Exposition « Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur »
15 mars – 16 juillet 2023
Musée du Luxembourg
Le Musée du Luxembourg propose une exposition sur Léon Monet (1836-1917), le frère aîné du peintre français Claude Monet. Les peintures et dessins de Monet, Sisley, Pissarro et Renoir, issus de sa collection, mais aussi des documents d’archives et de nombreuses photographies de famille apportent un éclairage inédit sur cette personnalité restée dans l’ombre.
De plus, l’exposition permet au public de découvrir, pour la toute première fois, le portrait que Claude Monet fait de son frère en 1874.
Une jeunesse havraise
En 1845, Adolphe Monet, son épouse et leurs deux enfants, Claude et Léon, s’installent au Havre. Travailleur, le jeune Léon est recruté comme commis dans l’entreprise familiale. Il choisit bientôt une voie différente et décide d’étudier la chimie des couleurs.
De son côté, Claude est un élève dissipé qui s’adonne à la caricature sur les bancs de l’école.
En 1856, la rencontre avec le peintre Eugène Boudin est décisive pour le jeune Claude. Celui-ci l’incite à abandonner la caricature, lui propose de l’accompagner peindre en plein-air et lui apprend le dessin.
La famille Monet
En 1836, un an après leur union à Paris, Louise-Justine et Adolphe Monet accueillent un premier fils, Léon Pascal et en 1840, un second garçon, nommé Oscar Claude.
En 1865, Léon épouse Etiennette Joséphine Robert. Le couple s’installe en 1869 à Déville-lès-Rouen, où Léon est représentant de commerce pour la société suisse Geigy & Co.
En 1897, deux ans après la mort de sa première femme, Léon se remarie avec Aurélie Blis. Déjà mère d’Adrienne, âgée de 11 ans, Aurélie donne naissance à Louise Monet en 1901.
La volonté de transmettre
La petite-fille de Léon Monet, Françoise, a grandi dans le souvenir et l’admiration de son grand-oncle Claude Monet. Étudier la dermatologie, elle manie aussi avec passion les crayons et les pinceaux et s’initie au dessin académique.
Avant son décès à l’âge de quatre-vingt-onze ans, le 21 décembre 2017, Françoise a émis un souhait, ou plutôt deux. Celui de voir un jour l’histoire de Léon et de Claude Monet, son grand-père et son grand-oncle, révélée. Et celui que le portrait de Léon Monet, peint par Claude en 1874 rejoigne un jour les collections publiques françaises.
Le portrait refusé, le chef-d’œuvre révélé
Ce portrait inédit est la seule représentation de Léon Monet par son frère Claude.
Léon porte une redingote, ornée d’une chaîne de montre et d’une épingle bien visibles sur l’étoffe sombre ainsi qu’un chapeau melon en feutre noir. L’intensité du regard est soulignée par le sourcil relevé qui traduit une certaine autorité.
Est-ce son aspect inachevé qui déplu à Léon ? Il décida, en tout cas, de le cacher.
Léon Monet collectionneur
Léon Monet fait partie de la première génération de collectionneurs impressionnistes. Il acquiert très tôt un certain nombre de paysages et de natures mortes exécutés par son frère, à l’époque où celui-ci peine à trouver des clients pour ses œuvres.
L’amateur apprécie la peinture de Camille Pissarro, d’Alfred Sisley et d’Auguste Renoir, et cherche à les promouvoir.
En 1875, il est présent à la première grande vente impressionniste qui s’ouvre à l’hôtel Drouot, à Paris. Il acquiert aux moins cinq peintures, se positionnant juste après le marchand Paul Durand-Ruel qui n’en achète pas moins de 18.
Par ailleurs, des peintures et dessins d’artistes rouennais complètent sa collection : Georges Bradberry, Marcel Delaunay, Joseph Delattre, Charles Frechon ou Narcisse Guilbert.
Villégiatures normandes
À la fin du XIXe siècle, Léon Monet tombe sous le charme du village des Petites-Dalles où il acquiert un terrain et fait construire au bord de l’eau une petite maison en brique. Claude Monet rend visite à son frère en 1880 et, séduit par le site, revient l’année suivante et de nouveau en 1884.
Chaque année, il peint les hautes falaises crayeuses et restitue habilement la grandeur sauvage des lieux.
En 1897, Léon Monet revend la maison des Petites-Dalles. Dès lors, Léon et Aurélie Monet décident de passer la période estivale à Étretat, à Pourville, à Varengeville ou à Villers-sur-mer.
Rouen : la vallée aux cent cheminées
L’industrialisation des grandes villes au XIXe siècle n’est pas un thème central de la production de Claude Monet, contrairement à Pissarro qui, lors de ses séjours à Rouen, est captivé par les cheminées fumantes des usines de la rive gauche.
La cuisine aux couleurs de Léon Monet
Directeur de l’usine française de Geigy & Co située à Maromme, Léon Monet se spécialise dans l’impression des cotons et dans les teintures pour soie, laine et coton. En mars 1892, Claude Monet, qui travaille face à la cathédrale, participe à un dîner avec les amis chimistes de son frère.
Monet à Rouen : une révolution de cathédrale
En 1864, Claude se rend pour la première fois à Rouen. En 1872, il met à profit un nouveau séjour pour peindre des vues de la ville depuis le fleuve. Il faut ensuite attendre presque vingt ans pour qu’il revienne peindre à Rouen.
En février 1892, Monet se concentre sur la cathédrale.
En 1895, il expose à la galerie Durand-Ruel à Paris le fruit de ses campagnes de 1892 et 1893, provoquant « une Révolution de cathédrale » dans le monde de l’art.
Monet à Giverny : peindre la couleur
En 1899, Monet commence à peindre son jardin de Giverny qui devient rapidement son unique thème d’inspiration.
En 1912, on lui diagnostique une cataracte qui altère sa perception des couleurs. Ayant de plus en plus de mal à reconnaître les nuances et les teintes, l’artiste se fie uniquement aux étiquettes de ses tubes de couleurs et à l’ordre qu’il adopte sur sa palette.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Commissariat de l’exposition
Géraldine Lefebvre, docteure en histoire de l’art, spécialiste du XIXe siècle
Source pour le texte : Guide visite de l’exposition
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée du Luxembourg.