[Exposition] Musiques dans l’Égypte antique

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Exposition « Musiques ! Échos de l’Antiquité »
Louvre-Lens
13 septembre 2017 – 15 janvier 2018

En Orient, en Égypte, en Grèce ou dans l’empire romain, la musique accompagne l’existence de la vie à la mort. Elle divertit les plus humbles comme les souverains. Elle permet d’obtenir leurs bonnes grâces des dieux et d’apaiser leur colère.

Si l’exposition du Louvre-Lens dévoile l’univers musical des civilisations qui s’étendaient des rives de la Méditerranée à celles de la mer Noire et du golfe persique, c’est au cœur de l’Égypte antique que je vous propose de plonger en « Musiques ! »

Modèle ou élément de meuble : emblème d’Hathor (664-332 avant J.-C.) – Musée du Louvre

Hathor, déesse de la musique

Chapiteau hathorique (332-30 avant J.-C.) provenant de Dendara – Musée du Louvre

Dans l’Égypte antique, Hathor est la déesse de la musique. Elle est représentée sous les traits d’une jeune femme avec des cornes qui enserrent le disque solaire et des oreilles de vache.
S’il a aussi une fonction régénératrice et protectrice, le collier-menit que la déesse porte autour du cou sert également d’instrument à percussion.

Sur le bas-relief représenté ci-dessous, le roi offre de la bière et du lait à la déesse Hathor et au dieu Rê auxquels il adresse une prière pour obtenir leur protection dans le monde des morts.

Stèle du roi Antef II (2108-2059 avant J.-C.) – Metropolitan Museum of Art de New York

Au commencement étaient les percussions

Les claquoirs sont sans doute les premiers instruments à percussion apparus en Égypte dès la Préhistoire.
Le claquoir ci-dessous a été réalisé dans de l’ivoire d’hippopotame. L’instrument est en forme de bras dont la main est surmontée d’une tête de la déesse Hathor.

Claquoir en ivoire d’hippopotame (vers 2033-1069 avant J.- C.) – Musée du Louvre
Paire de claquoirs en forme de mains, bois d’olivier (664-332 avant J.-C.) – Musée du Louvre
Claquoir au nom d’une chanteuse d’Amon, bois de dalbergia (1550-1069 avant J.-C.) – Musée du Louvre

Le sistre

Le sistre apparaît en Égypte dès l’Ancien Empire, soit vers 2700-2200 avant J.-C., à la même époque que le tambourin. Il compte parmi les instruments les plus nombreux découverts par les archéologues.
Les traverses dont est paré l’instrument sont garnies de disques de métal qui produisent le son en s’entrechoquant.

Hathor jouant du sistre découvert à Licht – (1843-1798 avant J.-C.) – Musée du Louvre
Sistre au nom du roi Amasis en faïence silicieuse (570 – 526 avant J.-C.) – Musée du Louvre
Statuette de femme tenant un sistre (664 – 332 avant J.-C.) – Musée du Louvre

La harpe

La harpe est importée en Égypte durant le Nouvel Empire (2700-2200 avant J.-C.).
Le harpiste représenté ci-dessous est assis sur sa jambe gauche. Il cale la harpe contre son genou droit et son épaule et s’incline vers les cordes que pincent ses doigts.
L’homme semble âgé et déformé par une longue pratique de la harpe, comme l’indiquent sa poitrine creuse et son dos voûté.

Ostracon sur lequel est figuré un harpiste (664-610 avant J.-C.) – Metropolitan Museum of Art de New York
Harpe d’Imenmès en bois d’acacias et cuir (1550-1069 avant J.-C.) – Musée du Louvre
Tête sculptée sur une harpe arquée (18ème dynastie) – Metropolitan Museum of Art de New York
Assis sur un tabouret, Haroudja joue de la harpe devant Amon, Mout et Khonsou (4ème-1er siècle avant J.-C.)

La lyre

Les Égyptiens ont emprunté la lyre aux Mésopotamiens en l’adaptant.
Les cordes sont frappées à l’aide d’un plectre, une baguette de bois, en forme d’amande.

Bès jouant de la lyre (664-332 avant J.-C.) – Metropolitan Museum of Art de New York

Le luth

Le luth, formé d’une caisse en bois ou en carapace de tortue et d’un long manche droit, serait l’ancêtre lointain des guitares actuelles via le monde arabo- andalou.
Les cuillers d’offrande ci-dessous, ornées d’une joueuse de luth, témoignent de la popularité du thème le long des rives du Nil.

Cuiller d’offrande ornée d’une joueuse de luth (18e dynastie, vers 1550-1295 avant J.-C.) – Musée du Louvre
Cuiller d’offrande ornée d’une joueuse de luth (18e dynastie, vers 1550-1295 avant J.-C.) – Musée du Louvre

Pacifier le dieu

Dans les temples égyptiens, la musique a pour finalité à la fois de pacifier le dieu et de le réjouir à l’image de l’artiste sur cette stèle, jouant de la harpe devant le dieu Rê-Horakhty.
Agenouillé devant son dieu, il dit « adorer Rê quand il brille ».

Stèle au chanteur Djedkhonsouiouefânkh jouant de la harpe devant le dieu Rê-Horakhty (1069-664 avant J.-C.) – Musée du Louvre

Le dieu Bès est supposé repousser les forces maléfiques qui causent les maladies. Il est musicien mais il a d’autres talents artistiques comme le révèle la lampe ci-dessous.
Le trio est composé de trois instrumentistes, l’un soufflant dans une syrinx, le suivant dans un aulos et le dernier faisant sonner sa cithare à l’aide d’un plectre.

Lampe avec Bès et musiciens (époque ptolémaïque, vers 332-30 avant J.C.) – Musée du Louvre

Des cérémonies en musique

Le fragment de papyrus ci-dessous représente une cérémonie de fondation en musique.
En haut, le culte est rendu à plusieurs divinités parmi lesquelles le dieu-crocodile Sobek et la déesse Neith. Au milieu, le « prêtre lecteur-magicien » tient haut devant ses yeux un papyrus ouvert. Derrière lui s’avancent un joueur de tambourin et joueur de tambour qui rythment le rituel en cours de lecture.

Cérémonie de fondation en musique (1069-664 avant J.-C.) – Musée du Louvre
Paire d’oreilles votives en faïence siliceuse (1550-1069 avant J.-C.) – Musée du Louvre

Des musiques pour pleurer

Les pleureuses portent la main à la tête en signe de profond chagrin.

Statuette d’Isis en pleureuse (332-30 avant J.-C.) – Musée du Louvre

Cependant, une fois le mort enterré, sa chapelle funéraire est ornée de scènes de réjouissances. Banqueteurs, musiciens et danseurs ornent ainsi les parois des tombeaux.

Triompher en musique

La victoire est célébrée par de joyeux défilés comme en témoigne la scène de liesse ci-dessous. Des jeunes femmes en robe de lin transparent dansent. Un homme, qui joue de la trompette, les suit.

Talatate : scène de liesse (1353-1337 avant J.- C.) – Metropolitan Museum of Art de New York

Musique et fécondité

Cette scène de danse en musique est peinte sur une peau de chèvre. Le fait qu’un homme nu danse devant une jeune harpiste agenouillée conduit à penser que cette œuvre était destinée au temple d’Hathor.

Scène de danse en musique (1550-1458 avant J.-C.) – Metropolitan Museum of Art de New York
Figurine érotique d’un harpiste – Égypte (époque ptolémaïque ou romaine) – Musée du Louvre

En savoir +

Voir la page dédiée à l’exposition sur le site Internet du Louvre-Lens.

Statue de la chanteuse d’Amon Henoutideh (18ème dynastie) découverte à Thèbes – Musée du Louvre

Exposition « Musiques ! Échos de l’Antiquité »
13 septembre 2017 – 15 janvier 2018
Louvre-Lens
99 Rue Paul Bert
62300 Lens

Suivez le Louvre-Lens sur son compte Twitter : @MuseeLouvreLens

Maquette de costume pour l’opéra « Aïda » de Verdi – Eugène Lacoste (1818-1907) – Paris, Bibliothèque nationale de France, musée de l’opéra

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