[Chef-d’œuvre] « Saint Jérôme » de Léonard de Vinci

1990

« Saint Jérôme » (1480-1482)
Léonard de Vinci (1452-1519)
Musei Vaticani, Pinacoteca Vaticana

Vêtu de son seul manteau, saint Jérôme laisse voir son corps dénudé qu’il meurtrit avec une pierre, les yeux dirigés vers un crucifix.
Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine et commissaire de l’exposition Léonard de Vinci, décrit ce chef-d’œuvre inachevé représentant la pénitence de Jérôme de Stridon au désert.

Chez Léonard, l’œuvre d’art elle-même devient en quelque sorte comme un dessin, dans lequel il doit toujours y avoir cette liberté de parfaire les choses. La forme est toujours ouverte, en devenir. Il suffit de regarder le Saint Jérôme du Vatican. » – Vincent Delieuvin dans le magazine Grande Galerie

L’évocation la plus ancienne du « Saint Jérôme » et son attribution à Léonard de Vinci remonte au début du XIXe siècle, dans le testament de la peintre suisse Angelica Kauffmann. Après plusieurs changements de main, le tableau a été acheté en 1856 par le pape Pie IX pour la Pinacothèque du Vatican.

Pendant longtemps, le « Saint Jérôme » a été rapproché de « L’Adoration des Mages » et daté vers 1480-1482, en raison de son inachèvement et du type physique du saint, très proche de l’un des adorateurs (voir ci-dessous).

Réflectographie infrarouge de « L’Adoration des Mages » par Léonard de Vinci

Aujourd’hui, plusieurs spécialistes proposent de situer l’exécution du « Saint Jérôme » au cours de la période milanaise de Léonard de Vinci, soit autour de 1490. En effet, un support de noyer a été utilisé pour ce tableau, une essence que le maître aurait privilégiée à Milan tandis qu’il utilisait le peuplier à Florence.
De plus, l’attitude du saint a été comparée à celle de Marie dans la « Vierge aux rochers » de la National Gallery de Londres (image ci-dessous) et datée vers 1490.

Détail de la « Vierge aux rochers » (vers 1483-1494) par Léonard de Vinci – National Gallery (Londres)

L’inachèvement de la peinture au premier stade de l’exécution, comparable uniquement à celui de « L’Adoration des Mages », pourrait s’expliquer par l’abandon de la commande en raison du départ de Léonard pour Milan. Dans le catalogue de l’exposition, les commissaires en concluent qu’il est fort probable que la peinture ait bien été commencée à Florence vers 1480 puis délaissée vers 1482 et vraisemblablement emportée par Léonard.

Le visage glabre du saint et l’expression intense de souffrance psychologique et physique rappellent les représentations peintes et sculptées d’Andrea Del Verrocchio.

Le paysage de rochers exprime l’hostilité du désert, et l’église visible au loin manifeste la retraite loin du monde. Elle pourrait aussi rappeler le sanctuaire de Bethléem, lieu de naissance du Christ et où vécut Jérôme après son séjour solitaire.

Certains attributs habituels de saint Jérôme sont absents : le chapeau et l’habit de cardinal, le crâne symbole de pénitence, ou encore le livre évoquant la traduction par le saint de la Bible en latin.

Sources :

Catalogue officiel de l’exposition
Interview des commissaires de l’exposition dans le magazine Grande Galerie (N°49)
Page dédiée à l’œuvre sur le site Internet des Musées du Vatican

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Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Exposition « Léonard de Vinci »
24 octobre 2019 – 24 février 2020
Musée du Louvre

Visite privée

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