[Exposition] Les acquisitions du musée du quai Branly

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Exposition « 20 ans. Les acquisitions du musée du quai Branly – Jacques Chirac »
24 septembre 2019 – 26 janvier 2020
Musée du Quai Branly (Paris)

Récemment, le musée du quai Branly proposait une exposition réunissant une sélection de près de 500 œuvres, visant à expliquer comment les choix d’acquisition s’élaborent et se décident.
Aujourd’hui, alors que l’exposition a fermé ses portes depuis plusieurs mois et que le musée est lui-même fermé dans le cadre de la crise du Coronavirus, je vous invite à découvrir ma propre sélection d’œuvres dans ce parcours très personnel au cœur de l’exposition.

Sculpture baoulé – Côte d’Ivoire (19e siècle) dans un album de photographies des objets de la collection Louis Carré (1897-1977)

Le musée du quai Branly – Jacques Chirac a ouvert ses portes en 2006, il a aujourd’hui 14 ans. Alors pourquoi l’exposition fait-elle référence à ses « 20 ans » dans son titre ?
En fait, le musée existe depuis 1998, bien avant son ouverture aux visiteurs. Pendant la construction du bâtiment, les équipes travaillaient à trier, photographier et reconditionner les œuvres des collections héritées du musée de l’Homme et du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie.
En parallèle, le musée a développé sa propre politique d’acquisition, ouvrant de nouvelles directions d’enrichissement.

Un musée n’est pas seulement l’héritage poussiéreux d’une collection, nonobstant tous les amateurs de poussière et d’œuvres oubliées, il est une formidable promesse de regards neufs, « de réveil de mémoire endormie » selon la belle expression de Mataliwan Kuliyaman, Amérindien Wayana, de combinaisons de savoirs renouvelés, d’agencements esthétiques imprévus que la sensibilité du siècle recrée. » – Yves Le Fur, directeur du département du patrimoine et des collections du musée du quai Branly

Cuillers « arisa » en noix de coco et chaux – Papouasie-Nouvelle-Guinée (début du 20e siècle)

Les acquisitions en chiffres

Le musée conserve à ce jour 382.538 œuvres inscrites à l’inventaire.
En vingt ans, les acquisitions représentent 78.010 objets, sans compter les archives et documents iconographiques. Près de 60 % sont des dons.

Les acquisitions du musée […] font du patrimoine un organisme vivant, qui marche et qui respire avec son temps. » – Stéphane Martin, Président musée du quai Branly–Jacques Chirac

Statue en bois, métal et matériaux organiques – Nigéria (19e siècle)

1ère partie : Grands axes d’enrichissement

La première partie de l’exposition présente les axes de la politique d’acquisition du musée, qui poursuivent ou complètent les héritages reçus de ses prédécesseurs.

De gauche à droite : statuette d’une reine – Côte d’Ivoire (19e siècle), coupe divinatoire « agere ifa » – Nigeria (milieu du 19e siècle) et statuette « asie usu » – Côte d’Ivoire (19e siècle)
Statuettes « ibeji » – Nigeria, culture Yoruba (19e siècle)

Vous trouverez toujours le lait nourricier dans les arts primitifs. » – Paul Gauguin

Tirage sur papier albuminé, gouache et plumes représentant un groupe de trois femmes par Augustin Péraire (actif dans les années 1860)
Gravure sur papier représentant « Deux Carolins dansant (Îles Carolines) » (1824-1844) d’après Jacques Arago (1790-1855)

« Kaoutoy Lerry, Black Beach, Tanna, Vanuatu » – Aquarelle et graphite sur papier (vers 1849) par Richard Aldworth Oliver (1811-1889)
« Temple vu depuis une rivière » (1948-1959) et « Temple dans la forêt » (1952) – Asie du sud-est – Fusain et sanguine sur papier par André Maire (1898-1984)
Détail de « Temple dans la forêt » (1952) – Asie du sud-est – André Maire (1898-1984)
« Portrait d’un homme tshokwe » – Angola (1938) – Fusain sur papier par José Redinha (1905-1983)
« Jeune homme de Fais (Ouest Carolines) tatoué (Îles Carolines) » (1935) par Paul Jacoulet (1896-1960)
Spatule vomitive utilisée par les chamanes et caciques amérindiens des Grandes Antilles
Diadème « aheto » – Para, Brésil (1960-1972)
Textiles et parures des collections du musée du quai Branly
Bijoux, parures et costumes des collections du musée du quai Branly
Bijoux, parures et costumes des collections du musée du quai Branly
Étoffe d’écorce battue – Îles Tonga (fin du 20e siècle)

2ème partie : De l’héritage au contemporain

La deuxième partie de l’exposition explore les résonances entre les enjeux historiques et contemporains au sein des collections du musée du quai Branly. L’histoire des dominations, dans le contexte de l’esclavage puis de la colonisation, et les regards antagonistes qu’elle a générés sont ici abordés.

« Allers-retours » (2009) – Œuvres réalisées dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly par Sammy Baloji (né en 1978)
Masques « Atujuwa » mâle (à gauche) et femelle (à droite) – Mato Grosso, Brésil (2005) et massue – Brésil (début du 21e siècle)
Volume tatoué (2018) Encre sur silicone par Filip Leu (né en 1967)

Esclavage et colonisation

L’esclavage et la colonisation exercés par les États européens se sont appuyés sur une conception hiérarchique des « races ». Des représentations caricaturales d’une partie de l’humanité ont ainsi été largement diffusées en Europe et aux États-Unis. Dans le même temps, des images plus soucieuses d’exactitude, se sont attachées à restituer le portrait d’individus plutôt que de types humains.

« Portrait d’un homme » (19e siècle) par un artiste anonyme

La présence de modèles noirs dans les ateliers des peintres européens s’affirme à partir du 18e siècle. Sur le portrait ci-dessus, le modèle pourrait être un Haïtien qui travaillait à Paris dans une troupe d’acrobates et qui posa, entre autres, pour Théodore Géricault et sa toile représentant le naufrage de « La Méduse » au large des côtes africaines en 1816.

« Am I not a Man and a Brother ? » (1850) – Matrice à impression sur bois par un artiste anonyme

Le motif d’esclave enchaîné et suppliant (ci-dessus) est apparu dans les années 1780 en Angleterre. Il a traversé toute l’histoire de l’abolitionnisme. Le slogan « Ne suis-je pas ton frère ? » a été reproduit sur des supports variés : gravures, écharpes, éventails, faïences, médaillons… Cette image fortement symbolique a continué d’être utilisée au 20e siècle, notamment dans la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud.

« Guerrier sakalava » – Madagascar (1901) – Aquarelle sur coton par James Rainimaharosoa (1860-1926)
« Intérieur d’un navire négrier » (vers 1830) – Lithographie sur papier d’après W.H. Handley

3ème partie : Œuvres phares des collections

La troisième grande partie de l’exposition met en scène les pièces les plus importantes acquises au cours des 20 dernières années. Plus de cinquante pièces sont présentées.

Masque cérémoniel « kegginaqut » en bois, plumes et pigments – Alaska (début du 20e siècle)
Statue féminine – Culture Attié, Côte d’Ivoire (19e siècle)
Homme oiseau « moai tangata manu » – Île de Pâques, Chili (17e-19e siècle)
Pierre verte sculptée de la culture Teotihuacán – Mexique (200-550)
Pendentif de la culture Tairona – Colombie (1000-1500)
Crochet « samban » – Moyen Sepik, Papouasie-Nouvelle-Guinée (19e siècle)
Sculpture masculine « bulul » – Province d’Ifugao, Philippines (15e siècle)
Sculpture attribuée au « Maître de la maternité rouge » – Mali (14e siècle) (à gauche) et statue masculine – République démocratique du Congo (19e siècle) (à droite)
Statuette féminine de la culture Chupícuaro – Mexique (600 avant J.-C. – 200 après J.-C.)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

« Deux Amérindiens en pirogue » – Brésil (vers 1860) – Huile sur toile par François-Auguste Biard (1799-1882)

En savoir +

Page spéciale sur le site Internet du Musée du Quai Branly.

C’est un musée bâti autour d’une collection. Où tout est fait pour provoquer l’éclosion de l’émotion portée par l’objet premier ; où tout est fait, à la fois pour le protéger de la lumière et pour capter le rare rayon de soleil indispensable à la vibration, à l’installation des spiritualités […] Peu importent les moyens … Seul le résultat compte. » – Jean Nouvel

Pendant la période de confinement, retrouvez le musée du Quai Branly sur Internet.

Exposition « 20 ans. Les acquisitions du musée du quai Branly – Jacques Chirac »
24 septembre 2019 – 26 janvier 2020
Musée du Quai Branly
37, quai Branly
75007 Paris

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