[Visite privée] Exposition Zurbarán au musée des Beaux-Arts de Lyon

39

Exposition « Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre »
5 décembre 2024 – 2 mars 2025
Musée des Beaux-Arts de Lyon

L’exposition réunit pour la première fois les trois tableaux représentant Saint François debout momifié peints par Francisco de Zurbarán, conservés au musée des Beaux-Arts de Lyon, au Museu Nacional d’Art de Catalunya (Barcelone) et au Museum of Fine Arts de Boston. Saint François y apparaît tel que le pape Nicolas V l’aurait découvert en 1449 dans la crypte de la basilique d’Assise, debout, les yeux ouverts levés vers le ciel.

Pour cette visite privée exceptionnelle, vous êtes accompagnés par Ludmila Virassamynaïken, conservatrice en chef du patrimoine et commissaire de l’exposition du musée des Beaux-Arts de Lyon.

« Nature morte aux pots » (vers 1650-1660) par Francisco de Zurbarán – Museu Nacional d’Art de Catalunya (Barcelone)

Né en 1598 à Fuente de Cantos, en Estrémadure, Francisco de Zurbarán est considéré de nos jours comme l’un des plus grands maîtres de la peinture du Siècle d’Or espagnol. La clarté de ses compositions, son évocation du sacré au moyen d’un clair-obscur découpant les formes avec vigueur et sa description scrupuleuse des matières et objets renvoyant au quotidien des fidèles en ont fait l’interprète par excellence de la discipline monacale prônée dans le cadre de la Réforme catholique et plus particulièrement de la mystique espagnole.

« Le Voile de Véronique » (vers 1660) par Francisco de Zurbarán – Museo de Bellas Artes (Bilbao)
À droite : « Saint François en prière » (1659) par Francisco de Zurbarán – Museo Nacional del Prado (Madrid)

Tout au long de sa carrière, Zurbarán et son atelier peignent une cinquantaine de Saint François, pour des églises et des chapelles privées. Que saint François apparaisse debout ou agenouillé, en pied ou en buste, devant le fond uni d’une cellule, dans une grotte ou en plein air, sa méditation prend invariablement appui sur la contemplation d’un crâne humain, en conformité avec les « Exercices spirituels », l’ouvrage de prières de saint Ignace de Loyola (1491-1556).

À droite : « Saint François d’Assise en extase » (vers 1658-1660) par Francisco de Zurbarán – Bayerische Staatsgemäldesammlungen- Alte Pinakothek (Munich)
« Saint François d’Assise en prière devant le crucifix » (vers 1580-1595) par Atelier du Greco (1541-1614) – Palais des Beaux-Arts de Lille
Exposition « Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre » – Musée des Beaux-Arts de Lyon

« Tes moines, Lesueur, près de ceux-là sont fades. Zurbarán de Séville a mieux rendu que toi
Leurs yeux plombés d’extase et leurs têtes malades, Le vertige divin, l’enivrement de foi
Qui les fait rayonner d’une clarté fiévreuse,
Et leur aspect étrange, à vous donner l’effroi.
Comme son dur pinceau les laboure et les creuse ! Aux pleurs du repentir comme il ouvre des lits
Dans les rides sans fond de leur face terreuse ! Comme du froc sinistre il allonge les plis ;
Comme il sait lui donner les pâleurs du suaire,
Si bien que l’on dirait des morts ensevelis !
(…) Deux teintes seulement, clair livide, ombre noire ; Deux poses, l’une droite et l’autre à deux genoux,
À l’artiste ont suffi pour peindre votre histoire. »
– Théophile Gautier, extrait du poème « A Zurbarán » (1845)

« Saint François d’Assise » (1636) par Francisco de Zurbarán – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Le Saint François du musée des Beaux-Arts de Lyon aurait été découvert, à la fin du 18e siècle, par l’architecte Jean Antoine Morand (1727-1794) au couvent lyonnais des Colinettes, situé sur les pentes de la Croix-Rousse. Selon François Artaud (1767-1838), premier directeur du musée, « Les religieuses l’avaient fait disparaître comme objet effrayant. M. Morand le retrouva dans les greniers. Son chien y aboya contre. »

« Saint François d’Assise » (1636) par Francisco de Zurbarán – Museum of Fine Arts (Boston)

Zurbarán est parvenu à retranscrire la vision qu’aurait eue, en 1449, le pape Nicolas V du corps intact de saint François debout, les chairs du visage blanches et rosées et avec du sang fraîchement coagulé sur les stigmates, bien qu’il soit mort depuis deux siècles. Dans les tableaux de Lyon, Barcelone et Boston, Zurbarán traite de cet épisode en faisant abstraction du contexte narratif: celui qui contemple le tableau prend la place du pape et semble tenir la torche éclairant l’apparition miraculeuse.

Exposition « Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre » – Musée des Beaux-Arts de Lyon
Saint François d’Assise (1738) par Fernando Ortiz (1717-1771) – Ronde-bosse, bois, polychromie, verre (yeux), corde (ceinture) – Museo Nacional de Escultura (Valladolid)

Au moment même où Zurbarán a créé les Saint François de Lyon, Barcelone et Boston, des artistes français, italiens et nordiques ont eux aussi traité l’épisode de la découverte miraculeuse du corps intact du saint. La scène est représentée dans une vision globale et avec tous ses acteurs. La figure immobile de saint François s’efface au profit de la narration et parfois même d’une certaine agitation.

« Le Pape Nicolas V, en 1449, se fait ouvrir le caveau de saint François d’Assise » (1630) par Laurent de La Hyre – Musée du Louvre

Commissariat de l’exposition

Ludmila Virassamynaïken, conservatrice en chef du Patrimoine, chargée des peintures et des sculptures anciennes, musée des Beaux-Arts de Lyon

Comité scientifique
Odile Delenda, historienne de l’art, auteure du catalogue raisonné de l’œuvre de Francisco de Zurbarán
Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine, chargée de l’art moderne, musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg
Stéphane Paccoud, conservateur en chef du Patrimoine, chargé des peintures et sculptures du 19e siècle, musée des Beaux-Arts de Lyon
Javier Portús Pérez, chef du département des peintures espagnoles jusqu’en 1800, Museo Nacional del Prado, Madrid
Alexandre Samson, responsable des départements Haute Couture (à partir de 1947) et Création contemporaine, Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

« Tenture de saint François d’Assise : Le Pape Nicolas V visitant le tombeau de saint François » (1716) – Tapisserie de basse lisse, laine et soie – Cité internationale de la tapisserie (Aubusson)

En savoir +

Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet du musée.

« Le Pape Nicolas V dans le caveau de saint François d’Assise » (vers 1630-1634) par Jacques Blanchard (1600-1638) – Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Exposition « Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre »
5 décembre 2024 – 2 mars 2025
Musée des Beaux-Arts de Lyon
20 Place des Terreaux
69001 Lyon

Les trois tableaux de Francisco de Zurbarán représentant saint François d’Assise conservés au musée des Beaux-Arts de Lyon, au Museu Nacional d’Art de Catalunya de Barcelone et au Museum of Fine Arts de Boston seront ensuite présentés au Museu Nacional d’Art de Catalunya, qui consacrera un dossier à l’artiste pour célébrer cette réunion inédite.

« Exécution d’un paysan espagnol (fusillé) » (1937) par Javier Bueno (1915-1979) – Galerie Terrades (Paris)

COMMENTEZ CET ARTICLE