[Visite privée] Exposition « Le mystère Cléopâtre » à l’Institut du monde arabe

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Ce reportage sera disponible à partir du samedi 6 septembre à 19h sur cette page.

Exposition « Le mystère Cléopâtre »
11 juin 2025 – 11 janvier 2026
Institut du monde arabe (Paris)

Des grandes figures féminines que compte l’histoire, Cléopâtre, la dernière souveraine d’Égypte, est la plus populaire. Autour de son personnage se sont forgées une légende noire puis une figure universelle, associant passion et mort, volupté et cruauté, richesse et guerre, politique et féminisme.
Malgré sa popularité, la rareté et la contradiction des sources historiques font de Cléopâtre une véritable énigme.

Explorez le « mystère Cléopâtre » en compagnie de Claude Mollard, commissaire général de l’exposition.

« Cléopâtre mourant, debout » – Sculpture attribuée à Jean-Baptiste Goy (1666-1738) – Châteaux de Versailles et de Trianon
Portrait présumé de Jules César (fac-similé) – Marbre du Dokimeion (Asie Mineure) datant du milieu du le siècle av. J.-C. – Musée départemental Arles antique
Buste de Ptolémée XII Néos Dionysos (117-51 av. J.-C.) – Époque ptolémaïque, le siècle av. J.-C. – Égypte – Musée du Louvre
Statue d’un prince ptolémaïque, peut-être Césarion – Époque ptolémaïque ou romaine, je siècle av. J.-C.-* siècle apr. J.-C. – Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, dépôt au musée de l’Éphèbe et d’archéologie sous-marine

Née en 69 av. J.-C. à Alexandrie, Cléopâtre VII est la dernière souveraine des Ptolémées. Héritant d’un royaume sous influence romaine, elle s’impose en fine diplomate pour préserver son pouvoir. Alliée de Jules César puis de Marc Antoine, elle élimine ses rivaux et associe son fils Césarion au trône. Défaite par Octave à Actium, elle se suicide en 30 av. J.-C., scellant la fin de la dynastie pharaonique. La mort de Cléopâtre ne ferme toutefois pas le livre de son histoire, elle amorce le début d’une légende.

Corniche de temple aux cartouches de Cléopâtre VII et de Césarion – Époque ptolémaïque, vers 40 av. J.-C. – Égypte, Coptos – Musée des Beaux-Arts de Lyon
Tétradrachme de Marc Antoine, frappé à Antioche sur l’Oronte (Turquie) (fac-similé) avec le buste de Cléopâtre coiffée d’un diadème (36-30 av. J.-C.) – Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, médailles et antiques$

« Sa voix avait une extrême douceur ; et sa langue, qu’elle maniait avec une grande facilité, telle qu’un instrument à plusieurs cordes, prononçait également bien plusieurs idiomes différents ; en sorte qu’il était peu de nations à qui elle parlât par interprète. Elle répondait dans leur propre langue aux Éthiopiens, aux Troglodytes, aux Hébreux, aux Arabes, aux Syriens, aux Mèdes et aux Parthyens. Elle savait encore plusieurs autres langues, tandis que les rois d’Égypte, ses prédécesseurs, n’avaient pu apprendre qu’à grand’peine l’égyptien, et que quelques-uns d’entre eux avaient même oublié le macédonien, leur langue maternelle. » – Plutarque dans « Vie des hommes illustres »

Relief représentant probablement la bataille navale d’Actium – Époque romaine, 31 av. J.-C.-100 apr. J.-C. – Collection Medinaceli (Cordoue)
Pendentif pectoral décoré de dieux égyptiens : Anubis embaume une momie sous le regard d’Horus accroupi – Époque ptolémaïque ou romaine, 323 av. J.-C.-200 apr. J.-C. – Musée du Louvre
Masque doré de momie – Époque ptolémaïque, 323-30 av. J.-C. – Musée d’Histoire locale de Rueil-Malmaison

Alors que les Égyptiens et les Grecs vénèrent Cléopâtre comme une déesse, la propagande romaine la présente comme une « reine prostituée ». Au Moyen Âge, des écrivains arabes la décrivent en figure maternelle, protectrice de son peuple, érudite et savante. Dès le XVIe siècle, l’Occident la réinvente sans cesse en littérature et en art.

« Pensées » (1670) de Blaise Pascal (1623-1662) – Tome 2, pensée n°46 – Édition Ménard et Desenne, fils (1820) – Collection particulière

« Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. » – Pascal dans « Pensées »

« Antony and Cleopatra » (1623) de William Shakespeare (1564-1616) – Édition J.M Dent, Londres (1897) – Collection particulière
« Cléopâtre » (vers 1585) par Lavinia Fontana (1552-1614) – Galleria Spada (Rome)
« Cléopâtre montre à Octave le buste de César » (1755 ?) par Pompeo Batoni (1708-1787) – Musée des Beaux-Arts de Dijon
« Sarah Bernhardt dans le rôle de Cléopâtre » (après 1890) par Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938) – Collection particulière (Strasbourg)

Ce sont les grandes comédiennes, de Sarah Bernhardt à Liz Taylor, qui vulgarisent le destin de Cléopâtre à l’ère médiatique, désormais femme seule en haut de l’affiche mais toujours incarnation fantasmatique d’un ailleurs orientalisant.

Avec la prolifération des images et la culture de masse, Cléopâtre devient un objet de consommation : reine de beauté, égérie de mode, marque de publicité. Sa figure moderne s’invite partout, mais le mythe finit par éclipser la réalité historique de la cheffe d’État. C’est pourquoi certaines voix s’élèvent pour retrouver la vérité enfouie sous le mythe.
Parallèlement à son image populaire et glamour, apparaît une identité de Cléopâtre, cheffe d’État et reine érudite.

« Cleopatra’s Kiosk » (2025) par Shourouk Rhaiem – Collection de l’artiste

Son refus de se soumettre, dans un monde dominé par les hommes, préférant mourir plutôt que se rendre, fait d’elle une icône des luttes identitaires et émancipatrices.
En Égypte, elle symbolise la résistance au colonialisme britannique (1882-1956), tandis qu’aux États-Unis, elle est une fierté pour la communauté africaine-américaine, notamment dans la lutte anti-esclavagiste lors de la guerre de Sécession (1861-1865). Les mouvements féministes réhabilitent son rôle de femme de pouvoir, dénonçant son invisibilisation façonnée par le « male gaze » (regard masculin), faisant d’elle un symbole intemporel.

« Cleopatra’s chair » (1994) par Barbara Chase-Riboud (née en 1939) – Collection particulière (New York)

Commissariat de l’exposition

Commissariat général de l’exposition :
Claude Mollard, conseiller spécial du président de l’Institut du monde arabe
Commissaires scientifiques :
Christiane Ziegler, égyptologue, directrice honoraire du département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre
Christian-Georges Schwentzel, professeur des Universités en Histoire ancienne, directeur du Département d’Histoire, Université de Lorraine
Commissaires associées :
Nathalie Bondil, directrice du musée et des expositions à l’Institut du monde arabe
Iman Moinzadeh, chargée de collections et d’expositions à l’Institut du monde arabe

Exposition « Le mystère Cléopâtre » à l’Institut du monde arabe

En savoir +

Consultez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet de l’Institut du monde arabe.

« La mort de Cléopâtre » (1874) par Jean-André Rixens – Musée des Augustins (Toulouse)

Exposition « Le mystère Cléopâtre »
11 juin 2025 – 11 janvier 2026
Institut du monde arabe
1, rue des Fossés Saint-Bernard
Place Mohammed V
75005 Paris

Exposition « Le mystère Cléopâtre » à l’Institut du monde arabe

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