Exposition « La Collection Emil Bührle : Manet, Degas, Renoir, Monet, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Modigliani, Picasso »
20 mars – 21 juillet 2019
Musée Maillol (Paris)
Après Lausanne en 2017 et le Japon en 2018, la Collection Bührle est présentée pour la première fois à Paris. « Le Suicidé » de Manet, « Le semeur au soleil couchant » de Van Gogh et « Le garçon au gilet rouge » de Cézanne, sont au musée Maillol jusqu’au 21 juillet 2019.
Cette exposition propose un panorama de l’art français du XIXe et du début du XXe siècle tout en soulevant des questions sur les œuvres d’art spoliées pendant la deuxième guerre mondiale.
Découvrez une sélection de chefs-d’œuvre de cette grande Collection particulière avec Federica Fruttero, responsable des expositions pour le musée Maillol.
Né en Allemagne, Emil Georg Bührle (1890-1956) s’établit en Suisse en 1924 et rassemble, entre 1936 et 1956, plus de 600 œuvres d’art. Aujourd’hui, on trouve dans sa Collection, 7 œuvres spoliées (en 1941), achetées par Bührle une première fois auprès de la galerie Fischer à Lucerne (en 1942), juridiquement restituées (en 1948) et rachetées une deuxième fois (entre 1948 et 1951). C’est notamment le cas de « La liseuse » de Camille Corot, restitué et racheté à Paul Rosenberg.
Emil Bührle, un personnage controversé
Pour en savoir plus sur la personnalité d’Emil Bührle et sa part d’ombre, je vous invite à lire les articles de France Culture (« Emil Bührle, marchand de canons et collectionneur d’art sans scrupules ») et du journal « Le Monde » (« Le Musée Maillol expose la collection d’Emil Bührle, amateur d’art spoliateur »). Le journaliste Philippe Dagen indique que les usines d’Emil Bührle « sont inscrites sur la liste noire des Alliés en 1945 au titre de la collaboration ».
Je voudrais employer une image : lorsqu’on jette un caillou dans l’eau, il se forme un premier cercle, puis un second, un troisième et ainsi de suite, selon la force du jet. Je vais vous raconter maintenant, en gardant l’image, comment, où et quand le caillou est tombé dans l’eau et quels sont les remous concentriques qui en résultèrent. » – Emil Bührle dans un discours à l’Université de Zurich le 14 juin 1954
Ce n’est qu’en 1936 que survint la première vague circulaire dans l’eau où était tombée la pierre ; je pus acheter, d’entente avec ma femme, toujours pleine d’enthousiasme, le premier dessin de Degas et une nature morte de Renoir. Ce premier cercle comprenant des œuvres de Corot, de Van Gogh et de Cézanne, se compléta rapidement et forma le centre de ma collection. Peu à peu s’ajouta un remous qui englobait les Fauves et les Romantiques, dont Delacroix et Daumier. Daumier me ramena à Rembrandt, et Manet à Frans Hals. Arrivé aux peintres du XVIIe siècle, les Hollandais et les Flamands ne pouvaient manquer. Un troisième cercle contint les peintres français de la fin du XVIIIe siècle et les modernes. La parenté esthétique des impressionnistes avec les Vénitiens du XVIIIe me suggéra les noms de Canaletto, de Guardi et de Tiepolo. » – Emil Bührle (1954)