À la découverte du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France
La Bibliothèque nationale de France veille sur des collections rassemblées depuis cinq siècles grâce au dépôt légal et à sa politique d’acquisition.
Sur le site Richelieu, en plein cœur de Paris, sont conservées les collections de six départements spécialisés : Manuscrits, Musique, Estampes et photographie, Arts du spectacle, Cartes et plans, Monnaies, médailles et antiques – soit plus de 22 millions de documents.
La renaissance
Face à la nécessité d’une mise aux normes techniques du site, la décision de restauration et de modernisation a été prise au début des années 2000. Il aura fallu cinq années d’études et dix ans de chantier pour pouvoir rouvrir toutes les portes du site aux publics, à partir du 20 septembre et après le week-end inaugural. Le résultat est vraiment splendide !
Suivez-moi pour découvrir le site Richelieu rénové, depuis la salle Labrouste et la salle Ovale… jusqu’aux magasins et salons pour lesquels l’accès nécessite une autorisation spéciale.
La première phase du chantier
De 2011 à 2016, la première phase des travaux a concerné plus particulièrement la salle Labrouste, les espaces du département des Arts du spectacle et la salle de lecture des Manuscrits.
En 2016, les bibliothèques des deux institutions partenaires de la BnF, l’INHA et l’École nationale des chartes, ont intégré leurs espaces définitifs sur le site Richelieu.
La salle Labrouste
Réalisée entre 1861 et 1868, cette salle est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste. Elle est éclairée par neuf coupoles revêtues de carreaux de faïence qui diffusent une lumière uniforme dans la salle.
Les coupoles reposent sur des arcs en fer ajourés retombant sur seize colonnes de fonte.
En 1864, le paysagiste Alexandre Desgoffe réalisa des tableaux destinés à inspirer aux lecteurs une sensation de calme et de détente.
Les lampes installées en 1920 lors de l’arrivée de l’électricité ont été conservées, certaines dotées d’abat-jour en opaline.
La salle Labrouste a rouvert ses portes en 2016.
Le grand magasin général
Derrière la salle Labrouste, les deux cariatides monumentales du sculpteur Joseph Perraud marquent l’entrée du cœur fonctionnel des installations de Labrouste : le grand magasin central.
Créé en 1865, ce magasin marque la séparation entre les espaces de lecture et les espaces de stockage mais reste visible depuis la salle.
Conçu pour abriter 1,2 million de volumes, le magasin dispose d’un ingénieux système de transport des ouvrages permettent une efficacité et une rapidité de services impossibles jusqu’alors.
Pour la première fois de son histoire, ce magasin est accessible aux lecteurs, sur trois niveaux. La bibliothèque de l’INHA y offre une soixantaine de places de lecture et la possibilité de consulter en accès libre plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages en histoire des arts.
La second phase des travaux
Menée de 2017 à 2022, la seconde phase des travaux a concerné près de 28.000 m2, dont la salle Ovale et plusieurs espaces classés : la galerie Mansart, la chambre de Mazarin, la galerie Mazarin et le salon Louis XV.
L’escalier d’honneur et le grand hall
Une nouvelle entrée a été créée côté rue Vivienne. En lieu et place de bureaux et de mezzanines, un grand hall relie maintenant les deux rives du quadrilatère.
À mi-chemin, une hélice ajourée en acier et en aluminium vernis remplace l’ancien escalier d’honneur. Ce dernier, réalisé par Jean-Louis Pascal (1875-1912), était inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Bruno Racine, ancien président de la BnF, le décrivait alors comme « une sorte de pastiche Louis XV réalisé juste avant la guerre de 1914-1918 ». On s’en souvient, le remplacement de cet escalier a fait l’objet de nombreuses polémiques.
La salle Ovale
Salle emblématique du site Richelieu, la salle Ovale est ouverte gratuitement à tous les publics de tous âges. Plus de 20 000 volumes sont présentés en libre consultation dont une collection de 9 000 bandes dessinées.
Conçue dans les années 1890 par Jean-Louis Pascal (1837-1920), la salle Ovale a été achevée par son successeur Alfred Recoura.
« Je l’ai faite elliptique, non pas pour la rapprocher d’un type qui a particulièrement réussi au British Museum, mais surtout pour constituer des cours d’aérage et d’éclairage dans les angles. » – Jean-Louis Pascal (1837-1920)
Cette salle impressionne par ses dimensions : un ovale de 43,70 mètres sur 32,80 mètres, 18 mètres de hauteur.
Le plafond est composé d’une verrière centrale entourée d’un élégant entrelacs de feuilles d’acanthes dorées, la partie supérieure de l’ovale est percée de seize oculi (œils-de-bœuf) vitrés entourés de mosaïques.
Au-dessus de chacun des oculi vient s’inscrire le nom d’une ville célèbre pour sa portée symbolique dans l’histoire des civilisations et des bibliothèques.
Les arcades sont soutenues par seize paires de colonnes en fonte.
Tout autour de la salle courent trois étages de rayonnages avec balcons et planchers en fer à claire-voie.
Les tables Recoura ont été réinstallées au sein du nouvel aménagement.
La structure métallique de la verrière de la salle ovale
Une impressionnante structure métallique surplombe le plafond vitré éclairant de la salle Ovale.
La verrière est double, ce qui permet de renforcer l’isolation thermique.
Les magasins et les espaces de travail
Les espaces d’accueil du public et les espaces patrimoniaux majeurs ne représentent en réalité qu’une part réduite de la surface du site. La majorité des espaces est en effet affectée aux salles de lecture, aux magasins de collections et aux lieux de travail des agents.
Le hall Roux-Spitz
Ce hall fait le lien entre des espaces du XVIIe siècle restaurés (galerie Mansart et galerie Mazarin) et des espaces conçus pour le département des Estampes et celui des Cartes et plans.
C’est ici que se trouve le plâtre de la sculpture représentant Cicéron, réalisée par Houdon. L’œuvre a été repeinte vers la fin du XIXe siècle pour imiter la teinte du bronze.
La chambre de Mazarin
Si Mazarin eut bien deux chambres dans son palais, celle que l’on appelle aujourd’hui « chambre de Mazarin » était en fait une antichambre.
Réalisée entre 1650 et 1655, cette pièce a conservé un plafond de panneaux peints de figures allégoriques et de thèmes mythologiques.
Voltaire dans le salon d’honneur
Dans le salon d’honneur du site, où la Bibliothèque royale s’était installée au XVIIIe siècle, se trouve le plâtre original du « Voltaire assis » (1781) de Jean-Antoine Houdon (1741-1828).
Sur le socle de la statue, on peut lire cette inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette ».
Ainsi, depuis 1864, la Bibliothèque nationale de France conserve le cœur du grand homme, confié au département des Monnaies et médailles de la Bibliothèque, alors impériale, à la demande de Napoléon III.
Ce salon, non accessible au public, peut être visité à l’occasion d’événements comme les Journées européennes du Patrimoine.
Le musée de la BnF
Nouveau joyau du site Richelieu et splendide écrin pour les collections de la BnF, le musée succède à celui du département des Monnaies, Médailles et Antiques. Il embrasse désormais toute l’étendue des collections de la Bibliothèque et se déploie sur 1 200 m². Vous pouvez le découvrir en lisant l’article disponible ici.
Le jardin Vivienne
Un nouveau jardin est en train de naître sur le site Richelieu et se déploiera au fll des saisons.
Toutes les photographies par @scribeaacroupi.
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à la réouverture du site Richelieu. Un site internet, dédié à la salle Ovale et ses collections, est accessible à partir du 12 septembre.
Une application Web, disponible gratuitement sur smartphone, permet de déambuler librement au sein du site Richelieu et de découvrir des œuvres phares du musée.