en chef du patrimoine directrice du Petit Palais Commissariat scientifique Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay
Exposition « Théodore Rousseau. La Voix de la forêt »
5 mars – 7 juillet 2024
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Dans cette biographie de Marie-Antoinette, Charles-Éloi Vial d’attache à distinguer la femme de son mythe, qu’il s’agisse des circonstances de son mariage en 1770, de son accession au trône, de sa formation intellectuelle ou de ses liens avec Fersen, de ses années d’insouciance à Versailles et au Petit Trianon à l’époque du déclin du système de cour, jusqu’à l’époque des tragédies, aussi bien personnelles que politiques.
Située au cœur du square Louis XVI à Paris, la Chapelle expiatoire est un chef-d’œuvre de l’architecture néoclassique. Elle s’élève à l’emplacement de l’ancien cimetière de la Madeleine. Sous la Révolution, ce lieu accueille les dépouilles de Louis XVI, de Marie-Antoinette ainsi que les corps d’environ 500 guillotinés de la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde).
« Après plus de deux siècles, Marie-Antoinette a fini par devenir ce beau « mensonge que personne ne conteste » et auquel tout le monde a envie de croire, une figure inaccessible, ancrée dans les imaginations et figée, comme l’aurait dit Proust en évoquant le jardin du Petit Trianon, « dans les souvenirs d’une époque historique, dans les œuvres d’art, dans un petit temple à l’amour au pied duquel s’amoncellent les feuilles palmées d’or ». Il y a des affabulations dont on ne revient pas, quels que soient les documents que l’on découvre et les recherches que l’on mène. Cet ouvrage tente modestement de faire connaître la dernière reine de France par une autre méthode, en étudiant sa vie en creux, à partir des seules sources d’époque crédibles : son entourage, sa domesticité, sa Maison, la société, la politique et le contexte intellectuel de son époque. » – Extrait du livre de Charles-Éloi Vial
L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire
Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.
« Les Mousquetaires du roi. Une troupe d’élite au cœur du pouvoir »
Julien Wilmart Éditions Tallandier
À la fois membres de la garde du roi, unité d’élite, police politique et école militaire pour la noblesse, les Mousquetaires du roi furent créés par Louis XIII en 1622, connurent leur âge d’or sous Louis XIV et ne furent définitivement supprimés qu’en 1815. Ils participèrent tant aux campagnes militaires qu’aux affaires personnelles du roi. Julien Wilmart analyse les hauts faits de ces hommes ayant appartenu à ce corps légendaire.
Riche et prestigieuse, l’histoire du château de Vincennes est intimement liée à celle du pouvoir royal français. Au XVIIe siècle, le donjon accueille des captifs de prestige parmi lesquels le Grand Condé, en 1650 et Nicolas Fouquet, le surintendant des Finances de Louis XIV, en 1661. Nicolas Fouquet y sera placé sous la surveillance d’un Mousquetaire rendu célèbre par Alexandre Dumas : D’Artagnan !
« À tous ceux qui se poseraient encore la question : oui, d’Artagnan et les Mousquetaires ont réellement existé. Les Mousquetaires du roi suscitaient à la fois crainte et admiration auprès de leurs contemporains et fascinent encore aujourd’hui aussi bien le jeune public que les adultes. Mais qui, au-delà du roman d’Alexandre Dumas et d’Auguste Maquet qui leur offrit une postérité légendaire, les connaît véritablement ? S’ils entrèrent dans la légende au début du XIXe siècle sous les traits d’hommes cristallisant les valeurs de l’esprit français, il n’en demeure pas moins que les vrais Mousquetaires du roi n’avaient rien à envier à leurs homologues littéraires. Couvrant près de deux siècles, leurs véritables aventures offrent l’opportunité d’appréhender l’histoire de France sous leur prisme. » – Extrait du livre de Julien Wilmart
L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire
Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
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Exposition « Mondes souterrains. 20 000 lieux sous la Terre »
27 mars – 22 juillet 2024 Musée du Louvre-Lens
Que se passe-t-il sous terre ? À quoi ressemblent ces mondes qui nourrissent nos imaginaires depuis la nuit des temps ? Tour à tour effrayants et inspirants, les mondes souterrains sont souvent le miroir de nos sociétés et de l’âme humaine. Dans un parcours de plus de 200 œuvres ouvert aux arts de toutes époques et civilisations, l’exposition invite à un fascinant voyage, de l’ombre vers la lumière.
Plongez dans les mondes souterrains en suivant Alexandre Estaquet-Legrand, conservateur du patrimoine, directeur du MUDO – Musée de l’Oise, Jean-Jacques Terrin, architecte, docteur en architecture, professeur émérite des écoles d’architecture et Gautier Verbeke, directeur de la médiation et du développement des publics, musée du Louvre.
Connaissant les chemins pour y pénétrer, la Sibylle accueille en son antre les visiteurs et les introduit au parcours de l’exposition. Ils explorent d’abord les profondeurs obscures de la terre, avant d’en découvrir ses richesses enfouies.
« La Divine Comédie » est un poème médiéval fantastique écrit par Dante Alighieri entre 1303 et 1321. L’auteur parcourt l’Enfer puis le Purgatoire – lieu où les âmes des défunts se purifient de leurs péchés avant d’accéder au paradis, dans la religion catholique. Il y croise dans les différents cercles tous les damnés de la mythologie, de l’histoire et de la littérature. Aux portes de l’enfer, il peut lire la célèbre inscription : « Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate » (« Laissez toute espérance, vous qui entrez »).
La figure du mineur, souvent érigée par les artistes et les commanditaires en héros contemporain du monde souterrain. Son allure athlétique, sa force morale, son courage, comparables à ceux des héros antiques, Hercule ou Énée, sont les marqueurs de cette imagerie, déployée à la fin du 19e et au début du XXe siècles.
Refuge du merveilleux, le règne souterrain, à l’instar des océans, du monde animal et végétal ou des astres, fournit ses trésors minéralogiques (mineralia) et archéologiques, collectionnés à l’époque moderne. Toutes ces richesses sont réunies dans des cabinets de curiosités, notamment à partir de la Renaissance.
Investir le monde souterrain pour y habiter, circuler ou travailler permet à l’humanité de concilier des exigences fonctionnelles aussi bien que protectrices, voire rituelles. Depuis l’Antiquité, des villes se lovent au-dessus comme au-dessous de la terre, à l’instar de Naples dont on dit que la ville souterraine est aussi importante que celle que l’on connaît à la surface. Ces villes en sous-sol ont inspiré des fantasmes urbains plus récents mais aussi de nombreuses utopies urbaines et réalisations architecturales.
Alexandre Estaquet-Legrand, conservateur du patrimoine, directeur du MUDO – Musée de l’Oise Jean-Jacques Terrin, architecte, docteur en architecture, professeur émérite des écoles d’architecture Gautier Verbeke, directeur de la médiation et du développement des publics, musée du Louvre
Exposition « Mondes souterrains. 20 000 lieux sous la Terre »
27 mars – 22 juillet 2024
Musée du Louvre-Lens
99 Rue Paul Bert
62300 Lens
« Le Grand Condé, un exil pour l’honneur »
Xavier Le Person Éditions Fayard
Louis II de Bourbon, prince du sang passé à la postérité sous le nom de Grand Condé, prit les armes contre l’autorité royale pendant la Fronde et se mit au service de Philippe IV d’Espagne. Il fut déclaré criminel de lèse-majesté, déchu de ses titres et privé de ses biens. Après plusieurs années d’exil, il négocia son rétablissement et le jeune Louis XIV lui pardonna en 1660.
À l’occasion de cet entretien, Xavier Le Person répond aux questions du Scribe dans cet entretien tourné près du Grand Canal du château de Versailles.
« Le Grand Condé fut un homme de guerre dont la réputation et le prestige dépassèrent les frontières. Le cardinal de Retz se plaisait à le rappeler : « Monsieur le Prince est né capitaine, ce qui n’est jamais arrivé qu’à lui, à César et à Spinola’. Il a égalé le premier; il a passé le second. L’intrépidité est l’un des moindres traits de son caractère. La nature lui avait fait l’esprit aussi grand que le cœur. La fortune, en le donnant à un siècle de guerre, a laissé au second toute son étendue?. » – Le cardinal de Retz à propos du Grand Condé
« Sans entrer dans des considérations héroïques, morales ou téléologiques, cet ouvrage traite essentiellement des fondements de la rupture politique du Grand Condé avec l’autorité royale, des modalités militaires de sa « retraite », des conditions de son retour en grâce et de son rétablissement. Ces questions n’avaient pas encore fait l’objet de travaux historiques approfondis. Au-delà des aspects relatifs à la vie du prince de Condé, de son parcours politique et militaire, ce livre s’intéresse aux comportements politiques de la noblesse au temps de la Fronde et sous le ministériat de Mazarin. Il s’attache à cerner et à comprendre les préoccupations des gentilshommes, leurs interactions, la manière dont ils se percevaient mutuellement.- Xavier Le Person
L’édition 2024 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire
Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.
Exposition « La Fontaine des Innocents. Histoires d’un chef-d’œuvre parisien »
24 avril – 25 août 2024 Musée Carnavalet – Histoire de Paris (Paris)
La fontaine des Innocents est un monument emblématique du quartier des Halles à Paris. Depuis la Renaissance, il n’a eu de cesse de se métamorphoser au rythme des mutations urbaines. Sa restauration, débutée en juillet 2023 et qui prendra fin en juin 2024, offre l’occasion exceptionnelle de découvrir dans des conditions privilégiées les reliefs sculptés par Jean Goujon, déposés du monument. Dans l’exposition du musée Carnavalet, les cinq nymphes dialoguent ainsi avec les trois reliefs conservés au musée du Louvre depuis le début du XIXe siècle.
Juliette Tanré-Szewczyk, conservatrice en chef, chargée du département des sculptures et du patrimoine architectural et urbain au musée Carnavalet-Histoire de Paris, et Sophie Picot-Bocquillon, chargée d’études documentaires, responsable du pôle documentaire de la COARC, vous invitent à découvrir l’histoire mouvementée de ce monument.
« C’est le sculpteur le plus habile qui ait paru en France : il avait obtenu le titre glorieux de Phidias français. Tout ce qui est sorti de son ciseau est admirable. Rien n’est plus beau que sa fontaine des SS. Innocens [sic] […]. Cet ouvrage est un de ceux qui honorent le plus l’école française ; il règne entre la sculpture et l’architecture dont le monument se compose, une harmonie qui charme la vue, et qui provoque d’aimables sensations. […] Les Grecs n’ont rien produit de plus parfait. » – Alexandre Lenoir, dans la publication du musée des Monuments français
Jean Goujon est l’un des sculpteurs majeurs de la Renaissance française, mais aussi l’un des plus méconnus. De nombreux éléments de sa biographie restent obscurs, comme les circonstances de sa naissance et de sa mort, ou les étapes de sa formation : a-t-il effectué un voyage en Italie ? Cela expliquerait sa connaissance des modèles antiques et sa culture classique.
La première commande parisienne que l’on peut attribuer avec certitude à Jean Goujon est celle du décor d’un jubé – une tribune séparant le chœur de la nef –, pour l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Le marché d’exécution des reliefs, daté de 1544, a en effet été conservé. Pierre Lescot en conçoit l’architecture et Goujon sculpte, côté nef, cinq reliefs offerts au regard des fidèles : au centre, une scène de Déploration, encadrée de part et d’autre de deux reliefs représentant les quatre évangélistes : Jean, Luc, Marc et Matthieu.
En 1548, la construction d’une fontaine débute à l’angle des rues Saint-Denis et aux Fers. Elle jouxte l’église des Saints-Innocents et le cimetière du même nom. Œuvre de Jean Goujon, peut-être associé à l’architecte Pierre Lescot, la nouvelle fontaine s’inscrit dans un programme d’aménagement urbain de la ville de Paris. Récemment achevée lors de l’entrée d’Henri II dans Paris, en 1549, elle se dresse sur le parcours du cortège royal allant de la porte Saint-Denis au palais de la Cité. Mais sa fonction première reste l’alimentation en eau du quartier des Halles. Son décor célèbre les divinités mythologiques et les créatures marines qui peuplent les sources abreuvant la capitale.
La fontaine est un édifice maçonné, élevé sur un haut soubassement qui abrite le réservoir. Elle s’organise alors autour de trois arcades et forme une loggia. Des reliefs horizontaux se répartissent sur le piédestal et au-dessus des arcades où ils sont couronnés de frontons triangulaires. Cinq figures verticales de nymphes occupent les espaces situés entre les ouvertures. L’eau s’écoule en minces filets depuis des robinets insérés dans des mufles de lions ornant le soubassement.
Avec ces figures élancées de nymphes, dans des positions variées et éloignées de toute réalité anatomique, Goujon livre un manifeste de la sculpture maniériste. L’écoulement de l’eau est évoqué par les plis des fins drapés mouillés qui adhèrent aux corps, rappelant la sculpture antique.
Si plusieurs générations de sculpteurs vont se nourrir de l’art de Jean Goujon, de David d’Angers à Maillol en passant par Carpeaux, une filiation se dessine également avec le peintre Jean Auguste Dominique Ingres, qui reprend la composition de l’une des nymphes de la fontaine pour « La Source », un de ses chefs-d’œuvre achevé en 1856. Cette œuvre devient à son tour source d’inspiration de nombreux artistes.
« Le grand secret pour bien sentir le bas-relief c’est de dessiner comme un peintre. Je ne doute nullement que Jean Goujon n’ait dessiné comme un peintre. » – Pierre-Jean David dans « Les carnets de David d’Angers »
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi
Commissariat de l’exposition
Commissariat général Valérie Guillaume, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Carnavalet-Histoire de Paris. Véronique Milande, conservatrice en chef du patrimoine, responsable de la Conservation des Œuvres d’Art Religieuses et Civiles de la Ville de Paris (COARC). Commissariat scientifique Emmanuelle Philippe, conservatrice en chef, en charge du patrimoine civil à la COARC. Sophie Picot-Bocquillon, chargée d’études documentaires, responsable du pôle documentaire de la COARC. Juliette Tanré-Szewczyk, conservatrice en chef, chargée du département des sculptures et du patrimoine architectural et urbain au musée Carnavalet-Histoire de Paris.
Exposition « La Fontaine des Innocents. Histoires d’un chef-d’œuvre parisien »
24 avril – 25 août 2024 Musée Carnavalet – Histoire de Paris
23 rue de Sévigné
75003 Paris