
Dans son infinie bonté, le maître du Ciel tourna ses regards cléments sur la terre et (…) il se résolut à envoyer sur terre un esprit également apte à tous les arts et à toutes les disciplines, démontrant à lui seul où est la perfection de l’art du dessin pour les lignes, les contours, les ombres et les lumières, l’effet du relief en peinture, les opérations judicieuses en sculpture et la production en architecture de demeures commodes et solides… » – Giorgio Vasari à propos de Michel-Ange
Exposition « Figure d’artiste »
25 septembre 2019 – 29 juin 2020 (dates avant confinement)
Petite Galerie du Louvre
Avant le « Grand Confinement », j’ai visité pour vous l’exposition proposée par le Louvre pour la 5ème saison de sa Petite Galerie. Né de la volonté de rendre le musée plus accessible au public qui souhaite apprendre à regarder les chefs-d’œuvre, cet espace d’exposition développe chaque année un thème de l’histoire de l’art.
Pour la saison 2019-2020, la Petite Galerie s’attache à la « Figure d’artiste » avec une sélection resserrée de 36 œuvres, illustrant les premières signatures d’artisans dans l’Antiquité jusqu’aux autoportraits des temps modernes.

Les signatures
Les Grecs et les Romains confondaient dans un même terme l’ « artiste » et l’ « artisan », « tekhnitès » en grec et « artifex » en latin. il faudra attendre la Renaissance pour que l’artisan soit considéré comme un créateur à part entière. Pourtant, dès l’Antiquité, certains de ces professionnels sortirent de l’anonymat, comme l’indiquent des objets portant leurs noms inscrits ou gravés. Progressivement, avec la naissance d’un marché de l’art, la signature permit à ces artisans de valoriser leurs créations.




Autoportraits
À la Renaissance, architectes, sculpteurs et peintres cherchent à s’émanciper de leur statut d’artisan. Les peintres, cultivent le genre de l’autoportrait, se représentant à l’égal des princes.


La lumière est rare; elle tombe d’en haut. Je sens un homme fatigué, las et peut-être incompris. […] Il me suffit de passer un moment en face de cet autoportrait pour mettre en veilleuse ma propre tristesse. » – Tahar Ben Jelloun dans « Plongée dans la mémoire du temps » (Télérama – 1997)



À mon avis, le portrait qu’Albrecht Dürer fit de lui-même en 1493 à l’âge de vingt-deux ans, est inestimable […] tout est dessiné de manière excellente, minutieuse et parfait ; harmonieux dans les détails ; d’une exécution excellente, absolument digne de Dürer, même si la couche de couleur qui est très légère s’est accumulée en quelques points. » – Goethe dans « Tag- und Jahres-Heft » (1805)
Vies d’artistes
Dans la Grèce des Ve et IVe siècles avant J.-C., les peintres et sculpteurs ont acquis reconnaissance et prestige. L’histoire de l’art naissante témoigne du goût pour l’attribution d’œuvres à des artistes connus.

Au cours du Ier siècle, Pline l’Ancien reprend cette tradition dans son « Histoire naturelle ». Plusieurs siècles plus tard, le peintre et historien de l’art Giorgio Vasari (1511-1574) publie les « Vies des plus excellents architectes, peintres et sculpteurs ».


Avec Vasari, les Vies des artistes de la Renaissance deviennent des modèles à méditer et à imiter. Il présente les qualités dont l’artiste doit faire montre dans sa vie sociale, et prodigue ses conseils sur la manière de pratiquer l’activité artistique, célébrant les vertus du travail.



La provocation était de taille, car pour ce portrait d’une ancienne esclave, la femme peintre appelait l’exemple de Raphaël à la rescousse. La pose dénudée, la main sous le sein, le long bras au premier plan, le turban sont une variation sur la « Fornarina », femme du peuple, élevée par le génie de Raphaël au rang d’icône de la beauté éternelle. » – Sébastien Allard dans le catalogue de l’exposition « Portraits publics, portraits privés, 1770-1830 »
L’Académie et le Salon
En France, l’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648, est placée sous la protection de Louis XIV. Au XVIIIe siècle, elle a son siège au Louvre, où sont conservées ses collections, notamment de portraits et d’autoportraits d’académiciens.

Dès le XVIIe siècle, l’Académie organise des expositions d’œuvres de ses membres. Ouvertes au public, elles se tiennent régulièrement de 1737 à 1848 dans le Salon carré du Louvre, d’où leur nom de « Salons ». Vivant Denon, directeur du Louvre, sera président du jury pendant toute la première partie du XIXe siècle. En 2020, c’est dans cet espace d’exposition que les œuvres de Pierre Soulages ont été présentées pour le 100ème anniversaire de la naissance de l’artiste.
En 1793, l’Académie royale est remplacée par l’Académie des beaux-arts, dont l’influence est progressivement contestée au cours du XIXe siècle. Le Salon perdure jusqu’au XIXe siècle et s’ouvre à tous les artistes. Les artistes « Refusés », toujours plus nombreux, contestent sa suprématie, jusqu’à obtenir du pouvoir l’ouverture du Salon des Refusés en 1863.

En savoir +
Sur le site internet dédié à la Petite Galerie

Son génie fut reconnu dès son vivant (…). Cela n’arrive qu’aux hommes d’un mérite grandiose comme le sien, où la conjugaison des trois arts créait l’état de perfection, que Dieu n’a accordé, durant les siècles de l’Antiquité comme dans les modernes, à nul autre que lui. » – Michel-Ange par Giorgio Vasra dans « Vies des plus grands peintres, sculpteurs et architectes italiens » (1550)
La thématique de la « Figure d’artiste », a également été abordée fin 2019 par le Palais des Beaux-Arts de Lille dans le cadre de l’exposition « Le rêve d’être artiste ».

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Sources :
– dossier de presse de l’exposition
– « Promenades au Louvre » (2010) par Jean Galard – Éditions Robert Laffont
Pendant la période de confinement, retrouvez le musée du Louvre sur Internet.