Exposition « Le Sceptre & la Quenouille. Être femme entre Moyen Âge et Renaissance »
8 mars – 17 juin 2024
Musée des Beaux-Arts de Tours
Plus d’une centaine d’œuvres issues des plus grands musées sont rassemblées pour mettre en lumière la place, le rôle et l’image des femmes dans la société des 15ᵉ et 16ᵉ siècles. L’exposition s’appuie sur les avancées historiques des dernières décennies et offre une mise en perspective historique à un enjeu majeur de nos sociétés contemporaines.
Pour cette visite privée exceptionnelle, vous êtes accompagnés par Elsa Gomez, conservatrice du patrimoine et co-commissaire de l’exposition.
« Dans une époque où les questions d’inégalité de genres à des degrés divers se posent de manière accrue et cristallisent le débat public, il importe justement de réinscrire ces problèmes sociaux fondamentaux dans leur épaisseur historique, afin de les penser. Il convient de les replacer dans un contexte qui permette de mieux en appréhender le sens et d’en éclairer certains fondements. […] L’espace muséal nous offre de ces rares moments de suspension dans l’immédiateté du quotidien, qui permettent ce « pas de côté » nécessaire pour s’ouvrir au temps long de l’histoire et venir, ce faisant, questionner nos certitudes. » – Elsa Gomez – Extrait du catalogue de l’exposition
Depuis l’institution du mariage chrétien comme sacrement aux 12e-13e siècles, l’Église a peu à peu structuré la société autour du noyau constitué par le couple et sa descendance. Le mariage, stratégie d’union entre deux familles, est un enjeu fondamental pour les femmes et définit leur place dans la société.
Le lien matrimonial, fondamentalement dissymétrique, institue la soumission de la femme à son époux : le rôle des femmes se définit donc dans un référentiel masculin.
L’exposition explore les rôles dévolus aux femmes dans la société et les activités qui en découlent et qui structurent leur quotidien. Elle aborde la maternité, le travail et les loisirs auxquels s’adonnent les femmes, enfin la dévotion à Dieu, mais aussi aux autres.
Dans un contexte de réflexion et de débat sur la nature et la condition féminines, la fin du Moyen Âge voit s’opposer les partisans d’un discours misogyne et les fervents défenseurs de la cause féminine. Les théologiens, les traités d’enseignement ou la jurisprudence consacrent un panel de vertus considérées comme féminines auquel il est attendu que les femmes se conforment, et qui se retrouve dans l’iconographie : chasteté et continence, humilité, obéissance, douceur, dévotion.
Assez paradoxalement, les 15e et 16e siècles voient fleurir les représentations de femmes fortes maniant l’épée, symbole masculin par excellence. Les héroïnes bibliques ou mythologiques en armes, telles que Judith ou les Amazones, sont extrêmement populaires.
Par l’usage de nombreux symboles, les femmes qui gouvernent s’affirment comme les détentrices d’une puissance politique et lignagère qu’elles cherchent toujours davantage à légitimer. Cet art de la mise en scène constitue l’une des facettes du pouvoir au féminin entre le début du 15e et la fin du 16e siècle.
« Pas plus qu’aujourd’hui, « la femme » des XVe et XVIe siècles n’a d’existence réelle, et derrière ces visages abstraits, les réalités vivantes que l’on parvient à appréhender sont autrement plus complexes et variées, « faites d’arrangements, de renversements, de résistances » (Dominique Godineau). Elles fluctuent selon les situations personnelles, les caractères des protagonistes. Elles résultent de l’interaction de facteurs autres que le sexe et qu’il est fondamental de prendre en compte, tels que l’âge, la situation matrimoniale, le contexte rural ou urbain, le rang social. » – Elsa Gomez – Extrait du catalogue de l’exposition
Commissariat de l’exposition
Elsa Gomez, conservatrice du patrimoine au musée des Beaux- arts de Tours
Aubrée David-Chapy, agrégée et docteure en histoire moderne
Cette exposition est réalisée en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, la participation exceptionnelle du musée du Louvre et du musée national de la Renaissance – château d’Écouen.
Sources pour cet article :
– texte : dossier de presse de l’exposition
– photographies : @scribeaccroupi
En savoir +
Consultez le site Internet du musée.