Exposition « Par-delà Rembrandt, estampes du siècle d’or néerlandais »
14 octobre 2023 – 25 février 2024
Cabinet d’arts graphiques
Château de Chantilly
Illustre amateur d’estampes, le duc d’Aumale a réuni une collection de gravures au burin et d’eaux-fortes qui témoigne du brio et de la multiplicité des artistes néerlandais dans ce domaine.
Si la figure de Rembrandt a souvent éclipsé ses contemporains, ceux-ci n’en ont pas moins réalisé des gravures qui occupent une place de premier plan dans l’histoire de cet art. Ainsi, les paysages gravés par Jacob van Ruisdael, les scènes de folklore rural d’Adriaen van Ostade, les soldats d’Hendrick Goltzius ou les moutons de Paulus Potter conservés à Chantilly offrent un accès privilégié à ce que fut l’imaginaire collectif du Siècle d’or néerlandais.
C’est cette partie totalement inédite des collections du musée Condé que Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine et commissaire de l’exposition, vous invite à découvrir dans ce reportage de 30 minutes.
Gravée en 1680 d’après un dessin préparatoire passé par la collection Dutuit, l’eau-forte ci-dessus est représentative de la sophistication teintée de classicisme vers laquelle tend Berchem du milieu des années 1650 jusqu’à la fin de sa carrière. Les personnages adoptent des postures gracieuses à la gestuelle maniérée. Celle de la jeune femme assise au bord de l’eau est empruntée au bronze hellénistique du « Tireur d’épines ». L’action – liée au thème de la femme à sa toilette qui revêt souvent une connotation érotique dans l’art hollandais de l’époque – reflète un imaginaire pastoral empreint de sensualité.
Les animaux semblent occuper une place aussi importante que les humains, comme le suggèrent la répartition équilibrée des figures au sein de la composition et la minutie portée à l’exécution du bétail et des chèvres. Cet univers arcadien est encore évoqué par la présence d’une ruine, un élément qui caractérise le paysage pastoral italianisant depuis les années 1620.
Dans l’estampe ci-dessus, Cornelis Visscher a représenté un marchand ambulant et son assistant. L’homme, coiffé d’un chapeau en fourrure, tient délicatement dans sa main droite un échantillon de mort-aux-rats. Il porte une boite renfermant les doses de ces pesticides nocifs, qui était principalement composé d’arsenic, sur laquelle figurent les blasons des villes d’Amsterdam et d’Haarlem. À ses côtés, le jeune homme porte une longue perche surmontée d’une cage en bois renfermant plusieurs rats ainsi empoisonnés, et à laquelle d’autres sont suspendus, morts. La présence massive de rats dans les villes au XVIIe siècle fut l’un des principaux vecteurs de diffusion de maladies telles que la peste. Le marchand de mort-aux-rats exerçait donc un métier indispensable pour des populations citadines et souvent modestes qui vivaient dans des logements insalubres.
Commissariat de l’exposition
Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse
– photographies : @scribeaccroupi
En savoir +
Visitez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du château de Chantilly.