Exposition « Le voyage illustré d’Emile Guimet en Asie »
6 décembre 2017 – 12 mars 2018
Musée national des arts asiatiques – Guimet
Fils d’un industriel lyonnais, Émile Guimet (1838-1918) est le fondateur du musée parisien qui porte son nom. En 1876, il entame un grand voyage avec le peintre et caricaturiste Félix Régamey (1844-1907) afin de parcourir le Japon, le Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Inde et Ceylan.
L’exposition du musée Guimet évoque ce voyage extraordinaire et les découvertes faites par les deux hommes, partis pour recueillir des sculptures, peintures et ouvrages destinés à l’Œuvre de la vie d’Émile Guimet : dresser un tableau comparé des religions.
L’Égypte
Chez Émile Guimet, le goût d’ailleurs est moins une quête d’exotisme qu’un souci de comprendre l’autre et de le faire connaître. Il consigne donc ses souvenirs dans des carnets de voyage qu’il publie à son retour.
En 1865, j’entreprenais, comme tout le monde, un voyage de touriste en Égypte. La vue des monuments, les visites au Musée de Boulaq, la lecture du merveilleux catalogue rédigé par Mariette, attrayant même pour les profanes, attachant comme un roman, les petits objets antiques qu’on se croit obligé de rapporter, tout cela avait ouvert mon esprit aux choses des temps passés et particulièrement aux croyances encombrantes dont les symboles se déroulent en Égypte sur des kilomètres de murailles. » – Émile Guimet
Il faut […] admirer […] surtout le grand hypostyle, qui ressemble à une forêt de colonnes monstrueuses ; le plafond écroulé partout, et les nombreux oiseaux qui gazouillent dans le feuillage des chapiteaux complètent l’illusion. […] le silence, la majesté, la splendeur de ce lieu formaient un ensemble que je n’oublierai jamais. » – Emile Guimet dans « Croquis égyptiens, journal d’un touriste » (1867)
Alors que Ferdinand de Lesseps creuse le canal de Suez, Guimet découvre en Egypte sa vocation en visitant le musée de Boulaq, l’ancêtre du musée du Caire.
Je sentais que ces objets que je réunissais restaient muets et que pourtant ils avaient des choses à me dire, mais que je ne savais pas les interroger. Je me mis à lire Champollion, Chabas, de Rougé […] Alors se dressa devant moi cette formidable histoire de l’Égypte […] Il fallait tourner mes regards vers l’Inde, la Chaldée, la Chine. » – Emile Guimet
Le Japon
Émile Guimet et Félix Régamey arrivent au Japon en août 1876.
J’aurai pour le Japon un passeport diplomatique et une mission du gouvernement me chargeant d’étudier les religions de l’Extrême-Orient. Vous voyez qu’un dessinateur m’est indispensable. Tâchez d’être mon compagnon, nous passerons ainsi dix mois qui éclaireront tout le reste de notre vie. » – Emile Guimet
Les déplacements de Guilet et Régamey sont limités à quelques villes et soumis à autorisation des autorités. Ils visitent des temples et des monastères, s’initient à l’art de manger avec des baguettes et de coucher sur une natte à même le sol.
Recommandé par les autorités japonaises, le gouverneur de Kyoto organise pour Émile Guimet des rencontres avec les représentants du shinto et d’écoles bouddhiques. Il en profite pour acheter des ouvrages et objets religieux et rituels.
Félix Régamey dessine sans relâche, croque des personnages, des monuments, des paysages.
La Chine
Arrivés à Shanghaï en novembre, Émile Guimet et Félix Régamey sont déçus par la Chine, qu’ils explorent peu. Le pays leur apparaît désespérément pauvre, sale et sombre et ils n’ont guère de temps pour essayer de dépasser cette vision négative. Émile Guimet se heurte à l’incompréhension des religieux qu’il essaie d’interroger sur leurs doctrines, Félix Régamey à l’hostilité de la foule lorsqu’il tente de dessiner dans la rue.
Ceylan et l’Inde
Après une escale à Singapour en janvier 1877, les deux hommes visitent les principaux sites de l’île de Ceylan, où Émile Guimet continue d’interroger moines et bonzes.
Le pays que nous traversons est très riche et a de grandes lignes. On y voit des figuiers énormes dont les racines aériennes plusieurs fois replantées forment des cloîtres de verdure. Les lianes gigantesques composent avec des bambous hauts comme des palmiers un tissu inextricable à travers lequel le tigre seul peut circuler. » – Emile Guimet
L’exposition universelle de 1878
De retour en France après dix mois de voyage, Félix Régamey s’active à transformer les dessins esquissés sur le vif en grandes toiles didactiques destinées aux futures salles du musée. De son côté, Emile Guilet rédige un rapport au ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Il fait part de sa volonté de doter la ville de Lyon d’un grand « musée religieux ».
Dans le cadre de l’Exposition universelle de 1878 à Paris, Émile Guimet présente les toiles de Régamey avec une sélection d’œuvres asiatiques, essentiellement japonaises.
Le musée des religions
En septembre 1879, Jules Ferry inaugure, à Lyon, le musée d’Émile Guimet encore en construction. Sa vaste rotonde inscrite à l’angle de deux rues est visible de loin.
Mais le projet peine à soulever l’intérêt de la ville. Ainsi, dès 1882, des échanges avec l’État et la Ville de Paris le conduisent à transférer son musée dans la capitale.
Ce musée a pour objet de propager la connaissance des civilisations de l’Orient et de l’antiquité classique, de faciliter les études religieuses, artistiques et historiques au moyen des images, des objets du culte et des œuvres d’art qui composent ses collections, mais l’Histoire des Religions, but primitif de sa fondation reste son objectif principal. » – Emile Guimet
Richesse des collections
Dans la rotonde d’entrée du musée, le visiteur était accueilli par le buste d’Antinoüs en Osiris.
Au rez-de-chaussée se déployaient ses collections de céramique japonaise et chinoise, tandis que les étages étaient consacrés à la statuaire religieuse des pays d’Asie.
Le mandala du Toji
En octobre 1876, lors d’une visite au temple Toji de Kyoto, Émile Guimet est frappé par un ensemble de statues dont l’organisation, sous forme d’un mandala (un « ensemble complet » rigoureusement orienté), offre à ses yeux une explication claire de la doctrine de la secte bouddhique japonaise Shingon.
Guimet en commande une copie.
Au centre apparaît le Bouddha Vairocana (Dainichi Nyorai), entouré de quatre autres bouddhas figurant ses vertus fondamentales et les étapes de l’Éveil, eux-mêmes assistés de bodhisattva.
Une façon spectaculaire de conclure la visite !
Exposition « Le voyage illustré d’Emile Guimet en Asie »
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6 Place d’Iéna
75116 Paris
Suivez l’actualité du musée Guimet sur Twitter : @MuseeGuimet
Source : dossier de presse de l’exposition
Merci Scribe accroupi.Encore une idée de visite.
Belle chronique pour une exposition dont je n’aurai pas le temps de voir, certainement ! Du coup ai beaucoup appris sur cet homme qui a donné son nom à ce magnifique musée ! Merci