« Vivre pauvre, quelques enseignements tirés de l’Europe des Lumières » de Laurence Fontaine (Éditions Gallimard) est sélectionné pour le jury final de l’édition 2023 du Prix Château de Versailles du livre d’Histoire.
Dans l’Europe d’Ancien Régime, la pauvreté est endémique. Elle est tout à la fois un risque conjoncturel (auquel on répond par la pluriactivité au travail, la migration saisonnière de métier…), un état structurel (auquel on espère échapper par les déménagements constants, le vagabondage, la mendicité…) et une exclusion (qui conduit à l’abandon des enfants ou à la prostitution).
En 1777, l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Châlons-sur-Marne met au concours la question des « moyens de détruire la mendicité en rendant les mendiants utiles à l’État sans les rendre malheureux ». Les 125 mémoires envoyés constituent la meilleure introduction aux débats d’alors sur la pauvreté et se font écho aux questions qui agitent les élites. S’y esquissent nos questions d’aujourd’hui.
Laurence Fontaine a accepté de répondre aux questions du Scribe.
« Quand Voltaire écrit : « La misère attachée à notre espèce subordonne un homme à un autre homme; ce n’est pas l’inégalité qui est un malheur réel, c’est la dépendance », il dit combien les inégalités sont nourries de pouvoir. » – Extrait du livre de Laurence Fontaine
« La pauvreté est une souffrance, mais de cela il est rarement question aujourd’hui tant elle est d’abord affaire de chiffres, de catégorisation et de seuils mouvants au gré des fluctuations sociales : sont pauvres ceux qui vivent avec moins de 50 % du revenu médian disent l’OCDE et les États-Unis; la France a fixé le plancher à 60 % du revenu médian et même si ces chiffres sont réévalués chaque année pour tenir compte de l’inflation, ils jouent au yo-yo avec les transformations sociales : que le salaire médian augmente parce que les plus riches le sont plus encore et le nombre de « pauvres » grandit, qu’il diminue parce que les classes moyennes se sont appauvries, et le nombre de pauvres se réduit d’autant plus vite que les classes moyennes perdent en sécurité financière. » – Extrait du livre de Laurence Fontaine
5 ouvrages finalistes pour l’édition 2023 du Prix
Le Prix Château de Versailles du livre d’histoire récompense l’auteur d’un ouvrage historique dont le sujet principal s’inscrit dans le cadre chronologique des XVIle et/ou XVIlle siècle(s), ou plus largement si celui-ci concerne l’histoire du château, du musée et du domaine national de Versailles.
L’auteur de ce Blog est membre du jury final de ce prestigieux Prix.
En savoir +
Sur le livre : en consultant le site Internet de l’éditeur.
Sur le Prix du livre d’histoire : en consultant le site Internet du château de Versailles.
Le nom du lauréat sera dévoilé début juin.