[Exposition] « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre

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Exposition « Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata »
28 avril – 25 juillet 2022
Musée du Louvre

Au VIIIe siècle avant J.-C., la dynastie des Ramsès n’est plus. L’Égypte est instable et divisée. Au cœur du Soudan actuel, un royaume s’organise autour de sa capitale, Napata. Vers 730 av. J.-C., le souverain Piânkhy part à la conquête de l’Égypte.

C’est cette épopée que nous raconte la nouvelle exposition du musée du Louvre, celle de rois conquérants qui vont réunir leur royaume de Kouch avec l’Égypte. Ils vont ainsi fonder la 25e dynastie, dite kouchite, qui règne jusqu’en 655 avant J.-C. sur un immense territoire s’étendant du delta du Nil jusqu’au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu.
Cette période voit donc l’Égypte dominée par un royaume soudanais contre lequel elle avait combattu pendant près de deux millénaires.

[Visite privée]

Découvrez l’exposition en regardant la vidéo de la visite privée avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre.

L’exposition permet d’évoquer la mission archéologique du musée du Louvre au Soudan, qui pendant 10 ans a fouillé des sites proches des pyramides de Méroé. Elle présente aussi des objets sortis de fouille au cours des dernières années.

Statue en bronze d’Horus faisant une libation dite « Horus Posno » – 26e dynastie – Musée du Louvre
Triade d’Osorkon – Musée du Louvre
Elément de pectoral à l’image du dieu bélier Amon sur le lotus – Musée du Louvre

Cette histoire était jusqu’à aujourd’hui restée dans l’ombre de la grande Histoire de l’Égypte antique. Elle est tout simplement fascinante à découvrir !

Tête d’une statue du dieu Amon-Rê de Thèbes trouvée à Sanam – Ashmolean Museum, University of Oxford
Tête et épaule de la statue monumentale d’une déesse-vautour – Ashmolean Museum, University of Oxford
Egide à tête de lionne au nom du roi de Boubastis et de Ranefer Osorkon IV – Musée du Louvre

Le royaume de Kouch

Le terme générique de royaume de Kouch s’applique aux différentes entités politiques qui se sont succédé sur les territoires soudanais situés au sud de la deuxième cataracte du Nil. Situé au-delà des terres contrôlées par les pharaons, Kouch est en lien direct avec l’Égypte avec laquelle il a des contacts guerriers mais aussi commerciaux.

Scarabée au plat inscrit du nom du temple de Soleb construit par Aménophis III (19e dynastie ?) – Musée du Louvre

Egypte et Soudan

Pour les Égyptiens, le Soudan est peuplé de populations hostiles. Les populations soudanaises sont pour les Égyptiens l’image du chaos opposé à l’ordre (l’Égypte), celle de l’ennemi héréditaire. Dans la réalité, des liens de commerce existent depuis les origines et les contacts entre les deux peuples sont nombreux.

Pie de meuble en forme de tête de Nubien – Nouvel Empire ? – Musée du Louvre

Sous l’Ancien Empire, l’Égypte envoie des expéditions militaires et commerciales entre la première et la deuxième cataracte. Au Moyen Empire, Sésostris III fixe officiellement la frontière sud de l’Égypte au niveau de la deuxième cataracte. Au Nouvel Empire, la domination égyptienne s’exerce jusqu’au-delà de la quatrième cataracte.

Plaquette d’incrustation avec figure de Nubien – Époque ramesside (-1295 / -1069) – Musée du Louvre

Plusieurs plaquettes d’incrustation conservées au Louvre reprennent la thématique d’ennemis attachés les uns aux autres par un lien qui leur enserre le cou. Fixés de part et d’autre d’une porte de palais, ces représentations rappellent à tout visiteur la soumission à l’Égypte de ses ennemis. La plume plantée dans la coiffure du personnage ci-dessus est liée aux populations du sud.

Statue de bélier d’Amon protégeant Aménophis III, transporté de Soleb au Djebel Barkalsous Piânkhy – 18e dynastie, règne d’Aménophis III – Ägyptisches Museum (Berlin)

La sculpture monumentale ci-dessus représente un bélier allongé, pattes avant recourbées sous lui. Placée entre elles, une statuette représente un roi en costume d’Osiris coiffé du némès, portant la barbe postiche et tenant dans ses mains les insignes du pouvoir. La longue inscription qui figure autour du socle identifie le roi comme étant Aménophis III.

Statue de bélier d’Amon protégeant Aménophis III, transporté de Soleb au Djebel Barkalsous Piânkhy – 18e dynastie, règne d’Aménophis III – Ägyptisches Museum (Berlin)

Après l’abandon du Soudan par les Égyptiens, à la fin du Nouvel Empire, ce bélier est transféré par les rois de Napata dans l’immense temple d’Amon du Djebel Barkal, principal sanctuaire de la capitale. Le bélier, symbole d’Amon, prend donc naturellement place dans un sanctuaire qui lui est consacré bien loin des terres égyptiennes.

Les souverains kouchites

Dominées longtemps par l’Égypte, les régions situées au sud de la première cataracte obtiennent leur autonomie lorsque les Égyptiens abandonnent ces zones à la fin du Nouvel Empire. Un royaume indépendant s’y constitue peu à peu, il tente rapidement d’établir son autorité sur l’Égypte même. La principale tentative est l’œuvre de Piânkhy. Son frère et successeur réussit à unifier Soudan et Égypte et crée la 25e dynastie.

Taharqa et Hemen – 25e dynastie – Musée du Louvre

Taharqa est un représentant important de la 25e dynastie. Dans l’œuvre ci-dessus, il est figuré agenouillé devant l’image de Hemen représenté sous l’aspect d’un faucon, forme animale de ce dieu guerrier.
Le roi porte la chendjit, le pagne traditionnel des souverains égyptiens. Ses mains tiennent chacune un petit vase globulaire, utilisé en général pour les offrandes liquides.
Rendant hommage à Hemen, Taharqa se place dans un contexte iconographique classique que l’on retrouve en Égypte depuis les origines.

À gauche : statue du dieu Ândjty – 25e dynastie, règne de Taharqa (?) – Ashmolean Museum, University of Oxford

Thèbes : au cœur du pouvoir kouchite en Égypte

Installés dans une capitale située très loin au sud, les rois de Napata ont besoin d’établir des ponts entre eux et les territoires qu’ils contrôlent totalement ou partiellement en Égypte même. Thèbes est le lieu de résidence d’Amon. Il est aussi vénéré dans un vaste complexe cultuel aux portes de la capitale soudanaise et c’est donc tout logiquement que les souverains de la 25e dynastie s’intéressent à l’embellissement de l’immense temple de Karnak.

Porteurs d’offrandes sur un relief de la tombe de Montouemhat – 26e dynastie – Musée du Louvre
Sphinx de Chépénoupet II – Trouvé dans le lac sacré du temple d’Amon à Karnak – Musée égyptien de Berlin

Chépénoupet II est figurée sous forme d’un sphinx à tête de femme (photo ci-dessus) dont les pattes avant sont remplacées par des bras qui enserrent un vase nemset, une aiguière utilisée pour les libations.
Fille de Piânkhy et soeur de Taharqa, Chépénoupet II occupa pendant plusieurs décennies la position de Divine adoratrice d’Amon, une charge très importante auprès du clergé thébain du dieu et occupée par des femmes de la maison royale.

Étui de Chépénoupet – Provient du temple d’Osiris Padiankh à Thèbes, 25e dynastie – Musée du Louvre

L’objet ci-dessus reste assez mystérieux. Il s’agit d’un étui travaillé dans des matériaux précieux et contenant une plaque en ivoire d’éléphant, autrefois inscrite mais aujourd’hui illisible.

Prise par les armées assyriennes d’une ville égyptienne – Époque néo-assyrienne, règne d’Assourbanipal – The British Museum (Londres)

La fin du royaume des Deux Terres

La fragilité de la 25e dynastie s’explique en grande partie par l’expansionnisme de l’Empire assyrien. Il fallut dix ans, des armées parcourant des distances considérables, trois sièges et trois assauts pour que l’Égypte de Taharqa, puis de Tanouétamani, cède avec la ville qui stratégiquement la commandait, Memphis.

Relief représentant un hoplite de profil en marche vers la droite (520-500) – The British Museum (Londres)

Peu d’événements eurent alors un retentissement comparable à celui du sac de Thèbes qu’Assourbanipal ordonna en 663 av. J.-C. Au point qu’aujourd’hui encore il est parfois difficile de distinguer la réalité historique de la tradition légendaire.

Hoplites au combat sur un cratère corinthien (vers 590-580 avant J?-C.) – Musée du Louvre

Hérodote nous dit que Psammétique II mourut peu après avoir envahi l’Éthiopie. Le court règne de ce roi de la 26e dynastie fut en effet, à n’en pas douter, occupé par une expédition punitive de grande ampleur contre le royaume napatéen. Forces militaires conjuguées d’un contingent égyptien et d’un contingent étranger de mercenaires grecs lancés à travers les cataractes, jusqu’à Napata peut-on penser, qui fut mise à sac.

Psammétique II – Musée Jacquemart-André (Paris)

Les statues de Doukki Gel

En 2003, une mission archéologique découvrait à Doukki Gel, la Ville d’Amon du jujubier, quarante fragments correspondant à sept statues royales. Elles avaient été fracassées durant la campagne de Psammétique II et leurs restes soigneusement enterrés dans une cachette située entre les deux principaux temples de la ville après le départ des Égyptiens.

Copies des sept statues des rois de Napata (Taharqa, Tanouétamani, Senkamanisken, Anlamaniet et Aspelta) d’après les originaux conservés au musée archéologique de Kerma (Soudan)
Copies de l’une des statues des rois de Napata, d’après les originaux conservés au musée archéologique de Kerma (Soudan)

L’exposition présente des reconstitutions 3D réalisées avec du sable de quartz, du plâtre, de la résine et de la chaux. Les sept statues reproduisent les originaux peints et dorés, tels qu’ils étaient avant leur destruction et leur enfouissement.

Pied de lit funéraire en bronze – El-Kourrou – Sudan National Museum (Khartoum)
Egide en bronze au nom du roi Tanoutamon – Musée du Louvre
Statuette en bronze représentant une gazelle dorcas – Époque nabatéenne, règne de Tanouétamani – Sudan National Museum (Khartoum)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Lion couché rugissant, règne de Sargon II – Musée du Louvre

Commissariat de l’exposition

Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, assisté de Faïza Drici et Nadia Licitra, chargées de mission et d’Hélène Guichard, conservateur au département des Antiquités égyptiennes.

Retrouvez Vincent Rondot pour une visite privée de l’exposition en cliquant ici.

Statue du dieu Amon-Rê, roi des dieux, dédiée par Haroudja – 25e dynastie, règne de Tanouétamani (?) – Musée du Louvre

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Statue de bélier d’Amon protégeant le roi Taharqa – 3e période intermédiaire, 25e dynastie – Ashmolean Museum, University of Oxford

Exposition « Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata »
28 avril – 25 juillet 2022
Musée du Louvre

Copie du colosse de Taharqa

3 Commentaires

  1. Le royaume de kemet (Égypte) et le royaume de kouchites était des royaumes frères et concurrents. Les koushites ont toujours revendiqué la paternité de l’Égypte pharaonique d’où cette rivalité. Les premiers rois d’Égypte étaient originaires du Soudan.

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