Exposition « Visages des guerres de religion »
4 mars – 21 mai 2023
Cabinet d’arts graphiques du musée Condé
Château de Chantilly
Après la mort d’Henri II, l’unité du royaume de France se fracture peu à peu. Avec la croissance spectaculaire du calvinisme au cours des années 1550, le face-à-face confessionnel entre catholiques et protestants devient de plus en plus frontal et violent. La guerre civile qui va les opposer rythmera les quarante dernières années du XVIe siècle, entrecoupées de batailles, de massacres et de paix précaires.
Grâce aux portraits des acteurs de cette période, Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Condé, partage avec nous cette page sombre de l’histoire de France.
Le musée Condé de Chantilly conserve l’une des plus importantes collections relatives aux guerres de Religion. Ces guerres civiles étaient l’une des périodes de prédilection de la génération romantique à laquelle appartenait le jeune duc d’Aumale. Son frère aîné, Ferdinand- Philippe, duc d’Orléans, commanda par exemple à Paul Delaroche l’un des tableaux d’histoire les plus célèbres du XIXe siècle (image ci-dessus), exposé aujourd’hui dans la Tribune du musée Condé.
Historien de Louis, premier prince de Condé, l’un des principaux chefs du parti huguenot (image ci-dessus), le duc d’Aumale avait hérité des riches archives Montmorency et Condé. Il les compléta par la collection de portraits dessinés, peints et gravés la plus importante au monde concernant la Renaissance française.
Odet de Coligny (tableau ci-dessus) était l’aîné de trois frères qui furent des acteurs majeurs des guerres de Religion. Archevêque de Toulouse en 1534, puis évêque-comte de Beauvais, il se convertit à la religion réformée.
François de Coligny (image ci-dessus) fut le premier de la fratrie à embrasser le calvinisme. Il accomplit alors une action spectaculaire, en organisant ouvertement des prêches réformés tout au long de son voyage, qui le conduisit sur ses terres bretonnes. Henri II ordonna alors son emprisonnement. Libéré, il participa activement aux premières guerres de Religio. Ce portrait précède sa conversion officielle : François Clouet, portraitiste royal et agissant sur son commandement, n’aurait pas portraituré un seigneur ouvertement réformé et opposé au roi.
Fils cadet de Claude de Guise, Charles fut nommé très jeune archevêque de Reims. Cardinal en 1547, évêque de Metz de 1550 à 1551, il fut l’un des plus puissants personnages du royaume, notamment sous le roi François II, mais aussi un grand mécène. À la mort de son frère, en 1563, il prit la tête du parti catholique.
Le prélat d’État figure ici après son accession au cardinalat. Le modèle a été sciemment vieilli par le dessinateur, afin d’asseoir son autorité.
D’abord sa maîtresse, Isabelle de Hauteville (image ci-dessus) épousa le 1er décembre 1564 Odet de Coligny, cardinal de Châtillon. Elle l’accompagna en Angleterre et revint en France peu après sa mort en 1571.
Ce crayon fut composé, avec la série des dames et demoiselles d’honneur de Catherine de Médicis et de ses filles (Isabelle était la fille d’honneur de Marguerite de France), bien avant sa conversion.
Renée de Rieux, puissante et riche dame de Catherine de Médicis, était l’héritière des Rieux et des Laval. Séparée de son époux, elle obtint du roi Henri II le pouvoir d’administrer elle-même ses propres biens. Proche de François d’Andelot, son beau-frère, Renée adhéra à la Réforme, ce qui lui valut l’excommunication pontificale. Elle fut l’une des instigatrices de la surprise de Meaux, conspiration destinée à enlever Charles IX (1567). À la suite de ce dernier échec, elle fut condamnée à être décapitée par le Parlement de Paris, sans que sa sentence ne soit appliquée, mais mourut quelque temps après.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Durant les guerres de Religion, et notamment sous la Ligue, des enfants catholiques âgés de deux à quatorze ans, que Denis Crouzet a nommés les « enfants bourreaux », participaient à l’exécution des hérétiques ou aux processions catholiques. Le rôle des enfants dans les rituels de violence collective culmina lors de la Saint-Barthélemy et reprit avec la mort des Guises en 1588 et les actions de la Ligue. C’est ainsi que le cadavre de l’amiral de Coligny fut châtré et amputé de ses mains et de ses pieds par de tout jeunes tortionnaires.
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du château de Chantilly