« Le 28 juillet 1830. La Liberté guidant le peuple » (1830)
Eugène Delacroix (1798-1863)
Musée du Louvre
La restauration de « La Liberté guidant le peuple » s’inscrit dans la campagne de restauration des grands formats de la salle Mollien, initiée par le musée du Louvre en 2019.
Les études préliminaires ont été menées par le laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) en juin 2022. La restauration s’est ensuite déroulée de septembre 2023 à avril 2024 avec les restaurateurs, Bénédicte Trémolières et Laurence Mugniot pour la couche picturale, et pour le support Luc Hurter et Jean-Pascal Viala. Clarisse Delmas, a piloté pour le C2RMF le suivi de la restauration.
Début mai 2024, l’œuvre restaurée a retrouvé sa place dans la salle Mollien.
Pour le dernier épisode de cette web-série sur les Delacroix restaurés du musée du Louvre, retrouvez Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre, et Côme Fabre, conservateur du patrimoine en charge des peintures françaises du 19e siècle.
Ce tableau est certainement le plus célèbre de Delacroix. Il s’agit de l’une des représentations les plus connues de Marianne et de la Liberté en tant qu’allégorie de la République française.
En 1830, Delacroix a 32 ans. Il est très connu mais se trouve dans une impasse. En effet, depuis l’âge de 24 ans, il s’est taillé une solide notoriété de peintre d’histoire par une succession de coups d’éclat aux Salons, mais l’échec cuisant de « La Mort de Sardanapale » en 1828 a porté un coup d’arrêt à son ascension.
La révolution des 27, 28 et 29 juillet 1830 – provoquée par la signature par Charles X des ordonnances destinées à suspendre la liberté de la presse, dissoudre la Chambre des députés et réduire le droit de vote – offre à Delacroix une opportunité inespérée de rebondir. Il a été le témoin direct de cette insurrection populaire et spontanée qui a réveillé la fierté patriotique des Français. Cela résonne tout particulièrement dans le cœur du peintre : le retour du drapeau tricolore, après quinze ans de censure, réactive le souvenir glorieux de son père ministre et ambassadeur de la République française, de ses frères officiers de la Grande armée napoléonienne.
« J’ai entrepris un sujet moderne, Une barricade… et si je n’ai pas vaincu pour la patrie au moins peindrai-je pour elle. » – Eugène Delacroix dans une lettre à son frère
Le peintre renoue avec une peinture très âpre qui traduit l’effort des corps et le sacrifice des vies, sans masquer les atrocités d’une guerre civile, le spectacle hideux des cadavres abandonnés plusieurs jours dans les rues.
Le tableau est à la fois une peinture d’histoire et une allégorie, agrémentée de scènes de genre, de portraits, de natures mortes et d’un paysage urbain. L’œuvre est terminée en à peine quatre mois.
En savoir +
Découvrez le tableau sur le site Internet du C2RMF.