Ce reportage sera disponible samedi 25 janvier 2025 à 19h.
Exposition « Ribera. Ténèbres et lumière »
5 novembre 2024 – 23 février 2025
Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
José de Ribera (1591-1652), artiste espagnol installé en Italie, est l’un des principaux peintres caravagesques. Ce maître du naturalisme a fait le choix d’une radicalité extrême et a privilégié dans ses tableaux un réalisme cru, des compositions dramatiques, ainsi que de violents clairs obscurs.
Le Petit Palais propose la première monographie consacrée, en France, à un artiste trop longtemps resté dans l’ombre, qui sait transcrire la dignité́ du quotidien.
Pour cette visite privée, vous êtes accompagnés par Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, et Maïté Metz, conservatrice des Peintures et Arts graphiques anciens.
Notre connaissance du jeune Ribera, avant son installation à Naples, s’est longtemps limitée à quelques rares mentions biographiques et à un nombre d’œuvres très réduit. Le Ribera de la période romaine a été redécouvert en 2002 lorsque les tableaux rassemblés sous le nom de convention de « Maître du Jugement de Salomon » ont été identifiés comme étant de Ribera. Ce mystérieux peintre anonyme, l’un des caravagesques les plus intrigants de la scène romaine, n’était donc pas un artiste français, comme on l’a longtemps cru, mais bien le jeune Ribera.
Dans le sillage de Caravage, Ribera renouvelle la représentation de l’histoire sainte. Il l’interprète d’après nature, avec une rare intensité, associée à une profonde humanité. À ce titre, « Le Reniement de saint Pierre » prend la forme d’un drame contemporain qui se déroule au cœur d’une taverne, sous les yeux du spectateur, lui-même pris à partie. Ribera invente ainsi un prototype voué à un immense succès.
Ribera représente les plus grands penseurs en indigents vêtus de haillons qui s’imposent au spectateur, provocants et superbes. Son message est radical. Il s’inscrit dans un contexte intellectuel et spirituel qui prône la relation entre la richesse intérieure et la pauvreté extérieure.
Le « Portrait de famille » résolument non conventionnel que brosse Ribera de la « Femme à barbe » et son mari constitue à lui un chef-d’œuvre d’humanité. Le spectateur ne peut qu’être frappé par cette image frontale mettant l’accent sur le contraste entre la longue barbe noire et le sein blanc gonflé de lait sorti du corsage pour nourrir l’enfant.
« C’est une furie du pinceau, une sauvagerie de touche, une ébriété de sang dont on a pas idée. » – Théophile Gautier
La représentation de la violence est aussi au cœur de la production de Ribera. Cadrages audacieux, asymétrie des constructions, grandes diagonales, mouvements de foule, gestuelle éloquente prennent directement à partie le spectateur pour mieux l’inviter à participer aux souffrances exposées. Ces scènes de torture se nourrissent de mises à mort bien réelles, orchestrées sur les places publiques par l’Inquisition, et dont Ribera a été le témoin. Au sein de ces tableaux spectaculaires domine la représentation de la chair : une chair vieillie, mise à nu, ensanglantée, arrachée, où s’exprime toute la virtuosité du pinceau de Ribera.
« Le Martyre de saint Barthélemy » offre à Ribera un motif terrifiant de corps souffrant, disloqué et meurtri. Il révèle une forme de fascination pour le mélange de sensations, entre attraction et répulsion, que convoque la scène d’écorchement.
L’artiste peint également saint André ou saint Sébastien, souffrant tous deux dans leur chair, mais avec une atténuation de l’horreur dans la mise en scène de leur martyre. Un de ses derniers tableaux, le « Saint Sébastien » pour la certosa di San Martino en 1651, tend vers un apaisement érotisé du sujet.
Commissariat de l’exposition
Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais.
Maïté Metz, conservatrice des Peintures et Arts graphiques anciens au Petit Palais.
En savoir +
Consultez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du Petit Palais.
Merci, superbe ! Je vais à l’expo demain
Timing parfait ! Profitez de l’exposition sur place ; je l’ai trouvée vraiment passionnante.