Exposition « Dessins bolonais du XVIe siècle dans les collections du Louvre »
22 septembre 2022 – 16 janvier 2023
Rotonde Sully Sud
Musée du Louvre
Dans les toutes premières années du Cinquecento, un style nouveau de dessins apparaît, caractérisé par des effets d’ombre et de lumière particulièrement intenses, qui ouvrent la voie à la manière moderne.
À travers une sélection de 44 feuilles, la nouvelle exposition proposée par le département des Arts graphiques du Louvre permet de découvrir l’évolution du dessin bolonais tout au cours du XVIe siècle. Aux côtés d’artistes majeurs de la période, des personnalités restées parfois encore dans l’ombre sont mises en avant.
Le Cabinet des dessins du Louvre conserve environ 500 dessins de l’École bolonaise du XVIe siècle. Cette exposition est une nouvelle occasion d’admirer l’incroyable richesse des collections d’Arts graphiques du musée !
Les origines de la collection
L’ensemble de dessins bolonais conservés au Louvre provient en partie de la collection du banquier d’origine allemande Everhard Jabach, acquise en 1671 pour le Cabinet du roi, des saisies révolutionnaires, mais également d’un certain nombre de dons reçus aux 19e et 20e siècles, notamment celui de la collection du baron Edmond de Rothschild.
Le premier classicisme bolonais
Au début du Cinquecento, la ville de Bologne connaît un élan artistique d’exception favorisé par la pensée humaniste diffusée par les érudits de l’Université. Francesco Francia (vers 1447-1517) développe un atelier florissant, produisant des oeuvres d’un raffinement extrême. Ses dessins se caractérisent par une attention soutenue à la ligne pure et fine et à la lumière, délicate et envoûtante.
Le langage de Francesco Francia inspire les artistes de son entourage comme Peregrino da Cesena et Jacopo da Bologna.
L’Antique représente également une réelle source d’inspiration qui nourrit l’imaginaire artistique. Les oeuvres de jeunesse de Marcantonio Raimondi en rendent compte, ainsi que celles d’Amico Aspertini.
À la mort de Francia, l’atelier d’Innocenzo da Imola (vers 1490 – vers 1545) s’impose comme nouveau lieu de création. Ses oeuvres s’adressent à une clientèle bolonaise qui demande un renouveau du langage orienté vers les actualités venues d’ailleurs.
L’influence de Raphaël
À partir de 1520 environ, un nouveau classicisme s’impose sur la scène bolonaise. Biagio Pupini (documenté de 1511 à 1551) en est l’un des représentants principaux. Imprégné de culture romaine, nourri de modèles de l’Antiquité et des modernes, il contribue à diffuser à Bologne le langage appris lors de divers voyages à Rome. Les oeuvres de Raphaël notamment sont réinterprétées d’une manière personnelle et créative.
Les compositions saturées de figures, très picturales, souvent tracées à la pointe du pinceau, montrent un intérêt accru pour le rendu de la lumière obtenu par une surabondance de rehauts de gouache blanche.
Les maniéristes bolonais
À partir des années 1540, les échanges entre Bologne et Rome s’intensifient. Pendant que Prospero Fontana (1509 -1597) réalise à Rome certains décors de la villa du pape Jules III (1551- 1553), Pellegrino Tibaldi (1527-1596) exécute à Bologne son chef-d’oeuvre : les fresques du palais du cardinal Poggi (1549 -1560).
Les grands dessins à la sanguine de Pellegrino Tibaldi, avec des figures puissantes, proposent de nouveaux modèles figuratifs influençant tous les artistes après lui. On en retrouve écho chez Nosadella, ou chez Orazio Samacchini (1532 -1577), dont les formes en torsion montrent aussi une élégance linéaire retrouvée.
Bartolomeo Passerotti ou la force du dessin
Bartolomeo Passerotti (1529 -1592) impose une nouvelle façon de regarder les éléments naturels appartenant au monde végétal, animal, mais aussi l’homme, étudié avec un intérêt quasi scientifique pour la vérité de son image.
Le facture soignée de Passerotti, qui propose des effets de lumière analogues à ceux recherchés par les maîtres graveurs, lui permet d’obtenir des dessins finis à la manière des estampes, sans doute destinés à des collectionneurs.
Commissariat de l’exposition
Roberta Serra, ingénieur d’études au département des Arts graphiques, musée du Louvre
En savoir +
Consultez le site Internet du musée du Louvre.