Exposition « Royaumes oubliés, de l’Empire hittite aux Araméens »
Musée du Louvre
2 mai – 12 août 2019
L’empire hittite, grande puissance rivale de l’Égypte antique, domina l’Anatolie et étendit son influence sur le Levant, jusqu’aux alentours de 1.200 avant J.-C. Sa chute donna lieu à l’émergence de royaumes néo-hittites et araméens dans les territoires de la Turquie et la Syrie modernes.
Suivez Vincent Blanchard, conservateur au département des Antiquités Orientales du musée du Louvre, pour une visite exclusive de l’exposition, à la redécouverte des sites mythiques de ces civilisations oubliées.
Diplômé en Archéologie et Histoire de l’Art et des Civilisations du Proche-Orient antique par l’École du Louvre, Vincent Blanchard est conservateur au musée du Louvre depuis 2013, après avoir été directeur du musée d’Epernay.
La découverte de Tell Halaf par le baron Max von Oppenheim
Pour cette exposition, le Pergamon Museum de Berlin prête certaines sculptures de ses collections, provenant d’un palais de la ville antique de Guzana, capitale du royaume du Bit-Bahiani. La période de son épanouissement correspond à la période du règne du roi Kapara, vers 890-870 av. J.-C. L’un de ses palais était décoré d’impressionnantes sculptures découvertes par Max von Oppenheim.
Des chambres funéraires ont également livré de magnifiques vestiges comme la grande statue d’ancêtre que Max von Oppenheim surnommait sa « Vénus ».
Par ailleurs, Max von Oppenheim découvrit 194 orthostates, dont la fonction première est de protéger la base des murs en briques crues des édifices. Leur décor est hérité de l’art syro-anatolien et mésopotamien qui présentait une alternance de dalles en calcaire peintes en rouge et en basalte noire.
Au printemps 1927, Max von Oppenheim fait transférer à Berlin une partie des sculptures découvertes à Tell Halaf. Malheureusement, pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le musée est ravagé par le feu d’une bombe au phosphore. Le basalte des sculptures, chauffé par l’incendie, explose sous le choc thermique provoqué par l’eau glacée pulvérisée par les pompiers. Des décombres, on retire alors des milliers de fragments qui sont entreposés dans les caves du Pergamon Museum.
Il faut attendre la chute du mur de Berlin pour qu’un état des lieux de la collection soit établi. Au début des années 2000, un patient travail de reconstitution et de remontage commence. Il ne faut pas moins de trois archéologues, trois minéralogistes et un technicien pour trier et identifier les fragments, et dix-huit restaurateurs et deux artisans d’art pour reconstituer, à partir des 27.000 fragments, près d’une centaine de sculptures, d’éléments architecturaux et d’outils en pierre pendant dix ans. Ce travail titanesque va permettre aux impressionnantes sculptures de Tell Halaf de rejoindre, dans quelques années, le parcours permanent du musée une fois sa rénovation achevée, comme l’avait toujours souhaité Max von Oppenheim.