L'envie de venir au musée... et d'y revenir souvent !

[Visite privée] Exposition Louis Janmot au musée d’Orsay

Exposition « Louis Janmot. Le Poème de l’âme »
12 septembre 2023 – 7 janvier 2024
Musée d’Orsay

Commencé à Rome en 1835 et poursuivi jusqu’en 1881, « Le Poème de l’âme » est le grand œuvre de l’artiste lyonnais Louis Janmot (1814-1892), à la fois pictural et littéraire. Il illustre en 34 compositions accompagnées d’un long poème le parcours initiatique d’une âme sur la Terre.

Formé de deux cycles respectivement composés de peintures et de grands dessins, il fut qualifié par Henri Focillon, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon de 1913 à 1924, « d’ensemble le plus remarquable, le plus cohérent et le plus étrange du spiritualisme romantique ».

Le web-magazine Coupe-File Art et le Scribe s’associent pour vous faire découvrir cet artiste en compagnie de Servane Dargnies-de Vitry et Stéphane Paccoud, commissaires de l’exposition.

Détail de l’Autoportrait (1832) de Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

L’exposition permet de découvrir « Le Poème de l’âme » dans son intégralité. Si le premier cycle est habituellement exposé dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts de Lyon, le second, plus fragile, n’est que rarement montré.

Détail de « Le Poème de l’âme. Le Passage des âmes » (vers 1838-1845) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Louis Janmot est un artiste très singulier dans son temps, mais son œuvre fait écho à celle de plusieurs autres artistes tels que William Blake, Philipp Otto Runge ou Francisco de Goya avant lui, ses contemporains les Préraphaélites, ou encore, plus tard, les symbolistes, en particulier Odilon Redon qui a été en contact avec lui.

« Les Yeux clos » (1890) par Odilon Redon (1840-1916) – Musée d’Orsay

Le Poème de l’âme, première partie (1835-1854)

Détail de « Le Poème de l’âme. Génération divine » (vers 1844-1845) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

« À l’instant qu’a choisi la sagesse infinie,
Le néant vaincu cède et fait place à la vie :
De l’abime entr’ouvert, sombre et silencieux,
Une âme humaine monte à la clarté des cieux ;
Et le Dieu créateur, d’une ineffable ivresse,
À tressailli lui-même, et sur son cœur il presse
Comme un père l’enfant que son souffle a formé,
ET QUI S’EST SENTI VIVRE EN SE SENTANT AIMÉ. »
Extrait de « Génération divine » – Poème I de la Première série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)

Détail de « Le Poème de l’âme. Le Printemps » (vers 1850) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Les vingt années d’élaboration du premier cycle du Poème de l’âme auraient pu donner lieu à un ensemble stylistiquement très disparate. Il se dégage pourtant de cette série de dix-huit tableaux une grande cohérence visuelle. Les fonds évoquent des décors de théâtre devant lesquels les personnages se déplacent latéralement, comme sur une scène, renforçant de la sorte l’impression de continuité.

Détail de « Le Poème de l’âme. Sur la montagne » (1851) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon
« Le Poème de l’âme. Le Mauvais Sentier » (1850) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon
« Le Poème de l’âme. Cauchemar » (vers 1849-1850) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Le peintre-poète raconte ainsi le parcours initiatique d’une âme, sous les traits d’un jeune garçon vêtu de rose que l’on voit grandir et évoluer de tableau en tableau. Sa quête existentielle passe par la rencontre avec son âme sœur – une jeune fille vêtue de blanc – qui, comme lui, aspire au ciel, à la pureté et à l’harmonie.

« Le Poème de l’âme. Virginitas » (vers 1849-1852) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

On suit les étapes et les vicissitudes du parcours des deux personnages : naissance, petite enfance, éducation, amours naissantes et rêve d’idéal. L’apparente quiétude de cette première série, en contraste avec la seconde, est souvent contredite par des détails nichés dans les œuvres ainsi que par les poèmes en vers qui soulignent à chaque étape le caractère tragique du destin de l’âme.

Le Poème de l’âme, deuxième partie (1854-1879)

« Le Poème de l’âme. Solitude » (1861) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

« Des jours, des nuits, incessante harmonie,
Vents gémissants à travers les forêts,
Savez-vous donc nos douloureux secrets
Pour y mêler votre plainte infinie,
Pour savoir mesurer, quand le bonheur a fui,
Vos caresses d’hier à nos pleurs d’aujourd’hui ?
Seriez-vous donc pour nous, comme les chœurs antiques,
Des humaines douleurs l’écho compatissant ?
Mais non ! dans vos accents ou joyeux ou tragiques,
Rien ne révèle une âme et le cœur est absent. »
Extrait de « Solitude » – Poème I de la Deuxième série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)

Deuxième série du « Poème de l’âme » par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Pour le second cycle, Janmot abandonne la peinture pour le dessin. Le fusain est associé à des rehauts colorés, sur des feuilles de dimensions similaires à celles des tableaux. Il ne s’agit plus de cartons préparatoires, mais d’œuvres abouties qui sont en partie exposées aux Salons de 1861 et 1868.

« Le Poème de l’âme. Chute fatale » (vers 1872) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

L’atmosphère est plus sombre, ce que renforce le choix du médium. Marqué par la perte de la femme qu’il aimait, le jeune homme affronte le désespoir. Il cherche une issue dans les plaisirs, cède à la tentation et au doute mais ne trouve que la souffrance. Une fin à la fois heureuse et ambiguë marque l’aboutissement de ce parcours initiatique : il retrouve au ciel sa bien-aimée.

« Le Poème de l’âme. Les Générations du mal » (vers 1877-1879) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon
« Le Poème de l’âme. Les Générations du mal » (vers 1859-1861) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Le ton pessimiste fait écho aux épreuves que Janmot rencontre lui-même. La tonalité est également plus politique, en phase avec l’évolution conservatrice des milieux catholiques des années 1860-1870.

Deuxième série du « Poème de l’âme » par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

« Puisque tu crois en Dieu, crois à la liberté ;
Deviens digne d’aimer, de connaître et de suivre
Du bien, du vrai, du beau, l’immortelle clarté,
Pour laquelle ton âme est créée et doit vivre.
FIN »
Extrait de « Sursum corda ! » – Poème XVI de la Deuxième série de Louis Janmot, « L’Âme, poème, Trente-quatre tableaux et texte explicatif » (1881, Théolier & Cie, Saint-Étienne)

« Le Supplice de Mézence » (1865) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée d’Orsay

Cette exposition est organisée par l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie de Paris avec la collaboration scientifique et les prêts exceptionnels du musée des Beaux-Arts de Lyon.

Étude pour « Cauchemar » (1849) par Louis Janmot (1814-1892) – Collection particulière

Commissariat de l’exposition

Stéphane Paccoud, conservateur en chef chargé des peintures et sculptures du XIXe siècle au musée des Beaux-Arts de Lyon
Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peinture au musée d’Orsay

« La Vierge adorant l’hostie » (1854) par Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) – Musée d’Orsay

Sources utilisées pour cet article :

  • Texte : dossier de presse et site Internet du musée d’Orsay
  • Photographies : @scribeaccroupi
« L’Âme brisant les liens qui l’attachaient à la terre », esquisse de Pierre Paul Prud’hon (1758-1823) – Musée du Louvre

En savoir +

Consultez la page spéciale sur le site Internet du musée d’Orsay.

« Le Murmure de l’Ange » (vers 1857) par Benjamin Spence (1822-1866) – Musée d’Orsay

Exposition « Louis Janmot. Le Poème de l’âme »
12 septembre 2023 – 7 janvier 2024
Musée d’Orsay
1 Rue de la Légion d’Honneur
75007 Paris

Détail de « Le Poème de l’âme. L’idéal » (vers 1850-1854) par Louis Janmot (1814-1892) – Musée des Beaux-Arts de Lyon

[Visite privée] Journées européennes du Patrimoine 2023 à l’INHA

Journées européennes du Patrimoine
16 et 17 septembre 2023
Institut national d’histoire de l’art
Galerie Colbert et salle Labrouste

Les 16 et 17 septembre 2023, l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) ouvre exceptionnellement les portes de ses sites patrimoniaux, la salle Labrouste – sa bibliothèque – et la galerie Colbert – son centre de recherche, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.
Au cour du week-end, l’INHA propose de nombreux événements autour du thème Patrimoine vivant : mini-conférences, concours d’éloquence, présentation de documents rarement montrés, conférence ou encore ateliers pour les enfants et leurs familles.

En avant-première, découvrez dans ce reportage l’histoire de la Galerie Colbert et les trésors de la Bibliothèque de l’INHA avec Éric de Chassey, Directeur général de l’INHA, Carole Gascard, cheffe du service du Patrimoine, et Charlotte Duvette, cheffe du projet « Richelieu. Histoire du quartier ».

Deux sites patrimoniaux

C’est au cœur du Paris historique, à l’angle de la rue Vivienne, de la rue des Petits-Champs et de la rue de Richelieu, que se situent les deux ensembles qui composent l’INHA.

La galerie Colbert

Le cardinal Richelieu, en faisant construire en 1634 son Palais Cardinal (l’actuel Palais Royal), ouvre la voie à la construction des terrains alentours. L’hôtel Bautru, œuvre du tout jeune Louis Le Vau, est le premier édifice de ce nouveau quartier. Il devient en 1665 l’hôtel de l’Intendant des finances et surintendant des bâtiments du Roi, Jean-Baptiste Colbert, qui lui fait apporter quelques modifications. Au fil des années, l’hôtel change plusieurs fois de fonction : il abrite les écuries de Philippe d’Orléans, devient le bureau des Domaines puis, après la Révolution, la Caisse de la dette publique.

Au XIXe siècle, le quartier voit se développer les passages couverts, qui offrent aux piétons des chemins protégés, ouverts sur des vitrines. La galerie Vivienne voit le jour en 1825 ; la galerie Colbert, sa sœur jumelle, en 1827.

Rotonde de la galerie Colbert

En 1974, la galerie Colbert est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. La Bibliothèque nationale de France acquiert alors les bâtiments et engage des travaux afin de réhabiliter l’espace. Mais face à l’état de délabrement avancé de la galerie, elle est démolie et reconstruite à l’identique.

« Eurydice mourante » ou « Eurydice piquée par un serpent » par Charles-François Leboeuf dit Nanteuil (1792-1865) – Bronze, fondu en 1862 pour remplacer le marbre dans les jardins du Palais Royal – Dépôt du musée du Louvre

Le 11 avril 1996, suite au départ du département des imprimés de la BnF, il est décidé que la galerie Colbert sera affectée à l’INHA.

La salle Labrouste

La bibliothèque de l’INHA est une bibliothèque de recherche spécialisée en art et archéologie. Ses collections proviennent de la Bibliothèque d’art et d’archéologie, fondée vers 1910 par Jacques Doucet puis donnée à l’Université de Paris en 1918. En 2016, elles se sont enrichies de celles de la Bibliothèque centrale des musées nationaux, installée au sein du palais du Louvre et dont les origines remontent à 1791.

Avec ces deux collections réunies, la bibliothèque de l’INHA possède un fonds de plus d’1,7 million de documents, comprenant à la fois des fonds classiques d’imprimés et périodiques, ainsi que des collections patrimoniales.

Depuis le 15 décembre 2016, la bibliothèque accueille ses lecteurs sur le site Richelieu au sein de la salle Labrouste restaurée et des magasins attenants. Cette salle historique, créée par Henri Labrouste en 1860, a été entièrement rénovée. 150.000 livres et revues sont disponibles en libre accès, organisés en grands ensembles thématiques : artistes, topographie, archéologie, techniques, etc…

Les collections de l’INHA sont notamment constitués de . 800 manuscrits, dossiers et recueils de correspondances d’artistes, d’archéologues et de chercheurs, plus de 20.000 livres et volumes anciens, rares et précieux, plus de 30.000 dessins et estampes (Manet, Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Matisse…), plus de 45.000 lettres autographes d’artistes ou de critiques d’art, 96.000 cartons d’invitation aux expositions et 750.000 photographies, tirages à partir de plaques de verre, aristotypes et calotypes.

Les JEP 2023

Ces 40e Journées européennes du patrimoine ayant pour thème le « patrimoine vivant », l’INHA vous propose de mieux connaître les savoir-faire, métiers et professions qui permettent de perpétuer des connaissances nécessaires à la préservation du patrimoine et à son entretien. La Galerie Colbert et la salle Labrouste sont accessibles en visite libre ou accompagnée de médiation par des étudiantes et étudiants en archéologie, histoire de l’art et patrimoine.

Dans la Galerie Colbert, les visiteurs et visiteuses peuvent découvrir l’histoire méconnue de ce passage parisien. Pendant tout le week-end, un coin lecture est dédié aux enfants dans la bibliothèque Charlotte Delbo. Les doctorantes et doctorants des universités partenaires de la galerie Colbert présentent, sous une forme brève et vivante, leur sujet de thèse et les méthodes qu’ils utilisent au quotidien pour leurs recherches. Dimanche est organisé le concours « Mon master en histoire de l’art en 180 secondes » au cour duquel de jeunes chercheurs et chercheuses exposent leurs travaux devant un jury.

Anonyme, [Modèles d’émaux cloisonnés pour la maison Barbedienne], graphite, gouache, plume et encre, rehauts d’or sur papier, [v. 1876-1897]. Ms 499, f. 144-145 et f. volant – Bibliothèque de l’INHA
Dans la salle Labrouste, le public peut admirer cette salle de lecture spectaculaire et le pneumatique installé en 1932 dans le magasin central. Au centre de la bibliothèque, plusieurs documents rares sont présentés, illustrant différentes pratiques de création : Quelles sont les indications dont dispose un joaillier pour son travail ? Comment réfléchit un peintre à ses tableaux à venir ? Quelles sont les mains qui permettent de passer du dessin à la gravure imprimée ?

Maud Hunt Squire, Terrasse de café, pointe sèche en couleur, et quatre pochoirs ayant servi à la mise en couleur, 1912. EM SQUIRE 6 et 6b (1-4) – Bibliothèque de l’INHA

Sources utilisées pour cet article :

  • Texte : site Internet de l’INHA
  • Photographies : @scribeaccroupi
Henri Regnault, notes et croquis pour un tableau « Une vengeance », graphite sur papier, [v. 1867-1871]. Fonds Georges Clairin, Archives 171/2/2/4 – Bibliothèque de l’INHA

En savoir +

Consultez le site Internet de l’INHA.

Journées européennes du Patrimoine
16 et 17 septembre 2023
Institut national d’histoire de l’art
Galerie Colbert : 6 rue des Petits Champs
Salle Labrouste : 5 rue Vivienne
75002 Paris

[Web-série] La Belgique au musée Napoléon Ier du château de Fontainebleau

Des notes belges sur le clavier européen du musée Napoléon Ier du château de Fontainebleau

Implanté en 1986 dans le château de Fontainebleau, anciennement palais impérial, le musée Napoléon Ier réalise depuis une décennie des acquisitions permettant d’évoquer la dimension européenne de la période napoléonienne.

En écho à l’édition 2023 du Festival de l’histoire de l’art, organisé par l’INHA, dont le pays invité était la Belgique, Christophe Beyeler, conservateur général du patrimoine, chargé du musée Napoléon Ier, vous propose un parcours inédit et présente plusieurs œuvres en lien avec les départements belges incorporés à la France de 1795 à 1814.

Cette présentation au sein du musée Napoléon Ier d’œuvres exécutées par des artistes belges permet de rendre compte des acquisitions réalisées ces dernières années par Fontainebleau en vue du redéploiement des collections du musée Napoléon Ier à l’horizon du 2 décembre 2028. Elle permet d’appréhender la vitalité de la vie artistique belge et de montrer la variété des langages, employés aussi bien au service de l’Empereur qu’à charge contre lui.

« Buste de Napoléon en imperator romain » (1808) par François-Joseph Janssens – Musée Napoléon Ier (Fontainebleau)

Ce buste a été réalisé par le sculpteur bruxellois François-Joseph Janssens (1744-1816). Le modèle, assimilé à Hercule, porte une cuirasse à l’antique où abondent les références aux exploits et travaux du demi-dieu : les deux serpents qu’il étouffa dans son berceau, et le lion de Némée dont il s’empara de la dépouille, ici résumée par un mufle frontal.

« L’empereur et l’impératrice visitent la fonderie impériale de canons de Liège le 9 novembre 1811 » par un dessinateur belge (?) – Musée Napoléon Ier (Fontainebleau)

De retour d’un voyage en Hollande « réunie » en 1810 à l’Empire français et de passage à Liège, préfecture du département français de l’Ourthe, le couple impérial visita une institution de l’Etat fabriquant des bouches à feu. La scène ci-dessus est truffée de références ambiguës. L’Empereur est représenté à l’aplomb d’une sorte de grue menaçante qui tient de la machine de théâtre. L’impératrice est chapeautée et vêtue – « attifée » serait plus exact – comme une actrice.

« Buste du Roi de Rome en hermès » (vers 1811-1812) par Henri-Joseph Ruxthiel – Musée Napoléon Ier (Fontainebleau)

Né à Lierneux en Haute-Ardenne, Henri-Joseph Ruxthiel (1775-1837), sujet français du Grand Empire englobant les départements belges « réunis « , remporta le premier prix de Rome en sculpture en 1809. Tôt rentré de Rome en 1811, il fut chargé de représenter l’héritier de l’Empire, né le 20 mars 1811. L’artiste saisit les traits du roi de Rome coupé en hermès à l’antique.

« Allégorie de la France présentant le roi de Rome à la Ville de Rome, en présence de Minerve, de Clio et de la Ville de Gand » (1812) par Pierre van Hanselaere – Musée Napoléon Ier (Fontainebleau)

La naissance le 20 mars 1811 d’un héritier titré « roi de Rome » fut célébrée dans tout l’Empire avec un enthousiasme entretenu, voire suscité, par les autorités officielles, ainsi à Gand, préfecture du département français de l’Escaut.
Dans ce tableau de Pierre van Hanselaere (1786-1862), l’iconographie officielle abonde en références classiques : le Tibre au milieu des roseaux et la louve romaine nourrissant Romulus et Remus ; la Renommé sonnant de la trompette ; la Ville de Rome agenouillée, promue « seconde capitale de l’Empire » ; la déesse Minerve debout, portant au cou la tête tranchée de Méduse ; enfin  la déesse Junon accompagnée de son paon. La France est reconnaissable à son manteau fourré d’hermine mettant en valeur l’héritier.

Détail de « Déjeuner d’Anglais à l’auberge de la Belle-Alliance, ornée de trophées français ramassés sur le champ de la bataille de Waterloo du 18 juin 1815 » (1816) par Joannes-Josephus Vervloet – Musée Napoléon Ier (Fontainebleau)
« Buste de l’impératrice Marie-Louise à l’antique » (1810) d’après un modèle de François-Joseph Bosio – Dépôt du département des Sculptures du Musée du Louvre au Musée Napoléon Ier (Fontainebleau)

Sources utilisées pour cet article :

En savoir +

Visitez le site Internet du musée Napoléon Ier de Fontainebleau.

Musée Napoléon Ier
Château de Fontainebleau
Place du Général de Gaulle
77300 Fontainebleau

[Visite privée] Peinture napolitaine du XVIIe siècle au musée Granet

Le seicento napolitain dans les collections du musée Granet

Dans deux salles qui font suite à celles consacrées à la collection de peintures napolitaines de Giuseppe De Vito (1924-2015), le musée Granet propose de découvrir la peinture napolitaine du XVIIe siècle de ses propres collections.

Pour cette visite, suivez Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet et commissaire scientifique de l’exposition « Naples ou passion » et Bruno Ely, directeur du musée Granet.

« Judith se préparant à trancher la tête d’Holopherne » (vers 1645-1650) par Giovanni Battista Spinelli (1607 ? 1613 ? – 1657) – Musée Granet (Aix-en-Provence)
« Saint Paul ermite en prière » attribué à Massimo Stanzione – Musée Granet (Aix-en-Provence)

Des primitifs italiens et flamands au baroque, en passant par la Renaissance et le classicisme, la collection de peintures anciennes du musée Granet illustre la variété de la production artistique européenne. Le fonds napolitain comprend une trentaine d’oeuvres, la plupart du Seicento, entrées par libéralités. Ainsi, grâce à la donation du magistrat Jean-Baptiste Bourguignon de Fabregoules en 1860, de peintures des écoles françaises, nordiques et italiennes ont rejoint le musée. C’est notamment le cas pour le « Saint Paul ermite en prière » attribué à Massimo Stanzione et la « Sainte Madeleine pénitente » de Mattia Preti.

« Sainte Marie Madeleine » (vers 1660) par Mattia Preti, dit il Cavaliere Calabrese (1613-1699) – Musée Granet (Aix-en-Provence)
« Le Martyre de Sainte Catherine » – Copie d’atelier de l’œuvre Mattia Preti (1613-1699) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

Une autre oeuvre de Mattia Preti, « Le Martyre de Sainte Catherine », provient de l’Église de Malte attenante au musée, ordre pour lequel cette copie d’atelier a été réalisée.

« Nature morte aux poissons, melon coupé et plat de figues blanches » (seconde moitié du 17e siècle) attribué à Elena Recco (vers 1654-vers 1715) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

Le noyau de natures mortes autour des œuvres réalisées par les Recco est issu, quant à lui, de la collection personnelle de François-Marius Granet, légué avec son fonds d’atelier à la Ville d’Aix.

« Les noces de Rachel et Jacob » (vers 1640) par le Maître de l’Annonce aux bergers (actif à Naples entre 1625 et 1650) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

D’importants dépôts de l’État enrichissent cet ensemble, avec notamment « Les noces de Rachel et Jacob » par le Maître de l’Annonce aux bergers, qui avait été l’un des chefs-d’oeuvre de la collection de Jean-Baptiste Boyer d’Éguilles (1645-1709), conseiller au parlement de Provence.

Détail de « Vénus et Adonis » (vers 1645) par Onofrio Palumbo (1606-1656) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

À l’occasion de l’exposition de la collection De Vito, le fonds napolitain du musée Granet est ainsi mis en lumière de manière inédite.

« La Mort de saint Joseph » (vers 1650) par Andrea Vaccaro (1604-1670) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

L’exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito » est présentée au musée Granet du 15 juillet au 29 octobre 2023. Les salles consacrées à la peinture napolitaine dans les collections permanentes du musée Granet resteront ainsi configurées jusqu’à l’été 2024.

« Tobie ensevelissant les morts » (vers 1640) – Copie d’atelier d’une œuvre d’Andrea de Leone (1610-1685) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

Sources utilisées pour cet article :

  • Texte : site Internet du musée Granet
  • Photographies : @scribeaccroupi
« Un ange adorant le Christ mort » (vers 1640-1645) par Andrea di Leone (1610-1685) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

En savoir +

Consultez le site Internet du musée Granet.

« Allégorie du rire » (vers 1650 ?) attribué à Salvator Rosa (1615-1673) – Musée Granet (Aix-en-Provence)

[Exposition] « Degas en noir et blanc » à la BnF

Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies »
31 mai – 3 septembre 2023
BnF – site Richelieu (Paris)

L’exposition propose de (re)découvrir l’œuvre d’Edgar Degas à travers son intérêt constant pour le noir et blanc, qu’il exprime par le dessin, la peinture, l’estampe et la photographie. Grâce à la réunion de 160 pièces, issues de la collection de la BnF et de prêts français et étrangers, le parcours dévoile les expérimentations de Degas à travers les motifs récurrents qui nourrissent ses recherches.

« Profil perdu à la boucle d’oreille » (1876-1877) par Edgar Degas – The Metropolitan Museum of Art (New-York)

« Si j’avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc. » – Edgar Degas

Quand Claude Monet et Auguste Renoir sont avant tout peintres, Degas, comme le reconnaît Camille Pissarro, « va de l’avant sans cesse », porté par une insatiable curiosité technique et poussé par la « haute idée, non pas de ce qu’on fait mais de ce qu’on pourra faire un jour ».

« Autoportrait, étude pour le Portrait de l’artiste avec Évariste de Valernes » (vers 1865) par Edgar Degas – Musée d’Orsay, don de la société des Amis du Louvre

L’apprentissage du noir et blanc (1856-1868)

En 1853, à 19 ans, le jeune Degas obtient l’autorisation de copier au musée du Louvre et est inscrit comme lecteur au cabinet des Estampes de la Bibliothèque impériale. Son intérêt pour l’estampe, qu’il découvre en 1856, se nourrit alors de son étude des maîtres anciens.

« Jeune homme assis et réfléchissant » (1637) par Rembrandt (1606-1669) – BnF

Dans le sillage de Rembrandt, Delacroix et des maîtres anciens, dont il copie les gravures, et dans le contexte du renouveau de l’eau-forte originale, Degas s’attache à explorer cette technique. Il s’initie à l’eau-forte auprès du prince roumain Grégoire Soutzo, artiste amateur, ami de son père, et auprès du graveur de reproduction Joseph Tourny, qu’il fréquente à Paris puis à Rome. Il s’approprie cette technique en explorant les possibilités offertes par la succession des états issus d’une même matrice et les variations d’encrages d’un tirage à l’autre, pour peu que le graveur imprime lui-même ses épreuves ainsi que le faisait Rembrandt.

« Autoportrait » (1857) d’Edgar Degas – Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art

Sous l’influence du maître ancien, Degas se livre, à Rome, à l’exercice de l’autoportrait alors qu’il est âgé de vingt-trois ans.

« Édouard Manet assis, tourné à gauche » (vers 1868) par Edgar Degas – Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art

L’intérêt pour la peinture espagnole et pour l’eau-forte a été le terreau fertile d’une amitié teintée de rivalité entre Degas et Edouard Manet. Nouée à la fin des années 1860, cette amitié se concrétise par une série de portraits qui vient clore la première période de l’activité de graveur de Degas.

« Copies d’œuvres vues en Italie (Van Dyck et Bellini) et étude pour Portrait de famille dit La Famille Bellelli » (août 1858- juin 1859) par Edgar Degas – BnF

Les carnets

En 1920, René de Gas, frère de l’artiste, offre 29 carnets de dessins au cabinet des Estampes de la BnF.

« Scène de bal public » – Carnet n°1 (1859-1864) d’Edgar Degas – BnF
« Cavaliers au bord d’un lac » – Carnet n°1 (1859 -1864) d’Edgar Degas – BnF

Le Carnet n°1 est utilisé par Degas dans toutes sortes de circonstances, entre 1859 et 1864. Au Salon, il y copie des tableaux ; chez son ami Paul Valpinçon, il dessine au lavis et à la gouache les paysages qu’il traverse ; il y trace les dessins préparatoires de compositions ambitieuses, comme « La Fille de Jephté ».

« Études pour La Fille de Jephté » – Carnet n°1 (1859 -1864) d’Edgar Degas – BnF

Les années de passion dévorante pour l’estampe (1875-1880)

Après une interruption d’une dizaine d’années, Degas reprend la pointe en 1875, puis se livre à la pratique du monotype, autrement dit à l’art de dessiner à l’encre sur une plaque pour en tirer une épreuve unique.

« Mary Cassatt au Louvre. Les peintures » (1879 -1880) par Edgar Degas – BnF

Grâce à la presse dont il dispose, Degas se lance dans des recherches expérimentales qui l’amènent à combiner les procédés entre eux. Peu intéressé par le tirage en nombre d’épreuves identiques, il s’attache à singulariser chaque épreuve imprimée par ses soins.

« Mary Cassatt au Louvre. Les peintures » (1879 -1880) par Edgar Degas – BnF

En 1879, cette passion pour l’estampe le conduit à envisager la création d’une revue composée de gravures originales : « Le Jour et la Nuit ».

« Cette prédilection pour l’ombre fait partie intégrante d’une personnalité qui refuse l’étalage de l’intime. Il porte en lui une part enfouie, indicible. Le noir et blanc n’est pas seulement une question technique, c’est l’affaire de toute une vie. » – Henri Loyrette

Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies » – BnF

Nus de femmes à leur toilette

Degas a inlassablement décliné le motif des femmes au bain, variant les supports, les techniques et les formats.

Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies » – BnF

En 1891, alors qu’il aborde la lithographie, Degas entreprend une série, selon ses mots, de « nus de femmes à leur toilette » qui forme un ensemble spectaculaire de variations. Il multiplie les représentations de scènes de toilette, sortie de bain, femme s’essuyant, se coiffant, s’habillant.

« Après le bain (grande planche) » (1891-1892) par Edgar Degas – Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art

Degas explore diverses méthodes de transfert sur la pierre lithographique, qu’il retravaille ensuite, par ajout ou par abrasion. La difficulté technique et ses problèmes oculaires mettent un terme à ces essais. L’année suivante, il écrit à sa sœur : « Il me faudrait une presse chez moi, un ouvrier retors pour préparer et même dépréparer les pierres, et pas mal d’argent devant moi pour ne pas être arraché de la suite des essais. Ça finira bien par arriver, mais il commence à se faire tard dans ma cervelle et dans mes yeux… »

« Femme nue debout à sa toilette » (1891-1892) par Edgar Degas – Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (à gauche) et BnF (à droite)

« Degas a le goût de l’aléatoire, de l’improbable, il est toujours en attente de ce qui va arriver. Il disait ainsi qu’on ne doit pas être fier de ce que l’on fait, mais de ce que l’on pourra faire un jour. Et dans l’estampe comme dans la photographie, il y a cette part d’inconnu ; on grave ou on prend un cliché et quelque chose se « révèle » qui surprend merveilleusement. » – Henri Loyrette

« La Cheminée » (vers 1880-1885) par Edgar Degas – The Metropolitan Museum of Art (New-York)

1895, année photographique

Dans les années 1890, alors que ses huiles et pastels se font « orgies de couleurs » selon l’expression de Degas lui-même, le noir et blanc connaît un surprenant regain dans son œuvre.

« Autoportrait avec sa gouvernante, Zoé Closier (23, rue Ballu) » (1895) par Edgar Degas – BnF

« Le soir je digère et je photographie au crépuscule. » – Edgar Degas

La photographie fut la « passion terrible » de Degas. En 1895, il prend une soixantaine de photographies, réalisées pour l’essentiel le soir, à la lumière artificielle, chez lui ou dans les salons de ses amis.
En décembre 1895, il organise une brève exposition chez son marchand de couleurs, avec une vingtaine de tirages évoquant les soirées amicales à l’occasion desquelles Degas réalise des portraits à la lumière électrique.

La collection d’estampes de Degas

Dans les années 1890, Degas, soucieux du sort de son œuvre resté pour l’essentiel dans l’atelier, envisage la création d’un musée où il y serait entouré de ses aînés et contemporains. À cette fn, il réunit une collection considérable où, à côté des peintures et dessins, il accorde une place importante aux estampes : après sa mort, plus de 3 800 d’entre elles sont dispersées en vente publique.

À gauche : « Danseuses s’exerçant au foyer de l’Opéra » (vers 1890) par Edgar Degas – BnF

Commissariat de l’exposition

Henri Loyrette, président- directeur honoraire du musée du Louvre, commissaire général
Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie de la BnF
Valérie Sueur-Hermel, conservatrice responsable des estampes du XIXe siècle à la BnF
Flora Triebel, conservatrice responsable de la photographie du XIXe siècle à la BnF

« Répétition de ballet sur la scène » (1874) par Edgar Degas – Musée d’Orsay

Sources utilisées pour cet article :

  • Texte et citations : dossier de presse
  • Photographies : @scribeaccroupi
« Mary Cassatt au Louvre. Musée des Antiques » (1879 -1880) par Edgar Degas – Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art

En savoir +

Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet de la BnF.

Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies »
31 mai – 3 septembre 2023
BnF – site Richelieu
Galerie Mansart – Galerie Pigott
5 rue Vivienne
75002 Paris

[Visite privée] Exposition « Regarder l’histoire en face » au musée Condé

Exposition « Regarder l’histoire en face. L’Italie du XIXe siècle au musée Condé »
3 juin – 1er octobre 2023
Château de Chantilly
Cabinet d’arts graphiques

En écho à l’exposition « Ingres. L’artiste et ses princes », le musée Condé présente, dans son Cabinet d’arts graphiques, un pan largement inédit de ses collections autour de la thématique du voyage en Italie au XIXe siècle.
À l’âge de la révolution industrielle des transports, les artistes, poètes ou écrivains qui traversent les Alpes réinventent ce qui était qualifié de Grand Tour au siècle précédent. L’essor des guides touristiques et des publications d’histoire ou d’histoire de l’art démocratisent le savoir et instruisent le regard des voyageurs, que l’actualité politique d’une Italie en plein Risorgimento intéresse autant que son glorieux passé.
Du passé le plus reculé à l’actualité la plus brûlante, le voyage en Italie au XIXe siècle invite à « regarder l’histoire en face », ainsi que le formule Stendhal dans ses « Promenades dans Rome » en 1829.

Pour cette visite privée, suivez Baptiste Roelly, tout nouveau conservateur du patrimoine du musée Condé de Chantilly.

« Zeuxis choisissant un modèle pour Hélène » (1859) par Victor Louis Mottez (1809-1897) – Musée Condé (Chantilly)

Le musée Condé conserve notamment une suite inédite de dessins de Bartolomeo Pinelli, un artiste principalement actif à Rome qui réalise nombre d’images pittoresques du peuple italien, de ses costumes traditionnels ou de ses moeurs.

« Deux Contadine de Frascati, l’une allaitant un enfant » par Bartolomeo Pinelli (1781-1835) – Musée Condé (Chantilly)
« Le lendemain du tremblement de terre » (1828-1831) par Louis Léopold Robert (1794-1835) – Musée Condé (Chantilly)
« La confidence » (1830) par Louis Léopold Robert (1794-1835) – Musée Condé (Chantilly)

De même, le musée conserve deux œuvres majeures du célèbre peintre suisse Léopold Robert (image ci-dessus), qui installe les scènes italianisantes au cœur du goût artistique de l’aristocratie européenne et en expose nombre d’exemples au Salon à Paris.

« Reconstitution de monument antique » (1831) par Félix Duban (1797-1870) – Musée Condé (Chantilly)
Détail de « Coupe de l’arc de triomphe de Titus au forum de Rome avec le bas-relief des trophées du temple de Jérusalem » (1848) par Alfred Nicolas Normand (1822-1909) – Musée Condé (Chantilly)
Détail de « Restauration de la façade sur jardin de la villa Médicis » (1886) par Gaston Redon (1853-1921) – Collection de Caen de l’Académie des Beaux-Arts

Les relations institutionnelles du musée Condé avec l’Institut de France apparaissent par le biais de la présentation d’une suite de dessins de très grands formats réalisés par les pensionnaires de la Villa Médicis dans le cadre de leur pension à Rome pour être envoyés à l’École des Beaux-Arts.

Détail de « Relevé du plafond à caissons de l’église Santa Maria in Aracoeli à Rome » (1875) par Louis Bernier (1845-1919) – Musée Condé (Chantilly)
« Sarcophage au quart, tombe de Mastino Il della Scala à l’église Santa Maria Antica de Véro » (1883) par Charles Girault (1851-1932) – Collection de Caen de l’Académie des Beaux-Arts

Il s’agissait pour ces jeunes artistes en formation de copier les monuments antiques ou renaissants étudiés en Italie et d’en faire parvenir des relevés exacts à Paris, où ces œuvres permettaient d’évaluer les progrès accomplis par les pensionnaires durant leurs années à Rome

« Amants dansant pour célébrer les vendanges d’antan » (1811-1812) par Bartolomeo Pinelli (1781-1835) – Musée Condé (Chantilly)

En présentant à la fois des peintures, des dessins, des gravures et des photographies, cette exposition restitue la multiplicité des stimuli reçus par les voyageurs qui traversent les Alpes au XIXe siècle.

« Réduction de la Mal’aria » (avant 1850) par Ernest Hébert – Musée Condé (Chantilly)
« Le marchand de reliques » (1821) par Hortense Haudebourt-Lescot (1784-1845) – Collection particulière (Bordeaux)

Commissariat de l’exposition

Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé
Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale honoraire du patrimoine, conseillère scientifique pour les arts graphiques au musée Condé

« Portrait d’une Italienne » (1837) par Charles-Octave Blanchard – Collection particulière (Paris)

En savoir +

Consultez le site Internet du château de Chantilly.

Exposition « Regarder l’histoire en face. L’Italie du XIXe siècle au musée Condé » – Cabinet d’arts graphiques du château de Chantilly

Exposition « Regarder l’histoire en face. L’Italie du XIXe siècle au musée Condé »
3 juin – 1er octobre 2023
Château de Chantilly
Cabinet d’arts graphiques
60500 Chantilly

Détail de « Le Tibre, Saint-Pierre et le Vatican » (vers 1862-1863) par Auguste Paul Charles Anastasi (1820-1889) – Musée Condé (Chantilly)

[Visite privée] Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito » au musée Granet

Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito »
15 juillet – 29 octobre 2023
Musée Granet (Aix-en-Provence)

Si Naples est à Paris avec les chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte au Louvre, Naples est aussi à Aix-en-Provence cet été ! Le musée Granet propose de découvrir un ensemble de peintures napolitaines du XVIIe parmi les plus prestigieux au monde : la collection De Vito. Fidèle à sa tradition de présenter des collections privées prestigieuses – et souvent inconnues du grand public -, le musée aixois poursuit son cycle d’expositions consacrées à l’Italie.

Cette exposition permet de (re)découvrir l’effervescence artistique qui se fait jour à Naples au XVIIe siècle à la suite du Caravage et sous diverses influences qui ont imprégné durablement la façon de peindre de nombreux artistes présents dans l’exposition, entre naturalisme, classicisme et baroque. C’est également l’occasion d’aller à la rencontre d’un homme passionné : Giuseppe De Vito (1924-2015), collectionneur et historien de l’art.

Pour cette découverte de l’exposition « Naples pour passion », nous sommes accompagnés par Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet et commissaire scientifique de l’exposition.

Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito » – Musée Granet

Giuseppe De Vito a débuté sa collection à la fin des années 1960. Elle se compose aujourd’hui de 64 peintures dont 40 sont présentées dans l’exposition. Proche de nombreux historiens de l’art, De Vito a participé à l’organisation de plusieurs expositions et mis à disposition des œuvres de sa collection par des prêts tant en Italie qu’à l’étranger.

Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito » – Musée Granet
« Saint Antoine abbé » (1638) par Jusepe de Ribera (1591-1652) – Collection De Vito

Installé dès 1616 à Naples, Jusepe de Ribera (1591-1652) séduit les vice-rois et l’aristocratie par son caravagisme personnel et connaît un grand succès. Son « Saint Antoine abbé » frappe par sa puissance d’évocation : l’artiste use d’un fort ténébrisme et d’une pâte dense pour accroître le naturalisme de ses portraits de saints, apôtres et philosophes dont il fonde la typologie, promise à une belle postérité.

À gauche : « Salomé portant la tête de saint Jean Baptiste » (vers 1645) par Massimo Stanzione (vers 1585-1656) et atelier – Collection De Vito

Massimo Stanzione (vers 1585-1656) parvient à mêler une solide culture naturaliste et un intérêt pour le classicisme des élèves des Carrache, Guido Reni, Giovanni Lanfranco ou Domenichino, tous trois présents à Naples au cours des années 1620-1640. Il reçoit de prestigieuses commandes publiques et conquiert en même temps le marché privé avec des œuvres profanes destinées à la dévotion. Sa « Judith » et sa « Salomé » ressemblent à des héroïnes de théâtre et furent plusieurs fois reprises et copiées.

À droite : « Figure juvénile humant une rose » (vers 1635-1640) par le Maître de l’Annonce aux bergers (actif à Naples vers 1630-1660) – Collection De Vito

Désigné par un nom de convention, le Maître de l’Annonce aux bergers continue de susciter le débat critique. Giuseppe de Vito s’est passionné pour cet artiste, lui consacrant plusieurs articles et faisant l’acquisition de 4 œuvres. L’iconique « Figure juvénile humant une rose », une toile dont l’interprétation demeure complexe, appartient à la typologie des figures à mi-corps de philosophes et personnifications qui connurent un grand succès dans le milieu littéraire et artistique de la Naples du XVIIe siècle. Les attributs renvoient probablement à des allégories des sens mais se doublent également d’une signification morale néo-stoïcienne, qui invite à se détacher des biens matériels.

« Loth et ses filles » (vers 1652) par Francesco Fracanzano (1612-1656) – Collection De Vito
Au centre : « La déposition du Christ » (vers 1675) par Mattia Preti (1613-1699) – Collection De Vito

Mattia Preti séjourne à Naples de 1653 à 1660, auréolé des succès de ses cycles décoratifs dans les églises Sant’Andrea della Valle à Rome et San Biagio à Modène. La vue « da sotto in sù » (à savoir « de dessous vers le haut ») renforce l’intensité dramatique qui culmine dans « La Déposition du Christ », grande toile réalisée à Malte vers 1675.

« Bataille avec cavaliers en costumes modernes » (1646) par Aniello Falcone (1607-1656) – Collection De Vito

La peinture de bataille connaît un important développement à Naples au cours du XVIIe siècle. Aniello Falcone (1607-1656) est à la tête d’un atelier très réputé dans lequel se pratique l’art du dessin au naturel. Sa célébrité lui vaut de nombreuses commandes à Naples et pour le roi Philippe IV d’Espagne.

« Sainte Lucie » (vers 1645-1648) par Bernardo Cavallino (1616-1656) – Collection De Vito

Cette exposition a été présentée jusqu’au 25 juin 2023 au musée Magnin de Dijon.

Peintures napolitaines dans les collections permanentes du musée Granet

Commissariat de l’exposition

Commissaires généraux
Bruno Ely, conservateur en chef, directeur du musée Granet
Giancarlo Lo Schiavo, président de la fondation De Vito

Commissaires scientifiques
Nadia Bastogi, directrice scientifique de la fondation De Vito
Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet
Sophie Harent, conservateur en chef, directeur du musée Magnin

« Scène d’auberge » (vers 1658-1660) par Luca Giordano (1634-1705) – Collection De Vito

Poursuivez la visite…

Dans deux salles qui font suite à celles consacrées à la collection de peintures napolitaines de Giuseppe De Vito (1924-2015), le musée Granet propose de découvrir la peinture napolitaine du XVIIe siècle de ses propres collections.
Je vous invite à découvrir ces salles dans un reportage tourné avec Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet, et Bruno Ely, directeur du musée Granet (cliquer ici).

Détail de «  »Saint Jean-Baptiste dans le désert » (vers 1630) par Massimo Stanzione (vers 1585 – 1656) – Collection De Vito

En savoir +

Consultez le site Internet du musée Granet et celui de la Fondation De Vito.

« Homme avec un cartouche » (Héraclite?) (vers 1640-1645) par Francesco Fracanzano (1612-1656) – Collection De Vito

Sources utilisées pour cet article :

  • Texte : dossier de presse
  • Photographies : @scribeaccroupi
« Saint Jean-Baptiste enfant » par Giovanni Battista Caracciolo, dit Battistello (1578 -1635) – Collection De Vito

Exposition « Naples pour passion. Chefs-d’œuvre de la collection De Vito »
15 juillet – 29 octobre 2023
Musée Granet
Place Saint Jean de Malte
13100 Aix-en-Provence

« Le Christ et la Samaritaine » (vers 1645) par Antonio De Bellis (actif entre 1630 et 1660 environ) – Collection De Vito

[Visite privée] Exposition « Naples à Paris » au Louvre (2) Les chefs-d’œuvre

Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
Musée du Louvre
7 juin 2023 – 8 janvier 2024
Salon Carré, Grande Galerie et Salle de la Chapelle

Le musée de Capodimonte est l’un des plus grands musées d’Italie et l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe, tant par le nombre que par la qualité des oeuvres conservées. Il est l’un des seuls musées de la péninsule italienne dont les collections permettent de présenter l’ensemble des écoles de la peinture italienne.

Près de 70 chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre. Dans la Grande Galerie se noue un dialogue spectaculaire entre deux collections de peintures italiennes parmi les plus importantes au monde. Dans la Salle de la Chapelle sont racontées les origines et la diversité des collections de Capodimonte, réunies essentiellement par les Farnèse et les Bourbons.

Dans ce deuxième reportage, après celui centré sur les cartons présentés dans la Salle de l’Horloge, vous êtes accompagnés par Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre, et Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures.

Exposition « Naples à Paris » – Grande Galerie du musée du Louvre due depuis le Salon Carré
« La Crucifixion » (1426) par Massacio – Museo e Real Bosco di Capodimonte
Exposition « Naples à Paris » – Grande Galerie du musée du Louvre
« La Transfiguration » (vers 1478-1479) par Giovanni Bellini – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Salon Carré, Grande Galerie et salle Rosa (Aile Denon, 1er étage)

La volonté des deux musées est de voir les insignes chefs-d’oeuvre de Naples se mêler à ceux du Louvre, dans une présentation exceptionnelle : la réunion des deux collections offre aux visiteurs un aperçu unique de la peinture italienne du XVe au XVIIe siècle, permettant également une vision nouvelle tant de la collection du Louvre que de celle de Capodimonte.

Exposition « Naples à Paris » – Grande Galerie du musée du Louvre
« Portrait de Bernardo de’ Rossi, évêque de Trévise » (1505) par Lorenzo Lotto (vers 1480 – 1556) – Museo e Real Bosco di Capodimonte
Détail de « Danaé » (1544-1545) par Titien – Museo e Real Bosco di Capodimonte, per gentile concessione del MIC-Ministero della Cultura
Exposition « Naples à Paris » – Grande Galerie du musée du Louvre
« Portrait de jeune femme », dite « Antea » (vers 1535) par Francesco Mazzola, dit Parmesan (1503-1540) – Museo e Real Bosco di Capodimonte

31 tableaux de Capodimonte viennent soit dialoguer avec les collections du Louvre (oeuvres de Titien, Caravage, Carrache, Guido Reni notamment), soit les compléter en permettant la présentation d’écoles peu ou pas représentées, notamment l’école napolitaine, avec des artistes à la puissance dramatiques et expressives tels que Jusepe de Ribera, Francesco Guarino ou Mattia Preti.

À droite : « Atalante et Hippomène » (vers 1615-1618) par Guido Reni – Museo e Real Bosco di Capodimonte
« Portrait du pape Clément VII de Médicis sans barbe » (vers 1526) par Sebastiano Luciani, dit Sebastiano Del Piombo (1485-1547) – Museo e Real Bosco di Capodimonte
« Apollon et Marsyas » (1637) par Jusepe de Ribera – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Cette exposition permet aussi de découvrir la bouleversante « Crucifixion » de Masaccio, artiste majeur de la Renaissance florentine mais absent des collections du Louvre, un grand tableau d’histoire de Giovanni Bellini, « La Transfiguration », dont le Louvre ne possède pas d’équivalent ou encore trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique « Antea ».

Ensemble de porcelaines, créations de la manufacture royale de porcelaine de Capodimonte – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Salle de la Chapelle (Aile Sully, 1er étage)

La collection de Capodimonte est le fruit d’une histoire unique dans les collections italiennes, qui explique largement la diversité des oeuvres qui y sont présentées. Avant l’unification de l’Italie (le royaume des Deux-Siciles y est rattaché en 1861), trois dynasties ont joué un rôle essentiel dans la constitution de cet ensemble impressionnant : les Farnèse, les Bourbons et les Bonaparte-Murat.

Détail de la Cassette Farnèse (1548-1561) par Manno Di Bastiano Sbarri et Giovanni Bernardi – Museo e Real Bosco di Capodimonte, per gentile concessione del MIC-Ministero della Cultura
À droite : « Portrait du cardinal Alexandre Farnèse » (1545-1546) par Tiziano Vecellio dit Titien (1488-1490 – 1576) – Museo e Real Bosco di Capodimonte
« Buste de Paul Ill avec chape » (1546-1549) par Guglielmo Della Porta (1515 ? -1577) – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Rassemblant des tableaux aussi importants que le « Portrait du pape Paul III Farnèse avec ses neveux » par Titien et le « Portrait de Giulio Clovio » par Greco, des sculptures et des objets d’art spectaculaires tels que le « Cofanetto Farnese » et la « Chute des Géants » de Filippo Tagliolini, l’exposition dans la salle de la Chapelle dévoile la richesse de cette collection.

« La Chute des Géants » (1785 et années suivantes) par Filippo Tagliolini – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Commissariat de l’exposition

Commissariat général
Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre
Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.

Commissariat scientifique
Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures
Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre
Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle
Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles
Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte

« Vue de Naples depuis Capodimonte » (1813) par Alexandre Hyacinthe Dunouy (1757-1841) – Museo e Real Bosco di Capodimonte

En savoir +

Consultez le site Internet du musée du Louvre.

« La Flagellation » (1607) par Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage, propriété du Fondo Edifici di Culto, Ministero dell’Interno, en dépôt au Museo e Real Bosco di Capodimonte

 

Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
Musée du Louvre
7 juin – 25 septembre 2023
Salle de l’Horloge
7 juin 2023 – 8 janvier 2024
Salon Carré, Grande Galerie et Salle de la Chapelle

Exposition « Naples à Paris » – Grande Galerie du musée du Louvre

[Visite privée] Exposition « Naples à Paris » au Louvre (1) Les cartons

Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
Musée du Louvre
7 juin – 25 septembre 2023
Salle de l’Horloge

Ancienne résidence de chasse des souverains Bourbon, le palais (« la Reggia » en italien) abrite aujourd’hui l’un des plus grands musées d’Italie et l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe, tant par le nombre que par la qualité des oeuvres conservées.
Le musée de Capodimonte est l’un des seuls musées de la péninsule dont les collections permettent de présenter l’ensemble des écoles de la peinture italienne. Il abrite également le deuxième cabinet de dessins d’Italie après celui des Offices ainsi qu’un ensemble remarquable de porcelaines.

Près de 70 chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre.

Dans ce premier reportage, nous découvrons les cartons présentés dans Salle de l’Horloge (Aile Sully, 2e étage), accompagnés par Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques du musée du Louvre.
Un second reportage – disponible samedi 22 juillet – présentera les chefs-d’oeuvre de Capodimonte exposés dans le Salon Carré, la Grande Galerie et la Salle de la Chapelle.

Riche de plus de 30 000 oeuvres, le Cabinet des Dessins et des Estampes de Capodimonte doit une partie de ses trésors à Fulvio Orsini, humaniste, grand érudit et bibliothécaire du cardinal Alexandre Farnèse, dit le Grand Cardinal et petit-fils du pape Paul III et, plus tard au cardinal Odoardo Farnese. Orsini constitua une des grandes collections italiennes où le dessin était considéré à sa juste valeur.

Détail du « Groupe de soldats » (1546-1550) par Michel-Ange – Museo e Real Bosco di Capodimonte

« Moïse devant le buisson ardent » par Raphaël et le « Groupe de soldats » par Michel-Ange sont aujourd’hui reconnus comme de rares oeuvres autographes.

Détail de « Moïse devant le Buisson ardent » (1514) par Raffaello Santi, dit Raphaël – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Ces deux cartons sont présentés en dialogue avec ceux conservés au Cabinet des Dessins du Louvre comme la « Sainte Catherine » de Raphaël ou encore le carton de « La Modération » de Giulio Romano.

« La Modération » par l’Atelier de Raphaël, Giulio Pippi, dit Giulio Romano (vers 1492/1499 – 1546) – Musée du Louvre
« Sainte Apolline » ou « Sainte Catherine » par Raffaello Sanzio dit Raphael (1483-1520) – Musée du Louvre
« L’Annonciation » par Raffaello Sanzio dit Raphael (1483-1520) – Musée du Louvre

Exécutés soit à la plume, à l’encre et au lavis, pour les plus petits, soit au fusain et/ou à la pierre noire, parfois rehaussé de blanc, pour les plus grands, sur autant de feuilles de papier que nécessaire pour couvrir la surface de l’œuvre achevée, les cartons servent à reporter le dessin sur la surface à peindre.

« L’Amour embrassant Vénus » par un artiste toscan d’après Michel-Ange ou peut-être Giorgio Vasari (1511-1574) – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Lorsque le report est réalisé « au spolvero » (littéralement, « à la poussière »), l’artiste piquète d’abord, avec une aiguille, les contours des motifs à reporter. Il applique ensuite son carton sur la surface à peindre et en tamponne les parties piquetées avec la ponce, un petit sac de tissu lâche empli d’une fine poussière sombre. Celle-ci passe à travers le tissu et les perforations du carton et se dépose en petits points sur la surface à peindre. Une fois le carton enlevé, le dessin y apparait en pointillé. Généralement, ce report au spolvero se fait directement sur la surface à peindre mais on l’utilise parfois pour transférer les contours d’une partie du carton sur un autre papier, dit « carton auxiliaire », où le motif peut être retravaillé dans le détail.

« Tête d’homme » par Michel-Ange (1475-1564) ou un artiste toscan de la première moitié du XVIe siècle, d’après Michel-Ange – Musée du Louvre
Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
« Tête de jeune homme » par Raffaello Sanzio dit Raphael (1483-1520) – Musée du Louvre

Commissariat de l’exposition

Commissariat général
Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre
Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.

Commissariat scientifique
Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures
Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre
Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle
Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles
Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte

Détail de « Benjamin conduit vers Joseph » et « Benjamin et ses frères aux pieds de Joseph, implorant sa miséricorde » par Francesco Ubertini dit Bacchiacca (1494-1557) – Musée du Louvre

En savoir +

Consultez le site Internet du musée du Louvre.

Détail de « Dieu le Père » par Michel-Ange (1475-1564) – Musée du Louvre

Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »
Musée du Louvre
7 juin – 25 septembre 2023
Salle de l’Horloge
7 juin 2023 – 8 janvier 2024
Salon Carré, Grande Galerie et Salle de la Chapelle

Exposition « Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte »

[Visite privée] Exposition Ingres à Chantilly

Exposition « Ingres, l’artiste et ses princes »
3 juin – 1er octobre 2023
Château de Chantilly
Salle du Jeu de Paume

Avec l’avènement de la monarchie de Juillet (1830-1848), Ingres trouve notamment dans la famille d’Orléans un soutien de poids lui permettant de réaliser parmi ses plus grands chefs-d’œuvre. Ce sont ces liens étroits qui sont au cœur de l’exposition proposée par le musée Condé de Chantilly.
Provenant de collections nationales et internationales, tableaux et dessins commandés ou collectionnés par les princes d’Orléans sont réunis à Chantilly, aux côtés de leurs études et leurs variantes.

Pour cette visite privée, vous êtes accompagnés par Nicole Garnier, conservateur général honoraire du patrimoine, et Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé.

« Portrait de Ferdinand Philippe d’Orléans, duc d’Orléans » (1810-1842) par Luigi Calamatta (1801-1869) d’après Ingres et retouché par lui – Musée Condé (Chantilly)
Au centre : « Portrait de Ferdinand-Philippe d’Orléans, Prince Royal (1810-1842) » (1842) par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée du Louvre

Cette histoire commence avec la relation privilégiée tissée entre Ingres et l’héritier du trône. L’un de ses plus grands mécènes est le duc Ferdinand d’Orléans, Prince Royal (1810-1842), fils aîné du roi Louis-Philippe, qui acquit en 1839 son envoi de Rome « Œdipe et le Sphinx », lui commanda la célèbre « Stratonice » (image ci-dessous) et lui fit faire son portrait.

« Stratonice » ou « La Maladie d’Antiochus » (1835-1840) par Jean Auguste Dominique Ingres – Musée Condé (Chantilly)
Exposition « Ingres, l’artiste et ses princes » – Salle du Jeu de Paume du château de Chantilly

Né à Montauban en 1780, après une première formation artistique auprès de son père Joseph Ingres, peintre, architecte, sculpteur et musicien, puis du peintre Joseph Roques à Toulouse à partir de 1791, Ingres entre en août 1797 dans l’atelier de Jacques-Louis David à Paris.

« Erasistrate découvrant la cause de la maladie d’Antiochus » (1774) par Jacques Louis David (1748-1825) – École nationale supérieure des beaux-arts (Paris)

En 1801, le jeune peintre remporte le prestigieux prix de Rome, mais les événements politiques l’empêchent de partir pour Rome. Il patiente en dessinant au Louvre d’après l’antique. Manquant d’argent pour payer des modèles, il fait les portraits de ses amis et connaissances, en s’inspirant de David : le modèle de trois-quarts sur fond brun fixe le spectateur. Au Salon de 1806, il n’expose que des portraits dont son Autoportrait.

À gauche : « Copie de l’Autoportrait d’Ingres à vingt-quatre ans » (1807) par Julie Forestier d’après Jean-Auguste-Dominique Ingres – Musée Ingres Bourdelle (Montauban)

Les critiques se déchaînent contre Ingres, mais il ne peut se défendre, ayant enfin rejoint Rome en 1806, et en conçoit une amertume qui traverse toute sa carrière. Les critiques du Salon décrivent avec ironie un tableau très différent de celui que l’on connaît aujourd’hui : l’artiste efface un portrait sur la toile, les harmonies sont grises, le manteau est différent, au point que l’on a pu se demander si l’œuvre aujourd’hui au musée Condé est bien celle du Salon de 1806.

« Autoportrait d’Ingres à vingt-quatre ans » (1804) (Salon de 1806) par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée Condé (Chantilly)

La version du Salon de 1806 est connue par une copie ancienne exécutée par Julie Forestier, fiancée d’Ingres et par une photographie. Quand Ingres date son portrait en 1804, il a 24 ans, mais il en a 70 quand il achève sa composition.

« Antiochus et Stratonice » par Jean Auguste Dominique Ingres – Kunstmuseum (Berne)
Exposition « Ingres, l’artiste et ses princes » – Salle du Jeu de Paume du château de Chantilly
« Paolo et Francesca » (1814-1820) par Jean Auguste Dominique Ingres – The Barber Institute of Fine Arts (Birmingham)

Chaque œuvre est l’objet de recherches approfondies : Ingres est un admirable dessinateur qui multiplie les études d’ensemble et de détail, et l’exposition rassemble croquis et études préparatoires autour de chaque œuvre majeure.

« Étude pour le visage de Vénus anadyomène » par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée Ingres Bourdelle (Montauban)
Au centre : « Vénus anadyomène » par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée Condé (Chantilly)

De récentes analyses scientifiques menées au Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France (C2RMF), montrent visuellement comment Ingres a repris et modifié ses plus grands chefs-d’œuvre.

« Louise, princesse de Broglie, future comtesse d’Haussonville » par Jean Auguste Dominique Ingres – The Frick Collection (New York)

Commissariat de l’exposition

Commissariat général : Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Condé
Commissariat scientifique : Nicole Garnier-Pelle, conservateur général honoraire du patrimoine

« Portrait de Mme Duvaucey » (1807) par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) – Musée Condé (Chantilly)

En savoir +

Consultez le site Internet du château de Chantilly.

Exposition « Ingres, l’artiste et ses princes »
3 juin – 1er octobre 2023
Château de Chantilly
Salle du Jeu de Paume
60500 Chantilly

« Buste de Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) » (1868) par Auguste Louis Marie Ottin (1811-1890) – Institut de France (Paris)

[Visite privée] Exposition « Imprimer ! » à la BnF

Exposition « Imprimer ! L’Europe de Gutenberg »
12 avril – 16 juillet 2023
Bibliothèque nationale de France
Site François-Mitterrand

L’invention de l’imprimerie est un événement qui est souvent réduit à un fait unique : l’impression, vers 1455, d’une Bible par Johann Gutenberg. L’exposition permet de remettre cet événement dans son contexte en précisant notamment que des méthodes d’impression ont préexisté en Chine et en Corée.

Pour cette visite privée exceptionnelle, vous êtes accompagnés par Nathalie Coilly, conservatrice au sein de la Réserve des livres rares de la BnF.

« Gutenberg inventant l’imprimerie » (1831) par Jean-Antoine Laurent (1763-1832) – Musée de Grenoble

« Gutenberg a inventé l’imprimerie vers 1450 », comme chacun l’a appris sur les bancs de l’école. Pourtant, plusieurs nuances doivent être apportées à cette sentence. D’une part, l’imprimerie apparaît en Asie (Chine, Corée et Japon) dès le VIIe siècle. D’autre part, en Europe, l‘invention de l’imprimerie à caractères mobiles relève d’un long processus et Gutenberg n’a pas été un génie solitaire.

« Jikji  » – Päkun (1298-1374) – Imprimé dans le temple de Heung Deok – Corée (1377) – Département des Manuscrits (BnF)

En Chine et en Corée, apparaissent très tôt des procédés d’impression individualisant les signes sous forme de caractères mobiles, initialement en terre cuite, en bois ou en céramique. Les caractères métalliques apparaissent plus tardivement, probablement au XIIIe siècle en ce qui concerne la Corée.
Le plus ancien livre daté, imprimé au moyen de caractères métalliques, conservé à ce jour est coréen : le Jikji, compilation d’enseignements des bouddhas et des patriarches, a été réalisé en 1377, soit 80 ans avant la Bible de Gutenberg.
Les techniques d’impression asiatiques précèdent ainsi de plusieurs siècles les techniques européennes, sans qu’on puisse apporter la preuve d’un transfert d’une aire culturelle à l’autre.

« Crucifixion » (vers 1420 ?)- Matrice gravée sur ses deux faces, dit « Bois Protat » – France ou Allemagne du Sud – Département des Estampes et de la photographie (BnF)
 » Biblia latina » (Bible de Gutenberg) – Imprimée sur parchemin par Johann Gutenberg et Johann Fust – Mayence (vers 1455) – Réserve des livres rares (BnF)

C’est à Mayence que Johann Gutenberg entreprend son chef d’œuvre : l’impression de la Bible, immédiatement saluée comme une réussite.
Si Gutenberg est reconnu comme l’inventeur de la typographie européenne, son procédé combine en réalité plusieurs techniques, métallurgiques et graphiques, déjà existantes : la gravure, la frappe et la fonte du métal ; le transfert d’encre par impression. L’emploi de caractères mobiles individualisant les lettres de l’alphabet est un élément clé du dispositif.

« Missale Lugdunense » – Édité par Pierre Jacquet, imprimé sur parchemin par Johannes Neumeister et enluminé par l’atelier de Guillaume II Le Roy et par le Peintre des Animaux miniatures – Lyon (1487) – Réserve des livres rares (BnF)
« Saint Valentin, saint Étienne et saint Maximilien » par Hans Burgkmair (1473-1531) – Département des Estampes et de la photographie (BnF)

Le livre manuscrit était un objet polychrome, où la couleur pouvait s’attacher à quelques éléments de texte (initiales et titres notamment) ou se déployer dans les enluminures. Gutenberg et ses associés sont les premiers à se confronter à l’impression en couleur de quelques lettres. Après eux cependant, les imprimeurs peinent à poursuivre dans cette voie.
Traditionnellement, les illustrations gravées sont rehaussées de couleur à la main. Pourtant certains imprimeurs tentent de mécaniser cette étape de la production du livre. Erhard Ratdolt, imprimeur actif à Augsbourg et à Venise, fait figure de pionnier en la matière. Il finit par renoncer à ce procédé complexe et se spécialise en revanche plus durablement dans l’impression de caractères à la feuille d’or.

« Chroniques de France » – Imprimé sur parchemin par Jean Maurand (2ème partie) pour Antoine Vérard, enluminé par le Maître de Jacques de Besançon, le Maître de Robert Gaguin et le Maître de la Chronique scandaleuse (1ère partie) – Paris (1493) – Réserve des livres rares de la BnF

Les imprimés appartenant à des puissants sont héritiers de l’époque où l’offrande somptuaire jouait un rôle politique. Objets d’exception, enrichis par le pinceau des plus grands peintres, ils ne relèvent pas d’une logique de production en série. Ce sont des objets uniques, appartenant à de grandes collections européennes, le plus souvent princières.

« Recueil des histoires de Troie » de Raoul Lefèvre (2ème moitié du XVe siècle) – Manuscrit copié sur parchemin et enluminé par Robinet Testard vers 1496-1500 – Département des Manuscrits de la BnF
Exposition « Imprimer ! L’Europe de Gutenberg » – Bibliothèque nationale de France

Le commerce de l’imprimé est libre et non contrôlé au XVe siècle. Les typographes, soumis à rude concurrence, cherchent pourtant la protection de leur travail auprès des autorités, sous forme de privilèges d’impression, une sorte d’exclusivité. Ainsi apparaissent des amorces de régulation, tandis que l’on prend conscience de la capacité d’influence du nouveau media. L’imprimé devient alors le vecteur possible des combats politiques et religieux du XVIe siècle.

« Hippocratis ac Galeni libri aliquote » par Hippocrate (460-377 av.J.-C.), édité par François Rabelais – Imprimé à Lyon par Sébastien Gryphe (1512) – Réserve des livres rares de la BnF

« Maintenant toutes les disciplines sont restituées […]. Des impressions fort élégantes et correctes sont utilisées partout, qui ont été inventées à mon époque par inspiration divine, comme inversement l’artillerie l’a été par suggestion du diable. Tout le monde est plein de gens savants […] tant et si bien que je crois que ni à l’époque de Platon, de Cicéron ou de Papinien, il n’y avait de telle commodité d’étude qu’il s’en rencontre aujourd’hui. » – François Rabelais dans « Pantagruel » (1532)

Commissariat de l’exposition

Nathalie Coilly, conservatrice, Réserve des livres rares, BnF
Caroline Vrand, conservatrice, département des Estampes et de la photographie, BnF

Série de L’Apocalypse (1498) par Albrecht Dürer (1471-1528) – Imprimé à Nuremberg en 1498 (édition allemande) – Département des Estampes et de la photographie (BnF)

Sources

  • Textes et citations : dossier de presse et panneaux dans l’exposition
  • Photos : @scribeaccroupi

En savoir +

Consultez le site Internet de la BnF.

Exposition « Imprimer ! L’Europe de Gutenberg »
12 avril – 16 juillet 2023
Bibliothèque nationale de France
Site François-Mitterrand – Galerie 2
Quai François-Mauriac
75013 Paris

Reconstitution d’une presse à imprimer à un coup (1925) – Musée Gutenberg (Mayence)

[Visite privée] Exposition « Autoportraits » au musée Crozatier du Puy-en-Velay

Exposition « Autoportraits. De Cézanne à Van Gogh.
Collections du musée d’Orsay et des musées d’Auvergne-Rhône-Alpes »
29 avril – 17 septembre 2023
Musée Crozatier
Le Puy-en-Velay

Exercice d’introspection, l’autoportrait questionne la vision de l’artiste par lui-même, sa place dans la société et la nature même de son art. Gustave Courbet, Camille Pissarro, Paul Cézanne, Vincent Van Gogh… plus de 70 œuvres sont rassemblées au musée Crozatier, parmi lesquelles 40 prêts du exceptionnels du musée d’Orsay.

Pour cette visite privée, vous êtes accompagnés par Maud Leyoudec, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Crozatier.

« Portrait de l’artiste » (vers 1875) par Paul Cézanne (1839-1906) – Musée d’Orsay

Cette galerie d’autoportraits est une invitation à nous interroger sur ce genre si particulier et de longue tradition, auquel ne dérogèrent pas les peintres de la seconde moitié du XIXe siècle, se référant souvent, plus ou moins explicitement, à leurs illustres prédécesseurs.

« Portrait de l’artiste » (1907) par Alexis Axilette (1860-1931) – Musée d’Orsay
« Portrait de l’artiste » (1911) par Clémentine-Hélène Dufau (1869-1937) – Musée d’Orsay
« Portrait de l’artiste » (1887) par Vincent Van Gogh (1853-1890) – Musée d’Orsay

« Roux de poil (barbiche de bouc, moustache rude, toque capillaire rase), le regard d’aigle et la bouche incisive comme pour parler… » – Van Gogh décrit par le peintre Émile Bernard

Certains n’ont pratiqué l’autoportrait qu’à quelques reprises, d’autres l’ont fait avec une étonnante régularité, comme Vincent Van Gogh, qui a laissé quarante-trois autoportraits peints ou dessinés au cours de sa très brève carrière, se plaçant ainsi dans la lignée de ceux qui, avant lui, comme Dürer, Rembrandt ou Courbet, ont progressivement élaboré, par-delà leur propre représentation, un véritable récit autobiographique.

« Autoportrait » (vers 1885-1886) par Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938) – Musée départemental Anne-de-Beaujeu (Moulins)
« Autoportrait » (vers 1885-1890) par Charles Maurin (1856-1914) – Musée Crozatier (Le Puy-en-Velay)

Le musée Crozatier conserve plusieurs œuvres de Charles Maurin, dont de nombreuses esquisses pour le décor du théâtre du Puy. Rejetant les portraits de commande qui doivent flatter les modèles, il réalise des portraits qu’il veut « objectifs et implacables ». Cet autoportrait (photo ci-dessus) est le seul connu de l’artiste.

« Portrait de l’artiste » (1916) par Léon Bonnat (1833-1922) – Musée d’Orsay
Au premier plan : « Homme à la chemise bleue, portrait de l’artiste » (1901) par Daniel de Monfreid (1856-1929) – Musée d’Orsay

Qu’elle soit occasionnelle ou fréquente, la pratique de l’autoportrait participe en effet du même principe d’énonciation que l’autobiographie : l’un se peint et l’autre s’écrit, à la première personne du singulier.

« Portrait de l’artiste » (1889) par Ernest Meissonier (1815-1891) – Musée d’Orsay

« Assez petit de taille, mais vigoureux, solidement bâti, d’une force qu’il entretenait par tous les exercices physiques, équitation, natation, escrime, canotage, la tête énergique et volontaire, avec de grands yeux noirs, noyés à demi sous les plis de la paupière supérieure, les narines ouvertes, les cheveux bruns rebelles, la barbe d’abord courte, qu’il laissa plus tard se développer en larges volutes comme celles du Moïse de Michel-Ange, Meissonier avait naturellement de l’allure. » – Léonce Bénédite dans « Meissonier – Biographie critique » (1910)

À gauche : « Autoportrait au tableau « Baigneuses à la vache » » (vers 1889) par Émile Bernard (1868-1941) – Musée d’Orsay

« Autour de grands artistes comme Courbet, Monet, Cézanne et Van Gogh, c’est à une relecture des courants stylistiques de cette période foisonnante qu’invite cette exposition et que prolongent les contributions de vingt-trois auteurs à ce catalogue. Notre ambition commune est d’en faire une manifestation à la fois scientifique et didactique, mais surtout réjouissante pour les habitants de la Haute-Loire et plus largement de la région Auvergne-Rhône-Alpes et ses nombreux touristes. » – Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Sources

  • Textes et citations : catalogue de l’exposition
  • Photos : @scribeaccroupi

En savoir +

Consultez le site Internet du musée Crozatier.

À droite : « Portrait de l’artiste » (1889) par Charles Laval (1862-1894) – Musée d’Orsay

Exposition « Autoportraits. De Cézanne à Van Gogh.
Collections du musée d’Orsay et des musées d’Auvergne-Rhône-Alpes »
29 avril – 17 septembre 2023
Musée Crozatier
Jardin Henri-Vinay
2 Rue Antoine Martin
43000 Le Puy-en-Velay

[Entretien] Clément Oury, lauréat de l’édition 2023 du Prix Château de Versailles du livre d’histoire

Article mis à jour suite à la remise du Prix le 16 juin 2023

 

« Le duc de Marlborough, John Churchill, le plus redoutable ennemi de Louis XIV » de Clément Oury (Éditions Perrin) remporte l’édition 2023 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire. Félicitations au lauréat !

John Churchill, duc de Marlborough (1650-1722), est considéré comme l’un des plus grands généraux de l’histoire britannique. Mais il est beaucoup plus que cela. Tour à tour commandant d’armée, diplomate et homme politique, cet Anglais fut l’adversaire le plus dangereux d’un Louis XIV vieillissant.
Sa légende noire en fait un homme avide de pouvoir et d’argent, ne reculant devant aucune trahison. Politicien retors, il forma avec son épouse un redoutable couple politique qui domina le gouvernement de la Grande Bretagne, à un moment où elle s’imposait comme une des principales puissances en Europe. Mais sa disgrâce en 1712 permit au royaume de France d’échapper à la catastrophe qui lui semblait promise.

Clément Oury a accepté de répondre aux questions du Scribe.

« Peut-être est-il aujourd’hui temps de se souvenir de Marlborough pour d’autres raisons qu’une comptine qui déforme son nom, et de faire mentir la prédiction pessimiste de Napoléon, qui disait : « Voilà pourtant ce que c’est que le ridicule ; il stigmatise tout jusqu’à la victoire. »  » – Extrait du livre de Clément Oury

« Tous ceux qui l’ont connu en conviennent : le duc de Marlborough était le plus insondable des hommes. Acceptons donc que ses intentions profondes restent un mystère, et même que l’authenticité de certains documents, susceptibles d’éclairer ses motivations, demeure sujette à caution. À cette réserve près, il semble désormais possible de retracer son action, ses responsabilités, son rôle réel vis-à-vis de ses contemporains dans le grand conflit qui a rebattu l’ensemble des cartes en Europe et dans le monde. » – Extrait du livre de Clément Oury

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2023 du Prix

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

[Entretien] Paul Cheney pour « Cul-de-sac, une plantation à Saint-Domingue au XVIIIe siècle »

« Cul-de-sac, une plantation à Saint-Domingue au XVIIIe siècle » de Paul Cheney (Éditions Fayard) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2023 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.

Au XVIIIe siècle, la plaine du Cul-de-Sac à Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, est divisée en une multitude de plantations sucrières, dont l’une se trouve entre les mains de nobles bretons, les Ferron de la Ferronnays.
En suivant l’ascension et la chute de cette famille de planteurs, Paul Cheney redonne vie à cette aristocratie française œuvrant à sa fortune par-delà les mers, à ses associés jouant de leurs relations et connaissance des lieux, aux esclaves africains sur le travail desquels repose l’ensemble de l’édifice.

Paul Cheney a accepté de répondre aux questions du Scribe.

« Les planteurs de Saint-Domingue ont souvent été des hommes d’affaires avisés qui comprenaient qu’il était nécessaire, pour faire du profit, de trouver un moyen de gérer l’impact de la mortalité de la main-d’œuvre esclave et les effets des guerres, des crises économiques, des révoltes et de la rareté des ressources que faisait naître de façon récurrente le complexe de la plantation. […] Diminuer les cruautés inutiles infligées aux esclaves et améliorer leur alimentation et leur santé permettraient, espéraient-ils, de minimiser les dépenses nécessaires pour compenser les décès prématurés, d’augmenter l’efficacité productive de la plantation et de réduire les risques de révolte et d’évasion. » – Extrait du livre de Paul Cheney

« À Haiti, le passé abordé dans ce livre semble parfois encore présent et même menaçant, avec une intensité qui est difficile à exprimer : ce sont des sentiments qui ont leur légitimité. En France, ce passé est très loin d’avoir cette force. C’est une nation qui a hérité collectivement, génération après génération, d’une grande richesse, d’un grand prestige et d’une grande puissance […] La France a le luxe de se souvenir ou d’oublier à volonté. » – Extrait du livre de Paul Cheney

5 ouvrages finalistes pour l’édition 2023 du Prix

Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.

En savoir +

Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.

Le nom du lauréat sera dévoilé début juin.