Exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte »
12 octobre 2022 – 23 janvier 2023
Musée du Louvre
Dans cette première grande exposition parisienne consacrée à la « nature morte » depuis celle du musée de l’Orangerie en 1952, le musée du Louvre propose une vision nouvelle de ce genre longtemps considéré comme mineur.
Étonnante et stimulante, cette exposition réunit près de 170 œuvres qui dialoguent entre elles au-delà du temps et de la géographie. L’art contemporain occupe une place inédite dans une exposition du Louvre. Un pari audacieux et réussi ! Laissez-vous gagner par la passion des Choses !
« Car les choses et l’être ont un grand dialogue. » – Victor Hugo
Ce qui reste
Avant même que les textes n’en parlent sous l’Antiquité, les Choses étaient représentées par des hommes et des femmes. Dans les grandes sociétés mésopotamienne ou égyptienne notamment, elles symbolisent la puissance et le sacré, la vie après la mort, mais aussi l’existence quotidienne, le travail ou l’amour.
L’art des choses ordinaires
Dans une maison de Pompéi, l’image d’un crâne en mosaïque rappelle la fin inéluctable qui nous attend toutes et tous à égalité. Datée du Ier siècle avant notre ère, elle est la première Vanité d’un genre qui est encore pratiqué par les artistes de notre temps.
Les objets de la croyance
Entre le VIe siècle et le XVIe siècle en Europe, la représentation des choses ne disparaît pas comme cela a souvent été dit. Elles sont mises entièrement au service du récit religieux chrétien et servent de symboles pour que chacun puisse se familiariser avec les personnages sacrés.
Émancipation
À partir du début du XVIe siècle, le retour de l’intérêt pour le monde matériel et quotidien s’ancre dans l’héritage de l’Antiquité gréco-romaine mais doit aussi aux pensées nouvelles, à l’évolution du christianisme et au développement du marché qui leur confèrent de nouvelles significations.
Accumulation, échange, marché, pillage
À partir de la seconde moitié du XVIe siècle en Europe, les artistes représentent de plus en plus les choses qui s’accumulent, s’échangent et s’achètent dans un monde marchand. Elles se mêlent désormais aux figures humaines mais aussi religieuses au point de rivaliser avec celles-ci.
Sélectionner, collectionner, classer
À partir du XVIIe siècle et encore de nos jours, alors que s’impose le genre pictural de « la nature morte » en Europe, la discussion est minée par l’idée que l’on se fait de la hiérarchie des genres : il y aurait des sujets plus difficiles ou plus nobles que d’autres pour les artistes.
Tout reclasser
Au XVIe siècle, Arcimboldo mélange les fleurs, les légumes, les fruits, les animaux et les humains. Pour montrer que le genre des choses est aussi noble qu’un autre, des artistes plantent des natures mortes en gros plan sur des paysages qui ne servent plus que de décor.
On prête à Chardin d’avoir si finement rendu la vie des choses que le genre en est bouleversé. Le marché de l’art en est aussi friand et les artistes s’y réfèrent jusqu’à aujourd’hui.
Vanité
À partir du XVIe siècle, la vanité a souvent la forme d’un crâne seul ou installé près d’objets symboliques comme une bougie ou un sablier qui signifient le temps qui passe inexorablement.
La bête humaine
Le motif peint de l’animal mort est ancien. Cette figure désespérante de l’animal semble nous avertir du sort qui pourrait bien nous attendre.
Au début des années 1800, Géricault et Goya signent des œuvres qui opèrent une véritable révolution : ils peignent des membres de cadavres humains et une tête et carcasse de mouton comme des choses.
La vie simple
Édouard Manet peint la vie simple avec des fleurs, des fruits, des légumes ou des poissons morts qu’il magnifie.
Comme Van Gogh ou Gauguin, Cézanne a voulu lui aussi le dépouillement dans l’attention aux choses élémentaires.
Dans leur solitude
Si les choses étaient depuis longtemps affranchies de celles et ceux qui les produisaient et les consommaient, elles sont, au XXe siècle, de plus en plus isolées dans un monde où leur solitude renvoie à celle de leurs maîtres.
Choses humaines
Le malaise grandit quand un artiste s’en prend au corps humain pour le « chosifier ». Ainsi, quand Robert Gober fait surgir d’un mur une jambe coupée surmontée d’une bougie, il n’est pas seulement question d’un homme qui a disparu dans sa totalité, c’est toute l’espèce humaine qui semble rassemblée dans cette partie séparée du tout.
Les temps modernes, Objets poétiques, Métamorphoses…
Les trois dernières sections de l’exposition illustrent la représentation des choses par les artistes contemporains. Pour des questions de droits, je ne peux vous montrer d’images.
Commissariat de l’exposition
Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art, avec la collaboration de Thibault Boulvain et Dimitri Salmon
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée du Louvre
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