Exposition « Animaux Fantastiques »
27 septembre 2023 – 15 janvier 2024
Musée du Louvre-Lens
Dragons, griffons, sphinx, licornes, phénix… Présents depuis l’Antiquité, les animaux fantastiques peuplent les moindres recoins de notre monde contemporain, des films et dessins animés aux objets du quotidien. Tour à tour images de terreur ou d’admiration, expression de notre inconscient camouflé ou de nos angoisses, ces créatures souvent hybrides portent en elles une ambiguïté fondamentale. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Que signifient-elles ?
Pour cette visite privée, suivez Hélène Bouillon, conservatrice en chef du patrimoine, directrice de la conservation, des expositions et des éditions du Louvre-Lens, et Clémentine Strzalkowski, chargée d’exposition et régisseuse des collections du Louvre-Lens.
Les animaux fantastiques partagent avec la faune réelle un pouvoir de fascination sur l’être humain. On leur confère une proximité avec la nature, une sauvagerie mêlée de sagesse. Ce ne sont pas pour autant des animaux comme les autres. Ils s’en distinguent par leur apparence. Gigantesque, démesuré, difforme, leur corps adopte les caractéristiques de plusieurs animaux : corps de cheval et ailes d’oiseaux, aigle à tête de lion…
Cette physionomie extraordinaire reflète des pouvoirs surnaturels. Les animaux fantastiques incarnent les forces élémentaires de la nature : eaux tempétueuses, rafales colériques, mais aussi ruisseaux tranquilles, terre nourricière. Ils représentent leur immensité, leur violence, leur beauté et leurs éclats. Certains possèdent un visage, des mains ou des jambes, qui les rattachent au monde des humains tout en évoquant distance et dangerosité.
Riche de près de 250 oeuvres – sculpture, peinture, objets d’art mais aussi cinéma et musique –, de l’Antiquité à nos jours, l’exposition propose un voyage à travers le temps et l’espace pour raconter l’histoire des plus célèbres de ces animaux à travers leurs légendes, leurs pouvoirs et leur habitat. Elle questionne nos rapports passionnés à ces êtres dont la présence irréelle semble plus que jamais nécessaire.
L’exposition commence par un retour aux origines de ces animaux imaginaires, qui émergent dès la Préhistoire et incarnent les terreurs sacrées des humains face au vertige de la nature. Dès l’Antiquité, ils sont au coeur de combats fondateurs qui représentent, sous différentes formes, la lutte de forces opposées, notamment celles du bien contre le mal.
Paolo Uccello peint le combat de saint Georges contre le dragon (photo ci-dessus), popularisé au 13e siècle par « La Légende dorée » de Jacques de Voragine. Paolo Uccello mêle ici une représentation encore très médiévale à des procédés – notamment une multiplication de trois points de fuite – qui s’inscrivent dans les spéculations de la Renaissance.
La représentation de la grotte, le profil de la princesse, la riche mosaïque de couleurs vives ainsi que les attributs du dragon – queue en tire-bouchon, ailes mi-papillon, mi-chauve-souris – tout droit sortis d’un bestiaire de fantaisie, se conjuguent ainsi à un travail minutieux de la perspective, tant dans la figure du cavalier que dans le vaste paysage vu à vol d’oiseau.
Outre leur apparence étrange et souvent hybride, les animaux fantastiques ont souvent pour caractéristique principale d’être magiques : ils protègent les peuples et souverains, et veillent sur la frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Le dragon occupe une place à part dans cet écosystème : son apparence fluctue selon les siècles et les civilisations, avant d’être progressivement codifiée dans l’art européen puis dans les arts visuels de la culture populaire.
Vivant aux marges du réel, les animaux fantastiques contribuent également à incarner une autre forme de société possible. Imprégnant aujourd’hui plus que jamais la pop culture et la fantasy, ces monstres nous interrogent quant à nos peurs et nos aspirations, et un besoin de ré-enchantement du monde.
Commissariat de l’exposition
Commissaire générale :
Hélène Bouillon, conservatrice en chef du patrimoine, directrice de la conservation, des expositions et des éditions du Louvre-Lens
Commissaires associées :
Jeanne-Thérèse Bontinck, cheffe de Projet Patrimoine, Ville d’art et d’histoire, Périgueux
Caroline Tureck, chargée de recherches et de documentation, Louvre-Lens
Assistées de :
Yaël Pignol, médiateur Patrimoine & Jardins – Référent scientifique, Cité des Electriciens, Bruay-la-Buissière
Scénographie : Mathis Boucher, architecte-scénographe, Louvre-Lens
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi
Superbe!!!! A voir et revoir!!! Merci