Exposition « Degas à l’Opéra »
24 septembre 2019 – 19 janvier 2020
Musée d’Orsay
Tout au long de sa carrière, Edgar Degas a fait de l’Opéra le thème central de ses œuvres. De la salle de répétition à la scène et du foyer aux loges, il dessine et peint aussi bien les artistes que les spectateurs.
Pendant le confinement, je vous invite à revoir, en images, l’exposition que le musée d’Orsay consacrait, jusqu’au 19 janvier 2020, aux liens entre Degas et l’Opéra.
Degas récuse le « sur le vif », et c’est dans l’atelier qu’il peint. Son Opéra, sous l’apparence du réel, n’est donc jamais « exact » .
« Il disait toujours que l’art est une convention, que le mot Art implique la notion d’artifice. » – Paul Valéry à propos de Degas
« On voit comme on veut voir ; c’est faux ; cette fausseté constitue l’art. » – Edgar Degas
Des modèles de sculptures antiques
« Ah! Giotto! Laisse-moi voir Paris, et toi, Paris, laisse-moi voir Giotto! » s’exclame Degas dans un carnet qu’il tient entre 1867 et 1874, signifiant son ambition de devenir le classique de la modernité.
Sous leur apparence de spontanéité, les danseuses au travail et au repos, se massant la cheville ou rajustant leur chausson, retrouvent les poses dynamiques des modèles de sculptures antiques et de maîtres anciens.
« Le secret, c’est de suivre les avis que les maîtres nous donnent par leurs œuvres en faisant autre chose que ce qu’ils ont fait. » – Edgar Degas
La musique
Le père de Degas tenait un salon où se jouait la musique « ancienne » : Bach, Rameau, et Gluck, la grande passion du peintre. En peintre de la vie et du mouvement, Edgar Degas représente aussi les musiciens de l’Opéra.
De la salle Le Peletier au Palais Garnier
Degas connaîtra deux Opéras à Paris ; celui de la rue Le Peletier, détruit par le feu en 1873, puis le Palais Garnier à partir de 1875. L’Opéra Le Peletier, construit en 1820-1821, remplaçait provisoirement la salle de la rue de Richelieu, démolie en raison de l’assassinat du duc de Berry en 1820. Lorsque Degas commence à y travailler, le théâtre est voué à disparaître.
Monument phare du Second Empire – un régime que Degas détestait – le Palais Garnier déplait à Degas aussi parce qu’il mettait en valeur les commandes passées aux artistes qu’il combattait ou méprisait.
Des coulisses à la scène
Après le succès de ses premières scènes d’Opéra, Degas investit le théâtre et, passant de la salle dans les coulisses, peint ses premières classes de danse.
Après s’être cassées à la barre, les danseuses, sous l’autorité des maîtres de ballet Jules Perrot ou Louis Mérante, entament l’une après l’autre les exercices du milieu, « les jetés, les balancés, les pirouettes, les gargouillades, les entrechats, les fouettés, les ronds de jambe, les assemblées, les pointes… »
Avez-vous le pouvoir de me faire donner par l’Opéra une entrée pour le jour de l’examen de danse ? J’en ai tant fait de ces examens de danse sans les avoir vus, que j’en suis un peu honteux. » – Edgar Degas à Albert Hecht
Le succès immédiat des œuvres de Degas lui assure une clientèle. Il décline alors ces « produits » ou « articles » qui feront de lui, à son corps défendant, le « peintre des danseuses ».
« Ses danseuses sont, comme il le dit lui-même, non point de simples tableaux ou de simples études, mais des méditations sur la danse. » – Mirbeau
Un laboratoire technique
L’Opéra est un laboratoire de l’art de Degas qui renouvelle son approche des médiums, des formats, des points de vue et des éclairages. C’est le seul univers exploré avec toutes les techniques pratiquées au cours de sa vie : l’estampe, la photographie, le pastel, la peinture, sur papier ou sur toile, la sculpture, les éventails.
Degas prépare ses tableaux par de nombreux dessins, des petits croquis des carnets aux grands dessins sur calque. Ces dessins ne sont pas toujours utilisés pour un tableau précis mais constituent un réservoir formel dans lequel puiser.
Les tableaux en long
A partir de 1879, Degas explore un format singulier, celui du double carré, dans des œuvres qu’il nomme « tableaux en long ».
L’élan diagonal qu’il donne à ses compositions suggère à l’œil du spectateur que la course des ballerines se poursuit au-delà du cadre de la toile.
Éclairages et points de vue
Les points de vue audacieux qu’adopte Degas renforcent la théâtralité : vues de biais, du dessous, du dessus, loges, scènes, balcons, mais aussi spectateurs et acteurs se révèlent sous un jour particulier.
Une orgie de couleurs
En 1899, Degas invite Julie Manet à voir dans son atelier « des orgies de couleurs qu'[il] fai[t] en ce moment », ce qui touche d’autant plus la fille de Berthe Morisot qu’ « il ne montre jamais ce qu’il fait », raconte-elle dans son Journal.
Au tournant du siècle, Degas se concentre sur le fusain et le pastel, ses deux techniques de prédilection. Avec le pastel, il peut dessiner directement avec la couleur et manier la matière sensuelle sans l’intermédiaire d’un outil.
Degas reprend les mêmes compositions dans des couleurs différentes, totalement irréelles, où seule comptent la vivacité, l’harmonie ou la stridence visuelles.
Sources :
– dossier de présentation de l’exposition
– « Regards d’écrivains au musée d’Orsay » (1992) aux Éditions de la Réunion des musées nationaux
Exposition « Degas à l’Opéra »
24 septembre 2019 – 19 janvier 2020
Musée d’Orsay
Pendant la période de confinement, retrouvez le musée d’Orsay sur Internet.
Trop bien documenté et illustré ! Bravo.