
Ce reportage sera disponible mercredi 12 novembre à 19h sur cette page.
Exposition « Les Chardin des Marcille. Une passion orléanaise »
9 septembre 2025 – 11 janvier 2026
Musée des Beaux-Arts d’Orléans
Rarement un tableau n’a autant attisé les passions que « Le Panier de fraises des bois » (1761) de Jean Siméon Chardin, chef-d’œuvre de la peinture française, acquis par le musée du Louvre en 2022 après être resté depuis le milieu du XIXe siècle dans la collection de l’Orléanais Eudoxe Marcille (1814-1890).
Pour cette visite privée, suivez Olivier Voisin, directrice du musée des Beaux-Arts d’Orléans, conservatrice en chef du patrimoine.

« Ô Chardin ! ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile. » – Diderot (1763)

« François Marcille ramassa par centaines ces perles de la peinture française jetées sur le pavé. Sa maison s’ouvrit comme un lieu d’asile à tous ces charmants proscrits de l’art ennuyeux. Non content de les recueillir, il les fit connaître et comprendre par son admiration persuasive et par l’accueil empressé qu’il offrait à tous les curieux. Entrait chez lui qui voulait : sa collection était aussi hospitalière que les galeries des princes de Rome et de Gênes. » – Paul de Saint-Victor (1876)
Son nom à lui seul évoque celui de Chardin. Son père, François Marcille (1790-1856), issu d’une famille de courtiers en graines de la Beauce, s’était intéressé en visionnaire, dès 1822, à tous ces artistes du temps de Louis XV que plus personne ne regardait, jusqu’à réunir la plus grande collection de son temps, riche de 4500 œuvres où se trouvaient par dizaines les Boucher, Fragonard, Greuze, Prud’hon et Géricault… et, au-dessus des autres, trente Chardin.


Cette passion dévorante a été transmise avec sa collection à ses deux fils, Eudoxe et Camille. Camille, devenu conservateur du musée de Chartres, et Eudoxe, directeur du musée d’Orléans de 1870 et 1890, ont continué de promouvoir l’œuvre de Chardin, rachetant même à la vente de leur père, au-delà des œuvres qu’il avait désignées pour chacun, ce qui pouvait continuer d’être réuni de ce noyau idéal.

Très naturellement, les frères Goncourt, grands biographes des artistes du XVIIIe siècle, puiseront dans cette collection de référence, où est représenté l’ensemble de la carrière de Chardin, pour écrire en 1863 la première biographie du peintre des natures mortes silencieuses et des garde-manger.

Chardin était chez lui à Orléans et, d’une certaine façon, l’était depuis toujours. Son amitié avec Aignan Thomas Desfriches (1715-1800), l’entrepreneur qui avait fait d’Orléans au XVIIIe siècle une capitale artistique, se lisait jusque dans le foulard à carreaux que Chardin porte dans son autoportrait, provenant de chez Desfriches. Desfriches possédait lui-même de nombreux tableaux de Chardin.

Autour du prêt exceptionnel du « Panier de fraises des bois », cinq autres Chardin provenant de la mythique collection des Marcille sont réunis pour la première fois depuis la rétrospective de 1979. Ils sont accompagnés de l’ « Autoportrait aux bésicles », acquisition événement qui a permis en 1991 de faire entrer dans le cabinet des pastels cet artiste cher au cœur d’Orléans, mais dont seul le souvenir habitait les collections.

Exposition « Les Chardin des Marcille. Une passion orléanaise »
9 septembre 2025 – 11 janvier 2026
Musée des Beaux-Arts
1 Rue Fernand Rabier
45000 Orléans
L’exposition bénéficie des prêts exceptionnels du Musée du Louvre, du Musée Jacquemart-André, du Musée de Picardie, de collectionneurs privés et des descendants Famille Marcille.

En savoir +
Consultez la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée.


