[Visite privée] Exposition « Peintres femmes » au musée du Luxembourg

1247

Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat »
19 mai – 4 juillet 2021
Musée du Luxembourg (Paris)

À travers près de 70 œuvres, l’exposition du musée du Luxembourg met en avant de nombreuses artistes, femmes actives de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration. Ces peintres talentueuses ont développé des stratégies complexes et astucieuses pour pouvoir être reconnues comme des professionnelles et vivre de leur art.
Si elles étaient célèbres de leur vivant, le discours officiel de l’histoire de l’art les a depuis rendues invisibles. Pourtant, l’exposition du musée du Luxembourg témoigne de la grande qualité de leurs toiles.

Martine Lacas, docteur en histoire et théorie de l’art, commissaire de l’exposition, nous fait découvrir ces grandes artistes.

… nombre d’entre elles jouissaient alors d’un succès et d’une reconnaissance publique et institutionnelle qui contredit l’invisibilité et la minorité dont l’histoire de l’art les a frappées jusqu’à une période récente. » – Martine Lacas, commissaire de l’exposition

« Corinne au Cap Misène (d’après Gérard) » (1825) par Marie-Victoire Jaquotot – Dépôt du musée du Louvre auprès des Manufacture et Musée nationaux de Sèvres

Toutes deux admises en 1783 à l’Académie Royale de Peinture, Adélaïde Labille-Guiard et Elisabeth Vigée Le Brun sont sans doute les figures artistiques féminines les plus marquantes de la fin du XVIIIe siècle. L’histoire de l’art s’est largement concentrée sur ces deux « prodiges », éclipsant quantité d’autres peintres femmes de leur temps.

À gauche : « Marie-Antoinette en robe de mousseline » (1783) par Élisabeth-Louise Vigée Le Brun (1755-1842) – Hessisches Hausstiftung (Kronberg)

Avant les femmes régnaient, la Révolution les a détrônées. » – Élisabeth Vigée Le Brun

« Autoportrait de l’artiste peignant le portrait de l’impératrice Maria Féodorovna » (1800) par Élisabeth Louise Vigée Le Brun – Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg)
« Adèle Foucher » (vers 1820) par Julie Duvidal de Montferrier – Maisons de Victor-Hugo (Paris)

Artiste très respectée dans le style troubadour, genre historique pittoresque pratiqué avec succès par d’autres femmes, Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865) épouse Abel Hugo en 1827, devenant la belle-sœur de Victor Hugo. Ce dernier lui avait été d’abord hostile : il avait en effet demandé à sa fiancée, Adèle Foucher (portrait ci-dessus), de cesser de prendre des cours de dessin auprès de Julie Duvidal de Montferrier afin de ne pas « descendre dans la classe des artistes ».

Autoportrait (vers 1801) par Constance Mayer – Bibliothèque Paul-Marmottan (Boulogne-Billancourt) – Institut de France

Issue de la bourgeoisie, Constance Mayer (1755-1821) est éduquée dans un couvent. Sa passion pour le dessin et la peinture est encouragée : elle est l’élève de Suvée, Greuze, puis Prud’hon dont elle devient la maîtresse et la collaboratrice. Cette complicité amoureuse et artistique nuit à Mayer, qui reste dans l’ombre et se voit souvent souffler l’attribution de certaines œuvres, signées par Prud’hon.

« Autoportrait copiant le Bélisaire et l’enfant à mi-corps de David » (1786) par Marie-Guillemine Benoist, née Laville-Leroux – Staatliche Kunsthalle Karlsruhe

Au XVIIIe siècle, l’idée selon laquelle, de par leur faible constitution physique et mentale, les femmes seraient incapables de peindre aussi bien que les hommes, c’est-à-dire de peindre bien la peinture d’histoire, est communément admise. Celles qui apparaissent manifestement douées sont présentées comme des exceptions à ne pas suivre.

« L’Atelier d’Abel de Pujol » (1822) par Adrienne-Marie-Louise Grandpierre-Deverzy – Musée Marmottan Monet (Paris)

La peinture d’histoire est au sommet de la pyramide des genres mise en place par l’Académie. Elle est alors considérée comme trop élevée pour l’esprit comme pour les capacités physiques des femmes. De plus, ce genre s’appuie sur la représentation du corps nu, notamment masculin, dont l’étude est strictement refusée aux femmes. Malgré ces obstacles, plusieurs peintres femmes n’hésitent pas à se confronter à la peinture d’histoire.

Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat » au musée du Luxembourg
« Mars et Vénus » (réplique autographe de 1841 du tableau de 1814) par Marie-Joséphine-Angélique Mongez – Musées d’Angers
« Une jeune fille à genoux » (1839) par Aimée Brune – Musée des Beaux-Arts d’Orléans

Élève de Charles Meynier, Aimée Brune (1803-1866) est, de la Restauration au Second Empire, une artiste respectée abordant avec succès tant le portrait, la scène de genre sentimentale, la peinture religieuse que la peinture d’histoire. Elle a travaillé pour le musée historique de Versailles et certaines de ses œuvres ont été acquises par l’État.

« L’Attrapeur de mouche » (1808) par Isabelle Pinson (1769-1855) – Snite Museum of Art, University of Notre Dame (États-Unis)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi

En savoir +

Sur la page spéciale du site Internet du musée du Luxembourg

« Portrait d’Abd El-Kader » (vers 1830-1844) par Marie-Eléonore Godefroid – Dépôt du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon au musée de l’Armée

Exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat »
19 mai – 4 juillet 2021
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris

1 COMMENTAIRE

COMMENTEZ CET ARTICLE