[Chef-d’œuvre] « Tireur d’Épine » d’après un modèle d’Antonello Gagini

1607

« Spinario (Tireur d’Épine) » (début du XVIe siècle)
d’après un modèle d’Antonello Gagini (1478-1536)
The Metropolitan Museum of Art (New York)

Cette sculpture, présentée au Louvre dans l’exposition « Le Corps et l’Âme », est conservée au Metropolitan Museum of Art de New York. Il s’agit probablement du plus grand « Spinario » (« Tireur d’Épine ») en bronze produit au cours de la Renaissance.

Réalisé au cours du XVIe siècle, ce « Tireur d’Épine », reproduit un modèle antique (photographie ci-dessous) offert en 1471 par le pape Sixte IV à la Ville de Rome. Conservé au Museo Capitolino, ce bronze a été réalisé au cours du Ier siècle avant J.-C. à partir de modèles hellénistiques des IIIe-IIe siècle avant J.-C.

« Tireur d’Épine » (Ier siècle avant J.-C.) – Museo Capitolino (Rome)

Comme le précise le catalogue de l’exposition, le bronze du Metropolitan Museum of Art diffère du modèle antique par ses cheveux bouclés courts, par comparaison avec la coiffure de page de l’original. L’artiste s’est probablement inspiré de dessins ou de souvenirs du modèle antique.

Le « Spinario » du Metropolitan Museum of Art est attribué au sculpteur Antonello Gagini. Il s’agit très probablement de sa seule œuvre en bronze.

Le « Spinario » est un garçon occupé à retirer une épine de son pied. C’est l’une des œuvres les plus copiées de la Renaissance.
Une version en terre cuite et plâtre, conservée au musée Jacquemart-André (photographie ci-dessous), est également présentée dans l’exposition « Le Corps et l’Âme ». Contrairement à la plupart des autres versions où le dos et la nuque se voûtent au-dessus de la blessure, ce tireur d’épine est à peine incliné. Le port du buste suggère que le jeune homme a l’esprit absorbé ailleurs.

« Tireur d’Épine » (vers 1500) par Sansovino (1486-1570) ou l’entourage de Benedetto da Rovezzano (vers 1474-1554) – Musée Jacquemart-André (Paris)

L’exposition du Louvre permet de découvrir une troisième variation autour du thème du « Tireur d’épine » (photographie ci-dessous) avec une terre cuite attribuée à Andrea Riccio (1470-1532) conservée au musée Bode de Berlin.

Dans cette version, le garçon tente de retirer l’épine de son pied droit en utilisant la lame d’un couteau. Si cet objet a aujourd’hui disparu, sa présence se déduit du fourreau vide présent sur le flanc droit du personnage. La douleur déforme les traits de son visage. Ses habits déchirés laissent voir ses fesses et son sexe, participant à la dimension satirique que l’artiste a voulu donner à sa sculpture.

« Tireur d’épine » attribué à Andrea Briosco, dit Andrea Riccio (1470-1532) – Musée Bode (Berlin)

Toutes les photographies par @scribeaccroupi.

Source : catalogue de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » par Marc Bormand, Beatrice Paolozzi Strozzi et Francesca Tasso – Éditions du Louvre et Officina Libraria

En savoir +

Sur le site Internet du musée du Louvre consacré à l’exposition.

Exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel‐Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance »
22 octobre 2020 ‐ 21 juin 2021
Musée du Louvre

Cliquez ici pour découvrir la visite privée (22 minutes) de l’exposition avec Marc Bormand, conservateur en chef du patrimoine au département des sculptures du Louvre.

COMMENTEZ CET ARTICLE