Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat »
19 mai – 4 juillet 2021
Musée du Luxembourg (Paris)
À travers près de 70 œuvres, l’exposition du musée du Luxembourg met en avant de nombreuses artistes, femmes actives de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration. Ces peintres talentueuses ont développé des stratégies complexes et astucieuses pour pouvoir être reconnues comme des professionnelles et vivre de leur art.
Si elles étaient célèbres de leur vivant, le discours officiel de l’histoire de l’art les a depuis rendues invisibles. Pourtant, l’exposition du musée du Luxembourg témoigne de la grande qualité de leurs toiles.
Martine Lacas, docteur en histoire et théorie de l’art, commissaire de l’exposition, nous fait découvrir ces grandes artistes.
… nombre d’entre elles jouissaient alors d’un succès et d’une reconnaissance publique et institutionnelle qui contredit l’invisibilité et la minorité dont l’histoire de l’art les a frappées jusqu’à une période récente. » – Martine Lacas, commissaire de l’exposition
Toutes deux admises en 1783 à l’Académie Royale de Peinture, Adélaïde Labille-Guiard et Elisabeth Vigée Le Brun sont sans doute les figures artistiques féminines les plus marquantes de la fin du XVIIIe siècle. L’histoire de l’art s’est largement concentrée sur ces deux « prodiges », éclipsant quantité d’autres peintres femmes de leur temps.
Avant les femmes régnaient, la Révolution les a détrônées. » – Élisabeth Vigée Le Brun
Artiste très respectée dans le style troubadour, genre historique pittoresque pratiqué avec succès par d’autres femmes, Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865) épouse Abel Hugo en 1827, devenant la belle-sœur de Victor Hugo. Ce dernier lui avait été d’abord hostile : il avait en effet demandé à sa fiancée, Adèle Foucher (portrait ci-dessus), de cesser de prendre des cours de dessin auprès de Julie Duvidal de Montferrier afin de ne pas « descendre dans la classe des artistes ».
Issue de la bourgeoisie, Constance Mayer (1755-1821) est éduquée dans un couvent. Sa passion pour le dessin et la peinture est encouragée : elle est l’élève de Suvée, Greuze, puis Prud’hon dont elle devient la maîtresse et la collaboratrice. Cette complicité amoureuse et artistique nuit à Mayer, qui reste dans l’ombre et se voit souvent souffler l’attribution de certaines œuvres, signées par Prud’hon.
Au XVIIIe siècle, l’idée selon laquelle, de par leur faible constitution physique et mentale, les femmes seraient incapables de peindre aussi bien que les hommes, c’est-à-dire de peindre bien la peinture d’histoire, est communément admise. Celles qui apparaissent manifestement douées sont présentées comme des exceptions à ne pas suivre.
La peinture d’histoire est au sommet de la pyramide des genres mise en place par l’Académie. Elle est alors considérée comme trop élevée pour l’esprit comme pour les capacités physiques des femmes. De plus, ce genre s’appuie sur la représentation du corps nu, notamment masculin, dont l’étude est strictement refusée aux femmes. Malgré ces obstacles, plusieurs peintres femmes n’hésitent pas à se confronter à la peinture d’histoire.
Élève de Charles Meynier, Aimée Brune (1803-1866) est, de la Restauration au Second Empire, une artiste respectée abordant avec succès tant le portrait, la scène de genre sentimentale, la peinture religieuse que la peinture d’histoire. Elle a travaillé pour le musée historique de Versailles et certaines de ses œuvres ont été acquises par l’État.
Toutes les photographies par @scribeaccroupi
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