
Exposition « Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes (1789-2000) »
28 septembre 2022 – 29 janvier 2023
Musée Carnavalet – Histoire de Paris
L’exposition propose de partir sur les traces des luttes menées à Paris pour l’émancipation des femmes, depuis la Révolution jusqu’au vote de la loi sur la parité en 2000.
Si l’exposition « Parisiennes citoyennes ! » ponctue son titre avec un point d’exclamation, c’est parce qu’elle raconte une histoire où l’on crie, où l’on chante ses espoirs de se faire entendre, de devenir visible, d’exister.
Voilà une exposition résolument engagée !

Aux côtés de figures incontournables telles Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir ou Gisèle Halimi, une large place est faite aux Parisiennes moins connues ou anonymes : citoyennes révolutionnaires, résistantes, militantes féministes, travailleuses en grève…

L’exposition suit un fil chronologique et aborde plusieurs dimensions : le droit à l’instruction comme celui de travailler, les droits civils et les droits civiques mais aussi la liberté de disposer de son corps et l’accès à la création artistique et culturelle.

Grâce à des peintures, sculptures, photographies mais aussi à des documents inédits voire insolites, l’exposition propose un parcours d’une grande richesse pour raconter ce combat dont les événements récents nous rappellent qu’il reste d’une brûlante actualité.

De la Révolution à la Commune : le temps des utopies (1789-1871)
1789, 1830, 1848, 1871 : les Parisiennes sont des actrices importantes de tous les bouleversements politiques que connaît la capitale. En dépit de leur engagement dans les révolutions, elles peinent à se faire entendre. Un nouvel horizon se dessine avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen… mais « Et les citoyennes ? » rétorque Olympe de Gouges.


Dans Paris en révolution, les femmes animent salons ou clubs, demandent plus d’instruction, et, pour les plus audacieuses, envisagent une égalité politique complète. Le mariage civil et le divorce favorisent l’émancipation. Mais très vite, le Code civil napoléonien freine brutalement le mouvement.

« Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari. » – Art. 213 du « Code civil des Français »
Les brèches que sont les révolutions de 1830 et de 1848 ainsi que la Commune ouvrent toutefois le champ des possibles pour les Parisiennes.



« Je voudrais être un homme, je sais que je pourrais devenir quelqu’un, mais avec des jupes, où voulez-vous qu’on aille ? » – Marie Bashkirtseff dans « La Citoyenne » (1881)
Le temps des suffragettes (1871-1914)
Sous la Troisième République, Hubertine Auclert s’impose comme une figure majeure du féminisme, un mot qu’elle emploie pour la première fois en 1882 pour qualifier le combat pour les droits des femmes. Elle est convaincue qu’il faut donner la priorité à la conquête du droit de vote et d’éligibilité des femmes, clé de voûte de tous les autres droits. Le suffragisme devient alors le combat principal des féministes.






Dans le domaine des savoirs, la République française veut « donner aux citoyens des mères et épouses éduquées« . La capitale attire des femmes qui se distinguent dans les domaines scientifique et artistique.

« Voici une jeune femme au cerveau bouillonnant d’idées, à l’imagination somptueuse, à la main sûre, assouplie à toutes les difficultés du métier de statuaire; une jeune femme exceptionnelle sur qui n’est demeurée l’empreinte d’aucun maître et qui prouve que son sexe est susceptible de création personnelle. » – Octave Mirbeau à propos de Camille Claudel



Qu’il s’agisse de la maîtrise de la fécondité, des nouvelles pratiques sportives ou de l’évolution du vêtement, les Parisiennes sont résolument engagées sur les chemins de l’émancipation.


D’une guerre à l’autre : ambivalences de la modernité (1914-1939)
En 1914-1918, les Françaises participent massivement à l’effort de guerre ; beaucoup assument une autonomie nouvelle. Alors que de nombreux pays reconnaissent l’égalité des droits politiques en accordant le droit de vote aux femmes à l’issue de la Première Guerre mondiale, les Françaises se heurtent à un refus persistant du Sénat.



Leur rôle dans le monde du travail n’est pas mieux accepté, et la crise des années 1930 le rappelle en touchant de plein fouet les salariées. De plus, la natalité, en baisse, inquiète les autorités, qui renforcent le combat contre l’avortement et mettent en place des politiques familialistes.


Paris vit une véritable révolution des mœurs. Les garçonnes des Années folles troublent la frontière entre le masculin et le féminin. Après la Femme nouvelle de la Belle Époque, voici la « femme moderne », qui vit avec son temps.

Les femmes sont aussi très présentes, pendant le Front populaire, dans la grève générale. En 1936, trois femmes entrent au gouvernement.

De la Résistance à Mai 68: entre deux vagues (1939-1968)
La défaite de 1940 enclenche une phase de régression pour les droits des femmes. Leur courage dans la Résistance entraîne la reconnaissance de l’égalité des droits civiques, en 1944. Mais le rôle alloué aux femmes dans la vie politique reste modeste.

En 1949, le modèle familial traditionnel est critiqué par Simone de Beauvoir, qui publie « Le Deuxième Sexe ».

Fondé en 1956 sous le nom rassurant de la « Maternité heureuse », le Planning familial ouvre un Centre à Paris en 1961. La loi Neuwirth autorisant la contraception est votée le le 28 décembre 1967.

Des « scandaleuses » telles que Juliette Gréco et Françoise Sagan annoncent les changements à venir.


Le temps des libérations (1970-2000)
Le Mouvement de libération des femmes (MLF) se forme en 1970 et fait de la liberté de disposer de son corps un enjeu central. Paris accueille de vastes manifestations jusqu’au vote de la loi Veil (1975) autorisant l’interruption volontaire de grossesse et à sa confirmation en 1979.
« C’est par milliards et dans le monde entier que des avortements eurent lieu. Pendant des siècles les femmes ont dû passer par ce genre d’épreuve sans que personne en soit ému, l’écrive, le peigne. Je n’ai jamais vu un seul tableau représentant un avortement. Dans les musées, vous pouvez voir des guerres, des scènes de torture, d’exécution, mais ça, non. » – Annie Ernaux

À la fin du siècle, les mouvements de femmes se transforment et la création féminine s’impose dans les rues de Paris.


Mais les inégalités entre femmes et hommes demeurent importantes dans de nombreux domaines. Ainsi, sur la scène politique, les femmes restent sous-représentées, ce qui conduit au vote de la loi sur la parité en 2000.

Commissariat de l’exposition
Commissariat général
Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris
Commissariat scientifique
Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers (UMR TEMOS), membre de l’Institut universitaire de France
Catherine Tambrun, attachée de conservation au département Photographies et Images numériques
Juliette Tanré-Szewcyzk, conservatrice du patrimoine, responsable du département des sculptures et du patrimoine architectural et urbain

En savoir +
Consultez le site Internet du musée Carnavalet.
