Un splendide écrin pour les collections de la Bibliothèque nationale de France
La Bibliothèque nationale de France se déploie principalement sur deux sites : François-Mitterrand où sont conservés les imprimés et les documents audiovisuels ; Richelieu pour les collections dites « spécialisées » : manuscrits, dessins, gravures, photographies, cartes et plans, monnaies et médailles, antiques et bijoux….
Après douze ans de travaux, la BnF fête la réouverture du site Richelieu les 17 et 18 septembre 2022. À quelques jours de cet événement, je vous invite à découvrir l’un des espaces les plus fascinants du site : le musée.
Une bibliothèque-musée
Le musée de la BnF abrite près de 900 œuvres exceptionnelles, emblématiques des collections constituées au fil des siècles. Ce musée est une très belle surprise et une vraie réussite !
Héritière des collections des rois de France, la Bibliothèque nationale de France conserve des collections très variées formées de livres, manuscrits et imprimés, de cartes géographiques et de globes, mais aussi de monnaies et médailles, d’antiques, de dessins et d’estampes.
Le plus ancien musée de la capitale
Les monnaies, les médailles, les antiques et d’autres objets de curiosités sont réunis à la Bibliothèque par Colbert dès 1666. L’année suivante, ce même ministre fait l’acquisition d’environ 80.000 dessins et estampes de la collection de l’abbé de Marolles.
Par la suite, livres, estampes, dessins, cartes géographiques et objets sont conservés dans un même lieu ouvert aux érudits et aux personnages illustres.
À partir du milieu du XVIIIe siècle, avec le réaménagement du Cabinet du roi qui abritait les collections numismatiques et les antiques, elle se dote d’un véritable musée, sans doute le plus ancien de la capitale.
La Bibliothèque Royale devenue Nationale bénéfcie durant la période révolutionnaire d’enrichissements colossaux. Les confiscations des biens du clergé et des émigrés, puis les campagnes des armées françaises en Europe autorisent le transfert de centaines de milliers de livres et manuscrits rue de Richelieu, sans oublier les centaines d’objets provenant des trésors d’église.
Le Cabinet du roi n’est pas l’unique espace muséal au sein de la Bibliothèque Nationale : le Cabinet des Estampes, dont le fonds s’était enrichi grâce au dépôt légal, exposait ses fleurons depuis la fin du XVIIIe siècle. Ce dispositif du dépôt légal fut étendu à la lithographie à partir de 1817, puis spontanément adopté par les auteurs ou éditeurs de photographies en 1851.
Le musée de la BnF occupe les locaux construits par l’architecte Pascal au début du XXe siècle (aile Vivienne) ainsi que la galerie Mazarin et la Rotonde.
La salle des Colonnes – salle Fondation Leon Levy
Le parcours débute dans la salle des Colonnes où sont exposées les collections d’antiquités rassemblées dans le cabinet du Roi, puis acquises pour l’enrichissement de la collection devenue nationale à la Révolution ou offertes à la Bibliothèque par des collectionneurs.
Le Cabinet précieux, salle Sisley-d’Ornano
Dans le prolongement de la salle des Colonnes, le Cabinet précieux reflète le luxe du Cabinet du Roi rattaché à la Bibliothèque Royale dès 1666. Des collections principalement métalliques sont présentées dans cet espace : monnaies, médailles, bijoux et montures d’or émaillé, pierres gravées, vaisselles d’apparat en or et en argent aux dimensions spectaculaires.
L’un des fleurons des collections de la BnF, le Trésor de Berthouville, est présenté dans le Cabinet précieux. Découvert en 1830 par un paysan normand, cet ensemble comprend un service de table richement orné et deux statuettes de Mercure, pour un poids total de plus de 25 kg d’argent pur.
La salle de Luynes
La salle de Luynes conserve la totalité de la collection offerte par le duc de Luynes en 1862. Militaire, puis homme politique, Honoré d’Albert, duc de Luynes (1802-1867) est surtout un mécène, protecteur des arts et scientifique curieux de comprendre et de reconstituer les techniques anciennes.
Le duc de Luynes, dont la fortune a financé fouilles archéologiques et études savantes, était un fin connaisseur des civilisations de l’Antiquité. Il a réuni plusieurs milliers de céramiques grecques, de sculptures, d’armes, de bijoux et de monnaies.
La salle Barthélemy
Cette salle au décor d’acajou a été construite au début du XXe siècle pour conserver les quelque 600.000 monnaies et médailles du Cabinet et permettre leur étude.
Le Cabinet trouve son origine au Moyen Âge dans la cassette des rois de France, collection privée d’objets précieux et réserve fnancière dispersée à la mort du souverain ou pour fnancer les guerres. Sous Louis XIV, en 1666, le Cabinet du Roi est rattaché à la Bibliothèque Royale.
Cette salle tient son nom de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, garde du Cabinet du roi, qui put sauver au péril de sa vie, à la Révolution, les collections qui lui avaient été confiées.
Collectionnées principalement depuis la Renaissance, les monnaies permettent de connaître les portraits des grands hommes de l’Antiquité évoqués par les auteurs classiques, rois grecs et empereurs romains. Louis XIV, passionné de monnaies anciennes, les envoie chercher jusqu’en Orient. Leur nombre augmente avec le développement de l’archéologie à la fin du XVIIIe siècle.
Le salon Louis XV
Aménagé au milieu du XVIIIe siècle pour accueillir la collection royale de monnaies et de pierres gravées, le salon Louis XV est, dès sa création, ouvert aux visiteurs érudits ainsi qu’aux curieux. Il peut ainsi être tenu pour le plus ancien musée parisien.
Le décor mural est constitué d’un ensemble de peintures du XVIIIe siècle représentant les muses et leurs protecteurs, réalisées par les plus grands artistes de l’époque. François Boucher a peint en 1742 les quatre dessus de porte, dont trois trumeaux ont été réalisés par Carle Van Loo en 1745. Charles Natoire exécute la même année les trois autres trumeaux.
Deux grands portraits en majesté complètent l’ensemble : un portrait de Louis XV peint dans les ateliers de Versailles et une copie du XIXe siècle du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud. Les encadrements des tableaux en bois doré datent eux aussi du XVIIIe siècle.
Le mobilier se compose de six petits médailliers et deux grands médailliers en applique aux murs, comportant chacun une console d’applique qui supporte une table de marbre rose chantourné et un placard à deux battants.
Au centre se trouve une table aux dimensions exceptionnelles. Médailliers et table ont été exécutés en 1742 par les ateliers de menuiserie Verberckt. Quinze chaises et fauteuils cannés du XVIIIe siècle signés Louis Cresson complètent l’ensemble.
La galerie Mazarin
Vestige du palais Mazarin, la galerie est l’un des rares exemples de galerie baroque encore conservés en France. Elle fut construite par François Mansart entre 1644 et 1646, à la demande de Mazarin, pour y installer ses collections de peintures et de sculptures.
La galerie Mazarin court sur une longueur de 45,55 mètres. Son plafond peint, d’une superfcie de 280 m2, est l’un des joyaux du site. Elle est peinte en 1646-1647 par Giovanni Francesco Romanelli et son atelier. Mazarin a demandé au peintre de s’inspirer des Métamorphoses d’Ovide et de sujets mythologiques et héroïques.
La galerie Mazarin présente de véritables trésors puisés dans les collections encyclopédiques de la BnF : pièces rares, œuvres célèbres ou de provenances prestigieuses.
Dans le vestibule de la galerie sont exposées des pièces du Trésor de Saint-Denis.
Dans la galerie proprement dite sont présentées des collections du Moyen Âge à nos jours. Parmi les pièces phares, le Grand Camée de France, issu du Trésor de la Sainte-Chapelle, la partition manuscrite de « Don Giovanni » de Mozart et le manuscrit des « Misérables » de Victor Hugo.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi.
Des rotations régulières
En raison de la fragilité de certaines œuvres, l’accrochage des pièces sera renouvelé tous les quatre mois et donnera ainsi à voir l’étendue des collections de la BnF.
Un nouvel espace d’expositions temporaires
Construite par l’architecte François Mansart de 1644 à 1646, la galerie Mansart abritait à l’origine les collections de sculptures antiques du Cardinal Mazarin. Fermée depuis 2014, elle vient d’être entièrement restaurée.
La galerie proposera deux expositions temporaires par an, avec dès cette année l’exposition « Molière, le jeu du vrai et du faux » du 27 septembre 2022 au 15 janvier 2023.
Week-end festif inaugural
Les 17 et 18 septembre, la BnF vous propose un programme festif et gratuit conçu pour célébrer la complète réouverture du site. Une occasion unique pour venir découvrir l’ensemble du site et s’émerveiller devant les trésors de ce splendide musée.
Si vous n’avez pas réussi à réserver votre entrée pour ce week-end inaugural – les places sont parties très vite – rappelons que le musée ouvre ses portes à partir du mardi 20 septembre.
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée au musée de la BnF.