Exposition « Degas en noir et blanc. Dessins, estampes, photographies »
31 mai – 3 septembre 2023
BnF – site Richelieu (Paris)
L’exposition propose de (re)découvrir l’œuvre d’Edgar Degas à travers son intérêt constant pour le noir et blanc, qu’il exprime par le dessin, la peinture, l’estampe et la photographie. Grâce à la réunion de 160 pièces, issues de la collection de la BnF et de prêts français et étrangers, le parcours dévoile les expérimentations de Degas à travers les motifs récurrents qui nourrissent ses recherches.
« Si j’avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc. » – Edgar Degas
Quand Claude Monet et Auguste Renoir sont avant tout peintres, Degas, comme le reconnaît Camille Pissarro, « va de l’avant sans cesse », porté par une insatiable curiosité technique et poussé par la « haute idée, non pas de ce qu’on fait mais de ce qu’on pourra faire un jour ».
L’apprentissage du noir et blanc (1856-1868)
En 1853, à 19 ans, le jeune Degas obtient l’autorisation de copier au musée du Louvre et est inscrit comme lecteur au cabinet des Estampes de la Bibliothèque impériale. Son intérêt pour l’estampe, qu’il découvre en 1856, se nourrit alors de son étude des maîtres anciens.
Dans le sillage de Rembrandt, Delacroix et des maîtres anciens, dont il copie les gravures, et dans le contexte du renouveau de l’eau-forte originale, Degas s’attache à explorer cette technique. Il s’initie à l’eau-forte auprès du prince roumain Grégoire Soutzo, artiste amateur, ami de son père, et auprès du graveur de reproduction Joseph Tourny, qu’il fréquente à Paris puis à Rome. Il s’approprie cette technique en explorant les possibilités offertes par la succession des états issus d’une même matrice et les variations d’encrages d’un tirage à l’autre, pour peu que le graveur imprime lui-même ses épreuves ainsi que le faisait Rembrandt.
Sous l’influence du maître ancien, Degas se livre, à Rome, à l’exercice de l’autoportrait alors qu’il est âgé de vingt-trois ans.
L’intérêt pour la peinture espagnole et pour l’eau-forte a été le terreau fertile d’une amitié teintée de rivalité entre Degas et Edouard Manet. Nouée à la fin des années 1860, cette amitié se concrétise par une série de portraits qui vient clore la première période de l’activité de graveur de Degas.
Les carnets
En 1920, René de Gas, frère de l’artiste, offre 29 carnets de dessins au cabinet des Estampes de la BnF.
Le Carnet n°1 est utilisé par Degas dans toutes sortes de circonstances, entre 1859 et 1864. Au Salon, il y copie des tableaux ; chez son ami Paul Valpinçon, il dessine au lavis et à la gouache les paysages qu’il traverse ; il y trace les dessins préparatoires de compositions ambitieuses, comme « La Fille de Jephté ».
Les années de passion dévorante pour l’estampe (1875-1880)
Après une interruption d’une dizaine d’années, Degas reprend la pointe en 1875, puis se livre à la pratique du monotype, autrement dit à l’art de dessiner à l’encre sur une plaque pour en tirer une épreuve unique.
Grâce à la presse dont il dispose, Degas se lance dans des recherches expérimentales qui l’amènent à combiner les procédés entre eux. Peu intéressé par le tirage en nombre d’épreuves identiques, il s’attache à singulariser chaque épreuve imprimée par ses soins.
En 1879, cette passion pour l’estampe le conduit à envisager la création d’une revue composée de gravures originales : « Le Jour et la Nuit ».
« Cette prédilection pour l’ombre fait partie intégrante d’une personnalité qui refuse l’étalage de l’intime. Il porte en lui une part enfouie, indicible. Le noir et blanc n’est pas seulement une question technique, c’est l’affaire de toute une vie. » – Henri Loyrette
Nus de femmes à leur toilette
Degas a inlassablement décliné le motif des femmes au bain, variant les supports, les techniques et les formats.
En 1891, alors qu’il aborde la lithographie, Degas entreprend une série, selon ses mots, de « nus de femmes à leur toilette » qui forme un ensemble spectaculaire de variations. Il multiplie les représentations de scènes de toilette, sortie de bain, femme s’essuyant, se coiffant, s’habillant.
Degas explore diverses méthodes de transfert sur la pierre lithographique, qu’il retravaille ensuite, par ajout ou par abrasion. La difficulté technique et ses problèmes oculaires mettent un terme à ces essais. L’année suivante, il écrit à sa sœur : « Il me faudrait une presse chez moi, un ouvrier retors pour préparer et même dépréparer les pierres, et pas mal d’argent devant moi pour ne pas être arraché de la suite des essais. Ça finira bien par arriver, mais il commence à se faire tard dans ma cervelle et dans mes yeux… »
« Degas a le goût de l’aléatoire, de l’improbable, il est toujours en attente de ce qui va arriver. Il disait ainsi qu’on ne doit pas être fier de ce que l’on fait, mais de ce que l’on pourra faire un jour. Et dans l’estampe comme dans la photographie, il y a cette part d’inconnu ; on grave ou on prend un cliché et quelque chose se « révèle » qui surprend merveilleusement. » – Henri Loyrette
1895, année photographique
Dans les années 1890, alors que ses huiles et pastels se font « orgies de couleurs » selon l’expression de Degas lui-même, le noir et blanc connaît un surprenant regain dans son œuvre.
« Le soir je digère et je photographie au crépuscule. » – Edgar Degas
La photographie fut la « passion terrible » de Degas. En 1895, il prend une soixantaine de photographies, réalisées pour l’essentiel le soir, à la lumière artificielle, chez lui ou dans les salons de ses amis.
En décembre 1895, il organise une brève exposition chez son marchand de couleurs, avec une vingtaine de tirages évoquant les soirées amicales à l’occasion desquelles Degas réalise des portraits à la lumière électrique.
La collection d’estampes de Degas
Dans les années 1890, Degas, soucieux du sort de son œuvre resté pour l’essentiel dans l’atelier, envisage la création d’un musée où il y serait entouré de ses aînés et contemporains. À cette fn, il réunit une collection considérable où, à côté des peintures et dessins, il accorde une place importante aux estampes : après sa mort, plus de 3 800 d’entre elles sont dispersées en vente publique.
Commissariat de l’exposition
Henri Loyrette, président- directeur honoraire du musée du Louvre, commissaire général
Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie de la BnF
Valérie Sueur-Hermel, conservatrice responsable des estampes du XIXe siècle à la BnF
Flora Triebel, conservatrice responsable de la photographie du XIXe siècle à la BnF
Sources utilisées pour cet article :
- Texte et citations : dossier de presse
- Photographies : @scribeaccroupi
En savoir +
Consultez la page spéciale dédiée à l’exposition sur le site Internet de la BnF.
Merci encore et tellement pour vos chroniques 😍
Et un grand merci à vous pour votre fidélité. 😁